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31 mars 2015 2 31 /03 /mars /2015 10:52
Janine ORIANO : Au veuf hilare.

Vous en connaissez, vous ?

Janine ORIANO : Au veuf hilare.

Une rousse qui lui donne rendez-vous rue de la Brèche, une impasse mal famée, et il n'en faut pas plus pour que Macaire, ex-détective privé reconverti comme garçon de café chez son oncle tenancier restaurateur du Veuf hilare, sente l'aventure à plein nez.

D'autant qu'arrivé sur place, il découvre un cadavre et, cachés dans un trou du mur, un mouchoir teinté de sang et une lettre scellée. Il dépose les objets compromettants sur le comptoir. C'est alors qu'un inspecteur choisit de faire irruption dans le troquet, mis au courant par un appel téléphonique dénonçant un certain Emile lui-même mettant en cause Macaire.

S'il a eu la présence d'esprit d'escamoter la lettre et le mouchoir, l'oncle ne se souvient plus où les avoir rangés.

Un nommé Raoul de Dreux, marquis de son état, réclame la bafouille contre une somme d'argent. Grain de Cafard, un habitué de la tambouille du Veuf hilare, raconte que contrairement à ses principes, l'Emile s'est laissé emmené dans une grosse limousine. Claudia, la rousse par qui tous les ennuis sont arrivés, avoue que le mort était un ami de son père et qu'il devait lui remettre un document attestant sa filiation avec Hervé de Vitré, beau-frère de Raoul de Dreux.

Un chauffeur de maître lui aussi réclame la missive contre une avoinée maison.

Macaire s'invite dans une réunion huppée chez madame de Vitré et fait la connaissance de la fameuse belle-mère de Claudia et de son fils Charles, un demeuré sanguin. Accompagné de Grain de Cafard qui doit assurer ses arrières, Macaire s'introduit comme un voleur à la Renaudière, propriété des de Vitré - de Dreux. Il entend au grenier Emile chanter sous l'emprise de la boisson, et se réveille dans un enclos réservé au gibier. Pourchassé par des chiens de chasse, il ne doit son salut qu'à Maître Grandbois, notaire. Quant au pauvre contractuel il est retrouvé dans un square, nouvel abonné du boulevard des Allongés.

Emile, indemne et ayant retrouvé l'enveloppe dans un sac à pain obligeamment fourni par l'oncle qui lui refilait de vieux croûtons pour nourrir les pigeons et accessoirement se sustenter, remet le document à Claudia. Tout ce beau monde se retrouve au Veuf hilare, madame de Vitré et monsieur de Dreux en tête.

 

Janine Oriano, dont le prénom est dévoilé sur la couverture de ce roman, n'atteint pas l'humour qui imprégnait, du moins dans la première partie, son précédent roman, B. comme Baptiste. Il y a de bonnes choses dans cette intrigue qui malgré tout se révèle assez conventionnelle et qui aurait demandé à être mieux construite.

Les phrases sont hachées, le style vieillot, et le tout confine à un pastiche de la Série Noire début de catalogue, dont l'auteur n'aurait pas réussi à saisir toute la subtile quintessence.

 

Y'en a comme ça qui ne réussissent nul part, même pas chez les flics.

Curiosité :

Si le premier roman de J. Oriano était écrit à la première personne, celui-ci emploie le Il, classique et neutre. Les amateurs de bonne cuisine trouveront leur compte dans l'élaboration odorante de la recette du faisan aux cèpes.

 

Janine ORIANO : Au veuf hilare. Série Noire N° 1447. Parution novembre 1971. 192 pages.

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30 mars 2015 1 30 /03 /mars /2015 12:59

Elle est belle, elle est Cybione,
C'est une bien gentille personne...

AYERDHAL : Le cycle de Cybione.

Artiste ou artisan, un romancier est un peu des deux à la fois, il ne se contente pas de son travail une fois celui-ci achevé. Il n'est jamais satisfait et essaie de l'améliorer constamment. Aussi, lorsqu'un de ses romans est réédité, n'est-il pas rare de s'apercevoir que ce romancier l'a retravaillé, afin de lui fournir non seulement une seconde jeunesse mais de l'améliorer, ne serait-ce que par respect envers son lecteur.

 

Alors qu'il avait déjà publié une dizaine de romans dans la collection Anticipation du Fleuve Noir, Ayerdahl a reçu le conseil suivant de son directeur de collection : Il lui fallait appliquer La règle des trois S : Du sang, du sexe, de la sueur ! Il n'a pas cherché à comprendre (quoi que) ni à trouver des excuses ou tout simplement refuser, mais il s'est plié au désir exposé. Cybione a été pris dans la foulée, ce qui une façon de s'exprimer bien entendu.

 

Les éditions Au Diable Vauvert, avant d'éditer le nouveau roman d'Ayerdhal qui doit paraître le 13 mai et dont le titre est Kwak (espérons que ce n'en sera pas un !), viennent de procéder à la réédition des quatre premiers romans, revisités, de la série du Cycle de Cybione. Les deux premiers volumes Cybione et Polytan étant parus au Fleuve Noir dans la mythique collection Anticipation sous les numéros 1886 (Octobre 1992) et 1935 (Février 1994), les deux autres, Keelsom, Jahnaïc et L'œil du Spad ayant été édité chez J'ai Lu en 2001 et 2003.

 

Avant de vous présenter plus avant cet ouvrage, je me suis amusé à comparer Cybione version Fleuve Noir puis version Au Diable Vauvert. La version Fleuve Noir est écrite à l'imparfait, ce qui était déjà parfait. Ayerdahl a inscrit son intrigue au présent, ce qui est plus que parfait, car la lecture en devient plus proche de nous, plus ancrée dans une actualité que l'on pourrait connaître car depuis l'écriture et la parution de ce roman les progrès technologiques sont tels que certains objets nous sont presque familiers. Elle est plus vivante, plus intense également car il n'y a plus ce recul entre les actions et ce qui se déroule sous nos yeux. Le lecteur est en phase directe.

 

 

AYERDHAL : Le cycle de Cybione.

Cybione :

Comme à chaque mission Elyia est réveillée en sursaut par Saryll. Elle doit à nouveau jouer au pompier-vidangeur, c'est à dire que quelque chose cloche sur une planète qu'elle doit nettoyer. Une mission à laquelle elle ne se dérobe pas car d'avoir grandi sous la férule d'une oppression militaire, raciste, avilissante et meurtrière ne l'avait pas seulement dotée d'une allergie aiguë à l'injustice, mais aussi altéré son ego au point qu'il s'identifiait à toute victime de l'arbitraire.

Cette fois elle doit de rendre à Cheur, une planète ultralibérale. En haut, l'Etat, impuissant, qui se conduit comme une entreprise peu regardante : en dessous, des trusts surpuissants qui agissent comme des états totalitaires. Tous les grands corps d'état sont privés et capitalisé, depuis l'Education jusqu'à la Justice, en passant par le Fisc et l'Armée. Bien sûr, un gouvernement chapeaute les grands postes d'une administration officielle - comme cette Police d'Etat chargée de veiller à l'intégrité des entreprises policières - mais il a été jusqu'à vendre ses Relations Extérieures (politiques et commerciales) à deux firmes dont l'une est majoritairement extra planétaire.

Ender est un cabinet d'assurances dont la fonction est quelque peu spéciale et dont la principale fonction est d'assurer des états, leur compétence, leurs dérives éventuellement et autres fariboles, un peu comme les agences de notation se mêlent de noter des états, des entreprises, et leur donnant des bons points ou des blâmes. Elyia est l'une des employées dont Ender a recours au dernier moment, lorsque toutes les possibilités ont été explorées.

Deen Chad est un employé d'Invest, la deuxième agence policière de la planète, depuis six mois. Auparavant et pendant quatre ans, il a bourlingué comme flic, sur des enquêtes de délits mineurs. Pour la première fois il est confronté à une affaire sérieuse. Il doit découvrir qui a tué Axid, un de ses collègues, lequel enquêtait déjà sur le meurtre d'HherKron, un skamite qui n'a pas vécu sur Skam mais sur tous les mondes habitables de l'Agrégat d'Eben. C'était un multi-techno indépendant, dont la spécialité était la maintenance de machines-robots en milieu anaérobie.

Elyia et Deen Chad vont devoir unir leurs efforts, même si au début leurs relations sont pour le moins tendues. Ils se trouvent confrontés à des tueurs dont ils ignorent l'appartenance, et devront déjouer de nombreux pièges afin de préserver leur vie. Et ce ne sera pas chose facile.

 

Le parcours d'Elyia est à chaque fois interrompu, lorsqu'elle mène à bien sa mission car elle est programmée ainsi. C'est une cybione, c'est à dire CYbernetic BIologic clONE qui tel le phénix renait à chaque fois de ses cendres. Mi-humaine, mi-robot, elle est truffée de microcircuits, et si elle est blessée, elle se régénère plus ou moins rapidement selon la gravité de ses blessures.

 

Dans les épisodes suivants, elle sera confrontée à moult épisodes tous aussi dangereux les uns que les autres pour le bienfait de la civilisation.

AYERDHAL : Le cycle de Cybione.

Ainsi dans Polytan, elle est envoyée sur la planète Cinq-Tanat, afin de briser un mouvement révolutionnaire qui menace la planète de retomber dans une dictature antérieure dite le Polytan. Elle doit débarrasser ce groupuscule des chefs emblématiques qui dirigent ce mouvement, dont le Prophète, l'Organisateur, l'Informaticien, et une jeune fille dotée d'un pouvoirs parapsychologiques et coordinatrice du groupe.

 

AYERDHAL : Le cycle de Cybione.

Keelson, Jahnaïc : Jhanaïc est une planète tropicale qui pourrait être la sœur de la Jamaïque, tant pour son climat que pour ses distractions : la bière et la fumette en sont les passe-temps favoris. Une mission périlleuse puisqu'elle doit enquêter sur sa propre disparition, ou plutôt sur son clone qui a disparu lors de sa précédente incarnation. Et ce n'est pas la première fois que telle mésaventure se produit. Et découvrir qui a intérêt à ce que Ender, son employeur, n'offre pas comme aux autres planètes une garantie constitutionnelle. Pourtant Jhanaïc semble si paisible...

AYERDHAL : Le cycle de Cybione.

L'Œil du Spad : Echappant à Ender et aux assassins lancés à ses trousses, Elyia se réfugie à Jaïlur, ex capitale de l'Union en butte à un capitalisme sauvage et à ses conséquences, depuis que son système collectiviste a été passé à la moulinette. Plus dense que les épisodes précédents, L'Œil du Spad lorgne résolument vers les feuilletons populaires dans lesquels magouilles, conspirations, complots, mafieux et spadassins en tout genre faisaient florès. Mais on ne peut s'empêcher de penser qu'il s'agit également d'une parabole sur la chute de l'URSS et de ce qu'il advint.

 

Tout autant ouvrages d'anticipation et de science-fiction, policiers et thrillers, en un mot romans d'aventures plus ou moins politiques, cette tétralogie nous emmène dans un monde futur à une date indéterminée mais dont certains systèmes politiques et financiers ressemblent furieusement à ceux qui sévissent actuellement sur notre planète. Pourtant à l'époque de leur écriture, cela n'était si prononcé qu'aujourd'hui, et Ayerdhal a devancé, prévu, ce qui n'était alors qu'en gestation.

AYERDHAL : Le cycle de Cybione. Editions Au Diable Vauvert. Parution 12 mars 2015. 768 pages. 25,00€.

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30 mars 2015 1 30 /03 /mars /2015 09:46
Richard LOCKRIDGE : La mort du prêcheur

Faites ce que je vous dis, mais pas ce que je fais !

Richard LOCKRIDGE : La mort du prêcheur

Le célèbre pasteur évangéliste Jonathan Prentis a été retrouvé mort, assassiné d'un coup de pic à glace, dans une boîte de nuit.

Lui qui prêchait la vertu, dénonçait les méfaits de l'alcool et du tabac !

Cook et Shapiro de la Brigade Criminelle ne peuvent que constater que Prentis avait dérogé à ses pieux principes en buvant au moins quatre whiskies en compagnie d'une jeune femme blonde. A l'hôtel où la mission logeait temporairement, Higgs, l'adjoint de Prentis, ne peut en croire ses oreilles. Cependant il se retranche un peu trop derrière l'humilité, avouant aider Prentis dans la rédaction de ses sermons, de ses articles paraissant dans des magazines, laissant tout le mérite de l'inspiration à l'évangéliste, la Voix comme était surnommé Prentis.

La Voix a été découvert habillé en costume de ville, tenue pour le moins inhabituelle chez lui. La petite amie de Cook ayant eu l'occasion de fréquenter l'une des nombreuses choristes embauchées lors de la venue de Prentis pour mettre en valeur ses sermons, le policier se rend chez la chanteuse. Il trouve porte close. Pas étonnant celle-ci (la chanteuse, pas la porte !) a été assassinée, étouffée par un oreiller. Détail troublant, la jeune choriste, une belle blonde qui s'avère être celle vue en compagnie du prédicateur, repose sur son lit, sa robe soigneusement lissée sur ses jambes.

Cook et Shapiro se partagent les tâches. Ils interrogent les membres de la congrégation religieuse : madame Prentis, blonde, cadette de vingt ans du prêcheur, Farmington, responsable de l'embauche des choristes et ex-chanteur d'opéra, Higgs, l'adjoint-nègre en écriture, madame Matthews, l'intendante, et monsieur Pruitt qui n'est autre que le frère de madame Prentis et responsable de questions diverses. Les différentes déclarations recueillies par les policiers sont édifiantes.

Ainsi la veuve, enrhumée et ayant soi-disant avalé un somnifère le soir du meurtre, a pris l'avion pour se rendre de l'Arkansas, siège social de la confrérie, jusqu'à Saint-Louis, le dimanche 22 février, puis effectué une retraite dans une mission proche de New-York. Détail banal en apparence mais en contradiction avec les sentiments religieux de madame Prentis qui d'habitude ne fait rien le dimanche, pas même de voyages.

Autre détail qui décante cette enquête, madame Prentis n'avait plus fait l'amour avec son mari depuis qu'elle avait appris qu'elle était stérile. Le péché de chair n'ayant aucune raison d'être puisqu'elle ne pouvait procréer. Quant à l'évangéliste, il se rendait régulièrement en reconnaissance dans les villes dans lesquelles il devait prêcher, une semaine ou deux avant le gros de la troupe, afin de se tremper dans l'atmosphère délétère de la cité à purifier.

 

La mort du prêcheur nous invite à une incursion dans l'univers des évangélistes, un univers régit, quoi que l'on pense, par les biens matériels. Il faut bien vivre certes, mais certaines contributions forcées relèvent plus du pot de vin ou du chantage que de la donation. Ainsi Farrington, qui engage les choristes au taux de cinquante dollars par jour - c'est l'intendante qui règle les cachets - leur demande une participation de dix pour cent pour alimenter les caisses de l'Eglise de la Rédemption. Et chacun doit glisser, dans l'enveloppe sur laquelle le nom du donateur figure, cinq dollars et déposer son obole dans une urne. Prentis n'était peut-être pas au courant de ce prélèvement, ayant d'autres chats à fouetter.

Ce roman honnête pêche cependant par le style. Nos professeurs de français nous exhortaient à écrire des phrases courtes, de préférence à de longs développements. Ici nous avons droit à un style télégraphique, surtout dans les dialogues.

 

Personne n'a intérêt à aller raconter un mensonge qui peut être démasqué immédiatement.

 

Curiosité :

Richard Lockridge a principalement écrit en duo avec sa femme Leslie décédée en 1963.

 

Richard LOCKRIDGE : La mort du prêcheur (Freach no more - 1970. Traduction de Denise May) Série Noire N°1444. Parution octobre 1971. 256 pages.

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29 mars 2015 7 29 /03 /mars /2015 14:06

La question qui tue...

Olivier GAY : Mais je fais quoi du corps ?

Je ne dealais que trois soirs par semaine, sans courir après le profit. Tant que je parvenais à payer le loyer, quelques verres en soirée et le pressing de mes costumes, tout allait bien.

Fitz, de son vrai nom John-Fitzgerald Dumont, n'a pas pour ambition de devenir un trafiquant de drogue prospère entouré d'une bande de petits revendeurs, juste de quoi assumer le quotidien. Il a pour amis Deborah, professeur d'histoire dans une ZEP de banlieue, et Moussah, agent de sécurité et videur. Et aujourd'hui dimanche, il va déjeuner chez ses parents, une réunion hebdomadaire immuable, leur présenter Deborah comme sa petite amie afin de les rassurer sur sa sexualité et son envie d'enfin se poser. Ils croient, les malheureux, que Fitz est commercial dans une boîte de jeux vidéos, un paravent social.

La veille il s'est largement décrasser les papilles avec de nombreux mélanges alcoolisés et au petit matin il s'est réveillé dans un environnement inhabituel. Il n'est pas dans son lit. A côté de lui, une femme. Il y a pire comme réveil. Mais il ne se souvient pas de ce qu'il s'est passé. Alors, ils font à nouveau connaissance. Sa partenaire se prénomme Daniela et elle est avocate. Elle n'aime pas trop son prénom. Peut-être à cause de la chanson d'Elmer Foot Beat mais sûrement pas en référence à celle des Chaussettes Noires, ils sont trop jeunes. Une aventure sans lendemain comme souvent. Donc déjeuner chez les parents de Fitz (je reprends le fil de l'histoire) en compagnie de Déborah. Et les retrouvailles avec son frère Howard, que Fitz n'a pas vu depuis quelques mois, pour ne pas dire quelques années. Faut expliquer qu'entre les deux frangins, les valeurs sociales et professionnelles ne vont pas dans la même direction. Il est alors dérangé par une appel intempestif : Georges Venard, jeune député pas dépité mais ambitieux, ayant déjà quelques propositions de loi, controversées, à son actif, a besoin de soleil. En langage codé, il s'agit ni plus ni moins qu'il est en manque. Fitz en général n'effectue pas de livraisons le dimanche mais la promesse d'une récompense alléchante l'incite à déroger à ses principes.

Dans le hall de l'immeuble du député, il rencontre un homme qui descend les escaliers. Rien de particulier, sauf que l'inconnu a l'air surpris. Tout comme Fitz d'ailleurs qui s'étonne légèrement de l'attitude du personnage. Il se toisent puis chacun va de son côté. Seulement Venard ne daigne pas ouvrir lorsque Fitz sonne à sa porte. Dépité notre revendeur de drogue rentre chez lui, dort tout son saoul et le lendemain il apprend par les journaux que Venard a été retrouvé mort dans son appartement. Selon toutes vraisemblances il s'est suicidé. Fitz se renseigne sur Internet afin de mieux connaître les antécédents de son défunt client. C'est à ce moment que Bob, un hacker dont il a fait la connaissance lors d'une précédente aventure s'immisce via son écran interposé. Fitz dont les habitudes alimentaires sortent de l'ordinaire, il mange à pas d'heure, se rend dans une échoppe de restauration rapide. Bob le contacte sur son téléphone pour lui signaler que quelqu'un s'est introduit chez lui. Comme quoi, il vaut mieux laisser son ordinateur allumé, Bob a pu entendre une conversation entre l'intrus et un correspondant téléphonique. La dernière phrase se résume en ces quelques mots : Mais je fais quoi du corps ?

Fitz se rend compte que devant chez lui deux hommes l'attendent et ce n'est surement pas pour lui offrir des fleurs. Commence alors une course poursuite et il est obligé de requérir les services de Déborah et de Moussah ainsi que d'une autre connaissance rencontrée dans une précédente aventure qui l'aidera à établir le portrait robot de l'inconnu dans l'escalier de chez Venard. Fitz est traqué, et il ne peut compter que sur ces deux fidèles amis, peut-être éventuellement sur son ex, Jessica, commissaire de police, mais il traîne trop de casseroles derrière lui qu'il vaut mieux éviter de la contacter. Et il possède encore sur lui une somme d'argent conséquente ainsi que quelques sachets de drogue qui ne lui serviront pas de passeport s'il est arrêté par les policiers.

Traqué par des hyènes, le chaton se transforme peu à peu en tigre. Mais un tigre qu'une cohorte de tueurs poursuivent, comme s'il avait une balise accrochée autour du cou.

 

Fitz, c'est un peu comme un voisin de palier dont on a fait la connaissance entre deux portes. On se dit bonjour, bonsoir, on échange quelques mots, il s'épanche parfois sur des incidents qui lui sont arrivés. Mais ce voisin devient à la longue plus présent et on arrive à mieux le connaître, le définir, le situer dans l'échelle sociale. C'est quelqu'un portant beau sur lui, toujours propre, soigné, affable, un peu naïf, aux horaires décalés, et un beau jour, une nouvelle facette remplace la précédente, et l'on se demande si l'on doit continuer à le fréquenter ou non. On se pose la question de savoir si vraiment c'est une personne de bon aloi, s'il ne nous manipulerait pas, si cet homme propre sur lui ne cacherait pas une âme et un esprit diaboliques. Et lorsqu'il se confie entièrement, qu'il vous narre ses pérégrinations, on se demande si l'on doit s'apitoyer sur son sort ou se révulser. Il se dévoile sans manichéisme, sans fard. Mais en y réfléchissant bien on se demande si quelle serait notre réaction si on était confronté à ce genre de problèmes. Car un jour, qui sait, même si on n'est pas revendeur de drogue, on peut se trouver embarqué dans la même galère, et si on possède de bons amis, des vrais, peut-être qu'on n'irait pas trouver la police pour dénouer ce genre de problème.

C'est également une réflexion sur les méfaits des technologies nouvelles, téléphones portables dernière génération, réseaux sociaux et autres. Soyons honnêtes, parfois ils ont du bon, mais c'est l'addiction et la dépendance qui sont la plupart du temps néfastes. Personnellement j'ai été plus convaincu par Olivier Gay et l'histoire qu'il nous raconte avec une pointe d'humour et d'angoisse que par des auteurs qui furent de véritables truands, drogués et fourgueurs de drogue, casseurs et même tueurs, tels que Donald Goines dont quelques romans furent traduits en Série Noire.

 

 

Olivier GAY : Mais je fais quoi du corps ? (Première édition : Le Masque Grand Format. Parution le 3 janvier 2014). Réédition Le Masque Poche N°58. Parution le 18 mars 2015. 302 pages. 6,90€.

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29 mars 2015 7 29 /03 /mars /2015 10:12
André Gex : Week-end à Carthagène.

Et là où y a Carthagène, y a du plaisir ?

André Gex : Week-end à Carthagène.

Le ministre colombien des affaires étrangères, Rodolpho Sandoval, décède d'un cancer et le résident de la CIA, Stuart Palmer, officiellement second conseiller à l'Ambassade, décide d'engager la procédure de l'opération C126, avec l'accord tardif de ses responsables.

Il organise une perquisition chez Blanca Mazariegos, la maîtresse de Sandoval, afin d'y récupérer des dossiers mais l'un des exemplaires a disparu. Aussitôt ses soupçons se portent sur Blanca, la seule selon lui à avoir pu les subtiliser. Cooper et Norris, deux agents du service action, la torturent. Le seul renseignement qu'ils obtiennent est le nom de René Sarrault, consul-adjoint français, auquel elle aurait vendu l'un des documents.

Une rapide enquête dans les milieux bancaires précise que Sarrault a acheté le document en prélevant sur ses fonds personnels. Sarrault devant participer à Carthagène, port situé sur la mer des Caraïbes, aux fêtes organisées à l'occasion de l'anniversaire de la déclaration d'Indépendance vis à vis de l'Espagne, Palmer décide lui aussi de se rendre dans cette ville.

Keller, pseudo Suisse, est lui aussi à l'affût. Seulement ce que n'avaient pas prévu, ni les agents de la CIA ni Keller, c'est que Sarrault, joignant l'utile à l'agréable, quitte sa chambre d'hôtel en pleine nuit à l'insu de ceux-ci. Il se rend dans un quartier calme de la ville, plus précisément jusqu'à une place sur laquelle est érigé un curieux monument. Lors de cette fête, les femmes se déguisent en rat d'hôtel, et les hommes plus simplement de couleurs vives.

Keller s'introduit dans la chambre de Sarrault et trace au dos de son costume une croix à l'aide d'un produit invisible qui a la propriété de devenir luminescent sous l'effet de la transpiration. Il abat tranquillement Sarrault qui danse dans la rue avec une rousse puis s'envole pour l'Autriche.

Palmer est convoqué à Washington auprès du Directeur Général de l'Agence. Pour eux le tueur a été envoyé par une firme européenne ou des hommes d'affaires afin qu'un projet économique, conclu entre le gouvernement colombien et les Américains, capote, soupçonnant une fuite dans leurs services. Supposant que le SDECE français enverra quelqu'un sur place, Palmer est chargé de le court-circuiter.

Philippe Chauvet, agent du SDECE est proposé pour cette mission. Les responsables de la Sécurité colombienne n'ont pas chômé et ont découvert une partie de la piste du tueur ainsi que les rapports existants entre Sarrault et Blanca. Eux aussi supputent l'arrivée d'un agent français. A Anvers, Keller, de son vrai nom Potter, et de nationalité belge, rend compte de sa mission et pense avoir commis une erreur en se débarrassant de Sarrault à la carabine au lieu d'un coup de couteau.

Chauvet, muni d'une fausse identité britannique atterrit en Colombie et est aussitôt repéré par les agents américains. Les responsable de la CIA en viennent à la conclusion que la fuite ne peut provenir que de la part de Marly, une jeune fille qui travaille pour eux mais dont ils apprennent un peu tard la filiation avec Scholz, un Allemand naturalisé américain qui, à cause de ses idées politiques procommunistes, a dû se réfugier au Salvador.

 

Les fameux documents reprennent la thèse d'une piste, d'une voie de communication Atlantique-Pacifique utilisée par la défunte civilisation Maya. Une voie ferrée serait susceptible d'emprunter cette route et de concurrencer ainsi le canal de Panama.

Que deviendra ce projet ? D'autres forces politiques, d'autres enjeux économiques semblent bien avoir enterré sa réalisation, si l'on part du principe que toute trame de roman d'espionnage se base sur des faits réels et authentiques.

Un épilogue en queue de poisson, et dont on ne connait ni les vainqueurs ni les perdants. Tout au plus peut-on imaginer que la CIA a réussi son entreprise puisqu'à ce jour le canal de Panama ne se trouve pas confronté à rude concurrence.

Qu'il signe André Gex ou Maxime Delamare l'auteur se complait dans les citations et autres aphorismes, ce qui fournit la note culturelle aux romans populaires. Cette fois nous avons droit notamment à une citation de Napoléon Bonaparte. L'auteur ne se prive pas non plus de comparer les moyens financiers de la CIA et ceux beaucoup plus modestes du SDECE français.

 

 

 

Comme tout bon politicien, tout bon militaire, tout bon diplomate, tout bon fonctionnaire, Bryant savait qu'un ordre bien rédigé doit couvrir complètement celui qui le donne et n'engager la responsabilité que de celui qui le reçoit.

 

Curiosité :

Connaissez-vous la différence fondamentale en les métisses Sud Américaines et les Européennes ? Les métisses d'Indien n'ont pas un poil là où les Européennes sont en général bien fournies, et que, de toute leur vie, elles n'introduisent la moindre goutte d'eau là où les Européennes s'en fourrent généralement plusieurs litres chaque jour.

 

André Gex : Week-end à Carthagène. Série Noire N°1399. Parution mars 1971. 256 pages. 4,00€. Disponible.

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28 mars 2015 6 28 /03 /mars /2015 14:03

Et en plein jour, c'est pas grave... ?

Maurice GOUIRAN : Une nuit trop douce pour mourir.

Le propre d'un romancier, c'est de toujours étonner, surprendre, prendre son lecteur fidèle à contre-pied, et de l'entraîner vers des rivages auxquels il ne s'attendait pas aborder.

Cette fois Maurice Gouiran nous entraîne dans une histoire où Jack l'Eventreur a son mot à dire, ou plutôt son couteau pour s'exprimer.

En ce mois du mois d'août, Clovis est tout guilleret. Son copain Raf, possesseur d'un mourre de pouar (un petit bateau de pêche pour les non connaisseurs comme moi) lui a proposé pour son dernier jour de vacances de l'emmener aux îles du Frioul en compagnie de deux jeunettes, des stagiaires à l'Evêché de Marseille. Des policières, je précise, l'Evêché correspondant au 36 quai des Orfèvres parisien. Et les deux stagiaires sont sous la coupe du commissaire Arnal, un gars pas facile et misogyne. Un agréable après-midi passé en compagnie de Samantha, qui lui démontre qu'elle se débrouille fort bien en relations charnelles. Et il n'y a aucune raison pour que l'aventure ne continue pas, d'autant qu'entre Emma Govgaline et Clovis, il existe un froid qu'il aimerait bien voir se dissiper, la météo n'étant pas en cause.

La chaleur règne à Marseille, et au Beau Bar, à l'Estaque, les mominettes s'évaporent sans que les consommateurs s'en aperçoivent. Leurs esprits si, mais comme souvent ils sont embrumés, ils en redemandent pour masquer le vide de leur existence. Mais il n'y a pas que les mominettes qui descendent, des truands aussi. Une véritable hécatombe. Et les joyeux drilles, dont Biscotin, un habitué du Beau Bar, un locataire presque, avec lequel Clovis partage volontiers la table, comptabilisent les scores. Sauf que lorsque les morts sont à inscrire au tableau de chasse d'individus s'en prenant à de petits malfrats fréquentant le Beau Bar, certains se sentent gênés et pourquoi pas se trouvent dans la cible d'adversaires potentiels.

Tandis qu'Emma se voit confier l'enquête sur le nettoyage des truands par eux-mêmes, Arnal se focalise sur un tueur de jeunes femmes qui sévit dans les quartiers Sud de Marseille. Et il demande à Samantha, et sa copine stagiaire Davina, de se pencher sur les archives, à rechercher des points communs éventuels entre ces Un, Deux, Trois... égorgées. La brigade est en effervescence.

Samantha propose à Clovis de l'accompagner à Fuveau assister à la conférence d'un ancien policier qui doit déblatérer sur l'existence de Jack l'Eventreur, ses méfaits et sa thèse sur l'identité réelle de ce tueur en série londonien. Pour Clovis ce ne sont que rabâchage et divagations. Il a lui-même travaillé sur ce sujet vingt ans auparavant, alors que les archives de Scotland Yard venaient d'être accessibles au public, afin de rédiger un long article pour son journal. Article qui, étoffé, a fourni matière à un ouvrage toujours de référence. Et cette connaissance de cette affaire qui a défrayé, et continue encore, la chronique, il va en faire profiter Samantha et par ricochet le commissaire Arnal. Lequel compare les mutilations, éviscération et autres joyeusetés, pour le médecin légiste qui apprécie, perpétrées sur les victimes phocéennes.

Emma doit, tout en continuant son enquête sur les tueries marseillaises et truandesques, s'atteler à celle de l'éventreur. Elle est habituée à travailler seule, et parvient à établir le lien entre ces quatre victimes, oui il y en une de plus. Outre les similitudes de découpage, elle parvient à établir que toutes s'étaient rendues en Ukraine. Pour quel motif ? Et une fois de plus Clovis se sent sollicité car il a gardé des relations professionnelles avec de nombreux journalistes dont des Ukrainiens.

 

Maurice Gouiran invite le lecteur à participer à une double enquête, celle qui concerne bien évidemment l'assassinat de jeunes femmes issues des quartiers Sud de Marseille et l'assassinat de truands par des confrères jaloux. Cette dernière est intercalée dans l'intrigue principale et relève de la guerre des gangs, avec toutefois un petit plus.

Mais c'est bien l'histoire de ces femmes éviscérées qui passionne tout Marseille, ainsi que le lecteur, avec cette mise en parallèle avec les forfaits de Jack l'Eventreur. Toutefois il existe une différence fondamentale entre les meurtres du tueur en série du XIXe siècle et ceux qui sont perpétrés dans la cité phocéenne. L'un s'en prenait aux femmes de basse extraction, des prostituées, dans un quartier déshérité, tandis que le second choisit ses victimes dans les quartiers Sud, parmi des femmes entre trente et quarante ans, qui sont mariées, ou en concubinage, et leurs conjoints possèdent une situation professionnelle assise. Elles travaillent également sur des postes enviés, et toutes vivent bien de leurs revenus mais n'ont pas d'enfants.

 

L'épilogue est en paliers qui se rétrécissent au fur et à mesure que l'on gravit l'escalier double de la narration de ces intrigues.

Maurice Gouiran, outre ses connaissances sur Jack l'Eventreur, nous incite à réfléchir sur un problème social qui partage l'opinion publique. Même si une solution est proposée, votée, légalisée par un décret elle ne pourra jamais satisfaire personne, en raison même des idées politiques, morales, humaines ou religieuses de tout un chacun. Il délaisse quelque peu l'Histoire plus ou moins récente pour s'attaquer, via le biais de meurtres à la façon de Jack l'Eventreur, à des questions d'éthique et il laisse au lecteur le soin d'apporter une réponse qui ne sera jamais satisfaisante, malgré les prises d'opinion catégoriques d'hommes et de femmes, souvent politiques, qui œuvrent dans la démagogie.

 

Maurice GOUIRAN : Une nuit trop douce pour mourir. Collection Jigal Polar. Editions Jigal. Parution le 16 février 2015. 248pages. 18,50€.

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28 mars 2015 6 28 /03 /mars /2015 12:58
Arthur MALING : Les crocs de l'agneau

L'agneau pascal ? C'est pour bientôt !

Arthur MALING : Les crocs de l'agneau

Carl Rogers, agent immobilier et demi-frère par alliance du narrateur, demande à celui-ci de lui rendre un petit service.

Se retranchant derrière des opérations chirurgicales concernant ses filles, il ne peut se rendre à Mexico porter des documents importants à son patron, Fred Farnham, de l'Internationale Immobilière. Lui-même immobilisé à cause d'une crise de sciatique, et étant momentanément dans la dèche, le narrateur associé dans une entreprise de transports accepte avec réticence ce déplacement. L'idée de changer d'air et de toucher une commission lui ôte ses derniers scrupules.

Dans l'avion le conduisant à Mexico, il fait la connaissance de Betsy invitée au mariage de sa meilleure amie avec le fils de Roberto Mendoza, un mandarin influent auprès du gouvernement mexicain. Notre héros rencontre ses contacts comme prévu mais apparemment il manque quelque chose dans la mallette que Carl lui a confiée.

Le narrateur est enlevé et laissé pour mort aux abords de la ville. Il ne doit son salut qu'à des gosses chasseurs de lézard. A l'hôpital où il est soigné, il réclame à son chevet Betsy et le docteur Mendoza à qui il narre son aventure. Jackson, un représentant du Ministère des Finances des Etats-Unis est également mis dans la confidence.

Carl Rogers devait transmettre un million deux-cent mille dollars à Farnham, connu également sous le nom de Kildare, afin d'acheter un immeuble appartenant à des Egyptiens. Mais l'argent a disparu, subtilisé par Rogers, et le narrateur qui a endossé le patronyme de son demi-frère pour des commodités douanières, est soupçonné d'avoir détourné l'argent à son profit.

De retour à Chicago, notre héros-quidam regagne son appartement. Le-dit appartement a été fouillé et il engage un détective privé-garde du corps. Carl s'est volatilisé dans la nature, en compagnie de sa maîtresse Nora, abandonnant sa femme. Incidemment on apprend qu'il est fiché et recherché par huit nations.

Le voisin du narrateur, confronté à des problèmes sentimentaux, emprunte sa voiture et périt dans l'explosion de celle-ci. Une victime innocente. Quant au détective, il est blessé par balles dans un guet-apens dans lequel devait succomber notre héros. En remontant la filière de la petite amie de Carl, l'indélicat est repéré à Las Vegas, Los Angeles et Acapulco. Le narrateur s'envole pour cette station touristique en compagnie de Jackson et y retrouve Betsy, sa voisine aéronautique de son précédent voyage.

 

On ne s'ennuie nullement à la lecture de ce roman dont le héros, un homme ordinaire, se trouve entraîné à son corps défendant dans une spirale aventureuse, lui qui aspirait à une vie quotidienne exempte de tout dérèglement.

Cependant les ficelles sont parfois un peu grosses, et surtout il trouve des alliés en la personne de Jackson et Mendoza d'une manière presqu'idyllique. En fait de l'état de quidam, il se transforme en baroudeur expérimenté ce qui dans la vie courante, même lorsqu'on est confronté à de sérieux problèmes, ne se traduit pas de façon si spectaculaire.

 

Les Mexicains entendent tellement vanter leurs capacités sexuelles qu'ils finissent par y croire.

 

Curiosité :

Alors que le narrateur reste anonyme, le fils de Mendoza qui dans la première partie de l'histoire se prénommait Luis, s'appelle dans l'épilogue Jorge. Erreur de traduction ou confusion de l'auteur ?

 

Arthur MALING : Les crocs de l'agneau (Decoy - 1969. Traduction de Roger Guerbet). Série Noire N°1380. Parution novembre 1970. 256 pages.

 

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27 mars 2015 5 27 /03 /mars /2015 10:50

Bon anniversaire à Jean Mazarin/Emmanuel Errer, né le 27 mars 1934.

Emmanuel ERRER : L’hiver en juillet.

Il m’arrive de réagir parfois lors de petits événements, peut-être de façon disproportionnée, qui se déroulent dans la vie sans que tout un chacun se trouve concerné, des événements qui ne changeront pas le monde, n’empêcheront pas la Terre de tourner, et pourtant cela m’agace, m’irrite, m’horripile.

Par exemple, devait être édité le roman de Jean Mazarin, aux éditions Nuits Blanches en 2011, et intitulé Mutins légitimes. Hélas, pour une raison économique et financière, cette maison d'édition a mis la clé sous la porte. Alors en attendant qu'un autre éditeur se penche sur ce roman, qui en réalité n'est pas Zazou comme je le supposais, effectuons un petit retour dans le passé et penchant nous sur cet Hiver en juillet qui connut deux éditions.

Découvrons donc ce roman publié en 1988 chez un éditeur qui malheureusement n’a pu mener à bout ses projets. En effet Patrick Siry, qui fut apparenté à Frédéric Dard, avait pris les rênes des collections du Fleuve Noir après le départ de François Richard, le directeur emblématique des débuts. Débarqué, pour des raisons purement éditoriales, du moins je le suppose, il voulu lancer sa propre maison d’édition, mais comme il marchait sur les brisées justement du Fleuve Noir et avait emporté avec lui quelques auteurs, sans compter l'illustrateur, l'illustre Gourdon, la diffusion et la distribution des romans qu’il avait publiés en pâtit et l’aventure tourna court. Mais j’aurai l’occasion de parler des éditions Patrick Siry et de Patrick Siry lui-même et découvrons ce petit roman que je vous propose de lire ou relire aujourd’hui :

 

Julien est réparateur de poupées anciennes, l’un des rares qui existent encore dans la capitale. Un travail qui demande beaucoup de soins, de patience, d’amour. Et s’il accepte de réparer un poupon de celluloïd datant de la dernière guerre mondiale, c’est vraiment pour faire plaisir à une jeune femme dont les aspects ectoplasmiques l’ont ému.

Une poupée bizarre dont il doit remodeler la tête et une jambe. Une poupée qui pleure des larmes de sang. Son travail effectué, Julien se rend au domicile de la jeune femme mais il tombe dans une faille temporelle et se retrouve dans un Paris occupé par la soldatesque allemande, en pleine chasse antisémite.

 

Avec ce roman, Emmanuel Erre alias jean Mazarin retrouve sa veine de véritable conteur populaire, sans forcer les effets comme dans ses précédents romans publiés dans la collection Gore du Fleuve Noir, sous le pseudonyme de Nécrorian. Il s’attache plus aux personnages qu’aux descriptions macabres et morbides.

Toucher la sensibilité du lecteur, l’émouvoir, tel est le but recherché mais non avoué d’Emmanuel Errer. Il conte non pas une histoire actuelle de racisme mais en remontant le temps, transcrit des événements vécus, mêlant le fantastique au réel, et laisse le soin au lecteur d’en tirer lui-même une morale.

Emmanuel ERRER : L’hiver en juillet.

Ce roman a été réédité en octobre 1993 sous le titre de Le Baigneur, dans la nouvelle collection Angoisses N°5 sous le pseudo de Jean Mazarin.

 

 

Emmanuel ERRER : L’hiver en juillet. Collection Science-fiction N°7. Patrick Siry éditeur. Parution septembre. 1988. 156 pages.

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27 mars 2015 5 27 /03 /mars /2015 09:23
Weldon SPANN : A bas la quille

Comme au bowling ?

Weldon SPANN : A bas la quille

Sa décision est prise et irrévocable. Après vingt années passées dans l'armée de l'air, Rick Flint aspire à pêcher, se marier peut-être.

Le premier soir de sa vie civile, il est abordé dans un bar d'Argenta par un inconnu qui lui propose une virée dans un club privé tenu par un ami, Malvern Gross, de l'autre côté du fleuve dans la ville jumelle d'Arcadia.

Au Playdoll club, Welcher dont la petite amie Chouchou Apple fait partie des attractions, lui présente Cora Franklin, jeune femme éblouissante et peu farouche qui l'invite à terminer la soirée chez elle. Rick accepte. Sur place elle lui offre un verre tandis qu'elle se change. Bientôt Rick sombre dans un profond sommeil.

Lorsqu'il se réveille, il a un tête-à-tête peu engageant avec un cadavre. Une fouille rapide lui permet de récupérer son revolver dont s'est servi l'assassin ainsi que ses papiers de démobilisation glissés dans une des poches du macchabée, un nommé Cameron. Il échappe de peu aux policiers et gagne le chalet qu'il a loué dans la région. Il soupçonne Welcher, Malvern Gross et Chouchou Apple de s'être servis de lui pour commettre ce meurtre.

Supposition confortée à la lecture des journaux qui lui révèlent que Cora était l'épouse de Cameron. Deux tueurs l'attendent dans son chalet mais les deux hommes subissent la loi de Rick. Il emmène les cadavres près du Playdoll et avertit la police. Puis il prend une chambre dans une pension de famille et l'une des locataires, Terry, a travaillé quelques temps au club. Par un heureux coup du hasard, elle connait Welcher, détective véreux, ainsi que Malvern Gross, et s'est liée avec Luanne la précédente femme de ce dernier.

Luanne lui apprend que Malvern l'a obligée à divorcer en exerçant à son encontre un chantage à l'aide de photos compromettantes, photos prises avec la complicité de Cora alors qu'elle était sous l'influence d'une boisson droguée. Rick en déduit que Cora et Malvern avaient projeté depuis longtemps de se débarrasser de Cameron.

D'autres tueurs sont lancés à la poursuite de Rick. Ils lui tirent dessus, fouillent son chalet et emportent les deux fusils qu'il possédait. Le shérif du comté est avisé du vol, Rick préférant assurer ses arrières. Il essaie de tirer les vers du nez de Welcher afin de récupérer les photos. Welcher accepte sous la menace de l'emmener à son appartement mais en cours de route il jette son véhicule dans le fleuve. Rick parvient à se sortir indemne du véhicule.

 

Troisième et dernier roman de Weldon Spann paru dans la Série Noire, un roman écrit antérieurement à Plongeon dans le bourbier (N°1348) et à Chasseur à gages (N°1362), A bas la quille ne diffère pas beaucoup de ce dernier.

Le suspense y est absent dès le premier tiers de l'histoire et le reste n'est que situations convenues et enchaînements à répétition dans une enquête qui n'en n'est pas une. Rick Flint essaie d'échapper à des tueurs qu'il poursuit.

Il s'emberlificote dans une affaire dont il a compris tout le processus pratiquement dès le départ. L'analyse qu'il en fait (page 91) résume assez bien la situation, ensuite ce ne sont que délayages.

Ce roman de 248 pages n'a que la consistance d'une nouvelle, aussi brève que le passage de Rick de la vie militaire à la vie civile.

 

La vie civile est décidément bien trop dangereuse, mon colonel. Je rêve d'une bonne petite planque bien pépère, du côté du Viêt-Nam, par exemple !

 

Curiosité :

Knucks qui au début du roman est portier du club privé où est convié Rick Flint prend peu à peu du galon et se voit soudainement intronisé comme associé de Malvern Gross.

 

 

Weldon SPANN : A bas la quille (Discharge to danger - 1969. Traduction de C. Wourgaft). Série Noire N° 1379. Parution novembre 1970. 256 pages. 4,00€. Disponible.

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26 mars 2015 4 26 /03 /mars /2015 10:19

L'art change du chaos...

Dominique SYLVAIN : L'archange du chaos.

Un cadavre découvert dans une cave d'un immeuble, ce n'est pas forcément banal, et ce qui l'est beaucoup moins, c'est la manière dont il a subi les sévices.

La police a été prévenue par un appel téléphonique, anonyme comme il se doit. La victime, une femme, a eu la langue coupée, le bras brûlé puis soigné. Le groupe Carat, du nom de son patron le commandant Carat, est chargé de cette enquête qui s'avère pour le moins difficile. C'est la divisionnaire Christine Santini qui a elle même réveillé, par téléphone, Carat afin qu'il se mette tout de suite au boulot.

Deux pistes sont à explorer. D'abord se renseigner auprès du prometteur, le chantier étant à l'arrêt suite à un procès, ensuite retrouver l'adolescente qui a prévenu le commissariat du 15è arrondissement. Aussitôt il mobilise ses gars, le brigadier-chef Garut, un homme tranquille, un vieux de la vieille, Marc Bergerin qui est dans tous ses états à cause de l'état de sa femme enceinte, et Franka Kehlmann nouvelle venue dans le groupe. Deux mois auparavant elle était encore à la Financière.

Frank fait la tournée des popotes, pas toujours reçue comme elle le souhaiterait. En effet, les enseignants sont incapables de reconnaitre la voix dont elle dispose d'après un enregistrement, ou alors il faut en déférer auprès du proviseur ou du directeur afin d'avoir l'autorisation de parler. De plus, les écoles, les collèges, les lycées, ce n'est pas ce qui manque pas.

Les autres se renseignent auprès du promoteur, du chef de chantier, et ils aimeraient bien avoir l'avis aussi du conducteur d'engins. Mais celui-ci a disparu. Commence une enquête qui débouche sur d'autres cadavres, selon un mode opératoire bien défini, comme si le meurtrier se conformait à un cahier des charges préétabli, à un rite. Toujours la langue coupée, mais des sévices différents.

Carat retrouve souvent sur son chemin, trop souvent, Colin Mansour, un de ses anciens amis et ancien collègue. Ils se connaissent depuis leur jeunesse mais un incident a perturbé cette amitié. La boisson à fait perdre ses moyens à Mansour, et Carat l'a fait éjecter du service. Depuis Mansour traîne dans les rues avec sa rancœur. Quant à Carat, il ne conduit pas, l'un de ses adjoints lui servant de chauffeur. Tout cela à cause d'un problème qui le tarabuste depuis des années. Un problème qui aurait pu coûter la vie à Garance sa femme, cuisinière, et elle en porte encore les cicatrices. Mais elle ne lui en veut pas.

 

Si la plupart des membres de ce groupe connaissent des failles, ou des fractures multiples dans leur vie, privée ou professionnelle, Franka n'est pas épargnée par le sort.

Sa mère s'est suicidée à cause de son père, universitaire et dipsomane. Et Franka n'a toujours digéré la mort de sa mère. Depuis elle vit avec son jeune frère Joey, un passionné d'art et surtout de photographie. Il s'intéresse également à cette enquête à laquelle participe sa sœur. Le comble de la colère l'étreint lorsque son père est invité par Carat et Christine Santini à donner son avis sur les meurtres.

 

Une enquête dont les motivations sortent quelque peu de l'ordinaire, dont le ressorts sont complexes, et habilement maîtrisée par Dominique Sylvain. Car découvrir l'identité de ce psychopathe est une chose, l'empêcher de nuire encore en est une autre. Suivre le parcours d'un mode opératoire inspiré de l'ordalie demande une connaissance approfondie de ce jugement de Dieu, et lorsque Carat se rend compte que celui qu'il recherche activement anticipe parfois ses actions, il ne faut pas forcément penser avoir à faire avec un télépathe.

Pour autant, ce n'est pas tant la recherche du meurtrier qui prime dans cette histoire que l'intérêt porté à Carat et ses hommes, et femme puisque outre Franka, la nouvelle venue, il doit rendre compte à Christine Santini sa chef. Et les réunions sont parfois houleuses. Il n'est pas au bout de ses surprises et le lecteur non plus qui découvre peu à peu des pans entiers de cachoteries qui s'écroulent peu à peu entre tous ces "héros".

A mon avis, que je partage pleinement avec moi-même, ce roman est le plus abouti de Dominique Sylvain, qui possède pourtant de très belles réussites à son palmarès.

 

L'avis de mon ami Pierre de Black Novel1 :

Et celui de Richard sur Polar Noir et Blanc :

 

Quelques titres de Dominique Sylvain :

 

 

Dominique SYLVAIN : L'archange du chaos. Collection Chemins Nocturnes. Editions Viviane Hamy. Parution le 24 janvier 2015. 334 pages. 18,00€.

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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