Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 décembre 2014 5 05 /12 /décembre /2014 14:04

Une clé pour ouvrir les cercueils ?

Frédéric AMESPIL : La Clé des Invalides.

La trentaine bien avancée, toujours célibataire au grand dam de sa mère, Paul Marchand est journaliste dans un grand magazine hebdomadaire parisien. Pour arriver à cette place, il a galéré, accepté les piges mal rémunérées, dans diverses publications. Aujourd’hui, en cette fin octobre, il est bien installé dans son nouvel emploi, les pieds posés sur son bureau, à la recherche d’une idée de reportage.

L’idée lui est soufflée par son copain Bernard, qui travaille au ministère des Affaires étrangères. Le matin même les services du ministère ont décrypté un message en provenance du consul de France en poste à Sainte Hélène et dont la teneur est pour le moins ambiguë. « Nous confirmons que, comme lors des entretiens précédents, la tombe de Cipriani est toujours vide ».

Cipriani fut le maître d’hôtel de Napoléon, son ami, son compatriote, son cousin plus ou moins germain, décédé en 1818 dans d’atroces conditions sur l’île où séjournait emprisonné l’empereur déchu. Or le 4 décembre est prévue à Austerlitz une reconstitution de la fameuse bataille dans le cadre du bicentenaire. Un sujet d’article tout trouvé pour Paul Marchand d’autant que les parents de Bernard entretiennent vis-à-vis de l’empire une nostalgie certaine.

Un rendez-vous dînatoire est donc organisé chez Georges et Odette, les parents de Bernard. Georges explique quelques points obscurs sur la vie de Napoléon lors de sa résidence forcée, sur les conditions de détention, sur le décès de son héros et sur les soupçons qui perdurent sur la translation de son cadavre aux Invalides. Selon lui et ses amis, ce ne serait pas le corps de Napoléon qui serait enfermé dans le sarcophage de porphyre rouge mais celui de Cipriani. D’ailleurs, ce qui est surprenant, c’est l’absence de croix, de références sur ce cercueil de pierre qui est sensé en refermer d’autres selon le principe des poupées russes. Et comme si cette révélation ne suffisait pas, une nouvelle surprise attend Paul : deux Dragons, Michel et Lucien, se présentent chez Georges et Odette, en uniforme, cuirasse et casque empanaché. Deux amis de Georges, fervents napoléoniens eux aussi et qui aiment se déguiser en fidèles de l’empereur.

En repartant de chez les parents de Bernard, Paul remarque une voiture grise, qu’il avait déjà aperçue auparavant et qui semble le suivre. Alors qu’il retranscrit ses notes en compagnie de Cécile une collègue qui lui passe certains de ses défauts, dont celui de fumer plus qu’une usine métallurgique au XIXe siècle, il reçoit un appel téléphonique de son ami. La maison de Georges et Odette a brûlé et les cadavres des occupants ont été retrouvés à l’intérieur. Une malveillance, un double meurtre assurément.

Dès lors cette enquête devient primordiale aux yeux de Paul, enquête qu’il conduira en compagnie de Cécile qui peu à peu deviendra plus qu’une collègue, mais ça c’est hors sujet. Grâce à Michel et à sa femme, dont l’intérêt est plus motivé par l’histoire du neveu, celui qui deviendra Napoléon III, ils se lancent dans une chasse aux indices qui les conduiront à Rome chez une descendante de la princesse Caroline Murat. Mais le sort s’acharne sur les personnes qu’ils rencontrent, car peu après ils apprendront que la vieille dame est décédée dans des circonstances troublantes. Le hasard n’est pas en cause et ils se rendent compte qu’ils font bien l’objet de la surveillance de personnages n’hésitant pas à effacer derrière eux toutes traces physiques et humaines concernant cette nébuleuse affaire de substitution supposée de cadavres.

 

 

Frédéric AMESPIL : La Clé des Invalides.

Personnellement je ne suis pas un fanatique de Napoléon, loin de là, mais comme cette histoire n’en est pas une apologie, je me suis laissé entraîner avec plaisir. D’autant que l’auteur a su doser enquête et rétrospective.

Nous sommes conviés à assister à la translation du tombeau de Napoléon dans l’église du dôme des Invalides le 2 avril 1861 avec comme participants principaux Napoléon III, Eugénie et leur jeune fils Louis. La fin du règne de Napoléon III puis la mort de Louis, considéré et appelé par les Bonapartiste comme Napoléon IV, sa fin tragique en Afrique du Sud sous les sagaies des Zoulous, nous sont décrits sans emphase, sans nostalgie.

L’auteur se contente de relater des faits, qui pour la plupart sont exacts, dans la partie historique. Dans la partie intrigue située de nos jours, l’intensité n’est jamais mise en défaut, même dans l’épilogue que l’on pourrait croire tirée par les cheveux et amphigourique.

 

Frédéric AMESPIL : La Clé des Invalides. Editions Pascal Galodé. Parution le 18 novembre 2010. 340 pages. 19,90€.

Partager cet article
Repost0
5 décembre 2014 5 05 /12 /décembre /2014 08:53

Mère Noël Mère Noël où êtes-vous

Mère Noël Mère Noël montrez-vous

Avez-vous une mini-jupe êtes-vous un peu sexy

Est-ce que le Père Noël vous sort dans les boîtes de nuit  (Pierre Perret)

Sullivan RABASTENS : Bocado.

Dur de choisir un dernier petit cadeau, alors que parfum et bijou sont déjà prévus pour garnir la hotte. L'idée lumineuse s'incruste dans les yeux et le cerveau du narrateur, alors qu'il déambule fixant son regard sur une boutique dont l'enseigne affiche : Rose désir.

Tiens, quelque chose d'érotique, pourquoi pas ! Pas un de ces objets passe-partout dont leur couple a déjà fait l'acquisition. Non autre chose qui pourrait amener un piquant sexuel.

Il tombe en arrêt devant des tenues sexy, de saison ou pas, qui le font fantasmer par avance et par procuration et il imagine des situations propices à tendre vers la jouissance. Je ne décline pas ces déguisements améliorés et raccourcis, vous les connaissez, ne serait-ce que pour les avoir déjà vus ou utilisés dans des circonstances qui ne sont pas forcément liées au sexe, quoiqu'un épisode qui s'est déroulé dans un hôtel américain doit peut-être avoir dérapé à cause d'une tenue légère. Mais comme je n'y étais pas, je ne m'étendrai plus longtemps sur le corps du délit et du lit.

D'autres tentations se présentent à ses yeux, gonflant son désir. Et en voyant des babioles destinées à faire monter l'appétence sexuelles, il s'évoque mentalement quelques prestations bénéfiques au plaisir de sa compagne. Et au sien par la même occasion.

A traîner ainsi dans les rayons, il n'échappe pas au regard de la vendeuse qui lui fournit une solution à ses tergiversations érotiques. Mais l'accorte commerçante si elle est de bon conseil peut également se fourvoyer et introduire dans l'esprit du chaland des dénouements auxquels il ne s'attendait pas.

 

Cette courte nouvelle est signalé par un triple Q, ce qui signifie que le texte, tout comme les trois toques pour un restaurant, les trois étoiles pour une chambre d'hôtel où on ne fait que passer, est à consommer avec volupté, que le plaisir de lecture est intense, mais que le liseur doit être un fin connaisseur et savourer le plat sans en mettre à côté. Et éviter comme lorsqu'il déguste une pâtisserie trop onctueuse, tel un éclair à la vanille, de se mettre de la crème partout sur les doigts ou autour de la bouche selon les cas.

Sullivan RABASTENS : Bocado. Collection Culissime. Editions Ska. Nouvelle numérique. 0,99€.

Partager cet article
Repost0
4 décembre 2014 4 04 /12 /décembre /2014 14:59

Hommage à David Goodis né le 4 décembre 1903.

David GOODIS : Le casse.

Avec Nat Harbin, un cambriolage se prépare longtemps à l'avance. Tout est réglé dans les moindres détails, tout est minutieusement pensé. Chacun de ses équipiers possède sa fonction dans le groupe, qu'il s'agisse du lourdaud Dohmer, de l'irascible Baylock ou de la mince et blonde Gladden.

Un soir, pendant que Harbin effectue un casse rémunérateur, deux flics s'intéressent un peu trop à leur véhicule. Harbin réussit à les éloigner mais l'alerte a été chaude. De retour à la planque, l'ambiance se dégrade. Harbin conseille à Gladden de s'éloigner pendant quelques temps, de s'installer à Atlantic City.

Lui-même se sépare deBaylock et Dohmer sous un prétexte fallacieux. En réalité il a fait connaissance de Della, jeune femme riche et oisive. Le coup de foudre.

Un séjour dans la maison de campagne de Della dessille les yeux de Harbin. Comment se fait-il que Della ait un rendez-vous secret avec l'un des flics qui patrouillaient le soir du casse ? Cruelle désillusion pour Harbin partagé entre ses sentiments pour la belle Della et ses relations ambigües père/frère avec Gladden.

 

Le casse, c'est tout l'univers de David Goodis en réduction. Un univers que l'on retrouvera dans les romans suivants avec des situations, des thèmes souvent exploités à l'extrême. Des protagonistes qui sombrent irrémédiablement, des personnages féminins complexes, conjuguant duplicité, jalousie, trahison. Des situations qui ne peuvent qu'engendrer drame et tragédie. Harbin devra choisir l'amour passionné et calculateur de Della et celui plus réservé, quasi filial qui le lie à Gladden.

Sur le roman plane l'ombre de Gérald, beau-père de Gladden, décédé lors d'un cambriolage et qui avait initié le jeune Harbin alors que celui-ci dérivait, adolescent, dans le vagabondage comme bien d'autres.

 

Curiosité : Le casse est le premier roman de David Goodis à avoir été traduit en Série Noire. Auparavant, trois autres de ses œuvres avaient été éditées en France, dont deux à la Série Blême, Cauchemar et La nuit tombe, et un autre dans la collection Détective-Club des éditions Ditis, La police est accusée. Le casse et La lune dans le caniveau sont parus la même année aux Etats-Unis : 1953. Le casse bénéficiera da la traduction française l'année suivante, alors qu'il faudra attendre 1981 pour découvrir La lune dans le caniveau chez Fayard et Clancier-Guénaud, avant d'être adapté sous le titre éponyme par Jean-Jacques Beinex en 1983. Ce qui signifiait un retour en grâce de David Goodis auprès des éditeurs et du lectorat.

Auguste Le Breton aura influencé les traducteurs de cette époque, les années 50, puisqu'on peut lire, page 184 de l'édition originale : Ne t'en fais pas. Il n'y aura pas de rififi.

 

Citation : La jalousie te rend folle. Si je faisais la météo, tu serais jalouse des nuages.

David GOODIS : Le casse.David GOODIS : Le casse.David GOODIS : Le casse.

David GOODIS : Le casse (The Burglar - 1953. Traduit par Laurette Brunius). Série Noire N° 207. Edition Gallimard. Parution le 1er juillet 1954. Réédition Folio N° 249 le 3 juin 1993.

Partager cet article
Repost0
4 décembre 2014 4 04 /12 /décembre /2014 10:51

La galette bretonne de Marc ? Un disque vinyle...

Sylvette HEURTEL : Sortie de piste.

Marc, chanteur embarque sur le navire reliant le continent à l'île. Contrairement à la plupart des autres passagers qui préfèrent converser à deux appuyés au bastingage, il se pose au bar où il est rejoint par de nombreux fans dont bon nombre d'enfants, heureux de retrouver leur idole.

Au même moment, Jane, juchée sur des chaussures à talon-échasses qui la font tituber, monte à bord, lunettes noires fixées sur le nez, les oreilles bouchées par des écouteurs, trainant sa valise à roulettes. Parmi la foule qu'elle ignore elle continue sa conversation avec son correspondant invisible.

Marc est assailli de partout. Un prochain disque et un concert de prévus, on le sent habité par le blues des îles. Mais ces jours de fête qui se profilent, dans la maison et les trois bars insulaires ne plaisent pas tout le monde. Comme une pause nocive qui se prépare.

Le débarquement se déroule dans la fièvre, comme une ruée vers l'or. Le bateau ne reste à quai que dix minutes, alors pas de tergiversations. Jane descend la dernière et constate avec dépit que la batterie de son portable a rendu l'âme. Alors destination du village à pied, deux kilomètres à parcourir perchée sur ses talons inadéquats pour la route pavée. Heureusement une camionnette ralentit, le conducteur, un peintre en bâtiment-photographe spécialisé dans les clichés d'épaves, lui propose de la prendre à bord. Au moins, elle échappe à la pluie qui a détrempé sa veste et peut jouir à l'abri de la vue du paysage.

A l'auberge, elle est étonnée de s'apercevoir que la patronne qu'elle imaginait vieille, est une aimable trentenaire blonde appuyée sur des béquilles.

Jane et Karine, la tenancière, se jaugent, s'estiment et Jane propose même à l'aider dans son travail de livraison de colis en provenance du continent, l'auberge n'étant qu'un complément de revenus.

 

Mais que vient faire Jane sur cette île fouaillée par la pluie ? Sylvette Heurtel laisse monter doucement la pression, le lecteur envisage plusieurs pistes, tragiques de préférence, mais laquelle aura la préférence de l'auteur qui joue avec les nerfs. Et si c'était pour faire chanter le chanteur près tout ? A moins qu'il ne s'agisse que d'une vengeance, ou d'un obscur caprice de groupie, ou d'un besoin inavoué de.. de quoi, au fait ? Les motivations de Jane ne se dévoilent que peu à peu lors de l'épilogue. Sylvette Heurtel nous mène en bateau, et nous plongeons volontiers dans les vagues suppositions, à la découverte d'une île bretonne.

La carte postale musicale est jubilatoire et énigmatique à souhait.

 

Un ouvrage à commander sur le site de la librairie Ska

Sylvette HEURTEL : Sortie de piste. Nouvelle numérique. Collection Noire sœur. Editions Ska. 1,49€.

Partager cet article
Repost0
3 décembre 2014 3 03 /12 /décembre /2014 07:43

Devenir un criminel, ça ne se décrète pas, c'est une réponse adaptée à des circonstances particulières.

Maryse RIVIERE : Tromper la mort.

L'Irlande, son folklore, ses vertes étendues sauvages, son saumon, son whisky, sa soif de liberté... L'Irlande, terre d'accueil, terre d'asile, terre de refuge également pour des individus en délicatesse avec la justice française.

Yann Morlaix, qui vient d'échapper à un éboulement dans les carrières situées sous la Butte Montmartre part en Bretagne, cherchant un point de chute chez son ami Le Bihan.

La police criminelle parisienne est persuadée que Morlaix est enfoui sous les roches et une coulée de béton devrait boucher les issues. Le capitaine Damien Escoffier est soulagé et va pouvoir passer à autre chose, car Morlaix quitte enfin son environnement.

Le Bihan n'a qu'une solution à proposer à Morlaix, embarquer en catimini pour l'Irlande où il connait une sexagénaire qui pourra l'aider. Muni d'une nouvelle identité Morlaix trouve, grâce à Susie O'Brien, la relation de Le Bihan, du travail, soit des remplacements à droite et à gauche, jamais bien longtemps, soit des missions de transport pour Charlie. Morlaix livre de tout, surtout des produits prohibés, en différents lieux et même en Irlande du Nord. Il s'est installé à Dublin et on n'entendrait plus parler de lui si ce n'était qu'il est habité par La Force.

 

Deux ans que Morlaix est en Irlande et à nouveau il va faire parler de lui. Des jeunes femmes sont retrouvées assassinées, enfouies dans la tourbe, ça conserve, et les policiers irlandais comparent les traces d'ADN. Trois corps et toujours le même meurtrier. Or en rapprochant les différents fichiers à leur disposition Curtis et Lynch découvrent que l'individu recherché se nomme Yann Morlaix originaire de France. Ils se rendent immédiatement à Paris et rencontrent Damien Escoffier et ses supérieurs. Les policiers français sont abasourdis, mais les preuves sont accablantes et irréfutables.

Les parents de Lisa, une jeune femme ayant connu Morlaix et qui effectue des séjours en unité psychiatrique régulièrement, remettent à Damien des cartes postales. A part l'adresse, aucun texte. Les images représentent des illustrations du Livre de Kells, un manuscrit médiéval. Quatre cartes postales, pour trois jeunes filles retrouvées. Un corps serait donc dans la nature. L'analyse graphologique confirme l'identité de l'expéditeur.

Damien Escoffier, qui est toujours traumatisé par la perte quelques années auparavant, de sa compagne et pense avoir trouvé une compensation avec une collègue mutée à la Financière, part pour l'Irlande. Il est accueilli par Thomas, agent de liaison français qui travaille en coordination avec les policiers chargés de l'affaire. Damien est reçu chez Thomas et sa femme et va bientôt faire la connaissance d'Alexia Costa qui est employée à l'Alliance française. Entre les deux jeunes gens le courant passe rapidement. Mais le travail avant tout. Ils interrogent Susie O'Brien qui ne peut que leur confirmer avoir hébergé quelques temps Morlaix.

Maryse RIVIERE : Tromper la mort.

Dans cette histoire dont la genèse est décrite peu à peu, l'affrontement entre le tueur et le policier français va devenir intense. Nous suivons à la trace plus particulièrement les deux hommes même si d'autres personnages interfèrent dans cette intrigue. L'homme habité par la Force, laissant délibérément des traces de son passage, est peu à peu traqué. D'autant que Charlie son employeur apprend ses antécédents par les médias. Mais malgré tout, ou justement à cause de ce passé, Charlie va confier une autre mission que celles qui lui sont originellement dévolues. L'étau se resserre, mais étreint également le lecteur.

 

Construire une intrigue policière sans insérer une résonnance à l'IRA eut été partiale et impensable. Le fantôme (?) de l'IRA est toujours présent, les tensions existent encore même si l'on en parle moins. Les antagonismes religieux mais surtout la présence britannique, un affront pour les Irlandais, ne peuvent être balayés d'un coup de manchette. Mais l'IRA ne constitue pas le ressort fondamental de l'histoire même si une des racines de l'intrigue plonge dans la tourbière de la révolution pour la liberté, le mysticisme prend également une grande part avec les reproductions du Livre de Kells. Mysticisme dans l'esprit d'un homme sans englober pas tout le récit. Même si Damien Escoffier et ses collègues irlandais s'aperçoivent que les femmes assassinées portent toutes un prénom traditionnel.

C'est bien l'Irlande dans son ensemble, sans frontière, qui habite ce roman, avec son passé douloureux, exacerbé, insulaire, mais aussi sa grâce, sa générosité, son accueil, ses paysages. Le trèfle irlandais, le shamrock, ne comporte que trois feuilles, et donc n'est pas synonyme de porte-bonheur, pourtant loin des guerres, le bonheur est à portée de mains, pour peu que la finance ne s'en mêle pas. Dublin et ses quartiers déshérités et ses immeubles en attente de réfection.

Hommage donc à l'Irlande par le biais d'un roman policier qui a largement mérité ce Prix du Quai des Orfèvres 2015.

 

Maryse RIVIERE : Tromper la mort. Prix du Quai des Orfèvres 2015. Editions Fayard. Parution le 19 novembre 2014. 384 pages. 8,90€.

Partager cet article
Repost0
2 décembre 2014 2 02 /12 /décembre /2014 13:29

Du miroir ?

Gilles VIDAL & Francine ANDRES : De l'autre côté.

Entre bande dessinée à l'ancienne dont les textes sont en dessous des vignettes et bande dessinée moderne avec phylactères incrustés, De l'autre côté nous plonge dans un univers mélangeant Anticipation, Fantastique et Onirisme noir.

Le narrateur, qui se prénomme Julius, vient d'échapper à une rafle qui n'a pas épargné ses parents. La ville de Markszbourg, et plus particulièrement son quartier le Blok III est sous la coupe du Blokmaster. Ses sbires, des hommes habillés d'uniformes gris métallique, ont enlevé son père et sa mère, auxquels il n'était pas vraiment attaché, et Julius se retrouve à la rue. Il a épongé les dettes et se déambule sans un fifrelin en poche. D'ailleurs tout se paie par cartes informatisées. L'argent ne circule plus, ou alors il s'agit de troc.

Après avoir erré dans la cité, Julius recherche de la nourriture, la plupart du temps sous forme de plaquettes nutritives. Il voyage en stop à bord de tankers qui daignent le prendre à bord. Il pense pouvoir continuer jusqu'à ce qu'une voiture s'arrête non loin de lui. Alerte ! Il prend ses jambes à son cou, perdant dans la foulée une chaussure et s'écroule sous des arbres dans la forêt proche.

Changement de décor, les lieux maudits de science-fiction sinistres et funestes, déshumanisés, laissent place à la nature vivifiante et propice aux rêves éveillés. Mais est-ce un rêve que cette jeune fille qu'il aperçoit sur la berge d'un lac ?.

 

Gilles Vidal ne fait qu'anticiper ce que tous nous redoutons : l'emprise tyrannique du progrès à outrance, la perte du goût des choses simples. L'homme est dépossédé de sa liberté en voulant s'affranchir par l'informatique et ses dérivés de contraintes qui sont encore plus contraignantes avec améliorations de la vie courante fallacieuses.

Francine Andrès met ses pinceaux au service du texte, alternant les styles, les adaptant au texte. Elle passe allègrement du flou évanescent en touches déclinant toutes les nuances du noir et blanc avec des gris pastels ou en lavis, aux traits fins et précis géométriques, aux figurines en ombres chinoises au pochoir ou encore aux personnages esquissés à traits rapides comme des ébauches. Mais ceci n'est que l'avis d'un ignare en peinture qui décrit sa propre perception des images.

Gilles VIDAL & Francine ANDRES : De l'autre côté.

Gilles VIDAL & Francine ANDRES : De l'autre côté. Nouvelle graphique. Editions du Horsain. Parution le 1er décembre 2014. 46 pages. 9,00€. Version numérique aux édition Ska. 3,99€.

Partager cet article
Repost0
1 décembre 2014 1 01 /12 /décembre /2014 13:44

L'Atlantide, l'Atlantide, je la veux et je l'aurais...

Sylvie MILLER & Philippe WARD : Lasser, mystère en Atlantide.

C'est ce qu'aurait pu chanter Zeus en se présentant brusquement devant Jean-Philippe Lasser, détective des Dieux malgré lui. Avec l'aval d'Isis, Zeus requiert les services de notre Gaulois exilé en terre égyptienne car il a un service à lui demander. Il exige même, car les Dieux, Grecs ou autres, sont comme ça. Ils ne quémandent pas ils somment. Mais si l'argent est au bout de leur main, pourquoi pas.

Pour l'heure Zeus est en possession d'un disque d'argile d'une vingtaine de centimètres de diamètre, qui ne lui a pas été remis par le Discobole, mais comporte des hiéroglyphes dont l'origine est inconnue. Ce que désire le Dieu Grec, Lasser ne va pas tarder à l'apprendre après un transfert téléporté et instantané du Caire jusque sur l'Olympe. Comme à chaque choix qu'il est obligé à utiliser ce moyen de transport Lasser est malade, d'autant que la veille il a abusé des bonnes choses, dont le whisky en particulier. Le nectar des dieux pictes ne fait pas toujours bon ménage avec son estomac, surtout lorsque celui-ci est bringuebalé. Mais laissons Zeus s'exprimer à l'écart des oreilles indiscrètes.

Il faut retrouver l'Atlantide !

 

Pas de tergiversation possible, même si Lasser, lassé d'être pris pour une marionnette, rechigne quelque peu, Zeus est catégorique. Il faut retrouver l'Atlantide, ce royaume disparu six mille ans auparavant. Car une poignée d'Atlantes auraient échappé au naufrage de leur île située quelque part à l'Ouest et auraient constitué une communauté. Or ce que Zeus désire par dessus tout, c'est d'imposer les Dieux grecs à ces Atlantes siégeant Dieu sait où mais pas lui. Une clé pourrait résoudre une partie de l'énigme sur l'île de Crête, au lieu dit Phaistos. Il s'agit d'un autre disque en argile situé dans des ruines non loin du célèbre labyrinthe construit par Dédale et où Thésée à vaincu le Minotaure. Le gros problème, c'est que Poséidon, le frère de Zeus, désire lui aussi savoir où se trouve l'Atlantide. Et comme depuis des millénaires, les deux frangins se combattent pour des broutilles, Lasser risque d'encaisser des éclaboussures. Et ça ne va pas manquer. Mais n'anticipons pas puisque l'histoire se déroule en 1936.

 

Lasser est projeté à nouveau au Caire puis va se rendre à Alexandrie, ville abritant la Très Grande Bibliothèque, car un colloque doit s'y tenir. L'affiche annonçant cet événement représente justement cette pierre hiéroglyphée. Isis attend de pied ferme son détective préféré, et après l'avoir passé oralement à la question, elle aussi veut savoir où est située l'Atlantide. Car il n'y a pas de raison que Zeus avance ses pions et installe ses dieux dans la cité, sans qu'Isis puisse elle aussi convertir les Atlantes réputés sans Dieu, ni lieu.

Lasser se rend avec son amie et secrétaire Fazimel qui cumule la fonction de réceptionniste à l'hôtel où loge le détective en temps normal à Alexandrie, ville agréable pour les touristes mais qui va réserver de nombreux problèmes à nos enquêteurs. Lasser retrouve son ami U-Laga-Mba qui s'occupe de l'édifice culturel, rencontre Anta Mirakis, un universitaire spécialiste de l'histoire des civilisations de la Mare Nostrum plus des agresseurs qui s'en prennent à Fazimel, assommée d'un coup de gourdin et transportée à l'hôpital dans le coma. Ce n'est que le début car Lasser croise en chemin Hussein Pacha, son meilleur ennemi. Enfin direction la Crête, sur le bateau de Gabian, celui qui lui avait permis de quitter la Gaule quelques années auparavant. Nefertoum, le fils de Sekhmet impose sa compagnie, mais les aléas vont démontrer que la faculté du demi-dieu de se transformer en chat, devenant Ouabou, sera souvent bénéfique pour Lasser, sauf lorsqu'il est d'humeur exaspérante ce qui lui arrive souvent. Amr, le Djinn qui peut se rendre invisible, est lui aussi du voyage.

Voyage mouvementé qui va conduire Lasser and Co en Crête, puis en Phénicie (aussi !), et même ailleurs. A l'ouest il y a toujours du nouveau ! Poséidon n'est pas un Dieu facile et il s'évertue à contrecarrer la balade maritime du détective et ses amis, en soulevant des tempêtes, en lançant contre le navire un Kraken virulent et hargneux, et autres joyeusetés qui n'étaient pas inclues dans le prix de la croisière à l'origine. Les Gentils Organisateurs de ce club méditerranéen en possèdent pleins leurs poches et leurs besaces. En parlant de besace, heureusement qu'Isis a fourni à Lasser une bourse (le porte-monnaie !) dans laquelle il peut enfiler le disque crétois, lequel rapetisse jusqu'à devenir aussi encombrant qu'une pièce de monnaie.

Disque de Phaistos et KrakenDisque de Phaistos et Kraken

Disque de Phaistos et Kraken

Comme vous l'aurez compris ce voyage est fort mouvementé, d'autant que j'ai oublié de vous dire que Médée s'est invitée lors d'une escale. Et entre Médée et Lasser, c'est un peu je t'aime moi non, selon les jours et les circonstances. Et même une descente en sous-marin comme le suggère si bien la couverture, dessin assumé par Ronan Toulhoat l'inspiré.

 

Le lecteur va passer par toutes les émotions, et ressentir les embruns, les vagues également lui fouetter le visage, visiter du pays, être immergé... dans l'action. Amours, aventures, baston, exotisme, découvertes scientifiques et mythologiques, retrouvailles avec le Minotaure et sa compagne, les descendants du vrai et unique humain à tête de Taureau (ce qui me fait penser en aparté que ce n'est pas parce qu'on n'est pas castré, sinon ce serait un bœuf, que l'on est à l'abri de porter des cornes), tout est prévu et même le reste pour le plaisir du voyageur en fauteuil.

 

Lasser, dont la propension à ingurgiter du whisky n'est plus à démontrer, va devoir suite à un pari stupide se confronter à Hussein Pacha, une séquence qui n'est pas piquée des... verres. Lasser aimerait bien parfois que les Dieux l'oublient, mais comment résister à un ordre, au risque de se voir vaporiser, pulvériser, volatiliser, et j'en passe. Et comme il y a toujours quelques babioles en or à récolter, il ne faut pas non plus faire la fine bouche. Si Lasser possède quelques défauts, mais qui n'en a pas, il a un sens civique inné et il anticipe les règles du Code de la route puisque, lorsqu'il s'installe dans la Coccinelle rose de Fazimel, il n'oublie pas de mettre sa ceinture ! . Enfin référence est faite à un ouvrage paru quelques années auparavant, en 1919 pour être exact, ayant pour décor l'Atlantide. Un roman ayant connu un énorme succès, dont l'auteur plaçait l'Atlantide dans le désert. L'auteur n'est autre que Pierre Benoît qui écrivit de nombreux romans ayant pour cadre l'Afrique du Nord, région où il a vécu dans sa jeunesse.

Si vous ne vous y retrouvez pas dans le nom des personnages et pour avoir une vision d'ensemble des aventures de Lasser, je vous propose deux liens sur mes chroniques précédentes.

Et puisque je l'ai évoqué, une chronique sur la biographie de Pierre Benoît.

Sylvie MILLER & Philippe WARD : Lasser, mystère en Atlantide. Editions Critic. Parution 3 avril 2014. 352 pages. 18,00€.

Partager cet article
Repost0
1 décembre 2014 1 01 /12 /décembre /2014 13:20

Bon anniversaire à Daniel Pennac né le 1er décembre 1944.

Daniel PENNAC : La petite marchande de prose.

Tandis que certains de ces prédécesseurs, et plus particulièrement Jean Vautrin, ont dû changer de boutique pour être acceptés par l’intelligentsia littéraire, Pennac n’a eu que le mal d’effectuer une ascension allègre tout en blanchissant la couverture de ses romans. Mais ne risquait-il point se faisant de se trahir, de perdre l’esprit qui hantait ses deux précédents romans : Au bonheur des ogres et La fée carabine ? Que nenni ! Le plaisir de conter est toujours le même, la narration tout à la fois drôle et poignante, comique et dramatique. Pas de longues digressions, mais des images choc, des métaphores hardies mariant le noir et le blanc en une communion où la littérature se trouve sublimée. La guerre des chapelles n’a plus lieu d’être…

J.L. Babel, alias JLB, auteur à succès de romans sur la Finance — ersatz de Paul Loup Sulitzer — voit ses ventes se stabiliser, pour ne pas dire régresser. Mais l’homme qui se cache derrière cet auteur ne peut, et surtout ne veut révéler sa véritable identité, aussi, à l’initiative de la Reine Zabo, qui préside aux destinées des Editions du Talion, Benjamin Malaussène endosse la défroque de l’écrivain. Mais, comme si ses malheurs de bouc émissaire-souffre douleur ne lui suffisaient pas, Clara, sa sœur de dix-neuf ans, veut se marier avec un directeur de prison, Clarence Saint-Hiver, âgé de cinquante-huit ans. Le jour du mariage, toute la tribu prend le chemin de la prison où doit se dérouler la cérémonie où ils apprennent le décès du promis, assassiné, suite à une révolte.

Le commissaire divisionnaire Coudrier, qui a déjà officié dans les précédentes aventures de Benjamin, n’est pas loin de penser et même d’accuser celui-ci d’être à l’origine de ce meurtre. Pour la sortie du prochain roman de JLB, Zabo a décidé de frapper un grand coup : dévoiler qui se cache derrière ces initiales en propulsant Benjamin sous les feux des projecteurs, le véritable JLB désirant rester dans l’ombre. Julie Corençon, la compagne de Benjamin, ne digère pas ce qu’elle considère comme une exploitation et un avilissement et quitte le domicile tribal en claquant la porte. Le même soir, Clara annonce qu’elle est enceinte.

Benjamin accepte la proposition de la reine Zabo en posant ses conditions. La première financière, la seconde étant de rencontrer le personnage qu’il doit remplacer. Un souhait rapidement exaucé. Il s’agit de Chabotte, un ex-ministre. Commence la campagne de publicité pour la parution du dernier roman signé JLB. Benjamin s’entraîne à répondre aux questions des journalistes, apprenant par cœur son texte. Arrive enfin le jour où Benjamin doit se produire à Bercy. Au cours de sa prestation, il est abattu par une balle de calibre .22. Julie assiste à cet attentat dans la salle. Le commissaire Coudrier, mis dans la confidence, rend visite à Chabotte qui décide de s’éloigner tant que l’assassin ne sera pas sous les verrous. Mais l’appartement est sous surveillance et l’auteur kidnappé. On retrouve son corps dans le bois de Boulogne. Un meurtre suivi de celui de Gauthier, son secrétaire.

Julie, successivement déguisée en Italienne, Autrichienne et en Grecque entame sa vengeance. A l’enterrement de Gauthier, nouvel attentat perpétré sur la personne de Calignac, le directeur des ventes des Editions du Talion. L’ex-inspecteur Thian, qui passe ses journées à servir de nourrice à Verdun, la dernière en date des sœurs de Benjamin, blesse le tireur réfugié dans un appartement. Pendant ce temps, Benjamin est dans le coma, alimentant la haine entre Berthold et Marty, deux chirurgiens, qui le considèrent, l’un dans un coma dépassé, donc cliniquement mort, l’autre dans un coma prolongé, donc vivant à part entière. La tribu campe dans la chambre de Benjamin afin d’empêcher Berthold de débrancher le respirateur.

Daniel PENNAC : La petite marchande de prose.

Dans La petite marchande de prose, coups de griffes et apologie de la littérature font bon ménage, le tout pour le plaisir du lecteur qui reconnaîtra les siens. Résumer ce roman foisonnant ou le burlesque côtoie parfois le pathétique, c’est vouloir transformer un baobab en bonzaï, en lui ôtant toute saveur. Plus qu’une histoire, ce sont des phrases, une écriture à déguster.

En voici quelques preuves :

« Les couloirs des éditions du Talion sont encombrés de premières personnes du singulier qui n’écrivent que pour devenir des troisièmes personnes publiques. Leur plume se fane et leur encre se dessèche dans le temps qu’ils perdent à courir les critiques et les maquilleuses. Ils sont gendelettres dès le premier éclair du premier flash et chopent des tics à force de poser de trois-quarts pour la postérité. Ceux-là n’écrivent pas pour écrire mais pour avoir écrit. »

 

« Un éditeur, c’est d’abord des couloirs, des angles, des niveaux, des souterrains et des soupentes, l’inextricable alambic de la création : l’auteur se pointe côté porche, tout frémissant d’idées neuves, et ressort en volume, côté banlieue, dans un entrepôt, cathédrale dératisée. »

 

Et comme l’humour aura toujours le dernier et bon mot : « Elle est née en colère ; elle dort comme une grenade dégoupillée. ».

 

Daniel PENNAC : La petite marchande de prose. Editions Gallimard, collection Blanche. 1990. Réédition Folio 3 octobre 1997. 420 pages.

Partager cet article
Repost0
30 novembre 2014 7 30 /11 /novembre /2014 08:35

L'heure, c'est l'heure !

Maurice LIMAT : Hold-up à midi trente.

Les employés de la succursale Wz du Crédit Expert attendent avec une impatience non feinte l’heure de la fermeture lorsque deux clients, dont une jeune femme Barbara, entrent à la dernière minute. En réalité ce sont deux cambrioleurs.

Le directeur de l’agence et ses subordonnés réagissent et arrivent presque à maîtriser les malfrats. Seulement l’un des employés, Jean-Claude, se range du côté des voleurs et fait pencher la balance en leur faveur. Il prend la fuite en compagnie des malfaiteurs. Dehors un comparse les attend à bord d’une voiture.

Le quatuor va embrouiller les pistes, abandonnant leur véhicule, utilisant l’autobus, changeant à multiples reprises pour enfin se retrouver dans un immeuble insalubre de la rue Mouffetard. Barbara entreprend Jean-Claude pour fausser compagnie à ses complices mais la tuile dégringole sur leurs têtes lorsque l’un d’eux découvrent que les billets sont faux.

Immédiatement Jean-Claude est accusé d’être un mouchard. Il s’enfuit de l’appartement et se réfugie sur les toits. Afin d’attirer l’attention des passants il plonge sa chemise dans un conduit de cheminée et le vêtement bientôt dégage des flammes. Les policiers arrivent et arrêtent la bande.

Effectivement Jean-Claude avait infiltré la bande sous l’impulsion de Farnèse et du président du conseil d’administration du Crédit export. Malgré sa répugnance à jouer les bandits le stratagème a réussi.

L’on se doute dès le début que Jean-Claude joue un double rôle, malgré tout l’histoire est plaisante à lire grâce à un rythme soutenu et des dialogues réalistes. C'était le bon temps des petits fascicules qui se lisaient vite et permettaient de passer le temps agréablement dans les transports parisiens. Et au moins, ils prenaient moins de place que l'étalement des journaux sur la figure des voisins de sièges.

Maurice LIMAT : Hold-up à midi trente. Collection Mon Roman Policier N° 279. Editions Ferenczi. Parution 3ème Trimestre 1953. 32 pages.
Partager cet article
Repost0
29 novembre 2014 6 29 /11 /novembre /2014 15:46

Les héros de légende ne meurent jamais...

TARVEL & ALVES : La maison borgne.

On trouve de tout aux marchés aux puces, mais en général jamais l'objet recherché qui embellirait une collection.

Pour le célèbre détective Harry Dickson et son jeune assistant il ne s'agit que de se promener dans celui d'Islington, à Londres. Tom Wills est fougueux et impétueux, et lorsqu'il pense reconnaitre en l'un des badauds Mogg, le célèbre voleur d'enfants, il s'élance à travers la foule, bousculant au passage quelques dames qui n'apprécient pas être ainsi chahutées. Le fuyard échappe à Tom Wills qui dépité pense le reconnaître près d'un stand.

En proie à la vindicte de la foule, il est sauvé in extremis du lynchage par son maître, le célèbre Harry Dickson. Les deux hommes continuent leur déambulation jusqu'à un stand où un homme et sa fille s'intéressent à deux fioles qui, selon le marchand, ont appartenu à un exorciste et contiennent chacun un spectre. Un mouvement brusque de l'homme déséquilibre l'une des fioles mais juste avant de s'écraser à terre, elle se retrouve propulsée sur le comptoir.

Wendy, la fille d'Edwin Houghton, riche collectionneur d'objets anciens en tout genre, possède le don de déplacer les objets à distance. Ce qui se révèle plutôt bien pratique dans des cas comme celui-ci. L'homme habite une vieille demeure dans un petit village de Cornouailles près de la mer et naturellement, ayant reconnu Harry Dickson, l'invite à lui rendre visite.

Quelques jours plus tard, Dickson reçoit un appel téléphonique désespéré de la part de Houghton. L'un des domestiques a eu la malencontreuse idée de déboucher l'un des flacons. La curiosité est un vilain défaut, surtout quand le spectre ainsi libéré n'est autre qu'un tueur, Joe Gamp, qui perpétrait ses crimes dans les rues de Londres. Il avait été surnommé le Hacheur !...

Direction le manoir de Houghton où Dickson et son élève sont accueillis par Wendy sur le quai de la gare. Depuis cet événement la maison n'est pas sûre. Gamp a investi le corps de Ned, le serviteur, et Houghton et sa fille ont été obligé de se réfugier dans une humble maisonnette de gardiens. Goodfield le policier est déjà sur place en compagnie de quelques hommes ainsi que de journalistes toujours à l'affut de sensationnel.

Le spectre de Gamp occasionne de nombreux dégâts et continue ses méfaits, malgré les efforts conjugués d'Harry Dickson, son fidèle Tom ainsi que dans une moindre mesure Goodfield et Miss Wendy. Il n'est pas toujours bon d'agiter le flacon trop fort malgré le slogan secouez-moi, secouez-moi..., car un spectre éliminé ou presque, le second prend la relève sous la forme d'un pirate très vindicatif. Une vieille femme qui a fait le voyage dans le même compartiment que nos deux détectives, rednat visite à sa sœur se propose d'annihiler le combattant coriace en enfermant son spectre grâce à la collaboration d'une poule qui n'est même pas au courant du déjeuner qui lui est destiné.

 

TARVEL & ALVES : La maison borgne.

Le lecteur qui a pu apprécier les différentes aventures du Sherlock Holmes américain, créé dans les années 1920 en Allemagne puis traduites en néerlandais et réécrites par Jean Ray qui lui-même a imaginé de nouvelles histoires, ne sera pas dépaysé dans cette bande dessinée. Le scénariste Brice Tarvel, par ailleurs auteur de nombreux romans sous son nom ou sous celui de François Sarkel, et sous quelques alias puisqu'il poursuit actuellement les aventures de Bob Morane (encore un héros de légende !) s'est imprégné de l'atmosphère du talentueux auteur de fantastique. Et les dessins de Christophe Alvès collent parfaitement à l'intrigue.

 

Brice Tarvel induit une ambiance très "British" dans un univers empli de fureur et de rebondissements, n'oubliant pas le principal après le fantastique : l'humour ! Une histoire qui nous entraîne dans les années 1920, avec un petit côté délirant parfois mais si agréable que l'on attend la prochaine aventure qui est programmée sous le titre de Les anges aux semelles de plomb. Mais ce n'est pas la première incursion dans l'univers d'Harry Dickson qu'il effectue car il a déjà écrit de nombreuses nouvelles publiées sous le titre Les dossiers secrets d'Harry Dickson et qui sont à découvrir chez Malpertuis.

Quant à Christophe Alvès, son trait s'inspire de l'école belge, de la ligne claire, mais en plus fouillé, plus travaillé, plus dense. Les détails fourmillent dans ses vignettes mais sans alourdir le dessin. Un travail minutieux, méticuleux, propre, fin, qui n'est pas sans rappeler Tibet, dessinateur entre autres des aventures de Ric Hochet dont le scénariste était André-Paul Duchâteau.

Et ce genre d'ouvrage demande à être ouvert deux fois : la première pour lire l'histoire, la seconde pour disséquer les images que l'on a parfois occultées au profit de la lecture.

TARVEL & ALVES : La maison borgne. Harry Dickson 1. Grand West éditions. Parution le 2 juillet 2014. 48 pages. 15,00€.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
  • Contact

Recherche

Sites et bons coins remarquables