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20 octobre 2019 7 20 /10 /octobre /2019 06:56

Et ils se cachent pour mourir ?

Frédéric DARD : Puisque les oiseaux meurent

Tranquillement installé dans son jardin, allongé sur une chaise longue, offrant au soleil de juin son visage, Laurent s’abandonne à laisser ses idées vagabonder. Il écoute les oiseaux pépier, piailler, chanter, s’ébrouer dans les ramures des arbres.

Il est tiré de son inconscience par Martine, sa maîtresse en titre, qui va passer quelques jours avec lui à Villennes, en banlieue parisienne. Lucienne, la femme de Laurent, une chanteuse aux nombreux succès discographiques, est en tournée et donc Laurent peut bénéficier d’une paix conjugale relative. Elle ne l’a jamais sermonné, mais il pense qu’elle sait qu’il a connu plusieurs liaisons après leur mariage. Comme une entente tacite.

Le téléphone sonne. Il pleure même. La gendarmerie de Lisieux annonce à Laurent que sa femme Lucienne Cassandre vient d’avoir un accident. Elle a été transportée à la clinique Sainte Thérèse. Le mieux serait que Laurent se rende sur place. Dernière petite précision : le monsieur qui l’accompagnait est décédé.

Laurent se rend à Lisieux où il obtient auprès d’un gendarme des précisions complémentaires. Et surtout de la part du chirurgien de la clinique qui lui révèle que sa femme a été touchée au foie et qu’elle est en sursit. Deux ou trois jours peut-être. Au téléphone, Bardin, l’imprésario de la chanteuse, signale qu’elle n’avait aucun gala de prévu. Ni à Angers ni à Caen.

Martine a accompagné Laurent à Lisieux et elle rentre à Villennes en tant qu’aide-soignante de la blessée. Le temps que Laurent, muni du nom du défunt, se rende près de Caen où l’homme était propriétaire d’un haras. Le père confirme que Lucienne venait assez régulièrement. Et il retrouve même posé sur un meuble un objet appartenant à sa femme.

Puis il rentre chez lui. Il est intrigué par le manège d’un oiseau, un verdier qui s’introduit dans la chambre conjugale où repose la survivante. La jalousie le taraude et il découvre qu’il aimait sa femme. Il en veut à Martine de rester à ses côtés et dans le même temps, il est content qu’elle le soutienne dans son malheur.

Seulement Lucienne, qui émerge tout doucement de son coma, ne veut pas que Laurent chasse ce volatile. Elle l’appelle même Doudou, diminutif du prénom de son amant supposé, Edouard. Pourtant elle nie avoir eu des relations avec le propriétaire du haras, avouant toutefois l’avoir rencontré afin d’acheter un cheval pour son mari.

 

La première partie de ce roman est consacrée à l’arrivée de Martine, l’annonce de l’accident de Lucienne puis aux différentes démarches effectuées par Laurent mais surtout pourrait être catalogué comme un roman sentimental. La seconde partie, au contraire, s’ancre dans un registre fantastique avec la présence de cet oiseau qui envahit la chambre et perturbe Laurent.

Mais cette perturbation n’est-elle pas engendrée par la jalousie ressentie par Laurent avec l’annonce de la mort du passager dans la voiture. Laurent est persuadé que Lucienne le trompait alors que lui ne s’est jamais gêné pour donner des coups de canif dans le contrat de mariage.

Une disposition de l’esprit favorable à des interprétations qui ne sont que des fabulations ? Reporte-t-il sur cet oiseau qui l’importune cette jalousie et ne se forge-t-il pas des idées sur une relation qui serait inexistante ?

Soin est donné au lecteur de bâtir sa propre conception de ses quelques heures au cours desquelles Lucienne sort de son coma et tient tête à son mari, défendant la présence de Doudou, alors que lui est perturbé et s’adonne à la boisson.

Le remords le ronge-t-il vraiment ou n’est-ce qu’un excès de jalousie lui insufflant des pensées négatives ?

 

Première édition : Collection Spécial Police N°241. Parution 1960.

Première édition : Collection Spécial Police N°241. Parution 1960.

Réédition Presses Pocket N°799. Parution 15 octobre 1970.

Réédition Presses Pocket N°799. Parution 15 octobre 1970.

Frédéric DARD : Puisque les oiseaux meurent. Editions Pocket. Parution 10 octobre 2019. 192 pages. 6,70€.

ISBN : 978-2266296663

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20 octobre 2019 7 20 /10 /octobre /2019 06:56

Et ils se cachent pour mourir ?

Frédéric DARD : Puisque les oiseaux meurent

Tranquillement installé dans son jardin, allongé sur une chaise longue, offrant au soleil de juin son visage, Laurent s’abandonne à laisser ses idées vagabonder. Il écoute les oiseaux pépier, piailler, chanter, s’ébrouer dans les ramures des arbres.

Il est tiré de son inconscience par Martine, sa maîtresse en titre, qui va passer quelques jours avec lui à Villennes, en banlieue parisienne. Lucienne, la femme de Laurent, une chanteuse aux nombreux succès discographiques, est en tournée et donc Laurent peut bénéficier d’une paix conjugale relative. Elle ne l’a jamais sermonné, mais il pense qu’elle sait qu’il a connu plusieurs liaisons après leur mariage. Comme une entente tacite.

Le téléphone sonne. Il pleure même. La gendarmerie de Lisieux annonce à Laurent que sa femme Lucienne Cassandre vient d’avoir un accident. Elle a été transportée à la clinique Sainte Thérèse. Le mieux serait que Laurent se rende sur place. Dernière petite précision : le monsieur qui l’accompagnait est décédé.

Laurent se rend à Lisieux où il obtient auprès d’un gendarme des précisions complémentaires. Et surtout de la part du chirurgien de la clinique qui lui révèle que sa femme a été touchée au foie et qu’elle est en sursit. Deux ou trois jours peut-être. Au téléphone, Bardin, l’imprésario de la chanteuse, signale qu’elle n’avait aucun gala de prévu. Ni à Angers ni à Caen.

Martine a accompagné Laurent à Lisieux et elle rentre à Villennes en tant qu’aide-soignante de la blessée. Le temps que Laurent, muni du nom du défunt, se rende près de Caen où l’homme était propriétaire d’un haras. Le père confirme que Lucienne venait assez régulièrement. Et il retrouve même posé sur un meuble un objet appartenant à sa femme.

Puis il rentre chez lui. Il est intrigué par le manège d’un oiseau, un verdier qui s’introduit dans la chambre conjugale où repose la survivante. La jalousie le taraude et il découvre qu’il aimait sa femme. Il en veut à Martine de rester à ses côtés et dans le même temps, il est content qu’elle le soutienne dans son malheur.

Seulement Lucienne, qui émerge tout doucement de son coma, ne veut pas que Laurent chasse ce volatile. Elle l’appelle même Doudou, diminutif du prénom de son amant supposé, Edouard. Pourtant elle nie avoir eu des relations avec le propriétaire du haras, avouant toutefois l’avoir rencontré afin d’acheter un cheval pour son mari.

 

La première partie de ce roman est consacrée à l’arrivée de Martine, l’annonce de l’accident de Lucienne puis aux différentes démarches effectuées par Laurent mais surtout pourrait être catalogué comme un roman sentimental. La seconde partie, au contraire, s’ancre dans un registre fantastique avec la présence de cet oiseau qui envahit la chambre et perturbe Laurent.

Mais cette perturbation n’est-elle pas engendrée par la jalousie ressentie par Laurent avec l’annonce de la mort du passager dans la voiture. Laurent est persuadé que Lucienne le trompait alors que lui ne s’est jamais gêné pour donner des coups de canif dans le contrat de mariage.

Une disposition de l’esprit favorable à des interprétations qui ne sont que des fabulations ? Reporte-t-il sur cet oiseau qui l’importune cette jalousie et ne se forge-t-il pas des idées sur une relation qui serait inexistante ?

Soin est donné au lecteur de bâtir sa propre conception de ses quelques heures au cours desquelles Lucienne sort de son coma et tient tête à son mari, défendant la présence de Doudou, alors que lui est perturbé et s’adonne à la boisson.

Le remords le ronge-t-il vraiment ou n’est-ce qu’un excès de jalousie lui insufflant des pensées négatives ?

 

Première édition : Collection Spécial Police N°241. Parution 1960.

Première édition : Collection Spécial Police N°241. Parution 1960.

Réédition Presses Pocket N°799. Parution 15 octobre 1970.

Réédition Presses Pocket N°799. Parution 15 octobre 1970.

Frédéric DARD : Puisque les oiseaux meurent. Editions Pocket. Parution 10 octobre 2019. 192 pages. 6,70€.

ISBN : 978-2266296663

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19 octobre 2019 6 19 /10 /octobre /2019 04:07

Lorsque des Français trouvaient refuge à Londres.

Béatrice NICODEME : Le Chacal Rouge.

Sur les traces des grands auteurs populaires dont la prépondérance littéraire s’inscrivait dans le roman historique, voici la suite des aventures d’Eléonore, personnage créé par Béatrice Nicodème avec Les loups de la Terreur et La mort du Loup Blanc.

En l’an de grâce 1798, réfugiée à Londres avec son petit garçon, issu d’un rapport avec un nobliau décédé lors de la Chouannerie et dont la femme est devenue son amie, quoique les relations entre les deux femmes soient imprégnées des brumes anglaises, Eléonore fréquente le clan des exilés afin de nouer des connaissances.

Ce que l’on comprendra parfaitement, même si actuellement cet état de fait est considéré comme de l’ostracisme, un refus de se mettre au diapason de la patrie qui vous héberge ou encore relève du sentiment de parcage comme voudraient nous le faire croire les théoriciens de l’amalgame (bon encore une fois je dérape).

Le docteur Jenner vient de mettre au point un vaccin, ou plus exactement un sérum contre la variole, mais les morts se succèdent dans la petite colonie française réfugiée à Londres. Faut-il en déduire que les Londoniens n’acceptent pas cette promiscuité forcée, qu’un sérial killer s’en donne à cœur joie et dans ce cas selon quels critères ? Et que vient faire dans ce tourbillon le succédané du comte de Saint-Germain ?

 

Vous le saurez en lisant ce roman d’une auteur(e) qui ne fait pas parler d’elle dans les médias mais qui construit une œuvre forte, intelligente et diverse puisque Béatrice Nicodème écrit également des ouvrages pour enfants dont le propos n’est pas forcément l’agressivité, mais plutôt le jeu littéraire.

Le roman historique connaît un regain d’audience, ce que nous ne déplorons pas, au contraire. C’est un peu comme au cinéma, ces grandes fresques en habit d’époque qui font rêver, et permettent un voyage dans le temps, comme si l’histoire n’était pas un éternel recommencement.

 

Béatrice NICODEME : Le Chacal Rouge. Collection Labyrinthes N°75. Editions du Masque. Parution 21 juin 2000. 254 pages. 9,00€.

ISBN : 978-2702496886

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18 octobre 2019 5 18 /10 /octobre /2019 04:32

Loup, où es-tu ?

Henri LOEVENBRUCK : La louve et l’enfant

Aléa, une gamine de treize ans qui n’a jamais connu ses parents, subsiste à ses besoins en chapardant et parfois cela lui joue des tours. Les villageois de Saratea, comté de Sarre, lui offrent de menues victuailles ou bien la pourchassent, mais Aléa parvient toujours à résister à la faim, plus ou moins bien.

Il lui arrive de proposer ses services, par-ci, par-là, mais jamais pour longtemps. Une altercation avec le boucher du village l’oblige à s’éloigner du village, à cause de deux malheureux bouts de viande qu’elle a dérobé. Tout en pleurant, elle remue la terre. C’est alors qu’elle met à jour une main qui se dresse, portant à un doigt une bague. Tant pis, le cadavre n’aura plus besoin du bijou, donc elle s’en empare.

Elle narre son aventure au policier qui ne la croit guère mais lui enjoint de trouver du travail. Kerry et Tara, le couple d’aubergistes, ont pitié de la gamine. En échange du gîte et du couvert, Alea accepte d’aider à la cuisine et de servir les clients. Elle y fera la connaissance de Faith, une barde, puis de Phelim, qui vont marquer son destin. Elle refuse de montrer sa bague à Phelim et apeurée elle s’enfuit.

Elle désire retrouver Amine, une jeune amie d’enfance partie à Providence, la capitale du royaume de Galatie. Mais en cours de route les embûches ne manquent pas. Deux brigands veulent détrousser un nain et Alea les met en fuite à coups de pierre. Mjolln, tel est le nom du nain, ancien forgeron et joueur de cornemuse continue son chemin en compagnie d’Alea qui sera rejointe successivement par Phelim et Faith.

Phelim décèle en l’adolescente d’étranges pouvoirs et au lieu de se rendre à Providence, il décide d’emmener ses compagnons à Saî Mina, la résidence des druides. Pendant ce temps, dans la forêt, Imala, une louve, ne peut supporter la domination d’Ahéna, la louve-chef du clan. Imala est blanche de fourrure et elle se sent différente de ses congénères. Alors elle part seule à l’aventure, se heurtant à la vindicte des hommes, les verticaux comme elle les appelle.

 

Comment la route d’Imala et d’Alea va se croiser, c’est ce que vous saurez en lisant ce roman. Ce premier volume de la série La Moïra, dont la première édition a paru chez Bragelonne en 2000, n’a rien à envier aux ouvrages anglo-saxons, au contraire. N’y manquent aucuns des ingrédients nécessaires pour captiver le lecteur : action, charme, poésie, humanisme, mystère, magie, rêve, sans oublier l’ode à la nature profonde.

Henri Loevenbruck place son intrigue dans un pays imaginaire qui pourrait être l’Irlande, avec ses druides au rôle prépondérant dans la vie politique et religieuse, avec un peuple qui brimé, asservi, obligé de se terrer, reprend du poil de la bête et tente de reconquérir ses territoires, avec ses entités maléfiques, avec également sa communauté chrétienne qui veut imposer ses croyances religieuses mais aussi ses visions de la modernité (les druides par exemple ne croient qu’en l’oral tandis que les chrétiens prônent l’écrit).

Il a composé une fiction allégorique pleine de saveur qui se poursuit avec La Guerre des loups (J’ai Lu N° 6935) et La Nuit de la louve (J’ai lu N° 7331).

Henri LOEVENBRUCK : La louve et l’enfant (La Moïra – 1). J’ai Lu Fantasy N°6757. Parution le 18 novembre 2003. 350 pages.

ISBN : 978-2290325322

Les trois volumes composant la saga de La Moïra ont été publiés en première édition puis réédités chez Bragelonne.

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13 octobre 2019 7 13 /10 /octobre /2019 04:11

Dans le ghetto de Lisbonne…

Jean-Marie PALACH : La bataille de Mocambo.

En cette fin du mois de juin 1712, le Pombal, le navire au bord duquel s’est embarqué Loïc dit Sabre d’or, est en vue de Lisbonne. Le jeune marin espère rejoindre sa promise, Amalia, la fille de l’amiral Azevedo, qui fêtera ses seize ans le 31 juillet. Il espère surtout arriver avant le mariage, arrangé, de celle qu’il aime avec un noble Anglais, Thomas Howard, duc de Norfolk et neveu d’Anne, reine de Grande-Bretagne et d’Irlande, et faire capoter cette union.

Il a voyagé comme marin, prétendant se nommer Rodrigo et être natif de Faro, d’une mère portugaise dont le grand-père était Hollandais. Il lui faut bien justifier ce nom lusitanien avec ses cheveux blonds et ses yeux verts. Grâce à son ami Antonio, il pourrait trouver un logement chez le maître d’équipage auquel il a sauvé la vie, mais il préfère se rendre chez les frères Costa, les oncles de Carmelita. Il a connu Carmelita à Rio de Janeiro et elle lui a remis une lettre d’introduction pour les patrons de l’auberge du Nouveau Monde.

Après discussions, les deux aubergistes acceptent de loger Loïc dans une petite dépendance, au fond de la cour. En contrepartie ils exigent qu’il serve en salle, travail auquel le jeune garçon était habitué dans l’estaminet de sa mère surnommé La Belle Marquise. Les deux frères sont très proches de leurs reis, l’argent portugais, et Loïc, ne voulant pas se dévoiler, affirme être démuni. Ils possèdent une trentaine d’esclaves africains qu’ils louent principalement comme porteurs d’eau pour les notables des hauts quartiers.

Loïc fait la connaissance de Violette, l’une des esclaves, une jeune femme magnifique, mère d’un petit Luis, qui travaille plus que les autres esclaves car elle n’a jamais voulu céder à leurs avances. Elle lui narre ses aventures et surtout ses mésaventures et comment elle, qui est instruite, est arrivée entre les pattes des frères Costa.

Il devient également l’ami de Gustavo, un ancien capitaine qui ne peut plus naviguer et passe ses journées attablé dans l’auberge. Ainsi que de Michele Durafore, qui se dit Portugais, mais est Français comme lui. Les deux compatriotes en arrivent à échanger des confidences gardant toutefois vers eux quelques secrets.

Si Loïc se fait des amis, il se fait également des ennemis notamment avec Bernardo le brutal responsable des esclaves. Lors d’une journée où Loïc l’accompagne encadrant les porteurs d’eau, à la demande expresse des frères Costa, il vient à la rescousse d’un des esclaves. Et il prend aussi la défense de Violette qui manque trébucher.

Mais les jours passent et la journée fatidique approche. Il parvient à s’infiltrer dans le château d’Azevedo, espérant pouvoir communiquer avec Amalia. Caché derrière des tentures, il surprend Azevedo et deux autres hauts militaires complotant contre le Roi Jean V, dit le Magnanime. Il est découvert, parvient à échapper aux sbires lancés sur sa trace et rentre à l’auberge. Seulement les soldats ne sont pas longtemps sans découvrir sa cache et Violette l’emmène dans le Mocambo, le quartier réservé aux Noirs, esclaves affranchis ou en fuite, un territoire sur lequel règne la Princesse Yennenga, une vieille femme noire encore belle et dont l’aura sur ses sujets ne souffre d’aucune contestation.

Loïc est recherché mais sa popularité grandit parmi la population, malgré les mensonges éhontés qui sont propagés par Azevedo et sa clique. Le roi, qui est un peu falot et s’en remet volontiers à ses généraux, ordonne la destruction du quartier de Mocambo. La vie de Loïc, Violette, la Prince Yennega et tous les Noirs qui vivent dans cette enclave, ne tient qu’à un fil.

 

La bataille de Mocambo est un roman d’aventures à prédominance historique et didactique, destiné à l’édification des adolescents, mais pas que. Bien des adultes pourraient en tirer profit, à moins d’être obtus dans leurs convictions négatives.

Ce roman dénonce les conditions d’exploitation des esclaves noirs africains au XVIIIe siècle au Portugal, des conditions précaires mais ce pays n’était pas le seul à se montrer aussi dur. Bien d’autres pays, dont la France, se conduisaient ainsi, de manière indigne.

Il est bon parfois de rappeler ce qu’il se passait afin de comprendre les réticences, voire le ressentiment, de certains peuples vis-à-vis des Européens et de leur méfiance.

Un roman humaniste donc mais dont l’épilogue est apparenté à un conte merveilleux, sans les fées, dont on sait que la fin, en général, se termine bien. Presque toujours.

Ce roman clôt la saga de Loïc dit Sabre d’or et c’est dommage. J’aurais bien lu d’autres aventures de ce marin intrépide et attachant, même si parfois, par ses actions d’éclat, il se montre un peu à l’égal d’un super héros, un peu à la manière de Michel Zevaco dans ses feuilletons historiques, notamment la saga des Pardaillan.

 

Jean-Marie PALACH : La bataille de Mocambo. Les aventures de Loïc le corsaire tome 4. Editions du Volcan. Parution le 8 octobre 2019. 228 pages. 12,00€.

ISBN : 979-1097339173

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12 octobre 2019 6 12 /10 /octobre /2019 03:55

Un djinn ni troué, ni déchiré, ni délavé !

Philippe WARD : Le maître du Nil.

En l’an 386 de l’Hégire, Al-Aziz, le calife d’al-Qahira se meurt. Son fils Al-Hakim va prendre la succession mais il n’a que onze ans, aussi c’est Barjawan dit le slave qui assurera la régence. Une décision qui ne plait guère à Ibn Ammar, le chef des Berbères Kutana qui a par le passé rendu service au calife moribond, portant les Fatimides au pouvoir.

Avant de décéder, le calife murmure ses derniers conseils à son fils : frapper les Abassides qui sont leurs ennemis, s’emparer de Bagdad et de Byzance, les ennemis de leur peuple Fatimide, et de leur religion.

La rivalité entre Barjawan et Ibn Ammar éclate dès le trépas du calife et Amr, un djinn qui surveille la destinée d’Al-Hakim, aide Barjawan, malgré les divergences qui les opposent, à se débarrasser de son adversaire. Barjawan peut donc désormais diriger le pays en tant que vizir, avec le secret espoir de devenir le calife à la place du calife.

Sitt, la sœur quelque peu plus âgée d’Al-Hakim, est le fruit des amours du calife défunt avec un djinn femelle, tandis que la mère du garçonnet était chrétienne. Or les djinns ne sont guère appréciés de la population. Malgré tout, Amr poursuit son œuvre, sa mission, auprès d’Al-Hakim qui s’affirme de jour en jour.

Enfant, Al-Hakim s’amusait à piéger les oiseaux avec de la glu dans les arbres puis à les égorger. En vieillissant, passant peu à peu à l’adolescence, son instinct sanguinaire ne faiblit pas, au contraire. Il n’apprécie pas être contredit et ceux qui osent le défier ne terminent pas la journée.

Si Amr est de bon conseil, il tient parfois à s’effacer, laissant Al-Hakim prendre des initiatives plus ou moins bonnes. Il trouve une alliée de circonstance en Sitt qui protège son petit frère, et en Lamia, la stryge, malgré leur rencontre houleuse. Ils s’apprécient alors qu’au départ elle était vindicative à son encontre.

Amr habite dans une des pyramides dressées dans la plaine de Gizeh, et rend souvent visite à l’érudit Pacratis, cherchant à comprendre les mystères de l’Egypte ancienne et son écriture hiéroglyphique.

Mais il possède un ennemi en Iblis, le conseiller du calife de Bagdad et éminence grise des Abassides, qui est son propre frère. Iblis tente de tuer à plusieurs reprises Al-Hakim mais à chaque fois Amr le contrecarre dans ses essais. Ils s’affrontent en se transformant selon les épisodes en épervier ou autre animal, ou en khamsin, ce vent de sable qui permet d’évoluer à grande vitesse et d’échapper aux regards.

Dans des oasis, des tribus berbères fomentent la révolte contre ce calife despotique et sanguinaire. Ils sont aidés dans leur entreprise par Abou Rakwa qui se proclame le Mahdi et le nouveau prophète dont le poids des mots influe négativement sur ses interlocuteurs ou au contraire leur insuffle un courage de rébellion.

Les actes d’Al-Hakim varient en fonction de son humeur. Il prend de nombreux décrets, parfois contradictoires, que rédige Amr, le principal conseiller du calife. Al-Hakim se montre tour à tout caractériel, prétentieux, mégalomane, humble, manipulateur, sensible, orgueilleux, ambitieux, imprégné de la foi musulmane. Il est craint, redouté, ou aimé selon les décisions qu’il prend sur des coups de tête. Il dépense sans compter et bientôt les caisses de l’état sont vides.

 

Le calife Al-Hakim bi-Amr Allah

Le calife Al-Hakim bi-Amr Allah

 

Ce roman historico-fantastique s’inscrit dans la période de la fin du premier millénaire et début du second millénaire. Il est placé sous le signe de la dualité.

Dualité des personnages, Sitt étant par exemple mi-humaine mi-djinn, Al-Hakim se montrant bipolaire dans ses humeurs, dualité entre Amr et Iblis, les deux frères djinns qui se combattent afin d’élever le règne des califes qu’ils servent mais dont leurs propres ambitions se télescopent, dualité religieuse qui perdure de nos jours entre les chiites et les sunnites. Sans oublier l’ingérence bénéfique entre anciens dieux, la belle Isis en particulier, et les dieux modernes incarnés par Allah et son prophète Mahomet. Dualité enfin entre faits et personnages historiques réels et fiction d’inspiration fantastique.

L’on sait que Philippe Ward professe un attrait fortement ancré pour cette région d’Afrique, l’Egypte et la Syrie notamment, puisqu’il l’a déjà explorée en compagnie de Sylvie Miller pour sa sage de Lasser, détective des Dieux.

Mais ici, il s’agit d’une œuvre personnelle, son Grand Œuvre, qui pourrait marquer la littérature fantastique, la littérature tout court, par son évocation de cette période, par sa fougue et son entrain, par sa connaissance historique et géographique également.

Il est dommage que les documents compulsés ne soient pas répertoriés en fin de volume.

Mais un petit truc, oui y’a un truc, qui me gêne. C’est l’apport de Marielle Carosio dans l’édition de ce roman en tout point remarquable. En effet, il est précisé : édition dirigée par Marielle Carosio.

Quel est l’apport de cette jeune femme, étudiante en littérature et édition littéraire ? Relecture, remise en forme, conseils d’écriture ? Je ne pense pas que Philippe Ward, qui possède déjà à son actif une trentaine d’ouvrages écrits seul ou en collaboration, qui est lui-même éditeur, ait eu besoin d’un tel apport, d’autant que j’ai relevé quelques anomalies dans le texte. Notamment, au début :

Page 22 :

Un immense turban blanc autour duquel resplendissait le rubis… Ce ne serait pas plutôt le rubis qui resplendissait dans un immense turban blanc ?

 

Page 25 :

S’engouffra dans un lazzi de ruelles nauséabondes… Lazzi pour lacis ?

 

Pour en savoir plus sur le calife Al-Hakim, n’hésitez pas à vous rendre sur le lien ci-dessous :

Quelques publications de Philippe Ward en solo :

Philippe WARD : Le maître du Nil. Hors Série N°65. Editions Rivière Blanche. Parution 1er septembre 2019. 324 pages. 25,00€.

ISBN : 978-1-61227-858-2

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8 octobre 2019 2 08 /10 /octobre /2019 04:31

En chacun de nous se niche un jardin secret.

Valérie ALLAM : En mon cœur, ces racines.

Mais il est cultivé différemment selon la personnalité de celui qui l’entretient. Ce peut être un jardin de curé aux multiples aromates, une friche industrielle, un potager fertile propice à la culture des bons sentiments, un lopin de terre aménagé à la française de forme géométrique ou un jardin à l’anglaise à la floraison luxuriante.

Le narrateur, griot vivant dans un abri de tôle ondulée comme les vaches normandes (eh oui, les vaches ont du lait !), au visage ridé comme une pomme desséchée, se souvient de sa jeunesse, de ses aspirations, de Khadija, celle qu’il aimait, de ses erreurs, de sa faute.

Il conte, tel un compteur de sentiments, ses souvenirs à Kouakou, un gamin qui vit parmi la communauté dans un entrepôt, et qui lui rappelle celui qu’il était jeune, autrefois, de l’autre côté de la mer.

Il cultive en son sein les graines de la sagesse, des valeurs morales et des traditions ancestrales, désirant les partager avec son jeune ami. Mais les ensemenciers véreux, et leurs copains armuriers, produisant des graines frelatées sont prodigues et leurs méfaits s’implantent sur des terrains en déliquescence prolifiques en nuisances.

Mais un jour Kouakou n’est plus là, ses parents non plus.

 

Valérie Allam dépasse avec ce court texte, fort et puissant, sensible et poignant, écrit avec subtilité, le genre littéraire noir dans lequel il est confiné, collection oblige.

En mon cœur, ces racines, s’inscrit dans la déclinaison émouvante des sentiments que beaucoup prônent avec vigueur mais dont les actes ne suivent pas les paroles.

Que ce soit dans les relations humaines avec les migrants, ceux qui viennent manger le pain des Français comme disait Fernand Raynaud dans son célèbre sketch qui met en scène un villageois chassé parce qu’il est étranger et dont les habitants n’ont plus de pain parce que c’était le boulanger.

Que ce soit la couleur de la peau qui divise les hommes, que des différents s’élèvent entre races ou ethnies diverses juste pour des questions de territoire, de prédominance, de prépondérance, de futilités, un rien suffit pour s’affronter. Et le résultat est tout autant nuisible et funeste à la communauté qu’à l’individu.

 

Valérie ALLAM : En mon cœur, ces racines. Collection Noire Sœur. Editions SKA. Nouvelle numérique. Parution 24 septembre 2019. 12 pages. 2,99€.

ISBN : 9791023407860

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6 octobre 2019 7 06 /10 /octobre /2019 06:57

Sur un plateau de tournage, comme si vous y étiez…

Sophie HENAFF : Art et Décès.

Il est des phrases que l’on ne devrait jamais prononcer, même pour se montrer humoristique ou méprisant, comme certaines personnes qui dirigent le pays. Mais foin de toute polémique politicienne, et revenons à nos moutons sans faire de cinéma.

Ainsi Eva Rosière, capitaine de police en disponibilité reconvertie dans l’écriture de romans et qui se consacre après s’être consacrée à une carrière de scénariste pour la télévision se tourne vers le cinéma, n’a-t-elle point osé prononcer haut et fort, Putain, je vais le tuer.

Le, c’est Michel Aramédian surnommé Tripes en Gelée, le réalisateur du film dont elle a écrit le scénario. Il ose se prévaloir, parce qu’il a changé le plat préféré des personnages, d’avoir participé à l’écriture et être crédité au générique, l’amputant des droits d’auteur d’une façon éhontée.

D’ailleurs elle n’hésite pas à en parler, d’une façon acerbe et peu diplomatique à Tom Dicate, le producteur tellement radin qu’il s’est affublé du poste de directeur de la production afin de réaliser quelques économies supplémentaires. Et dire que c’est elle qui avait presque imposé Michel Aramédian, un réalisateur sans grande envergure. Un honnête artisan, sans plus. Sauf que le qualificatif d’honnête n’est plus tout à fait de mise et qu’elle ne digère pas ce coup de poignard dans le dos.

Aramédian non plus d’ailleurs, puisqu’il est retrouvé à la pause du midi dans le bureau de Tom Dicate, affalé dans un fauteuil, un poignard fiché dans le dos. Dicate avait déjeuné en compagnie de la vedette du film, une chanteuse en vogue, et il rentrait dans son antre en compagnie de Ben Big Ben, le surnom de l’ingénieur du son à moitié sourd.

Naturellement les soupçons se portent sur Eva Rosière qui immédiatement fait appel à son ancien supérieur quémandant l’aide de la Brigade des Innocents. Les chefs de la PJ sont réticents mais enfin elle obtient gain de cause. Et son amie la commissaire Anne Capestan, qui a pris un congé maternité pour élever sa fille Joséphine, langes gardiens, ne veut pas laisser dans la panade Eva. Malgré les difficultés qui s’élèvent devant elle, Anne Capestan décide d’enquêter quand même emmenant sa gamine avec elle sur les plateaux de cinéma dans les studios de Saint-Denis.

Non seulement Aramédian est mort d’un coup de poignard mais des traces de kétamine sont retrouvées. Or il était connu pour ne pas toucher à la drogue, du moins l’affirmait-il. Et cette drogue à laquelle a été mélangée la kétamine était disposée dans une sorte de soupière dans le bureau de Tom Dicate.

Il s’avère qu’Eva Rosière n’était pas la seule à se plaindre d’Aramédian pour des raisons diverses mais toutes plus plausibles les unes que les autres. De Dicate aussi d’ailleurs, qui se trouve le portefeuille à sec depuis l’incendie sur un plateau lors du tournage précédent d’un film.

Et ce que vont découvrir les Pieds Nickelés multipliés par trois, c’es à dire la Brgade des Innocents, n’est pas pour arranger les affaires des différents acteurs de ce drame. Les comédiens, des techniciens, Dicate et d’autres qui tous réfutent avoir tué le réalisateur. Ce qui est compréhensible, on n’avoue pas du premier coup un forfait.

Rosière décide de prendre la place du réalisateur défunt et d’embaucher ses anciens collègues pour pallier la défection de certains membres de l’équipe de tournage. Malgré qu’Eva tourne en dérision ses anciens collègues et même le procureur, une façon de procéder peu goûtée par les mis en cause.

 

Contrairement à ce qui est promis en quatrième de couverture, cette histoire ne m’a pas semblé désopilante mais amusante tout au plus, avec cependant quelques scènes cocasses tandis que d’autres m’ont paru longuettes, voire laborieuses.

Ce sont surtout les personnages qui gravitent dans cette intrigue qui retiennent l’attention du lecteur. Les membres de la Brigade des Innocents, du nom de ce commissariat qui a pour siège un appartement dans la rue du même nom possèdent tous une particularité professionnelle, physique, mentale, sociale, mais en grattant bien autour de soi, on peut s’apercevoir que nos collègues ou voisins eux aussi ne sont pas forcément lisses et entretiennent quelques divergences flagrantes avec le commun des mortels, ce qui justement n’est pas si commun.

Passons sur l’ensemble de cette brigade, qui toutefois mériterait d’être détaillée, pour nous arrêter quelques instants sur Merlot, qui, peut-être à cause de son nom de cépage est un adepte des boissons vinicoles, et ne se déplace guère sans son animal de compagnie, un rat.

Outre Ratafia, le rat, n’oublions pas Pilote dit Pilou, le chien d’Eva Rosière, qui furète un peu partout, et Torrès, le chat noir de la brigade, qui se tient la plupart du temps en retrait, étant catalogué comme porte-malheur attitré.

Joséphine prend une grande place dans cette intrigue, trimbalée en dorsal ou en ventral, se promenant à quatre pattes ou dans un trotteur encombrant, réclamant sa pitance à quasiment toutes les heures du jour et surtout de la nuit, Anne Capestan étant aux petits soins et pliant sous les exigences de ce bébé qui est tellement mignon quand il dort.

Une incursion intéressante dans le monde cinématographique, et l’on ne peut s’empêcher de penser à Jean-Pierre Mocky, et la description des affres d’une jeune mère devenue esclave de sa fille, sont donc les thèmes principaux de ce roman à la trame classique et d’ailleurs l’une des scènes, pas assez exploitée, est d’imaginer un Cluedo avec les photographies des protagonistes du film afin de résoudre l’énigme.

 

Sophie HENAFF : Art et Décès. Série Poulets grillés. Editions Albin Michel. Parution 6 mars 2019. 320 pages. 18,50€.

ISBN : 978-2226441027

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29 septembre 2019 7 29 /09 /septembre /2019 04:45

Ah, les belles américaines !

Roland SADAUNE : Eva.

Ce n’est pas son prénom, Samo, mais son surnom qui lui a été attribué par dérision par ses potes. Parce que Samo aime les voitures, les puissantes, les Américaines au châssis qui en jette, les grosses, les vieilles bien conservées, aux rondeurs souples, et la vitesse, il adore. Jusqu’à plus faim. Comme j’aime. Alors comme ils disent, Samo trace. Une blague grecque, que pour une fois il a comprise.

Car ce n’est pas un intellectuel Samo, les bouquins il en lit jamais. Son copain Clint, lui, possède des références littéraires, et si sa copine Evelyne est appelée Eva, c’est en mémoire d’un roman de James Hadley Fauteuil, non, je me trompe, James Hadley Chase. De toute façon qu’il se nomme Fauteuil ou Tchaize, cela n’influe pas sur l’histoire que Samo dit comme M. M le maudit pour les cinéphiles. D’autant qu’il préfère la môme Capsule à Eva. C’est la même, sous un autre nom.

Bref, Samo est livreur et il parcourt les rues de New-York afin d’approvisionner en divers produits illicites les clients en manque. Et parfois, il y a des dégâts de la narine.

Mais Samo, c’est un rêveur. Il a le droit, faut rêver dans la vie, c’est le meilleur moyen de s’évader. Surtout quand des imbéciles, des imbus de leur fonction se permettent de venir vous déranger dans vos déambulations urbaines et motorisées façon bagnoles rétro.

 

Véritable catalogue de modèles anciens de voitures américaines, Eva est une nouvelle à chute, et plus dure sera la chute pour le narrateur.

Le lecteur se laisse embarquer dans un circuit infernal façon Indiana-police, sans panne des sens.

Pour acheter cette nouvelle, une seule adresse :

Autres titres de Roland Sadaune dans la même collection :

Roland SADAUNE : Eva. Collection Noire sœur. Nouvelle numérique. Editions Ska. Parution 24 septembre 2019. 11 pages. 1,99€.

ISBN : 9791023407846

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28 septembre 2019 6 28 /09 /septembre /2019 03:59

Et les feuilles mortes se ramassent à la pelle, comme les cadavres…

Alexis AUBENQUE : Un automne à River Falls

A trente cinq ans, le déjà célèbre et brillant avocat Robert Gordon, philanthrope à ses heures, était promis à un bel avenir. Etait, car Samantha, sa jeune maîtresse, le découvre électrocuté dans sa salle de bain. Quelle idée aussi de se baigner seul dans une baignoire immense, un sèche-cheveux non loin.

Pour Mike Logan, le shérif de River Falls, la semaine commence mal, et il sent que les ennuis vont s’accumuler sur sa tête. Il se rend en compagnie de Portnoy, un de ses sergents, immédiatement dans les beaux quartiers de la ville où est située la demeure de feu l’avocat. Samantha ne peut guère lui fournir de précisions. Elle dormait et n’a rien entendu.

Il prévient aussitôt l’équipe du FBI de Seattle, dont il a fait partie quelques temps auparavant. Blake, le légiste, et ses deux comparses, Moore et Freeman, sitôt arrivés se mettent à relever des indices éventuels. Le corps embarqué à la morgue parle. Enfin, je veux dire que Blake se rend compte que l’homme a été chloroformé dans son sommeil, de même que Samantha d’ailleurs, ce qui explique son réveil tardif et profond.

Mais près du corps de Gordon, repose à la morgue celui d’un clochard, qui apparemment a subi des sévices. Il a été retrouvé sur les berges de la rivière, mais il n’est pas mort noyé. De nombreuses traces de coups sont relevées ainsi que des lésions internes, comme si son agresseur s’était acharné dessus. Un appel téléphonique anonyme précise que le cadavre a été balancé du haut du pont.

Le fondé de pouvoir de Gordon, notaire, se présente chez celui-ci et sans demander l’autorisation des policiers, ouvre le coffre-fort de l’avocat, y prélève un dossier bleu, laissant à l’intérieur une grosse somme d’argent, et prétend partir comme il est venu. Une façon de procédé qui ne plait guère à Mike Logan, qui arrête le nommé Hilton, et le défère en geôle. Au grand dam du maire qui n’apprécie pas les initiatives de Logan, mais il se pourrait que ce dossier recèle des pièces compromettantes, car aussi bien Hilton que Gordon investissaient beaucoup dans l’immobilier.

Un avocat influent parvient à faire libérer Gordon seulement le dossier bleu a disparu. Ce qui ne semble pas affecter Hilton. Si Gordon ne sait pas comment ce dossier s’est envolé dans la nature, le lecteur lui est au courant. En effet, Spike, un ancien policier mis sur la touche, exerce un chantage sur un vieil agent qui subtilise les documents et les lui remet. Jessica Hurley a bien reconnu dans la rue l’ex-policier véreux en compagnie d’un vieil homme mais ce n’est qu’après qu’elle relie cet épisode. Le vieux policier se suicide lorsque Logan et ses hommes investissent son appartement.

Leslie Callwin, la journaliste qui est partie à Seattle et tente de se faire une place au soleil, enquête, et comme elle est amie avec Jessica Hurley, elle parvient à lui soutirer des informations. Jessica obtient l’enquête sur le meurtre du clochard et en compagnie du lieutenant Blanchett, Tania de son prénom, se rend sur les lieux du drame. Elles repèrent un individu qui les surveille, mais il sera un peu plus tard arraisonné. Et il faudra beaucoup de patience et de psychologie pour qu’il narre ce qu’il a vu.

Jessica, qui est en congé sabbatique, ressent le besoin de reprendre ses fonctions de profileuse au sein du FBI de Seattle, la présence de ses collègues influant pour beaucoup dans son envie et sa décision. Ce qui n’a l’heur de plaire à Mike Logan, mais après tout ils vivent ensemble mais ne sont pas mariés.

Pendant ce temps, nous suivons les aventures et mésaventures de Kyle et Stuart, deux faux jumeaux qui viennent d’entrer à l’Université de River Falls. Le problème de Stuart est qu’il est en surcharge pondérale, et il se désole de ne pas attirer les filles. Enfin, il se fait une raison en lisant des Comics. Kyle est d’une toute autre constitution physique, et sa réputation d’excellent receveur au football à Seattle l’a précédé. Kyle et Stuart intègrent les Fraternités Alpha et Delta, à leur plus grand plaisir après avoir subi un bizutage en règle dégradant. Stuart a la chance d’être remarqué par Judith, la plus belle fille de l’université, alors que des condisciples chatouillent son orgueil et sa corpulence. Tandis que la belle Cheryl s’entiche de Kyle.

 

Mais que viennent faire ces adolescents dans cette histoire, et pourquoi Judith se dresse devant les étudiants pour sauver la mise à Stuart ? Quel point de jonction réunit ces deux affaires, le meurtre de Gordon, bientôt suivit d’un autre assassinat, et de celui du clochard et la découverte d’un jeune homme qui a des difficultés d’élocution. C’est ce que nous saurons en lisant la suite de ce roman qui reprend bon nombre de personnages du précédent épisode : 7 jours à River Falls.

Ce roman est agencé un peu comme un feuilleton télévisé, de Dallas à Plus belle la vie en passant par Santa Barbara. Des personnages apparaissent, dont on ne connait pas la signification première de leur intervention, disparaissent, pour revenir plus tard. Un fil conducteur qui laisse à penser qu’il y a deux ou trois romans en un.

Mais plus que les séries télévisées, ce roman est la continuation des feuilletons des XIXe et XXe siècles dont les principaux représentants littéraires se nomment Eugène Sue, Ponson du Terrail, Charles Mérouvel, Pierre Decourcelle ou encore Marcel Priolet. Des auteurs parfois méprisés par des critiques, qui eux-mêmes étaient des littérateurs probablement jaloux, car ils connurent non seulement le succès mais enchantèrent des millions de lecteurs par la force de leurs écrits. Des romans qui ne se contentaient pas d’une simple intrigue mais jetaient un regard parfois acerbe sur la société bourgeoise qui se comportait en délinquants, bafouant sans vergogne les petites gens du peuple.

Alexis Aubenque possède l’art de promener le lecteur à sa guise, empruntant des chemins détournés, le conduisant par la main, ou les yeux en une sorte de rallye avec bon nombre de fausses pistes, d’éléments placés comme des embûches, des digressions qui semblent incongrues mais qui pourtant possèdent leur charme et leur intérêt.

Des beaux quartiers de River Falls jusque dans les endroits glauques et les bars mal famés de la cité, en passant par la forêt et les anciennes scieries et les pavillons de l’université, on passe par tous les étages de la société, côtoyant les bourgeois et leur progéniture souvent détestable, et les rejetés de la société vivant de rapines et de braconnages mais pour qui le mot entraide possède un sens humaniste.

 

Ce livre a reçu le Prix POLAR 2009 lors du 14e Salon POLAR & CO de Cognac (16/10/2009)

Première édition : Calmann-Lévy. Parution le 3 juin 2009. 462 pages.

Première édition : Calmann-Lévy. Parution le 3 juin 2009. 462 pages.

On ne juge jamais un livre à sa couverture.

La police existait avant tout pour aider les faibles, croyait-il.

Il n’avait rien à proprement parler contre les puissants de ce monde, cependant il ne pouvait s’empêcher de penser que l’on n’arrivait jamais au sommet sans avoir magouillé à un moment ou à un autre.

Alexis AUBENQUE : Un automne à River Falls (Saison 1. Tome 2). Collection Thriller. Editions Bragelonne. Parution 12 juin 2019. 528 pages. 7,90€.

ISBN : 979-1028107703

Première édition : Calmann-Lévy. Parution le 3 juin 2009. 462 pages.

Réédition : France Loisirs. Juillet 2010. 560 pages.

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