Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
7 mars 2019 4 07 /03 /mars /2019 05:17

Mûr mais pas avarié ! De l’amour bio, en quelque sorte…

DELLY : Le fruit mûr.

Evoquer les noms de romancières telles que Delly, Barbara Cartland et d’autres, amènent immédiatement sur les visages des interlocuteurs qui vous font face des sourires narquois, de commisération, voire de mépris, alors même que parfois ils n’ont jamais lu un de leurs livres.

Il est vrai que les romances ne sont guère appréciées de prétendus intellectuels, de lecteurs qui se piquent de littérature considérée comme du haut de gamme, des acheteurs de livres ayant obtenus des prix renommés, mais qu’ils placeront dans leurs bibliothèques sans les lire.

Pourtant les points de convergence entre le roman d'amour et le roman policier sont plus nombreux que l'on pourrait croire : Amour, jalousie, haine, argent en sont les ressorts principaux comme je l’écrivais en exergue de ma chronique concernant la revue Rocambole qui était consacrée à l’œuvre de Delly.

Le fruit mûr, c’est la passion amoureuse, l’amour tout simplement. Le vrai, celui qui transporte les cœurs mais qui pour une raison ou une autre se trouve contrarié.

L’amour est bien autre chose ! Un jour, tu le connaitras, je pense. Il est beau comme un fruit qui mûrit à une heure de la vie, plus tôt, plus tard, selon chaque nature. Mais ne donne pas ce nom à toutes les passionnettes, à tous les attachements éphémères, ni même à ce que l’on appelle la grande passion, qui n’est trop souvent qu’une flamme destructrice, vite éteinte.

Celle qui parle ainsi, c’est Dionysia, à l’encontre de sa jeune cousine Mylène qui s’est entichée d’un homme, marié avec deux enfants, mais qui vit séparé de sa femme, celle-ci ayant préféré voir ailleurs si l’herbe était plus verte et tendre, comme le font les petits veaux dans un pré. Or cet homme qui a conquis, du moins Mylène le croit-elle, le cœur de la jeune fille, refuse de divorcer pour des questions de principes.

Mais l’héroïne de ce roman, c’est bien Dionysia dont Tugdual Meurzen fait la connaissance par l’entremise d’un ami commun René Heurtal, celui qui fait flamber le cœur de Mylène.

Jeune peintre à la réputation déjà bien établie, Tugdual Meurzen est en villégiature près de Vallauris sur la Côte d’azur. Il est en compagnie de sa mère, souffrante, et de sa sœur Josèphe. Un entourage qui lui pèse. Aussi est-il un homme mélancolique, ne possédant guère d’amis. Sa mère est une dominatrice qui étouffe tout autant dans sa vie amoureuse et professionnelle, se prévalant de sa maladie pour le confiner dans un environnement familial pesant. Il ne peut, ne doit pas s’émanciper, et sa sœur Josèphe, qui ne s’est pas mariée sous le prétexte de ne pas nuire à son héritage, supplée sa mère dans cette domination autoritaire lorsque le besoin s’en fait sentir.

Tugdual n’est pas satisfait de sa production picturale malgré les éloges qui lui sont décernés. Ses visages de femme manquent d’âme, de la petite étincelle qui rendrait le tableau vivant. Alors qu’il descend vers Juan-les-Pins, il est abordé par René Heurtal, un graveur qu’il connait bien, lequel lui signale que Calixte Sormagnes, le célèbre sculpteur réside non loin en compagnie de sa petite-fille Dionysia. Aussitôt Tugdual est captivé par les yeux de la belle Hellène, mais pas que. Et il demande l’autorisation de peindre sa Madone qu’il a en projet avec Dionysia comme modèle.

Les deux jeunes gens ressentent au contact l’un de l’autre un sentiment amoureux qui est contrarié par la promesse que Tugdual a faite sur le lit de mort de son père. Veiller sur la santé de sa mère tant que celle-ci sera vivante. Et madame Meurzen ne manque pas de lui rappeler ce serment alors que Tugdual aimerait pouvoir s’échapper de la tutelle exercée par sa mère et sa sœur.

L’été passe et la famille Meurzen regagne la Bretagne natale, même si l’humidité est néfaste à la mère de Tugdual.

 

Tout en finesse et psychologie, Frédéric et Jeanne-Marie Petitjean de la Rosière, frère et sœur, alias Delly, nous offrent un roman d’amour certes, mais pas que. Outre le sentiment qui lie Dionysia et Tugdual, se greffe une autre histoire entre Mylène, la cousine de Dionysia, et René Heurtal, tandis que l’ancien promis de Dionysia arrive inopinément au mas des Sarrazins, où vit le sculpteur et sa fille.

C’est surtout un regard porté sur les relations entre hommes et femmes, entre parents et enfants, relations qui sont décryptées avec profondeur. Une époque relativement lointaine pour nous mais qui était celle contemporaine de Delly au moment de l’écriture de ce roman.

L’intrigue n’est pas si fleur bleue que l’on pourrait croire, et les sentiments partagés, mais contrariés, sont totalement obsolètes de nos jours, sauf peut-être dans quelques familles ancrées dans leurs préjugés.

Si surtout l’on retient l’écriture racée, subtile, aux dialogues peut-être surannés, le côté psychologique ne manque pas d’intéresser. On est loin de la violence, de la vulgarité qui parfois prédomine de nos jours. Et alors que de nos jours on couche d’abord et on demande le nom de son, ou sa, partenaire après, il y a cent ans, les approches étaient plus longs, plus décents, plus moraux que de nos jours. Le tutoiement n’était de mise qu’après de longues semaines, et le simple baiser sur la main ne se déposait qu’après de longues semaines de fréquentation.

Il est bon parfois de renouer avec ce style littéraire qui était le reflet d’une époque, aujourd’hui révolue, mais qui était empreint de charme.

 

DELLY : Le fruit mûr. Editions J’ai Lu N°1053. Parution 15 avril 1980. 128 pages.

Première édition Flammarion parution janvier 1922. Nombreuses rééditions.

ISBN : 2277210536

Partager cet article
Repost0
5 mars 2019 2 05 /03 /mars /2019 05:01

La migraine, un alibi bien commode, parfois !

Jean VOUSSAC : L’ombre de l’autre.

Depuis quelques temps, Maurice Bourdier est inquiet. Sa femme Charlotte est la victime de migraines qui la forcent à rester alitée dans leur petit appartement au sixième étage de la rue des Batignolles à Paris.

Ils sont mariés depuis 1941 et en ce mois de mai 1944, Maurice discute à la terrasse d’un café en compagnie d’un consommateur dont il a fait la connaissance peu auparavant avec sa femme. Monsieur Petit, tel est le nom de cet homme, demande des nouvelles de Charlotte, plaignant plus ou moins le mari préoccupé. Maurice précise que sa femme est d’origine alsacienne et n’a plus pour toute famille qu’un frère dont ils n’ont pas de nouvelles.

Désœuvré, Maurice se rend dans un cinéma permanent mais qu’elle n’est pas sa stupéfaction lorsqu’aux actualités il voit Charlotte au bras d’un jeune homme aux courses de Longchamp. Il est éberlué, se demande s’il ne s’agirait tout simplement que d’une ressemblance. Mais au second passage des actualités, il reconnait fermement Charlotte.

Il rentre chez lui en proie au soupçon et il est accueillit pas sa femme toute souriante. Sa migraine est passée et elle a même réussi à obtenir deux belles côtelettes. Une denrée rare en cette période de disette. Un autre jour, alors que Charlotte est absente, toujours en quête de provisions, il fouille dans les tiroirs et découvre dans une boite, bien cachée, une photo la représentant en compagnie de ce même homme. Ses soupçons se font de plus en plus prégnant lorsqu’il rentre un jour, il demande à sa femme si elle est sortie. Elle affirme que non alors que ses chaussures sont poussiéreuses. Les soupçons de Maurice sont de plus en plus insistants.

 

Naturellement, tout le monde se doute comment se terminera cette histoire et l’épilogue ne déçoit pas. Mais ce qui importe dans ce roman publié fin 1945, c’est la description de l’atmosphère qui règne sur Paris occupé en ce moi de mai 1944 puis les réactions des Parisiens lorsqu’ils apprennent le débarquement en Normandie et l’avancée des chars Leclerc. Les restrictions s’accentuent mais l’espérance gagne les cœurs des citadins trop longtemps placés sous le joug des Allemands.

Dans Paris enfiévré, on suivait les progrès de l’offensive de Normandie. Le fameux débarquement depuis si longtemps espéré s’était enfin accompli. Dehors, sur les grands boulevards, aux terrasses des cafés, nul ne parlait, mais on ne surprenait pas sur les visages que des expressions d’espérance et d’allégresse… Les Allemands qu’on croisait faisaient piteuse mine. Les temps semblaient révolus de l’occupation fraîche et joyeuse.

Pourtant la menace pesait toujours sur la ville. Chacun connaissait les Barbares, et l’on s’imaginant alors que Londres, Berlin et presque toutes les autres capitales de l’Europe avaient payé un lourd tribu à la guerre, que Paris serait condamné à son tour !... L’ennemi partirait, mais il ne laisserait derrière lui que des ruines fumantes, comme à Varsovie…

 

Il s’agit presque d’un reportage en direct, la relation narrative d’une époque qui ne doit rien aux historiens. Cela sent le vécu de l’intérieur.

Il était dur de trouver de quoi subsister à cette époque ! Attentes interminables devant les magasins d’où l’on revenait souvent sans rien avoir trouvé, formalités qui n’en finissaient plus, incertitudes sans bornes sous les yeux d’un occupant de plus en plus hargneux et rendu de plus en plus inquiet par la tournure qu’empruntaient les événements !

 

Sous l’alias de Jean Voussac, se cachait Albert Bonneau, créateur de Catamount, mais ce n’était pas son seul pseudonyme :

 

Jean VOUSSAC : L’ombre de l’autre. Collection Don Juan. Editions Armand Fleury. Parution novembre 1945. 16 pages.

Partager cet article
Repost0
25 février 2019 1 25 /02 /février /2019 05:03

Visite guidée dans une galerie photographique…

Brigitte GUILHOT : La prophétie des mouches.

L’image du petit migrant retrouvé mort, échoué sur une plage a fait le tour du monde. Une photo triste, émouvante, et révoltante.

Mais sans la photo, aurait-on parlé de ce gamin et de son triste sort ?

A l’aide de photos non exposées, fixées mais non figées, en noir et blanc afin de mieux accentuer le décor et les personnages, Brigitte Guilhot nous invite à voir ce qui se cache derrière, avant et peut-être après, le drame dont ont été victimes ces migrants de toutes nationalités, de tout âge et de tout sexe.

Si l’on parle actuellement beaucoup des réfugiés africains ou originaires du Moyen-Orient, il ne faut pas oublier tous ceux qui ont fui pour des raisons politiques ou parce qu’ils mourraient de faim, tous ceux qui se sont expatriés, parfois avec enthousiasme mais avec un gros regret au cœur. On pourrait citer les Italiens fuyant le régime de Mussolini, les Espagnols traversant la frontière pour échapper à Franco et son armée et parqués dans le camp français de la Retirada, les Polonais s’installant dans le Nord de la France…

Au cours de notre déambulation littéraire et photographique, on s’arrête un peu plus longuement sur certains clichés dont la puissance interpelle et ne sont pas sans rappeler des images gigognes.

Ainsi cet octogénaire qui compulse, lorsqu’il est seul, cette photographie arrachée d’un magazine. Une photo qui le ramène loin en arrière. Et il se souvient des règles que lui a transmises il y a fort longtemps son grand-père. Dont celle-ci : Recevoir les étrangers et les étrangères avec un cœur aimant et en tant que membres de la famille humaine.

Toutes ne sont pas aussi paisibles en apparence. La Prophétie des mouches, qui donne son titre au recueil, débute par une image forte, trop forte. Une gamine les pieds engourdis de sommeil marinant dans une bassine d’eau croupie, abandonnée entre les cuisses de sa mère morte, tandis que des centaines de mouches se posent aussi bien sur sa chair tendre et brûlante que sur celle morte de sa mère.

Un conflit entre une mère et sa fille, une déchirure obligée, l’une essayant de s’accrocher à l’autre; une mère regardant son fils, barda sur l’épaule, partir en courant sans vraiment savoir où il va… et combien d’autres toutes aussi poignantes, dont on apprend fugitivement le pourquoi, et éventuellement l’après, ce qui se passe en dehors des bords du cliché.

Autant de tranches de vie plaquées sur le papier glacé mais qui prennent vie devant nos yeux et transmettent la chaleur de la vie, de celle que tous ces personnages espèrent conquérir, à la recherche d’un bonheur, un petit bonheur éphémère, d’un endroit où se poser, se reposer, et trouver enfin la sérénité.

Mais cela peut-il exister ?

 

Sommaire :

L'homme-loup

La Pietà et l'enfant

La femme au portrait

L'ombre unique

Colère sioux

La prophétie des mouches

L'image éternelle

Le fils

La blessure secrète

La planète emportée

Le silence des pierres

Un homme de sa trempe

La forcenée

Les humains de la Terre

Les Petits Poucet

La question essentielle

La frangine solidaire

La petite étrangère

 

Brigitte GUILHOT : La prophétie des mouches. Collection Calin. Jacques Flament éditions. Parution février 2019. 88 pages. 10,00€.

ISBN : 978-2-36336-379-4

Partager cet article
Repost0
20 février 2019 3 20 /02 /février /2019 05:16

Il n’y a pas d’âge pour devenir détective,

même pour de faux…

Romain SLOCOMBE : Le faux détective.

Assister en direct à une tentative d’étranglement dans une voiture, recueillir le numéro minéralogique de la voiture dans laquelle une femme se fait tabasser par un homme, voilà de quoi déclencher une vocation.

Un écrivain de romans policiers intervient dans la classe de Jo Bical, mais l’attention des élèves est perturbée par un cri poussé par leur enseignante. Elle aperçoit dans le parking face à l’école un homme en train d’essayer d’étrangler une femme puis de la bourrer de coups. Ce n’est pas une façon de s’attirer les bonnes grâces de celle qui est au volant. Pourtant, elle démarre le véhicule précipitamment. Jo, qui n’a pas les yeux dans ses poches, relève le numéro du véhicule. On ne sait jamais. C’est comme ça que sa vocation est née.

Il recherche un endroit calme et tranquille afin d’installer son bureau. L’endroit idéal, il le découvre dans l’ancienne usine Métallunic, désaffectée depuis des années et à l’abandon. Il s’introduit dans le bâtiment et s’installe dans une pièce, où justement le mobilier semble l’attendre. Il va apporter des livres, des romans policiers, genre littéraire qu’il préfère, et à lui le calme et la sérénité.

Seulement, en ressortant, il croit percevoir des regards l’observant. Le début de sa formation peut-être. Peu après il revient avec les romans qu’il va dévorer et s’aperçoit que la chaîne et le cadenas fermant la grille d’entrée ne sont pas replacés tels qu’il les avait mis en repartant la fois précédente.

Des inscriptions lui signifiant qu’il n’est qu’un intrus, qu’il n’a rien à faire dans le bâtiment, dépareillent la pancarte qu’il avait accrochée à la porte du bureau qu’il s’était annexé, puis une adolescente, un peu plus vieille que lui, accompagnée d’un chien, un Doberman, le genre de canidé qui ne pose pas de questions en général, lui intime de dégager.

Et c’est comme ça que débutent ses ennuis. Non seulement il se fait manipuler par Vesna, d’origine Yougoslave, mais il découvre le véhicule qui porte la même plaque minéralogique que celle de l’agression, stationnée dans le parking. Et il se retrouve enfermé dans une cave.

 

Nous ne sommes pas loin des aventures pour juvéniles écrites par nombre de romanciers dans les années 1950 ou 1960, dans le fond mais pas dans la forme. Les gamins s’expriment avec des mots de tous les jours, employant sans vergogne les grossièretés qui sont le lot quotidien des petits voyous, ou des mal embouchés comme aurait dit ma grand-mère.

Pour le reste, il s’agit d’une histoire convenue, avec toutefois un regard sur la société, cette fameuse usine Métallunic fermée par son propriétaire pour la transplanter ailleurs, dans un pays où la main-d’œuvre est nettement moins préjudiciable aux portefeuilles des patrons.

Il me semble que ce roman a été écrit bien des années avant sa parution, à moins que l’auteur ait voulu ne pas le dater, car le numéro minéralogique du véhicule, 488 PR… nous ramène au début des années 1970, selon les départements.

Quant à l’illustration, signée Christophe Merlin, je ne la trouve guère attirante et incitative pour découvrir le contenu. Mais ce n’est qu’une appréciation tout à fait personnelle qui n’engage que moi.

Romain SLOCOMBE : Le faux détective. Collection Souris Noire. Editions Syros. Parution le 20 janvier 2011. 94 pages.

ISBN : 978-2748510379

Partager cet article
Repost0
17 février 2019 7 17 /02 /février /2019 05:14

C’est ce que l’on appelle le ruissellement ?

P.G. WODEHOUSE : Une pluie de dollars

Pour avoir un jour aidé un joueur de golf à corriger un défaut, William Fitz-William Delamere Chalmers, lord Dawlish, que dorénavant nous appellerons Chalmers tout court (tout court n’étant pas inclus dans le patronyme), se voit à la tête d’un héritage fabuleux.

Malgré son titre nobiliaire, Chalmers ne roule pas sur l’or, aussi il a trouvé un emploi de secrétaire dans son club de golf, ce qui lui laisse quand même du temps libre pour baguenauder et prodiguer ses conseils. Il a une petite amie, Claire, mais sa situation ne convient guère aux deux jeunes gens. Jusqu’au jour où il mandé par un notaire qui lui signifie qu’il vient d’hériter d’une forte somme d’argent, don de son obligé. Pour cela l’homme a déshérité ses neveux.

Bon prince, et estimant qu’il ne peut moralement toucher, du moins en totalité, cet héritage, il décide d’aller retrouver les neveux qu’il a spolié involontairement à l’insu de son propre gré et de leur rendre une partie de l’argent. Les deux neveux, qui sont frères et sœurs, résident à Long Island, la presqu’il new-yorkaise. Alors direction l’Amérique, afin de faire leur connaissance et de leur restituer leur dû. Une partie, car il espère bien en garder une portion non négligeable.

Un de ses amis qui habite dans la grande métropole américaine lui propose de s’installer chez lui durant un certain temps, puisque lui-même sera absent. C’est ainsi qu’il fait d’abord la connaissance de Nutcombe Boyd, le neveu, qui s’introduit dans l’appartement où s’est installé Chalmers. Il pensait retrouver un ami commun. Les deux hommes sympathisent, et ils partent pour Long Island retrouver Elizabeth, la nièce qui vit dans une petite ferme et soigne ses abeilles.

Mais Chalmers est gêné, n’osant pas proposer à Elizabeth sa part d’héritage, car tant le neveu que la nièce sont fort remonté contre ce lord Dawlish qui a accaparé leur succession. Comme il s’est présenté sous le nom de Chalmers, il préfère attendre un moment favorable.

Débute alors une succession de situations cocasses, d’imbroglios apparemment insolubles, aux nombreux quiproquos, surtout qu’en présence d’Elizabeth il ne se montre pas aussi snob ou incapable que sa condition pourrait le laisser supposer. Et entre les deux jeunes gens, une amitié s’établit, amitié qui se transforme rapidement en un sentiment plus profond. Et comme si cela ne suffisait pas, Claire, son amie Claire, est elle aussi à New-York, invitée par une amie. Elle s’est entichée d’un des passagers du paquebot sur lequel elle a voyagé, ce qui n’aplanit pas les différents qui se sont élevés entre eux.

 

Une histoire burlesque dans laquelle se trouvent confrontés les différents protagonistes, transformant ce récit en une sorte de vaudeville aux situations absurdes. Les dialogues sont souvent très amusants, et le lecteur ne peut s’empêcher de sourire aux bons mots, aux dialogues parfois farfelus, ou aux situations compliquées à l’excès.

P.G. Wodehouse porte au pinacle l’humour anglais, la dérision dans la description des situations, dans les dialogues, dans ce fameux nonsense, sans jouer sur la vulgarité, les jeux de mots laids comme disent les cyclistes.

Et sans vouloir abonder dans le sens d’Eric Neuhoff, qui écrivit dans Madame Figaro en 1985 : Une invention perpétuelle un sens inouï du rebondissement, des dialogues à se rouler par terre…, car il me semble que cette analyse est excessive, on ne peut que se réjouir à la lecture de ces romans qui délassent, qui détendent, qui relativisent, qui offre des moments d’ineffables bonheur dans des circonstances déprimantes et pourtant qui nous montrent la réalité portée à des sommets d’intenses boutades. On peut rire de tout mais pas avec tout le monde disait Pierre Desproges, avec juste raison. Il suffit de savoir se moquer mais avec tact de ses compatriotes et de mettre sous la loupe leurs défauts, leurs dérives, leurs contradictions. Des imperfections dont nous sommes également les représentants, et c’est un peu comme si l’on se regardait dans une glace.

Jeeves a éclipsé bon nombre de romans de P.G. Wodehouse, et c’est dommage car il y a de petits bijoux à découvrir ou redécouvrir.

 

-Vous êtes bien tranquille, Claire, dit Polly.

-Je réfléchis.

-Très bonne chose, dit-on. Je n’ai jamais essayé.

 

 

Cela fait partie de l’ironie générale des choses que, dans les misères de la vie, les qualités d’un homme sont souvent celles qui lui servent le moins, si même elle ne le desservent pas traîtreusement.

 

P.G. WODEHOUSE : Une pluie de dollars (Uneasy Money – 1917. Traduction de Marion Gilbert & Madeleine Duvivier). Collection Domaine étranger N°1702. Editions 10/18. Parution le 1er juin1995. 256 pages

ISBN : 9782264021342.

Partager cet article
Repost0
15 février 2019 5 15 /02 /février /2019 05:17

Et pour l’héritage, on fait comment ?

Alain GANDY : Une famille assassinée.

Gendarme à la retraite à Villefranche-de-Rouergue, Joseph Combes s’est reconverti en tant que détective privé, avec pour effectifs, avoués ou non, sa femme et Berthier, un de ses anciens collègues. Sans oublier ses deux enfants qui ne rechignent pas à la tâche lorsque le besoin s’en fait sentir. Un plaisir autant qu’un travail et son agence acquière une réputation assez flatteuse.

Assez pour inciter le lieutenant-colonel Alexandre Dupont-Magloire, en retraite depuis une douzaine d’années, de solliciter un entretien. Dix ans auparavant, le garde-chasse de Dupont-Magloire, Pierre Rougnac, est décédé dans l’incendie de sa maisonnette située dans le parc du château d’Estrelloux, demeure du militaire en retraite. Dupont-Magloire a adopté Martin, le jeune fils du défunt.

Le garde-chasse aurait poursuivi de ses assuidités Julie, la fille aînée de Dupont-Magloire, alors âgée d’à peine quinze ans. Martin ne s’est jamais vraiment intégré dans sa nouvelle famille, exerçant toutefois une emprise certaine sur François et Clémence, les jumeaux benjamins du châtelain. Les aînés, Raoul et Julie, ne peuvent pas sentir Martin, tandis que François en a peur. Quant à Clémence elle est subjuguée.

Martin est un être sauvage et exècre les Dupont-Magloire. Le militaire a peur d’un drame et souhaite que Combes reprenne l’enquête, ne serait-ce que pour le disculper ainsi que sa famille de la mort du garde-chasse, mort considérée comme un accident mais que Martin s’obstine à qualifier de meurtre.

Les événements s’enchaînent, accident de parapente pour Raoul en compagnie d’un de ses amis, sabotage de l’automobile de Dupont-Magloire et autres incidents qui se révèlent tragiques.

 

Roman policier rural, Une famille assassinée reflète une certaine image de la France profonde, loin du médiatique battage des banlieues désespérées, soumises à la violence, à la drogue et au chômage.

Le roman d’une famille déchirée à la suite d’un décès, même si le mort n’est qu’un employé d’une famille bourgeoise, les conséquences qui découlent de ce drame, les heurts, les tensions, les vengeances, les acrimonies qui régissent les uns et les autres, les rancunes.

Avec sobriété Alain Gandy tisse sa toile et ce roman de suspense subjugue le lecteur qui découvre derrière les charmes de l’Aveyron, une frange de la noirceur provinciale. Les préjugés sont tenaces et l’opinion néfaste est rapidement établie par des protagonistes persuadés de leur jugement sans posséder les preuves de ce qu’ils avancent.

 

Alain GANDY : Une famille assassinée. Collection Terre de France suspense. Editions Presses de la Cité. Parution le 1er février 2007. 240 pages.

ISBN : 978-2258070370

Partager cet article
Repost0
9 février 2019 6 09 /02 /février /2019 05:56

A la recherche d’une grand-mère perdue…

Karine LEBERT : Pour l’amour de Lauren

Continuant ses recherches sur sa grand-mère originaire de Normandie, Gemma s’est installée près de Honfleur.

Elle a appris incidemment l’existence de Philippine par sa mère Lauren qui juste avant son décès trois mois auparavant avait découvert une photo cachée dans un vêtement d’enfant. Lauren elle-même ne connaissait pas sa mère Philippine dont on lui avait toujours tu le destin. Il est vrai qu’elle était toute jeunette lorsque Philippine était décédée en Normandie, à Barfleur.

C’est en remontant le passé que Gemma s’était lancée sur les traces de sa grand-mère maternelle mariée à un soldat américain dont elle avait fait la connaissance dans le camp Philip Morris à Gonfreville-l’Orcher, près du Havre. Un camp cigarettes comme étaient surnommés ces terrains militaires américains dans lesquels travaillaient quelques normands. Et le destin avait voulu que Philippine s’éprit d’Ethan et qu’elle devint une war bride. Une épouse de guerre.

Gemma a eu bien du mal à retrouver la famille Lemonnier, dont son oncle et ses cousins sis à Pont-l’Evêque. Car Philippine avait été en quelque sorte bannie par sa famille à cause de sa décision de se marier avec un soldat américain, puis de le suivre dans son pays natal alors que l’un des leurs a été tué par un G.I. dans des circonstances mal définies.

Gemma a décidé, parallèlement à sa quête, de s’installer à Honfleur et d’y ouvrir une boutique. Elle s’est fait quelques amis et est tombée amoureuse de ce coin de terre dont sa grand-mère était originaire. Elle rencontre quelques anciennes war bride qui, tout comme Philippine, étaient parties aux USA mais dont le destin, pour des raisons diverses, fut contrarié. C’est ainsi qu’elle parcourt la Normandie, se rendant à Etretat, à Bayeux ou encore à Barfleur.

Mais elle se rend également en Louisiane, à La Nouvelle-Orléans, où vit encore une partie de la famille d’Ethan, son grand-père. Elle tient à découvrir pourquoi on lui a toujours caché cette existence, et surtout le fait qu’Ethan serait retourné en Normandie sur les pas de Philippine, au début des années 1950, et pourquoi la figure de Philippine a toujours été occultée auprès de Lauren. Il ne faut pas retourner le passé comme l’on retourne la terre fertile, mais les secrets sont bien enfouis, comme honteux.

 

S’intercale dans ce récit, celui de Philippine, rédigé à la première personne tel un journal, narrant son arrivée à New-York puis les désillusions et les déceptions enregistrées par la jeune war bride.

Désillusion d’abord car la maison familiale d’Ethan ou vivent parents, frères, cousins, ne correspond pas à la photo qu’il lui avait montrée. Au lieu de dépendances, il s’agit d’une immense demeure coloniale mal entretenue. Car les affaires ont peu à peu périclité. Philippine participe à la vie de la communauté, et après avoir cueilli les pommes en Normandie, elle cueille le coton. Une activité qui lui semble plus pénible.

Le caractère d’Ethan évolue et il ne s’empresse plus auprès de sa jeune femme. Il se met à boire et le soir se rend dans des bars au Carré Français ou ailleurs. Une dipsomanie qui n’est pas seulement due à la chaleur moite, étouffante de la Louisiane, chaleur à laquelle Philippine a du mal à s’habituer. La naissance de Lauren, un bébé auquel il prodigue sa tendresse, n’améliore guère son caractère vindicatif et acrimonieux. De plus, tout autant lui que les membres de sa famille se montrent racistes, ce qui ne convient guère à Philippine. Philippine garde des contacts épistolaires avec ses anciennes compagnes de voyage mais les lettres qu’elle poste à l’intention de ses proches en Normandie restent sans réponse.

 

Un double récit donc dans ce roman, celui d’une quête et celui de la découverte de l’Amérique des années d’après guerre. Pour Philippine c’est le rêve américain qui se précise, lorsqu’à New-York elle a peur de monter dans un ascenseur, et qu’elle découvre ces immenses constructions appelées gratte-ciels. Mais c’est un rêve américain qui s’effiloche au contact de sa belle-famille.

Avec ce roman double, Karine Lebert reconstitue la saga d’une famille éclatée pour de multiples raisons dont la principale n’est précisée qu’à la fin. Pour Gemma, c’est le départ d’une vie nouvelle, sur les terres de son ancêtre, son désir de s’installer, malgré les objurgations de son père, riche industriel, et de son intention de lui couper les vivres si elle n’obtempère pas.

Deux destins de femmes, deux femmes qui réagissent différemment dans des époques perturbées ou dans des lieux dont elles n’ont pas l’habitude, qu’elles ne connaissent pas et découvrent petit à petit, avec les aléas qui se dressent devant elles.

Philippine tend à se démarquer de sa famille, à se montrer une jeune fille puis une jeune femme aspirant à la liberté, mais contrainte par son statut de sexe féminin à se plier à l’homme, le maître de maison. Gemma est une jeune femme moderne, qui au contraire refuse la domination patriarcale et n’en fait qu’à sa guise. Presque.

Mais toutes deux sont volontaires, tenaces, pugnaces comme bien des femmes confrontées à un destin frondeur. Karine Lebert nous brosse deux beaux portraits de femmes fortes, mais elle évoque également le destin des celles qui ont connu bien des déceptions, transportées dans un pays dont elles découvraient les us et coutumes auxquels elles n’étaient pas préparées, une épopée méconnue mais poignante. Et c’est avec tendresse et émotion qu’elle nous invite à partager ces destins qui furent hors du commun.

 

Ce sont toujours les riches qui se plaignent le plus.

Karine LEBERT : Pour l’amour de Lauren. Les amants de l’été Tome 2. Collection Terres de France. Editions Presses de la Cité. Parution le 17 janvier 2019. 416 pages. 20,50€.

ISBN : 978-2258161955

Partager cet article
Repost0
3 février 2019 7 03 /02 /février /2019 08:21

Une histoire à décortiquer…

Françoise Le MER : Autopsie d’un mensonge

Porter des viennoiseries et une baguette bien cuite un samedi matin à son voisin, le docteur Gauthier, et le découvrir mort, ce n’est pas la meilleure façon d’entamer la journée. Quoique, vu l’heure à laquelle il se lève, le boulanger affiche déjà un bon nombre d’heures au compteur de son labeur.

Le plus souvent c’est son commis qui se charge de la distribution à domicile, mais Jean Le Sueur n’a pas la conscience tranquille. Il s’est emparé la veille d’un ticket de grattage probablement gagnant, le prélevant dans la poche de la veste du toubib qui jouait décontracté au billard. Car cet argent le boulanger en aurait bien besoin afin d’offrir à sa femme un voyage particulier.

Elle aimerait, avant de mourir d’un cancer, aller voir des baleines évoluer en liberté. Mais son geste délictueux taraude le boulanger et il pensait remettre l’objet emprunté à son propriétaire. Découvrir deux cadavres, il y de quoi lui faire passer le goût du pain. Le docteur et sa fille ont été abattus par une arme à feu.

Le commissaire Le Gwen et son fidèle adjoint Le fur, qui est également son ami, en poste à Brest, sont immédiatement prévenus. Ils rendent donc sur les lieux des crimes à Roscoff, ainsi que quelques représentants de la police scientifique. Seulement ils sont étonnés de la non présence de la femme du toubib, qui était psychanalyste spécialiste en hypnose, et de leur fils.

Les premières constations révèlent que les deux cadavres n’ont pas été tués par la même arme, déjà un point litigieux, et second point qui les interpellent, les prélèvements ADN révèlent que le père et la fille n’ont rien en commun.

Une enquête qui se montre compliquée car d’autres meurtres sont recensés dans la région. Apparemment, il n’existe aucun lien entre le drame dans une maison bourgeoise roscovite, et ceux perpétrés dans un penty près de Plouhinec et dans la forêt de Toulfoën près de Quimperlé. Seulement, on ne roule pas Le Gwen, Le Fur et surtout la jolie et pugnace Marisol, dans la farine.

 

Dès le début du récit, le lecteur sait où il met les pieds. Dans une sombre affaire d’enlèvement d’enfants. Je ne dévoile rien c’est le propos du prologue. Mais le traitement de cette intrigue est particulièrement retors pour perdre le lecteur dans le suivi de cette enquête.

Ce roman est construit façon puzzle, les contours étant délimités en premier, puis ensuite des scènes, des personnages sont disposés, au milieu ou sur les côtés, avec méthode, offrant une vision incomplète mais discernable jusqu’à ce que la dernière pièce, qui n’est pas manquante, soit posée.

Des digressions émaillent ce roman, lui apportant un complément d’informations non négligeables et jette sur la société un regard acide. Ainsi, le comportement des ados, ceux qui se liguent contre un de leur copain ( ?) désigné comme tête de Turc parce qu’il cultive une différence physique ou comportementale. Ou encore l’histoire d’amour du boulanger et de sa femme qui prend en contrepoint La femme du boulanger de Marcel Pagnol. Une histoire d’amour qui débute le roman et le clôt. Cela pourrait sembler gnangnan, hors de propos, et pourtant elle apporte une couche d’humanisme englobée dans un thème porteur, fort, qui n’est pas forcément actuel mais au combien intemporel.

Parmi ces digressions, j’en ai relevé une qui devrait intéresser les opposants au glyphosate et aux herbicides en général. Il s’agit de la culture du potager indien.

Pierre-Yves Le Corre leur expliqua que les ethnies amérindiennes s’étaient toujours nourries en associant la culture de trois légumes : maïs, haricots et courges. Les haricots donnaient aux deux autres l’azote dont ils avaient besoin. Les plants de maïs leur servaient de tuteurs et le feuillage dense et ras des courges conservaient l’humidité du sol tout en protégeant les autres végétaux des nuisibles. Ainsi par cette entraide, nul besoin d’insecticide ou d’arrosage trop fréquents.

Les digressions allongent certes le récit, qui est aussi émaillé de métaphores, mais comme dans la vie courante, quotidienne, de petits bonheurs, des moments de joie, d’humour, s’infiltrent dans les drames sans pour cela les occulter.

 

Ne pas être en avance, c’était déjà être presque en retard !

 

Comme tu es jolie avec ton nez rose de petit veau de lait.

 

Arrêter complètement de fumer est un souci de riches. La taxe sur le tabac est un impôt pour les pauvres, qui n’ont que ça comme dérivatif.

 

Françoise Le MER : Autopsie d’un mensonge. Série Le Gwen et Le Fur N°19. Editions du Palémon. Parution le 7 décembre 2018. 270 pages. 10,00€.

ISBN : 978-2372605403

Partager cet article
Repost0
27 janvier 2019 7 27 /01 /janvier /2019 05:21

Son balai serait bien utile !

Andrew VACHSS : La sorcière de Brooklyn

Burke, le détective arnaqueur, le détective privé qui ne vit que d’expédients, de combines, de magouilles, illégales de préférence, d’arnaques plus ou moins juteuses, l’ancien taulard qui accepte, comprend et ferme les yeux sur beaucoup de choses, ne supporte pas que l’on s’en prenne aux enfants.

Aidé d’une équipe de marginaux, tous plus bizarres et étonnants les uns que les autres, il va partir à la quête d’une photo pornographique afin de rendre la santé morale, la joie de vivre à un petit garçon de six ans, traumatisé et meurtri.

En compagnie de la Taupe, du Prophète, de Max, Burke va fouiner dans la grande ville de New-York, recherchant les dépravés qui se servent d’enfants pour assouvir leurs instincts sexuels.

Sur son chemin, inquiétante, énigmatique, autoritaire et pourtant fragile, se dresse Strega. Dangereuse et mystérieuse représentante d’une certaine pègre, Strega essaie d’asservir Burke. Mais celui-ci, s’il accepte d’enquêter par conviction, n’accepte aucune domination.

 

Andrew Vachss, qui lui-même est un avocat spécialisé dans la défense des enfants, traite gravement d’un problème, d’un sujet qu’il connait bien, pour le côtoyer souvent dans l’exercice de ses fonctions : le viol d’enfants.

Cela n’empêche pas son récit d’être truffé de notes humoristiques, de réparties cyniques, de dérision.

La cocasserie de certaines scènes ne fait que mieux ressortir la noirceur et la désespérance qui imprègnent ce roman.

Mais comme l’on dit, souvent la réalité dépasse la fiction, et certaines descriptions, si elles peuvent choquer le lecteur, ne sont peut-être que le pâle reflet de la réalité et de certaines pratiques.

 

Ce roman a obtenu le Grand Prix de Littérature Policière 1988, domaine étranger en compagnie de Un certain goût pour la mort de P.D. James.

Réédition Le Livre de Poche N°7549. Parution 1990.

Réédition Le Livre de Poche N°7549. Parution 1990.

Andrew VACHSS : La sorcière de Brooklyn (Strega – 1987. Traduction de Marie-Hélène Dumas). Collection Spécial Police. Editions Albin Michel. Parution le 17 février 1988. 316 pages.

ISBN : 978-2226033130

Partager cet article
Repost0
24 janvier 2019 4 24 /01 /janvier /2019 05:41

Aux Iles Hawaï
Tous les amoureux
Se disent des mots charmeurs
Ils sont si jolis
Et si langoureux
Ecoutez-en la douceur

Mildred DAVIS : Le tournant mystérieux

Prolégomènes indispensables mais pouvant être dédaignés par le lecteur peu soucieux d’authenticité.

Il est annoncé dans Wikipédia et le Dilipo de Claude Mesplède que la version éditée par Le Rocher est l’intégrale du roman. En vérité, je vous l’écris, ceci n’est qu’une affabulation destinée à tromper le lecteur. Il s’agit de la réédition légèrement, très légèrement remaniée de la version Intimité. Seule figure un prologue qui n’est qu’un résumé succinct de cette histoire, et le texte a été redécoupé en chapitres qui n’existaient pas sans la première version française. Pour le reste, quelques changements ont été effectués, mais c’est à la marge. Par exemple, Robert, l’un des protagonistes, devient Brooke, la phrase d’une chanson en hawaïen est ajoutée, quelques coquilles ont été rectifiées, mais rien de bien plus probant pour justifier la mention version intégrale.

D’ailleurs aucun nom de traducteur n’apparait dans une version comme dans l’autre. Si la version Le Rocher eut été intégrale, donc retraduite, il semble logique que dans ce cas, le nom du traducteur y figurât et que le nombre de pages fut plus conséquent.

 

Maintenant que ces précisions sont apportées, passons à la chronique, qui est le but de cet article.

Après de longues années passées sur le continent, Rosemary revient à Hawaï en compagnie de Robert, son mari depuis deux ans. Elle est accueillie par sa sœur cadette, France, et son fiancé Art, ainsi que quelques amis. Seulement cette arrivée est accompagnée de souvenirs qui perturbent son esprit.

Sept ans que son père a disparu, probablement mort, et des phénomènes étranges l’assaillent. France recevait des lettres signées Harry, mais depuis qu’elle est sur l’île, c’est Rosemary qui est la victime d’incidents mystérieux et angoissants. D’abord au cours de la réception organisée lors de son retour, elle entend un Indien se pavaner en parlant de réincarnation puis elle est la proie d’images, de résurgences d’épisodes issus de son enfance. Elle s’évanouit puis se rend compte qu’elle a été hypnotisée.

Mais d’autres phénomènes se produisent, soit à nouveau des images récurrentes, soit des incidents plus prosaïques, comme lorsqu’elle elle reçoit en plein visage un objet enflammé lancé par un danseur de torches chargé d’animer une soirée. Elle se retrouve avec quelques brûlures qui se révèleront sans grande conséquence. Ou tel ce petit chien qui lui avait été offert et qu’elle retrouve mort dans une cabane près d’une plage où elle était partie se ressourcer mentalement.

Tout tourne autour de son père disparu depuis des années, disparu ou mort, et de la mort de sa mère, lors de la naissance de sa sœur cadette alors qu’elle-même n’avait que trois ans. Pourtant elle n’avait jamais subi ce genre de désagréments lorsqu’elle était sur le continent. Et une phrase tourne boucle dans tête comme un mantra obsédant : Toute dette contractée maintenant sera payée plus tard.

 

S’il n’atteint pas le degré d’intensité qui se dégageait des romans tels que La chambre du haut ou encore de Trois minutes avant minuit, ce roman est imprégné toutefois d’une angoisse diffuse, de surnaturel. La réincarnation et l’hypnotisme en sont les ressorts principaux englués dans une vaste manipulation dont Rosemary se sent être au milieu de la cible.

Ce roman offre également un jeu de réflexion dont je vous donne la teneur mais pas la solution : former quatre triangles équilatéraux avec six allumettes. Amusez-vous bien avant de trouver la solution dans ce roman qui vous captivera, même si parfois, l’histoire semble engluée dans des non-dits, comme dans une brume mentale.

Le tout dans le cadre enchanteur de l’archipel hawaïen avec en toile de fond la présence séculaire des Grandes Familles, dont Rosemary est l’une des descendantes. Des familles de missionnaires qui ont asservi Hawaï et tiennent sous leur coupe les autochtones.

 

Des gens qui ont des idées aiment les partager.

Seuls les gens riches peuvent se permettre d’être impolis.

Les célibataires ont une vie moins usante que les hommes mariés.

Réédition : Bibliothèque du suspense. Éditions du Rocher. Parution avril 2003. 188 pages.

Réédition : Bibliothèque du suspense. Éditions du Rocher. Parution avril 2003. 188 pages.

Mildred DAVIS : Le tournant mystérieux (Strange Corner – 1967. Traducteur inconnu). Collection Intimité N°347. Les Editions Mondiales Del Duca. Parution juillet 1975. 224 pages.

Réédition : Bibliothèque du suspense. Éditions du Rocher. Parution avril 2003. 188 pages.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
  • Contact

Recherche

Sites et bons coins remarquables