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14 février 2018 3 14 /02 /février /2018 14:38

Comme disait le chauve, j’en ai les cheveux qui se dressent sur la tête !

Françoise LE MER : Famille, je t’haime.

La nouvelle mode capillaire masculine est de se raser entièrement la tête afin de cacher la tonsure moniale qui se profile. Ce n’est pas dans le but de sacrifier à un style, mais dans un besoin de justement éviter de se faire remarquer à tort que Kathleen a demandé à sa mère de lui raser les cheveux, mais parce qu’elle est atteinte d’alopécie. La pelade comme les bonnes âmes disaient, promptes à jeter l’anathème sur une maladie qui pouvait être considérée honteuse.

Pourtant elle est jeune Kathleen, vingt ans et étudiante en histoire, et à la réflexion, se pourrait-il que cela provienne d’une hérédité dans les gènes ? Pas impossible, il faut étudier. Katell, sa mère, illustratrice, lui avoue avoir connu ce même désagrément plus jeune, lorsqu’elle l’attendait, mais heureusement cela n’avait pas duré. Alors il reste en recours l’avis de la grand-mère Catherine, qui elle aussi a subi les mêmes affres, mais auparavant personne dans la famille n’avait été atteint de ce problème, du moins à sa connaissance. Katell et Katleen vivent à Locronan tandis que la grand-mère est installée à Douarnenez.

Le meilleur moyen pour cerner l’origine de ce problème est de consulter le toubib qui leur conseille de se rendre chez une psychothérapeute, plus précisément une psycho-généalogiste.

Rendez-vous donc est pris mais Catherine s’est chargée de remonter l’arbre généalogique, et elle le soumet à la psycho-généalogiste. C’est ainsi que la psycho établit un lien avec l’un de ses patients habitant Poulazec, petit village de la baie de Douarnenez d’où était originaire la mère de Catherine. Conseil leur est donné de se rendre sur place.

Marc, le patient atteint d’une maladie traumatisante, puisqu’il est impuissant, est séparé de sa femme Bérangère. Celle-ci l’aime encore, mais elle a des besoins à compenser. Il est restaurateur, d’objets anciens, de vieilles poupées de porcelaine, des ours en peluche. Il est associé avec deux autres réparateurs comme lui, chacun spécialisé dans leur domaine, vieux meubles par exemple.

Mais Marc, du moins sa famille, possède une autre particularité. Ils sont maire de père en fils. Actuellement, c’est son oncle qui est à la tête de la commune, auparavant son père l’a été aussi mais juste un mandat, et encore avant son grand-père, nonagénaire mais plein de vitalité et toute sa tête. Le grand-père, justement qui habite une belle demeure, dite le château et qu’il a racheté à deux sœurs, juste après la fin de la guerre. Une bâtisse qui avait été réquisitionnée par un officier Allemand durant la Seconde guerre mondiale.

Lorsqu’elles arrivent à Poulazec, Catherine, Katell et Kathleen découvrent cette bâtisse imposante, qui appartint à leur famille. Mais dans le village, elles sont accueillies comme si c’étaient des fantômes. Une vieille femme atteinte de sénilité, voire plus, reconnait Katell. D’ailleurs elle l’appelle par son prénom, pourtant la jeune femme, quadragénaire n’avait jamais vu cette nonagénaire, puisque c’est la première fois qu’elle se rend dans ce bourg. Mais d’autres personnes la toisent comme s’il s’agissait d’une apparition d’outre-tombe.

L’enquête sur le passé occupe les trois femmes, mais d’autres événements avec dommages collatéraux ou pas se déroulent, dans une atmosphère pas si sereine pour tous. Par exemple pour le curé de Poulazec qui est retrouvé le cul à l’air, flottant dans la mer, mort. Ou pour le voisin de Kathleen et Katell, un agriculteur qui a trouvé en Shannon une jolie femme venue de Nantes pour passer les nuits les pieds au chaud mais dont la famille devient encombrante. Et d’autres personnages secondaires animent ce roman, lui donnant une réelle consistance.

 

La quête de l’origine d’un traumatisme est entrouvrir la boîte de Pandore, et l‘on ne sait ce qu’il peut s’en échapper. Sûrement pas Marc, qui est impuissant devant son impuissance, ce qui ne veut pas dire qu’il est stérile, d’ailleurs il s’agit d’un débat stérile entre mâles imbus de leur mât de cocagne, mais également de Kathleen, qui en remontant l’arbre généalogique, découvre des secrets qui auraient dus être enfouis à jamais.

Car entre les trois femmes et Marc, puis le père de celui-ci, s’établit une sorte de complicité qui va ensoleiller leurs relations, car ce qu’ils découvrent est loin d’être rose. Ce serait même plutôt vert-de-gris.

Il y a toujours une cause psychologique à un traumatisme, mais il faut savoir la débusquer. Françoise Le Mer la traque avec machiavélisme, mais il n’est pas impossible de supposer que ceci s’est réellement déroulé, pas forcément en Bretagne, et que s’il fallait gratter dans l’origine de certaines familles, l’on gagnerait à coup sûr des gros lots.

Il est dommage que Kathleen, qui je le rappelle est étudiante en histoire, laisse passer une bévue émise par sa grand-mère ou d’autres personnages, bévue reprise par l’auteur et passée inaperçue par la correctrice. La ville de Douarnenez n’a pu être libérée de l’occupation allemande le 4 août 1945, l’armistice ayant été signé le 8 mais 1945. A moins qu’il s’agisse d’une coquille de l’imprimeur ce dont je doute. Ah, ma manie de cerner les petites erreurs de datation !

A part ce petit couac, qui sera rectifié je pense dans la version numérique et les rééditions papier, Famille je t’haime est un roman puissant, mais fallait-il en douter car Françoise Le Mer sait mettre en scène des personnages qui en apparence sont banals et construire savamment une intrigue forte avec des à-côtés en relation plus ou moins directs avec l’histoire principale.

 

Françoise LE MER : Famille, je t’haime. Editions du Palémon. Parution le 20 novembre 2017. 272 pages. 10,00€.

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commentaires

A
Tu cherches un peu le détail qui tue. Je pense que cela m'aurait échappé.
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O
C'est peut-être un détail pour vous<br /> Mais pour moi, ça veut dire beaucoup <br /> comme chantait France Gall... Je ne pense pas que cela t'aurait échappé, car cela est répété à multiples reprises, et se tromper entre 1944 et 1945, cela fait beaucoup.

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