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6 septembre 2015 7 06 /09 /septembre /2015 13:05

En général, c'étaient les jeunes filles qui se faisaient enlever !

Albert BONNEAU : L'enlèvement de Catamount. Les nouvelles aventures de Catamount.

Dans un bouge de Galveston, un port du Texas, cinq hommes discutent, se demandant comment ils vont pouvoir remplacer Kirby, marin comme eux qui vient de décéder à la suite d'une mauvaise fièvre.

Sam Trill, le second du Sea-Mew dont le capitaine Hyatt est gravement malade, sait qu'il peut compter sur ses quatre compagnons car la cargaison embarquée sur le navire, dont la destination est Cuba, n'est pas exactement celle prévue. Théoriquement ce sont des balles de coton qui sont entreposées dans la cale, mais celles-ci renferment des armes.

En compagnie de Sam Trill sont assis à la table, Sardell, que les scrupules n'étouffent pas et qui vient de Baltimore; Brackson, un gros homme qui apprécie la bonne chère, embarqué à New-Orléans un soir de carnaval; Cobilovici qui exhibe fièrement ses nombreux tatouages et enfin Hermann, un Allemand déserteur.

Le seul problème qui se présente à eux, outre remplacer Kirby, c'est la fille de Hyatt qui voyage en compagnie de son père sur le trois-mâts. Un homme aux yeux clairs et à l'allure d'un cow-boy entre dans l'établissement et Sam Trill l'invite à sa table. Un Tenderfoot, un pied tendre, à la dégaine de vacher, la recrue idéale pense le marin.

L'homme, qui dit s'appeler Bill Lern, accepte le whisky qui lui est servi, whisky qui sera suivi de beaucoup d'autres, et les marins sont obligés de le soutenir pour regagner le navire.

Lorsqu'il se réveille à fond de cale où il a été balancé, Catamount, car c'est de lui dont il s'agit, a la tête dans un étau. Et les pieds enchainés. Sardel lui rend une petite visite amicale, l'avertissant qu'il aura à manger s'il est sage et promet de travailler comme un forçat. Un avertissement confirmé par Trill qui le fait détacher. Il est confié à Luiggi, le cuistot du bord, qui le sustente et lui apprend qu'il prépare le bouillon du capitaine, lequel bouillon est confectionné à base d'herbes. Mais ce bol d'eau amélioré ressemble plus à un poison qu'à une panacée. Et trois fois par jour cette boisson est ingurgitée par le capitaine.

Ils essuient une tempête et Catamount, qui n'a pas le pied marin, s'en tire sans dégats. Il est affecté à la cambuse et se propose de préparer la soupe du capitaine, tandis que Luiggi est occupé par ailleurs. Le bouillon à base de pommes de terre est plus reconstituant que l'infect préparation aux herbes, ce qui conforte le ranger dans son impression.

Un Chinois rôde dans les cales, considéré par tous comme une vermine. Catamount s'en fait un ami et Chink, tel est le nom du pauvre asiate, lui montre que les ballots de coton sont en fait des caches d'armes. Le ranger s'empare de quelques-uns de ces objets providentiels et affronte Trill et ses hommes qui organisent une mutinerie. Les armes sont destinées aux insurgés cubains en lutte contre l'oppresseur espagnol et Hyatt n'était pas au courant de ce trafic.

Catamount organise la fuite en chaloupe emmenant avec lui Hyatt mal en point, sa fille Claudette et Chink. Ils abordent sur l'île de Pinas et sont recueillis par des Cubains insurgés contre la domination espagnole.

 

Catamount et ses compagnons vont vivre des aventures mouvementées, Trill et ses compagnons partant à leur poursuite. Mais un navire espagnol cabote dans les eaux cubaines prêt à intervenir contre les trafiquants d'armes.

 

Une aventure maritime pour Catamount qui regrette son fidèle cheval, Mezquite, et les chevauchées dans la Prairie. Il était envoyé en mission afin de mettre la main au collet d'un bandit et se retrouve entraîné malgré lui dans des aventures périlleuses.

Mais il y a un léger antagonisme dans cette histoire concernant ce trafic d'armes. On peut comprendre que Catamount combat les mutins du Sea Mew, dont les agissements sont en marge de la loi et qui veulent prendre la place du capitaine par des moyens plutôt brutaux. Toutefois ces mutins font de la contrebande d'armes en faveur des insurgés cubains et Catamount est lui aussi, en tant qu'Américain, aux côtés de ces révoltés. C'est à dire que les deux clans œuvrent pour une même cause mais avec des moyens différents.

Il est amusant de constater que lors de notre adolescence on s'attache moins au style qu'à l'intrigue. Et c'est en relisant ce roman, quelques décennies plus tard, que je me suis aperçu qu'Albert Bonneau possédait un style d'écriture particulier, que l'on pourrait qualifier de Célinien, à moins qu'il ait influencé le fameux docteur Destouches dans l'emploi systématique de points de suspension en fin de phrase. Mais une autre particularité est attribuée à l'écriture d'Albert Bonneau. Celle de phrases à rallonge, dont voici un exemple :

Brackson refusa d'obtempérer, il allait diriger son arme contre le ranger, il n'eut pas le temps de le mettre en joue, une détonation éclata, avant même qu'il eût pu se rendre compte de ce qui lui arrivait, le matelot éprouvait une violente douleur à la main, le sang se mit à couler entre ses phalanges déchirées par la balle que venait de lui adresser l'homme aux yeux clairs...

La date à laquelle se déroule cette histoire n'est pas précisée mais on peut raisonnablement penser qu'elle se passe après 1868, durant ce qui fut appelé la Guerre des dix ans, ou guerre d'indépendance. Et c'est un épisode qu'Albert Bonneau a choisi de mettre en évidence, alors que les indépendantistes, des Mambis ou guérilleros antiespagnols cubains pour la plupart, ayant à leur tête Pablo Alvarez, s'étaient réfugiés sur l'île de Pinos située à quelques miles de Cuba. Cette île serait la fameuse île qui aurait servi de décor pour L'île au trésor de Robert Stevenson.

Albert BONNEAU : L'enlèvement de Catamount. Les nouvelles aventures de Catamount. Editions Jules Tallandier. Janvier 1956. 220 pages.

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