Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 mars 2018 7 25 /03 /mars /2018 08:37

Plus difficile à digérer que le temps des cerises !

Hervé MESTRON : Le temps des râteaux.

Si vous n’avez jamais été adolescent, vous ne pourrez comprendre dans quelles affres se débat Edouard, le jeune narrateur.

Il est complètement accroché à ses écrans, jeux-vidéo et autres nouvelles occupations favorites liées à l’informatique. Il oublie de se laver, de ranger sa chambre, mange de tout c’est-à-dire d’aliments propices à lui enrober la taille, et surtout, surtout, sent pousser en lui comme une émergence printanière qui se traduit par une germination faciale peu glorieuse nommée acné juvénile. Et comme il fréquente un dentiste-bijoutier qui lui a posé des bagues sur ses dents, il n’est guère avantagé par Dame Nature. C’est surtout auprès des filles, et principalement de Nicoline, sa copine de classe, qu’il se ramasse des gamelles à la pelle. Faut dire que de plus il a grandi ces derniers mois et ses pantalons ont subi un feu de plancher. Quant aux études, mieux vaut ne pas en parler, cela relève du domaine de l’utopie.

Alors sa mère a l’idée lumineuse de l’emmener chez le toubib, lequel sort de son arsenal médical une autre idée lumineuse. Edouard doit marcher, ce qui lui fera perdre une surcharge pondérale disgracieuse, et l’éloignera des écrans qui lui polluent le cerveau. Il doit effectuer dix mille pas quotidiennement. Seulement dans la rue, sans but, ce n’est pas vraiment une sinécure. Alors sa mère lui propose, lui impose n’hésitons pas à le dire, de promener un chien. D’ailleurs, tout petit, Edouard a possédé un chien, Paulus, véritable peluche vivante qui veillait sur lui. Edouard ne s’en souvient pas, il n’avait que six mois, et à cet âge, la mémoire est extrêmement volatile.

Et le voilà, marchant dans la rue, dans le sixième arrondissement parisien, avec au bout d’une laisse une adorable petite Yorkshire répondant au nom de Princesse Butterfly. Seulement, ce qui n’était pas prévu au programme, Princesse Butterfly parle ! Il faut s’y faire, et surtout ne pas se moquer ou émettre des réflexions désobligeantes, sinon Princesse Butterfly fait la tête. Dans ce cas, il faut se conduire comme un chien, je veux façon canidé, au risque que les passants vous prennent pour un débile.

Toutefois il existe une compensation à ce travail de marcheur canin, deux mêmes si je compte bien. D’abord Edouard est rémunéré, ce qui n’est pas négligeable. Pas beaucoup mais le prix des cigarettes étant en expansion exponentielle, il n’est pas obligé de requérir de l’argent de poche qui lui serait peut-être refusé. Ensuite, et c’est ce qui est le plus intéressant et agréable, c’est qu’Edouard rencontre Nicoline qui promène Bémol, un Labrador appartenant à son grand-père. Princesse Butterfly et Bémol, après les travaux d’approche obligatoires pour la gent canine, c’est-à-dire se renifler la truffe et l’arrière-train, s’entendent à merveille, ce qui donne des idées à Edouard. Pas de renifler la truffe de Nicoline, il n’est pas mufle à ce point, mais d’envisager de passer sa vie avec elle.

 

Sous des dehors humoristiques, amusants, voire futiles se cache un regard acéré sur le monde moderne, sur les relations parfois conflictuelles entre adultes et adolescents, et inversement non proportionnel, sur les problèmes des familles monoparentales.

Car Edouard n’a pas connu son père, et à part sa mère, il ne voit que Gazou, sa tante. Evidemment l’environnement masculin lui fait défaut, pourtant il ne ressent pas de manque. Le problème, c’est que sevré d’écran, il en aurait oublié l’ordinateur. Et quand sa mère lui demande de réparer le sien qui s’est planté, Edouard se rend compte qu’elle visite régulièrement des sites de rencontres.

Edouard, malgré son attirance manifeste pour Nicoline et son envie de lui faire découvrir une chambre d’hôtel, est resté naïf. Cette naïveté l’amène à se conduire comme un imbécile, et quand un prof, ou une prof, se rend compte de ses agissements qui ne sont guère tolérés de la part d’un individu responsable, il soit se rendre dans le bureau du CPE, ce qui entache sa réputation.

Un roman pour adolescent, oui, mais également destiné aux adultes qui se rendront compte que la vie d’un jeune n’est pas un long fleuve tranquille dans l’apprentissage de la vie, et qu’il faut parfois réviser des jugements préfabriqués.

 

Il y avait sûrement un message dans ce que m’avait raconté ma mère. C’était le point de vue d’une femme. En gros, la vie devait commencer par un bon râteau, si on voulait, un jour, espérer rouler des pelles.

 

 

Hervé MESTRON : Le temps des râteaux. Editions Zinedi. Parution le 15 mars 2018. 140 pages. 14,90€.

Partager cet article
Repost0
6 mars 2018 2 06 /03 /mars /2018 09:45

Avant la vache folle, il y eut la roue folle… A chaque époque sa folie.

Anthony BUCKERIDGE : Bennett et la roue folle

Destinés plus aux préadolescents qu’aux enfants, la série Bennnett de l’Anglais Anthony Buckeridge connut vingt-quatre épisodes dont vingt-deux furent traduits en France.

Cette série est résolument placée sous le signe de l’humour, un comique de situation mais également ponctué de quiproquos à cause d’une incompréhension entre les propos des élèves, et particulièrement de Bennett, et des adultes, le plus souvent Monsieur Wilkinson, l’un des professeurs de la Troisième Division du collège de Linbury, près de Dunhambury, deux petites villes imaginaires du Sussex.

Le plus souvent, Bennett et son ami Mortimer, onze ans, sont opposés dans des situations comiques qui risquent de s’envenimer à Wilkinson, dit Wilkie par les élèves, lequel est assez soupe-au-lait et ne comprend pas toujours soit ce que veulent dire les deux enfants, soit ce qu’ils veulent entreprendre ou ont déjà réalisés en toute bonne fois. Les autres professeurs, Carter et madame Smith, prennent les situations avec bonne humeur, déminant les imbroglios, et n’en tiennent aucune rigueur aux gamins qui gaffent, souvent involontairement.

Et chaque chapitre est autant de petites scènes, parfois désopilantes, souvent cocasses, mais dont ne se rendent pas compte les acteurs.

Tout débute lorsque pour son Noël Bennett se voit offrir par sa tante un carnet rouge dans lequel il doit consigner quotidiennement ce qu’il fait de ses journées. La carotte pour tenir régulièrement son journal étant un beau billet de cinq livres à la fin de l’année. Seulement, ce carnet étant confidentiel, Bennett trouve une astuce : écrire à l’envers. Seul Mortimer est dans la confidence de ce code.

Une interrogation d’histoire est prévue avec M. Wilkinson, le peu sympathique professeur et Bennett en est malade. Mentalement et physiquement. Il est soigné par Mrs Smith qui prend sa défense auprès du prof acariâtre et en remerciements Bennett veut lui offrir quelque chose. Mais quoi, telle est la question.

Alors il se rend en compagnie de son ami Mortimer à Dunhambury mais avec seulement cinquante pence en poche, les possibilités sont réduites. D’autant que l’argent file vite, location de vélos pour se rendre à la petite ville, obérant partiellement leur pécule. Mais Mortimer n’a jamais fait de vélo, hormis ceux munis de stabilisateurs. Et comme les vélos sont dans un médiocre état, le parcours est jonché d’incidents.

L’attrait de la fête foraine, l’achat d’un cornet de frites, et le passage au stand de tir est quasiment néfaste au reliquat de leur bourse. Et si par un heureux hasard, Bennett gagne une coupe en verre taillé, celle-ci est brisée lors du retour. Et la roue folle me demanderez-vous, avec pertinence. L’épisode se déroule un peu plus tard. Bon, d’accord, allons-y tout de suite, et ne perdons pas de temps en chemin, malgré les autres scènes drôlatiques qui s’intercalent.

Mais auparavant il me faut signaler que Bennett se verra confisquer son carnet rouge et afin de se plier aux exigences de sa tante, il notera dans un cahier à la couverture verte ses faits et gestes. Une initiative qui lui procurera quelques désagréments en fin de trimestre.

Suite à un os découvert dans les petits jardins alloués aux élèves, Bennett et Mortimer s’intéresse à la paléontologie et l’archéologie, et comme il existe un ancien camp romain non loin du village, ils s’y rendent afin de prospecter et découvrir éventuellement des vestiges romains. Effectivement, en grattant la terre, ils découvrent d’abord une chaîne rouillée, de fort belle longueur et à laquelle est accrochée une vieille roue en bois.

Ils sont persuadés, d’après l’inscription qui est gravée dessus, qu’il s’agit d’une roue détachée d’un vieux char romain. Une découverte inestimable pensent-ils, ne sachant pas que cet objet va les entraîner dans une suite d’épisodes au cours desquels ils auront du mal à rester sereins, les profs aussi d’ailleurs.

Si cette roue occupe une partie de l’histoire, il ne s’agit que d’un épisode et le titre français induit quelque peu en erreur, le titre original devant signifier, si mes notions d’anglais sont encore bonnes, le carnet ou le journal de Jenning, Jenning ayant été transformé en Bennett dans la traduction française.

 

Bennett et Mortimer envisagent de créer un musée d’antiquité d’où la scène suivante :

Extrait :

Comme ils s’élançaient vers l’escalier, ils aperçurent M. Wilkinson qui sortait de la salle des professeurs. Bennett jugea le moment bien choisi pour solliciter sa coopération.

« Pardon, m’sieur ! Nous cherchons des antiquités. Est-ce que nous ne pourrions pas jeter un coup d’œil dans la salle des professeurs pour voir s’il n’y aurait pas quelques vieux fossiles ?

Malheureusement, M. Wilkinson interpréta mal ces mots. Son visage s’empourpra.

« Quoi ? Quoi ? Rugit-il. Des vieux fossiles dans la salle des professeurs ?... Qu’est-ce que c’est que ces allusions impertinentes ? Essayez vous de faire le malin, mon garçon ?

« Pas du tout ! assura Bennett. Je veux parler de trucs pour notre musée, vous comprenez ? Des oiseaux empaillés, par exemple…

Première parution Idéal-Bibliothèque N°263. 2ème trimestre 1964. Illustrations de Jean Reschofsky.

Première parution Idéal-Bibliothèque N°263. 2ème trimestre 1964. Illustrations de Jean Reschofsky.

Si vous désirez en savoir plus sur Anthony Burckridge, sachez que la revue Le Rocambole lui a consacré un numéro double en compagnie d'Enyd Blyton.

Anthony BUCKERIDGE : Bennett et la roue folle (Jennings Diary – 1953. Texte français d’Olivier Séchan). Illustrations de Daniel Billon. Collection Bibliothèque Verte. Parution novembre 1975. 190 pages.

Partager cet article
Repost0
11 février 2018 7 11 /02 /février /2018 10:34

Hommage à Yves Dermèze, de son véritable patronyme Paul Bérato, décédé le 11 février 1989.

Yves DERMEZE : La patrouille des glaces.

A bord du Douanenez, cargo parti du Havre et qui affronte les vagues furieuses de l’Atlantique, ils sont six jeunes adolescents dont une seule fille.

D’un côté Christian, l’aîné, dix-huit ans, puis Francis, Michel et enfin Louis, le benjamin. Mais également Helena Printon, seize ans, surnommée la Princesse, et Harold Stipple, son cousin squelettique de vingt ans, surnommé le Chevalier errant, à cause de leur attitude et du rôle de chevalier servant que joue Harold. Mais pour l’heure, la Princesse a du mal à cacher qu’elle subit les affres du mal de mer. Ce dont se moquent les quatre amis, engendrant la colère d’Harold.

Mais Harold est bien obligé de constater que les réflexions des quatre amis n’avaient rien de péjoratif et que sa cousine, également sa fiancée, possède un caractère impossible. Il est à ses petits soins et accomplit ses quatre volontés, parfois à ses dépens. Il envie les quatre amis, sachant grâce à un journal américain qu’ils ont entrepris de faire le tour du continent américain, sans un sou, et il aimerait pouvoir lui aussi parcourir le monde, sans être obligé de suivre, partout où elle se rend, la Princesse.

Le cargo transporte le cirque Lamentin, et grâce à la générosité du directeur, Christian et ses comparses peuvent voyager à bord, mais dans des conditions précaires.

La tempête fait rage, le navire se cabre, se met de travers, prêtant son flanc aux éléments déchaînés. Le gouvernail ne répond plus, le radiotélégraphiste du bord est blessé et comateux, son appareil quasiment inutilisable. Christian, qui possède des notions veut lancer un S.O.S, mais le capitaine l’en dissuade, la tempête se calme. Ce n’est que pour mieux repartir à l’assaut du navire qui est en perdition. Helena glisse par-dessus le bastingage cassé et heureusement Christian plonge et la sauve de la noyade. Seulement une nouvelle vague énorme balaie le pont entraînant avec elle les hommes d’équipage. Ne restent plus à bord que la dizaine de circassiens, Christian et ses amis et le couple en devenir d’Américains.

Le cargo dérive, aborde un iceberg et les passagers ont juste le temps de quitter le bâtiment, emportant avec eux quelques boites de conserve et des objets dont la radio. Le navire est perdu et sur la banquise les rescapés commencent à s’organiser dans la neige.

Parmi ces rescapés, Dingo le clown et ses animaux, deux caniches, un petit singe et Gracieuse, un sanglier pelé. C’est le seul des circassiens à se montrer sociable, ses compagnons regimbant devant le manque de nourriture. On ne peut s’empêcher de pense à Vitalis, le musicien ambulant de Sans-Famille, le roman d’Hector Malot, avec ses trois caniches, dont Capi, et le petit singe Joli-Cœur. Mais tout ce petit monde n’est pas sorti de l’auberge, qui d’ailleurs est inexistante sur cette immense plaque de glace battue par les vents et la neige.

 

Naturellement, la conclusion est heureuse, peut-être pas pour tout le monde, mais nos quatre amis vont pouvoir continuer leur périple.

L’action est privilégiée dans ce roman destiné aux adolescents, mais pour autant les études de caractères ne sont pas négligées. Seulement, au lieu de s’étendre sur des pages et des pages, tout est dit en quelques lignes.

La patrouille des glaces est le roman d’aventures par excellence capable de capter l’attention des jeunes lecteurs, et des plus anciens, tant les épisodes mouvementés, tragiques ou parfois comiques, se succèdent à un rythme effréné.

 

En fin de volume, un avertissement de l’éditeur précise :

Désirez-vous savoir comment nos quatre amis ont continué leur tour d’Amérique, commencé si tragiquement ? Si oui, écrivez-le à JUNIOR, 31, rue de la fonderie, Toulouse.

Une forme de participation active entre les lecteurs, l’éditeur et l’auteur.

 

Paul Bérato a signé environ une trentaine de romans dans cette collection, ou dans le magazine Coq Hardi, sous les alias de Serge Marèges, Paul Mystère, Francis Hope, André Gascogne et quelques autres. C’est dire si son imagination fertile était au service de l’éditeur qui pouvait laisser supposer qu’il possédait une écurie de romanciers de talent. Mais ont participé également à l’écriture de ces romans des auteurs renommés comme Maurice Limat, Georges Fronval, Albert Bonneau ou encore Edmond Romazière.

La patrouille des glaces a connu une prépublication dans le magazine Coq Hardy à partir du numéro 231 en 1950. Selon Paul Bérato lui-même, ce roman aurait été écrit par un nègre qui ne possédait pas de machine à écrire. Paul Bérato l’a donc tapé, en le réécrivant. Quelle est sa part réelle dans l’écriture de ce roman ? Il ne pourra plus nous le dire.

Yves DERMEZE : La patrouille des glaces. Collection Junior N°112. Editions des Remparts. Parution 1953. 96 pages.

Partager cet article
Repost0
9 février 2018 5 09 /02 /février /2018 09:53

A cheval donné, on ne vérifie pas les dents !

Sylvie HUGUET : Glaive de jais.

S’identifier à un personnage ou s’approprier des aventures, les exalter en leur offrant une suite et des dérivés, nous l’avons tous plus ou moins fait étant primo-adolescents. Enfin, pour ceux qui lisaient, évidemment.

Anne, treize ans, et ses deux amis, Ghislaine et Lucas, se connaissent depuis leur entrée au collège, et ils se retrouvent avec un plaisir complice. Anne écrit dans un cahier des suites d’histoires, principalement celles de l’Etalon Noir, appelé Black ou Flamme selon les adaptions, une série crée par Walter Farley, et qui connu un véritable succès à la télévision avec pas moins de 78 épisodes.

Donc Flamme représente pour eux le rêve, l’inaccessible aventure. D’autant qu’aucun centre d’équitation n’existe dans leur village. N’existait, car, enfin, un centre vient d’être créé et leurs parents les inscrivent afin d’apprendre à monter à cheval. Si Ghislaine et Lucas ne s’en sortent pas trop mal, Anne, surnommée Cul-de-plomb par le moniteur, n’arrive même pas à grimper sur la selle. Elle est vexée, et ce ne sont pas ses exploits pour tenir sur le cheval qui lui a été attribué qui seront consignés dans les annales. Ses chutes, si ! Avec à la clé une entorse.

Mais Anne retient sa vengeance lorsque, apercevant un équidé au rebut, boiteux, elle décline son origine, étonnant son moniteur par ses connaissances. Elle va s’occuper de son favori tandis que ses amis effectuent des tours de manège. Mais l’Aventure, la vraie, débute lorsque ses parents lui offre pour son anniversaire un tableau. Banal en apparence, car cette représentation d’un paysage attire leurs regards, surtout celui d’Anne car ses deux amis n’y trouvent rien de particulier. Un paysage de rocs et d’eau. Mais Anne est subjuguée et ce tableau l’incite à passer à travers, comme s’il ne s’agissait que d’une fenêtre à enjamber. Ghislaine et Lucas, moins enthousiastes, la suivent.

Ils sont accueillis par des Eylfinns, de jeunes androgynes. L’un d’eux se présente, Gilmer, leur souhaite bienvenue à Roquémeraude et leur signifie qu’ils sont les Elus qu’ils attendaient. Ils sont invités à venir avec eux dans leur pays, grâce à des chevaux ailés, de nouveaux Pégase. Mais une mission attend les trois amis. Ils se rendent au pays des Gorgons, des êtres horribles qu’ils doivent combattre car ceux-ci veulent annexer leur pays et surtout délivrer Glaive de jais. C’est un cheval ailé doté de grands pouvoirs qui protègent les Eylfinns de leurs ennemis.

Les Gorgons ont à leur tête un sorcier du nom de Ugorth, lequel a réussi à féconder la Matrice des Ténèbres, donnant naissance à une araignée monstrueuse. Cet arachnide a tissé une toile géante aux mailles d’acier qui retient Glaive de Jais, l’Etalon-Roi des Eylfinns. Anne et ses deux amis doivent donc délivrer Glaive de Jais, ce magnifique cheval noir plongé en léthargie.

Les trois amis vont vivre des aventures épiques, mouvementées, dont la première est un combat contre les Gorgons, juchés sur des sortes de chauve-souris géantes. Le combat pourrait être inégal, car s’ils possèdent des épées, qu’ils manient avec adresse, les Gorgons sont munis de fusils. Des armes qui sont annihilées par Glaive de Jais, lorsqu’il est en possession de tous ses moyens. Mais ils vont être obligés de se séparer, et Anne se retrouve seule devant Ugorth.

 

Glaive de jais est une osmose entre roman féérique et roman de chevalerie avec une pointe de réminiscence des légendes mythologiques.

Les trois amis se trouvent transportés dans un monde parallèle, un thème souvent utilisé en science-fiction et en fantastique, et plus particulièrement, pour les juvéniles, dans Le Monde de Narnia, dont Prince Caspian, une lecture de jeunesse indémodable.

Mais, s’il existe des analogies, il s’agit juste de cette approche thématique, car l’univers décrit par Sylvie Huguet lui est personnel. Les chevaux ailés sont la colonne centrale du récit, un conte merveilleux pour enfants, physiquement ou mentalement, pour ceux qui veulent voyager dans leur tête en frissonnant de peur devant les avatars subis par nos trois voyageurs.

L’attrait, la tendresse, l’amour des chevaux guident Anne, et à l’heure des choix, sentiments puisés dans ses lectures romanesques et encyclopédiques. Mais à l’heure des choix, elle devra prendre ses responsabilités, ce qui n’est pas évident pour une gamine de treize ans.

Ce roman est également une parabole. Celle de la nature belle et sauvage à préserver contre la science, les technologies et éventuellement les promoteurs rapaces. Il est évident que toute ressemblance avec la ZAD de Notre-Dame-des-Landes serait fortuite, pourtant, je n’ai pu m’empêcher d’y trouver une corrélation.

 

Sylvie HUGUET : Glaive de jais. Editions Assyelle. Parution 1er décembre 2017. 134 pages. 12,00€.

Partager cet article
Repost0
21 décembre 2017 4 21 /12 /décembre /2017 13:06

 

 

Ils ont tort !

Evelyne LALLEMAND : Les Sept ne croient pas au Père Noël. Série

Si le nom d’Enid Blyton, la créatrice de cette série qui est un peu le pendant du Club des Cinq, n’apparait pas sur la couverture de ce livre, c’est bien parce qu’il s’agit de nouvelles aventures imaginées par Evelyne Lallemand, auteur jeunesse, qui reprit les personnages afin de leur donner une seconde vie, tout comme Claude Voilier le fit avec le Club des Cinq.

 

Alors que sa mère est au téléphone, Colin s’impatiente. Il doit aller faire des courses mais la conversation s’éternise. Pour s’occuper, il s’amuse avec les pièces des achats qu’il doit effectuer, et les compare sur le pèse-lettre de son père. Bizarrement, les deux pièces de cinq francs ne font pas le même poids.

Il essaie de récupérer auprès des commerçants d’autres pièces similaires et en informe ses amis, Pierre, Jacques, Georges et les trois filles, Jeannette, Babette et Pam. Il leur faut vérifier la composition de ces pièces et à l’aide d’une scie à métaux ils découpent les pièces dissemblables.

Effectivement, l’une d’elles n’est pas totalement en métal mais pour autant ils doivent en connaître la provenance. Alors chacun d’eux se rendent chez des commerçants, échangent des billets auprès de passants sous le prétexte qu’ils ont besoin de monnaie, et autres astuces pour récupérer d’éventuelles fausses pièces.

Aux abords des grands magasins, deux Pères Noëls sont sur le trottoir, l’un prenant en photo les petits enfants en compagnie de l’autre. C’est ainsi qu’ils découvrent le trafic de fausses pièces, par hasard. Tout d’abord la mère de George demande une photo de sa petite sœur. Contre un billet de vingt francs, une fausse pièce de cinq est rendue. La pesée confirme ce qu’ils pressentaient.

Ils décident de surveiller les deux Pères Noëls et ils aperçoivent le manège d’un homme qui cache maladroitement son visage balafré. Un faciès qui n’inspire guère confiance mais il s’agit peut-être d’un policier. En effet l’homme bouscule l’un des pères Noël qui laisse échapper quelques pièces. En les ramassant les Sept se rendent compte que certaines d’entre elles sont fausses.

Ils continuent leur surveillance et à la fermeture des Grands Magasins, se mettent à les suivre. C’est ainsi qu’ils se rendent compte qu’il s’agit de deux adolescents déguisés, puis ils assistent à l’enlèvement d’un des Pères Noëls par le Balafré et deux autres hommes à bord d’une voiture.

Ils interrogent l’adolescent restant, qui est apeuré et leur raconte comment ils se sont retrouvés en possession des fausses pièces.

Les Sept, en compagnie de leur chien Moustique se mettent en chasse, pour délivrer le kidnappé et tenter d’arrêter les faux-monnayeurs, malgré la neige qui tombe et risque de perturber leurs tribulations dans la forêt où sont cachés les ravisseurs.

 

Une histoire gentillette destinée aux jeunes enfants qui semble un peu désuète de nos jours mais possède néanmoins un certain charme.

Si depuis les années 1980, les romanciers pour jeunes lecteurs se montrent parfois plus violents dans leurs descriptions, et usent volontiers de vulgarités dans les propos, l’évolution des mœurs paraît-il, ce genre d’historiette joue toujours sur le même principe.

Toutefois, en lisant attentivement les textes, on s’aperçoit que des messages sont parfois glissés à l’intérieur.

Ainsi Babette se plaint de ne pouvoir accompagner les garçons dans leur rencontre avec Michel, le Père Noël rescapé.

Comme d’habitude ! soupira Babette. C’est toujours la même chose. Nous, nous restons à nous rouler les pouces pendant que vous, messieurs les garçons, vous vous amusez bien…

Ce n’est pas grand-chose comme réflexion, mais c’est le début de la révolte contre la prépondérance masculine, les filles étant laissées de côté. Cela part d’un bon sentiment de la part de Pierre, qui ne veut pas que son amie soit confrontée au danger, ce que ne comprend pas Babette qui veut être considérée comme actrice à part entière dans cette aventure et participer aux efforts de tous.

Ce livre comporte des illustrations de Pierre Brochard, sur les pages de droite, tandis que les pages de gauche sont réservées au texte.

Evelyne Lallemand est née le 12 juillet 1951 et est décédée le 22 novembre 1997. Elle fut auteur d'ouvrages pour enfants et directrice de la collection pour adolescents Courts toujours chez Hachette.

 

Réédition d’octobre 2006.

Réédition d’octobre 2006.

Evelyne LALLEMAND : Les Sept ne croient pas au Père Noël. Série Les Sept. Bibliothèque Rose. Editions Hachette. Parution septembre 1981. 158 pages.

Partager cet article
Repost0
25 novembre 2017 6 25 /11 /novembre /2017 09:00

Hong-Kong Star

T'as un chinois dans ton miroir

Tu n'es qu'une Hong Kong Star…

Fabrice COLIN : Kayren.

Née de mère américaine, Kayren est une jeune métisse qui travaille comme standardiste et hôtesse d’accueil dans une boîte de Hongkong appelée La Firme.

Elle a tout juste dix-neuf ans, et comme toute mère, s’inquiète de savoir comment son jeune bébé, Oriel, un an et demi, a passé sa journée. Elle a toute confiance en Lani, son amie employée de maison et nourrice du bambin, mais c’est plus fort qu’elle. Avant de rentrer chez elle, elle doit dîner avec son père, une obligation à laquelle elle sacrifie trois fois par an, et qui malgré ses soixante-dix ans travaille toujours pour un cabinet d’assurances.

Elle a perdu sa mère trois ans auparavant, un suicide selon toute vraisemblance, et depuis l’âge de ses dix-huit ans, elle vit chez elle. Elle suit des cours d’histoire deux fois par semaine, pour son plaisir, ce sont ses uniques sorties à part les promenades avec bébé.

Donc en attendant le veilleur de nuit qui doit lui succéder, elle téléphone à Lani. Elle aperçoit à travers la vitrine un homme qui semble la surveiller puis s’éloigne lorsqu’elle s’approche. Le repas se déroule quasiment normalement, un rite même si Kayren est végétarienne, puis c’est le retour au bercail, à regarder la photo de sa mère et à penser à Allan, le père d’Oriel, un Australien qui l’a plaquée alors qu’elle était enceinte. Pourtant quelques jours auparavant, tout allait bien, et puis… C’est la vie, mais elle est encore jeune.

 

Jusqu’au jour où son frère, son demi-frère Zheng, s’introduit chez elle. Il a la main bandée et il lui avoue appartenir à une société secrète comme il en existe tant en Orient et Extrême-Orient. Il ne peut lui en dire plus, mais qu’il est un homme mort s’il ne réalise pas le contrat pour lequel il a été choisi. Il doit tuer un homme, un trafiquant, un proxénète ayant pignon sur rue.

C’est de ce jour que la vie de Kayren bascule. Elle exécute le contrat à la place de Zheng, sans état d’âme, au contraire, elle entend comme une petite voix dans la tête qui la conseille. Elle va même jusqu’à assister à l’inhumation de celui qu’elle a tué, peut-être avec une once de remord. Elle est alors abordée par un homme qui connait tout d’elle, du moins ce qu’elle a fait.

Monsieur Cinquante, comme il se présente, l’informe que Lani a été priée gentiment ( ?) de quitter son poste et de s’évanouir dans la nature, que son fils a été placé ailleurs, sur l’île de Lantau, et qu’elle ne pourra lui rendre visite qu’une fois par semaine, que d’autres interventions de sa part lui seront demandées et qu’elle va devoir s’entraîner sous la houlette de Huang, qui ne ménagera pas ses efforts pour lui apprendre comment se débarrasser d’un éventuel suiveur ou agresseur. Elle va vivre dans un nouvel appartement, une surface double de celui qu’elle habitait et qu’elle devra se comporter en recrue mutique et obéissante.

Elle tente bien de contacter son ancien collègue. Peine perdue. Elle téléphone à la police pour signaler un enlèvement, celui de son enfant. Là encore peine perdue. Sauf qu’un peu plus tard, un inspecteur Liang se manifeste auprès d’elle. Et de temps en temps une petite voix surgit dans sa tête et qu’un tatouage de naissance, en forme d’épervier, est apposé dans le bas de ses reins.

 

Ce roman s’inscrit dans une série qui devrait transporter le lecteur dans des époques différentes, à Londres en 1593 (j’aurais préféré commencer par celui-ci), à Kinshasa en 2150, Paris en 1870 ou encore à Berlin à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Six parcours effectués par six jeunes confrontés à la nécessité de tuer. Avec un lien invisible et mystérieux qui les relie.

Autant l’avouer tout de suite, ce roman qui s’adresse aux adolescents de quatorze ans et plus, je ne suis pas sûr de l’avoir apprécié quand j’avais cet âge. Mais c’est loin. A cette époque je lisais plutôt des Simenon, des San-Antonio, des auteurs des collections Spécial Police et Espionnage du Fleuve Noir. Mais l’ambiance n’était pas la même.

Seulement de nos jours les adolescents ne réagissent plus de la même manière que le vieux lecteur (si, si !) que je suis. Une quête teintée légèrement de fantastique dans un paysage dépaysant et oriental que nos jeunes connaissent bien via les mangas et les jeux vidéo. Et cela m’a fait penser, à tort ou à raison, aux personnages de Zelda et de Lara Croft, deux jeux destinés aux jeunes mais que les adultes ne dédaignent pas.

Fabrice COLIN : Kayren. Série Je serai 6 N°1. Editions PlayBac. Parution le 18 octobre 2017. 272 pages. 15,00€.

Partager cet article
Repost0
8 novembre 2017 3 08 /11 /novembre /2017 09:00

Je suis partie un soir d'été

Sans dire un mot, sans t'embrasser

Sans un regard sur le passé…

Oh Mamy ! Oh Mamy, Mamy blue

Oh Mamy blue

Marie-Claire BOUCAULT : Aigre doute.

Se retrouver sans mère à quatorze ans, c’est dur, mais les semaines passant, Tom commence à oublier son visage. Cela fait un peu plus d’un an que sa mère n’est plus au foyer, et elle a disparu dans des conditions mal définies.

D’ailleurs à la maison, ni son père Eric, plombier, puis électricien et maintenant réparateur électronicien, ni son aîné Gabriel, n’en parlent plus. Ses effets personnels ont été enlevés, tout a été débarrassé, livres, photos, objets, ordinateur… Eric s’occupait principalement des deux garçons car leur mère Karine, beaucoup plus jeune que lui, vivait dans son monde, souvent recluse dans son bureau, à lire ou à tapoter sur son ordinateur.

Parfois elle avait des gestes de tendresse, épisodiques et dans ce cas elle était assez expansive, mais le reste du temps, elle était comme absente. Et puis un jour, elle a été véritablement absente, physiquement absente, alors que les deux garçons étaient en vacances chez leurs grands-parents en Vendée, tandis que le père était resté avec Karine à Blois.

Une enquête a eu lieu, des policiers sont venus chez eux, et des traces de sang ont été retrouvées dans la salle de bain. Le corps de Karine a été recherché dans le jardin, dans la Loire, et même en l’absence de cadavre, le père fut accusé d’assassinat. Les témoignages de la sœur de Karine, Emeline, et des voisins, n’ont pas plaidé en sa faveur. Grâce à son avocat, Eric a été relaxé à l’issue du procès et c’est ainsi que la mère est devenu un sujet tabou.

Jusqu’au jour où, Emeline se présente à la sortie du collège, arguant qu’elle aussi pleure sa sœur, qu’elle est toute seule maintenant, qu’elle n’a qu’eux comme neveux. Gabriel est furieux et la repousse, mais ça cogite dans l’esprit de Tom. Et c’est ainsi qu’il décide de rechercher des affaires, des photos, des preuves de l’existence de sa mère, avant sa disparition. Qu’il va rencontrer aussi Emeline qui après tout est aussi sa marraine. Qu’il va en apprendre un plus sur la jeunesse des deux sœurs, et surtout qu’il va dénicher une nouvelle écrite dans l’ordinateur de sa mère, rangé dans l’atelier du père.

 

Aigre doute est une nouvelle gigogne, puisque le texte écrit par Karine s’inscrit dans le récit, mais en même temps, ce sont les doutes, les tourments d’un gamin qui se pose les questions naturelles concernant la disparition de sa mère. Meurtre, suicide, départ volontaire ? Pourquoi et dans quelles circonstances ? Volonté de récupérer une partie de son enfance, de retrouver des racines coupées trop jeune, un besoin de souffler puis de refaire une vie peut-être gâchée ? Ou tout simplement l’abominable ?

Avec subtilité, jusque dans l’épilogue, Marie-Claire Boucault nous entraîne dans les affres du garçon qui entre dans l’adolescence et se pose des questions naturelles mais pas existentielles. Le désir de savoir et surtout de comprendre.

Ne pas avoir de mère, cela arrive, quelques soient les circonstances dans lesquelles cette absence intervient, mais que ce soit délibérément, suite à une séparation, un accident, une maladie, en général le corps est là, présent. C’est comme si Tom avait été amputé et que la douleur se réveillait par une manifestation extérieure alors qu’il avait tout fait, et on l’avait aidé, pour oublier.

Un court roman pour adolescent, mais qui n’est pas confiné dans une tranche d’âge, car ce genre de situation, tout le monde un jour peut la vivre, si ce n’est déjà fait.

 

Marie-Claire BOUCAULT : Aigre doute. Collection Noire Sœur Polarado. Editions Ska. Parution le 1er mars 2017. 89 pages. Version numérique. 3,99€.

Partager cet article
Repost0
6 novembre 2017 1 06 /11 /novembre /2017 09:11

On trouve de tout sur les marchés aux puces…

Marie-Claire BOUCAULT : Le mystère de la tombe Gaylard.

Ses parents sont divorcés et pour des raisons pratiques Sybille Mercier a préféré vivre chez sa mère non loin de la porte de Vanves. Chez son père, avenue de Villiers, ce n’est pas mal non plus, mais elle s’y sent moins à l’aise.

En fin de semaine sa mère, ancien mannequin reconvertie dans les magazines de mode se rend chez son nouvel amant, son patron, quant à son père, célèbre animateur à la télévision, il ne peut la recevoir tout le temps. Alors elle passe son temps à chiner dans les brocantes, les marchés aux puces notamment celui de Vanves et souvent elle découvre son bonheur. Ce ne sont que des bricoles mais cela lui fait plaisir.

C’est ainsi qu’elle tombe un jour devant un objet insolite qui ne devrait, en théorie, ne pas se trouver au milieu d’un ramassis de bricoles usagées. Un album photos, pareil à celui que possédait sa grand-mère, ouvert sur un cliché représentant une tombe sur laquelle figure l’inscription Gaylard. Elle ramène l’album chez elle et découvre sur la face intérieure de la couverture, un nom et une adresse. Germaine Turpin, avenue de Villiers. La rue où elle a vécu et où réside encore son père.

Elle décide de rendre l’album à sa propriétaire et pour cela elle se renseigne auprès de la concierge de l’immeuble. Hélas la propriétaire est décédée, ne restent que quelques héritiers. La bignole lui fournit, après avoir été amadouée par la jeune Sybille, l’adresse du fils de Germaine, antiquaire dans le XVIème arrondissement. L’antiquaire ne se montre pas si heureux que ça de recevoir l’album, qu’il garde néanmoins. Puis c’est le petit-fils, Pierre, qui contacte Sybille.

Mais elle aimerait bien percer le mystère de la tombe Gaylard, qui selon les renseignements qui lui sont fournis serait la sépulture d’un ami de la famille. Mais l’enquête ne s’arrête pas là, car elle a gardé par devers elle un cliché qui est doublé d’un fort carton. La réapparition de cet album n’a pas l’heur de plaire à certains descendants de la famille Turpin, tout du moins cela sème quelque peu la zizanie et Sybille est au cœur du conflit.

 

Dans cette histoire bon chic bon genre, enfin serait-on tenté d’écrire, les protagonistes ne se livrent pas à une débauche de grossièretés, de vulgarité. Il faut dire que les lieux décrits ne sont pas propices à ce genre de débordements.

Le personnage de Sybille est touchant. Elle est esseulée, ne possédant que peu d’amis, tout au plus Charles son confident, ce qui lui suffit amplement, même si parfois elle aspire à autre chose. Lucide, elle avoue être d’un naturel réservé et d’une intelligence moyenne. Alors aller fouiner dans les affaires des autres ce n’est pas vraiment son style. Ce qui l’amène à rechercher la propriétaire de l’album photos, c’est que justement celui-ci ressemble à un objet semblable ayant appartenu à sa grand-mère, elle aussi décédée depuis peu. Et c’est en souvenir de son aïeule qu’elle va entamer ses démarches. Dans le but de faire une bonne action sans en tirer le moindre parti. Elle le fait gratuitement, mais cela lui permettra de découvrir en certains personnages, l’âme noire qui se cache sous des apparences trompeuses.

Marie-Claire BOUCAULT : Le mystère de la tombe Gaylard. Collection Syros Noir. Editions Syros. Parution le 25 novembre 2010. 82 pages. Existe en version numérique 5,99€. A partir de 12 ans.

Partager cet article
Repost0
2 octobre 2017 1 02 /10 /octobre /2017 07:30

Allons donc, London…

Pêcher la crevette

Allons donc, London…

Pêcher le petit poisson.

Jason DARK : Peur sur Londres.

Médium amateur mais ne faisant pas commerce de ses dons, Miriam Di Carlo est réveillée brusquement en pleine nuit dans son appartement londonien par un pressentiment.

De sa fenêtre, elle assiste impuissante à un cataclysme qui s’abat sur la capitale britannique. Les bâtiments, les monuments s’effondrent, et dans le ciel s’inscrit l’image d’une jeune femme à la beauté froide, visage surmonté de deux petites cornes.

Il s’agit d’Asmodina, la fille du Diable.

A peu près au même moment, John Sinclair, inspecteur du Yard, spécialiste des affaires criminelles surnaturelles, est lui aussi tiré de son sommeil. Sa montre, arrêtée de même que son réveil, marque cinq heures.

C’est alors que le cauchemar commence.

Sa secrétaire, son patron, ses amis ne le reconnaissent pas. Pourtant il n’a pas changé physiquement. Quant à imaginer un complot, à une farce, ce n’est pas le genre de la maison. Alors ?

Intrigué John Sinclair revient chez lui, bien décidé à tier au clair ces manifestations pour le moins inamicales.

Le cauchemar continue.

L’immeuble où il habite s’effondre, projetant d’énormes blocs de béton sur la chaussée, écrasant les passants. C’est l’affolement général. La catastrophe tourne au chaos, à l’apocalypse. Soho n’est plus que ruines.

 

John Sinclair, chasseur de spectres, n’est pas sans rappeler ces héros qui passent leur vie à combattre les démons, les forces du Mal.

Successeur d’Harry Dickson, qui connut son heure de gloire grâce à Jean Ray mais issu d’une imagination teutonne, John Sinclair pourrait être le cousin de Bob Morane et autres grands pourfendeurs du Mal dans la tradition de la lutte contre les Esprits malfaisants dans une atmosphère de surnaturel.

Priorité est donnée à l’action, au spectaculaire, au divertissement populaire, ce qui n’exclut pas une certaine recherche dans l’intrigue, les rebondissements, et la maîtrise de l’histoire.

Bizarrement cette série a démarré, à quelques jours près, au moment où Léo Campion, chansonnier, homme de théâtre et de cinéma, est décédé. Léo Campion avait interprété pour la télévision une série, La Brigade des maléfices, dans laquelle il incarnait un policier, le commissaire Paumier, spécialisé dans les enquêtes relevant du surnaturel et dont les bureaux étaient situés dans les combles du 36 Quai des Orfèvres. Six épisodes ont été diffusés en 1970.

 

Jason DARK : Peur sur Londres. Une aventure de John Sinclair, chasseur de spectres N°1. (Angst über London – 1981. Traduction de Jean-Paul Schweighauser). Editions Fleuve Noir. Parution mars 1992.

Partager cet article
Repost0
12 septembre 2017 2 12 /09 /septembre /2017 08:09

Si tu vas à Rio, n’oublie pas de monter là-haut…

Jean-Marie PALACH : La prise de Rio de Janeiro.

En ce mois d’août 1711, Loïc, le jeune mousse de quinze ans surnommé Sabre d’or, se prépare à une excursion prochaine dans la capitale brésilienne.

L’Amiral René Duguay-Trouin envisage une expédition à Rio de Janeiro pour un double motif. D’abord soumettre et rançonner la colonie lusitanienne, et délivrer les prisonniers français détenus après l’échec de l’expédition de Duclerc. Et il lui faut compléter l’équipage de la prise de la Coimbra rebaptisé La Belle Marquise.

Loïc est chargé, avec son ami Clément l’indiscret, du recrutement, et c’est Grand Timon qui prendra le capitanat. Port-au-Rocher, la capitale de l’île de la Tortue, a été décimé partiellement par une épidémie, un mal inconnu, mais la main d’œuvre est assez conséquente pour faire un tri. Seulement le jour de l’embarquement, personne ne se présente. Le Baron Caussade, l’un des trois nobles qui commandent trois navires, sur seize, de la flotte de Duguay-Trouin a débauché les marins pressentis. Un accroc dans la bonne entente mais l’affaire se tasse.

Pourtant ce ne sera la seule qui opposera le jeune marin, devenu le second de Pierre Pongérard, alias Grand Timon, à ce nobliau qui est apparenté au roi Louis XIV par une histoire de coucherie de sa mère. Les aventures et mésaventures ne manquent pas de se produire, affectant les relations entre marins, entre les différents capitaines de cette armada, car la jalousie envenime parfois les rapports entre tout ce petit monde.

Loïc a reçu une lettre de son amie Amalia et il peut enfin prendre connaissance de son contenu. La belle Lisboète lui déclare sa flamme, ce qui lui met le cœur en joie et les sens en émoi, mais elle lui écrit aussi que son père songe à la marier, lorsqu’elle aura seize ans, date fatidique qui se rapproche, avec un noble Portugais.

 

Au cours de la traversée vers Rio de Janeiro, les marins de La Belle Marquise recueillent des naufragés, deux hommes, une femme et un enfant. L’un des hommes est décédé mais les autres sont soignés par le médecin du bord. D’après lui ce sont des esclaves noirs qui se sont enfuis. Loïc est stupéfait du traitement qui leur était réservé, et indigné lorsqu’il apprend qu’à leur retour aux Antilles ces trois fuyards, le frère et la sœur, l’enfant que celle-ci a eu de son employeur qui l’avait violée, que ces trois fuyards seront revendus. Le Code noir édicté par Louis XIV en 1685, inique mais observé par tous.

En attendant, ils restent à bord et l’on verra par la suite qu’un bienfait n’est jamais perdu.

L’escadre parvient en baie de Rio de Janeiro, mais la cité est gardée par douze mille soldats, deux forts tenant en respect tout bâtiment ennemi, et six navires patrouillant dans le port. René Duguay-Trouin ne peut attaquer de front Rio de Janeiro, aussi une tactique est mise en avant, les artilleurs, dont ceux de La Belle Marquise, réputés pour être les meilleurs vont devoir montrer leur adresse.

La cité prise, il faut finir le travail, car les soldats portugais se sont réfugiés dans la forêt, là où sévissent les réducteurs de tête. Loïc pourra une fois de plus démontrer son courage, et son humanisme.

 

Roman d’aventures maritimes et terrestres, ce second, pour le moment, volet des aventures de Loïc, dit Sabre d’Or, est plus qu’un livre destiné à la jeunesse. Leçon de courage, certes, mais également de respect de la parole et respect de soi et des autres.

Les scènes d’action ne manquent pas, normal pour un roman d’aventures, mais une certaine tendresse se dégage du récit, surtout dans les missives échangées entre Amalia et Loïc. Mais ce ne sont pas les seuls instants qui procurent ce moment de pause entre deux combats.

La prise de Rio par Duguay-Trouin et ses hommes, est un épisode marquant parmi les hauts faits maritimes et les combats navals. L’Espagne, qui connait une crise de succession, et la France sont en guerre contre une coalition menée par l’Angleterre, le Portugal et de nombreux pays européens. Ce qui constitue la partie historique de l’ouvrage. Mais cette épopée met en avant le sort des esclaves, qui sont considérés par les Portugais comme des marchandises et les achètent ou les vendent au gré de leur besoin.

Comme le précise monsieur de Jessey, un médecin herboriste qui fait partie de l’expédition afin de recueillir de nouvelles plantes, le monde n’est pas régi par des êtres généreux et bienfaisants, mais par des administrateurs soucieux de leurs intérêts et de ceux de leur pays.

Et lorsque Loïc réclame la liberté pour les trois esclaves en fuite, il lui est rétorqué que ceci n’est pas envisageable :

Parce que les esclaves appartiennent à la Couronne de France. Les planteurs des Antilles nous en réclament toujours plus. Louis XIV les soutient. Nos navigateurs les achètent sur les côtes d’Afrique et les revendent un bon prix dans les colonies. Ce commerce enrichit nos ports, nos marins, nos armateurs, nos colons et la Couronne. Tout le monde y trouve son compte.

Un roman qui dépasse le cadre d’un lectorat composé de jeunes, mais que bien des adultes devraient lire afin de changer leur regard méprisant sur toute une population souvent mise à l’index. Mais il n’est pas sûr pour autant que cela infléchira leur état d’esprit et leurs sentiments racistes.

Jean-Marie PALACH : La prise de Rio de Janeiro. Les aventures de Loïc le corsaire N°2. Editions du Volcan. Parution le 20 juillet 2017. 192 pages. 12,00€.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
  • Contact

Recherche

Sites et bons coins remarquables