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6 janvier 2016 3 06 /01 /janvier /2016 13:54

Et ceux qui soupirent, râlent ?

Brice TARVEL : Ceux du soupirail.

Les précédentes aventures de Morgane et de Mamie Edwige, sans oublier Valentin qui serait jaloux si on l'oubliait, ont été relatées dans certains magazines et même sur des réseaux sociaux, ce qui est flatteur mais également perturbateur.

Ce qui oblige Morgane, mais elle s'y adonne volontiers, à lire de nombreux messages via son ordinateur, et y répondre, car elle est une jeune fille polie. Toutefois, alors que les vacances de Pâques se profilent, elle reçoit un appel au secours de la part de Noémie, une gamine habitant au Tréport. Enfin, ce n'est pas Noémie qui a écrit le message, mais une copine un peu plus âgée, petite précision qui ne nuit en rien à la compréhension de cette notule, au contraire.

Aussitôt mamie Edwige prépare le voyage qui va s'effectuer en train et en car, son véhicule ayant déclaré forfait pour cause de vieillesse. Ils s'installent à l'hôtel puis partent à l'assaut de la falaise, afin de rejoindre la demeure de Noémie. Trois cent soixante cinq marches, environ, à se coltiner, c'est bon pour l'équilibre pondéral, pour la circulation sanguine, surtout lorsque l'on peut emprunter le funiculaire.

Mais avant de continuer cette histoire et suivre dans leurs déambulations mamie Edwige et les deux adolescents, intéressons-nous quelque peu au texte en raccourci du message, afin de nous plonger dans l'atmosphère de ce roman.

Noémie a dix ans, elle a lu un magazine qui présentait mamie Edwige, a tout de suite été intéressée, ses parents ont disparu depuis quelques semaines et elle a été adopté par son oncle et sa tante, depuis elle vit dans une baraque baroque en haut de la falaise, laquelle falaise est creuse en partie et grouille de monstres. Elle n'invente rien, d'ailleurs elle en a aperçu quelques-uns par le soupirail placé au pied de la maison.

 

Il n'en fallait pas plus pour attiser la curiosité de mamie Edwige, et alors que nos trois héros s'approchent de la demeure, ils sont abordés par une gamine sortant d'une hutte et qui les attendait. Noémie, vous avez deviné n'est-ce pas. Ils entendent une voix accompagnée par un piano s'élever dans les airs. La tante Madeleine, épigone de la Castafiore, et l'oncle Jean qui s'adonnent à leur passion, et ce durant des heures tous les jours.

Munie d'un cylindre métallique, Noémie s'approche du soupirail et les trois compagnons médusés distinguent une espèce de tentacule nantie de ventouses s'infiltrer entre les barreaux. Leur conviction est faite. Ils quittent Noémie et lui promettent de revenir le lendemain afin de s'entretenir avec ses parents adoptifs.

Après une nuit réparatrice à l'hôtel du Homard capricieux, mamie Edwige, accompagnée de Morgane et de Valentin, frappe à la porte du couple d'artistes amateurs. Elle se présente comme recruteuse pour la télévision et affirme que leur prestation, dont elle a pu entendre un extrait, l'a tellement éblouie qu'elle veut leur proposer de participer à une émission. Des louanges qui ne laissent pas indifférents et Tante Madeleine les invite à entrer. Hélas. Installés dans un canapé, mamie Edwige, Morgane et Valentin, assistent à une scène étonnante puis au moment où ils ne s'y attendent pas se trouvent basculés dans une sorte de trappe, plongent dans un gouffre et se retrouvent dans une grotte. Ce qui leur permet de constater que Noémie avait raison. Cohabitent dans cette caverne une méduse géante, un Léviathan, des crabes immenses et autres gentilles bestioles qui ne demandent qu'à accueillir les trois spéléologues malgré eux. Le genre d'accueil que peut effectuer un ogre en apercevant des gamins perdus dans la forêt.

Heureusement une aimable sirène du nom de Fahil va les aider à se dépêtrer d'un piège mortel.

 

Evidement, le lecteur adulte ne peut s'empêcher en lisant cette histoire d'évoquer deux grands noms du domaine littéraire fantastique : Jean Ray bien sûr, mais ce n'est pas la première fois que Brice Tarvel s'inspire du maître et narrateur des aventures de Harry Dickson. L'autre nom n'est autre que Howard Phillips Lovecraft, lui aussi grand fantastiqueur amateur d'animaux issus d'une imagination débordante et torturée.

Ce bestiaire, qui n'est pas composé de monstres inconnus mais d'êtres hypertrophiés, permet à Brice Tarvel de laisser sa fantaisie créatrice s'exprimer librement, et de jouer avec les codes de la littérature soi-disant juvénile mais que les adultes aiment lire, en cachette ou non, afin de retrouver cette innocence et ce débordement dans la démesure qui peuplaient les romans de notre enfance, succédanés d'Alice au pays des Merveilles, de Prince Caspian, de Bilbo le Hobbit, avec un petit air du Club des cinq, pour ne citer que les classiques.

Mais si mamie Edwige est toujours égale à elle-même, on assiste à une mue de Valentin et surtout de Morgane. En effet l'adolescente est jalouse parce que Valentin, son ami de cœur et d'aventures, rencontre un peu trop souvent à son goût Aglaé, la fille du gérant de la supérette de Florac. Aglaé, qui malgré son prénom, n'est pas si belle que ça, possédant un nez plus long qu'un salsifis et qu'une de ses prunelles ne parait pas bien axée. Evidemment, lorsqu'on veut trouver des défauts à quelqu'un il n'est pas difficile d'en repérer quelques-uns. Pourtant Morgane sait qu'elle ne doit pas céder à la jalousie. Ce qui ne l'empêche nullement de lancer quelques piques à son ami qui n'est pas désossé.

 

Brice TARVEL : Ceux du soupirail. Série Morgane. Collection Brouillards. Editions Malpertuis. Parution novembre 2015. 120 pages. 10,00€.

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29 décembre 2015 2 29 /12 /décembre /2015 16:14

Tu sais ma môme que j'suis morgane de toi...

Brice TARVEL : Le démon du grenier.

Parce que ses parents, qui travaillent à Paris pour une nouvelle chaîne de télévision, dont l'audience laisse à désirer, n'ont guère de temps à lui consacrer, Morgane a été confiée à sa grand-mère qui vit dans un coin reculé de la Lozère, près de Florac.

Mamie Edwige possède une réputation de sorcière, et il est vrai qu'une pièce de sa maison a été transformée en laboratoire, dans lequel éprouvettes, cornues, cristallisoirs et autres bibelots de chimiste avéré cohabitent en bonne intelligence, même si le nez de Morgane est parfois agressé par les émanations qui s'en dégagent. Mais il faut toutefois avouer que mamie Edwige possède un don, celui de chasser les fantômes, spectres, revenants, ectoplasmes et conjurer les sortilèges et qu'elle est très demandée. Seulement tout est scientifique affirme mamie Edwige, ne pratiquant la magie d'aucune sorte.

Parmi les élèves du collège de Mende où elle étudie, Morgane n'a guère d'amies. Evidemment avec un prénom pareil, il est bon de soupçonner qu'elle aussi s'adonne quelque peu à la sorcellerie et à la magie. Seul trouve grâce à ses yeux, Valentin, qu'elle aide à résoudre ses exercices de maths, ce qui leur permet de rester ensemble un peu plus longtemps. Au plus grand plaisir des deux adolescents qui ressentent l'un pour l'autre un sentiment plus fort que de l'amitié ou de l'affection.

Maintenant que les présentations sont faites, intéressons-nous à ce soir de fin novembre. Neuf heure vient de sonner au clocher de Florac, et aucune bonne odeur de soupe aux légumes chatouille les narines de Morgane qui commence sérieusement à avoir faim. Mamie Edwige a laissé passer l'heure du repas, absorbée par la préparation de sa nouvelle recette chimique : le goudron bleu.

C'est à ce moment que retentit la sonnette de la porte. Elles découvrent un petit bonhomme ventripotent, un gnome que Morgane catalogue tout de suite comme une incarnation de Quasimodo ou de Grincheux. Il s'agit du père Chassagnac, ferronnier d'art de son métier, fabricant de girouettes. Le bonhomme est tout tourneboulé. Alors qu'il travaillait à la pose d'une nouvelle girouette, il a aperçu sur le toit d'une vieille bâtisse voisine un oiseau énorme qui ressemble tout à la fois à un corbeau et à un toucan mais aux dimensions multipliées au moins par dix.

Décision est prise rapidement et sans tergiverser : Chassagnac est chargé de construire une énorme cage tandis que mamie Edwige, Morgane, bientôt rejointes par Valentin, se dirigent vers la chaumière et son impressionnant volatile. Seulement il leur faut prendre des précautions car des pierres de lune ont été utilisées pour l'édification de cette bâtisse. D'abord se méfier de l'oiseau, le Corcan comme le définit par contraction mamie Edwige, et dont les réactions peuvent être imprévisibles et peut-être mortifères. Ensuite cette maison qui recèle bien des dangers, mamie Edwige et ses petits accompagnateurs vont bientôt en subir les conséquences. Ils commencent à léviter, comme Mary Poppins, mais en vrai. Et Morgane aperçoit de grosses lucioles au travers des fourrés environnants. De même elle pense distinguer dans le grenier derrière un tas de vieilles bricoles, comme un fantôme dont le visage serait revêtu d'une cagoule de cuir.

 

Ce roman et les autres de la série Morgane, que j'espère pouvoir vous présenter bientôt, sont destinés à un lectorat allant de dix à cent-dix ans, des jeunes adolescents et aux plus vieux, ceux qui ont gardé leur âme d'enfant. Tout comme l'auteur d'ailleurs.

Conte de fée moderne, Le démon du grenier emprunte aux récits qui ont enchanté notre enfance, dans lesquels le surnaturel bon enfant prime, mais s'adapte au goût du jour. Les nouvelles technologies sont passées par là, et s'immisçant dans un scientifique merveilleux, ce sont les soi-disant progrès élaborés par le genre humain, celui qui est toujours à la recherche de transformations génétiques, qui sont mis en scène dans ce roman.

L'angoisse et l'humour malicieux sont les deux mamelles de cette histoire dont le propos est plus profond qu'il y parait. Ne serait-ce que, sans vouloir déflorer par trop l'intrigue, de respecter Dame Nature et éviter de mettre dans des structures spécialisées des personnes atteintes de différences physiques, de les rejeter.

 

Première édition : Atelier de Presse. Parution janvier 2008.

Première édition : Atelier de Presse. Parution janvier 2008.

Réédition : Editions des Lucioles : avril 2011.

Réédition : Editions des Lucioles : avril 2011.

Brice TARVEL : Le démon du grenier. Série Morgane. Editions Malpertuis. Collection Brouillards. Parution 28 novembre 2015. 118 pages. 10,00€.

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30 octobre 2015 5 30 /10 /octobre /2015 15:48

Comme Marlborough...

Henri VERNES : L'Ombre jaune s'en va-t-en guerre.

De retour d'Anvers, Bob Morane, accompagné de son fidèle ami Bill Ballantine, est soudain immobilisé à bord de sa voiture près de son domicile parisien.

Dans le même temps la capitale est plongée dans une obscurité totale. Rentrant chez lui à pieds, il s'aperçoit que tous les véhicules sont atteints de cette même panne mystérieuse.

Ces manifestations bizarres seraient-elle en corrélation avec le mini raz-de-marée et les séismes annoncés peu de temps auparavant sur son autoradio ?

Des conjectures qui plongent nos deux amis dans une perplexité inquiète.

Soudain ils sont assaillis par des bandes de dacoïts, des hommes de main de leur célèbre ennemi : l'Ombre jaune. Ils ne doivent leur salut qu'à la présence inespérée d'une jeune asiatique. Ce qui les confirme dans leurs soupçons quant au maître d'œuvre de toutes ces manifestations bizarres, énigmatiques et pour le moins stupéfiantes pour ne pas dire effrayantes.

De nouveau Bob Morane et le géant roux Bill Ballantine se retrouvent confrontés à l'Ombre jaune et à sa soif de destruction de l'humanité.

 

Cette aventure inédite, due à la plume juvénile d'un vieux briscard de l'écriture qu'est Henri Vernes, nous plonge avec délices dans les aventures de Bob Morane qui enchantèrent notre adolescence.

Et ce n'est pas parce qu'elle est éditée dans une collection baptisée Aventures-jeunes que nous les toujours jeunes devons bouder cette récréation. Au contraire. Il faut savoir se retremper de temps à autre dans les lectures vivifiantes de héros baroudeurs, sans peur et sans reproche. Des lectures peut-être empreintes de nostalgie mais qui nous permettent de changer de domaine, de rêver entre deux romans consacrés aux conflits politiques par des auteurs engagés.

Ayant décidé de ne plus vieillir, j'en redemande des romans comme celui-ci, sans prétention mais passionnants.

 

Réédition : L'Ombre jaune N°3, Lefrancq Claude, 1994

Réédition : L'Ombre jaune N°3, Lefrancq Claude, 1994

Réédition : L'Ombre jaune N°10, Ananke, 2002.

Réédition : L'Ombre jaune N°10, Ananke, 2002.

Henri VERNES : L'Ombre jaune s'en va-t-en guerre. Collection Aventures-jeunes. Bob Morane N°9. 192 pages. Parution novembre 1988. Inédit.

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20 octobre 2015 2 20 /10 /octobre /2015 13:57

Les Lutins noirs sont comme les Lutins blancs :

toujours aussi facétieux !

Renaud MARHIC : Les Lutins noirs.

Si vous souhaitez que votre enfant s'adonne à la lecture offrez-lui des livres ! Mais pas des ouvrages ennuyeux, non, des romans dont la lecture lui permettra d'éveiller son imaginaire, de le développer, de le cultiver.

Avec ce troisième volume de la saga des Lutins Urbains, Renaud Marhic laisse sa verve s'éclater comme une grosse bulle pétillante emplie de confettis de toutes les couleurs, une explosion arc-en-ciel façon farces et attrapes.

 

Un vieux coucou à hélices atterrit sans que l'attention des deux hommes qui sont installés dans la tour de contrôle de l'aéroport d'Okaz Air® soit pour autant perturbée. Pourtant la venue de l'avion n'avait pas été signalée sur les écrans radar. C'est pas grave, juste une erreur de pilotage. Le pilote l'affirme au bagagiste, il devait livrer du courrier d'Antanarivo à destination d'Antsiranana. Pendant ce temps, subrepticement, un puis deux puis trois petites créatures noires, aux longs cheveux, s'extirpent de l'appareil et fuient vers la Grande Cité.

Sur la route qui relie la capitale, les automobilistes sont affolés, lorsque trois sangliers traversent la chaussée sans prévenir.

Dans le commissariat du quartier Adinike®, le jeune policier Gustave dont on a suivi les précédentes aventures avec délectation, assiste à une réunion habituelle concernant les faits entachant leur quartier, le secteur 15. Bien évidemment est évoquée l'arrivée intempestive du bimoteur, mais d'autres événements sont mis en avant. Ainsi, des étrangers inscrits au Fichier des Individus Potentiellement Pas Nets, ont été vus paradant en smoking dans des voitures de luxe alors que la veille encore ils étaient sans papiers ni contrats de travail. Selon des renseignements issus de sources non officielles, ces joyeux déambulateurs malgaches en décapotables auraient gagné au Tir' ou Grat'. Et bien sûr la randonnée autoroutière des trois sangliers.

Et comme le déclare le commissaire Velu, La situation est pire qu'hier et bien moins grave que demain !

La réunion est à peine terminée que Gustave est alpagué par le commissaire, lequel lui demande ce qu'il a fait du rhinocéros. Le rhinocéros ? Ah oui, encore une mini bavure de Gustave qui devait convoyer à l'abattoir le mammifère herbivore à quatre pattes et à deux cornes, comme les bovins sauf que c'en n'est pas un, et qu'il a malencontreusement égaré. Chelou ! C'est le nom de l'animal vagabondeur.

 

Mais que fait donc Chelou dans un entrepôt de porcelaine certifiée française made in China ? Pourquoi Gustave reçoit-il par l'intermédiaire d'un caillou lancé par le facétieux Nain Jaune un message du professeur B. qui justement lui demande de retrouver immédiatement et même avant Chelou ? Et qui est ce mystérieux personnage surnommé le Bambou Masqué, chef d'une triade non moins mystérieuse, qui s'interfère dans cette histoire ?

 

On retrouve dans ce troisième volet des aventures de Gustave Flicman, une partie des personnages évoluant dans les épisodes précédents, L'attaque du Pizz' Raptor et Le dossier Bug le Gnome, avec de nouveaux protagonistes qui ne déparent pas l'ambiance de ce roman malicieux et fantastique.

L'imagination débridée de Renaud Marhic, et cette logique totalement décalée qui imprègne ces romans, nous fait penser, dans le traitement et non dans l'intrigue, à un roman de Lewis Caroll.

Si tu favorises à présent l'introduction d'un imaginaire étranger au sein de la Grosse Cité, tu porteras une grosse responsabilité... Que cherches-tu à provoquer ? Une épidémie ?

Le lecteur ne se pose pas ce genre de questions, lui qui justement est friand de ce genre de roman au fantastique déboussolant, et qui pourtant ne manque pas de références à notre monde actuel. Une juxtaposition, une mise en parallèle qu'il vaut mieux prendre à la rigolade. Seuls les rabat-joie peuvent se sentir offusqués :

Le Chef de la Brigade de Répression de l'Onirisme n'en avait pas terminé de ses sombres prophéties.

Une lecture roborative destinée aux jeunes et aux adolescents qui recherchent un coin de ciel bleu dans la grisaille quotidienne. Et que les anciens apprécieront en réminiscence de certaines lectures de leur enfance.

 

Renaud MARHIC : Les Lutins noirs. Tome 3 de la série des Lutins Urbains. Illustrations de Godo. Collection Romans Jeunesse. Editions P'tit Louis. Parution 1er octobre 2015. 160 pages. 8,50€.

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Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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