Si tu vas à Rio, n’oublie pas de monter là-haut…
En ce mois d’août 1711, Loïc, le jeune mousse de quinze ans surnommé Sabre d’or, se prépare à une excursion prochaine dans la capitale brésilienne.
L’Amiral René Duguay-Trouin envisage une expédition à Rio de Janeiro pour un double motif. D’abord soumettre et rançonner la colonie lusitanienne, et délivrer les prisonniers français détenus après l’échec de l’expédition de Duclerc. Et il lui faut compléter l’équipage de la prise de la Coimbra rebaptisé La Belle Marquise.
Loïc est chargé, avec son ami Clément l’indiscret, du recrutement, et c’est Grand Timon qui prendra le capitanat. Port-au-Rocher, la capitale de l’île de la Tortue, a été décimé partiellement par une épidémie, un mal inconnu, mais la main d’œuvre est assez conséquente pour faire un tri. Seulement le jour de l’embarquement, personne ne se présente. Le Baron Caussade, l’un des trois nobles qui commandent trois navires, sur seize, de la flotte de Duguay-Trouin a débauché les marins pressentis. Un accroc dans la bonne entente mais l’affaire se tasse.
Pourtant ce ne sera la seule qui opposera le jeune marin, devenu le second de Pierre Pongérard, alias Grand Timon, à ce nobliau qui est apparenté au roi Louis XIV par une histoire de coucherie de sa mère. Les aventures et mésaventures ne manquent pas de se produire, affectant les relations entre marins, entre les différents capitaines de cette armada, car la jalousie envenime parfois les rapports entre tout ce petit monde.
Loïc a reçu une lettre de son amie Amalia et il peut enfin prendre connaissance de son contenu. La belle Lisboète lui déclare sa flamme, ce qui lui met le cœur en joie et les sens en émoi, mais elle lui écrit aussi que son père songe à la marier, lorsqu’elle aura seize ans, date fatidique qui se rapproche, avec un noble Portugais.
Au cours de la traversée vers Rio de Janeiro, les marins de La Belle Marquise recueillent des naufragés, deux hommes, une femme et un enfant. L’un des hommes est décédé mais les autres sont soignés par le médecin du bord. D’après lui ce sont des esclaves noirs qui se sont enfuis. Loïc est stupéfait du traitement qui leur était réservé, et indigné lorsqu’il apprend qu’à leur retour aux Antilles ces trois fuyards, le frère et la sœur, l’enfant que celle-ci a eu de son employeur qui l’avait violée, que ces trois fuyards seront revendus. Le Code noir édicté par Louis XIV en 1685, inique mais observé par tous.
En attendant, ils restent à bord et l’on verra par la suite qu’un bienfait n’est jamais perdu.
L’escadre parvient en baie de Rio de Janeiro, mais la cité est gardée par douze mille soldats, deux forts tenant en respect tout bâtiment ennemi, et six navires patrouillant dans le port. René Duguay-Trouin ne peut attaquer de front Rio de Janeiro, aussi une tactique est mise en avant, les artilleurs, dont ceux de La Belle Marquise, réputés pour être les meilleurs vont devoir montrer leur adresse.
La cité prise, il faut finir le travail, car les soldats portugais se sont réfugiés dans la forêt, là où sévissent les réducteurs de tête. Loïc pourra une fois de plus démontrer son courage, et son humanisme.
Roman d’aventures maritimes et terrestres, ce second, pour le moment, volet des aventures de Loïc, dit Sabre d’Or, est plus qu’un livre destiné à la jeunesse. Leçon de courage, certes, mais également de respect de la parole et respect de soi et des autres.
Les scènes d’action ne manquent pas, normal pour un roman d’aventures, mais une certaine tendresse se dégage du récit, surtout dans les missives échangées entre Amalia et Loïc. Mais ce ne sont pas les seuls instants qui procurent ce moment de pause entre deux combats.
La prise de Rio par Duguay-Trouin et ses hommes, est un épisode marquant parmi les hauts faits maritimes et les combats navals. L’Espagne, qui connait une crise de succession, et la France sont en guerre contre une coalition menée par l’Angleterre, le Portugal et de nombreux pays européens. Ce qui constitue la partie historique de l’ouvrage. Mais cette épopée met en avant le sort des esclaves, qui sont considérés par les Portugais comme des marchandises et les achètent ou les vendent au gré de leur besoin.
Comme le précise monsieur de Jessey, un médecin herboriste qui fait partie de l’expédition afin de recueillir de nouvelles plantes, le monde n’est pas régi par des êtres généreux et bienfaisants, mais par des administrateurs soucieux de leurs intérêts et de ceux de leur pays.
Et lorsque Loïc réclame la liberté pour les trois esclaves en fuite, il lui est rétorqué que ceci n’est pas envisageable :
Parce que les esclaves appartiennent à la Couronne de France. Les planteurs des Antilles nous en réclament toujours plus. Louis XIV les soutient. Nos navigateurs les achètent sur les côtes d’Afrique et les revendent un bon prix dans les colonies. Ce commerce enrichit nos ports, nos marins, nos armateurs, nos colons et la Couronne. Tout le monde y trouve son compte.
Un roman qui dépasse le cadre d’un lectorat composé de jeunes, mais que bien des adultes devraient lire afin de changer leur regard méprisant sur toute une population souvent mise à l’index. Mais il n’est pas sûr pour autant que cela infléchira leur état d’esprit et leurs sentiments racistes.
Jean-Marie PALACH : Sabre d'or. Les aventures de Loïc le corsaire. - Les Lectures de l'Oncle Paul
Oui, c'est nous les fameux corsaires Les rois redoutés de la mer Qui de nous n'a jamais vibré, lors de son enfance ou adolescence, aux exploits littéraires ou cinématographiques des corsaires e...
Jean-Marie PALACH : La prise de Rio de Janeiro. Les aventures de Loïc le corsaire N°2. Editions du Volcan. Parution le 20 juillet 2017. 192 pages. 12,00€.
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