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7 février 2018 3 07 /02 /février /2018 09:40

A Mende, honorable ou pas ?

Jérôme ZOLMA : La Belle du Gévaudan.

Comme tu es de l’Aveyron, tu devrais pouvoir te débrouiller avec tes collègues gendarmes de la Lozère. Comme si le commandant Vouland, surnommé Ducon par Axel Monge qui ne fait pas dans la dentelle, ne savait pas que les deux départements sont représentés par des ethnies différentes qu’il faut savoir ménager, comme la chèvre et le chou.

Mais Axel Monge, policier au 36, n’est pas en odeur de sainteté dans sa brigade. D’ailleurs il a été obligé de prendre deux mois de congés d’office. Alors un petit voyage en province ne pourra que lui faire du bien, estime son supérieur, et il devra démontrer ses capacités d’enquêteur dans une affaire qui est une véritable épine dans le pied des forces de l’ordre de Mende.

En effet quatre cadavres ont été découverts recouverts de feuilles dans des coins isolés. Des disparitions qui avaient été signalées, mais les pandores n’ont pu les localiser que grâce aux indications fournies par le meurtrier. Celui-ci leur a fourni les coordonnées GPS par des mails, quelques jours après les assassinats qui se sont succédés à raison d’un toutes les huit semaines environ.

Avec ses nouveaux collègues, à part le colonel Barradon, le climat est plutôt à la méfiance. Qui est ce Parigot, quoiqu’Aveyronnais d’origine, qui vient mettre les pieds dans leur boutique ? Cela n’empêche pas Axel Monge de s’atteler à cette affaire. D’abord se présenter au journaliste localier afin qu’il informe, roulements de tambour, qu’un policier parisien se met au service de la gendarmerie locale pour résoudre ces meurtres, sans toutefois dévoiler certains éléments de l’enquête. Ensuite reprendre les constatations déjà effectuées et s’imprégner des rapports, s’enquérir des antécédents des défunts qui habitaient en des zones totalement différentes comme si ce nouveau tueur en série jouait aux quatre coins ou presque, relever si des affaires similaires ne se sont pas déjà produites. Pour cela il se rend aux archives départementales de Mende, afin de compulser les archives justement.

Il a bien une petite idée, mais faut aussi corroborer tous les éléments à sa disposition et mettre les gendarmes au travail. Avec l’aval du colonel évidemment, du préfet, du procureur. Et l’accord de ses collègues qui préféreraient que leur proie leur tombe toute rôtie dans le bec, certains ayant d’autres préoccupations de prévues, monter un mur en parpaings par exemple. Il se demande s’il n’y aurait pas un pont commun reliant toutes les victimes. Une histoire de pédophilie par exemple. Une piste à ne pas négliger.

Dans le bâtiment des archives départementales, l’ambiance est studieuse. Ce qui n’empêche pas une jeune femme de s’intéresser à lui. Elle a la moitié de son âge, à peu près (je n’ai pas vérifié leur état-civil) et elle est historienne d’origine syrienne. Elle effectue des recherches sur des lieux historiques ou possédant un attrait touristique afin de créer des événementiels, pour insuffler des retombées économiques. Elle lui propose de l’aider dans ses prospections et une tendre complicité s’établit entre eux, voire plus si affinités et affinités il y a. Mais après quelques rendez-vous, il ne faut pas non plus précipiter les choses. Pourtant Axel pensait déjà avoir donné.

 

Une promenade est envisagée, à la découverte des clochers à peigne, appelés aussi clochers-murs. Cette complicité débouche à ce qu’Axel dévoile quelque peu les tenants de cette affaire qui l’importune. Un nouveau cadavre est retrouvé, celui d’un Allemand, un routard, toujours grâce à ce correspondant anonyme. Ybtissem, tel est le nom de cette charmante historienne, avance une autre possibilité. Historique ou territoriale, selon les lieux où ont été découverts les corps. Par exemple l’endroit où est décédé le connétable Bertrand Duguesclin, les relations tendues entre catholiques et protestants, la fameuse Bête du Gévaudan et autres similitudes.

Seulement il semblerait que le meurtrier se joue d’eux, eux étant Axel et ses collègues gendarmes, établissant une sorte de rallye macabre, dispersant ses cadavres plus ou moins décomposés, tel un Petit Poucet moderne.

Tel un Tartarin moderne remontant les brisées d’un gibier mué en tueur en série déconcertant, Axel se lance sur une piste. Mais celle-ci se croise avec d’autres, et il se demande s’il poursuit le bon chemin, si cette nouvelle bête du Gévaudan est celle qu’il présume être.

 

Roman policier de facture classique, La Belle du Gévaudan est tout autant un défi, un roman d’énigme, qu’une invitation à visiter ce département peu connu, par ses aspects historiques et touristiques. Il ne s’agit pas de montrer que ce département le moins peuplé de France possède des attraits sans vouloir se calquer sur des guides du routard ou autres.

Une promenade bucolique émaillée de cadavres, certes, mais dans une région pittoresque allant de la Margeride à l’Aubrac en passant par le Gévaudan et Sainte-Enimie et autres lieux, sans oublier une incursion à Montpellier. Mais entre le roman policier et la description des lieux cités et leur histoire, le dosage est parfait, pas trop pédagogique et surtout emprunt d’humour lorsque Ybtissem joue à la guide touristique, revisitant l’histoire de Du Guesclin par exemple.

Axel Monge est colérique, mais il trimballe avec lui une douloureuse expérience maritale et surtout une bavure professionnelle, d’où son éviction momentanée de son service parisien et à la reprise, de son envoi en province avec obligation de résultat. C’est un homme qui vit avec des souvenirs peu reluisants et c’est cet ensemble de déboires qui le rendent sympathique même s’il n’essaie pas de l’être. On le découvre peu à peu et on l’apprécie de plus en plus.

Entre balades, altercations d’Axel avec ses collègues, présence d’un jeune spécialiste des diptères de la police scientifique et enquête proprement dite, le lecteur n’a pas le temps de s’ennuyer et Jérôme Zolma nous offre un fois de plus une histoire intrigante à souhait.

 

Jérôme ZOLMA : La Belle du Gévaudan. Editions TDO. Parution le 2 novembre 2017. 332 pages. 15,00€.

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2 février 2018 5 02 /02 /février /2018 09:39

Ce que Félin ne fait pas l’autre !

Gérard CHEVALIER : Carnage… en coloriage !

Susceptible, la chatte Catia a décidé de faire la tête à ses patrons, ceux-ci l’ayant morigénée sans enquêter auparavant sur la provenance de l’incident qui s’est produit durant leur absence.

De caractère mégalomane, impulsive, irascible, impertinente, cabotine, Catia avait en charge la petite Rose, et afin de lui éviter de faire des bêtises, elle l’a légèrement mordue. Drame dans la famille. Heureusement, Catia est une chatte peu ordinaire qui, si elle ne parle pas, parvient toutefois à s’exprimer en écrivant ses desiderata sur une tablette ou un ordinateur. Tout est bien qui finit bien, entre elle et ses patrons, Catherine la biologiste et Erwan le journaleux ancien policier en congé dans solde, quoique c’est elle la chef à la maison.

Le père de Catherine et ancien patron et ami d’Erwan, le commissaire Yvon Legal de Quimper, vient de recevoir un appel téléphonique du commissaire de Pont-Aven, ainsi qu’une feuille de papier à dessin sur laquelle figure une tache rouge. Il quémande l’avis de son gendre sur une affaire qui le préoccupe et dans laquelle il est directement impliqué. En effet outre la tache de couleur figure la mention : Commissaire Legal vous allez en voir de toutes les couleurs, signé : UPULU GAGNAI.

Direction Pont-Aven où s’est déroulé le crime, car il s’agit bien d’un crime qui a été constaté. Un homme a été découvert dans le musée Gauguin, dans la pension Gloanec, gisant sans vie, un tableau lui servant de collier et une entaille sur le haut du crâne provoquée par un objet contondant. Le médecin légiste est sur place, un incapable muté en Bretagne, la capitale n’en voulant plus. Et cette incompétence sera démontrée une fois plus car lors de l’autopsie, le cadavre se réveille. Heureusement que les deux policiers étaient présents, sinon, le cadavre en serait devenu bel et bien un. Seulement l’homme a perdu la mémoire dans cet incident.

Le blessé en sursis, un marchand d’art terrible séducteur, a accroché à son tableau de chasse de nombreuses conquêtes féminines. Sa femme, naturellement mais ce temps là est bien fini, et bien d’autres dont la petite domestique, mais n’a pu séduire sa secrétaire, et d’autres résistantes à son charme. Mais elles ont en point commun d’être toutes belles, attirantes, ainsi que sa fille adoptive. D’ailleurs les policiers se laissent eux aussi prendre à leurs charmes, ce qui n’est pas du goût de Catia qui leur fait part de son ressentiment.

Catia va donc prendre se trouvée propulsée sur le devant de la scène, devenant enquêtrice malgré les réticences de certaines représentantes du sexe dit faible, ce qui n’est qu’une appréciation erronée de la part des mâles imbus de leur personne. L’apport du flair d’Hector, un Saint-Hubert qui s’exprime de façon vieille France, ne sera pas de trop dans cette enquête qui est un défi lancé à l’enquêteur officiel.

 

Catia est la narratrice de cette histoire, l’auteur affiché sur la couverture de ce livre n’étant que son correcteur. Evidemment, elle ne se trouve pas toujours au même endroit qu’un Erwan et le commissaire Legal, mais ceux-ci n’oublient pas de lui narrer ce qui s’est déroulé lors de son absence sur les lieux qu’ils ont visités.

Un humour bon enfant baigne dans ce récit qui ne manque pas de références. Pierre Desproges est souvent cité, mais également d’autres personnages ayant vécus ou étant toujours en vie, dont Mathieu Ricard, le bouddhiste français, ce qui tombe bien car pour se remettre de leurs émotions, Erwan et Legal ingurgitent de nombreux petits verres de pastis pour remettre leurs neurones dans le bons sens.

L’on ne peut s’empêcher de penser, en lisant cette histoire dont le héros est une chatte, à Francis, un chat mis en scène par Akif Pirinçci, ou à Koko et Yom-Yom, les deux chats qui secondent le journaliste Qwilleran dans les romans de Lilian Jackson Braun. Juste une association d’idée, car Catia, et son copain, son amoureux oserais-je affirmer, Hector, spécialiste de l’art pictural, manient un humour parfois un peu ravageur et possèdent une érudition hors norme dont bien des bipèdes homo-erectus aimeraient se targuer de détenir. Mais si elle est érudite, de même que son copain Hector, il ne faudrait pas qu’elle devienne pédante, à la façon d’un Fabrice Luchini.

Un roman drôlatique, tant dans les scènes décrites que dans les dialogues et les réflexions émises par Catia, hautement recommandable, et pas réservé uniquement aux amoureux des bêtes qui ne le sont finalement pas tant que ça. Une enquête jubilatoire, peut-être un peu tirée par les poils, mais faut bien que Chat s’amuse.

Gérard CHEVALIER : Carnage… en coloriage ! Série Le chat Catia mène l’enquête N°4. Editions du Palémon. Parution le 20 octobre 2017. 256 pages. 10,00€.

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25 janvier 2018 4 25 /01 /janvier /2018 13:59

Ça existe ?

Alain GANDY : Notaire en eaux troubles.

Villefranche-de-Rouergue : Dotée d'un riche patrimoine architectural, la ville a su conserver l'originalité de son plan d'urbanisme médiéval, sa forte tradition commerciale et ses marchés embaumés où se mêle la diversité des produits du terroir. Sous-préfecture de 13 000 habitants, traversée par la rivière Aveyron et située à 250 mètres d'altitude, Villefranche bénéficie d'un climat particulièrement clément. C'est bien ici que l'on touche au sud : les toits de la ville le proclament avec leurs tuiles canal, ce n'est plus le Massif Central, c'est déjà le Midi Toulousain. (Extrait de la présentation de la ville puisé sur le site de Villefranche-de-Rouergue).

Ça, c’est pour le côté touristique, la carte postale des vacances. La cité médiévale construite en 1252 et qui garde au sein de sa bastide le calme et la sérénité villageoise propice à une vie paisible. Pas pour tout le monde. Aimé Parfeuil, notaire en retraite est retrouvé mort dans son petit appartement par sa femme de ménage. Il repose tranquillement dans son lit, habillé d’un pyjama propre, une balle dans la gorge.

Pour le commissaire Battioli, surnommé le Duce par ses subordonnés qui aspirent tous à changer de boutique, il s’agit d’un meurtre. Il attend ce genre d’événement depuis si longtemps ! Pour le juge Massac, ce n’est qu’un simple suicide mais l’autopsie réalisée lui fera bientôt changer d’avis. Aimé Parfeuil était un homme solitaire, aigri, qui n’avait plus aucun contact avec les rares représentants de sa famille.

Son frère Gaston et son neveu Philippe, qui avaient hérité du domaine familial, l’ont laissé péricliter au point de devoir l’hypothéquer. Quant à sa fille Raphaëlle, elle s’était mariée contre son avis avec un militaire, et avait même osé réclamer l’héritage de sa mère lorsque celle-ci était décédée quelques vingt ans auparavant. Son mari avait succombé lors d’un accrochage dans les Aurès et elle avait accouché d’un fils, André, peu après.

Elle vit à Rochefort, où était en garnison son époux alors qu’André a été élevé par son grand-père paternel en Bretagne. Peu de suspects donc, mais ayant tous plus ou moins une raison pour éliminer le tabellion. D’autant qu’André, qui devait être en stage aux Etats-Unis avec sa copine, se reposait tranquillement à Paris sans avoir prévenu quiconque. Joseph Combes appelé à la rescousse par Massac doit user de toute sa diplomatie afin de ne pas froisser la susceptibilité de Battioli. Il marche sur des œufs mais cela ne l’empêche pas d’émettre de façon parfois emportée ses points de vue toujours empreints de bon sens.

 

Cette histoire qui se déroule en 1980, ce qui permet à l’auteur de prendre du recul sur les événements et ne pas mettre en cause des personnages existant actuellement, tel le commissaire de police, est résolument en adéquation avec un esprit provincial, dans une atmosphère qui se démarque du roman violent, loin des outrances langagières à l’exemple de Charles Exbrayat dans ses chroniques régionales ayant pour cadre l’Auvergne.

Une bouffée de fraîcheur face aux affaires criminelles que nous relatent les actualités et par extension les romanciers, qui se vautrent dans la provocation, l’agressivité, ce qui ne reflète pas forcément un état d’esprit rural qui voudrait que tout soit subordonné aux débordements banlieusards.

Alain Gandy démontre que les flots d’hémoglobine, les grossièretés, la vulgarité, ne sont pas des éléments indispensables dans des romans bien construits. Quant aux personnages, peu nombreux, ils apparaissent peu à peu et viennent compléter notre quatuor décrit ci-dessus

Alain GANDY : Notaire en eaux troubles. Collection Polars de France. Presses de la Cité. Parution 4 mars 2010. 240 pages. 22,50€.

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9 décembre 2017 6 09 /12 /décembre /2017 13:17

Quand les abeilles ont le bourdon !

Valérie VALEIX : La fumée du Diable.

Parfois deux bons amis permettent de dénouer une situation dans laquelle vous vous engluez comme des doigts dans un pot de miel.

Ainsi Audrey, l’apicultrice dont on a fait la connaissance dans Echec à la Reine, pour quelques jours à Colmar dans le cadre d’un salon au parc des expositions, est avisée par l’un de ses deux amis du Quercy où elle vit et qui l’ont accompagnée dans ce déplacement important, qu’un taxi lui est réservé. Le véhicule va la conduire à Strasbourg où réside le lieutenant Antoine Steinberger.

Elle le retrouve dans son environnement familial avec un père débonnaire et une mère renfrognée. L’ombre de Walter, son frère jumeau disparu en Afghanistan, plane et prend plus de place que s’il était revenu. Antoine, qui lui aussi était en Afghanistan, porte cette absence comme une blessure qui ne veut pas cicatriser. D’où son caractère rigide.

Il emmène la jeune femme au restaurant, puis dans le village où il a vécu son enfance et d’où sont originaire ses ancêtres, et enfin à l’hôtel de luxe où il lui a réservé une chambre. Un lit qu’il s’empresse de partager avec Audrey.

Mais Audrey est contactée par une apicultrice de l’Eure qui vient de perdre une partie de ses essaims. Elle accuse son bailleur, son voisin, et son ex-mari d‘avoir sciemment procédés à des épandages phytosanitaires dans la pommeraie dans laquelle ses ruches sont placées. Mais elle désire les conseils d’Audrey, sachant que celle-ci peut procéder à des vérifications sur les cadavres des hyménoptères décédés. Audrey informe Antoine de son voyage lequel lui prête son véhicule, un tracteur urbain.

Il connait bien la région car il y était en poste avant de partir pour l’Afghanistan. Et s’il a gardé de bonnes relations avec un commandant de gendarmerie, son rapport avec un adjudant, Savert, était plutôt du genre, je t’aime, moi non plus. Ils sont d’ailleurs toujours à couteaux tirés.

Audrey rend donc visite à Laure, l’apicultrice, qui lui fournit des informations sur sa situation et des prélèvements sont effectués. Quentin, le fils de Laure et de Patrick Janvier, son ex, est un adolescent autiste, placé dans un centre mais il peut rentrer à la maison le week-end. Il a une bonne amie, Sophie, la sœur de Savert, qui est dans le même cas. Ce qui ne les empêche pas de vouloir se marier. Laure lui présente ou lui parle de certaines personnes dont Pâris, qui gère la pommeraie et des responsables d’Eco-Normandie, une association destinée à préserver l’agriculture biologique, notamment.

Audrey prévient qu’elle ne pourra rester longtemps et que les résultats des analyses ne seront connus que dans deux ou trois semaines. Mais Laure est assassinée, enfumée comme un essaim dans sa miellerie. Le genre de pratiques que n’apprécie pas du tout Audrey, et Antoine décide de la retrouver, de même que l’ancien adjudant de gendarmerie Lebel qui se prélasse, une retraite bien méritée.

Seulement, les événements se précipitent malgré la présence, ou à cause, d’Antoine. Quentin a disparu et Savert immédiatement le soupçonne, l’accuse même de meurtre. Il n’apprécie pas du tout que sa sœur le fréquente. Mais il existe peut-être chose qui le chiffonne, lui qui est toujours fourré avec l’ex de Laure.

Audrey est chez la défunte afin de recueillir quelques éléments d’enquête, dont un enfumoir lorsque des hommes s’introduisent dans la miellerie. Ils s’emparent d’un appareil, mais Audrey en a découvert un autre, celui qui a servi au meurtre. Seulement la chambre d’Audrey est visitée, l’enfumoir a disparu, et le véhicule d’Audrey, enfin celui qu’Antoine lui a prêté, est piégé. Plus de véhicule, plus d’enfumoir, mais de gros soupçons. Seulement l’histoire ne fait que débuter car outre les problèmes liés aux pesticides qui auraient été diffusés dans la pommeraie à l’instar de Pâris ou de l’ex de Laure, la jalousie et la rancœur animent Savert à l’encontre d’Antoine, et une histoire de trésor, remontant aux frères Mandrin et à la famille Pâris qui étaient à l’époque les propriétaires d’un immense domaine et dont la pommerais faisait partie, se greffent sur cette intrigue qui attire non seulement les guêpes mais aussi les frelons, asiatiques ou non.

 

Cette nouvelle enquête de l’Apicultrice permet au lecteur de mieux appréhender les difficultés générées par les produits phytosanitaires. La mortalité des abeilles par l’épandage de pesticides n’est pas un vain mot, ou maux. Or ce sont les mêmes laboratoires qui produisent ces produits nocifs et des médicaments. Valérie Valeix, apicultrice et apithérapeute connait son sujet sur le bout des doigts et en parle avec ferveur, mais sans emphase. Avec passion et la volonté de mettre devant les faits accomplis les lecteurs qui ne différencient pas les miels d’importation, genre miel chinois, qui n’est qu’une contrefaçon, des miels d’apiculteurs Français.

La remarque est la même d’ailleurs pour les pommes, qui contiennent jusqu’à trente-cinq produits chimiques, pesticides et autres, et qui sont calibrées, cirées, un peu comme la pomme présentée à Banche Neige par sa marâtre. On pourrait gloser durant des pages et des pages sur ces pratiques néfastes et frauduleuses, mais il faudrait juste un peu de bon sens et de pédagogie envers les acheteurs et consommateurs, pour que les bons produits soient privilégiés dans les cabas.

Et c’est bien de pédagogie que tente de faire Valérie Valeix dans ses romans mais pas que.

D’autres thèmes sont abordés dont le regard porté sur les Alsaciens, durant la Seconde Guerre Mondiale, sur ceux qui furent les Malgré nous, une méfiance qui perdure dans des campagnes par des êtres au caractère obtus. S’intègrent également une histoire de trésor, avec parchemins à décrypter, et la présence d’une secte qui recrute jusque dans les plus hautes sphères.

Quant aux rapports entre Audrey et Antoine, ils sont souvent houleux à cause du caractère rigide du gendarme.

Ce roman aurait mérité d’être dégraissé, afin de lui donner un peu plus de force et de vivacité. Certaines scènes, ou dialogues ne sont pas indispensables à la compréhension de l’intrigue ou de la psychologie des personnages. Au contraire, parfois cela les dessert. Ainsi lorsque Steinberger déclare à Audrey : les selfies de ce matin dans le bain, tu pourras les garder comme souvenir de nous deux. Or je ne vois guère Steiberger, homme rigoriste et ombrageux, s’adonner à cette forme de libertinage.

De même, si le lecteur ne connait pas les âges de Sophie, présentée comme une jeune fille, et de Guy Savert, il sera étonné d’apprendre que leur mère est octogénaire. Et l’importance de la relecture est prouvée ici : Mercredi 31 janvier, alors que le monde se préparait joyeusement à accueillir la nouvelle année…

Ce ne sont que quelques bévues qui ne doivent pas empêcher le lecteur d’apprécier ce nouvel opus des aventures de l’Apicultrice, et j’attends personnellement avec impatience le prochain, car outre que le personnage d’Audrey est éminemment sympathique, ses relations mouvementées avec le lieutenant Antoine Steinberger ne manquent pas de piquant…

 

Petite citation à méditer :

La chasse est à la nature ce que le viol est à l’amour.

Valérie VALEIX : La fumée du Diable. Les enquêtes de l’apicultrice N°2. Editions Du Palémon. Parution le 20 octobre 2017. 432 pages. 10,00€.

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2 novembre 2017 4 02 /11 /novembre /2017 07:14

Comme celui de tomber du lit ?

Marie-Bernadette DUPUY : Nuits à haut risque.

Ce volume contient trois historiettes, courts romans ou longues nouvelles selon les appréciations, de 140 pages environ chaque. Il s’agit de L’enfant mystère des terres confolentaises, de Maud sur les chemins de l’étrange et de Nuits à haut risque qui donne son titre à ce volume.

 

L’enfant mystère des terres confolentaises :

Brigueuil, 2 juin 1998.

C’est bientôt l’heure pour Irwan Vernier, inspecteur divisionnaire au commissariat d’Angoulême, de Maud Delage, inspectrice principale et accessoirement amante du susdit Irwan, et de Xavier Boisseau, inspecteur principal aussi et ami des deux précités, de boucler la journée. Il est vingt-deux heures et un repas et une bonne nuit de sommeil ne seraient pas de refus. Sauf qu’un accident de la route vient de se produire et qu’ils doivent immédiatement se rendre sur place. Normalement le SAMU devrait suffire dans ce cas d’intervention banale, mais si l’homme est blessé, c’est d’une balle dans le ventre. Et le revolver gît sur le siège passager.

Il leur faut prévenir la femme de ce Flavien Rousselot, VRP de profession, seulement personne ne répond au bout du fil. Alors Irwan et Maud se rendent à Brigueuil, dans la région de Confolens, au nord du département de la Charente, tandis que Xavier est chargé de nourrir et éventuellement rassurer Albert, le chat persan blanc de Maud.

Or cette brave épouse répondant au doux prénom de Michèle, ne se résout à leur ouvrir la porte qu’après plusieurs appels et déclinaisons d’identité. Elle est choquée car elle pensait son mari à Limoges. Il donnera une explication, valable, plus tard, ne nous attardons pas, car Michèle, ma belle, est dans tous ses états. Depuis quelque temps, elle reçoit des appels téléphoniques mais personne ne lui parle, ainsi que des lettres anonymes dont le texte est composé de lettres découpées dans des journaux. Et elle a peur pour sa fille Raphaëlle, bientôt treize ans, qui dort chez une amie.

Une enquête qui va se régler assez rapidement mais pas sans dommages, mésaventures, ni sans révélations qui confinent au drame familial. Une belle opportunité pour Xavier de démontrer ses connaissances d’historien amateur éclairé, mais qui parfois se fait damer le pion par la jeune Raphaëlle. Le plaisir de la découverte de la région par la description de vieux quartiers, de maisons anciennes et de monuments, sans pour autant que cela relève d’une déclinaison sèche d’un guide touristique, et un thème social et familial comme support de l’intrigue. L’intrigue est gentiment développée, sans pathos, mais assez révélatrice de drames et tensions dont parfois les médias se font l’écho et qui sont plus dramatiques dans la réalité que dans les romans.

 

Maud sur les chemins de l’étrange :

Bonnes 6 novembre 1998.

Comme son titre l’indique ce texte est ancré dans le paranormal. Alors que Maud et Irwan se prélassent au lit, il faut bien décompresser un peu de temps en temps, les assassins eux ne prennent pas de repos. En attendant qu’Irwan prépare le petit-déjeuner, Maud lit le journal. C’est ainsi qu’elle apprend qu’un homme a été retrouvé dans la Dronne, à Aubeterre, le corps lardé de coups de couteau. Elle regrette que cette affaire ne dépende pas de leur circonscription.

C’est à ce moment que le téléphone sonne, comme toujours au mauvais moment. Une certaine Jasmine Corvisier la contacte, ayant entendu parler de ses dons de médium, et elle souhaite la rencontrer chez elle au manoir de Bellevigne, à Bonne, non loin d’Aubeterre. Elle affirme être victime de phénomènes paranormaux.

Maud refuse tout d’abord, car elle doit partir en Bretagne en compagnie de son amant et supérieur. Mais voilà, l’attrait d’une nouvelle enquête, qui plus est requérant son don, est plus fort. Ce qui occasionne une brouille avec Irwan qui refuse tout net de reporter leurs vacances en famille.

Si tu m’aimais vraiment, tu viendrais, tu m’accompagnerais là-bas, ose-t-elle lui répliquer, un chantage qui met en fureur Irwan.

Maud décide toutefois de se rendre chez Jasmine, en compagnie de Xavier qui est toujours prêt à lui rendre service. Lors de la conversation qui s’ensuit avec Jasmine, Maud apprend non seulement que cette belle femme est importunée par des bruits à l’étage, des coups sur les murs comme si quelqu’un frappait avec une masse, son chien est lui aussi perturbé, grognant,qu’elle se réveille avec dans la tête des images horribles, et surtout un homme lui apparait, et pourtant ce n’est qu’une ombre, une vision. Arrive sur les entrefaites, Amélie, une amie chère, c’est ainsi que Xavier va tomber amoureux de cette jeune personne au corps sculptural. Mais Maud distingue elle aussi, et elle est la seule, cet homme évoqué par Jasmine.

Une enquête à la rencontre d’un fantôme, plaisante à lire pour le lecteur, mais déplaisante à vivre pour Maud et Irwan. Mais ils s’en remettront, heureusement sinon il n’y aurait pas une troisième intrigue en commun développée ci-dessous.

 

Nuits à haut risque.

Angoulême 22 mai 1999.

Une série de meurtres secoue la bonne ville d’Angoulême, qui n’en demandait pas tant pour se réveiller de sa torpeur pré-estivale.

A une heure d’écart deux corps sont découverts, morts par strangulation. Une infirmière et un docteur, qui tous deux exerçaient leur art dans la clinique des Ajassons située dans la commune de La Couronne, célèbre pour sa papeterie et sa cimenterie. Bientôt la découverte par la femme de ménage du docteur Dhuillier, des cadavres de ses patrons et de leurs enfants, sans oublier le chien, est enregistrée au commissariat. Tous ont été étranglés, sauf le chien qui lui a été égorgé. Dhuillier travaillait également à la clinique des Ajassons, mais faut-il parler d’épidémie ? Xavier remarque qu’ils vont manquer de personnel à force.

Alors Maud, Xavier et Irwan décident de se rendre à l’établissement qui perd ses employés comme si un raz-de-marée mortifère venait de se produire, et rencontrent la docteur Eléonore Bonnel, psychiatre, mais elle ne peut leur apporter aucun élément de début de réponse à cette hécatombe. Une protection rapprochée lui est proposée, mais pour Irwan, cette enquête ne devrait pas trop poser de problèmes. Pour le commissaire non plus, puisqu’il les enjoint de résoudre cette affaire pour le lundi.

Or le couple Dhullier avait reçu à dîner toutes ces personnes, plus un artiste mais celui-ci reste introuvable. Il ne figure nulle part. Dans aucun registre. Probablement un nom d’emprunt. Mais autre chose se profile à l’horizon, et qui n’est pas du goût de Maud. Son Irwan semble plus qu’intéressé par la belle Eléonore, amoureux même. Et il n’apprécie pas la jalousie qui étreint Maud. Maud qui la nuit fait des cauchemars, avec une araignée comme protagoniste.

Parmi les personnages qui évoluent dans cette enquête, on remarquera la présence d’une femme romancière qui signe ses ouvrages M.B.D.

 

Des histoires simples, charmantes, prenantes, parfois un peu naïves, et qui s’intéressent tout autant à une énigme dont le thème n’est jamais le même, qu’à une région, l’Angoumois, géographiquement et historiquement, ainsi à la personnalité des protagonistes et les aléas subis principalement pas Maud et Irwan, et surtout leurs rapports parfois tendus.

Xavier est un historien amateur qui connait fort bien la région, les vieilles maisons et les monuments intéressants mais il trouve en Raphaëlle, la gamine de L’enfant mystère des terres confolentaises, un interlocuteur qui lui arrive non seulement à la cheville, mais lui apprend quelques anecdotes.

Quant à Maud et Irwan, leurs relations sont parfois sur la corde raide. Ils vivent séparément, même si l’inspecteur principal se rend souvent à Gond-Pontouvre chez Maud. Maud dont on apprend dans la première de ces historiettes qu’elle est enceinte.

Et l’évolution de leurs rapports se montre plus souvent intéressante que les intrigues policières en elles-mêmes.

Autre édition : JCL Editions (Chicoutimi – Québec - Canada). Décembre 2013.

Autre édition : JCL Editions (Chicoutimi – Québec - Canada). Décembre 2013.

Marie-Bernadette DUPUY : Nuits à haut risque. Les enquêtes de Maud Delage. Editions de l’Archipel. Parution le 7 juin 2017.  Pages. 19,50€.

Autre édition : JCL Editions (Chicoutimi – Québec - Canada). Décembre 2013.

Première édition : L’enfant mystère des terres confolentaise. Editions Le soleil de minuit 1998. 10,00€.

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2 septembre 2017 6 02 /09 /septembre /2017 10:20

Toujours vivaces malgré les nouvelles

technologies… ou peut-être à cause !

George SAND : Croyances et légendes de nos campagnes.

Si la région du Berry vous fait penser tout de suite à quelques images, dont celles qui figuraient dans nos livres d’histoires, connues sous le nom des Très Riches Heures du Duc de Berry, il ne faut pas s’arrêter à cette particularité de cette belle province, à ces représentations médiévales, mais en explorer l’histoire littéraire, culturel, patrimoniale, et j’en passe sciemment sinon je serais vite hors sujet.

Parmi les personnages célèbres qui possèdent des accointances avec le Berry, citons Jacques Cœur, Benjamin Rabier fabuleux dessinateur animalier, Jacques Tati, le cinéaste à la pipe et son personnage de Monsieur Hulot dont le premier long-métrage, Jour de fête, se déroule à Sainte-Sévère, et bien d’autres dont une certaine Amantine, Aurore, Lucille Dupin, baronne Dudevant plus connue sous le nom de George Sand.

Cet alias, elle le doit à sa collaboration avec Jules Sandeau, lorsqu’ils écrivirent ensemble Blanche et Rose en 1831 après avoir rédigé de nombreuses nouvelles, puis elle signera seule Indiana en 1832. Mais ce ne sont pas là ses débuts littéraires puisque dès 1829 elle avait écrit des récits de voyage sous son véritable patronyme, ainsi qu’un roman La Marraine.

Elle est connue, hors littérature, pour son engagement féministe, fustigeant le mariage et luttant contre les préjugés, par ses frasques amoureuses et sa tenue vestimentaire masculine, lançant une mode dont elle ne savait pas combien ceci allait prendre de l’importance quelques décennies plus tard.

Si ses premiers romans bousculent les conventions sociales et magnifient la révolte des femmes, c’est bien par la suite qu’elle aborde les problèmes de société, mettant en scène dans des romans champêtres le milieu paysan, avec des romans comme La Mare au diable, François le Champi, La Petite Fadette, pour ne citer que les plus connus, souvent édités dans des versions abrégées pour des collections juvéniles.

Elle s’inscrit dans un mouvement que l’on pourrait désigner comme romantique quoique s’imposant à contre-courant des idées prônées en ce qui concerne la Femme, et en même temps dans ces mouvements littéraires comme le naturalisme, l’existentialisme, l’humanisme, avant la lettre.

George SAND : Croyances et légendes de nos campagnes.

George Sand s’intéresse beaucoup à la vie des paysans, mais également aux légendes narrées à la veillée, ainsi qu’au folklore local, les mettant en scène dans ses romans et nouvelles, avec son apport personnel en ce qui concerne la religion. Dans l’une de ses correspondances avec un membre du clergé, en 1844, elle écrit ceci :

Je puis avoir beaucoup d'estime et d'affection personnelle pour des membres du clergé, et je fais point de guerre systématique au corps dont vous faites partie. Mais tout ce qui tendra à la réédification du culte catholique trouvera en moi un adversaire, fort paisible à la vérité (à cause du peu de vigueur de mon caractère et du peu de poids de mon opinion), mais inébranlable dans sa conduite personnelle. Depuis que l'esprit de liberté a été étouffé dans l'Église, depuis qu'il n'y a plus, dans la doctrine catholique, ni discussions, ni conciles, ni progrès, ni lumières, je regarde la doctrine catholique comme une lettre morte, qui s'est placée comme un frein politique au-dessous des trônes et au-dessus des peuples.

 

Or, dans certains des textes qui composent Croyances et légendes de nos campagnes, souvent George Sand revient sur la religion, gardant ses convictions et les intégrant dans des histoires à résonnance fantastique.

Ainsi dans La Petite Fadette, dont le nom masculin est Fadet ou Farfadet, créature légendaire qui signifie aussi esprit follet ou fée, le lecteur peut-il lire ce passage édifiant :

 

-Mais, disait Landry, ce que tu crois là, que le diable n’existe point, n’est pas déjà trop chrétien, ma petite Fanchon.

-Je ne peux pas disputer là-dessus, répondit-elle ; mais s’il existe, je suis bien assurée qu’il n’a aucun pouvoir pour venir sur la terre nous abuser et nous demander notre âme pour la retirer du bon Dieu.

 

Une façon de montrer que l’église joue avec les superstitions, quoiqu’elle s’en défende, lorsque cela l’arrange. De même dans Le curé et son sacristain païen, extrait de Promenades autour d’un village en 1857, un prêtre est choqué lorsque son sacristain lui demande de bénir des figurines en bois. Il prétend que ces personnages grossièrement taillés ne sont que la représentation d’idoles. Or, pourtant, les santons sont entrés dans les crèches des églises et y ont largement leur place, sans que quiconque y voie quoi que ce soit de profane. Et si dans Le métayer sorcier, même ouvrage d’origine, une superstition veut que les bœufs et les ânes aient la faculté de s’exprimer lors de la messe de minuit, ce symbole de la nativité m’a toujours étonné. Comment placer dans une crèche près du berceau de l’enfant Jésus un bœuf, un animal castré. ? Puis l’arrivée des bergers accompagnés de leurs moutons, animaux symboles de manque de réflexion et prêts à suivre un individu sans se poser de question.

Mais ce ne sont pas les seuls exemples mettant en scène un curé, souvent s’élevant contre les superstitions animant ses paroissiens, ceux-ci amalgamant les anciennes coutumes druidiques, ou ayant fait un ou des vœux durant leur jeunesse, ne voulant pas revenir sur la parole donnée.

George SAND : Croyances et légendes de nos campagnes.

Georges Sand défend également, entre autres, les Compagnons du Tour de France, origine de la Franc-maçonnerie. Dans Le sabbat des compagnons, extrait de Le compagnon du Tour de France 1840, un vieillard, entrepreneur en menuiserie, reproche à son fils de vouloir embaucher deux ouvriers issus du compagnonnage, déclarant :

Il te faut des compagnons du Tour de France, des enfants du temple, des sorciers, des libertins, de la canaille de grands chemins.

L’on retrouve bien cette peur de l’étranger, issu d’autres régions, et de ceux qui pratiquent une façon de travailler, de penser, de vivre, que celle à laquelle les anciens sont habitués. Or cette appréhension existe toujours, malgré le brassage, les moyens modernes de communication. Mais elle s’exprime autrement.

Les animaux, dits surnaturels, surtout les loups, font partie du folklore paysan, et l’on ne s’étonnera dont point de retrouver certains personnages qui étaient considérés comme marginaux, le meunier ou le cornemuseux.

 

Ce recueil est constitué d'un florilège de George Sand car si tout tourne autour des légendes, il s'agit d'extraits puisés, soigneusement, par Christophe Matho dans les ouvrages de la grande Dame de Nohant, tels que La petite Fadette, Jeanne, Légendes rustiques ou encore Les maîtres sonneurs.

Et il nous incite à lire ou relire ces ouvrages, dans des versions non édulcorées, non abrégées, et l’on se rendra compte que Georges Sand fut une grande femme de lettres, dont les écrits n’étaient pas si anodins que ceux qui étaient destinés à la jeunesse pouvaient le laisser croire, et que dans ses textes, elle prônait un humanisme, mot un peu galvaudé de nos jours, dont devraient s’inspirer de nos jours bien des religieux, des hommes politiques, ou tout simplement des intégristes de tous bords.

 

A signaler les très beaux et charmants textes de Jeannine Berducat qui signe la préface, de Maud Brunaud, l’avant-propos, et de Michèle Dassas qui a écrit la postface, sans oublier l’iconographie dont certaines images signée de Gustave Doré mais de bien d’autres illustrateurs, dont malheureusement le nom n’apparait pas toujours.

 

George SAND : Croyances et légendes de nos campagnes.

A lire également dans le même registre :

George SAND : Croyances et légendes de nos campagnes. Collection Passeurs de mémoire. Editions CPE. Parution 3 mars 2017. 158 pages. 20,00€.

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17 août 2017 4 17 /08 /août /2017 13:05

C'est dur de partir, de laisser au pays une femme enceinte et de bonnes terres labourables.

Jean-Claude PONÇON : Le fantassin d'argile.

C'est d'autant plus dur qu'il faut rejoindre le front, du côté de Reims. Et Louis ne comprend pas, et il n'est pas le seul, pourquoi il est mobilisé. Sûr qu'il serait mieux à la ferme en ce mois de juin 1916, alors que Marie est sur le point d'accoucher et qu'il va falloir rentrer les foins puis les blés. Alors, dans les tranchées, Louis se morfond, malgré les orages d'obus allemands.

Il pense à Marie, à son futur bébé. Mais il a peur, peur que Marie le trompe. Avec le notaire ou encore le mitron dont elle l'entretient dans ses lettres. Alors l'idée de déserter s'incruste dans l'esprit de Louis et il prépare des vivres dans une musette qu'il cache dans une grange. Un accident cardiaque le conduit à l'hôpital. Il fait la connaissance d'une infirmière et tous deux sympathisent. Elle va jusqu'à lui procurer des vêtements civils.

Là-bas, dans la Beauce, Marie accouche d'un petit garçon. C'est une femme de la ville et si elle aime la campagne, la vie à la ferme ne l'enchante guère. Mais elle est charnelle et Louis le sait. Alors il s'inquiète. Comment réagit-elle, maintenant qu'elle est mère, délivrée et seule?

Un soir, il saute le pas et déserte. Lorsqu'il arrive à la ferme, après un long périple pédestre, il la surprend dans les bras d'un homme.

 

Chronique intime d'une vie ordinaire durant la Première guerre mondiale, Le fantassin d'argile nous compte les affres d'un homme attaché à sa terre, à sa femme, et qui se retrouve déboussolé‚ loin des ses attaches. Il n'a pas demandé à partir et la jalousie le tenaille. Il n'a pas confiance : sa femme n'est pas issue de son milieu et elle ne s'est pas véritablement intégrée à sa nouvelle famille, aux travaux de la terre qu'elle a toujours dédaignés.

D'ailleurs le ménage ne s'était pas installé dans la ferme familiale. Ils vivaient à la ville et Louis tous les jours partait à vélo pour soigner les bêtes et s'occuper des travaux des champs.

Mais ce roman consacré à un couple durant la Première Guerre Mondiale met en exergue l'antagonisme qui existe entre le monde rural et la Ville. Et l'on s'aperçoit que la guerre engendre des dommages collatéraux à l'encontre d'individus qui sont envoyés sur le front pour des causes belliqueuses auxquelles il ne comprennent ni les tenants ni les aboutissants.

Un roman sobre et qui transpire l'amour de la nature.

 

Réédition Pocket. Parution 15 juin 2006. 188 pages.

Réédition Pocket. Parution 15 juin 2006. 188 pages.

Jean-Claude PONÇON : Le fantassin d'argile. Collection Terra. Le Cherche Midi éditeur. Parution octobre 1994. 188 pages.

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