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22 décembre 2018 6 22 /12 /décembre /2018 15:12

Tout petit avec des grandes oreilles… !

Revue Rocambole N°85 : Mickey, une publication populaire.

A quatre-vingt-dix ans, la petite souris aurait pu prendre une retraite bien méritée ! C’est sans compter sur son charisme, son empathie avec les enfants (et les adultes !), son altruisme, sa joie de vivre, sa bonne humeur communicative, son éternelle jeunesse, et il n’est pas près d’abandonner !

Plus qu’un hommage à Mickey, ce dossier est consacré au Journal qui a enchanté durant des années bon nombre de lecteurs juvéniles, adolescents, et pourquoi pas adultes qui lisaient (lisent encore ?) ce magazine en cachette dans les toilettes.

Les collaborateurs de ce dossier se sont attachés à effectuer une rétrospective des deux magazines et à leurs cousins qui, en France, ont inondé les étals des kiosquiers. En effet Le Journal de Mickey a connu deux vies, la première à partir de 1934 lorsque Paul Winkler l’a créé avec l’aval de Walt Disney, la seconde en 1952, après une période de latence durant la Seconde guerre mondiale au cours de laquelle ne survécurent pas quelques magazines publiés en simultané : Robinson et Hop-là, fin des années 1930, et Donald qui fut édité de 1947 à 1953

 

Ce numéro, qui semble avoir été bouclé en urgence, est le complément indispensable à la revue hors-série du Journal de Mickey, éditée pour les 90 ans de la petite souris, une chronique que vous pouvez retrouver en fin d’article.

En effet, au travers des divers articles composant le dossier, on retrouve parfois les mêmes éléments décrits par leurs auteurs, éléments répétitifs et plus ou moins développés selon le thème proposé. Les différents rédacteurs se penchent sur la partie française du magazine, revenant sur sa création puis l’essor qui marqua les années 1952 à 1970.

Dans ce magazine, ne figuraient pas uniquement des planches ou des histoires complètes dont Mickey était le héros, dont la série historique de Mickey à travers les siècles, mais des romans puisés dans l’univers de Jules Verne à travers les adaptations télévisées ou cinématographiques par Disney et son équipe ou des romans-feuilletons issus de la littérature américaine, que ce soit dans la première série de Mickey, c’est-à-dire de 1932 à 1940 ou dans la seconde série à partir de 1952. Des romans qui mettaient en scène des personnages récurrents comme Franck Sauvage alias Doc Savage, signés Kenneth Robeson, ou des romans de H. Rider Haggard, d’Edgar Rice Burroughs, ou encore Yves Dermèze, Conan Doyle et bien d’autres.

Des feuilletons qui s’inscrivaient également dans l’air du temps sous forme de bandes dessinées et dont les titres ne manqueront pas de raviver d’agréables souvenirs à certains lecteurs : Zorro, Thierry la Fronde, Le temps des copains dont l’un des interprètes se fera un nom comme imitateur de Charles De Gaulle, j’ai nommé Henri Tisot.

Un numéro, malgré certaines répétitions et erreurs, intéressant et se démarquant quelque peu de la production éditoriale du Rocambole, même si cette revue est destinée à explorer la littérature populaire sous toutes ses formes.

Parmi les erreurs et bévues relevés, je citerai une affirmation qui dure depuis des années, malgré les nombreux rappels que j’ai pu effectuer ici ou là. A ce propos voir mon entretien avec Alain Page ici. Jacques Baudou, dans son article De l’influence des feuilletons et des séries TV sur les bandes dessinées publiées dans Le Journal de Mickey, écrit dans sa note 2 : La forêt frémit à l’aube d’Henri Dalbret (pseudonyme d’Alain Page). Or Alain Page n’a jamais utilisé le pseudonyme d’Henri Dalbret !

Dans Histoire du Journal de Mickey, article signé Michel Mandry qui a travaillé durant quarante dans le magazine d’abord comme rédacteur, puis rédacteur-en-chef et enfin comme conseiller technique, adaptateur, formateur et archiviste, des notes sont annoncées mais ont mystérieusement disparu.

Enfin Daniel Compère écrit, dans Un romancier populaire dans Le Journal de Mickey : le cas particulier de Jules Verne, … plus récemment, en avril 2005 (année du centenaire de la naissance de Jules Verne)… il faut lire évidemment année du centenaire du décès de Jules Verne !

D’autres articles complètent ce dossier dont ceux de Jérôme Serme qui exhume Les enquêtes de Rossiter Simon Logan de Roger Hutchins, article Dans les mines du second rayon, ou encore de Fleur Hopkins qui nous raconte L’histoire du prix Maurice Renard, ou encore de Patrick Ramseyer qui nous livre le Coin des pseudonymes et autres recherches biographiques.

Enfin, pour la bonne bouche dans la rubrique Les contes du Rocambole, La vapeur écarlate, une courte nouvelle illustrée de Gustave Le Rouge et présentée par Alfu. Ce court récit, publié en six feuilletons dans l’hebdomadaire Les Trois couleurs du 4 avril au 9 mai 1918, ressemble à un scénario ou à un synopsis qui aurait pu être plus longuement détaillé mais ne boudons pas notre plaisir.

 

Revue Rocambole N°85 : Mickey, une publication populaire. Editions AARPP. Parution décembre 2018. 176 pages. 18,00€.

ISBN : 978-2-912349-72-9

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21 décembre 2018 5 21 /12 /décembre /2018 05:30

Un titre Célinien...

BEHEMOTH : Voyage au bout du jour.

Depuis la mort de sa femme, Philippe, expert-comptable dans une grosse société, est complètement désemparé.

A tel point que son patron lui enjoint d'aller se reposer quelques jours aux frais de la princesse.

Alors il vadrouille, mais ne prend aucun plaisir à son périple breton qui le mène jusqu'à Brest. Là, dans un café crasseux, minable, il fait la connaissance de Liane, la serveuse, une jeune fille désabusée, genre souillon attendant le Prince Charmant.

C'est l'escapade sur l'île d'Ouessant où ils recherchent leur second souffle et l'oubli. Et ce qui aurait pu être une lune de miel agréable se transforme en cauchemar.

Des pieuvres géantes sèment l'horreur, l'angoisse; l'épouvante.

Mais d'où viennent ces monstres marins ?

Et ce yacht noir qui croise au large, n'est-il pas une émanation de l'enfer ?

Des questions angoissantes, certes, mais des réponses encore plus terrifiantes.

 

Sous le pseudonyme de Béhémoth, l'auteur n'en est pas à son coup de maître. En effet il s'est fait connaître au Fleuve Noir sous les pseudos de Kââ et de Corsélien, mais son passage dans une jeune maison d'édition concurrente l'a obligé de changer d'alias.

C'est un auteur déroutant, irritant, à l'écriture et aux narrations en dents de scie. On ressort de ce livre un peu frustré en ayant l'impression d'être passé à côté d'un chef-d'œuvre de la littérature d'épouvante.

Il joue avec les nerfs, selon le principe de la douche écossaise, mais cela est peut-être dû à sa condition d'enseignant puisqu'il est professeur de philosophie politique.

Peut-être a-t-il rédigé rapidement cet opus, pressé par Patrick Siry qui montait sa maison d'édition après avoir quitté le Fleuve Noir, ou s'être fait débarqué, rameutant autour de lui quelques pointures de cet emblématique éditeur populaire. Ainsi que Gourdon, ce fabuleux dessinateur qui a tant œuvré pour le Fleuve Noir, lui apportant ses lettres de noblesse.

Ce roman a été réédité dans le volume 2 titré Corps et liens sous les noms de KAA/CORSELIEN chez Rivière blanche :

BEHEMOTH : Voyage au bout du jour. Collection Maniac N°3. Editions Patrick Siry. Parution septembre 1988. 160 pages.

ISBN : 2-7391-0010-8

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20 décembre 2018 4 20 /12 /décembre /2018 05:13

Prends-moi dans tes petits bras…

Elaine CUNNINGHAM : L’étreinte de l’Araignée.

La collection Royaumes Oubliés, est l’une des collections issues des jeux de rôles, avec Birthright, Battletech, Earthdown, Ravenloff ou encore Lancedragon, toutes collections publiées par le Fleuve Noir dans les années 1990 avec plus ou moins de succès.

Nous retrouvons dans cet épisode Liriel l’Elfe noire et Fiodor de Rashemen à la recherche de la rune magique devant les libérer des malédictions auxquelles ils sont assujettis.

Ainsi Liriel, tout en étant une Drow, c’est à dire possédant les facultés de vivre sous l’eau comme les poissons, veut vivre à la surface de la croûte terrestre et Fyodor se méfie de ses réactions qui le poussent à se mettre en fureur à la moindre occasion alors que c’est un pacifiste convaincu.

Liriel, qui a gardé une grande partie de ses dons, délivre le capitaine Hrolf des geôles de Port-au-Crâne où il est enfermé après un bagarre mémorable. Liriel embarque sur le Demoiselle Elfe, le vaisseau de Hrolf lequel, malgré son statut de capitaine, a bien du mal à faire accepter comme passagère une femme, une Drow qui plus est, même si celle-ci l’a tiré des prisons de Port-au-Crâne.

Départ pour de nouvelles aventures avec à bord Fyodor qui tente, parfois en vain, de ne pas se montrer vindicatif envers les membres de l’équipage, et Ibn le second qui n’apprécie guère la proximité de Liriel. Une femme à bord ! Synonyme de malheur.

Pendant ce temps la Matrone toute puissante de Menzoberranzan désire retrouver Liriel, non point par esprit de famille mais parce que la Drow possède une amulette magique qui devrait lui permettre de réaliser ses souhaits de dominatrice.

 

Entre les pirates, les poulpes géants, les Elfes aquatiques, les merrow, les illithide et tutti quanti, le lecteur se perd un peu dans une histoire brouillonne, dont les événements se bousculent comme si Elaine Cunningham accrochait les épisodes au petit bonheur la chance.

Parfois ennuyeux, parfois agréablement enlevé, ce roman est un peu un fourre-tout, une fourmilière d’idées qui laisse sur sa faim. Le lecteur qui suit avec assiduité cette série s’y retrouvera sûrement, les autres n’ont qu’à s’accrocher au wagon, ou plutôt au navire et à se laisser embarquer dans des aventures dont le fantastique emprunte quelque peu à la mythologie.

Elaine CUNNINGHAM : L’étreinte de l’Araignée. Le monde d’Ombre-Terre 3 (Tangled Webs – 1996. Traduction de Michèle Zachayus). Collection Les Royaumes Oubliés N° 39. Editions Fleuve Noir. Parution mai 1999. 256 pages.

ISBN : 2-265-06589-7

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19 décembre 2018 3 19 /12 /décembre /2018 05:27

Ohé, ohé, matelot, matelot navigue sur les flots…

Jean-Marie ROBILLARD : La route des matelots.

Souvent, parce qu’ils sont destinés aux enfants, les adultes négligent les romans ou recueils de contes, de nouvelles, écrit avec amour, passion, tendresse pour la jeune génération.

C’est un peu dommage car, outre les bienfaits de se retremper l’espace de quelques heures dans une ambiance, dans une atmosphère juvénile, les adultes pourraient se rendre compte qu’il est difficile de raconter des histoires avec des mots simples tout en imprégnant les textes de poésie.

Pouvoir tenir en éveil, captiver des enfants par la magie des mots alors qu’alentour tout concourt, que tout les invite à poser le livre qu’ils tiennent en main et à aller s’amuser, regarder la télévision, jouer sur du virtuel, que sais-je encore, relève du tour de force.

Jean-Marie Robillard, qui fut instituteur dans la région de Granville, grâce à des textes fleurant bon la mer, les dunes, le terroir, les aventures maritimes, associant avec habileté quotidien et fantastique, situés souvent sur le littoral ouest du Cotentin, conte des histoires qui de prime abord paraissent gentillettes.

Et c’est là qu’intervient l’adulte, car ces histoires ne sont pas si innocentes que cela. Il se dégage de ces textes une formidable leçon d’amour pour son prochain, mais aussi du courage, de l’abnégation.

Par exemple, dans La maison sur la falaise, un jeune docteur, de retour de consultation, est invité par une vieille femme à rencontrer un vieillard qui lui fait cadeau d’une aquarelle.

Dans Brume, histoire de mer, d’apparition à la veillée, narré par Grand-Louis. Mais avec Grand-Louis, on ne sait jamais. Affabule-t-il ou raconte-t-il une histoire vraie ?

Dans Pompon, c’est un conflit de génération, conflit entre l’ancien et le moderne, entre le cheval et le tracteur, qui nous est proposé. Pompon qui ne rend plus de services et qui mange le foin réservé aux animaux de la ferme. Rentabilité avant tout ! Que devient la parcelle d’amitié, d’amour là-dedans ?

Dans Le bateau d’Emile, on assiste au sauvetage d’un canot parmi les éléments déchaînés.

Avez-vous déjà entendu le chant des baleines ? Non ? C’est dommage ! Mais saviez-vous que les baleines étaient capables de montrer leurs sentiments d’une autre façon ? Pourtant, c’est ce que Jean a vu là-bas, à l’autre bout du monde, dans l’Antarctique. Une histoire qui a pour titre L’homme aux baleines.

En lisant La route des matelots de Jean-Marie Robillard, je suis sûr que vous reviendrez sur certains préjugés qui font du tort à la littérature enfantine.

 

Jean-Marie ROBILLARD : La route des matelots. Illustrations de Claire Forgeot. Collection Zanzibar N°32. Editions Milan. Parution janvier 1988. 94 pages.

ISBN : 9782867262838

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18 décembre 2018 2 18 /12 /décembre /2018 05:39

Une ligne à ne pas franchir !

Laurence GOUGH: Ligne dure

Oscar Peel et Pat Nash, pris de panique à la vue d'une vedette de police, ont jeté par-dessus bord leur cargaison, soit environ vingt kilos d'héroïne représentant la modique somme de 80 millions de dollars.

Le roi de la drogue à Vancouver, Gary Silk charge Franck, son garde du corps, et Nash d'abattre le fautif. L'exécution a lieu près d'un appontement et le corps balancé à l'eau. La voiture, accidentée, est laissée sur place. Les officiers de police Jack Willows et Claire Parker découvrent des impacts de balles, des traces de sang et une douille dans le véhicule abandonné. Un cadavre est retrouvé accroché à une pile de pont. L'autopsie et les relevés d'empreintes digitales permettent d'identifier le noyé. Il s'agit d'Oscar Peel. Willows et Parker se rendent chez la jeune veuve, une gamine de vingt ans qui allaite son enfant. Elle donne tous les signes d'une droguée.

Pendant ce temps, Paterson, le patron d'une entreprise de logiciels, est au bord de la faillite. Il entrevoit une solution à ses déboires lorsqu'il aperçoit deux gamins jouant avec un sachet de poudre. Se faisant passer pour un flic, il confisque le sac récupéré sur la plage. Il prend une chambre dans un hôtel minable et demande trois prostituées, partant du principe que sur les trois une au moins est droguée. Randall, le protecteur des filles, est intrigué et lui tire les vers du nez. Paterson propose la marchandise puis se rend compte qu'il est dans une nasse. Il tire sur Randall, le blesse et s'enfuit. Il épluche des coupures de journaux afin de connaître le nom d'un dealer notoire et relève le nom de Gary Silk. Franck et Nash font alliance. Franck déteste de plus en plus les manières odieuses de son patron. Il décide de l'éliminer et Nash par la même occasion. Nash de son côté est dans le même état d'esprit.

Une plaque de métal est retrouvée dans le sac ayant enveloppé le cadavre de Peel. Il s'agit de la base d'un trophée décerné lors d'un concours de squash. Renseignements pris auprès d'un professionnel, le trophée a été remis à Silk. Willows et Parker, débarquent accompagnés d'une quinzaine de policiers chez Silk, lequel est en compagnie de Franck et consorts. La fouille des hommes permet de trouver des armes dont celle qui a servi à tuer Peel.

 

Entre les démêlés d'un PDG en proie à des problèmes financiers, un roi de la drogue imbu de lui-même et méprisant les autres, un couple de policiers qui pratiquent esprit d'équipe et amitié complice pour ne pas dire amoureuse, et autres protagonistes, Laurence Gough propose des personnages à la limite de la caricature ou du pastiche.

Pourtant ils sont crédibles, tout comme l'est l'intrigue, qui maniée avec précision n'en possède pas moins un humour sous-jacent. Un roman qui se lit avec d'autant plus de plaisir qu'il ne convoie pas de message et les temps morts sont inexistants. Les personnages sont décrits en quelques lignes.

Un petit coup de griffe est destiné au passage envers les sportifs et leurs facultés intellectuelles, et le mauvais caractère de McEnroe qui semble la bête noire de Laurence Gough.

 

Laurence GOUGH: Ligne dure (Hot shot - 1989. Traduction de Laetitia Devaux). Collection Les Noirs N°26. Editions Fleuve Noir. Parution le 1er septembre 1997. 318 pages.

ISBN : 978-2265061781

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17 décembre 2018 1 17 /12 /décembre /2018 13:14

Comme j’aime… !

Aline BAUDU : Sous la carapace

Selon les âges, les cultures, les décisions parfois aberrantes des créateurs de mode, la Femme peut être enrobée telle qu’elle est représentée par Rubens ou Botero, ou filiforme, sac d’os monté en échalas exigé par des couturiers qui s’inquiètent plus de leur réputation que de la santé de leurs mannequins.

Comme l’affirme la sagesse populaire, il vaut mieux faire envie que pitié. Tout autant les hommes que les femmes aux formes rondelettes étaient considérés comme des bons vivants, aux mœurs libres, à l’esprit joyeux. Les maigriots étant des personnages fourbes, sournois, amers.

Seulement il faut une juste mesure et ni trop gros ni trop maigre devient une doctrine que ne suit pas toujours le métabolisme qui n’en fait qu’à sa tête. Et selon les exigences de chacun, ou imposées par l’entourage, il faut alors se conformer à un régime strict ou pas, conseils fournis par des diététiciens ou des charlatans.

Lulu, la narratrice, est mal dans sa peau. Ce n’est pas qu’elle soit à l’étroit, au contraire. Il y a trop de graisse autour de ses os. Au début elle ne prenait qu’un cachet et maintenant elle en est arrivée à vingt-deux, alors il a fallu prendre une décision énergique. Elle va en cure d’amaigrissement dans une clinique spécialisée en compagnie d’autres pensionnaires qui eux aussi sont affligés de surcharge pondérale.

Les débuts sont difficiles, et elle a du mal à s’intégrer. Son premier repas elle le prend seule, mais peu à peu elle s’intègre dans une petite communauté. Elle fait du sport, joue aux cartes, déroge parfois au régime, après tout il n’y a pas de mal à se faire du bien. Quoi que…

 

Vivez votre différence, et acceptez les autres comme ils sont. Mais encore faut-il s’accepter soi-même. Lulu est entraînée dans une spirale, une descente aux enfers à défaut d’une descente dans les cuisines.

Une nouvelle ancrée dans le quotidien, avec des personnages qui vivent dans un malaise constant, souvent à cause du regard méprisant ou apitoyé des autres. De ceux qui ricanent car ils se sentent bien, beaux, répondant à des canons de beauté qui évoluent au fil des siècles. Il ne faut pas déroger et se fondre dans l’uniformité, quitte à devenir des clones.

Un texte dérangeant, car après tout, on est peut-être concerné : on dépasse les critères d’une mode exigeante liée à une santé défaillante. Mais on n’est pas toujours responsable d’un métabolisme incontrôlable. Et l’on devient la cible des regards de ceux qui ne sont pas comme nous. Et inversement.

 

A lire également d’Aline Baudu :

Aline BAUDU : Sous la carapace. Nouvelle numérique. Collection Mélanges. Editions SKA. Parution le 1er décembre 2016. 11 pages. 1,99€.

ISBN : 9791023405644

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16 décembre 2018 7 16 /12 /décembre /2018 05:35

Sur l’écran noir de mes nuits blanches…

Michel PAGEL : Cinéterre.

Dans la série Moi j’aime le cinéma, Michel Pagel nous apporte une preuve éblouissante de son attachement et de ses goûts pour les toiles fantastiques en les accommodant et les transposant à sa manière, celle d’un chef.

Il reprend les personnages de Frankenstein, de Dracula et de Mircalla, alias Carmilla, l’héroïne de Sheridan Le Fanu, incarnés à l’écran par Christopher Lee, Peter Cushing, Boris Karloff et Ingrid Pitt. Il les réinjecte dans un roman où tout ce petit monde se côtoie, se combat, et comme figurants Michel Pagel fait appel à des héros qui se nomment Edmont (Dantès ?), le professeur Carrère (Jean-Claude Carrière, le scénariste qui sous le nom de Benoît Becker écrivit quelques Frankenstein au Fleuve Noir au début des années 50 ?), Yann Libert (Jean Libert, l’un des deux Paul Kenny ?) et quelques autres comme Brooks (Terry ?).

Mais reprenons depuis le début et suivons le guide, ou plutôt l’ouvreuse, comme au cinéma.

Yann, jeune étudiant privé de vacances car ses parents désirent qu’il révise afin d’obtenir son bac, est féru de cinéma. Sa “ claustration ” forcée dans la capitale ne l’empêche pas d’aller au cinéma, et plus particulièrement au Gothic, qui comme son nom l’indique est spécialisé dans la projection de films fantastiques, et plus particulièrement de vieilles toiles.

Un après-midi, il aperçoit une affichette demandant un projectionniste. Il se propose et comme il a l’habitude de ce genre de matériel, l’utilisant au ciné-club, il est embauché. Bonne opération puisqu’il va pouvoir visionner gratos. Et puis l’ouvreuse, Marion, n’est pas déplaisante à regarder. Là où ça se corse, comme disait Napoléon regardant son cheval brouter les arbres, c’est lorsque des inconnus à la mine patibulaire mais presque, s’introduisent dans la cabine, s’en prennent violemment au père de Marion et enlèvent celle-ci.

Ebaubi, stupéfait, ébahi, abasourdi, et tutti quanti, Yann les voit traverser l’écran. Lui, il ne rencontre qu’un mur lorsqu’il veut en faire autant. Carrère, le père de Marion, lui apprend, alors qu’il était jeune physicien, avoir été transporté dans le monde de Cinéterre, un monde parallèle issu du cinéma fantastique et à la botte de Frankenstein. Après quelques démêlés et en mettant au point un translateur de réalité, il avait réussi à revenir dans notre monde. Seulement Frankenstein n’avait pas apprécié cette défection et surtout il voulait s’accaparer l’engin magique d’où l’intrusion de ses sbires et l’enlèvement de Marion.

Youpi, qu’il dit Yann l’intrépide, une épée en main et je cours chercher la belle. Grâce à l’invention du père d’icelle, il traverse aisément l’écran et se retrouve dans une rue du XIXème siècle. Laquelle rue est plongée dans la nuit, lavée par une pluie battante et il s’affale sur les pavés glissants. Les débuts ne sont guère brillants mais à cœur vaillant (antienne connue…) Et les ennuis commencent.

Un chevalier lui propose la botte, enfin je veux dite un duel à l’escrime. Puis des trublions, séides de Frankenstein, se pointent, bagarre générale, et Yann et son compagnon sortent vainqueurs du combat, mais ce n’est pas tout. Il faut retrouver Marion. Et nous ne sommes qu’à la page 50 d’un bouquin qui en compte 315.

Bon, je ne voudrais pas trop déflorer l’intrigue, à la rigueur Marion (laissez-moi mes fantasmes s’il vous plait), et je n’évoquerai pour vous appâter que quelques scènes hautes en couleurs, quoique nous soyons plongés théoriquement dans un film en noir et blanc. Poursuites infernales en compagnie d’Edmont, l’homme qui voulut le provoquer en duel et qui est devenu un ami, traversée de la Manche et échouage sur les côtes de Rosbeafs suite aux agissements de vilains naufrageurs, cavalcades en Angleterre, délivrance d’une simili sorcière qui allait être immolée sur un bûcher, passage au XXe siècle histoire d’aller plus vite que les ravisseurs, voyage en avion jusqu’en Bucovine, région de la Transylvanie où perche Dracula, et… à vous de lire maintenant.

 

Véritable roman feuilleton en feux d’artifice, ça pète de partout, c’est frais, c’est léger, ça rebondit comme une gazelle énamourée au printemps alors que la savane reverdit sous l’ondée bienfaisante (peut-être un peu forte l’image !), bref c’est le livre indispensable pour ceux qui veulent renouer avec les phantasmes pré-pubères des romans d’action dans lesquelles le merveilleux s’accouple au fantastique.

Dumas, Zevaco, Féval, Stoker, Shelley (non pasteurisé), et les autres, n’ont qu’à bien se tenir, petit papa Pagel a plus d’un tour dans son ordinateur, ou son stylo plume, je ne sais pas trop, mais le bougre, il a du talent. On ne s’ennuie pas, et d’ailleurs pourquoi s’ennuierait-on avec un livre, hein, je vous le demande ?

 

Réédition : sous le titre Les Vampires derrière l’écran. Editions Degliame. Parution septembre 2003. 304 pages. 14,90€.

Réédition : sous le titre Les Vampires derrière l’écran. Editions Degliame. Parution septembre 2003. 304 pages. 14,90€.

Réédition numérique : collection science-fiction N°32. Editions Multivers. Parution juin 2016. 250 pages. 3,49€.

Réédition numérique : collection science-fiction N°32. Editions Multivers. Parution juin 2016. 250 pages. 3,49€.

Et sous son nom dans une suite du club des 5 :

 

Michel PAGEL : Cinéterre. Collection SF N°51. Editions Fleuve Noir. Parution septembre 1998. 320 pages.

ISBN : 2-265-06518-8  

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15 décembre 2018 6 15 /12 /décembre /2018 05:19

Mais ce ne sera pas pire que si c’était moins bien !

Williams EXBRAYAT : Ma vie sera pire que la tienne.

Dans la lignée de son célèbre homonyme, le grand Charles, Williams Exbrayat creuse son propre sillon, en marge des sentiers battus de la littérature policière, noire, populaire.

Mais cette homonymie n’est que patronymique, car l’univers littéraire qui les rassemble se décline différemment, tous deux étant de fort bon aloi. D’autant que Williams Exbrayat s’autoédite et donc ne bénéficie d’aucun support éditorial.

Construit comme un triptyque, chaque panneau narrant une histoire et l’ensemble s’intégrant dans une suite logique, ce roman pourrait être lu comme un recueil de nouvelles - d’ailleurs chaque partie possède son propre épilogue - indépendantes mais complémentaires. Ce qui confère un charme indéfinissable au récit qui oscille entre humour noir, dérision et une forme de désespoir liée à des événements qui n’entrent pas dans le cadre du récit mais l’engendre.

 

Première partie : Cloches célestes.

Le narrateur, dont on saura le nom par la suite, un prénom qui par ailleurs ne lui convient guère mais chut…, donc le narrateur a entrepris avec deux copains, des bras cassés comme lui, de dévaliser une villa de rupins semblant abandonnée, du moins vide de tout occupant. C’est en pleine campagne, alors pas de raison de se gêner pour s’approprier l’argenterie. Seulement, lorsque l’argent te rit au nez, tu risques de tomber sur un os. Et l’os se précise sous la forme de trois individus en blouse blanche avec masques chirurgicaux sur le nez et lunettes de protection.

Les trois hommes sont tombés dans un repaire de petits chimistes en herbe et en gélules de captagon, une drogue qui comme le tabac peut nuire à la santé. Terminé le chapardage, il n’y a plus qu’à prendre ses cliques et ses claques, aïe ça fait mal, et tenter de se sauver. Mais ce n’est pas du cinéma, et le narrateur et ses copains, Mycose et Paulo, sont embarqués dans une histoire dont ils n’avaient pas imaginé la fin. Surtout Paulo et Mycose. Car si le narrateur s’en sort, c’est parce qu’il possède du répondant, qu’il se réfugie dans la campagne profonde et la maison d’un oncle décédé, qu’il aime Leïla, sa copine dont il n’a plus de nouvelles, et qu’il doit s’occuper de Disco Boy, le bouledogue bringé de feu son oncle qui se délecte de grandes lampées de bière tout comme son nouveau maître.

 

Deuxième partie : Braquage(s).

Trois anciens présidents de la république ont décidé de braquer un casino. Ce qui étonnera le lecteur qui sera mis en présence de Chirac, Hollande et Sarkosy, car comment imaginer que ces trois hommes puissent s’attaquer à un établissement de jeux. Ne vous leurrez pas, ces trois hommes portent des masque mais leur intention est bien de s’emparer de l’argent, ce qu’ils réussissent à faire tout en emmenant en otage une hôtesse, ce que les romanciers machistes appelleraient une belle plante mais restons courtois et digne. Donc ils prennent en otage Sahora, une ancienne athlète qui a dû abandonner la course à pied à cause d’une cheville défaillante. Chirac pète les plombs en arrosant un couple de flics, deux copains qui ne demandaient rien à personne, et Hollande est blessé par une balle perdue. C’est ce qu’on écrit en général car le projectile n’est pas perdu puisqu’il a atteint la jambe du niais. Je parle du braqueur bien entendu. Et ils s’enfuient jusqu’à un endroit situé non loin où s’est installé le narrateur de la première partie. Le Patron des trois chimistes n’est pas satisfait de la spoliation dont il est la victime et il se lance en compagnie de ses sbires sur la trace des présidents.

Bien entendu la rencontre est inévitable, des morts sont dispersés dans les bois et les fourrés, tandis que le policier rescapé se met activement à leur recherche.

 

La troisième partie, Malbête, est un peu la synthèse des deux premières, Une suite dont on a perdu en cours de route quelques protagonistes et qui nous en fera découvrir d’autres, toujours dans une histoire qui relève de la pérégrination débridée, d’autres événements se greffant sur les deux précédents récits.

 

Dans un style particulier, narration à la première personne d’abord, puis narration normale à la troisième personne, et enfin parole est donnée à quelques uns des personnages qui s’investissent, volontairement ou non, dans cette intrigue débridée, décalée, étonnante et détonante, diabolique presque. Un roman déstructuré et pourtant à la structure, la construction précise, implacable, laissant toutefois au lecteur la possibilité de combler quelques manques.

Tout au long du récit, un personnage apparait en compagnie de ses deux chiens et une bête rousse nargue animaux et humains. Sont-ils là pour le décor ou jouent-ils leur partition comme ces rôles très secondaires, au théâtre et au cinéma, qui paraissent insignifiants mais marquent profondément de leur empreinte la pièce dans laquelle ils évoluent comme figurants ?

Penchés sur les épaules de Williams Exbrayat, tapis dans l’ombre, j’ai cru reconnaître ces auteurs américains de premier plan, pour la plupart injustement oubliés de nos jours, dont Jim Thompson, Charles Williams, Day Keene ou encore Brett Halliday. Seulement, ceci ne se passe pas aux Etats-Unis, mais pour la plus grande partie en Ardèche.

Un autre avis sur ce roman ? N’hésitez pas à vous rendre sur le site ci-dessous :

Williams EXBRAYAT : Ma vie sera pire que la tienne. Independently published chez Amazon. Parution 29 août 2018. 232 pages. 12,99€. Version Kindle : 3,99€.

ISBN : 978-1719901536

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14 décembre 2018 5 14 /12 /décembre /2018 06:31

Quand on vous dit qu’il est préférable d’aller chez son libraire !

Maurice LIMAT : Amazone de la mort.

Depuis que sa fiancée Christiane est décédée d'un arrêt cardiaque quelques semaines auparavant, Cyrille, toutes les nuits, est en proie à un horrible cauchemar.

Ce cauchemar récurrent est devenu comme une idée fixe. Christiane l'appelle à l'aide, elle veut qu'il vienne la chercher, il aperçoit une sorte de machine, un laboratoire, mais il ne peut rien faire pour la sortir de ces limbes dans lesquels elle est engluée.

Il consulte un toubib qui, après examens, ne lui trouve aucun symptôme psychique. Cyrille, vingt-neuf ans, est un homme dans la force de l'âge, bâti en athlète, en pleine possession de ses moyens physiques ou mentaux. Le docteur Sorbier, le praticien auquel a eu recours Cyrille, qu'il connait bien puisque c'était le médecin de famille, préfère demander à son ami Teddy Verano, le détective de l’étrange et du surnaturel, de rencontrer le jeune homme et d'établir son diagnostic.

Teddy Verano est persuadé de la véracité du récit de Cyrille et pour s'en convaincre, il se rend en compagnie de celui-ci près de Pacy-sur-Eure, dans le petit cimetière où est inhumée Christiane. De nuit, munis de pelles, les deux hommes mettent au jour le cercueil simplement enfoui sous un tumulus en attendant la dalle définitive. Cyrille ne ressent pas la présence de Christiane. Pour cause, et leur surprise est énorme lorsqu'ils s'aperçoivent que le cercueil est vide !

Teddy décide alors de poser quelques questions au fossoyeur qui a procédé à l'inhumation. Pour cela il se rend au village, affublé de l'alias de Théodore Verdier, représentant, afin de récolter des renseignements sur Paul Halbin, le croquemort. C'est un ivrogne qui n'a pas bonne presse dans le bourg. Deux jours plus tard, Teddy et Cyrille se présentent de nuit à la cahute d'Halbin. Ils repèrent les lieux et c'est ainsi qu'ils distinguent l'arrivée d'une jeune femme habillée de noir. Une fenêtre leur permet d'assister au spectacle, malheureusement ils n'entendent rien. La femme parle et à un certain moment elle ôte son manteau noir et apparaît nue. Halbin veut la toucher mais dès qu'il a frôlé l'épiderme de sa visiteuse, il retire sa main comme s'il s'était brûlé.

Puis elle sort. Teddy décide de la suivre. Elle passe près d'eux, marche d'un pas mécanique, dégageant un froid glacial, puis s'évanouit dans la nature. Le détective et son compagnon retournent à la cabane. L'ivrogne délire puis s'emparant d'une pelle en frappe Cyrille, le blessant. Teddy l'assomme à moitié. Toutefois il parvient à le faire parler mais l'homme ne peut que bredouiller quelques mots. La femme, qu'il ne connaît pas, ayant la peau glacée et pourtant brûlante, et les tombes, qu'il a violées, toutes recelant des jeunes femmes. Il est trop saoul pour continuer et s'effondre. Teddy remet à plus tard leur entretien et c'est le retour sur Paris. Mais ils n'ont roulé que quelques kilomètres lorsqu'ils distinguent une lueur rouge. Un incendie. Celui de la cabane. Incendie provoqué accidentellement par Halbin qui s'éclaire à l'aide d'une lampe à pétrole ou incendie criminel ?

Teddy décide alors de consulter une de ses amis, la voyante Anita, afin qu'elle détermine si Cyrille est perturbé psychologiquement. En réalité elle décèle qu'il est médium mais elle apporte quelques révélations qui conforte Teddy de continuer son enquête.

Cyrille est mis provisoirement sur la touche et Gérard, le fils d'Yvonne et donc le beau-fils de Teddy Verano, va participer activement à l'enquête qui ne manque pas de les surprendre.

 

Maurice Limat reprend et développe le thème du mort-vivant, avec naturellement à l'origine de ces résurrections, un savant fou qui a mis au point une drôle de machine pour réaliser ses expériences.

Ce sont cinq femmes qu'il a ainsi réveillées, les Amazones de la mort comme il les appelle. Teddy et Gérard vont se trouver confrontés à ces cinq zombies et ne devoir la vie sauve que grâce à leur expérience, pour l'un, et la fougue de la jeunesse pour l'autre.

Comme toujours, une histoire simple que Maurice Limat déroule avec maîtrise, enchainant les actions en une véritable cascade d'épisodes tous plus dangereux et angoissants les uns que les autres. Le côté psychologique n'est pas appuyé, les agissements des personnages étant primordiaux.

Un bon roman d'angoisse et de suspense dans lequel le fantastique n'est pas une émanation spirituelle mais élaboré par un scientifique qui a mis au point une machine infernale. Et entre le cartésien et l'irrationnel la frontière est mince. Teddy Verano, tout en étant le détective des fantômes recherche la cohérence dans les événements.

Voyez-vous, monsieur Arcal, je n'aime pas trop le théâtre de Pirandello, et les jeux de logogriphes.

Et Maurice Limat renvoie son lecteur à deux aventures précédentes de Verano pour expliquer rapidement ses relations avec sa femme Yvonne, comment il l'a connue, ainsi qu'avec Gérard, son beau-fils qui l'admire sans réserve. Il ne s'appesantit donc pas sur la description de ces deux événements, les évoquant simplement en quelques lignes. Il s'agit de Les jardins de la nuit (Angoisse N°129) et de Mandragore (Angoisse N°101).

Maurice LIMAT : Amazone de la mort. Collection Angoisse N°154. Editions Fleuve Noir. Parution 3e trimestre 1968. 256 pages.

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13 décembre 2018 4 13 /12 /décembre /2018 06:07

Et sans carburant ? Une économie des sens !

David AGRECH : Deux mille kilomètres avec une balle dans le cœur.

Décerné pour la première fois en 1930 pour le roman de Pierre Véry Le Testament de Basil Crookes, le Prix du Roman d’Aventures est spécifique aux Editions du Masque, nouvelle appellation de La Librairie des Champs Elysées créée par Albert Pigasse. A l’origine ce prix était remis sur manuscrit, mais à la fin des années 60, il est devenu un prix d’éditeur. Certains des récipiendaires ont connu une carrière remarquable au sein même du Masque, ou chez d’autres éditeurs.

Ainsi Charles Exbrayat, Alexis Lecaye, Jacques Chabannes, Yves Dermèze, Michel Grisolia, Paul Halter, Jean Bommart, pour n’en citer que quelques uns dans le désordre. Certains se sont comportés honorablement, d’autres n’ont effectué qu’un petit tour et puis s’en va, liste que je me garderai bien d’établir par correction envers ces auteurs disparus de la scène littéraire prématurément. Souhaitons à David Agrech qui vient d’obtenir ce prix de pouvoir emprunter la voie de ses glorieux aînés.

 

Daniel Ferrey, qui a tenté de devenir traducteur d’anglais et effectué de petits boulots pour payer ses études, végète dans un quotidien sans relief. Son beau-frère Victor, investisseur immobilier, et sa sœur Sandrine l’hébergent de temps à autre, mais surtout grâce à Victor il peut gagner quelque argent en pariant sur les champs de course. Pas de grosses sommes, mais de quoi rembourser la mise que Victor lui a obligeamment prêtée au départ et en engrangeant de petits bénéfices.

Il ne joue pas à l’aveuglette, mais scientifiquement, étudiant les chances des chevaux participants aux courses, jouant ses favoris placés, ce qui lui rapporte grosso modo du dix pour cent. Mais alors qu’il attend sagement son bus, près d’un abribus où la photo d’un mannequin attire son œil et même les deux, une voiture arrive, et un individu lui tire quelques balles dont une dans le ventre.

Alors qu’il gît sur le bitume, son inconscient lui ordonne de ne pas tomber dans les pommes et il croit que la belle de papier est descendue de son support, lui prodiguant des encouragements à survivre jusqu’à l’arrivée des secours.

Il se remet tout doucement de ses blessures et lorsqu’il sort de l’hôpital, Victor lui offre un séjour au Maroc dans un hôtel de luxe afin qu’il se rétablisse dans le calme et la sérénité. C’est vraiment sympa de la part de son beau-frère, et Daniel ne peut que le remercier même s’il se demande s’il n’y a pas un coup fourré quelque part. Ce qui lui importe surtout c’est de retrouver son ange gardien et il parvient à obtenir son adresse. C’est ainsi qu’il fait la connaissance d’Anja, Norvégienne, et qu’ils sympathisent. Toutefois elle n’est pas la bonne fée désirée et il continue ses recherches pour enfin tomber sur Clara, une péripatéticienne.

 

Ceux qui souhaitent lire un roman d’action vont être frustrés, mais ceux qui privilégient les histoires de suspense psychologique vont être comblés.

Narré à la première personne ce roman est comme un sandwich, deux tranches d’action enveloppant deux histoires d’amour plus ou moins épaisses, pimentées de réflexions sur le système financier des paris hippiques et surtout comment ne pas perdre trop d’argent, la préférence allant aux petits gains assurés, le tout agrémenté des salades de Victor.

Parfois on pourrait penser lire une Harlequinade notamment lorsque les jeunes femmes relatent leur parcours, pourtant je n’ai pu m’en détacher lisant quasiment tout d’une traite.

Comme quoi, il suffit parfois de peu de choses pour installer une relation de confiance entre l’auteur et le lecteur et se trouver accroché. Mais j’attends du prochain roman de David Agrech une autre approche du roman policier afin qu’il nous démontre sa capacité à se renouveler. S’il y en a un autre…

David AGRECH : Deux mille kilomètres avec une balle dans le cœur. Le Masque Jaune N°2530. Editions Du Masque. Prix du roman d’aventures. Parution 13 octobre 2010. 384 pages. 8,00€.

ISBN : 978-2702435120

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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