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16 décembre 2018 7 16 /12 /décembre /2018 05:35

Sur l’écran noir de mes nuits blanches…

Michel PAGEL : Cinéterre.

Dans la série Moi j’aime le cinéma, Michel Pagel nous apporte une preuve éblouissante de son attachement et de ses goûts pour les toiles fantastiques en les accommodant et les transposant à sa manière, celle d’un chef.

Il reprend les personnages de Frankenstein, de Dracula et de Mircalla, alias Carmilla, l’héroïne de Sheridan Le Fanu, incarnés à l’écran par Christopher Lee, Peter Cushing, Boris Karloff et Ingrid Pitt. Il les réinjecte dans un roman où tout ce petit monde se côtoie, se combat, et comme figurants Michel Pagel fait appel à des héros qui se nomment Edmont (Dantès ?), le professeur Carrère (Jean-Claude Carrière, le scénariste qui sous le nom de Benoît Becker écrivit quelques Frankenstein au Fleuve Noir au début des années 50 ?), Yann Libert (Jean Libert, l’un des deux Paul Kenny ?) et quelques autres comme Brooks (Terry ?).

Mais reprenons depuis le début et suivons le guide, ou plutôt l’ouvreuse, comme au cinéma.

Yann, jeune étudiant privé de vacances car ses parents désirent qu’il révise afin d’obtenir son bac, est féru de cinéma. Sa “ claustration ” forcée dans la capitale ne l’empêche pas d’aller au cinéma, et plus particulièrement au Gothic, qui comme son nom l’indique est spécialisé dans la projection de films fantastiques, et plus particulièrement de vieilles toiles.

Un après-midi, il aperçoit une affichette demandant un projectionniste. Il se propose et comme il a l’habitude de ce genre de matériel, l’utilisant au ciné-club, il est embauché. Bonne opération puisqu’il va pouvoir visionner gratos. Et puis l’ouvreuse, Marion, n’est pas déplaisante à regarder. Là où ça se corse, comme disait Napoléon regardant son cheval brouter les arbres, c’est lorsque des inconnus à la mine patibulaire mais presque, s’introduisent dans la cabine, s’en prennent violemment au père de Marion et enlèvent celle-ci.

Ebaubi, stupéfait, ébahi, abasourdi, et tutti quanti, Yann les voit traverser l’écran. Lui, il ne rencontre qu’un mur lorsqu’il veut en faire autant. Carrère, le père de Marion, lui apprend, alors qu’il était jeune physicien, avoir été transporté dans le monde de Cinéterre, un monde parallèle issu du cinéma fantastique et à la botte de Frankenstein. Après quelques démêlés et en mettant au point un translateur de réalité, il avait réussi à revenir dans notre monde. Seulement Frankenstein n’avait pas apprécié cette défection et surtout il voulait s’accaparer l’engin magique d’où l’intrusion de ses sbires et l’enlèvement de Marion.

Youpi, qu’il dit Yann l’intrépide, une épée en main et je cours chercher la belle. Grâce à l’invention du père d’icelle, il traverse aisément l’écran et se retrouve dans une rue du XIXème siècle. Laquelle rue est plongée dans la nuit, lavée par une pluie battante et il s’affale sur les pavés glissants. Les débuts ne sont guère brillants mais à cœur vaillant (antienne connue…) Et les ennuis commencent.

Un chevalier lui propose la botte, enfin je veux dite un duel à l’escrime. Puis des trublions, séides de Frankenstein, se pointent, bagarre générale, et Yann et son compagnon sortent vainqueurs du combat, mais ce n’est pas tout. Il faut retrouver Marion. Et nous ne sommes qu’à la page 50 d’un bouquin qui en compte 315.

Bon, je ne voudrais pas trop déflorer l’intrigue, à la rigueur Marion (laissez-moi mes fantasmes s’il vous plait), et je n’évoquerai pour vous appâter que quelques scènes hautes en couleurs, quoique nous soyons plongés théoriquement dans un film en noir et blanc. Poursuites infernales en compagnie d’Edmont, l’homme qui voulut le provoquer en duel et qui est devenu un ami, traversée de la Manche et échouage sur les côtes de Rosbeafs suite aux agissements de vilains naufrageurs, cavalcades en Angleterre, délivrance d’une simili sorcière qui allait être immolée sur un bûcher, passage au XXe siècle histoire d’aller plus vite que les ravisseurs, voyage en avion jusqu’en Bucovine, région de la Transylvanie où perche Dracula, et… à vous de lire maintenant.

 

Véritable roman feuilleton en feux d’artifice, ça pète de partout, c’est frais, c’est léger, ça rebondit comme une gazelle énamourée au printemps alors que la savane reverdit sous l’ondée bienfaisante (peut-être un peu forte l’image !), bref c’est le livre indispensable pour ceux qui veulent renouer avec les phantasmes pré-pubères des romans d’action dans lesquelles le merveilleux s’accouple au fantastique.

Dumas, Zevaco, Féval, Stoker, Shelley (non pasteurisé), et les autres, n’ont qu’à bien se tenir, petit papa Pagel a plus d’un tour dans son ordinateur, ou son stylo plume, je ne sais pas trop, mais le bougre, il a du talent. On ne s’ennuie pas, et d’ailleurs pourquoi s’ennuierait-on avec un livre, hein, je vous le demande ?

 

Réédition : sous le titre Les Vampires derrière l’écran. Editions Degliame. Parution septembre 2003. 304 pages. 14,90€.

Réédition : sous le titre Les Vampires derrière l’écran. Editions Degliame. Parution septembre 2003. 304 pages. 14,90€.

Réédition numérique : collection science-fiction N°32. Editions Multivers. Parution juin 2016. 250 pages. 3,49€.

Réédition numérique : collection science-fiction N°32. Editions Multivers. Parution juin 2016. 250 pages. 3,49€.

Et sous son nom dans une suite du club des 5 :

 

Michel PAGEL : Cinéterre. Collection SF N°51. Editions Fleuve Noir. Parution septembre 1998. 320 pages.

ISBN : 2-265-06518-8  

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