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25 novembre 2018 7 25 /11 /novembre /2018 05:19

La théologie, c’est bien
L’athée sans logis, c’est moins bien !

Stanislas PETROSKY : Requiem pour un fou.

Il ne faut pas croire que parce qu’il est prêtre exorciste et agent du Sodalitium Pianum, les Services secrets du Vatican, que Requiem, alias Esteban Lehydeux, se tourne les pouces en attendant une hypothétique affaire de démonologie.

D’ailleurs, il sait bien que les démons ne se trouvent pas là où on les attend, mais souvent dans les coulisses du pouvoir. Mais n’extrapolons pas, ce n’est pas notre propos. Non, Esteban (d’église !) est, au moment où nous le retrouvons dans cette nouvelle aventure, fort occupé à aider les bénévoles de l’association Magdalena, basée à Boulogne-Billancourt. Cette association caritative vient en aide aux SDF et autres cabossés de la vie.

C’est alors qu’il reçoit un appel téléphonique de son ami Régis, le commissaire de police. Régis est sur une scène de crime et il a besoin des lumières, et du son par la même occasion, de son ami Requiem. En effet, par un pur hasard géographique, le corps d’un homme a été découvert dans un appartement de Boulogne-Billancourt et bille en tête notre curé se précipite, car il est impliqué.

En effet le cadavre, qui avait été placé dans un appartement destiné à la location, est agenouillé sur un prie-Dieu, des phrases sont inscrites sur une glace à l’aide d’un marqueur, des phrases qui se réfèrent à des prières mais dont des mots sont en trop, et surtout, surtout, le dernier roman publié en date de Requiem est retrouvé sur place. Et c’est bien cet ouvrage qui a inquiété le commissaire Labavure, Régis de son prénom. Que venait faire ce livre en cette galère !

Ceci aussi inquiète Requiem, toute la mise en scène en réalité. D’autant que d’autres corps sont retrouvés dans des conditions similaires, avec toujours des références religieuses légèrement détournées, et à chaque fois le roman de Requiem. A croire que l’assassin s’était constitué un stock d’ouvrages, ce qui est bon pour la vente, et donc sur le pourcentage qui ruissellera dans l’escarcelle de l’éditeur et de l’auteur.

Cécile, la copine de Requiem, celle qui lui permet de passer des nuits blanches, arrive sur les entrefaites pour le week-end. Ah heureux curé qui connait sa Bible et surtout la théologie chrétienne, qui sait que le célibat des prêtres n’a été décidé que depuis le concile du Latran de 1123, et bien d’autres références qui lui permettent de contourner la doctrine en vigueur, se prête volontiers au simulacre de la reproduction, un interdit que bravent allègrement certains religieux en s’occupant de la sexualité des gamins, se souvenant des paroles du Christ qui disait Laissez venir à moi les petits enfants.

Cécile qui accompagne Requiem sur les lieux de meurtres et donne la signification des messages inscrits sur les lieux des crimes et se rapportent à des chansons de Johnny Halliday. Oh Marie, si tu savais

Et comme Régis Labavure est dépendant d’un chef, un commissaire divisionnaire, qui n’apprécie pas (le mot est faible) l’intrusion de Requiem dans l’enquête. Monsieur le Divisionnaire est un grand lecteur, mais la littérature populaire, surtout policière, est au dessus de ses gammes de prédilection, alors un ouvrage d’une teneur guère orthodoxe, et encore moins catholique, ne plaide pas en faveur du prêtre-romancier.

Bientôt germe dans l’esprit (sain) de Requiem l’idée que le fauteur de troubles lui en veut et que la cible bientôt se sera lui. Et comme les morts étaient tous des cabossés de la vie, il requiert les compétences, via Falvo, son patron au Vatican, compétences dans des domaines pratiques, matériels et autres, notamment la venue d’une charmante maquilleuse. Et il se mêle au troupeau toujours plus nombreux des SDF (Sans Dents Fixes) qui attendent la provende distribuée par l’association caritative qu’il aide. Association qui n’est pas la seule à proposer des repas gratuits car d’autres effectuent un tri dans les bénéficiaires en distribuant de la soupe au cochon, ce qui exclue quelques faméliques.

 

Moins humoristique que dans ses précédents romans consacrés à Esteban Lehydeux, Stanislas Petrosky s’intéresse plus à un phénomène de société, celui des pauvres obligés de vivre dans la rue, ravitaillés par des associations caritatives dévouées, ou malfaisantes, par exemple les Identitaires.

Mais outre la dénonciation du traitement infligé à ces pauvres hères, l’auteur se défoule en pointant du doigt les dérives d’une société, dite moderne, qui régresse mentalement, sous couvert de la moralité. Le harcèlement sexuel de rue par exemple, toujours à mettre sur le compte des hommes naturellement, car les femmes n’oseraient jamais se promener en mini-jupe et fringues affriolantes et attiser la convoitise masculine. C’est bien connu !

Si j’ai écrit que ce roman est moins humoristique que les précédents, le contexte ne s’y prêtant guère, certaines scènes ou réflexions sont toutefois glissées ici et là afin d’apporter la note joyeuse indispensable à la décompression nécessaire exigée pour mieux savourer les coups de griffes, les coups de gueule, les idées de bon sens émises. Alors entre deux parties de soutane en l’air, et deux interpellations au lecteur et plus principalement à sa lectrice, l’auteur émet et glisse ses sentiments de révolte, ce qui ne changera rien à l’ordre des choses mais lui permet de se défouler et d’être en paix avec lui-même.

Avant d’être un roman humoristique, il s’agit d’un roman humaniste. Amen !

 

Si Facebook avait existé pendant la Seconde Guerre mondiale, le pauvre Jean Moulin aurait été dénoncé bien avant le 21 juin 1943.

 

Stanislas PETROSKY : Requiem pour un fou. Collection Polar. Editions French Pulp. Parution le 15 novembre 2018. 240 pages. 15,00€.

ISBN : 979-1025104040

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24 novembre 2018 6 24 /11 /novembre /2018 05:41

Il était une fois… dans quelques décennies et peut-être même avant !

Brice TARVEL : Une camionnette qui servait de volière.

Dans une vieille camionnette toute rouillée, qui ne peut plus rouler car amputée de ses roues, gisant dans un champ non loin de l’étang, vit Kadou. Il élève des grillus, petites bestioles semblables à des tiques qui, une fois infiltrées sous la peau, provoque des hallucinations et diffusent un sentiment de fausse plénitude. La nouvelle drogue des habitants de Varisse, de Courpigny et autres villages des environs du Chaudron.

Le Chaudron, un beau, ou plutôt un mauvais jour, s’est réveillé tel un volcan, éjectant ses nocivités radioactives, et depuis bon nombre de villageois des environs sont atteints de tares et difformités.

Ainsi Zuzu, la gamine dont une natte pousse plus vite que l’autre, avec des gambettes aussi grosses que des baguettes de coudrier. Gobe-Mouche, dont le cerveau n’est pas tout à fait rempli, tels les pots de confiture dans lesquels on a pioché et remis le couvercle à la hâte, et affublé d’un bec-de-lièvre guère encourageant, vit dans une péniche penchée sur l’eau. Il est, sinon amoureux, attiré par Zuzu et sa bouche. Il lui demande des trucs impossibles pourtant elle l’aime bien, mais pas trop, car il éloigne des individus pas trop honnêtes cherchant à lui nuire et les chiens errants susceptibles de lui mordre ses mollets de coq. Obèse, il déguste des grenouilles enfilées sur un bâton et cuites à la hâte.

Les habitants de Varisse, qu’il ne faudrait pas oublier, se terrent ( ?!) dans la fange de l’étang, seules dépassant leurs têtes aux cheveux bleuâtres. Les Xylolâtres, les adorateurs des arbres vêtus d’écorces. Braillet, le restaurateur qui s’obstine à vouloir pêcher des carpes immenses, et sa femme Patate-à-l’eau qui prépare la tambouille pour les maigres touristes qui fréquentent l’Auberge de l’étang.

Et puis il ne faudrait pas oublier non plus Ninichina, une poupée qui a perdu son tronc et la tête avec. Elle parle avec sa bouche inférieure qui sert également de divertissoire à Kadou lorsqu’il sent ses gonades déborder de sirop de corps d’homme. Il s’agit d’une droïde datant d’avant l’explosion du Chaudron, et qui n’a qu’une obsession, récupérer son haut probablement noyé près de la maison de l’éclusier. Ou encore Timo, le Tatoué, le bricoleur qui souhaite remettre en état de roule (on ne dit pas en état de marche quand on ajoute des roues) la camionnette du vieux Kadou. Et puis les Scruts, dont le rôle s’avère maléfique, tout en désirant étudier le comportement des survivants.

Enfin, le seul animal vivant qui n’a pas muté, Gamin, un chien atteint d’aucune maladie, n’ayant subi aucune déformation. Contrairement aux sauterelles aux élytres de cuivre, aux roseaux qui chantent dans le vent des airs des Beatles, j’en oublie mais bon, le décor est posé, c’est le principal.

 

Dans le ciel tournoient des aérostats, qui proviennent de Durocor, la grande ville qui a été épargnée ou presque. Des scientifiques qui ne font que vouloir embêter les rescapés du Chaudron, désirant effectuer des prélèvements afin de contrôler le taux de radioactivité. Ils sont habillés de combinaisons blanches comme des astronautes débarquant sur la Lune, avec un masque en forme de groin.

Un de ces dirigeables est obligé d’atterrir à cause d’une panne, et en sort quelques individus dont Riza, une Noire magnifique avec des perles chantantes dans les cheveux qui se prend d’amitié pour Zuzu. Et elle l’emmène avec elle à Durocor à bord de la nacelle d’un dirigeable. Pendant ce temps, Gobe-Mouche ne perd pas son temps, récupérant dans l’étang la moitié supérieure de Ninichina. Seulement il manque les bras. Il va falloir compenser cette absence de membres en les empruntant, bon gré mal gré à madame Longois, la maîtresse d’école qui serait elle aussi, selon les rumeurs, une droïde.

 

Voilà, vous avez tous les éléments ou presque, alors vous agitez bien ce roman et vous êtes immergé dans une histoire qui peut paraître farfelue, décalée, mais est terriblement annonciatrice de jours pas franchement gais.

Brice Tarvel se montre égal à lui-même, ou presque, dans ce thème fantastique post-apocalyptique, thème déjà exploré dans ses précédents romans, tels que Pierre-Fendre, L’or et la toise et Au large des vivants, les deux volumes composant Ceux des eaux mortes, ou encore Dépression.

Un thème de prédilection qui est traité avec une certaine bonhommie, une dérision humoristique mais sous lesquels se niche une forme d’angoisse palpable du destin de l’humanité. D’ailleurs ce thème est également traité dans Enfin l’Apocalypse, une nouvelle qui complète cet ouvrage. Le titre de cette nouvelle est assez explicite pour ne pas trop m’étendre dessus mais disons qu’après un problème nucléaire, encore ! il ne reste plus de vivants qu’une famille dans le village. Et l’on peut affirmer qu’il s’agit bien d’une nouvelle à chute.

Donc, si j’ai retrouvé avec plaisir l’ambiance et l’atmosphère des romans de Brice Tarvel, avec cette pluie qui tombe en abondance dans la seconde partie de l’histoire, ces personnages en rupture avec l’uniformité mentale et physique dans laquelle on voudrait nous réduire, ces épisodes amusants et tristes à la fois, c’est le traitement dans la rédaction qui m’a déçu.

Contrairement à ses précédentes œuvres, Brice Tarvel écrit dans un langage brut, dénué de fioritures, même si par-ci par-là il s’abandonne à une forme poétique. Foin de cette écriture finement travaillée, de ce langage fleuri, de ces phrases à l’intonation médiévale, de ces métaphores plaisantes, de cette recherche stylistique qui en font sa marque de fabrique, de cette prose poétique jubilatoire, Brice Tarvel s’adonne ici à la mode qui prévaut dans le nouveau roman populaire : des dialogues issus de la nouvelle génération qui privilégie le cru, le brut de décoffrage, à cette joyeuseté langagière à laquelle il nous avait habitués. Désolé de l’écrire, mais nous sommes plus proches de la vulgarité de Jean-Marie Bigard que du lyrisme d’Edmond Rostand.

Mais comme cela est sensé se dérouler dans quelques décennies, on peut penser que tout le monde s’exprimera ainsi, malgré les quelques réticences ou remontrances exprimées par Zuzu, dite l’Arsoupette et de Riza :

J’ai pas envie de laisser Gamin tout seul. Ni ma mère, ni même Gobe-Mouche à qui j’évite souvent de faire des conneries.

Comment tu parles ! Je t’apprendrai un beau langage…

Un peu plus loin :

Tu as promis de m’apprendre à bien parler et tu viens de dire « Peau du cul ».

Je suis adulte, j’ai le droit d’employer les premiers mots qui se présentent.

 

Brice TARVEL : Une camionnette qui servait de volière. OVNI éditeur. Parution le 21 décembre 2016. 212 pages. 5,00€.

ISBN : 979-1095443087

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21 novembre 2018 3 21 /11 /novembre /2018 05:23

Les portes du pénitencier…

Michel HONAKER : Troll.

Dans la prison de Salt Hills, Les Collines de sel, des détenus disparaissent mystérieusement.

Une odeur nauséabonde imprègne les cellules. Dans la nuit, parfois résonnent d’étranges bruits venus des entrailles de la Terre.

Les geôliers ont beau dire que les prisonniers qui manquent à l’appel ont bénéficié de remises de peine, pour ceux qui restent, il s’agit ni plus ni moins d’affabulations.

D’ailleurs à quoi correspond ce cri qui retentit, si ce n’est celui poussé par un être humain en proie à une grande frayeur ? Et l’on ne peut empêcher les rumeurs de circuler.

Il y aurait, parait-il, dans le sol, des disparus, un trou, un cratère. Et s’il s’était agi d’une évasion, tout le monde serait au courant.

Le FBI est chargé de cette affaire et Maître Anika, un occultiste dont on a demandé l’aide, déclare que cette histoire de manifestations d’origines maléfiques est trop forte pour lui. Selon Maître Anika, un seul homme est à même de résoudre cette énigme et de combattre le cas échéant les forces du Mal : il s’agit d’Ebenezer Graymes, démonologue à l’Université de Columbia, plus connu sous le nom du Commandeur.

 

Dans ce septième volume consacré au Commandeur, le lecteur ne s’ennuie pas un seul instant.

Moins violent, moins accrocheur, moins chargé d’érotisme que dans les précédents épisodes, il n’en est pas moins efficace.

Un roman dont certains passages font penser indubitablement au grand Howard Phillips Lovecraft.

Une ambiance et une atmosphère dignes de l’Ermite de Providence.

 

Ce roman a été réédité pour les adolescents sous le titre Le Cachot de l’enfer dans la collection Cascade policier chez Rageot en 1998.

Première édition : Collection Anticipation N°1795. Editions Fleuve Noir. Parution janvier 1991. 192 pages.

Première édition : Collection Anticipation N°1795. Editions Fleuve Noir. Parution janvier 1991. 192 pages.

Michel HONAKER : Troll. Série Le Commandeur N°6. Edition numérique. Collection e.Anticipations. Editions L’ivre-Book. Parution le 14 novembre 2018. 2,99€.

ISBN : 9782368926451

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20 novembre 2018 2 20 /11 /novembre /2018 05:35

Elle portait des culottes, des bottes de moto…

Denis SOULA : Deux femmes.

On ne connait pas leur nom, mais cela importe peu car cela n’influe pas sur l’histoire, alors je me contenterai de les appeler l’Une et l’Autre.

L’Une vient de connaître un drame et elle vit avec sa fille dans un appartement d’une ville située quelque part dans le centre de la France. Sa fille n’apprécie pas que sa mère vienne la chercher à l’école, elle est grande. Pour autant elles font les devoirs ensemble, presqu’un moment de complicité. Et puis il y a cette musique qui déferle dans l’appartement, une musique moderne dans laquelle elle ne se retrouve pas, qui lui martyrise les oreilles.

Elle travaille dans une boutique et est appréciée de ses collègues, pour autant la vie n’est pas facile. Et, heureusement, il y a la moto qui leur permet de s’évader parfois, et oublier l’avant. Et leur voisine qui est aux petits soins pour sa fille.

Alors elle se remémore son enfance, ses passions, ses parents, son voisin et ses petits travaux de bricolage sur ses motos, ses problèmes, sa vie d’avant le drame.

 

L’Autre vit à Amsterdam, mais elle est Française. Elle chasse, pour tuer, mais pas de gentils animaux. Non, des bêtes malfaisantes, des criminels de guerre. Elle est forte dans son domaine en remontrant aux petits jeunes qui pensent, que parce qu’elle est une femme, qu’elle devrait rester dans un bureau à manipuler des papiers.

Elle aussi repense à sa jeunesse, à ses heurts avec sa famille pour des questions politiques. Ils vivaient dans un quartier huppé parisien, prônant les vertus de la droite. Elle, elle votait à gauche, une forme de rébellion, une manière de s’affirmer, par conviction aussi.

Et elle a appris à se servir d’un fusil, en Sologne, grâce à un voisin, et c’est ainsi qu’elle est entrée dans les Services de Sécurité. Elle a connu l’élection présidentielle de 1981, les espoirs qui étaient incarnés par une politique nouvelle, ses désillusions aussi, les revirements électoraux qui se traduisaient par une alternance gouvernementale mais dont les décisions n’étaient pas forcément différente des précédents pouvoirs. Et ses déplacements à l’étranger dans le cadre de ses missions.

 

Deux trajectoires différentes, de femmes plus ou moins brisées par la vie et tentant malgré tout de s’en sortir, pour elles ou leur famille, ou ce qu’il en reste, blessées dans leurs cœurs et leurs convictions.

Et peu à peu leurs destins vont se rejoindre pour le meilleur ou pour le pire, allez savoir ?

Chacune d’elle s’exprime par la pensée. On les suit évoluer dans leur quotidien, se parlant à elles-mêmes, sans qu’aucun dialogue transparaisse dans le récit. Les demandes et les réponses, les souhaits, de l’Une, lorsqu’elle parle, discute, ou rouspète, avec sa fille sont en italiques, comme des réminiscences d’un passé plus ou moins court.

Comme si le lecteur entrait dans le cerveau de l’Une et de l’Autre, ce qu’au cinéma on appellerait en voix Off.

Un récit, plus qu’un roman, tout en subtilité, en émotions, en tendresse, en force, en violence parfois mais mesurée, et l’on les suit, on se calque, on investit spirituellement ces deux femmes, on devient les deux protagonistes sans pour autant se substituer à elles.

Et la force du récit tient également dans son nombre de pages réduit, car trop de délayage, comme parfois il arrive à certains romanciers de se perdre dans des considérations ennuyeuses, aurait nui à la puissance et au dynamisme de cette intrigue qui intrigue.

Denis SOULA : Deux femmes. Editions Joëlle Losfeld. Parution 11 octobre 2018. 116 pages. 12,50€.

ISBN : 978-2072820847

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19 novembre 2018 1 19 /11 /novembre /2018 05:20

Les restos du cœur font la fête grâce à vous !

 

Quatre repas pour l’achat d’un livre à 5 euros !

 

Quand je pense au nombre de repas qui pourraient être distribués avec le prix d’un déplacement à 150 000 euros !

Collectif : 13 à table !

En effet grâce à l’achat de ce livre, quatre repas pourront être distribués, ce qui ne revient pas chère la gamelle mais contera bien des estomacs.

Pour la cinquième année consécutive les éditions Pocket en partenariat avec les Restaurants du Cœur éditent un recueil de nouvelles et les lecteurs fidèles ne seront pas étonnés de retrouver au sommaire des auteurs comme Françoise Bourdin, Maxime Chattam, François d’Epenoux, et quelques autres qui offrent chaque année une nouvelle afin d’aider les laissés-pour-compte.

Sur le thème de la Fête, tous se sont laissé aller en empruntant souvent à leurs leitmotivs littéraires mais en raccourci.

Mais le mieux est peut-être de vous présenter le menu, très copieux, roboratif, et de vous souhaiter bon appétit littéraire pour que les oubliés de l’Etat puisse subsister. Vous pouvez le déguster en plusieurs fois selon votre envie, votre plaisir, et cet ouvrage vous permettra peut-être de découvrir des auteurs dont vous avez entendu parler mais dont vous ne connaissez pas le style.

 

Avec L’Apparition, Philippe Besson a choisi de placer son intrigue à La Nouvelle Orléans, lors du fameux Mardi-gras, un moment au cours duquel chacun se déguise dans les couleurs traditionnelles, vert, violet et or, symbolisant la foi, la justice et le pouvoir. Louise Cooper a quitté New-York et son travail à la suite d’un surmenage et elle s’est installée en Louisiane, retrouvant son amie Claire et une certaine sérénité en devenant boutiquière. Du balcon d’où elle regarde le défilé, elle croit reconnaître un ami qui a disparu trois ans auparavant. Mais est-ce vraiment lui, ou un sosie, un fantôme peut-être.

 

Dans Laissée-pour-compte, Françoise Bourdin met en scène Lilybeth, diminutif d’Elisabeth et non de Lily bête, qui à trente-quatre ans n’a pas encore trouvé l’âme frère. Sa sœur Marianne est mariée, quatre enfants et enceinte pour la cinquième fois. Alors pour trouver un galant susceptible de lui réchauffer les pieds dans le lit, ou ailleurs, elle décide d’organiser une petite fête et d’inviter beaucoup de monde. Et ses connaissances peuvent même amener des inconnus, pour elle. Elle repère un beau quadragénaire qu’une de ses collègues lui présente, mais il ne faut pas se fier aux apparences, ni aux déductions hâtives.

 

Maxime Chattam nous invite, avec Le point d’émergence à nous propulser dans quelques décennies et à investir un cerveau. Point d’optimisme, contrairement aux deux textes précédents, dans cette nouvelle qui prend sa force et sa raison d’être dans l’épilogue.

De même, avec Big Real Park, que la fête commence, François d’Epenoux nous propose une vision peu engageante d’un avenir dédié à la fête, avec des parcs d’attraction hors normes, tout autant dans leurs surfaces que dans leurs conceptions.

Eric Giacometti et Jacques Ravenne nous offrent une Nuit d’ivresse. Alex a bu, un peu trop, un mélange qui lui tourneboule la tête, au cours d’une fête nocturne organisée par son patron. Celui-ci, bon prince, propose alors à Alex de se coucher loin des cris et des rires, d’ailleurs toutes les chambres sont occupées par des bambocheurs désirant effectuer le simulacre de la reproduction, dans une dépendance de son domaine, un ancien couvent. Il a tout transformé sauf un pavillon où, selon les archives locales, étaient enfermés les moines qui tournaient mal. Etait-ce une bonne idée que de coucher dans cette maisonnette, apparemment pas, car au cours de la nuit, Alex entend des bruits, perçoit des voix, aperçoit des moines, et une fosse.

Moins angoissant et plus proche de nous, ce SDF accompagné d’un chien nommé Sam. L’homme ayant récolté quelques piécettes achète des tranches de jambon, un paquet de gâteaux et deux bières. Il partage son maigre repas avec son chien, mais en cette nuit de fête, il se souvient de ce qu’il a été, comment il a recueilli Sam et nous le suivons sous les ponts parisiens jusqu’à son lieu de couchage. Il ne veut pas aller dans un centre, d’autant que les chiens n’y sont pas admis. Pourtant un chien, c’est fidèle, ça ne se plaint jamais, ne fait jamais de reproches. Un texte tout en finesse et en émotion de Karine Giebel titré Dans les bras des étoiles, un texte qui me réconcilie avec un auteur que j’avais dédaigné n’y trouvant pas mon compte dans ses romans. Comme quoi !

Philippe Jaenada avec Une vie, des fêtes, qui aurait tout aussi bien s’écrire Une vie défaite, s’intéresse avec ironie et humour à une femme qui fit les gorges chaudes à la fin du XIXe siècle, Marguerite, dite Meg, Steinhel née Japy, de la famille des radios-réveils et des machines à écrire. Meg s’est mariée avec un peintre plus vieux qu’elle, au talent contesté, mais il possède une grande maison sise dans un passage donnant sur la rue Vaugirard. Et c’est là qu’elle reçoit du beau monde, des personnalités littéraires et politiques auxquelles elle prodigue ses gâteries. Elle ne se fait pas payer mais ses amants de fortune achète les toiles de l’époux, alors on peut dire qu’elle œuvre pour assurer financièrement l’avenir du foyer. Jusqu’au jour le président de la république en titre meurt lors d’un débordement de tendresse. Cette histoire n’est pas terminée pour Meg mais ce qui est resté dans l’esprit des chroniqueurs c’est surtout la manière dont elle a su faire avaler des couleuvres.

Quand dans une maison d’éditions américaine, deux auteurs sont pressenties pour obtenir le Prix Nobel de Littérature, les attachées de presse de chacune des deux prétendantes sont sous pression. Sophie Le Caillou est stagiaire non rémunérée, heureusement des cousins lui ont offert gratuitement une chambre. Sophie est sous la coupe de Rita et est préposée aux petits boulots d’intendance mais elle se sent totalement impliquée dans le succès de la romancière dont s’occupe Rita. L’autre romancière en lice est chapeautée par une collègue de Rita, et leur chef, un tyran au féminin, sait les mettre en concurrence. Et le grand soir arrive avec un résultat pour le moins inattendu et pour autant prévisible. Un voyage dans les coulisses d’une maison d’édition et son service de presse écrite par Alexandra Lapierre et titré Bulles amères.

Ils se connaissaient, se sont perdus de vue et se sont retrouvés, avec chacun de leur côté un enfant. Une famille recomposée, avec d’un côté Eric et sa fille Louise, et de l’autre, Sophia, la narratrice, et son fils Dimitri. Sophia a décidé de s’occuper de tout pour fêter leur aménagement, mais seulement elle rate tout ce qu’elle entreprend. Pourtant elle ne manque pas d’envie et d’obstination. Une drôle de Crémaillère en perspective décrite par Agnès Martin-Lugand.

Difficile de porter un prénom, je ne dirai pas ridicule, mais encombrant. Perpetua. Le porter perpétuellement de plus. Perpetua Le Flaher. Ses copains, enfin les autres élèves l’ont rapidement surnommée A perpète-le-phallus-à-l’air… ça vous fait rire ? Pas Perpetua qui vit en compagnie, dans une sorte de maison au milieu d’une décharge à proximité de la route. Faut faire avec et comment ? C’est ce que nous raconte Véronique Ovaldé dans Je suis longtemps restée une clématite.

Romain Puertolas avec Les cochons de Karl Lagerfeld joue sur la dérision mais pourtant cela semble si vrai, si réel, dans cette société moderne où pour réussir il faut entreprendre et de préférence de façon baroque. Savoir se vendre auprès d’un gros financier et proposer quelque chose d’inédit, une initiative que personne d’autre n’a jamais eue et qui devrait faire fureur. Il faut savoir convaincre et ce n’est pas gagné.

Tatiana de Rosnay joue les Trouble-fête avec une nouvelle éponyme mettant en scène une quadragénaire bien sous tous rapports. Elle est mariée avec un sexagénaire, bien conservé, mais surtout elle est en quête de la perfection, quelque soit le domaine dans lequel elle navigue. Elle fignole aussi bien sa silhouette que les photos qu’elle poste sur un réseau dit social, mais elle ne se rend pas compte qu’elle tyrannise aussi bien son mari que son fis ou ses amies.

Ah, La fête des voisins, en général c’est un moment convivial mais pour la narratrice, ce n’est qu’un rêve, qui pourrait se concrétiser si elle n’avait pas un mari qui la séquestre. Et oui, cela arrive, si ce n’est près de chez vous, pas loin ou un peu ailleurs. Mais ça arrive, et ce n’est pas drôle tous les jours même s’il y a une forme de consentement, obligé. Une nouvelle de Leïla Slimani déprimante et optimiste à la fois. Incompatible, non, pas forcément !

Enfin, le dessert nous est proposé par Alice Zeniter avec Le goût des fraises sauvages. Et une odeur persistante de barbecue, de grillades, car le père, quelle que soit l’occasion, sait arrondir les angles en proposant de la viande grillée. Et lorsque la Fille 1 rencontre un grand garçon, grand physiquement, et qu’elle le présente à son père, à sa sœur la Fille 2, au cours d’un repas, avec quelques invités, pas beaucoup mais un peu quand même, et surtout des grillades, il y a comme de l’eau dans le gaz, ou sur le feu. Car ce que déclare le grand garçon, 2cm de moins que 2 mètres, est peut-être difficile à avaler même si la viande est grillée à point.

 

Alors, le lecteur passe par toutes les émotions, le rire, les larmes, l’inquiétude, la révolte, et bien d’autres sentiments, car tous les cuistots de service ont réussi l’amalgame d’un repas équilibré, sans lourdeur, sans fausse note, sans trop de sel, c’est mauvais pour la santé, ni d’épices, c’est mauvais pour l’estomac, un peu arrosé mais sans verser dans l’ivresse trop euphorique ou geignarde. Cela dépend du tempérament, celui des lecteurs, car nos cuisiniers en possède à revendre.

 

Sommaire :

BESSON Philippe : L'apparition

BOURDIN Françoise : Laissée-pour-compte

CHATTAM   Maxime : Le point d'émergence

EPENOUX d' François : Big Real Park, que la fête commence

GIACOMETTI & RAVENNE : Nuit d'ivresse

GIEBEL Karine : Dans les bras des étoiles

JAENADA Philippe : Une vie, des fêtes

LAPIERRE Alexandra : Bulles amères

MARTIN-LUGAND Agnès : La crémaillère

OVALDE Véronique : Je suis longtemps restée une clématite

PUERTOLAS Romain : Les cochons de Karl Lagerfeld

ROSNAY de Tatiana : Trouble-fête

SLIMANI Leïla : La fête des voisins

ZENITER Alice : Le goût des fraises sauvages

Collectif : 13 à table ! Coédition Les Restaurants du cœur et éditions Pocket. N°17272. Parution le 8 novembre 2018. 288 pages. 5,00€.

ISBN : 978-2266286411

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18 novembre 2018 7 18 /11 /novembre /2018 05:28

Bon anniversaire à Mickey Mouse, né officiellement le 18 novembre 1928.

Le Livre Anniversaire. Mickey Mouse : 90 ans.

En effet c’est avec Steamboat Willie, considéré comme le premier dessin animé avec une bande sonore, que nait officiellement Mickey Mouse à New-York le 18 novembre 1928. Officiellement, car auparavant Walt Disney et son ami dessinateur Ub Iwerks avaient déjà écrit et dessiné deux dessins animés, Plane Crazy et Gallopin Gaucho, qui n’avaient obtenu aucun succès.

Le 13 janvier 1930 parait en bande dessinée de quelques cases L’île Mystérieuse (qui figure dans ce volume) et c’est le début de la grande aventure de la petite souris qui sera alors dessinée à partir d’avril de la même année par Floyd Gottfredson, lequel lui consacrera quarante-cinq ans de sa vie.

Pourquoi Mickey est-il affublé de gants blancs ? Pourquoi ne possède-t-il que quatre doigts ? Pourquoi ? Pourquoi ? Autant de questions que se sont peut-être posés les lecteurs et dont les réponses figurent dans cet ouvrage, ainsi que bien d’autres.

Le style de Mickey évoluera au fil des ans et l’on pourra s’en rendre compte avec les reproductions des premiers numéros des bandes dessinées et des magazines dont il sera le héros. De très nombreuses anecdotes émaillent les pages intercalées entre de nombreuses histoires, d’une ou plusieurs pages, récentes ou non.

Ainsi, dans Topolino, le Journal de Mickey italien, Casti avait publié une histoire en 2015 qui démarrait un 18 novembre, jour anniversaire de Mickey. Elle figure ici tout naturellement pour les 90 ans de notre héros.

Cette bande dessinée de 72 pages et intitulée Ça arrivera hier met en scène Mickey, Minnie et Pat Hibulaire dans une histoire de retour sur le passé.

Un voyage dans le temps au cours de laquelle Mickey retrouve Mickey jeune, ainsi que Minnie et Pat Hibulaire, et l’on ne peut confondre les personnages d’hier et d’aujourd’hui, car au fil du temps ils se sont améliorés graphiquement, physiquement et vestimentairement. Un tour de force, mais les dessinateurs sont habitués à se fondre dans les personnages qu’ils dessinent, surtout lorsqu’ils en sont les continuateurs. Une histoire inédite en France.

Parmi les nombreuses histoires qui sont ici reproduites, on n’aura garde d’oublier la série Mickey à travers les siècles, crée en 1952 par le scénariste Pierre Fallot. A chaque fois que Mickey prend un coup sur la tête il est propulsé dans une époque historique, rencontrant les hommes des cavernes, Henri IV, Napoléon et bien d’autres personnages célèbres. Des histoires à épisodes dont la première planche figure dans ce recueil. Figure également Mickey et les Mickeyens, parue en 1969.

On retrouve avec plaisir un dérivé de Mickey dans Les Bébés Disney, une série de gags en une planche qui étaient dessinés par Claude Marin et scénarisés par François Corteggiani, Belon et Gégé.

Et encore beaucoup d’autres histoires et anecdotes qui font de ce recueil de 472 pages une somme nostalgique et permettent aux lecteurs déjà âgés, des vétérans de la lecture, de retrouver avec bonheur tout ce petit monde merveilleux sans les flonflons des parcs d’attractions. Tranquillement assis dans un fauteuil, on se projette quelques années, quelques décennies en arrière, et ceci nous rajeunit.

Le Livre Anniversaire. Mickey Mouse : 90 ans. Hors Série N° 2 Les trésors du Journal de Mickey. Disney Hachette. Parution novembre 2018. 422pages. 8,90€.

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17 novembre 2018 6 17 /11 /novembre /2018 05:49

Le diable a bon dos, en certaines circonstances…

Daniel CARIO : Les Bâtards du diable.

Nous sommes en 1958 et dans quelques semaines, Silvère Lavarec va prononcer ses vœux pour être consacré prêtre. Pour l’heure il est encore séminariste et passe ses vacances chez ses parents. Pour ceux-ci, c’est la concrétisation de leur rêve, voir leur fils entrer dans les ordres.

Silvère est un amoureux de la nature et il se rend souvent en forêt à la recherche de pierres, des petits trésors comme la staurolite qu’il vient de dénicher. Mais la rencontre inopinée avec une laie désirant probablement protéger ses marcassins lui est défavorable. Elle le blesse à la cuisse et n’a même pas le courage de le prendre en charge. Silvère s’évanouit et lorsqu’il reprend ses sens, il se demande bien ce qu’il lui arrive.

Il ne peut plus bouger. Il est sanglé sur un lit par le torse et ses mains ne peuvent qu’esquisser que quelques mouvements. Une femme vêtue de noir, à l’âge indéfinissable, lui apporte un bol de bouillon. Elle ne répond pas à ses questions. Elle est muette, du moins c’est ce que Silvère en déduit. Puis elle le soigne, une piqûre, de l’alcool sur sa plaie, une couture sans anesthésie, un autre bol de bouillon, et elle repart comme elle est venue, en silence. Toutefois les soins qu’elle lui a prodigués, si ce n’est l’œuvre d’une professionnelle, démontrent qu’elle possède des notions certaines d’infirmière.

La situation évolue, tout doucement. Elle lui apporte à manger, un bassin pour se soulager, ses traits sont moins durs, elle consent même à sourire de coin lorsqu’il lui parle. Silvère est gêné car elle n’hésite par en déboutonner sa soutane pour le laver, lui ôter sa culotte, lui frotter le torse et l’entre-jambe. Il dissimule une cuiller avec laquelle pense-t-il il va couper ses sangler, mais peine perdue. Son hôtesse perd son austérité, se parfume, se vêt d’habits moins austères, et un jour elle se juche sur lui et entame une espèce de rodéo dont apparemment elle ne tire aucun plaisir. Comme si elle se conformait à un rite depuis longtemps nourri spirituellement. Pour le séminariste c’est l’abîme.

Il vient de plonger à son corps défendant dans la luxure, lui qui, quelques années auparavant, avait subi un traumatisme sexuel, ce qui l’avait, mais ce n’était pas la seule raison, conduit vers le séminaire. Elle lui parle, à mots couverts, par énigmes et enfin il parvient à s’échapper, alors qu’elle est absente. Débute alors une double errance.

Revenir chez ses parents, les rassurer sans pour autant expliquer son absence, ce qu’il a vécu durant des jours, puis retrouver les origines de cette femme dont il connait le nom grâce à une photographie découverte lors de sa fuite dans un tiroir. Photographie qui la représentait enfant et portant le nom de Blandine de Quincy. Elle le gardait en otage, pour quelle raison il n’en sait rien. Et c’est bien ce qui le taraude, le passé de cette femme et les raisons qui l’ont amenée à la séquestrer.

 

Remonter le passé, sans vouloir inquiéter ses parents, sans désirer leur confier ses affres lors de sa séquestration, séquestration qu’il passe sous silence naturellement, narrer une partie de ces quelques jours au cours desquels il a subi l’humiliation charnelle à son confesseur et responsable du séminaire, retrouver la trace de cette masure enfouie dans une fondrière, retrouver l’origine de Blanche, sa parentèle, ce qu’elle a vécu, subi elle aussi, et découvrir l’horreur, telle va être la mission que Silvère s’impose, non seulement pour la sauver mais aussi pour se sauver lui-même. Une auto-flagellation spirituelle.

 

Sans prosélytisme, mais tout en gardant dans l’esprit que Silvère est un futur prêtre, conditionné pour le devenir, Daniel Cario nous livre un roman fort, dans la veine des feuilletonistes et des romanciers du 19e et début 20e siècle pour qui le misérabilisme, le social, la misère morale et physique étaient un terreau fertile pour les romans qu’ils rédigeaient.

Alors on pense à Eugène Sue, Xavier de Montépin, Pierre Decourcelle, Charles Mérouvel, Marcel Priollet, Hector Malot, qui décrivaient une société n’acceptant aucune dérive. La famille devait être composée d’un père, d’une mère et d’enfants issus pendant le mariage. Mais l’on sait que de tous temps, des gamins sont nés sans réelle identité, que les maîtres se conduisaient en seigneurs, que les servantes devaient subir les assauts et que les filles de bonne maison ne devaient pas coucher avant la nuit de noce programmée avec un mari choisi par convenance.

Mais Daniel Cario va plus loin encore, l’époque étant favorable à bon nombre de dérives malgré une certaine tolérance affichée. Les magazines spécialisés dans la relation d’articles spécifiques liés à l’horreur des drames familiaux, auxquels on ne songerait pas si l’on n’était pas confronté de visu aux titres raccrocheurs, qui ne sont pas tous issus de l’imagination de journalistes en mal de sensationnel, font florès dans les kiosques. L’on se moque des romans naturalistes et misérabilistes des auteurs précités mais ces publications hebdomadaires pullulent sur les étals des revendeurs de journaux, photos ou dessins à l’appui.

L’épilogue est conforme à ce que j’avais imaginé et donc il me convient parfaitement même si cela heurtera quelques âmes sensibles à une époque où les tabous reviennent en force.

 

Daniel CARIO : Les Bâtards du diable. Collection Terres de France. Editions Presses de la Cité. Parution le 11 octobre 2018. 320 pages. 20,00€.

ISBN : 978-2258145320

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10 novembre 2018 6 10 /11 /novembre /2018 06:17

Logan roule pour vous !

Alexis AUBENQUE : 7 jours à River Falls.

Le soleil va bientôt se retrouver sous la ligne d’horizon, pourtant Tommy et son jeune frère Jeremy baguenaudent dans les bois, près d’un lac. Tommy n’est pas pressé de rentrer à la maison. Cela lui sera fatal. Une mauvaise rencontre, au mauvais moment, au mauvais endroit, et il sera retrouvé le lendemain, mort, écrasé, la nuque brisée. Tommy a été victime d’un chauffard qui a pris le temps de l’achever.

Pour Mike Logan, le shérif du comté de River Falls, dans l’état de Washington, il ne s’agit pas d’un banal accident. De minuscules particules de verre sont retrouvées, des débris provenant d’un phare. Jeremy est découvert un peu plus tard, le corps inanimé mais vivant. Le soulagement se fait sentir parmi les policiers, les hommes de la scientifique arrivés sur zone et les volontaires qui se sont proposés pour effectuer les recherches. Dont Finley qui en glissant dans une ravine a trouvé le jeune gamin. Finley est blessé et transporté à l’hôpital. Le gamin qui est dans le coma aussi.

C’est là que Leslie Callwin, journaliste au Daily River vient l’interroger afin de recueillir les dernières informations. Elle n’a qu’un but, pouvoir travailler un jour dans un grand journal de Seattle, et tous les moyens sont bons pour se faire un nom dans la profession.

Mais Logan n’est pas au bout de ses surprises, lui qui espérait trouver une vie calme et tranquille dans la petite cité, loin de tout ce qu’il avait connu comme turpitudes à Seattle. Et voilà que deux cadavres de jeunes filles viennent perturber son existence.

Sarah Kent, est en train de déjeuner en compagnie de quelques amies de l’université. Elle est encore chamboulée par la mésaventure du matin, lorsque Jennifer lui a pris ses vêtements alors qu’elle était sous la douche. Elle pensait être obligée de regagner nue sa chambre, mais elle les a récupèrés non sans s’être faite accusée de voleuse. Donc à la cantine elle apprend le décès de d’Amy Paitch et Lucy Barton dans des conditions horribles.

Sarah est choquée car les trois jeunes filles étaient très amies, deux ou trois ans auparavant, lorsqu’elles allaient au lycée de Silver Town, la petite ville qui les avait vu naître. Depuis leur arrivée à l’université, les liens s’étaient distendus pour des raisons qui leur sont propres. Et Sarah sort avec d’autres copines. Et des copains aussi, car ils forment une petite bande. Elle apprécie particulièrement l’un d’entre eux mais celui-ci est réticent. Il argue des fiançailles avec une jeune fille huppée et le respect qu’il doit à ses parents. Bref toutes bonnes (ou mauvaises) raisons pour se défiler.

Jessica Hurley, profileuse à Seattle est dépêchée sur place. Le passé de Mike Logan refait surface. Jessica, il la connait bien, trop bien même. Elle fut sa maîtresse mais les événements ont fait qu’ils se sont séparés. Et voilà qu’elle redéboule dans sa vie.

Sarah se rend auprès des services de Mike Logan afin de signaler ses accointances avec Amy et Lucy, mais Mike et ses adjoints sont persuadés qu’elle ne dévoile pas tout. Comme si elle tenait absolument à cacher un secret honteux. De plus Mike Logan est furieux car une taupe sévit dans son service. La journaliste Leslie Callwin est informée de faits, des révélations qui n’auraient jamais dû quitter les antres du commissariat.

L’enquête n’est pas de tout repos pour Mike Logan et ses adjoints, ainsi que pour Jessica, Sarah et quelques autres personnes qui suivent de près ou de loin cette enquête qui se révèle perverse. Les supposés coupables ne manquent pas, certains même se retrouvent au tapis. Et pourtant, si ce n’était que des leurres ?

 

Le tueur se joue des policiers, en particulier de Mike Logan, tout comme l’auteur se joue des lecteurs en les manipulant, proposant de fausses pistes, le menant là où il veut. Mais le tueur se fera rattraper par la patrouille, heureusement, tandis que le lecteur aime être manipulé.

Outre l’enquête, c’est pour Alexis Aubenque de mettre en opposition, mieux que le ferait peut-être un romancier américain car celui-ci ne pourrait échapper à ses convictions, des jeunes gens qui tout en étant amis se sentent proches des Républicains ou des Démocrates. Ce qui parfois les amène à se quereller verbalement.

On ne peut pas applaudir la mort de quelqu’un, même si cette personne était la pire des pourritures, dit-elle.

Les échanges sont parfois un peu vifs entre Sarah et ses ami(e)s mais il se trouve toujours quelqu’un, fille ou garçon, pour débloquer la situation par une pirouette orale.

Lisa comprenait les arguments de ses camarades, mais elle savait par ailleurs que la peine de mort ne servait absolument pas d’exemple, au contraire : elle institutionnalisait la mort.

Si les problèmes de couple pas encore formé avec Jessica Hurley taraude Mike Logan, ce sont parfois, et même souvent, leurs conceptions de mener l’enquête qui les oppose. Mike est un fonceur, qui réfléchit après coup, tandis que Jessica, de par son statut de psychologue est plus calme, posée, et analyse mieux les situations et les personnages.

Quant au personnage de Leslie Callwin, et de la plupart des journalistes à travers elle, Alexis Aubenque met en scène quelqu’un prêt à tout pour obtenir des informations, croustillantes si possible, afin des les jeter en pâture à la foule en délire qui ne demande qu’à lire les articles relatant les tares de la société, oubliant qu’eux-mêmes, ceux qui composent cette foule, sont dans le même panier. Un attrait morbide, une avidité de l’horreur dont ils oublient qu’elle les guette peut-être. A moins que ce soit dans un but de défense, de déni.

Et si le lecteur connait les liens existant entre Jessica Hurely, Mike Logan, Leslie Callwin et les autres protagonistes de cette histoire, grâce à la lecture des romans composant la suite et principalement la saison 2, il ressent une véritable addiction l’obligeant à s’impatienter devant la longueur de temps nécessaire à la parution de la suite des aventures de ses personnages préférés.

 

Le citoyen ordinaire est toujours mal à l’aise face à la police. Logan avait sa propre théorie là-dessus. D’après lui, tout le monde est porteur de secrets peu avouables.

 

Quand les lois sont injustes, il est du devoir de tout citoyen de ne pas les respecter.

 

Alexis AUBENQUE : 7 jours à River Falls. Saison 1 – Episode 1. Réédition Editions Bragelonne Poche Thriller. Parution 17 octobre 2018. 408 pages. 7,90€.

ISBN : 979-1028110505

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9 novembre 2018 5 09 /11 /novembre /2018 06:09

N’est pas une patte de lapin même s’il a été trouvé près des abattoirs…

Claude IZNER : Le talisman de la Villette.

Le jeune commis de la librairie Elzevir, Joseph Pignot, ne se contente pas de classer, vendre ou réceptionner livres neufs et anciens, il est habité par une passion, outre celle qu’il voue à sa jeune épouse Iris, pour l’écriture. Et il compte bien devenir l’égal, voire plus, de ces feuilletonistes qui fournissent des œuvres pour divers journaux.

Et lorsque le grand patron du Passe-partout, journal qui publie ses récits, lui déclare :

Mon petit Pignot, l’action de votre roman se passe en Transylvanie, et personne ne sait où ça se trouve. Simplifiez, tenez-vous en à l’eau de rose et au mystère, supprimez les descriptions et la psychologie.

Claude Izner en rédigeant ce passage n’a pas réellement suivi les conseils prodigués et ce roman comporte plus de pages de descriptions historiques que le corps de l’intrigue. Si les deux sœurs, oui car sous le pseudonyme de Claude Izner se cachent deux sœurs qui furent bouquinistes sur les quais de la Seine, mais je ne vous apprends rien, si les deux sœurs avaient appliqué leurs préceptes, le livre aurait été diminué de moitié, au moins.

Mais quel plaisir de retrouver au fil des pages, des personnages qui ont réellement existé, tels Satie, Lautrec, Anatole France, et bien d’autres qui donnent du corps à ce récit dans lequel nous retrouvons nos amis, un libraire est toujours un ami, Kenji Mori et Victor Legris, et le commis Joseph Pignot qui depuis peu fait partie de la famille, s’étant marié à Iris, la fille de Kenji et la sœur de Victor. Je peux même vous dévoiler qu’Iris attend un heureux événement. Mais Victor Legris délaisse quelque peu la librairie, s’étant entiché depuis peu de la photographie, et développant lui-même ses clichés.

 

En ce 7 janvier 1894, sur la côte nord du Cotentin, à Landemer, petit village entre Cherbourg et Beaumont-Hague, la tempête fait rage. Un bateau balloté par les vagues furieuses est mal en point. Corentin Jourdain, un ancien marin qui à la suite d’un accident est devenu boîteux, vit seul avec son chat Gilliatt. Il recueille une jeune femme qui allait se noyer. Il la soigne en la frictionnant nue vigoureusement et elle sort momentanément de son évanouissement, demandant si elle est à Southampton. Elle porte à une oreille un cabochon bleu, son jumeau manque.

Cette jeune femme ressemble à Clélia, un amour de jeunesse de Corentin, qui est morte vingt ans auparavant. Il la confie à un hospice tenu par des religieuses. Il découvre sous son lit le sac appartenant à la malheureuse. L’objet contient les papiers d’identité au nom de Sophie Clairsange, si c’est son véritable nom, et un cahier bleu qu’il s’empresse d’ouvrir. Et ce qu’il lit le laisse pantois. Aussitôt il décide de se rendre à Paris, emmenant avec lui toute ses économies.

Un mois plus tard, Martin Lorson, ancien rond-de-cuir au Ministère des Finances qui a démissionné pour convenances personnelles, se rend à l’octroi de la Villette remplacer un copain. C’est l’un des nombreux petits boulots auxquels il s’adonne et lui laisse du temps libre pour écluser sa fiole de rhum et lire ses romans, Victor Hugo, Stevenson et bien d’autres. Au cours de la soirée, il aperçoit un couple s’approcher. La femme, masquée, a l’air de se moquer de son compagnon qui l’étrangle. Peu après un autre individu, à moins que ce soit le même, Lorson n’est pas très sûr, se penche sur le cadavre. Il l’examine puis à son tour s’éloigne. Lorson se rend sur les lieux et trouve coincé entre deux pavés un médaillon.

 

Quelques jours plus tard, Maurice Laumier, un peintre, entre dans l’échoppe de Victor Legris et demande au libraire d’enquêter sur une affaire de disparition. Son amie Mireille a lu dans le journal que le cadavre d’une femme aurait été découvert près de la Villette, et il faut absolument que Legris se rende à la morgue afin de déterminer si le cadavre est celui de sa cousine disparue ou non.

Et voilà Victor Legris et Joseph, son commis et beau-frère, lancés dans une nouvelle enquête qui les mènera de la Villette et ses abattoirs, au quartier Monjol, repaire des prostituées, en passant par les beaux quartiers de Courcelles, aux Buttes-Chaumont et naturellement le quartier Latin. Ils vont côtoyer des personnages hauts en couleurs, comme Laumier le peintre qui pense avoir enfin décroché une parcelle de gloire en brossant le portrait du romancier Georges Ohnet, le père Boniface qui tel le docteur Schweizer le faisait dans la brousse africaine, soigne les tapineuses, les miséreux, leur apportant médicaments, nourriture et réconfort moral.

Des membres de la bonne société, des notables ou considérés comme tels sont assassinés, ponctuant les pérégrinations de nos détectives privés qui mettent du temps pour résoudre cette affaire, mais sont plus rapides toutefois que les policiers.

Bien d’autres personnages, célèbres ou non, gravitent dans cette histoire de mœurs. L’on y rencontre au détour des pages, Thadée Natanson, Erik Satie, et quelques autres qui donnent de l’épaisseur à cette narration historique, à cette balade dans un Paris en pleine mutation, sous l’impulsion donnée par le baron Haussman, et qui voit la transformation de lieux de perdition en lieux de promenade, ou d’embuscade, comme la grotte du parc des Buttes-Chaumont.

 

L’enquête policière est sertie dans un écrin historique, culturel, géographique, et si les aspects descriptifs étaient effacés, il ne resterait de ce roman que la moitié des pages. Et encore. Car nos amis Legris, Mori et Joseph, entourés de leurs femmes, dont Iris qui s’apprête à pouponner, ou maîtresses, et de la chatte de Victor qui offre au couple trois adorables chatons, ne se contentent pas d’enquêter. Ils le font en parallèle de leurs occupations, et heureusement que Victor possède un vélo, cela lui permet de se déplacer en certaines circonstances plus rapidement.

Les notes en bas de pages nous rappellent que Claude Izner place son récit dans un contexte historique comportant sociétés secrètes et procès de femmes ayant eu recours à l’avortement.

 

L’homme qui est apte à promettre est apte à oublier.

Claude IZNER : Le talisman de la Villette. Collection Grands Détectives N°3941. Editions 10/18. Parution le 19 octobre 2006. 352 pages. 8,10€.

ISBN : 978-2264038807

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7 novembre 2018 3 07 /11 /novembre /2018 06:25

A consommer sans modération !

Renaud MARHIC : Korrigans et Grosse Galette.

La BRO, Brigade de Répression de l’Onirisme, a encore fait des siennes sous l’impulsion de son chef, le Supérieur Inconnu. L’assaut a été déclenché à l’université d’Onirie et les Lutins Urbains font tout ce qu’ils peuvent pour annihiler l’attaque. Mais les moyens employés sont énormes. A l’intérieur du bâtiment, le Professeur B. et la petite et charmante mais versatile Loligoth se demandent comment cela va se terminer. Heureusement le Professeur possède une porte de sortie grâce à un roman intitulé Le Passe-muraille.

Prié d’aller se reposer les neurones après l’épisode où il a subi quelques conséquences psychiques et donc a été placé en congé maladie, avec obligation de se reposer, Gustave Flicman, le jeune policier de la Grosse Cité passe ses vacances au vert, c’est-à-dire plutôt au bleu puisqu’il est installé chez sa Tantine à Restick, près de Carnac. Vit également dans cette maison, Philomène, la grand-tante, qui se réfère à Noëlick l’ancêtre, l’oncle qui d’après la photo trônant sur la cheminée laisse à supposer qu’il a rejoint le pays des morts depuis belle lurette.

Gustave se promenant dans la contrée, croise un barbu à lunettes sur le bord de la falaise semblant guetter et appeler quelqu’un les mains en porte-voix. D’après Tantine, il s’agit de René Le Brac, mycologue et connu dans la région comme écrivain. D’après la grand-tante Philomène, l’homme aurait même été l’ami de l’oncle Noëlick.

Alors qu’il doit aller chercher du pain à la boulangerie locale, qui est éloignée de la maison de Tantine, Gustave se met à suivre Le Brac. Une décision qui va l’entraîner dans moult péripéties car cet homme qui cumule les fonctions est également lutinologue. Or le Professeur B. et Loligoth viennent d’arriver sur place, accompagnés des Lutins Urbains, le Pizz’Raptor, Bug le Gnome, et les autres afin justement de rencontrer Le Brac et lui demander de les aider avec le soutien de leurs cousins bretons, le Crassou, Gabino, Boléguean, Mourioche et autres Korrigans tout aussi farceurs que les Lutins Urbains, chacun d’eux possédant une fonction particulière. Et ils recherchent le talisman, la Grosse galette, susceptible de les débarrasser de leurs adversaires.

Mais le Supérieur Inconnu est sur leurs traces et il n’hésite pas à employer les grands moyens. Gustave se trouve mêle malgré lui à cet affrontement, qui lui fera connaître l’Ankou et sa charrette, le Bag Noz ou barque de nuit, le sabot des Kerrions, et pérégrinera de l’île de Groix jusqu’à Brestopol-sur-Océan, dans le cimetière de cette cité, puis au phare d’Eckmühl, subissant diverses turbulences dont il se serait bien passé. Mais il n’est pas le seul à faire l’objet de la vindicte du Supérieur Inconnu. Loligoth elle aussi sera la cible des attaques du Supérieur Inconnu et de ses hommes casqués.

 

Un roman qui selon l’éditeur est destiné aux enfants de six à neuf ans mais l’âge du lecteur importe peu, car il s’agit bien d’une plongée dans la culture folklorique bretonne et ses Lutins farceurs, recensés au dix-neuvième siècle par des lutinologues réputés. D’ailleurs cet ouvrage est dédié à René-François Le Men, François-Marie Luzen, et à Anatole Le Braz, sûrement le plus connu et dont les ouvrages sont constamment réédités.

Mais si Renaud Marhic rend hommage à ses prestigieux prédécesseurs, il ne faut pas croire pour autant que ce roman est austère. Au contraire, il fourmille d’épisodes amusants, parfois hilarants, la bonne humeur étant privilégiée. Pour autant les adultes qui liront ce cinquième épisode des aventures de Gustave Flicman y trouveront certains propos destinés aux adultes.

 

- Et des librairies ? Nous avons encore des librairies ?

- Rassurez-vous, la dernière a brûlé hier ! C’est bien la preuve qu’il avait raison : d’après lui, il n’y pas plus dangereux que le papier. Surtout quand il est imprimé. A ce qu’il dit, cela le rendrait même explosif…

 

Une conversation enregistrée en caméra cachée et micro dissimulé par l’auteur et échangée entre le maire et la chargée de communication de la Grosse Cité. Nous n’en sommes pas encore arrivés à cette extrémité, mais si l’on n’y prend garde, il se pourrait que ceci soit une prédiction à court terme. D’autant que les auteurs sont déjà considérés comme quantité négligeable, voire nuisible par certains hommes (et femmes) politiques !

 

Renaud MARHIC : Korrigans et Grosse Galette. Les Lutins Urbains N°5. Illustrations de Godo. Couverture cartonnée. Collection Romans Jeunesse. Editions P’tit Louis. Parution le 20 septembre 2018. 262 pages. 10,00€.

ISBN : 978-2373730579

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Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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