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25 mars 2021 4 25 /03 /mars /2021 05:39

Pourtant ils ne sont pas sur la paille !

Richard Martin STERN : La moisson de la violence

Tout comme son prédécesseur en littérature, John Steinbeck, Richard Martin Stern est né en Californie, et c’est tout naturellement qu’il prend pour décor de l’intrigue dans certains de ses romans cet état de l’ouest des Etats-Unis.

La moisson de la violence est tout proche des thèmes développés par Steinbeck dans A l’est d’Eden et dans Les raisins de la colère, quoique selon Richard Martin Stern ce dernier roman fut dénigré par la plupart des Californiens qui ne s’y reconnaissaient pas. Et qui ne reflétait pas la stricte vérité, ce qui est évidemment un point de vue subjectif. Des analogies évidentes foisonnent entre ces ouvrages mais le développement, l’écriture, ainsi que la période au cours de laquelle ces événements sont narrés, s’avèrent différents.

La crise économique ensuite, et un livre Les raisins de la colère qui exaspéra agriculteurs et industriels dans toute la vallée. Un tas de mensonge, à les entendre, les choses n’allaient pas si mal, pour personne. Peut-être.

 

En 1849, la ruée vers l’or provoque l’arrivée de nombreux pionniers en Californie. Ces migrants désirent s’enrichir le plus rapidement possible mais bien souvent il ne s’agit que d’un miroir aux alouettes. Les familles Meyer et Stanfield font partie de ces nouveaux venus dans l’état qui a proclamé son indépendance en 1846, interdit l’esclavage et s’est doté d’une constitution en 1849, intégrant l’Union américaine en 1850.

La famille Stanfield préfère investir dans le foncier et lorsque nous faisons la connaissance de ces deux familles, George Stanfield est à la tête d’un immense domaine agricole tandis que Karl Meyer dirige une banque prospère. Ils sont cousins par leurs ancêtres et leurs enfants suivent un parcours différent des parents.

Peter, âgé de vingt ans et le fils de George, est animé d’idées plus ou moins révolutionnaires, anarchistes. Il vit seul en ville dans un taudis, et fréquente très souvent son cousin Paul, le fils de Karl. Sa sœur Ellen, dix-sept ans, est désignée comme la maîtresse de maison, sa mère étant décédée lors de l’accouchement. Elle est plus raisonnable, la tête sur les épaules, mais cela ne l’empêche pas de rejoindre son frère et son cousin, s’ébattant nue dans les eaux du canal d’irrigation.

George possède ses bureaux à San Francisco mais grâce à son frère Scott, le domaine agricole est en pleine expansion. Fruits et légumes sont récoltés, le raisin étant traité, selon son espèce, en consommation de table ou transformé en raisin sec.

Les ouvriers agricoles sont payés avec un lance-pierre, mais sont assez nombreux pour que les patrons refusent d’embaucher même pour une paye au rabais.

Mais l’orage gronde parmi la population et les autres petits exploitants. Outre le domaine agricole, la famille Stanfield possède des puits de pétrole et surtout des forages hydrauliques. Et les fermiers sont ulcérés que leur eau soit détournée au seul profit des Stanfield.

Le bâtiment abritant la déshydrateuse pour fruits séchés est incendié et l’appareil est détruit. Plus grave, il est à déplorer la mort d’un des gardiens, tandis que l’autre est blessé mais incapable décrire les agresseurs. Le shérif est chargé de l’enquête mais d’autres faits se sont déroulés précédemment et se produisent par la suite.

Le père de George, sénateur à Washington, et Jane, sa sœur célibataire et sexagénaire qui vit en Europe, s’installent au domaine. Peter pendant ce temps recueille une routarde, Benji, dix-sept ans, qui paie en nature son hospitalité.

 

Drames en tous genres et problèmes sentimentaux ponctuent cette intrigue, un peu longuette, d’une saga familiale. La description de l’ascension d’une famille de migrants qui arrive à s’imposer en Californie lors de la ruée vers l’or et à dominer fermiers et hommes politiques. Naturellement, ces parvenus ont empiétés sur leurs concitoyens, moralement, financièrement, sociologiquement non sans laisser de traces indélébiles. Ils règnent en maître sur la Vallée, étant à l’origine de la ville de Stanhope qu’ils contrôlent via des pressions, des dessous de table et des largesses.

Pourtant alors que des attentats sont perpétrés, que des grèves traduisent les revendications des cueilleurs, les tensions familiales enveniment cette union de façade.

Ce roman, cette intrigue, qui n’est pas sans rappeler d’autres ouvrages, dont ceux de Steinbeck déjà évoqués, est proche également dans l’esprit des séries télévisées qui passionneront des millions de téléspectateurs, Dallas et Dynastie à la fin des années 1970 et courant 1980. Le rêve américain dans toute son ampleur et ses méfaits.

Richard Martin Stern a été publié en France en Série Noire, dans la collection L’Aventure Criminelle et  aux Presses de la Cité.

Richard Martin STERN : La moisson de la violence (Standfield Harvest - 1972. Traduction Alexandre Ralli). Collection Toison d’or N°26. Editions Jean Goujon. Parution 2e trimestre 1980. 448 pages. Première édition : Editions de Trévise 1975.

ISBN : 286291099

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24 mars 2021 3 24 /03 /mars /2021 05:46

Mais parfois le jeu tourne au drame !

Maurice PERISSET : Les maîtresses du jeu.

Immobilisée dans un fauteuil roulant depuis l’accident qui coûté la vie à son mari, le docteur Pascal Delorme, Marie-Laure a décidé de se lancer dans l’écriture de romans policiers.

Une de ses nouvelles a été publiée, ce qui constitue un encouragement notable. Pour écrire ce roman, elle met en scène ses familiers, ses proches. Mais prémonition ou hasard, elle est sujette à des visions qui malheureusement se réalisent.

Par exemple, son ami Félix, son ex-amant, est retrouvé mort, la tête dans la vase dans un canal d’irrigation. Une mort qui arrive fort mal à propos, ou bien, c’est selon, puisque de nombreux projets deviennent ainsi caducs.

Gilles, le fils de Marie-Laure, ne pourra pas passer quelques jours en mer à bord du yacht de Félix, tandis que d’autres se frottent les mains. Le lotissement Les vergers du Lez ne sortira pas de terre et l’harmonie de la nature ne sera donc pas détruite.

 

Maurice Périsset nous livre ici un très beau livre de mœurs provinciales, à l’atmosphère étouffante, proche du style de Simenon, mais à l’intrigue plus travaillée et à l’écriture plus soignée.

Ce roman a d’ailleurs permis à son auteur d’obtenir le Prix de la Ville de Reims, prix qui s’ajoute à ceux déjà obtenus : Prix du Quai des Orfèvres, Prix du Suspense français, Prix Moncey.

A signaler que Maurice Périsset est également l’auteur de quelques biographies consacrées à Gérard Philippe, Jean Gabin ou encore Simone Signoret.

Maurice PERISSET : Les maîtresses du jeu. Collection J’ai Lu Policier N°2570. Editions J’ai Lu. Parution avril 1989. 320 pages.

ISBN : 9782277225706

Première édition : Editions du Rocher. 1984.

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23 mars 2021 2 23 /03 /mars /2021 04:32

Être une femme libérée, ce n’est si facile…

Marcelle DAVET : La lueur dans la nuit.

Cachée derrière un pilier de l’église de la Madeleine, Marianne Marcy assiste au mariage de son dernier amant en date. Elle est quelque peu dépitée, mais elle saura rebondir, comme à chaque fois.

Elle se remémore son enfance auprès de ses grands-parents, son passage au théâtre de Montauban où elle a été repérée grâce à sa voix harmonieuse, puis son entrée au conservatoire de Toulouse, sa présence à l’Opéra de Paris, son mariage avec le Prince Savouroff, l’assassinat de celui-ci lors de la révolution russe d’octobre 1917, son emprisonnement puis sa fuite facilitée par un rustre avec lequel elle a couché en guise de remerciements, puis son retour à la Paris, où elle connait le succès sur les planches de l’Opéra.

Cette remontée de souvenirs a été déclenchée également à la lecture d’un article d’un journal annonçant la présence d’Olga Savouroff, épouse Karl von Forbak, sa belle-sœur. Aussitôt elle se précipite à l’hôtel où réside cette princesse qu’elle aimait bien et est accueillie bras ouverts.

Olga s’inquiète pour la santé de son fils. L’air de Berlin ne lui convient pas et il doit s’installer quelque temps dans le Sud de la France. Mais il lui tarde de rejoindre son mari dont elle est toujours follement amoureuse. Marianne lui propose alors de s’occuper de son fils puisqu’elle-même va se rendre sur sa terre natale, à Montauban.

Elle retrouve le jeune homme, prénommé Eitel, qui a dix-huit ans et ne paraît pas si mal en point que cela. Et le jeune homme commence à lui faire une cour effrénée qu’au début elle repousse. Mais bientôt ils se retrouvent dans le même lit. Au grand contentement d’Eitel et d’elle-même car elle a toujours aimé l’amour et sa pratique charnelle.

Mais Eitel, malgré son jeune âge est imbu de sa petite personne, suffisant, et Marianne n’est qu’une passade à ses yeux. Bientôt Marianne fait la connaissance d’un militaire, le commandant Jean de Sermoy, et entre eux débute une histoire d’amitié suivie d’une histoire d’amour. C’est par hasard qu’il apprend l’identité de scène de Marianne, mais aussi ses précédentes frasques amoureuses. Pourtant cette fois, Marianne ne joue pas.

 

Marcelle Davet, plus connue sous le nom de Michel Davet par ses nombreux romans publiés chez Plon et aux Presses de la Cité notamment, fut une romancière prolifique dès les années 1930 jusqu’au début des années 1980.

Née Hélène Marty, le 2 décembre 1905 à Catus dans le Lot, elle est décédée le 16 novembre 1990 à Paris, dans le 16e arrondissement. Selon certaines sources (Babelio et Wikipedia), elle aurait emprunté son nom de plume à sa grand-mère, dont c’était le nom de jeune fille, et serait restée célibataire, sans enfant. Des informations qui se contredisent puisqu’elle se serait mariée avec le docteur Davet.

Elle a également signé sous les pseudonymes de Madeleine Bru et Laura Mirandol. Son roman Douce a été adapté au cinéma par Claude Autant-Lara, l’héroïne étant interprétée par Odette Joyeux.

Avec La lueur dans la nuit, elle nous propose un étonnant portrait de femme, libre avant l’heure, ayant eu de nombreux amants, mais n’étant pas une femme vénale. Une amoureuse tout simplement, profitant de la vie et des hommages, ou des circonstances parfois dramatiques tout en y trouvant malgré tout son plaisir.

Comme elle le déclare elle-même :

J’ai mené la vie libre des hommes et, jusqu’à ce jour, je pensais que c’était mon droit.

Ce qui était permis aux hommes était interdit aux femmes. Rappelez-vous ces mères de famille qui déclaraient, cachez vos poules, je sors mon coq, parlant de leurs fils.

Marcelle Davet dans ce roman, à l’écriture soignée, égalait la pensée de ces romancières qui se sont fait une célébrité littéraire dans le combat de la femme pour la parité, l’égalité sexuelle, et autre, telles que Renée Dunan, Colette, Françoise d’Eaubonne et bien d’autres, mais n’a pas atteint la gloire à laquelle elle aurait pu prétendre, étant éditée chez un éditeur populaire dont la production était trop prolifique pour marquer les esprits.

 

Marcelle DAVET : La lueur dans la nuit. Collection Le Livre favori N°1146. Editions Ferenczi. Parution 2e trimestre 1954. 64 pages.

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19 mars 2021 5 19 /03 /mars /2021 05:21

Les caviars de Sturgeon.

Theodore STURGEON : Fantômes et sortilèges.

Ne vous attendez pas à côtoyer des fantômes comme si vous étiez en promenade dans un château écossais. Dans ces nouvelles de jeunesse de Theodore Sturgeon, il s’agit plus de surnaturel, et parfois d’une forme de transmission de pensée de la part de certains protagonistes.

Theodore Sturgeon œuvre dans le fantastique classique, traditionnel, ce qui n’est pas déplaisant, au contraire. Il permet au lecteur de nos jours de retrouver la fraîcheur qui émaillait des textes lesquels demandaient à celui-ci d’imaginer quelques scènes au lieu de les subir.

Parfois, l’on sent une influence dictée par les grands anciens, ceux du début du XXe siècle dans l’écriture et le thème choisi. Ainsi, dans Une cargaison, nous retrouvons l’ambiance maritime chère à William Hope Hodgson.

Il s’agit d’un cargo promis à la réforme aux Etats-Unis, durant la Seconde Guerre Mondiale, et qui part effectuer une livraison avec à bord des marins qui devraient se trouver sous les verrous. Bientôt ce cargo ne répond plus aux directives du Pacha malgré les tentatives des marins à lui faire garder le cap. Une entité surnaturelle semble maître à bord et entraver son voyage. Jusqu’à une certaine limite puisque ce cargo pourra rejoindre le continent américain après avoir dérivé jusqu’aux abords du détroit de Gibraltar.

Plus que les fantômes qui ne sont pas présents, ce sont des forces surnaturelles qui guident les protagonistes dans leurs décisions, les influent, les guident, les obligent à se conduire d’une manière différente de ce qu’ils souhaiteraient.

Entre sortilèges et coups du sort, entre essence littéraire de la fin du XIXe siècle et celle de la fin du XXe, ce recueil nous offre des possibilités de s’insérer dans des esprits qui dérangent le bon ordonnancement du cours de la vie, des envies des protagonistes et de leur destin.

 

Au sommaire de ce recueil, huit nouvelles écrites entre 1940 et 1948, réunies par Marianne Leconte et traduite par Eric Piir.

Sommaire :

Le bouffon caratique (Shottle Bop - 1941),

La hantise (The Haunt - 1941)

Les mains de Bianca (Bianca's Hands - 1947)

Une cargaison (Cargo - 1940)

Pas de quoi perdre la tête (Derm Fool - 1940)

L'ombre d'une chance (Ghost of a Chance / The Green-Eyed Monster - 1943)

La cafarde (Blabbermouth - 1947)

Ci-gît Syzygie (It Wasn't Syzygy - 1948)

Theodore STURGEON : Fantômes et sortilèges. Collection Le Masque fantastique N°4. Editions Librairie des Champs-Elysées. Parution 1er trimestre 1978. 256 pages.

ISBN : 2702406807

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17 mars 2021 3 17 /03 /mars /2021 05:22

Ce n’était pas mieux avant, puisqu’aujourd’hui c’est pareil !

Mine ORANGE : Dominique et les enfants du soir.

Fils unique de riches commerçants drapiers, Dominique est un solitaire. Il ne manque de rien, il est couvert de cadeaux, mais il aimerait que ses parents s’occupent un peu plus souvent de lui, s’intéressent à lui.

Ils sont accaparés par leur travail et le soir ils sortent au restaurant ou au spectacle. Alors il est seul, comme abandonné. Heureusement, il possède en Julot un ami. Un cheval avec lequel il aime parcourir le bois non loin de chez lui, dans les quartiers chics de la capitale.

Nichée dans les bois, à l’écart de tous promeneurs, une résidence quelque peu rococo se dresse dans un immense parc. C’est la propriété de la femme péruvienne d’un oncle de ses parents qui s’est installé au Pérou. Cela fait déjà quelques années que l’oncle Léon ne donne plus de ses nouvelles. Dominique a récupéré les clés de la villa Czozcco (ancienne appellation de Cuzco), une demeure qui recèle des trésors. Ses parents voudraient en hériter pour la démolir et construire à la place une immense résidence panoramique.

Un jour Dominique découvre dans cette luxueuse villa à l’abandon, une jeune fille de son âge réfugiée dans l’une des chambres. Sa figure est marbrée et elle a faim. Celle qui se surnomme la Reine d’Aubervilliers mais qui répond également au nom de Moucheronne, s’est enfuie de chez une vieille femme qui la battait. Elle aimerait bien que Dominique retrouve son frère, Aubervilliers-John, qui est devenu un voyou.

Dominique lui apporte quelques vivres puis, comme le soir il est seul, il décide de partir à la recherche d’Aubervilliers-John aux Halles. Les premiers contacts sont rugueux, mais lorsqu’il apprend que Dominique s’occupe de sa sœur, le jeune voyou devient plus conciliant. Malgré tout il traîne une mauvaise réputation dans ce quartier surnommé le Ventre de Paris.

 

Dominique se fait un ami en la personne de Félix que les autres collégiens délaissent, à cause de sa couleur de peau : c’est un Noir. Mais si les préjugés sont tenaces, Félix démontrera qu’il vaut nettement mieux moralement que leurs condisciples.

Et c’est ainsi que Dominique, parfois accompagné de Félix, sillonnera le quartier des Halles, recueillant un vieux chien, Roitoutou, faisant la connaissance d’un joueur d’orgue de Barbarie, qui coïncidence se prénomme Léon comme son grand-oncle. A la demande de Moucheronne il logera des gamins des rues, des orphelins qui traînaillent à gauche et à droite, rejetés par tous. La villa Czozcco est transformée en refuge où s’épanouissent des enfants de toutes nationalités, et qui s’amusent avec les trésors confinés dans la demeure. Des singes et des perroquets empaillés, un théâtre de marionnettes…

Mais cela ne peut continuer ainsi car malgré toute la bonne volonté affichée par Dominique, Félix et Léon Brindezinc, il va falloir trouver une solution pour expliquer ce qui constitue un squat. Et surtout continuer à assurer leur subsistance.

 

Pétri de bonnes intentions, Dominique et les enfants du soir, navigue entre mièvrerie, mais à l’époque de la lecture (il y a plus de soixante ans) cela ne m’avait pas marqué, et une leçon d’altruisme. Ce roman dénonce également le racisme, car Félix est fils de roi africain, mais surtout d’un commerçant, roi du chocolat. Dédaigné à cause sa couleur de peau, il est ensuite considéré comme un enfant tout à fait remarquable par les parents de Dominique lorsqu’ils apprennent la condition sociale et financière de son jeune ami et de ses parents. Quant à Dominique il est considéré comme l’égal de l’Abbé Pierre, en recueillant des traumatisés de la rue.

Ce roman nous permet également de nous remémorer quelque peu l’ambiance des Halles, principalement le quartier des bouchers, et de ces restaurants fréquentés par ceux qui étaient surnommés à juste titre les Forts des Halles, et par les bourgeois venus déguster les plats mais qui étaient servis à l’étage. Une forme de discrimination.

A part les Halles qui n’existent plus, l’intrigue de ce roman pourrait se dérouler de nos jours. Outre les enfants laissés à l’abandon dans la rue, on peut également signaler l’appât du gain avec la démolition envisagée d’un domaine remarquable pour construire à la place des immeubles de prestige.

Mine ORANGE : Dominique et les enfants du soir. Collection Idéal-Bibliothèque N°146. Editions Hachette. Parution 1er trimestre 1958. 192 pages.

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16 mars 2021 2 16 /03 /mars /2021 04:48

Dans la jungle, terrible jungle…

Jack CANNON : La nuit de la jungle.

Ancien agent de la CIA en retraite Engels est découvert assassiné. L'Agence et le BOSSY, groupe d'élite du N.Y. City Police Department représenté par Hauptmann, prennent en charge l'enquête, au grand dam de Ryker.

Il en héritera toutefois lorsque la femme d'Engels, théoriquement protégée par des gardes du corps dans une chambre d'hôtel, connaîtra le sort de son époux. Puis Hauptmann sera découvert, dépecé et torturé sur le toit d'un immeuble où il devait tenir une conférence. Sa femme et l'un de ses enfants sont également abattus.

Jorgenson, qui appartient à la CIA, fournit à Ryker ainsi qu'à son coéquipier Lentini et à Lindly, inspecteur et rare ami de Ryker, des informations. Selon lui le meurtrier serait un nommé Morgan qui aurait été à la solde de l'Agence à la fin de la guerre du Vietnam et aurait à son actif bon nombre de cadavres de Viets sur la conscience, touchant une prime pour chaque dépouille.

Ryker décèle dans la confession de Jorgenson des mensonges ou des omissions. Il pense que Morgan, soi-disant lépreux, est à ses trousses aussi il se réfugie chez les parents de son ex-femme, des Allemands qu'il accuse de nazisme. Ceux-ci possèdent dans leur ferme un arsenal impressionnant. Une nuit ils entendent du bruit. Le lendemain les chiens sont retrouvés morts.

Lentini décède en voulant utiliser la voiture piégée et Lindly est blessé. Ryker regagne New-York. Un nouvel équipier, Crowley, lui est dévolu. Il tend un piège à Morgan en compagnie de Jorgenson dans une localité de Long Island. Les deux hommes se retrouvent seuls en pleine nuit et Jorgenson avoue le reste de l'histoire Morgan.

 

Cette cinquième aventure de Ryker diffère des précédentes en cela que le tueur ne présente pas le même profil, et surtout parce que la CIA est impliquée aussi bien dans cette affaire que dans des exactions commises lors de la guerre du Vietnam.

Un récit qui repose sur le mensonge, les faux-fuyants, les illusions, et au cours duquel Ryker, et le lecteur, a du mal à cerner la vérité. Le doute subsiste dans les esprits quant à l'identité réelle de Jorgenson.

Bizarrement, le copyright est de 1975 alors que l'action se passe au début des années 1980.

Sous le pseudonyme de Jack Cannon se cache Nelson de Mille, auteur américain qui a également signé sous les pseudonymes de Kurt Ladner et Brad Matthews.

Jack CANNON : La nuit de la jungle. (Night of the phoenix – 1975. Traduction de Jean-Louis Touchaut). Série Ryker N°5. Collection Supercops N°24. Editions Fleuve Noir. Parution 25 mars 1998. 220 pages.

ISBN : 978-2265049932

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15 mars 2021 1 15 /03 /mars /2021 05:14

Le nouveau sujet du Bac ?

Ellery QUEEN : Les quatre côtés du triangle

A la fin des années 1980, de nombreux inédits d’Ellery Queen furent publiés aux Editions J’Ai Lu, alors placées sous la houlette de Jacques Sadoul.

Mais la plupart du temps ce furent des apocryphes, des romans édités sous le label Ellery Queen mais dont le nom des véritables auteurs était masqué. Exemple Sherlock Holmes contre Jack l’Eventreur qui a été rédigé par Paul W. Fairman.

Ces romans n’étaient pas égaux dans la forme et le fond, dans le style et l’écriture, même s’il est toujours difficile de comparer lors de traductions. Les Quatre côtés du triangle possède un petit air de pastiche puisque nous retrouvons le détective, au nom éponyme de son auteur supposé, immobilisé à l’hôpital, dans le rôle d’un Armchair-détective, c’est-à-dire d’un détective qui résout les énigmes sans se déplacer sur le terrain, et dont le plus célèbre représentant reste le héros de Rex Stout, l’Homme aux orchidées alias Nero Wolfe.

On retrouve dans ce roman tout ce qui a fait le charme des précédents romans, cette rigueur de l’intrigue, ce sérieux dans la construction, la résolution de l’énigme par une espèce de jeu de piste. Cette fois, c’est un anagramme qui conduit à la solution, le retournement de situation, tout ce qui a permis à Ellery Queen de régner pendant cinquante ans sur le roman policier sans que les textes aient pris une ride.

 

La famille McKell est richissime de père en fils. Une tradition que le fils bafoue allègrement puisqu’il veut devenir écrivain et ne désire pas succéder à la tête de l’entreprise, de l’empire même, familial.

Lutétia, la mère très puritaine, confie à Dane que son père pourrait avoir des relations extraconjugales. Dane enquête… et s’éprend de Sheila, celle qui serait la petite amie de son père. Cruel dilemme ! Jusqu’au jour où Dane ne peut supporter cette situation et cette tension.

 

Excellent roman signé Ellery Queen, mais qui est l’œuvre d’Avram Davidson, connu en France pour quelques romans de science-fiction et surtout pour ses nouvelles éparpillées dans des revues et magazines dont Mystère Magazine, Le Saint détective magazine, Fiction, Choc et Choc Suspense.

Ellery QUEEN : Les quatre côtés du triangle (The fourth side of the triangle – 1965. Traduction de Laure Terilli). Collection J’Ai Lu policier N°2276. Editions J’Ai Lu. Parution le 29 octobre 1987. 256 pages.

ISBN : 9782277222767

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11 mars 2021 4 11 /03 /mars /2021 05:17

Que je t’haine, que je t’haine, que je t’haine…

Johnny Halliday.

Maurice PERISSET : Les noces de haine.

Dans le monde du spectacle, au cinéma ou au théâtre, le mensonge est roi. Et pas seulement sur scène.

Il sévit également en coulisses, se cachant derrière les sourires de façade, des amours intéressées, des faux-fuyants, des faux-semblants, des rancœurs, des jalousies professionnelles ou sentimentales.

Le couple formé par Caroline Maxence-Labray, directrice avisée du théâtre Visconti, et Stéphane, son second mari, relégué dans un vague rôle de secrétaire, se lézarde et pas obligatoirement à cause de leurs dix-huit ans d’écart.

Un secret les relie, les attache l’un à l’autre, devenant de jour en jour plus pesant, tel un joug dont chacun d’entre eux voudrait bien se débarrasser. Et pour que ce secret ne s’ébruite pas, afin d’éviter un éventuel scandale toujours préjudiciable dans la vie professionnelle, la seule solution envisageable réside dans la séparation qui ne peut s’effectuer que par la mort de l’un des deux protagonistes.

Caroline, qui ne vit que pour et par son théâtre, décide de supprimer, ou plutôt de faire supprimer son mari, lorsque l’occasion se présente sous la forme d’un jeune comédien. Un jeune pris sur le fait lors d’une indélicatesse et qu’elle pense pouvoir manier à sa guise.

Mais l’on a beau être habitué à la mise en scène et aux scénarios bien ficelés, à la vie comme au théâtre, c’est sans compter sur les impondérables, sur le fameux coup de théâtre. Et caroline n’avait pas tout prévu, n’imaginant une solution qu’en fonction de ses désirs, oubliant un peu vite que son partenaire dans la vie peut bousculer une mise en scène trop bien réglée.

 

Maurice Périsset, qui connait bien le monde du spectacle, a écrit une satire féroce sur le monde du théâtre.

Bien sûr il ne faut pas tout prendre à la lettre, comme dirait mon facteur, mais il n’y a pas de fumée sans feu.

Nonobstant, que le spectacle continue !

Maurice PERISSET : Les noces de haine. Collection J’ai Lu Policier N°2759. Editions J’ai Lu. Parution mars 1990. 320 pages.

ISBN : 9782277227595

Première édition : Editions du Rocher 1984.

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9 mars 2021 2 09 /03 /mars /2021 05:15

Et ce n’est pas la nôtre…

Frédéric CHARLES : La mort est leur affaire.

Quand on est dans la dèche comme Mazur, le meilleur moyen de se procurer un peu d’argent, c’est de mettre des objets personnels en gage. Seulement quand on les récupère, payer avec des billets qui ont été coupé en deux et raboutés avec une bande de scotch, cela attire l’attention du prêteur. Une fois, cela va, mais à la seconde, il alerte la police.

Mazur avait été contacté par un individu qui l’avait fait embaucher dans un laboratoire comme surveillant, en lui fournissant une identité factice. Un travail pas trop fatiguant, car Mazur doit, lors de la sortie des employés, les fouiller afin de vérifier s’ils ne sortent pas indûment un objet fabriqué sur place.

C’est ainsi qu’il se voit remettre dix billets de dix dollars coupés en deux, le reste lui étant donné lorsque son contrat sera honoré.

Lors du déshabillage d’un des employés, celui-ci doit lui remettre un petit objet enveloppé dans du papier de soie, puis à la sortie le lui redonner, et ni vu ni connu, l’homme peut repartir avec.

Mazur, suite à la dénonciation du prêteur sur gages, est filé par un policier qui n’est guère malin. Mazur le repère aussitôt car ce flic arbore fièrement une cravate jaune avec dessus un dessin peint à la main. Il ne lui reste plus qu’à tenter à déjouer cette filature et se fondre dans la nature.

Seulement le FBI d’un côté, celui qui l’a recruté de l’autre, sont sur ses traces. Le premier à le retrouver est l’un des sicaires de Marambo, l’homme qui lui a remis l’argent et qui est affublé d’un nez en forme de groin. Mazur est enlevé en voiture et le conducteur le propulse sur la route à l’aide d’un siège éjectable. Théoriquement, Mazur ne devrait plus faire parler de lui. Sauf qu’il n’est pas mort dans l’accident provoqué et qu’il est recueilli par une jeune comédienne qui rentre chez elle.

Dorothy Spring, la comédienne, prend cette aventure comme un jeu. Elle vit une comédie qui l’amuse et Mazur est hébergée chez elle, ou plutôt chez ses riches parents, absents pour le moment.

Le lendemain, la photographie de Mazur est étalée pleine page, et Mazur se rend au théâtre où se produit Dorothy Spring. La jeune fille qui n’a pas lu les journaux n’est au courant de rien, aussi elle accepte de le maquiller et le grimer, comme s’il s’agissait d’une bonne farce.

Mais la police, le FBI et Marambo et ses hommes de main, sont à sa poursuite, et cela va dégénérer pour Mazur.

 

Roman hybride, mi-policier, mi-espionnage, La mort est leur affaire se déroule dans un New-York qui est un peu un décor de film d’action.

Le but de Mazur est de faire passer une ampoule contenant un produit détonnant capable de tout détruire sur des centaines de mètres à la ronde. Seulement si trois ampoules sont été récupérées, il manque la quatrième qui est en possession de Mazur.

Et cette ampoule est un peu la sauvegarde de Mazur car ses traqueurs veulent la récupérer en bon état. Donc il faut s’emparer de Mazur tout en évitant de trop le brusquer, car si l’ampoule vient à être éclatée, les conséquences seraient terribles. Pour lui, ce n’est pas bien grave aux yeux de ceux qui le pourchassent, mais aussi pour tous ceux qui se trouvent à sa proximité dans un rayon de quelques dizaines de mètres. Des quartiers entiers de New-York seraient à reconstruire !

Au fait, l’auteur qui se cache sous le pseudonyme de Frédéric Charles n’est autre que Frédéric Dard. Ce roman est dédié à Robert Hossein, en souvenir du Plomb. Affectueusement. F.C.

 

Frédéric CHARLES : La mort est leur affaire. Collection Espionnage N°61. Editions Fleuve Noir. Parution 1er trimestre 1955. 224 pages.

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3 mars 2021 3 03 /03 /mars /2021 04:07

Il avait mis le produit de ses fouilles dans les caisses !

Sax ROHMER : L’esprit du faucon noir

Si Fu-Manchu a marqué de son empreinte l’univers littéraire de Sax Rohmer, il ne faut pas oublier les nombreuses autres nouvelles que l’auteur britannique a écrites en prenant pour décor l’Orient mystérieux.

Dans les nouvelles présentées dans ce volume, six sont extraites de Tales of Secret Egypt (1918), six autres textes ayant été proposés dans Le détective d’Allah (Aventure Insensée N°1939). Les quatre autres nouvelles composant ce volume ont été éditées séparément entre 1922 et 1926.

Des textes qui jouent sur le thème du Mystère, avec des à-côtés fantastiques, policiers ou simplement d’aventures, mais toutes possèdent pour décor l’Egypte. L’Egypte antique et l’Egypte moderne se catapultent, s’intègrent, ne font plus qu’une car le passé et le présent s’amalgament.

Les superstitions et le cartésianisme se marient et se jouent des différents protagonistes, en leur offrant de nombreux sujets de conversations.

Lieux hantés, recherches archéologiques contrariées, bijoux portés par de magnifiques femmes aux yeux noirs, phénomènes surnaturels, tels sont les thèmes développés, et que l’on retrouve dans ces nouvelles, à des degrés divers.

Si les bijoux, bagues et pierres précieuses s’avèrent tangibles, palpables, dérobées parfois et issues de trésors millénaires, les autres phénomènes peuvent être interprétés comme des manifestations produites par des illusions, dues à l’alcool notamment, ou à une disposition d’esprit favorable à des réminiscences de sortilèges antiques. A moins que des revenants ou descendants préposés à la garde des lieux sacrés comme les puits menant aux trésors enfouis, prennent leurs rôles au sérieux afin de conserver l’intégrité des ruines sacrées.

La magie des Mille et une nuits se transmet à travers les siècles, trouve de nouveaux supports mais dans la continuité des légendes plus ou moins issues de faits réels. Mais s’agit-il de sortilèges ou de tours de passe-passe ?

 

Et comme deux avis valent mieux qu’un seul, je vous propose celui-ci :

Contrairement à La Malédiction qui jouait à plein la carte d'un Fantastique assez « musclé », L'Esprit du Faucon Noir se situe plus dans la tradition des contes orientaux modernisés, des contes où l'incertitude fantastique et l'onirisme ont la part belle. C'est un Sax Rohmer toujours passionné (comme bien de ses confrères de l'époque) par les mystères de l'Orient que l'on retrouve ici, mais dans une veine inhabituelle chez lui et bien différente de la mise en scène des exactions de Fu Manchu. Cette facette de l'auteur se retrouve également dans l'autre recueil, policier, lui, publié en même temps par « 10/18 », Le Détective d'Allah. En tout cas, c'est toujours avec un plaisir renouvelé que l'on retrouve ce Sax Rohmer nouvelliste, qui sait si bien nous enchanter avec ses perles mystérieuses nées de l'union du désert et de la clarté lunaire.

Richard D. NOLANE. Première parution : 1/9/1989 dans Fiction 411.

 

Sommaire :

Francis LACASSIN : Préface.

 

Secrète Egypte :

Le Seigneur des chacals (Lord of the Jackals)

Le Piège aux Ames (Lure of Souls)

Le Secret d'Ismaël (The Secret of Ismail)

Harun Pacha (Harûn Pasha / Haroun Pasha)

Dans la vallée de la Sorcière (In the Valley of the Sorceress)

Fleur de Grenadier (Pomegranate Flower)

 

Autres mystères d’Egypte :

La Main du Cheikh Blanc (The Hand of the White Sheikh)

Le Père des Voleurs (Father of Thieves)

L'Esprit du Faucon Noir (Spirit of the Black Hawk)

Le Trésor de Taïa (The Treasure of Taia / The Haunted temple)

 

Francis LACASSIN, Bibliographie

 

Sax ROHMER : L’esprit du faucon noir (Tales of Secret Egypt. Traduction de Robert-Pierre Castel). Collection L’aventure insensée N°1940. Editions 10/18. Parution juin 1988. 256 pages.

ISBN : 9782264011251

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