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5 février 2021 5 05 /02 /février /2021 05:02

Lorsque l’Oncle Paul se lâche en fin d’article !

Pierre LAVAUR : Vous êtes trop jolie.

A vingt-deux ans, la trop jolie Jeannine Brémond ne manque pas de prétendants. Peut-être sont-ils attirés également par sa richesse en plus de sa joliesse et de sa grâce. Seuls deux jeunes hommes semblent avoir ses faveurs.

L’un, Jacques Daubry, vingt-six ans, beau garçon et de tournure aimable, issu d’excellente famille, promis à un bel avenir dans l’administration, s’est déclaré, mais elle a réservé sa réponse. Timide, il a attendu un certain temps qu’elle se décide mais elle a toujours repoussé l’engagement qu’il attendait.

L’autre, Fernand Lastours, semble avoir sa préférence mais celui-ci la dédaigne. C’est un actif, travaillant comme ingénieur d’usine. Son seul tort est d’être lui aussi timide, mais sans oser se déclarer. Pourtant il l’aime, Jeannine en est convaincue.

De leur côté, les parents de Jeannine verraient d’un œil favorable cette union. D’ailleurs, malgré leur souhait de garder leur fille à la maison, ils la pressent de se marier car elle en a l’âge. Et ils aimeraient aussi devenir grands-parents. Ils sont unanimes : Fernand Lastours, qu’ils connaissent bien pour le recevoir fréquemment, serait leur préféré.

Incidemment, alors qu’elle se promène dans un parc, Jeannine rencontre Daubry. Elle lui affirme toute son affection, sans plus. Quant à Fernand Lastours, il est bien obligé de s’expliquer sur son manque d’entrain et se non-demande en mariage. Il affirme qu’il l’aime mais qu’elle est trop jolie pour lui

Une phrase qu’il n’aurait jamais dû prononcer car Jeannine emploie les grands moyens, pensant ainsi que Fernand la demandera en mariage. Pas besoin de plus d’explication, l’illustration de couverture est assez parlante pour que je m’étende davantage sur le sujet. Seulement, et après, comment réagira le jeune homme inconscient de ses paroles ?

 

Un roman sentimental qui, comme souvent se clôt sur une note dramatique. Presque. Mais il est des paroles qu’il vaut mieux éviter de prononcer, même si l’on est sincère, on ne prévoit jamais les réactions que cela peut entraîner.

Les temps ont bien changé depuis ce début des années 1930, et une femme se conduirait-elle ainsi après avoir entendu ce genre de réponse ? Pas sûr, et même cette réplique pourrait éventuellement être considérée comme du non-harcèlement ou du harcèlement à l’envers. Les réactions ne seraient sûrement pas les mêmes de nos jours.

Et puis, entre temps, il y aurait eu essayage, et chacun aurait pu émettre son opinion sur d’autres capacités. Etait-ce mieux avant ? Mais comme disait la jeune mariée : je préfère avant parce qu’après c’est pendant !

Pierre LAVAUR : Vous êtes trop jolie. Collection Le Roman du Dimanche N°75. Editions Librairie Contemporaine. Parution 1933. 30 pages.

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29 janvier 2021 5 29 /01 /janvier /2021 05:28

De tous temps il y a eu des rebelles !

Hélène SIMART : Le rebelle.

Quelques individus voient du Dard partout. Ainsi ils affirment que sous le pseudonyme d’Agnès Laurent, auteur de romans dans la collection Angoisse du Fleuve Noir, il ne s’agirait pas d’Hélène Simart mais du créateur du commissaire chéri de ses dames, San-Antonio. Ils arguent en effet que le style d’Hélène Simart serait totalement différent de celui d’Agnès Laurent. Ils oublient qu’entre Frédéric Dard et San-Antonio ce fameux style est lui aussi distinct et que si ces deux noms n’avaient pas été reliés, on aurait souvent du mal à imaginer qu’il s’agit du même auteur.

Ayant eu l’occasion de lire un roman d’Hélène Simart, je me suis amusé à comparer et je n’ai trouvé aucune différence majeure entre cette dernière, spécialiste des romans dits sentimentaux, et celui d’Agnès Laurent, dont j’ai chroniqué par ailleurs L’Ultime rendez-vous.

Deux romans axés sur la psychologie des personnages principaux.

Entre Davies Norton, orphelin recueilli et élevé par son Oncle Edouard Norton, et celui-ci, s’est élevé un mur. Davis, après des études non achevées de médecine, s’est tourné vers la sociologie, abandonnant peu après les études et quittant le domicile de cet oncle, un hôtel particulier de Neuilly. Une rupture qui semble définitive et qui d’ailleurs l’est, puisque lorsque nous faisons la connaissance de Davies, celui-ci s’introduit dans la demeure familiale et apprend par Pierre, le fidèle serviteur, que son oncle vient de décéder.

Le conflit entre l’oncle et le neveu était permanent, et les événements de Mai 68 ont forgé l’esprit contestataire du jeune Davies. Il était devenu un rebelle, préférant effectuer de petits boulots pour subsister, louant une chambre mansardée dans un quartier très populaire de la capitale, et se rendant souvent dans une cité défavorisée de Nanterre et dans un bidonville.

Or donc, lorsqu’il arrive chez son oncle défunt, dont il ignorait le décès, il est interloqué par l’annonce que celui-ci venait de se marier avec une jeune femme de plus de trente ans sa cadette. Répondant au doux nom de Marie-Estella, c’est-à-dire Marie-Etoile. Le comble est atteint lorsqu’elle déclare sans vergogne que si elle s’est mariée, c’était bien pour l’argent, Edouard Norton ne désirant pas que Davies soit héritier.

Lors d’une nouvelle visite à Marie-Etoile (j’aime bien ce prénom !) Davies apprend qu’elle a fait venir son père et son jeune frère qui étaient restés en Espagne. Il avait bien vu sur une étagère la photo d’un homme déjà âgé, mais il s’était fourvoyé dans ses suppositions.

Davies reçoit très souvent ses amis dans son studio. Jacqueline, la seule femme du groupe ; Louki, ancien pupille de l’Assistance publique, efflanqué, faux Chérubin instable ; Fan, un métis intelligent et nonchalant ; Georges dit le Pluvian, maigre et roux, ayant perdu trois doigts de sa main droite dans une courroie de transmission. Ils se sont connus sur les barricades de Mai 1968.

L’argent de l’oncle, présumé détourné par Marie-Etoile, aurait fait le bonheur de ces cinq amis, qui aident les défavorisés de la cite Marguerite et du bidonville. Déjà Davies avait eu des projets d’emploi de cette manne, espoir tombé à l’eau. Pour autant lui et ses camarades ne désarment pas. Sachant que Marie-Etoile doit se rendre dans un restaurant huppé, les amis investissent l’établissement, le visage masqué, et dévalisent les clients. Seulement, Davies se brûle le poignet à la cigarette de Marie-Etoile et de plus il lui chipe une bague de valeur. Deux faits anodins qui seront lourds de conséquences.

Mais ce n’est pas assez, et un kidnapping est envisagé. Davies s’est entiché du jeune frère de Marie Etoile qui voit en lui un ami, un protecteur. Malgré ses objurgations, le gamin est enlevé à la sortie de l’école et Davies est contrarié, voire en colère. Marie-Etoile est désemparée.

 

Ce roman publié dans une collection sentimentale est également un roman policier, de suspense et d’angoisse. La bonne entente entre les amis se fissure bientôt, surtout lorsque Louki traite Fan de métis. Une entorse raciste que Davies n’admet pas.

Les actions entreprises par les amis envers les enfants de la cité et ceux des bidonvilles sont à assimiler aux agissements d’œuvres caritatives, un peu comme le font les compagnons d’Emmaüs, mais à une petite échelle. Et il y a en eux l’aspect de Robins des Bois modernes. Seulement, cela ne peut toujours durer, surtout lorsque les tensions s’élèvent et que le cœur s’émeut.

Il n’y a guère de différence entre Hélène Simart et Agnès Laurent, malgré les assertions de certains, du moins dans ce roman, beaucoup moins qu’entre Frédéric Dard et Agnès Laurent. Il me faudra trouver d’autres romans de cet auteur afin d’affiner les comparaisons.

 

On s’acharne à tuer le temps, en attendant qu’il nous tue. Finalement, c’est toujours lui le plus fort. Il gagne toujours.

 

Croyez-vous que si les clients des grands restaurants pratiquaient le jeûne, cela remplirait pour autant l’estomac des autres ?

Opinion bourgeoise d’une société de consommation.

Hélène SIMART : Le rebelle. Cercle Romanesque. Editions Jules Tallandier. Parution 3e trimestre 1975. 220 pages.

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25 janvier 2021 1 25 /01 /janvier /2021 05:22

Quand Barbara Cartland dénonçait la politique discriminatoire des races appliquée par ses compatriotes !

Barbara CARTLAND : Les roses de Lahore

Devenue orpheline à seize ans dans des conditions tragiques, Azalée Osmund a été recueillie par son oncle, un militaire intransigeant, rigide et obtus à la fin des années 1880.

Elle fille d’un militaire britannique et d’une mère d’origine russe, a quitté son pays natal, l’Inde, et s’est trouvée mise au service de son oncle et de sa famille. Sa tante, qui ne vaut guère mieux que son mari, et leurs deux filles. Elle est devenue la Cendrillon du foyer, occupée à des tâches ménagères, qu’elle subit sans broncher car elle sait qu’elle ne peut se rebeller. Le passé de ses parents ne plaide guère pour elle, selon son oncle. Elle cache un secret honteux, du moins c’est ce qu’il affirme, et elle doit vivre avec sans en parler. Sans pouvoir s’épancher auprès d’une oreille amie.

Lors d’une réception, elle est surprise, dans une salle retirée, par Lord Sheldon, un militaire impérieux et séduisant. Il était en discussion avec un ami, se plaignant de la politique britannique envers les peuples placés sous la domination de la Couronne royale. Il pense être en présence d’une domestique, à cause de sa vêture, et qu’elle l’espionnait mais elle dément toute intention de lui nuire.

Son oncle doit se rendre à Hong-Kong afin de remettre de l’ordre, le gouverneur actuel professant des idées qui ne sont pas à l’ordre du jour. Azalée est toute contente. Elle va retrouver une ambiance et une atmosphère qui lui manquent. Le froid, l’humidité, la grisaille britannique lui pèsent et au moins elle va se sentir presque chez elle. Le voyage s’effectue à bord d’un navire et si la famille Osmund bénéficie d’une cabine de première classe, la pauvre Azalée se verra confinée dans une sorte de débarras.

Mais elle ne reste pas recluse longtemps. Azalée s’occupe, avec l’accord d’une stewardesse, d’enfants des 2e et 3e classes. Au moins pendant qu’elle leur chantera des chansons et racontera des histoires, ils ne seront pas à courir dans les couloirs. Elle se lie avec une Chinoise de Hong-Kong qui doit rejoindre son mari. Et un jour, alors qu’elle se promène sur le pont, elle rencontre incidemment Lord Sheldon. Elle lui apprend son statut d’orpheline mais garde pour elle son secret. Ils tombent amoureux, ça arrive, pourtant durant leur séjour à Hong-Kong, elle continuera à rester évasive sur ce qui la tracasse et l’empêche d’être heureuse.

A Hong-Kong, elle sera reçue par son amie chinoise, et vivra des aventures mouvementées, étant même la proie de pirates qui pillent les navires malgré la flotte britannique qui maraude autour de l’île.

 

Roman sentimental, Les roses de Lahore est aussi un roman d’aventures historiques qui s’immisce dans la sociologie et la géopolitique de l’époque. Barbara Cartland écrit en prologue :

Sir John Pope-Kennedy fut le premier gouverneur de Hong-Kong à traiter les Chinois en égaux. Il fut aussi le premier à mettre en pratique le principe de non-discrimination des races, principe énoncé dans les instructions du gouverneur en 1886 seulement, mais bien antérieurement dans les lois concernant les colonies britanniques.

Et c’est bien ce principe de non-discrimination qui porte l’intrigue de ce roman, Barbara Cartland le mettra souvent en avant, dénonçant la morgue de ses compatriotes vis-à-vis des pays colonisés dont les habitants sont traités comme des êtres inférieurs. Azalée se hausse comme porte-parole de cette révolte morale. Elle n’hésite pas à déclarer à Lord Sheldon, lors de leur première rencontre située sous le signe d’un malentendu :

Les remarques que vous avez faites au sujet des femmes me font croire que vous êtes un homme insupportable, suffisant et vaniteux ; celles émises à propos de Hong-Kong correspondent exactement à ce que j’attendais d’un Anglais buté qui croit que la seule façon de prouver sa suprématie est d’écraser ceux qu’il a conquis par la force des armes.

N’avez-vous jamais pensé que tout irait mieux si notre nation traitait ces peuples étrangers avec davantage de générosité, de clémence et de considération ?

Et elle continue sa diatribe en enfonçant le clou. Mais ces propos ne sont pas uniquement à mettre au déficit moral de l’Angleterre. Bien des pays pourraient être la cible de ces vindictes, de nos jours encore.

Ce qui prouve que les romans de Barbara Cartland ne sont pas si anodins que certains veulent le croire en les dénigrant. Encore faut-il les lire pour porter un jugement de valeur.

Barbara CARTLAND : Les roses de Lahore (Fragrant Flower – 1976. Traduction de Roger Foehrle). Editions J’Ai Lu N°1069. Parution 15 avril 1980. 224 pages.

ISBN : 2277210692

Première édition : Editions de Trévise. 1978.

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19 janvier 2021 2 19 /01 /janvier /2021 05:15

La peur de l’étranger jusque dans

les petits villages…

Barbara SYDNEY : Amoureuse de l’étranger.

Les habitants du petit village de Rosbourg, en Picardie, ne comprennent pas pourquoi Arnaud Benaerts, supposé écrivain spécialisé dans les romans d’aventures pour enfants, s’est installé seul dans une vieille masure dénuée de tout confort louée au fermier Fabry.

Les filles du fermier étaient présentes lorsque cet inconnu a proposé d’habiter cette masure. Marieké, seize ans, est sous le charme. Ses deux sœurs, Wilfride, vingt-deux ans et Célia, l’aîné de vingt-quatre ans, sont plus réservées. D’ailleurs Célia est fiancée à Benoît, le jeune instituteur du village. Marieké, afin de rencontrer le plus souvent possible le romancier, lui apporte des œufs, du beurre, des produits de la ferme. Mais l’homme ne se confie guère. Il n’est pas vraiment mutique mais cache jalousement sa vie privée, familiale.

Les villageois eux-aussi se posent de nombreuses questions et toutes les suppositions sont avancées. Arnaud est-il en fuite ? Certains affirment qu’il serait un repris de justice. Célia va jusqu’à affirmer qu’il est un espion.

Pendant ce temps, à Paris, dans le quartier chic jouxtant le Bois de Boulogne, Lucrèce d’Aigremont et son mari Xavier parlent de lui à demi-mots, sans le nommer. C’est toujours Il ou Lui. Xavier se montre plus conciliant tandis que Lucrèce voue une haine inextinguible envers l’écrivain. Quant aux enfants, Patrick qui va au lycée, et Catherine, quatorze ans, ils n’ont pas leur mot à dire.

Un jour, Arnaud Benaerts quitte le village et rejoint la capitale. Les habitants de Rosbourg, non prévenus, se posent des questions, lancent des rumeurs, alimentées par Célia. Marieké est déçue et Wilfride se rend compte qu’elle est tombée amoureuse d’Arnaud et le défend auprès de tous. Un gamin, qui s’avérera n’être autre que Patrick s’installe dans la masure, attendant Arnaud.

 

Ce roman d’amour et de haine psychologique procède par ellipses, les personnages apparaissant peu à peu mais leur rôle et leur rapport avec Arnaud se précisent par petites touches au fur et à mesure qu’avance le récit.

A la fin le lecteur saura quels liens attachent Arnaud et la famille d’Aigremont, et chacun des personnages dévoile sa véritable personnalité. La tension est alors à son comble.

Barbara Sydney n’est autre que Viviane Sirmen, épouse successivement Cambon puis Pernet, mais elle était surtout connue sous le pseudonyme de Liane Méry pour de très nombreux romans érotiques notamment chez Eurédif dans les années 1970.

Malheureusement, si elle a beaucoup produit, c’était souvent chez des éditeurs qui payaient mal, mettant parfois la clé sous la porte en oubliant de régler leurs dettes. Ce genre de mésaventure est arrivé à de très nombreux romanciers dits populaires, dont André Jammet qui signait Paul Berg ou encore Colonel Céruse. Des témoignages écrits le confirment.

 

Un seul geste. Un seul acte. Celui qu’espèrent toutes les femmes à un instant de leur vie : un baiser.

Mais ceux qui partent ne reviennent jamais tels qu’ils sont partis.

Première édition collection Nous Deux N° 231. Parution janvier 1965.

Première édition collection Nous Deux N° 231. Parution janvier 1965.

Barbara SYDNEY : Amoureuse de l’étranger. Collection Romance au coin du feu N°39. Editions Presses Sélect Ltée. Canada. Parution 4eme trimestre 1976. 176 pages.

Réédition de Cet inconnu dans la plaine. Collection Rose rouge N°8. France Sud Publication. 1976.

Première édition collection Nous Deux N° 231. Parution janvier 1965.

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12 janvier 2021 2 12 /01 /janvier /2021 05:06

Tout a une fin !

Agnès LAURENT : L’ultime rendez-vous.

Lorsqu’elle a aperçu l’automobile de luxe se garer dans la cour de la ferme familiale, Rose-Hélène, dix-huit ans, est fascinée par l’un des deux hommes qui se trouvaient dans le véhicule.

Alors que l’un est grand et fort, élégant, l’autre est chétif, assez laid, tenant contre lui un porte-documents de cuir noir. L’homme élégant n’est autre qu’Alban de Civray, le grand romancier, accompagné de son secrétaire et collaborateur Karl Spencer.

Alban de Civray, qui se montrera par la suite Alban si faux, est en manque d’inspiration, du moins c’est ce qu’il prétend, et lorsqu’il a aperçu l’habitation et surtout la jeune fille qui était derrière la fenêtre, il a senti qu’il venait de rencontrer son destin. Il lui demande se sortir et de s’allonger sur l’herbe, et de se raconter. Rose-Hélène parle de tout et de rien et il semble subjugué. Il la rencontre à nouveau par trois fois, les parents sont fiers qu’un si bel homme s’intéresse à leur fille qui vient tout juste de fêter son anniversaire. Et peu après c’est la marche nuptiale. Mais attention à la marche !

Car Alban de Civray se révèle despotique, et Rose-Hélène, toujours sous le charme, devient sa chose, son esclave, sa poupée, son automate qu’il débranche selon son bon vouloir.

Un jour Pierre demande à être reçu par le romancier. Il est dessinateur et désirerait illustrer les romans d’Alban de Civray. Rose-Hélène et Pierre se reconnaissent. Ils étaient amis lorsqu’ils étaient plus jeunes. Leurs chemins ont divergé et c’est par hasard qu’ils se retrouvent. Mais entre Pierre et Rose-Hélène, se noue un début de passion. Alban se montre agréable auprès du dessinateur, mais il ne manque d’envoyer des piques à sa jeune femme.

Alors qu’elle n’a que vingt-et-un ans, Rose-Hélène devient veuve. Albin de Civray décède dans un accident de chemin de fer. Son secrétaire qui l’accompagnait a la vie sauve, mais il subit une sorte de perte de mémoire. La dépouille de l’écrivain, surtout son visage, sont en tellement mal en point, qu’il est difficile de l’identifier. Un linge blanc entoure sa tête et elle n’a pas le droit de le soulever. Seule la bague qui orne un de ses mains atteste qu’il s’agit de son époux.

Seulement, des phénomènes étranges se produisent lorsque Rose-Hélène s’introduit dans le bureau de travail. Bureau dans lequel elle n’avait jamais mis les pieds. Un disque se met à jouer l’air musical préféré d’Alban et elle croit apercevoir un fantôme. D’autres manifestations induisent la jeune veuve à croire que son mari n’est pas décédé et qu’il se joue d’elle. Elle décide de se terrer dans la maison de campagne qu’il possédait en Normandie, mais là aussi, des faits angoissants alertent Rose-Hélène qui pense devenir folle. Heureusement elle a en Pierre un ami fiable.

 

Ce roman, écrit à la première personne, repose sur l’angoisse latente qui monte en puissance, complétée par ces étranges manifestations qui induisent une présence fantômatique, et confinent à provoquer une ambiance, une atmosphère fantastique.

L’intrigue est habilement menée et le lecteur, tout comme l’héroïne malheureuse du roman, est mené par le bout du nez, ou des yeux, jusqu’à la conclusion finale. Il ressent les affres de Rose-Hélène, les partage, voudrait prendre la jeune femme sous son aile, l’aider dans ses recherches. Son ami Pierre est là pour lui remonter le moral, l’aider dans ses démarches, dans son enquête, dans ses montées d’angoisse. Mais Pierre est-il vraiment l’ami passionné qu’il prétend être ou ne joue-t-il pas un double jeu ? A moins que ce soit le secrétaire, remis de ses émotions, qui se montrerait comme la doublure de l’écrivain. Alban, qui ne serait peut-être pas décédé dans des circonstances dramatiques, jouerait-il les fantômes dans l’unique but de perturber mentalement Rose-Hélène ?

Sous le pseudonyme d’Agnès Laurent se cachait Hélène (demi-prénom de l’héroïne !) Simart, qui écrivit de très nombreux romans sentimentaux. Selon la fiche Wiki qui lui est consacrée, Hélène Simart est née le 15 octobre 1918 et serait décédée en 1984. Mais d’après le site Décès en France, elle serait décédée le 1er mai 2013 :

Voir également la fiche concernant Agnès Laurent ici :

Agnès LAURENT : L’ultime rendez-vous. Collection Angoisse N°188. Editions Fleuve Noir. Parution 4ème trimestre 1970. 240 pages.

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9 janvier 2021 6 09 /01 /janvier /2021 05:35

Le régent, c’était le gérant de la maison royale ?

Alexandre DUMAS : Une fille du régent.

Ah! Dubois! ma fille cadette janséniste, ma fille aînée philosophe, mon fils unique théologien; je suis endiablé, Dubois! Ma parole d’honneur; si je ne me retenais, je ferai brûler tous ces êtres malfaisants.

C’est ainsi que s’exprime, en ce 8 février 1719, le régent Philippe d’Orléans à son fidèle abbé Dubois qui rêve d’obtenir la barrette de Cardinal, tout comme son célèbre prédécesseur le duc de Richelieu. Il vient de rendre visite à ses deux filles libertines, l’une après des frasques se reconvertit en religion dans un couvent, l’autre se marie en catimini, tandis que le fils de quinze ans et quelques mois se réfère à Saint-Augustin au lieu de s’occuper des jeunes filles qui participent à un repas prétendument orgiaque en compagnie d’un de ses amis.

Dépité, Philippe d’Orléans écrit à sa fille issue d’une liaison non officielle et qui est confinée dans un couvent à Clisson près de Nantes. Il veut la retrouver près de lui et lui offrir un meilleur avenir que celui de nonne. Mais Hélène de Chaverny ne s’ennuie pas trop dans sa retraite dorée, d’autant que depuis quelques mois un soupirant vient lui conter fleurette le soir alors qu’elle est accoudée à son balcon. Hélène et Gaston de Chanlay s’aiment mais bientôt ils vont être séparés. Ils ne sont pas maîtres de leur destin.

Alors qu’Hélène s’apprête à partir pour Paris, Gaston a rendez-vous avec quatre amis, des complotistes bretons qui veulent éliminer le régent. De Pontcalec, de Montlouis, du Couëdic et Talhouët font partie d’une conjuration drainant de nombreux nobles bretons et l’heureux élu à qui a été confiée cette mission n’est autre que Gaston. Ceci ne l’enchante guère mais il n’a qu’une parole et son honneur en dépend, aussi lui aussi se prépare-t-il pour se rendre à Paris. Un dernier rendez-vous avec Hélène à qui il avoue devoir se rendre à la capitale mais sans lui fournir plus de détails, et le tour est joué. Presque.

Car l’infâme Dubois, le ministre de l’Intérieur du régent et son confident, possède des agents de la police secrète un peu partout. Et il est au courant non seulement de la venue d’Hélène mais également de la rencontre programmée de Gaston avec le capitaine La Jonquière, lequel doit fournir des renseignements au chevalier afin que celui-ci puisse exécuter son devoir et ainsi honorer sa parole.

Par un heureux hasard, provoqué par Gaston, les deux amants voyagent de conserve jusqu’à Rambouillet, ne se doutant de rien. Hélène qui ne connait rien de sa filiation et a perdu sa mère à sa naissance, est mise en présence d’un personnage important qui se cache dans l’ombre. C’est le régent qui a organisé une mise en scène afin de découvrir sa progéniture après dix-sept ans d’abandon.

Mais la nuit à Rambouillet n’est pas de tout repos. Les agents de Dubois enlèvent La Jonquière et Dubois de substitue au capitaine. Gaston est mis en sa présence mais il se méprend et révèle en toute bonne foi le complot, ainsi que les noms de ses amis Bretons, pensant être en face du commanditaire. Une méprise fort dommageable pour tous. Alors qu’il pense être en face d’un complice, Gaston n’a devant lui qu’un ennemi qui se montre implacable sous des dehors cauteleux et serviles.

 

Cette histoire est tirée d’un épisode réel de l’Histoire de France, peu connue mais dont les noms des quatre protagonistes bretons, Pontcalec et consorts, survivent en Morbihan et qui participèrent auparavant à la conspiration de Cellamare, autre épisode décrit dans Le chevalier d’Harmental, du même Dumas.

Mystifications, manipulations, embrouilles, naïveté des deux principaux protagonistes, Gaston et Hélène, fourberies de Dubois qui mène le régent par le bout du nez, sont les ressorts essentiels de ce roman historique.

Mais l’amour, la passion entre les deux jeunes amants (dans l’acception du terme de l’époque, c’est-à-dire les amoureux), Hélène n’a que dix-sept ans et Gaston vingt au début du récit puis vingt-cinq par la suite, s’inscrit dans la longue liste des amants maudits, que tout oppose, et dont Roméo et Juliette sont les représentants les plus connus.

Dumas joue avec le personnage de Dubois, dont il n’apprécie guère les manigances qui ressemblent à des facéties mais dont les conséquences s’avèrent dramatiques. D’ailleurs, une célèbre chanson enfantine peut se transformer, via une contrepèterie, en : Il fourre, il fourre, le curé, le curé Dubois joli…, montre bien comment était perçu celui qui n’était qu’abbé et devint Cardinal rejoignant ainsi son célèbre prédécesseur, Richelieu. Le personnage du régent est évoqué avec plus d’amabilité, de sympathie que dans certains récits historiques.

Ce roman, souvent facétieux, est empreint de dialogues inspirés ne manquant pas d’humour, et la conclusion est un épilogue à l’humour noir inattendu et morbide.

Auguste Maquet est le collaborateur attitré mais non accrédité pour l’écriture de ce roman, ou du moins de son scénario et des recherches historiques entreprises pour la rédaction.

 

Alexandre DUMAS : Une fille du régent.

La collection Gerfaut des éditions Gérard et Cie, qui n’a vécu que le temps d’une trentaine de titres, semble avoir été créée simultanément avec la collection Marabout Géant qui a repris les titres de Dumas. A moins qu’elle n’en fut que l’ébauche de cette collection Marabout Géant que bien des collectionneurs recherchent, autant pour les ouvrages historiques, classiques que fantastiques.

L’inconvénient avec les Editions Gérard et Cie réside dans le fait qu’aucune date d’impression des ouvrages apparait, et donc on ne peut dater exactement leur parution.

Alexandre DUMAS : Une fille du régent. Préface de Bertrand Tavernier. Editions du Cherche-Midi. Parution 5 novembre 2020. 400 pages. 21,00€.

ISBN : 978-2749166162

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16 décembre 2020 3 16 /12 /décembre /2020 05:45

Vaut mieux ça que pas de coupable du tout ?

Jean des MARCHENELLES : Un coupable de trop.

Lors d’une réunion de médecins organisée par un éminent professeur, le jeune docteur Bauvin est sollicité par ses collègues pour s’enquérir d’un de leur confrère, nommé Francis Bayard. Celui-ci est réputé pour être un personnage assez mystérieux, taciturne, mélancolique et rêveur, excentrique, maussade, désagréable.

Nonobstant Bauvin accepte de le rencontrer chez lui et dès le lendemain matin, il arrive à l’hôtel du Commerce où loge ce confrère. L’établissement est triste et sale, et selon le concierge, la chambre de Bayard se situe au troisième étage, chambre 9.

Le palier est dans l’obscurité et Bauvin frappe à la première porte. Une jeune fille qui semble quelque peu apeurée lui indique la bonne porte en lui demandant s’il se rend chez le fou. Pour autant Bauvin n’est pas inquiet et rencontre Bayard, sans peur et sans reproche, qui le fait entrer. Ils conversent aimablement, les sujets ne manquent pas car Bayard est musicien, écrit et dessine. D’ailleurs Bauvin remarque un fusain représentant une jeune femme souriante et radieuse. Ils sont interrompus par des coups violents frappés à la porte de la chambre voisine.

La jeune fille, qui avait mis Bauvin sur le bon chemin, est aux prises avec des policiers qui l’accusent d’avoir tué son patron, un certain M. Le Kardec, d’un coup de fusil. L’arme a été retrouvée déposée sur son corps. Meurtre ? Accident ?

Jeanne-Marie Landrieux avoue avoir acheté l’arme mais elle était destinée à son père, garde-chasse. De plus, elle avait eu une discussion avec son patron car elle souhaitait une augmentation. Le commissaire Boulard est persuadé de la culpabilité de la jeune fille.

Bauvin propose alors à Bayard d’enquêter afin de démontrer l’innocence de Jeanne-Marie et découvrir le véritable coupable. Dès le lendemain les deux hommes se rendent à Saint-Hilaire où vivait Le Kardec. Le frère de celui-ci est déjà sur place. Ruiné, il pensait que son frère pourrait l’aider. Encore un coupable potentiel. Boulard et son secrétaire, Aris Serrure, sont également présents et acceptent la proposition de Bauvin d’examiner le corps en sa qualité de docteur. Bauvin est fort étonné d’apercevoir dans la demeure un portrait semblable à celui qu’il a pu examiner chez Bayard.

Mais bientôt la liste s’allonge. Les deux nouveaux amis et confrères s’installent dans le village. Un nouveau personnage fait alors son apparition dans ce cirque. Il s’agit de Marceau Tranquille qui se présente en tant que détective privé.

Du côté des policiers, c’est surtout Aris Serrure qui mène l’enquête, mais Marceau Tranquille, Bauvin et Bayard ne laissent pas leur place, fouinant un peu partout et parfois les pas des uns empiètent sur ceux des autres.

 

Si la lecture de ce roman s’avère agréable, il n’en reste pas moins vrai que certaines incohérences surgissent au fil des pages.

Ainsi Bayard ne se montre-t-il point aussi bourru et mutique que sa réputation le laissait croire. Quant à Bauvin, il délaisse allègrement ses patients au profit de l’enquête. Et d’autres petites choses également que le lecteur aura le plaisir de débusquer en tournant les pages.

Francis Bayard qui se promet de consigner cette intrigue et écrire son premier roman policier observe :

Est-ce réellement un roman policier ? Je crois que c’est aussi un roman d’amour.

Et il continue par ces propos :

J’avoue qu’il n’est pas banal. Je suis peut-être sorti du cadre habituel… Comme vous le reconnaissez vous-même, il n’est pas tout à fait comme les autres… Et c’est pourquoi j’aurais pu l’intituler : Un étrange roman policier.

 

Dernière petite précision. Il existe également une incohérence sur le nom de l’auteur figurant sur la couverture et en page 5 !

 

Jean des MARCHENELLES : Un coupable de trop.

Jean des MARCHENELLES : Un coupable de trop. Collection La P.J. N°8. Editions La technique du Livre. Parution 1939. 64 pages.

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12 décembre 2020 6 12 /12 /décembre /2020 05:14

Le conte du comte, ça compte !

Alexandre DUMAS : Le comte de Mazzara.

Comme souvent, surtout dans les romans écrits dans les années 1860, Alexandre Dumas n’hésite pas à se mettre en scène, tout au moins dans les premiers chapitres.

Ainsi nous le découvrons alors qu’il vient de recevoir un courrier de son ami Ferdinando Petrucelli della Gatina, un député italien qui séjourne assez régulièrement à Paris. Celui-ci lui propose un manuscrit à lire, corriger et éventuellement à publier sur le support qui lui semblera bon et dont le titre est Le comte de Mazzara.

Dumas en profite pour informer ses lecteurs, qu’il avait participé auprès de Garibaldi à une échauffourée à Palerme, une révolte contre les Suisses envoyés par les Napolitains. Les Siciliens n’appréciaient guère cette ingérence. L’un des hommes de Garibaldi, que Dumas connaissait, devait lui narrer l’histoire du Palais Mazzara, mais blessé, il ne put décrire dans quelles circonstances ce Palais était devenu la propriété d’Alphonse de Quinzac.

Or, dans le même temps, ce manuscrit est accompagné d’une autre lettre, émanant justement d’Alphonse de Quinzac, qui le prie de venir déjeuner lorsque bon lui semblerait. Dumas s’empresse d’accepter et le jour même il se rend à l’adresse susdite, d’autant que son fils est ami avec de Quinzac. Dumas remarque dans le salon le portrait d’une fort belle jeune femme et il s’avère qu’elle participe à l’histoire dont il va être le bénéficiaire.

De Quinzac après ce repas, préparé par Dumas de conserve (mais ce sont des produits frais) avec la cuisinière, recueille le récit qui coïncide avec celui de Ferdinando Petrucelli della Gatina.

Le comte de Mazzara habitait à Palerme et de Quinzac fut invité en son château. Or il remarque que les Palermitains, jusqu’aux domestiques, fuient ce comte qui semble attirer le malheur sur son passage ou à son contact. De Quinzac peut s’en rendre compte de visu lors des déplacements qu’il effectue en compagnie du noble. Les Palermitains et par extension les Siciliens sont superstitieux et ils ont décrété que Mazzara portait la poisse. Même Flora, la fille de celui-ci, ne vit pas au même étage.

De Quinzac tombe amoureux de la belle Flora, d’abord en découvrant le tableau la représentant, puis en la dévorant des yeux lorsqu’elle se présente en chair et en os (non elle n’est ni maigre ni grasse). Seulement Flora possède un lourd passé et de Quinzac se demande comment, alors qu’elle a vingt-deux ans, qu’elle ne soit pas mariée, malgré sa beauté et sa richesse.

 

Dans ce roman, mi-grande nouvelle mi-causerie, qui fut publié en feuilleton dans Le Mousquetaire en 1866 et jamais édité en volume depuis, et l’on se demande pour quelles raisons, nous retrouvons les thèmes de prédilection chers à Alexandre Dumas.

Les voyages et surtout l’Italie servent de décor à ce que l’on pourrait considérer comme un roman historique. Mais le personnage de comte porte-malheur nous entraîne dans une voie quelque peu fantastique. L’action et les combats sont abondamment exposés dans la première partie, et l’on apprend que Dumas transportait des armes à bord de sa goélette, armes qui étaient destinées à Garibaldi.

Enfin, Dumas était un épicurien, et s’il aimait manger et boire en fin gourmet, c’était également un excellent cuisinier (d’ailleurs à l’époque de l’écriture de ce roman, il rédigeait son dictionnaire de cuisine) n’hésitant pas à prendre la place de la cuisinière. Et à lui délivrer un hommage regrettant que les hommes prennent trop souvent leur place, du moins dans les guides spécialisés.

Un homme moins intelligent que vous aurait un cuisinier ; mais vous avez remarqué, vous, que la femme fait une cuisine plus fine, plus délicate, plus distinguée que l’homme. Le difficile est de la trouver jeune et déjà à l’apogée de son talent. Une cuisinière doit être belle, fraîche, coquette et avoir de vingt-huit à trente-cinq ans.

Dumas émet comme on peut le lire quelques réserves (alimentaires) mais l’intention est là. Et au passage, il égratigne quelques confrères.

Que voulez-vous, quand j’ai vu que ceux à qui je donnais des leçons de roman n’en profitaient pas, je me suis rejeté sur les leçons de cuisine.

 

Un bon petit roman méconnu qui sera fort bien accueilli comme invité au pied du sapin de Noël.

 

Alexandre DUMAS : Le comte de Mazzara. Préface de Philippe Radé. Collection Aventures & Mystères. Editions Manucius. Parution mars 2019. 176 pages. 13,00€.

ISBN : 9782845787032

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24 novembre 2020 2 24 /11 /novembre /2020 05:27

Des erreurs, on en fait tous, que l’on soit jeune ou pas.

Evane HANSKA: Erreur de Jeunesse.

Assistant au vol de la voiture d'une jeune femme, Paul, livreur de pizzas et spécialiste des petits boulots, poursuit l'indélicat et récupère le véhicule à l'insu de sa propriétaire.

Tombé amoureux de la belle Lucie, il ne va pas s'embarrasser de principes, volant à son tour une automobile et tel un détective privé, la filer sur l'autoroute qui les mène il ne sait pas trop où. Prétextant une panne, il demande à Lucie de prendre place à bord et il continue son périple en sa compagnie jusqu'à l'océan. Il est hébergé par la jeune femme dans un bungalow près de la maison qu'elle loue et peu à peu ils s'habituent l'un à l'autre.

Au Blue Lagon, boite de nuit délaissée par les touristes en cette morte saison, Paul joue du piano, pour son plaisir et celui de Patrice le propriétaire. Au cours de ses moments libres, et ils sont nombreux, il écrit un roman, quasi autobiographique. Lucie boit, fume et semble habitée par un problème insoluble. Elle se laisse draguer par un bellâtre et attise la jalousie de Paul envers qui, tour à tour elle se fait câline ou le rejette, jouant avec ses sentiments.

La torture sentimentale s'intensifie lorsque le voleur de voiture s'impose auprès du couple. Hoffmann, un receleur, se vante d'être un peu le grand frère de Lucie et la couvre de cadeaux.

 

Entre roman noir et roman d'amour, Erreur de jeunesse conte la longue dérive d'un jeune homme qui tombé amoureux s'enfonce dans un cloaque, sciemment, tout en tentant de sauver son amour malgré l'élue.

Il est obnubilé par un état latent d'homosexualité, ainsi que par la perte de son frère passionné par l'œuvre d'une poétesse trop tôt disparue. Un roman qui se lit comme on écoute un Blues : des images plein la tête, avec cette espèce de communion qui lie l'auteur au lecteur, sans prédestination.

(Chronique rédigée en septembre 1993).

Evane HANSKA: Erreur de Jeunesse. Collection Vermillon. Editions de La Table Ronde. Septembre 1993. 182 pages.

ISBN : 978-2710305729

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18 novembre 2020 3 18 /11 /novembre /2020 04:56

A ne pas confondre avec Les Amitiés particulières, si chères à Roger Peyrefitte.

Laurence EDMEE : Une étrange amitié.

Echanger quelques balles sur un court de tennis, c’est le meilleur moyen d’échapper au confinement et surtout de se créer des amitiés.

C’est ainsi que Julien et Yves qui fréquentent l’école des Arts et Métiers à Lyon, ont fait la connaissance tour à tour de Stéphanie puis de Catherine. Stéphanie, qui n’est pas de Monaco mais de Grenoble, est en sixième année de médecine. Et elle fait équipe avec Julien, battant régulièrement l’autre équipe, au grand dam d’Yves. Catherine fait ce qu’elle peut, sans plus, tout en étant obnubilée par Yves.

Entre Julien et Stéphanie, c’est le début d’un grand amour, quant à Yves c’est un bon copain sans plus. Catherine ne lui dit rien, au grand désespoir de la jeune fille.

Ayant obtenu leur diplôme d’ingénieur, ce qu’ils espéraient sans plus, il ne reste plus qu’aux deux amis de trouver une place. Grâce au père de Julien qui est ami avec un entrepreneur de travaux publics, les voilà en partance pour le Soudan, chargés de superviser la construction d’un canal afin d’alimenter en eau la région.

Stéphanie est fort marrie, mais comme le lui fait comprendre Julien elle ne doit pas sacrifier ses études de médecine, alors qu’il ne lui reste plus qu’une année avant d’obtenir son diplôme. Et puis ils ne partiront qu’un an. Avec un peu de bonne volonté, tout devrait s’arranger. Elle les rejoindra lors des vacances de Noël. Une petite coupure qui devrait les satisfaire tous.

Lorsqu’elle les rejoint au bout de quelques mois, elle sent la tension qui s’est installée entre les deux amis. Ils se font la gueule, ils se disputent, pour des bricoles, des anicroches, dans l’exécution des travaux.

Revenant en France, Stéphanie se demande bien ce qui a pu s’ériger entre les deux hommes au point de se détester. Mais un jour, Catherine l’appelle au téléphone. Elle a entendu à la radio que des rebelles se sont emparés d’otages Français. Bientôt la nouvelle est confirmée. Yves qui était en voyage à Khartoum pour régler quelques problèmes est sain et sauf tandis que Julien est porté manquant. Peut-être mort.

Un an après, Stéphanie s’est mariée avec Yves. Ce n’est pas le grand amour comme avec Julien, disons qu’elle a sacrifié à un pis-aller. Elle se souvient toujours des baisers, des caresses, de l’amour que Julien lui prodiguait. Mais elle espère avoir trouvé la sérénité avec Yves, l’ami et le compagnon des beaux jours.

Mais le destin est farceur, même s’il n’est pas toujours drôle.

 

Sous le pseudonyme de Laurence Edmée, se cache Giova Selly qui trouvait un nouveau débouché pour ses romans.

Une étrange amitié est tout autant un roman d’amour, normal c’est dans les gênes de la collection, mais aussi un roman d’aventures, avec un zeste de policier et de suspense psychologique. La jalousie en est le moteur, pourtant, curieusement Stéphanie ne semble pas s’en rendre compte. Elle cultive l’amour et l’amitié, mais ce sont souvent des sentiments incompatibles.

 

Laurence EDMEE : Une étrange amitié. Collection Nous Deux N°54. Groupe éditions mondiales. Parution 1er septembre 1992. 126 pages.

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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