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8 août 2013 4 08 /08 /août /2013 16:06

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Comme tout gamin, Michael Lanyard ne se souvient pas de ses premières années d’enfance. Juste qu’il a été amené dans un fiacre alors qu’il n’avait que quatre ou cinq ans dans un hôtel restaurant parisien, le Troyon, du nom de son propriétaire. D’origine anglaise, il ne parle que cette langue mais se mettra rapidement au français, conservant la faculté d’être bilingue. Il est d’abord hébergé dans une sorte de placard puis est relégué dans une petite pièce au grenier. Il répond au nom de Marcel et n’empruntera celui de Michel Lanyard sous les conseils avisés d’un client Irlandais, Bourke.

La nuit, Marcel parcourt les rues de la capitale, chipant à gauche et à droite pour pouvoir s’acheter des livres qu’il dévore. Bourke est un client régulier qui dépose sur sa table de nuit des pièces et Marcel se sert sans vergogne jusqu’au jour où Bourke le surprend. Le truand, car s’en est un, le prend sous son aisselle, lui fournit une identité et lui enseigne les rudiments du métier. Bourke décède et le Loup devenu Solitaire prend son envol, normal lorsqu’on est un rapace.

Lanyard, plus connu des services de police et de ses confrères sous le nom de Loup Solitaire, possède une couverture non mitée. C’est un collectionneur d’art reconnu, et la nuit, il se transforme en Arsène Lupin, une filiation qu’il revendique. Ayant réalisé deux beaux coups à Londres il débarque à Paris avec les bijoux de la richissime Madame Omber ainsi que des documents subtilisés à Ekstrom, lequel les avait lui-même dérobés à un ingénieur français qui avait conçu un appareil révolutionnaire dans le domaine de l’aviation.

A la descente du train en provenance de Londres il a la mauvaise surprise de se rendre compte qu’un agent de Scotland Yard du nom de Roddy et un homme de la préfecture de police reluquent les figures des passagers. Mais les deux hommes ne s’intéressent pas à lui, du moins ils ne paraissent pas l’apercevoir. Quoique possédant des cachettes dans la capitale, c’est sur une impulsion qu’il se rend en taxi à l’hôtel Troyon qui a changé de propriétaire. Or le premier individu qu’il aperçoit est le fameux Roddy. Une coïncidence, sans aucun doute. L’homme semble surtout surveiller une vieille connaissance, le comte Rémy de Morbihan qui est en train de manger en compagnie l’Américain Bannon et de sa fille Lucy.

Morbihan tout comme Bannon, sous des dehors respectables, sont deux malfrats et Lucy, Lanyard l’apprendra peu après dans des circonstances particulières, est en réalité infirmière et s’appelle Lucy Shannon. Mais les événements se précipitent. Le soir même il découvre Lucy dans sa chambre, et elle prétend être atteinte de somnambulisme. Lanyard est persuadé que quelqu’un a visité l’une de ses caches et il en a la preuve en découvrant une inscription sur un billet de banque adressé au Loup Solitaire. La Meute l’invite à participer à une réunion dans un lieu dit l’Abbaye de Thélème, un restaurant. Il s’y rend confiant et reconnait, malgré leurs masques, Morbihan, Popinot et Wertheimer, trois malfrats qui lui proposent une association. Seul lui est inconnu le quatrième homme. Naturellement Lanyard refuse, justifiant son surnom de Solitaire. De retour à l’hôtel il découvre Roddy assassiné tandis qu’un inconnu tente de le faire passer de vie à trépas.

Lanyard est obligé de fuir, de chercher une cachette, aidé en cela par Lucy dont les agissements sont pour le moins mystérieux. Une partie de cache-cache débute entre Lanyard et les membres de la Meute réunis en Syndicat des Bas-fonds. Il s’éprend de Lucy et apparemment il ne lui est pas indifférent mais elle est désire rester sur ses gardes. Les nombreuses tribulations de Lanyard influent sur sa façon de se conduire et il décide de devenir honnête. Mais y arrivera-t-il ? Pourra-t-il tenir sa promesse pour conquérir le cœur de Lucy ? Et qui est Lucy qui se conduit d’une façon énigmatique ?

Bien évidemment le lecteur ne pourra s’empêcher, et avec raison, de rapprocher le Loup Solitaire d’Arsène Lupin dont les trajectoires sont sensiblement équivalentes. Avec un charme désuet nous suivons les pérégrinations de cet homme, de ce voleur dandy qui est amené à louvoyer entre le Bien et le Mal, reprenant ses activités de voleur pour mieux se dédouaner, obligé de retrouver son habit de cambrioleur pour pouvoir s’innocenter.

Les tribulations de Lanyard l’amènent à voyager, le plus souvent en automobile, dans un Paris qui n’est plus vraiment celui que nous connaissons, avec l’évocation des anciennes fortifications par exemple. Il devient même à l’occasion chauffeur de taxi. Mais des scènes ne manquent pas de pittoresque, surtout lorsque Lanyard est obligé de prendre l’avion, un coucou, lui qui n’apprécie guère ce moyen de déplacement. Une ambiance rétro dont on sort attendri, comme lors d’une séance de cinéma à la vision d’un film en noir et blanc et parfois muet. D’ailleurs vingt-quatre adaptations cinématographiques ont été réalisées entre 1917 et 1949, c’est dire si ce héros attachant connut un véritable succès justifié et mérité.

Louis-Joseph Vance a écrit huit romans consacrés au Loup Solitaire et seulement cinq ont été traduits en France, dans la collection Le Masque. Il en manque donc trois à l’appel et si Jean-Daniel Brèque avait l’heureuse initiative de les proposer aux lecteurs français, nul doute qu’il y aurait des amateurs pour les lire. Un vœu pieux ?

 

 

Louis-Joseph VANCE : Le Loup solitaire (The Lone wolf – 1915. Traduit par Théo Varlet & Louis Postif. Première édition 1928, collection Le Masque N°13. Librairie des Champs Elysées). Collection Baskerville N° 12, éditions Rivière Blanche. 280 pages. 20,00€.

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