La fin d'une époque !
Ce roman de Michel Quint marque la fin d’une époque : celle de la collection Spécial Police du Fleuve Noir après près de quarante ans de bons et loyaux services.
Pourtant, d’après les renseignements que j’avais pu obtenir auprès de la maison d’édition à l’époque, il ne s’agissait que d’une simple mise en sommeil de cette collection qui avait furtivement changé de nom, devenant Polices tout simplement depuis quelques mois. La collection repartira de plus belle m’avait-on signifié, mais avec des manuscrits sélectionnés avec plus de rigueur que lors des dernières années.
Pour en revenir à Michel Quint, et à son roman, que dire… Que si tous les manuscrits qui avaient été édités les derniers mois précédents la fin de cette collection avaient été du même tonneau, nul doute que Spécial Police devenue Polices aurait eu encore de beaux jours. Que plus qu’un roman policier, c’est un roman littéraire dans lequel l’auteur joue.
Il jour avec les mots, il poétise, il se fait plaisir dans l’écriture espérant, et réussissant, amener du plaisir au lecteur.
Michel Quint ne se contente pas d’aligner les mots les uns à la suite des autres. Il les choisit comme un diamantaire distingue ses plus belles pierres et les enfile une à une, construisant ses phrases en douceur, les ciselant. Et d’un seul coup le lecteur s’aperçoit qu’il est en train de commettre une hérésie : il se laisse bercer par les mots, l’histoire étant reléguée au second plan, alors que dans tout roman d’aventures c’est justement l’histoire qui prime. Alors, tant pis, on pardonne à Michel Quint de nous avoir démontré qu’un romancier de fiction policière sait aussi écrire, et qu’il manie avec aisance la langue française.
Ray, qui anime quotidiennement un jeu radiophonique, découvre sa femme Bella assassinée, sauvagement mutilée. Qui est le criminel ? Une bande de terroristes, comme l’aimerai le faire croire une lettre envoyée aux journaux, thèse retenue par le commissaire Favreau ? Ne serait-ce pas plutôt un ex-candidat auquel l’animateur du jeu radiophonique aurait manqué ? Un secret a-t-il été dévoilé inconsciemment ? Mais pourquoi s’en prendre à Bella, qui vivait recluse dans son appartement et qui, il faut le dire, ne manquait pas de beauté, de charme, de séduction, mais était aussi affligée d’une innocente sottise. Une ravissante idiote en quelque sorte.
Michel QUINT : Bella ciao. Spécial Police N° 2075. Editions Fleuve Noir. Décembre 1987. 160 pages.