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25 juillet 2017 2 25 /07 /juillet /2017 09:42

C'est un beau roman, c'est une belle histoire...

Gabriel JAN : Rien que pour la vie.

Sur l'île de Yéchos, sise sur la planète Ebtun, la vie semble idyllique, paradisiaque, ses habitants, les Adils, se suffisant de peu. La pêche, l'agriculture, l'élevage leur fournissent les ressources nécessaires à leur alimentation, et à la confection de leurs vêtements de peau.

Sept Veilleurs, disséminés sur les côtes, en des points stratégiques et au centre de l'île, ont pour charge de veiller, comme leur nom l'indique, sur cette communauté issue de nombreux métissages, et de servir d'historiens-géographes, notant sur des feuilles de papier fabriqué par quelques îliens, les événements qui se produisent. Les Veilleurs demeurent dans des chamnes, appelées également tours, des arbres immenses au tronc creux dans lesquels sont disposées plusieurs pièces situées les unes au-dessus des autres. Il existe également des Voyageurs-Veilleurs, dont certains sont actuellement sur la Terre, recueillant entre autres des graines et des plantes qu'ils ramènent sur Yéchos, se déplaçant à l'aide de vecteurs spatiaux formés à l'aide d'heptalions, des cristaux dotés de pouvoirs magiques.

Sur Yéchos, règne l'harmonie et l'amour. Il n'existe pas de villages, de chefs de clans, de religions, de lois, pas de rétributions pour le travail accompli. Seule l'entraide guide ce peuple libre.

Un jour, Craël, qui déguste des coquillages fournit par la nature, ouvrant les bivalves à l'aide d'un couteau à lame d'obsidienne, est interrompu dans sa cueillette par Fra, la louve. Elle communique par télépathie avec le jeune homme, lui annonçant une mauvaise nouvelle en provenance de l'un des Veilleurs, Mogius, nouvelle qu'il doit transmettre à Melzaar, autre Veilleur dont Craël est le disciple.

Tout comme Craël, Melzaar se demande pourquoi il n'a pas transmis son message par télépathie comme il est de coutume, préférant demander à Fra la louve de se charger de communiquer que des événements mystérieux se produisent. Les cristaux, dont les Vélions que portent les Adils en sautoir, se ternissent, devenant opaques, comme les perles dans les huîtres lorsqu'elles meurent. Des arbres de différentes espèces se couvrent de plaques grisâtres, comme si un champignon provoquait une sorte de chancre ou de dartre. Une maladie que les prédécesseurs des Adils, les Arhems, avaient connue et subie avant d'être éradiquée.

Ce phénomène inquiétant amène Melzaar à envoyer Craël se renseigner d'abord auprès de Mogius puis peut-être découvrir l'Arme des Anciens, en la cité en ruines d'Alinor. Avant d'entreprendre ce long voyage, plusieurs centaines de kilomètres, qu'il devra parcourir à pied, ne devant en aucun cas sliter, le slite étant une sorte de saut de puce qui permet des déplacements rapides mais demandant beaucoup d'énergie, et surtout ne pas user de télépathie, afin de ne pas avertir leurs ennemis, si ennemis il y a. En effet selon des informations, des Furtifs, comme des spectres composés de particules, se sont manifestés en plusieurs endroits.

Craël fait ses adieux, temporaires, à Oféa, sa belle compagne qui attend leur premier enfant, malgré la peine engendrée, et le voilà parti pour une série d'aventures périlleuses. En cours de route il rencontre un couple et leur garçon Loûn, qui possédant certains dons, devient son compagnon de route.

Cette épopée, ce voyage initiatique au cours duquel Craël affrontera dangers de tout nature, découvrant à ses risques et périls des tablettes sur lesquelles sont gravés des sortes d'hiéroglyphes que les Veilleurs devront déchiffrer, tandis que les Govons, des ennemis héréditaires qui semblaient avoir oublié les Adils, se manifestent à nouveau, et que des heptalions sont nécessaires afin de permettre aux Voyageurs-Veilleurs de regagner la planète Ebtun.

 

Cette histoire pourrait être la parabole de notre monde dans lequel l'argent n'existerait, histoire ancrée sur une île d'une planète imaginaire, dont les habitants vivent en autarcie et en paix. Plusieurs messages sont délivrés dans ce récit profondément humaniste et écologique. Tout est basé sur l'entraide, l'échange, et les Adils ne tuent les animaux que pour se sustenter. Ils se nourrissent de coquillages, de poissons, de baies et de racines, de laprats cousins des lapins, et de bovidés dont ils gardent la peau afin de se vêtir.

Seulement, aux manifestations recensées sur les arbres s'ajoutent des méfaits qui ne sont pas sans conséquences sur la survivance de la faune et de la flore, et des humains.

Ainsi page 48, peut-on lire :

J'ai remarqué que les abeilles semblent parfois un peu désorientées. Certaines ne retrouvent pas leur ruche, d'autres meurent, et les essaims diminuent... Si l'hécatombe se poursuit, il n'y aura bientôt plus d'abeilles, donc plus de pollinisation, plus de fleurs, plus de fruits, et plus de légumes sans doute. C'est notre alimentation qui est en jeu.

 

Quand aux Govons, ils peuvent être la métaphore des politiques asservis aux banquiers.

Les Govons, comme bien d'autres peuples, dont celui de la Terre, ne possèdent pas notre esprit ni notre perception de l'existence. Ils n'ont que des civilisations superficielles, d'un affligeant matérialisme, toutes étayées par une loi unique : celle du plus fort.

C'est une forme d'hommage à tous les persécutés, les opprimés, qui sont spoliés de leur terre par des envahisseurs.

Un roman utopique, dans l'esprit du Meilleur des mondes d'Aldous Huxley, mais dont la portée est différente car il ne s'agit pas ici de dénoncer le matérialisme et le capitalisme, voire l'esclavagisme, mais de prôner un retour à la nature, sans forcer le trait parfois consumériste de la culture biologique récupérée par les grandes marques et les grandes enseignes, et surtout de la vie en commun, sans jalousie, sans compétition délétère, sans rivalité, sans cette envie d'écraser l'autre.

 

Gabriel JAN : Rien que pour la vie. Collection Blanche N°2144. Editions Rivière Blanche. Parution août 2016. 208 pages. 18,00€.

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commentaires

A
Un combat de tous les jours.
Répondre
O
Oui, un combat quotidien mais éternel...

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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