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1 juillet 2012 7 01 /07 /juillet /2012 06:21

 La disparition soudaine des ouvrières de Serge Quadruppani m'a fait penser à un autre roman évoquant les hyménoptères. Aussi je ne résiste pas au plaisir de mettre en ligne cet article publié à l'origine sur Mystère Jazz.

Le-bal-des-frelons---Dessaint.jpg


Voulez-vous valser, abeilles… ? pourrait chantonner Maxime, l’apiculteur qui commence à procéder à la transhumance de ses ruches. Une opération délicate à effectuer, les hyménoptères n’appréciant guère les déménagements. Parfois certaines d’entre elles, éprises de liberté, s’échappent mais elles rentrent rapidement au bercail. Mais Maxime doit veiller aussi aux prédateurs, les perce-oreilles, les varroas, les frelons asiatiques aussi, le nouveau péril jaune. C’est dans ce contexte que Paul réapparait, Paul son beau-fils, qu’il n’a pas vu depuis une dizaine d’années. Les deux hommes se retrouvent comme si de rien n’était et Paul va même jusqu’à proposer ses services. Mais ceci n’est que l’un des éléments de cette histoire, dans laquelle grouillent quelques personnages dont on ne sait quel diptère les a piqués.

Peut-être que tout ne serait pas arrivé si Viviane n’était pas tombée malade, sclérosée, et si elle n’avait pas incité son mari Michel, le maire du village, d’aller voir ailleurs afin de contenter sa libido. Alors il s’était empressé de faire la cour, tel un paon, à Martine qui apparemment n’en demandait pas plus.

Peut-être que tout ne serait pas arrivé si Martine, paniquée à cause des banques qui au lieu de jouer à l’écureuil, voire à la fourmi, ne s’était pas mises à jouer à la cigale, n’avait pas retiré les économies du ménage pour les mettre à l’abri dans une boite en plastique. Antonin son mari, maton à la retraite qui passe ses journées sur un banc près du cimetière, se prenant pour un lézard chauffé par le soleil regardant les habitants vaquer à leurs occupations, Antonin n’apprécie pas ce manque de confiance, d’autant que Martine ne veut pas lui préciser où elle a caché le magot. Ce qu’il ne sait pas c’est que Martine a décidé, telle la mante religieuse, de ne faire qu’une bouchée de son mari en requérant les services de Michel. Antonin n’est plus tout à fait l’étalon qu’elle a connu, même s’il n’a jamais été un chaud lapin, pas encore un bœuf mais quand même. Elle sait se montrer convaincante auprès de Michel grâce à quelques gâteries de son cru, lui insufflant l’idée d’utiliser son fusil de chasse. Coralie, la secrétaire de mairie, qui a entendu quelques bruits de succion et de déglutition derrière la porte, a décidé qu’elle aussi devrait participer à la fête et, pourquoi pas, s’approprier une partie du magot que Martine a proposé à son patron.

Rémi, l’idiot du village, qui comme une larve humaine vit dans un château d’eau désaffecté, joue les bousiers, après avoir déterré le cadavre de son ancienne compagne décédée. Il possède deux poules, une rouge et une noire qui a appelée Sten et Dahl. Quant à Loïk et Baptiste, deux anciens détenus, ils se promettent quelques joies en retrouvant Antonin, leur ancien maton. L’un d’eux est un fan de Status Quo, l’autre ne voit que par Caroline, son hérisson.

La tranquillité de ce petit village de l’Ariège est compromise par tous ces personnages qui s’agitent comme si le destin avait donné un coup de pied dans un nid de frelon. Et pour corser ce zoo, un ours se balade dans la nature tandis qu’une vache est retrouvée abattue d’un coup de fusil. Plus loin, se dresse une ancienne usine de Tungstène, dont les effets nocifs ont peut-être perturbé le mental de certains des villageois. Pascal Dessaint nous entraîne dans une atmosphère limite déjantée, qui emprunte à Siniac, Charles Williams ou encore à Jim Thompson, l’auteur de 1275 âmes, mais décrivant tout ce petit monde avec le regard acéré de l’épervier. Des scènes truculentes, d’autres émouvantes, émaillent ce roman qui aurait pu être dédié à Buffon.

Pascal DESSAINT : Le bal des frelons. Collection Rivages/Thriller. Editions Rivages. 16,50€

 

challenge régions

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commentaires

N
Je découvre ce blog, mais il m'intéresse, je vais noter qq livres à commander à la bibliothèque !<br /> Merci<br /> Nicole
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O
<br /> <br /> Bonjour Nicole et merci de ta visite. Et à bientôt ?<br /> <br /> <br /> Amicalement<br /> <br /> <br /> <br />
A
Je crois que je vais me contenter de "la disparition des ouvrières".
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O
<br /> <br /> Je comprend fort bien Alex, on ne peut malheureusement tout lire. Et nous autres blogueurs sommes également des tentateurs, tu le sais pertinemment<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />
L
Je le note à cause de l'Ariège !<br /> <br /> Le Papou
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O
<br /> <br /> Il me semble, mais il faudrait que je vérifie ultérieurement, que son roman Les Pis rennais, une aventure du Poulpe, se situait également dans l'Ariège.<br /> <br /> <br /> A bientôt<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
H
Un vrai coup de cœur au moment de sa sortie. J'avais adoré. Il y a des scènes d'anthologie ! Un régal !
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O
<br /> <br /> Oui Pascal Dessaint, que je connais depuis la parution de son premier roman, est un auteur que je suis et jamais je ne suis déçu. Et souvent des scènes d'anthologie se dégagent de ses romans<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />

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