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30 novembre 2011 3 30 /11 /novembre /2011 13:51

Dors min p'tit Quinquin, Min p'tit pouchin, min gros rojin, Te m'fras du chagrin si te ne dors point ch'qu'à d'main.

Et à Lille et ses environs, ce n’est point le P’tit Quinquin qui devrait s’endormir Bob-Dylan.jpgmais tous ceux qui gravitent dans cette histoire échevelée dont les personnages se croisent sans pour autant tous se connaître et dont le destin bascule pratiquement au même moment avec des fortunes ou infortunes diverses.

D’abord il y a Anne, prostituée indépendante. Elle tient à garder son statut malgré les propositions de Pierre Sauveur, un proxénète qui désire l’ajouter à son cheptel. Elle le rabroue vivement. Cet échange ne passe pas inaperçu de quelques clients du café où a lieu l’entretien. D’abord Léon, un vieux poivrot qui passe ses journées à écluser bière sur bière, occupé à écrire on ne sait quoi dans un cahier d’écolier. Sigismond Galade, professeur d’histoire, est attentif à cet échange verbal. Anne rentre chez elle et ses vieux démons l’assaillent. Elle croit entendre sa mère morte depuis des années, un fantôme qui a la malencontreuse idée de se rappeler à elle à tout moment. Galade est un exécuteur qui s’est donné pour mission d’éliminer les prédateurs de l’espèce de Sauveur. Et il ne déroge pas à la règle qu’il s’est fixée en révolvérisant Sauveur qui surveille l’appartement d’Anne.

Serge Bianey est un jeune homme dont l’occupation principale est de se tourner les pouces, de fumer des cigarettes blondes améliorées au haschich ou à la marijuana. Ses parents sont très riches et lui versent une rente mensuelle ce qui lui permet de vivre confortablement à lire les romanciers de la Beat génération. Son voisin et ami habitant l’étage du dessus se nomme Claude Dane et exerce la profession de journaliste localier. Bianay se rend fréquemment au Lucky, un club qui offre à ses clients, contre rémunération bien entendu, des prostituées qui travaillent sans être sous le joug d’un souteneur. Sa préférée se nomme Carole, une superbe Camerounaise. Mais il aime errer aussi et il rencontre en gare de Roubaix une jeune Allemande qui gagne sa vie avec sa guitare et son harmonica en interprétant des chansons de Bob Dylan. Il lui propose de dormir chez lui. Qu’elle se pique à l’héroïne ne le gêne pas outre mesure. Le seul petit truc qui pêche dans la panoplie de cette chanteuse des rues, le coutelas ensanglanté dans son sac.

Le commissaire Cheminvert et ses adjoints, Roger Fache et Yves Roloff, sont sur les dents. Alors qu’ils travaillent sur des incendies mystérieux, qu’un névropathe assassine des femmes et les découpe en petits bouts, le meurtre de Sauveur et d’autres affaires similaires requièrent leur attention, leur vigilance, leur force, amputant leur temps de repos. Car s’invitent dans cet embrouillamini un raciste qui n’hésite pas à tuer ceux dont le faciès ne lui convient pas, déclenchant par ce fait une guerre entre gangs. Une bourgeoise se livre à la dépravation pour satisfaire le plaisir sadique de son mari. Et si tout cela ne suffisait pas, quelques flics franchissent allègrement la barrière érigée entre légalité et corruption

Tout n’est pas rose dans l’agglomération lilloise en ce début du moins d’octobre 1966. Noël Simsolo nous emmène dans différents quartiers de Lille, à Roncq, La Madeleine et Roubaix, en Aronde et autres voitures de l’époque. Ce roman est construit comme un puzzle dont toutes les pièces seraient éparpillées. Peu à peu les pièces s’emboitent, par petites sections, l’histoire prend forme et lorsqu’arrive l’épilogue, tout est mis en place. Personne n’est oublié, personne n’est épargné. Un roman qui nous ramène à une période qui fleure bon la nostalgie des années 60 et nous renvoie à des auteurs comme Peter Randa et confrères, pour lesquels les truands avaient parfois encore des restes d’humanisme et les flics qui n’étaient pas tous blancs comme neige, peut-être à cause de l’héroïne qui circulait. Bon nombre de ces protagonistes se réfèrent à la Beat génération, Kérouac et autres. Une plongée en apnée dans un monde qui a bien évolué mais ressemble furieusement au notre.

Noël SIMSOLO : Bob Dylan et le P’tit Quinquin. Collection Noir & Polar. Editions de l’Ecailler. 184 pages. 17€

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