Au moins le cadavre n'a pas froid !
Un certain Shaner Weier pénètre indigné dans le bureau de Mario Balzic, le chef de la police de Rocksburg : il se présente comme le responsable de l’église luthérienne locale depuis une semaine et demande la fermeture d’un sex-shop. Balzic tente de calmer l’olibrius offusqué, puis demande à son adjoint de se renseigner sur ce pasteur nouvellement arrivé. Peu après, il apprend qu’un homosexuel a été découvert assassiné dans la ruelle à l’arrière du sex-shop. Perturbé par l’état de santé de sa mère, hospitalisée à la suite d’un accident cardiaque, Balzic assume toutefois ses responsabilités de chef de la police. La victime a été frappée de vingt-neuf coups de couteau ; le meurtrier semble avoir été en proie à une folie colérique.
Le père Marrazo a eu une conversation téléphonique avec une femme qui lui a avoué avoir de graves problèmes. Balzic accepte de rencontrer l’inconnue ; mais, fortement troublée, elle ne se confie que peu à peu : son mari la bat et elle soupçonne son fils d’être le meurtrier.
Sa mère décède alors que Balzic s’était assoupi à son chevet. Son enquête et ses problèmes familiaux le perturbent fortement, mettant en péril son ménage. Tandis qu’il se recueille au funérarium, un homme demande à le voir. Il s’agit du mari de la femme qui lui a parlé. Il hurle, menace Balzic, le bouscule et repart énervé à bord de son véhicule.
Dans cette fausse enquête de Balzic, ou plutôt cette enquête tronquée, puisqu’il n’a pas à se déplacer, les éléments venant à lui, les sentiments, la douleur, les réflexions, la philosophie du policier priment. Mais surtout nous partageons l’émotion d’un homme qui vient de perdre sa mère et qui prend conscience des perturbations de la cellule familiale et du quotidien auquel il n’avait jusqu’alors pas prêté attention : l’une de ses filles se teint les cheveux ; l’autre profère des mots grossiers qu’il lui reproche alors qu’il en fait autant. Enfin, il se retrouve seul face à sa femme pour qui sa mère était une amie, un support, qui ne comprend pas que Balzic fasse passer avant tout le devoir de sa charge.
Balzic, comme dans Un homme exaspérant, se voit confronté à l’administration pénitentiaire en des démêlés à la limite du gag, mais révélateurs des bouleversements provoqués par de telles circonstances.
Un roman dans lequel les considérations extra-policières ne s’inscrivent pas en marge de l’enquête, mais font partie intégrante de l’histoire.
K.C. CONSTANTINE : Meurtre au soleil. (Unshine Enemy, 1990 - Traduction de Fabienne Poloni). Editions du Rocher. Novembre 1992. 230 pages.