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4 juillet 2013 4 04 /07 /juillet /2013 15:40

Une randonnée ferroviaire qui déraille…

 

tue-chien.jpg


Elle devant et lui derrière, à grimper les pentes pyrénéennes ou à les redescendre en évitant de se casser la figure. Elle c’est Roxane, et il ne risque pas de la perdre de vue avec ses cheveux rouges qui se balancent tel un fanal. Lui, c’est Raoul, du moins c’est ce qu’il lui dit. Et s’ils se promènent dans la montagne, ce n’est pas pour une randonnée de plaisir. Ils fuient la maréchaussée.

Roxane suinte la colère par tous les pores de sa peau, ses yeux sont deux silex, elle arbore un masque revêche, mais lorsqu’elle parle du train jaune, celui qu’ils vont prendre Raoul et elle, alors se transforme. La grincheuse, la colérique devient comme une luciole qui irradie dans la nuit, et ses anneaux plantés un peu partout dans les oreilles, le nez, le nombril et j’en passe sûrement, sont à l’unisson.

L’idée de Roxane pour échapper à la maréchaussée est d’emprunter, sans payer, ce fameux train jaune, appelé ainsi à cause de sa couleur, mais surnommé Tue chien pour des raisons qui méritent explications. La voie ferrée comporte trois rails, les deux habituels, plus un au milieu qui sert de conducteur électrique. Or de nombreux chiens se sont faits électrocuter en vagabondant sur le ballast. Raoul manque l’apprendre à ses dépends mais heureusement Roxane veille au grain. Le train jaune qui part de Villefranche de Conflent attaque la montagne jusqu’à Latour de Carol près de la frontière espagnole va bientôt passer.

train-jaune.jpgRoxane suivie de Raoul monte à bord, un exercice d’acrobate à l’égal des brûleurs de durs chers à Léo Malet et aux auteurs américains de la première moitié du XXe siècle. Ils s’installent dans un compartiment quasiment vide mais aperçoivent un véhicule de la maréchaussée qui file sur la route contiguë à la voie ferrée. Les gendarmes sont à la poursuite de Raoul qui a effectué un braquage dans un café, empochant la recette du jour, cinquante euros, peut-être le début de la fortune, mais ce n’est pas forcément pour ce vol minable qu’ils montrent les dents. Quant à Roxane elle aussi possède son secret, et se montre vindicative à l’égard des gendarmes.

Drôle d’équipe que forment le capitaine Rospovitch et le gendarme petit Maurice. Ils sont comme chien et chat, parlent par sous-entendus, comme ceux qui font croire qu’ils savent mais ne connaissent pas. Et l’otage, car pour eux il n’y a aucun doute que Roxane a été prise en otage, que l’otage donc est bien mal partie. La vertu de Roxane est un sujet de conversation permanent tandis qu’ils se lancent sur les trousses des fuyards. Ils ne sont pas seuls à traquer Raoul et Roxane, les grands moyens sont employés. Et les hélicoptères, coléoptères pas collés à terre, vibrionnent dans les cieux, surveillant les déplacements du couple.

Serguei Dounovetz manifeste à l’encontre de ses personnagesTrainjaune_03.jpg une tendresse bourrue qu’il nous communique et nous vibrons à l’unisson, espérant que ces deux personnages vont pouvoir fausser compagnie à leurs poursuivants. Sous l’humour noir se dessine une triste réalité. Celle de la mémoire des hommes. L’Histoire de France et du monde ne prend que quelques pages dans les manuels scolaires, mais celles qui ont été vécues par d’humbles personnes sont souvent effacées et perdurent parfois des années, des décennies, même si les actions n’ont été perpétrés qu’en quelques jours, qu’en quelques heures, voire quelques minutes.

En réalité plusieurs histoires se catapultent dans ce roman, les histoires intimistes des protagonistes, des histoires isolées qui se relient peu à peu et cheminent sur les rails de l’incertitude.

Si Jean-Bernard Pouy a signé la préface, ce n’est pas pour rien car il professe à l’égard des trains une véritable passion. Or Le Train jaune, ou Canari, est une histoire en elle-même que Serguei Dounovetz évoque rapidement juste pour planter un décor utile et vivant. Et l’action de ce roman est à inscrire plus dans un trajet effectué par un TGV que par un tortillard.


Voir également l'avis de Claude sur  Action Suspense.


Serguei DOUNOVETZ : Tue Chien. Préface de Jean-Bernanrd Pouy. Editions Alterbooks. 128 pages. 12,50€.

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commentaires

C
Salut Paul. Devine ce que je suis en train de lire ? Le même !<br /> Amitiés<br /> [->Alex : un roman de 120 pages]
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O
<br /> <br /> C'est pas vrai ?!<br /> <br /> <br /> Allez je blague Claude car Serguei est un ami commun.<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />
A
Un seul roman ou plusieurs nouvelles ?
Répondre
O
<br /> <br /> Un seul roman Alex<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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