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26 mai 2013 7 26 /05 /mai /2013 12:41

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Il a été surnommé Nano par son père, aujourd’hui disparu, mais le brave homme connaissait-il le grec lorsqu’il l’a ainsi appelé ? Pas sûr. Il n’empêche que lorsque son copain Smaïn l’a affublé d’un tel sobriquet et qu’il a dit qu’en grec, cela signifiait Nain, Nano n’a pas apprécié. Pourtant pour ses quatorze ans il n’est pas grand, mais on ne commande pas la nature. Et puis Smaïn est un farceur qui ne peut pas s’empêcher de sortir des blagues vaseuses uniquement pour faire un bon mot et s’amuser. C’est un taquin qui tient à son statut.

Nano lui est un imaginatif. Il est un gardien de but renommé et acclamé, surtout lorsqu’il arrête des coups francs lors d’un match de football dans le Stade de France. Bon, d’accord, ce n’est pas le stade parisien, mais la cour de l’immeuble où il vit et dont la mère est concierge. Bon, d’accord, le coup franc est propulsé sur l’un des poteaux qui est figuré par les cartables de deux gamins, mais quand même… Et il croit percevoir la foule crier sa joie en provenance des fenêtres donnant sur la cour, mais presque tout le monde est parti en vacances. D’un magistral coup de pied, il envoie le ballon sur la terrasse d’un appartement. Vite une échelle et comme c’est lui qui a envoyé le boulet, c’est à Nano d’aller le récupérer. Hélas, il est sujet au vertige et heureusement José, un SDF qui s’est installé depuis peu dans la cour, le supplée.

Les vacances ! Nano va rester à Paris tandis que Smaïn va profiter des bienfaits du soleil à Fréjus. C’est pas juste ! Nano aura pour seule consolation de passer une heure par jour à potasser ses maths, une matière qu’il n’apprécie vraiment pas, et s’il rechigne, des cours particuliers se profilent à l’horizon. Il en pense la nuit, l’empêchant de dormir. C’est ainsi qu’il aperçoit deux individus chargés de cartons entrer subrepticement dans l’immeuble. Et puis que fait cette femme d’un abord peu sympathique à trainer dans les couloirs qui desservent les caves ! Elle a beau dire qu’elle est nouvelle dans l’immeuble, qu’elle recherche son local afin d’y entreposer des cartons car son nouveau logement est plus petit que l’ancien, cela trottine dans l’esprit de Nano. Encore plus lorsque, montant un paquet à monsieur Carme, Nano entend à travers la porte de l’appartement des bruits de voix, comme des disputes.

Nano décide de mener sa propre enquête, tout en échangeant les nouvelles avec Smaïn qui profite du beau temps, des filles, des joies de la plage et ne lui laisse pas le temps d’en placer une, ou qui se moque de lui comme à son habitude. Et c’est en vagabondant dans le parc situé non loin de l’immeuble que Nano assiste à un événement étrange. José, le SDF qui couche sous des cartons, José qui a mis à disposition des passants une sébile et un petit écriteau les incitant à déposer leur obole, José possède un téléphone portable ! On aura tout vu !

Quand on est imaginatif et sujet au vertige comme Nano, on ferait mieux de rester tranquillement dans la petite loge de concierge qui leur est alloué gracieusement par le syndic, action de grâce reprochée par quelques locataires jaloux probablement. Nano va se souvenir de ces quelques jours du mois de juillet alors que le soleil s’amuse à échauffer les sens et les esprits.

DominiqueDominique-Forma.JPGForma qui nous avait déjà régalé avec Sans vérité paru chez le même éditeur dans la collection Rat noir destinée au plus grands, signe une historiette digne des auteurs tels que Paul Berna (Le cheval sans tête) et ceux qui ont pris la relève, Jean-Paul Nozière, Jean-Hugues Oppel, Pascal Garnier, Didier Daeninckx et quelques autres qui jouent sur la sensibilité sans tomber dans la mièvrerie.

Nano apprendra, et le lecteur par la même occasion, qu’il faut toujours se méfier des apparences, mais surtout que dans des cas extrêmes, le courage vient spontanément ou presque, pour peu que l’on fasse abstraction de ses peurs et phobies, sans pour cela vouloir en tirer gloire.


Dominique FORMA : Nano. Editions Syros, collection Souris noire. 144 pages. 6€.

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