Bon anniversaire à Didier Decoin qui a su se faire un prénom malgré un handicap patronymique.
J’ai même rencontré un auteur heureux ! Lorsque pour la première fois j’ai pu réaliser un entretien avec Didier Decoin qui dédicaçait son roman en 1988 à Cherbourg, j’ai pu converser avec un auteur fier et heureux. Car son incursion dans le domaine du roman policier, littérature contestée mais si difficile à maîtriser pourtant, est une réussite. Presque. Peut-être certains puristes du genre auront une moue dubitative quant à l’épilogue, mais bien d’autres avant Didier Decoin, Agatha Christie la première, ont transgressé certaines règles. Et puis quoi, les indices disposés ici et là par Didier Decoin sont assez subtils mais néanmoins présents pour que les lecteurs puissent essayer de découvrir la solution qui ma foi est une assez jolie pirouette. Mais chut, ne dévoilons pas ce qui fait le charme et l’intérêt d’un roman lorsque celui-ci est habilement agencé.
Une brave dame, écrivain de son état, mélange d’Agatha Christie et de Barbara Cartland, est retrouvée morte sur la plage déserte d’une petite île au large de l’Ecosse. Mort naturelle ? Suicide ? Assassinat ? C’est la troisième conjecture qui vient tout de suite à l’esprit, aussi New Scotland Yard dépêche sur place l’inspecteur Sheen qui se prélassait à Venise.
Curieux homme que cet inspecteur qui semble morose, désabusé, tenace et pourtant aime la vie en vouant aux femmes, à la Femme, une espèce d’amour qui confine à l’adoration et le meurtrit souvent.
Naturellement le suspect, le coupable ne peut être que l’un des familiers de la vieille dame qui en fin de compte n’était pas si douce que ça. Pensez donc que cette vieille dame pour écrire Les aventures de Peggy, Peggy est l’héroïne de ses romans à qui il arrive bien des aventures, a embauché une jeune fille, Barbara, afin de tester les rudesses, les méchancetés, les tortures même auxquelles son héroïne peut être confrontées. Son fils, falot et mièvre, peut également être considéré comme suspect, de même que sa belle-fille. D’ailleurs n’est-ce pas le lot inhérent d’une bru d’être soupçonnée lorsque sa belle-mère décède dans des conditions douteuses ?
Mais ce ne sont pas les seuls à être incriminés. Par exemple le gardien de phare ou encore l’horloger… Tiens parlons-en de l’horloger, ou plutôt non…
Je vous laisse le soin de découvrir ce livre sur lequel planent les fantômes de Hurlevent, le brouillard, la pluie, le vent, la lande, la mer, la tempête, tout ce qui fait la rudesse mais aussi le charme du nord de l’Ecosse mais qui n’est qu’une transposition de la Hague, coin du bout du monde où vit Didier Decoin lorsque le temps lui permet de venir dans le Cotentin.
Didier DECOIN : Meurtre à l’anglaise. Mercure de France. 1988. Réédition Folio 2397. 256 pages. 7,50€.