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11 mai 2020 1 11 /05 /mai /2020 03:23

A l’ouverture de la chasse,
Dans un château riche en gibier…

Marcel G. PRÊTRE : La cinquième dimension.

De retour de la chasse aux cols-verts et aux lapins, la voiture conduite par Sven Jensen s’embourbe dans un chemin creux. Impossible de la dégager malgré les efforts fournis par les passagers. Il ne reste plus qu’à aller chercher du renfort, ce que fait le garde-chasse en se rendant à pied par la lande jusqu’à Chérupeau, puis à revenir avec la Jeep.

Sven Jensen et ses deux invités, Armand de Camare, éditeur, et Frédéric Bard, romancier créateur du célèbre commissaire San Angelo, décident de se rendre au Manoir de la Ravachière, tout proche, dont ils ont aperçu des lumières aux fenêtres. Pourtant ce manoir est inhabité depuis vingt ans environ. Nonobstant, arrivés sur place ils sont reçus par le châtelain qui leur offre des boissons revigorantes.

Dans la pièce où ils se remettent de leurs émotions, Bard est intrigué par la statuette de marbre représentant un garçonnet qui lui rappelle quelques souvenirs de sa jeunesse. Un ancien condisciple, Albert, tête de Turc des autres élèves de la classe, se laisse enfermer dans un musée lyonnais lors d’une sortie et s’empare d’une flûte d’or. La statue de Diane l’attire, elle ressemble tant à sa mère décédée. Mais il fera d’autres rencontres.

Ensuite c’est au tour d’Armand de Camare de narrer une aventure qui lui est arrivée à Courchevel, sa fille Françoise l’y ayant précédé. Alors qu’il skie, il retrouve un vieux copain avocat qui l’invite à assister à une plaidoirie le lendemain. Le prévenu, surnommé La Bouteille, ancien gendarme et poivrot notoire, doit s’expliquer sur la provenance de l’argent lui ayant permis de s’acheter une voiture. Il révèle qu’il avait découvert un portefeuille qui, à chaque fois qu’il l’ouvre puis le referme contient un billet de banque. Un portefeuille inépuisable.

Sven Jensen prend la suite de ces révélations pour le moins surprenantes, narrant lui aussi une histoire dont sa grand-mère danoise décédée est pourtant l’héroïne. Un amateur danois fervent parieur et mécanicien, se présente quelques décennies plus tôt à Jensen, qui dirige une écurie de courses, et lui confie qu’il aimerait pouvoir remettre en état la Rolls-Royce 1910 héritée de la grand-mère. Au départ réticent, Jensen accepte, et le mécanicien va devenir très riche grâce aux conseils judicieux prodigués par la vieille dame que ce soit sur des paris hippiques ou des placements en bourse. La vieille dame ou son fantôme.

Enfin c’est au propriétaire du Manoir d’y aller de son historiette, un épisode dont il fut le héros, ou la victime.

 

Ce roman, le seul de Marcel G. Prêtre dans la collection Angoisse, est également unique de par la narration, à plusieurs voix, et qui se décline comme un recueil de nouvelles, une forme littéraire inédite dans cette collection.

En quatrième de couverture figure une biographie de l’auteur, biographie qui ressemble à une énorme farce et dont voici le texte de présentation :

Emporté par son goût de l'aventure, Marcel G. Prêtre fut guide de chasse professionnel, en Afrique. Après quelques années d'une existence, très agitée, en particulier chez les Pygmées, il réintégrait l'Europe et était engagé par une grande firme américaine comme pilote de courses automobiles, II obtint vingt-quatre victoires internationales et participait à plusieurs reprises au Rallye de Monte-Carlo sous les couleurs de Porsche.

Auteur, entre-temps, d'une cinquantaine de romans policiers et d'aventurés et de plus de cent pièces radiophoniques, il a écrit les scénarios de plusieurs films de long métrage et de télévision.

Et Frédéric Dard, alias Commissaire San-Antonio, dît de lui :

« Ce grand bougre de Suisse est de tous mes amis le — plus authentiquement français ! »

En effectuant des recherches sur des sites spécialisés, il m’a été impossible de retrouver le nom de Marcel G. Prêtre comme pilote de course automobile suisse. Dans la fiche Wikipédia consacrée à l’auteur, une énorme bourde s’est glissée puisqu’il est gratifié du pseudonyme de Frank Evans alors que c’était un ancien préfet, Louis Verger, qui se cachait sous cet alias.

Le lecteur retrouvera dans la présentation des trois principaux personnages des noms qui ne lui sont pas inconnus. Frédéric Bard est bien évidemment Frédéric Dard, Armand de Camare Armand de Caro, le créateur des éditions du Fleuve Noir, et Sven Jensen ne peut être autre que Sven Nielsen, le créateur des Presses de la Cité qui avait racheté à la fin des années 1950 le Fleuve Noir.

Le roman en lui-même ne manque ni d’humour, ni d’imagination avec ses histoires de fantômes et de disparitions. C’est habilement construit et le lecteur ne s’ennuie à aucun moment dans ce roman à tiroirs.

Cependant, il est amusant de constater que deux spécialistes de la critique, Jean-Pierre Fontana dans la revue Fiction N° 190 du 1er octobre 1969, et Jean-Pierre Andrevon, dans la même revue Fiction N°354 du 1er septembre 1984, à l’occasion de la réédition de cet ouvrage, offrent des points de vue tout à fait contradictoires que vous pouvez lire en vous dirigeant vers le site NooSfère dont le lien se trouve ci-dessous :

 

Que dire d’un système social où l’on voit une vedette de cinéma, ou un chanteur à la mode, toucher en un an ce qu’un chercheur n’arrivera pas à gagner dans toute sa carrière, même s’il obtient le prix Nobel ! Il n’y a plus d’échelle de valeur. Le système a tout faussé à la base.

Réédition : Collection Super Luxe N°151. Avril 1984.

Réédition : Collection Super Luxe N°151. Avril 1984.

Marcel G. PRÊTRE : La cinquième dimension. Collection Angoisse N° 165. Editions Fleuve Noir. Parution 3e trimestre 1969. 256 pages.

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commentaires

S
Bonjour Paul<br /> Certaines sources, plus ou moins crédibles, affirment que M.G.PRETRE est un pseudo parfois utilisé par Frédéric DARD. Parfois, cela ne concernerait donc pas tous les titres...<br /> Merci de parler régulièrement de la grande époque du Fleuve Noir.<br /> Amitiés.
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O
Bonjour Serge<br /> Effectivement, ceci a été affirmé à plusieurs reprises, notamment par celui qui éditait (édite toujours ?) les Polarophiles tranquilles. Il faudrait reprendre le livre biographique de François Rivière car je sais qu'il y est fait mention mais pour une collaboration. Mais vu la production de Dard, aussi bien pour les romans noirs que pour la série San-A plus le théâtre et le cinéma, il avait une charge de travail abondante. On peut également supposer des réciproques, écriture de Dard sur des scénarios de divers amis...<br /> Amitiés et bonnes lectures<br /> Paul

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