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26 août 2019 1 26 /08 /août /2019 04:19

Vous voulez lire du roman ? Lisez donc de l’histoire. Guizot.

Alexandre DUMAS : La fille du marquis.

Le 7 juin 1793, deux voitures à cheval sortent de Paris par la barrière de la Villette. Tout autant les entrées que les sorties sont soigneusement vérifiées, mais celui qui présente les papiers se fait rapidement reconnaitre et les hommes du poste ne font aucune difficulté à le laisser passer ainsi que ses compagnons.

Ce personnage est important. Il est connu sous le nom de monsieur de Paris. Sa fonction : bourreau. Parmi ses compagnons, un certain Léon Milcent qui doit rejoindre les volontaires en Champagne puis à Sarrelouis. Mais ce Léon Milcent n’est autre que Jacques Mérey, héros du précédent volume Le Docteur Mystérieux, qui est proscrit.

Jacques Merey, alias Léon Milcent se prétend sergent et c’est à la tête de volontaires qu’il se dirige vers Sainte-Menehould puis il se rend sur son ancien domaine à la frontière avec le Luxembourg puis à Trèves où il se présente comme proscrit. Il obtient de la part du bourgmestre un passeport pour se rendre à Vienne. Dans sa poche une lettre d’Eva, le nom qu’il a donné à Hélène de Chazelay, dans laquelle la jeune fille donne son adresse. Cette missive ne lui était pas adressée mais au Marquis de Chazelay, son père.

C’est la seule lettre qu’il possède mais elle figurait dans le dossier du marquis qui émigré est décédé. Jacques Merey n’a jamais reçu personnellement de courrier de la part d’Eva. Ce qui le chagrine fort. Et lorsqu’il arrive au domicile d’Eva, c’est pour apprendre qu’elle est partie depuis quelques jours. La tante qui la gardait, une vieille fille acariâtre et despotique venant de décéder. Alors n’ayant plus aucun but, et ignorant qu’Eva lui avait adressé de nombreuses lettres mais que celles-ci avaient été subtilisées par la tante et donc n’étaient jamais parvenues à leur destinataire.

Il décide dont de partir pour l’Amérique et revient quelques années plus tard. Le 19 février 1976 (le 30 pluviôse an IV) Jacques Merey assiste à une représentation de Pygmalion et Galatée donnée à l’occasion de la réouverture du théâtre Louvois. Il reconnait dans la loge de Barras, son Eva, et son sang ne fait qu’un tour. Malgré les supplications d’Eva il se détourne de la jeune fille qui ne peut placer un mot d’explications. Il a récupéré à Mayence les papiers du Marquis de Chazelay, dont une lettre de celui-ci autorisant le mariage de sa fille avec l’homme qui l’avait sauvée et éduquée.

Malgré cette lettre et les déclarations d’amour d’Eva, Jacques Merey se montre toujours froid et distant. Il n’a pas apprécié la voir en compagnie de Barras, réputé pour être un homme volage, accumulant les succès. Alors elle tente de se suicider en se jetant du pont des Tuileries mais n’écoutant que son cœur il la sauve de la noyade. Lors de la conversation, ou des explications qui s’ensuivent, Jacques Merey promet que les biens d’Hélène de Chazelay, alias Eva, seront soit vendus soit seront aménagés pour devenir un lieu d’accueil pour malades et pauvres. Eva désire retourner dans la petite maison d’Argenton et elle lui confie un manuscrit qu’elle a rédigé lors des événements qui ont suivi sa séparation d’avec le docteur et ses pérégrinations.

 

Ce manuscrit, qui débute le 14 août 1792, relate en plus de trois-cents pages les terribles épisodes de la Terreur et comment Eva parvint à échapper à la guillotine alors qu’elle aspirait de toutes ses forces à participer à un contingent de condamnés à mort.

De l’assassinat de Marat, puis sa rencontre avec Danton, son amitié lors de son emprisonnement à La Force avec Thérésia Cabarrus, la maîtresse de Tallien, ainsi qu’avec Joséphine Tascher de la Pagerie plus connus sous le nom de Joséphine de Beauharnais, la mort de Danton, puis celle de Robespierre dont elle n’est pas étrangère, c’est toute une page d’histoire qui défile devant les yeux du docteur Jacques Mérey.

Il découvre des pans de la vie quotidienne à Paris lors de cette période trouble et sanglante. Mais ces pages sont empreintes de la déclaration d’amour d’Eva à son encontre, des sentiments qu’elle confie à ces pages intimes.

Roman historique, avec les approximations de Dumas, ou celles des différents historiens qui se succédèrent pour décrire cette époque, chacun interprétant à sa façon, selon ses sentiments, les engagements des révolutionnaires, La fille du marquis est également un formidable roman d’amour.

Il est à noter qu’à cette époque, l’âge des jeunes filles n’était pas un frein à l’amour. En effet Eva, n’a que seize ou dix-sept ans, l’auteur se mélangeant parfois quelque peu les pédales dans le manuscrit, et pourtant ceci n’est pas un frein à l’amour qu’elle porte au docteur. Lui-même, malgré sa retenue entretenue par une jalousie consécutive à des interprétations erronées de sa part sur les agissements d’Eva, des malentendus, est amoureux mais il renie cet amour à cause de faits qu’il impute à la jeune fille alors qu’elle n’a jamais batifolé, au contraire de Thérésia Tallien, Joséphine de Beauharnais et bien d’autres, durant la période qui suivit la Terreur et fut synonyme de débauches.

 

Malgré des dialogues parfois grandiloquents, ce roman possède la force de narration et d’évocation dont Dumas se montrera le principal feuilletoniste du XIXe siècle. Ce qui semblerait aujourd’hui inconvenant, cet amour d’une gamine de seize ou dix-sept ans, est une oasis de fraîcheur dans une période trouble.

Les deux romans Le docteur Mystérieux et La fille du marquis constituent un ensemble connu également sous le titre Création et rédemption.

Contrairement à ce que j’affirmais dans mon article sur Le docteur mystérieux, le volume d’Archipoche ne comporte pas 240 pages, mais bien environ 500. Une fois encore je me suis laissé abuser par Amazon qui parfois induit dans l’erreur le visiteur de cette fausse librairie.

 

Réédition Archipoche. Parution 7 janvier 2015. 500 pages. 7,65€.

Réédition Archipoche. Parution 7 janvier 2015. 500 pages. 7,65€.

Alexandre DUMAS : La fille du marquis. Collection Bibliothèque Marabout géant N°261. Editions Gérard et Cie. Parution octobre 1966. 512 pages.

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