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15 septembre 2017 5 15 /09 /septembre /2017 08:02

Non, non, rien n’a changé
Tout, tout a continué…

JEAN-CHARLES : La foire aux cancres.

Dans son préambule, Jean-Charles écrit, attention accrochez-vous aux branches car ceci est tellement d’actualité qu’on oublie que l’ouvrage a paru en 1962 :

Si les lycées avaient des clochers, ils sonneraient sans cesse le tocsin. L’enseignement secondaire français traverse en effet une crise grave qui s’explique par plusieurs raisons.Nous sommes obligés de refuser des élèves, disent les proviseurs.

Les classes sont surchargées, se plaignent les professeurs.

On ne s’occupe que des élèves les plus doués, protestent les parents.

Cela commence bien, vous ne trouvez pas ? Et les cancres là-dedans ? Ils sont furieux. Et pourquoi sont-ils furieux ?

Moins, comme l’imaginent les parents, parce que l’on ne s’occupe pas d’eux que parce qu’ils se rendent compte de l’ineptie des programmes scolaires.

Naturellement la solution est toute trouvée : modifier les programmes scolaires. Plus facile à dire qu’à faire, vous en conviendrez, à moins de laisser ce soin à des technocrates qui n’y connaissent rien mais se font fort de trouver des réponses à ces questions angoissantes.

Le Ministre de l’éducation nationale a annoncé, lors de la dernière rentrée, la création d’une commission chargée de supprimer, dans les programmes scolaires, tout ce qui n’était pas essentiel… Sur quoi, on apprit, qu’en plus du reste, les élèves allaient avoir droit à des cours d’éducation civique.

Il a dû frapper fort sur son clavier de sa machine à écrire, Jean-Charles, en rédigeant cette critique qui ne manque pas de bons sens.

 

A l’école, les cancres rivalisent d’âneries, ceci est un fait avéré. Mais ils ont de qui tenir, car nos romanciers, et non des moindres ne furent pas en reste. L’on connait les célèbres bourdes littéraires de Ponson du Terrail, mais bien moins celles de Balzac :

Un commissaire de police répond silencieusement : Elle n’est point folle.

Ou encore de Prosper Mérimée :

Enfin, mettant la main sur ses yeux comme les oiseaux qui se rassurent…

Les traducteurs n’échappent pas non plus aux erreurs. Florian, dans sa traduction de Don Quichotte affirme :

Ces belles qui, toujours sages, couraient les champs sur leurs palefrois et mourraient à quatre-vingts ans tout aussi vierges que leurs mères…

 

Il ne faut pas croire que ce livre n’est qu’une recension de bons mots, d’à-peu-près, de réponses désopilantes, de perles d’incultures qui auraient fait les délices de Ray Ventura et ses Collégiens qui ont chanté Le Lycée Papillon, une chanson de Georgius, mais il s’agit bien d’un véritable réquisitoire sous forme de diatribe, pour la défense de l’enseignement et des enseignants.

 

Ainsi peut-on lire, page 81 de la présente édition :

Je ne vais pas cependant jusqu’à prétendre qu’il faut remplacer les professeurs par des machines. … Nous savons que rien ne remplace un excellent professeur. Malheureusement il y a de moins en moins d’excellents professeurs. Pourquoi ? Je l’ai déjà dit : parce qu’ils ne sont pas assez payés. Un homme est un homme, disait ma grand-mère. Que l’on essaie donc de rétribuer les médecins de campagne au même tarif que les instituteurs et de payer les cardiologues et autres spécialistes comme les professeurs de faculté, on verra alors si le niveau de la médecine française ne diminue pas.

 

Ceci mérite réflexion, n’est-ce pas ? Mais il semble que le niveau intellectuel des hommes, et femmes, politiques a baissé plus vite et plus profondément que celui des étudiants et du commun des mortels. Et de nos jours, tous les ans on nous informe que des changements vont intervenir à chaque rentrée, que de nouveaux programmes vont être appliqués, avant d’être expérimentés, et qu’il y aura de plus en plus de bacheliers, la France en a besoin.

Comme l’écrit Jean Failler dans Mary Lester et la mystérieuse affaire Bonnadieu :

Les examinateurs ne paraissent plus aussi exigeants qu'autrefois, quand ils éliminaient impitoyablement nos grands-parents pour cinq fautes dans une dictée de certificat d'études. Si vous voyiez les rapports que rédigent certains de ces bacheliers ces dernières couvées !

 

Alors que bon nombre d’animateurs télé ou radio, de comédiens, de romanciers, de chefs d’entreprises, voire d’hommes politiques se vantent, s’enorgueillissent d’avoir été des cancres à l’école, il est désolant de constater que des BAC +3, 4, 5, frappent, sans succès, à la porte de madame Paule Emploi.

Il serait bon que cet ouvrage, dont la dernière édition remonte à 1999, soit réédité, et fourni à nos braves députés et ministres, afin de leur donner un sujet de réflexion, ce qui les occuperait au lieu de pondre des lois qui n’ont aucun sens, et répondre n’importe quoi lors des interviews. N’est-ce pas monsieur Emmanuel Macron, qui déclarait le 26 mars dernier :

Ce qu'il se passe en Guyane depuis plusieurs jours est grave. C'est grave en raison des débordements. Mon premier mot est celui d'un appel au calme parce que, je crois que bloquer les pistes d'aéroport, bloquer les décollages, parfois même bloquer le fonctionnement de l'île ne peut être une réponse apportée à la situation.

JEAN-CHARLES : La foire aux cancres. Editions Calmann-Lévy. Parution 1962. 220 pages.

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commentaires

A
Il faudrait qu'ils en lisent des livres, non chers hommes politiques....
Répondre
O
Un peu d'instruction ne pourrait leur nuire, surtout à certains...

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  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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