Une potion à déguster sans modération…
Les hypermarchés et les grandes surfaces commerciales, situés en dehors des villes, drainent la clientèle sans vergogne, ne laissant souvent dans les centres-villes que les miettes financières.
Pourtant, certaines échoppes continuent, bravant ce flot mercantile, à subsister, offrant des services, des conseils, des produits inconnus de la grande distribution ou jugés peu rentables.
Ainsi à Béthune, dans une petite rue marchande, les époux Rogonot tiennent une herboristerie, et, faut bien sacrifier à la mode, proposent également des produits bio.
Aux côtés de ce couple sexagénaire, travaille Denise, l’employée trentenaire qui ne s’est pas remise de la mort de son fiancé cinq ans auparavant, puis de sa mère l’an passé. Elle s’enfonce tout doucement dans une vie morne, monotone, dénuée de sourires, et André Ansart, représentant en produits bio et secrètement amoureux d’elle, aimerait la voir revivre, si possible avec lui.
Le destin de Denise bascule à cause de plusieurs conjonctions, qui s’avéreront néfastes pour certaines personnes de son entourage. Un lundi après-midi, elle est chargée par ses employeurs, Patrice, qui se remet doucement d’un problème cardiaque, et Germaine, une femme au caractère trempé dans ses décoctions amères, de déposer à la banque la recette du week-end. 2000 euros dans une sacoche qui lui est subtilisée par un motocycliste.
L’individu peu scrupuleux qui vient de s’adonner à ce vol à la tire, est sorti de la prison de Sequedin peu de temps auparavant. Gérard Bourgeois est un petit malfrat, et surtout père de famille. Sa compagne Lydie, qui lui avait déjà donné deux enfants, en a profité pour en avoir un troisième durant son absence, faut bien occuper ses journées. Seulement, cela ne paie pas le loyer, et c’est pour cela que Gérard a arraché la sacoche de Denise.
Il retrouve un ancien codétenu, qui n’est pas si ancien mais c’est la formule consacrée, Abdel, qui lui aussi a besoin d’argent liquide. Pendant son incarcération, sa copine Sandra est devenue hôtesse d’accueil dans un bar montant, avec son consentement, et il voudrait bien la récupérer. Seulement cela a un coût, et comme il n’a pas les fonds nécessaires, il lui faut trouver de quoi payer, rapidement, car quinze jours plus tard, la prime de débauchage sera doublée.
En attendant de monter leur coup, Gérard retrouve son ancien patron, vendeur de cycles. Entre-temps, le commerçant s’est reconverti dans les scooters, et Gérard devient le mécanicien attitré et vendeur. D’ailleurs l’une de ses premières ventes, il va la réaliser auprès de Denise qui a reçu une pub dans sa boîte aux lettres. Elle pense que les déplacements motorisés dans la campagne pourraient être une panacée à sa morosité et sa déprime.
Et voilà comment en peu de personnages Patrick S. Vast construit une intrigue linéaire solide, voire machiavélique, reposant sur quelques protagonistes secondaires entourés de faire-valoir convaincants. Des commerçants voisins de l’herboristerie principalement, mais également un policier, un docteur à l’ancienne, c’est-à-dire qu’il se déplace au moindre appel de sa clientèle, une jeune fille handicapée mentale…
Le fil rouge est constitué par Denise, qui s’éprend de Gérard, lequel se joue de la jeune femme comme d’une marionnette ; par Caroline, l’handicapée mentale mutique ; et surtout par Germaine, l’herboriste.
Germaine et ses idées toutes faites, ses déductions hâtives, ses conclusions à l’emporte-pièce, son manque de réflexion, et son assurance dans ses analyses qui manquent de profondeur.
Si Patrick S. Vast dédie ce roman à Simenon, Steeman et Duchâteau, il peut logiquement se revendiquer comme l’héritier de Georges-Jean Arnaud, Louis C. Thomas, Boileau-Narcejac et de petits maîtres qui ont œuvré dans la collection Spécial Police du Fleuve Noir, tels que André Lay et quelques autres, et dont la spécialité était le roman policier d’inspiration suspense psychologique. De l’action certes, mais pas de violence décrite inutilement, des moments de tendresse, et des personnages ancrés dans un quotidien, notre quotidien. Et c’est également le système de l’autodéfense qui est abordé, une réplique souvent employée par des commerçants spoliés mais qui se retrouvent souvent au banc des accusés.
Patrick S. Vast effectue un retour aux sources après avoir tâté, brillamment, du thriller à tendance fantastique, étoffant sa palette de romancier en verve.
Vous pouvez vous procurer cet ouvrage auprès de l’éditeur en cliquant sur le lien ci-dessous, ou chez votre libraire en lui indiquant le numéro d’ISBN
978-2-95661888-0-8
Patrick S. VAST : Incarnatio. - Les Lectures de l'Oncle Paul
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Patrick S. VAST : Potions amères. Editions Le Chat Moiré. Parution le 7 septembre 2017. 240 pages. 9,50€.
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