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13 mai 2015 3 13 /05 /mai /2015 08:14
Malcolm BRALY : La neige était noire

Alors que la poudre est blanche ?

Malcolm BRALY : La neige était noire

Carver, lieutenant de police à la Brigade des Stups, voue une profonde aversion pour les musiciens de jazz et les drogués.

Et son point de fixation, c'est Gabiness, saxophoniste qui, avec quelques comparses musiciens, prône le jazz avant-gardiste. Carver s'est juré de faire tomber Gabiness, et pour cela tous les moyens sont bons.

Il exerce un chantage sur Sullivan, une cloche qu'il alimente en poudre, et il le charge de fourguer de l'herbe, des sachets ou des comprimés à Gabiness et ses amis. Gabiness ne tâte que modérément aux paradis artificiels, contrairement à Furg le tromboniste ou Kovin le trompettiste.

Un soir, lors d'une rafle organisée par Carver, Gabiness sauve la mise à Claire Hubler, riche héritière à la recherche de sensations fortes et frigide. Il vit plus ou moins à la colle avec Jean, hôtesse de bar, cependant Claire l'attire. Et puis elle a de l'argent, ce qui n'est pas négligeable pour un fauché perpétuel.

Carver a raté son entreprise mais il ne s'avoue pas vaincu et il relance Sullivan, afin qu'il continue son opération intoxication, aux deux sens du terme. Sullivan surprend fortuitement Carver en train de se piquer, et le policier a beau avancer l'hypothèse du diabète, le fourgue reste sceptique. Gabiness s'installe chez Claire tandis que Jean est draguée par John Randozza, espèce de playboy. Le rêve de Gabiness, pouvoir monter une petite formation de jazz avec Kovin, Furg et un batteur. Mais il est alpagué par Carver pour une peccadille et Claire le fait libérer de prison en versant la caution. Il devra passer devant un tribunal mais pour le moment il est libre.

Le directeur d'un cabaret miteux accepte d'engager Gabiness et son équipe, mais Randozza est derrière et effectue quelques transformations afin de rendre la boite plus attractive. Jean devient plus distante envers le jazzman et évolue physiquement, plus provocante dans sa mise vestimentaire. Il ne réalise pas immédiatement qu'elle est devenue prostituée et que Randozza n'est qu'un souteneur. Claire dont les sautes d'humeur sont trop fréquentes et à la frigidité incurable n'intéresse plus Gabiness qui la plaque. Il retourne chez ses amis Kovin, Furg et Ann, professeur de littérature dans une école du soir pour adultes.

Un jour Furg décède d'une overdose, la came étant empoisonnée, contenant un mélange trop corsé de strychnine.

 

Musique, sexe et drogue. Trois thèmes du roman noir réunis pour cette histoire tranche de vie.

Le jazz y est omniprésent, avec des références à Charlie Parker, Miles Davis et autres innovateurs. Le sexe, pas encore débridé, annonce l'amour libre prôné peu de temps après par les beatniks et les babas cools. Quant à la drogue, c'est la poudre qui lie la sauce avec la présence de Carver, ce flic des stups lui-même drogué et qui essaie par tous les moyens de coffrer ceux à qui il voue une haine tenace et incompréhensible.

Un flic qui travaille en solitaire, espérant pouvoir profiter de ses confiscations et qui se bat contre une chimère. Pour une raison ou une autre, pas clairement définie, il ressent une haine viscérale envers Gabiness, mais contrairement à d'autres musiciens de son entourage, celui-ci n'est pas un dépendant à la drogue. Il en tâte en dilettante, la musique étant sa passion, quoique celle-ci passera après ses résolutions de s'établir comme employé et de fonder un foyer.

Les personnages qui gravitent dans cette histoire ne sont pas véritablement des paumés, à part Sullivan qui malgré tout veut briser l'emprise exercée par Carver et désire se racheter, mais des marginaux. Et plus que les musiciens, toujours à la recherche d'un son - et d'un engagement - de la fameuse note bleue, ce sont les femmes qui acceptent volontiers de descendre la pente tout en prodiguant conseils et une relative honorabilité : Claire, frigide et vaguement lesbienne, en quête d'orgasme, alliant frénésie et répulsion; Ann, professeur de littérature amoureuse de Kovin et qui copule allègrement avec Furg, faisant plaisir à l'un parce que cela ne dérange pas l'autre; Jean qui se prostitue par dépit, par jalousie, ce que ne peut comprendre Gabiness puisque selon lui il n'a fauté qu'avec une seule femme.

L'alcool, autre thème porteur, est absent du débat. Les musiciens boivent, comme tout le monde, mais ils se contentent d'ingurgiter du vin rouge.

C'était duraille de secouer le public de North Beach. Les gens prenaient soin de surveiller leurs réactions. Personne ne tenait à applaudir de la vacherie, et on ne savait pas toujours très bien faire la différence.

 

Curiosité :

A noter que le titre français rappelle étrangement un roman de Georges Simenon : La neige était sale.

Ce roman a reçu le Prix 813 de la meilleure réédition 1983.

Malcolm BRALY : La neige était noire

Malcolm BRALY : La neige était noire (Shake Him till the Ratlles - 1963. Traduction de France-Marie Watkins) Série Noire N°937. Parution mai 1965. 192 pages. 4,90€. Disponible sur le site de la Série Noire

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