Lire ou relire Paul d'Ivoi, un agréable plongeon dans le passé...
Si Paul d'Ivoi est surtout connu pour son roman Les cinq sous de Lavarède, cosigné avec Henri Chabrillat, et premier volume de la série Les Voyages excentriques, il ne faut pas oublier qu'il est l'auteur d'autres romans non moins intéressants mais quelque peu confinés dans des placards dépourvus de lumière.
C'est justement pour mettre en lumière ces romans que le comité de rédaction de la revue et la coordinatrice du dossier, Marie Palewska, ont choisi de développer des articles sur des romans mais également des récits dits d'exploration méconnus ou dont le propos a parfois été déformé.
Ainsi, avoir présenté brièvement la dynastie Paul d'Ivoi - en effet ils furent trois à porter ce nom : le père, né Charles Deleutre, peintre avant de devenir homme de lettres et chroniqueur pour divers journaux, Paul d'Ivoi fils, celui qui nous intéresse, puis le fils de celui-ci qui se tournait également vers la profession de chroniqueur avant de mourir sur le front, dans la Somme, le 6 septembre 1916, un an jour pour jour après son père - Marie Palewska nous présente le roman Les juifs à travers les âges. Publié pour la première fois en 1890 en vingt-neuf livraisons de huit pages, cette œuvre aurait dû être plus conséquente mais fut abandonnée pour des raisons mal définies.
Ne furent offertes aux lecteurs que deux parties, Jésus puis La république de Gaule. Contrairement aux idées antisémites de l'époque, idées relayées par l'église catholique et qui perdurent encore de nos jours, Paul d'Ivoi démontre que les juifs ne furent pas à l'origine de la crucifixion du Christ mais bien les Romains. Marie Palewska intitule son chapitre consacré à cette première partie : Jésus ou les juifs innocents de la mort du Christ et propagateurs des idées de liberté, égalité et fraternité. L'auteur de l'article dissèque les écrits de Paul d'Ivoi et démontre qu'en réalité il était philosémite, donc à contre-courant des idées de son époque. Idées délétères qui amenèrent à la condamnation injuste du capitaine Dreyfus.
Charles Ridoux nous entretient ensuite de deux romans napoléoniens : La mort de l'Aigle et Les cinquante. Si Paul d'Ivoi se dresse en apologue de l'Empereur Napoléon 1er, une démarche qui peut en réjouir certains et offusquer d'autres, le trait marquant, que l'on retrouvera dans d'autres romans, est bien le constat suivant. Si l'Angleterre est considérée comme l'ennemi séculaire de la France, Paul d'Ivoi met l'accent sur l'Allemagne, ou à l'époque la Prusse, et l'accable de tous les maux, démontrant que de l'autre côté du Rhin cet ennemi était encore plus virulent que l'Angleterre.
Aussi bien dans les deux volumes napoléoniens, que dans La Patrie en danger, histoire de la guerre future, coécrit avec le colonel Royet, et publié en 1904, ou encore Un, la mystérieuse, publié en 1905, toujours avec la participation du colonel Royet. L'Allemagne, qui semble être la bête noire de Paul d'Ivoi, lequel décrit des événements futuristes prémonitoires, notamment la révolution russe. L'analyse est signée Daniel Compère.
Paul d'Ivoi va même plus loin dans ses romans historiques car dans Jalma la double, il place son intrigue en Turquie, avec comme principaux protagonistes des personnages encore en exercice à l'époque, dont Abdul Hamid, le sultan successeur de Mourad V. Un roman qui aurait pu figurer dans la série des Voyages excentriques comme le fait justement remarquer Marie Palewska, signataire de l'article.
Et un dossier sur un auteur, un écrivain, un romancier ne serait pas complet sans quelques textes choisis. Deux nouvelles parachèvent donc ce dossier, deux nouvelles tournées vers l'humour et la dérision. Le siège d'un cœur et L'Ad-mi-nis-tra-tion : plaidoyer d'une petite feuille de papier.
Vous pouvez retrouver les rubriques habituelles, Le courrier des lecteurs, Le Front Populaire qui présente les nouveautés en matière d'études, de thèses, de magazines et revues, ou encore La revue des autographes par Jean-Pierre Galvan, qui nous propose quelques extraits de lettres écrites par Hector Malot, de Maurice Leblanc ou encore d'Emile Richebourg.
Enfin, rubrique qui pourrait devenir permanente, celle de Jérôme Serme de la Librairie Mompracem : l'analyse d'un roman catalogué dans les seconds rayons, ces ouvrages qui ont connu un succès fort honorable mais depuis longtemps oubliés de même que leurs auteurs. Pour cette livraison Jérôme Serme s'est penché sur La fille des fétiches d'Henri-Georges, auteur dont on ne possède guère de renseignement, ouvrage publié dans la collection Grandes aventures, Voyages excentriques et plus familièrement nommée les Tallandier Bleus.
Le Rayon populaire est une librairie en ligne dédiée à la littérature de genre. Amateurs et collectionneurs y trouveront tous les mauvais genres de littérature: la littérature populaire des X...
Le site de la Librairie Mompracem
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Vous pouvez vous abonner au Rocambole, 48,00 euros par an pour trois numéros dont un double, en dirigeant le curseur de votre souris ci-dessous:
La revue Rocambole N°70 : Dossier Paul d'Ivoi. Explorations de Paul d'Ivoi. Parution avril 2015. 176 pages. 17,00€.