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17 juillet 2012 2 17 /07 /juillet /2012 14:19

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L’art et la manière, tout se résume en cette expression qui offre un champ de possibilités infinies à Aimé Duçon, plus connu sous le surnom de Tonton.

L’art est représenté par un tableau de Ruffy, peintre hongrois exilé en France au début des années trente, contemporain de Buffet et autres peinturlureurs colorés au talent intimiste, voire anecdotique. Pour Bruno, l’un des comparses de Tonton, c’est du n’importe quoi, mais comme chacun sait, les égouts et les odeurs, ça ne se discute pas. Et la valeur pécuniaire d’un tableau ne se juge pas à ce qu’il représente ni à au talent de son auteur. Ce tableau est convoité par un richissime collectionneur et cela suffit. Or il existe deux exemplaires de cette œuvre, fait rarissime, et le premier n’étant pas le bon d’après Chicaude, l’homme qui désire ardemment s’approprier la toile, le second qui pourrait n’être qu’une copie du premier, ou inversement, se trouve accroché chez une famille nobiliaire de Touraine. J’ai omis de vous préciser que cette huile est connue sous le titre de La Dame aux Godasses. Tout un programme.

La manière, c’est Tonton qui l’a cogitée, mais pour cela il a besoin de Gérard, un ineffable obtus du bulbe, et d’une de ses vieilles amies qu’il n’a pas vue depuis des lustres. C’est ainsi qu’il se rend en compagnie de Gérard, qui n’y comprend rien mais on ne lui demande pas d’interpréter les résultats des cogitations des petites cellules grises qui travaillent à plein régime dans le cerveau de Tonton, chez la Baronne Donatienne de Gayrlasse, qui possède une immense demeure en plein Paris. Qui possédait, car cette dernière descendante d’une longue litanie de nobles remontant en des temps fort reculés où l’on se battait encore à main nue et à pied, le cheval n’ayant pas encore été inventé car cette gente dame a été obligée de vendre sa résidence à un émir. L’entretien coûte cher et elle n’a plus que la jouissance de chambres de bonne, ce qui lui suffit largement pour vivoter et se payer le vin blanc sec qu’elle déguste dans des bols et le tabac pour ses cigarettes qu’elle se roule sur la cuisse. Et Tonton pensait naïvement que cette Donatienne allait pouvoir transformer Gérard en prince charmant et lui inculquer les bonnes manières. C’en est trop pour Gérard qui est nature comme l’on dit des niais indécrottables. Les séances de rattrapage ne sont même pas envisageables. Toutefois une autre solution se profile aux yeux ébaubis de Donatienne et de Tonton. En effet l’indécrottable Gérard, s’il ne peut acquérir les bonnes manières, est le sosie parfait du Vicomte George De La Taille.

George doit convoler prochainement avec Benoite, fille du vicomte de Rompay-Layran et une répétition du mariage va avoir lieu au Château Froy de Crin, à Echauday, Touraine, précisément là où trône le fameux tableau qui sous ses airs de barbouillage vaut une fortune. Mariage contre nature, pourtant les deux fiancés proviennent de familles de haute lignée, mais George possède des attirances sexuelles qui théoriquement ne permettent pas à ses partenaires de procréer un jour.

Je clos ici mon petit résumé qui n’est qu’une entame dans les moult tribulations qui ponctueront le parcours aventureux de Tonton, Gérard et leurs acolytes, Pierre, Bruno et Mamour qui, même s’il est aveugle, est le plus clairvoyant de tous.

Une cascade de péripéties en tous genres attendent le lecteur qui halète de plaisir comme un chien devant le nonos qui lui est promis et qui sait qu’il pourra le déguster avec un contentement non dissimulé lorsque son maître aura fini de jouer avec ses nerfs. Pas de temps morts dans cette histoire un peu farfelue, loufoque, baroque, et quelques rebondissements s’interposent en montagnes russes jusqu’à l’épilogue surprenant mais fort bien venu.

Un ouvrage qui engendre la bonne humeur et devrait être remboursé par la sécurité sociale en lieu et place des anxiolytiques, antidépresseurs et autres panacées supposées remettre le cerveau en place mais qui provoquent parfois des dommages stomacaux.

A lire du même auteur : Le pire du milieu et La femme à la mort.

Samuel SUTRA : Les Particules et les menteurs (Tonton, l’art et la manière). Editions Terriciaë. 152 pages. 12€.

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commentaires

L
Ton billet ne fait penser à ''Maudit karma'' de Safier, et comme je n'ai rien contre une franche rigolade, je vais le noter.<br /> <br /> Le Papou
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O
<br /> <br /> La franche rigolade, c'est la meilleure panacée contre la mauvaise humeur...<br /> <br /> <br /> <br />
L
Nous devenons des inconditionnels de Samuel Sutra et c'est très bien ainsi ! Je vais le lire très prochainement également.<br /> Bien Amicalement<br /> <br /> Marine
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O
<br /> <br /> Alors j'attends ta chronique afin de savoir si nous avons ressenti le même plaisir<br /> <br /> <br /> Amitiés et à bientôt<br /> <br /> <br /> <br />
P
Salut Paul, tu as dégainé avant moi, mais j'ai lu ton article car le mien est écrit et sera publié demain. Ma foi, à la fin, on ne peut que dire Encore ! tant c'est drole ! Amitiés
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O
<br /> <br /> Euh Pierre,<br /> <br /> <br /> quand tu écris "dégainé", tu penses à quoi ? référence à l'article que je publie aujourd'hui et que tu as déjà traité <br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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