Un Noël versaillais
Olivier, qui a suivi quelques années auparavant une cure de désintoxication, quitte le Midi et sa femme Odile, pour se rendre à Versailles. Sa mère vient de décéder, à quelques jours de Noël. Seulement l’inhumation ne sera effective qu’après la fête religieuse.
Désœuvré, Olivier se rend chez sa voisine de palier. Avec stupeur, Jeanne et lui se reconnaissent. Ils se sont connus vingt cinq ans auparavant. Tout jeunes ils étaient inséparables, à quinze ans ils avaient eu leur première et unique union charnelle, mais également ils portaient en eux un terrible secret. Ils s’étaient perdus de vue mais leurs retrouvailles s’effectuent comme s’ils ne s’étaient quittés que depuis la veille.
Jeanne vit avec Rodolphe, son frère aveugle, un être cynique qui jouit des désagréments qu’il prodigue envers ses congénères. Ce soir là il rentre ayant pris sous sa coupe Roland, un S.D.F. rencontré dans une église. Il lui a acheté des vêtements et invité à manger. Olivier retombe dans l’alcool et le lendemain il découvre Roland étranglé dans sa baignoire, une de ses cravates autour du coup. Olivier ne se rappelle de rien. Ils se débarrassent du cadavre en l’enfouissant dans un bois. Rodolphe connaît le passé d’Olivier et de Jeanne. Adolescents ils se réfugiaient sur une île imaginaire et avaient enlevé un bambin afin d’obtenir une rançon. Mais le kidnapping s’était mal terminé.
Entre Jeanne et Olivier la flamme qui les animait les embrase à nouveau malgré l’alcoolisme dans lequel Olivier a sombré. Après l’enterrement de sa mère Olivier décide de rester à Versailles et de couper les ponts avec sa femme. Le cadavre de Roland est retrouvé et un inspecteur remonte jusqu’à Rodolphe à cause des vêtements qu’il lui a acheté. Toutefois comme il est aveugle, la piste s’arrête là.
L’atmosphère sordide et cruelle, la description des personnages, leur déchéance, la situation dans laquelle ils évoluent, tout fait penser à l’univers des petites gens si bien décrit et mainte fois exploité par Simenon, ainsi qu’en témoigne cette citation : “ Lentement la chaleur reprenait possession de son corps, il redevenait flou, flasque, collant à la vie comme une boule de pâte molle ”. Peu de personnages, presque un huis clos feutré, parsemé de quelques touches d’humour qui mettent en valeur la noirceur du texte. Pascal Garnier raconte sans grandiloquence, sans effet de manchettes, sans coups de feu excessifs, et le résultat n’en est que plus efficace.
Pascal GARNIER: Les insulaires, et autres romans noirs. Editions ZULMA. 24,90€.