Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
17 mai 2020 7 17 /05 /mai /2020 06:38

Merlin l’Enchanteur ou le chanteur ?

Chantal ROBILLARD : Merlin enquête au Palais du Rhin.

Fief de la Direction Régionale des Affaires Culturelles, le Palais du Rhin, situé dans la Neustadt à Strasbourg, connait en ce matin de fin novembre une agitation inhabituelle.

Le cadavre d’une jeune femme a été découvert dans la salle de bal de L’Empereur, ce qui n’est vraiment pas sa place. Une parfaite inconnue touchée dans le dos et en plein cœur, par ce qui semble être une lame très fine, une seringue, ou encore tout autre objet pointu qui n’est pas retrouvé, lancé d’une distance de deux mètres environ par une main ferme. Pas de trace de sang.

Interrogé, le concierge affirme que c’est une femme de ménage qui lui a signalé cette anomalie cadavéreuse dans un endroit habituellement fermé. A la demande du Commandant Merlin, le gardien des lieux s’empresse d’aller chercher la technicienne de surface qui est au sous-sol, réfugiée dans la cafeteria afin de se remettre de ses émotions. La brave dame n’aura plus l’occasion de narrer sa macabre découverte car le concierge la retrouve morte, d’une façon identique dans le local syndical. Presque. De très légères différences dans l’accomplissement du crime et du matériel employé sont relevées. Et lors de l’autopsie, des traces de coups sont relevés sur son corps.

Si l’identité de la première victime est rapidement établie, celle de la seconde reste inconnue. La femme, une quadragénaire, découverte dans la salle de bal de l’Empereur se nommait Violaine de Saint-Péry et habitait Nancy. La femme de ménage est inconnue au bataillon. Elle faisait partie d’une équipe, mais dépendait d’une boite de nettoyage suite à l’externalisation des services d’entretien. Or, cette entreprise vient de fermer ses portes sans laisser d’adresse.

Le roi Merlin et sa cour, pardon, le commandant Merlin et son équipe sont en charge de cette affaire qui débute mal. Le directeur du centre est en voyage, et les responsables des divers services sont tous en déplacement pour diverses raisons incombant à leurs fonctions. Tandis que les uns se rendent à Nancy pour enquêter sur cette madame de Saint-Péry (à ne pas confondre avec deux seins en péril) qui avait gardé son nom de jeune fille, plus prestigieux que celui de son mari, Grandidier. D’ailleurs celui-ci, paléontologue, est en déplacement dans les pays de l’Est.

C’est la mère de la jeune femme qui a en charge la garde des deux enfants du couple, et cela n’arrange guère cette égyptologue qui a un déplacement de prévu. Quant à la femme de ménage de la morte, elle travaillait au noir, dépendant d’une boîte qui a aussi mis la clé sous la porte.

Le sac à main de la nettoyeuse décédée est retrouvé dans une chasse d’eau et son identité est enfin connue. Bizarrement c’est la même ou presque que celle de la femme de ménage de Violaine de Saint-Péry. Toutes deux sont originaires de pays ayant connus de nombreux démêlés, l’Albanie et le Kosovo. Et puis Merlin se demande ce que font dans cette salle des sarcophages dans lesquels le tueur n’aurait pu se confiner.

L’arme du crime pourrait être une flèche, ou un trait, lancé à l’aide d’une sarbacane, ce qui induit que le meurtrier doit avoir du souffle. Peu à peu Merlin et son équipe composée de son adjoint Arthur, Liselotte Lance, la seule femme, qui fait équipe avec Govin, les deux H, Yvain Hummel et Elias Hamm, et Caradec et Jauffré qui tous deux ne se déplacent qu’en fauteuil roulant suite à des lésions subies lors d’attentats. Ces deux derniers sont préposés aux recherches informatiques principalement.

 

Merlin qui ne reste pas les deux pieds dans le même sabot (même en parcourant l’Alsace et la Lorraine) entend parfois une petite voix grave de femme qui s’exprime dans sa tête et le nomme Sire Merdynn. Il retrouve toutefois avec plaisir d’anciennes connaissances qui ont travaillé avec lui lorsqu’il était en poste à Paris, au fameux 36 Quai des Orfèvres, et repense souvent à l’attentat du Bataclan, dont sa fille, illustratrice de livres pour enfants, a réchappé de justesse. Il a de temps en temps des nouvelles de son fils qui pour des raisons professionnelles vit au fin fond du Canada.

Enfin c’est un grand lecteur, principalement de Donna Léon, auteur américaine à laquelle il voue un culte particulier peut-être à cause du lieu, Venise dite la Sérénissime, dans lequel évolue son personnage, le commissaire Brunetti.

 

Roman policier classique, Merlin enquête au Palais du Rhin ne possède qu’une toute petit once, représentée par la petite voix, de fantastique. Elle est développée dans la nouvelle qui suit le roman, Zoo d’Echime qui peut être considérée comme une suite.

Tout tourne autour de Merlin et de son groupe, qu’il dirige tel un patriarche. Il sait se faire aimer d’eux même si parfois il ne peut s’empêcher d’avoir un mouvement d’humeur. Il faut dire que le procureur qui au début avait été désigné et ne manquait pas de leur imposer la pression, part en vacances. Il est remplacé par la procureure adjointe, une jeune femme d’aspect fragile un peu pète-sec. Or coïncidence ou non, cette gente dame fait partie de la même chorale que Merlin, lequel en ce moment répète le Messie (mais si !) d’Haendel, avec sa voix de basse.

Les relations entre les divers membres de ce groupe prennent une extension qui va au-delà de l’enquête, car lorsque celle-ci est bouclée, ou presque, d’autres événements interfèrent, pour la plus grande joie et la surprise du lecteur, lequel entre dans l’intimité de certains des protagonistes. Ce qui fournit un aspect humain à cette intrigue.

Et entre les déplacements à Nancy, Colmar et autres lieux, les préparations du célèbre marché de Noël débutent, toujours avec cette appréhension d’attentats meurtriers.

Donc plus qu’un roman policier, il s’agit d’un roman social qui m’a fait penser aux enquêtes de Steve Carella et du 87e commissariat d’Isola, la série chère à Ed McBain.

Enfin certaines scènes de ce roman s’insèrent, ou inversement, dans Merlin et la fée des flashs publié chez Nutty Sheep.

 

Chantal ROBILLARD : Merlin enquête au Palais du Rhin. Collection Blanche N°2188. Editions Rivière Blanche. Parution mai 2020. 256 pages. 20,00€.

ISBN : 978-1612279732

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
  • Contact

Recherche

Sites et bons coins remarquables