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19 mars 2019 2 19 /03 /mars /2019 05:55

Quand Georges-Jean Arnaud écrivait des Luc Ferran sous le pseudonyme collectif de Gil Darcy !

Gil DARCY : Luc Ferran cravache.

Inquiète de ne pas avoir eu de nouvelles de Roberto, son mari, depuis deux jours, Maria Manelli s’est décidée à faire appel au responsable de son service. Roberto, officiellement représentant en appareils électriques, émarge à un service secret, le N.I.D. Mais elle n’a guère d’espoir, d’autant que des individus surveillent son immeuble.

A son grand soulagement c’est Luc Ferran qui se présente afin d’enquêter sur cette disparition mystérieuse. Elle connait bien l’agent secret puisqu’ils se sont rencontrés lors d’une affaire précédente, Sérénade pour Luc Ferran (même collection N°90) et que lui et son mari font partie du même service.

Roberto devait se rendre à Chioggia à bord d’un dinghy, surveiller un endroit, sans précision autre. Souvent la route des eaux est plus courte que celle de la terre, lorsqu’on habite à Venise. Luc Ferran prête une arme à feu à Maria, laquelle lui indique que son mari avait ramené peu de temps auparavant un paquet. Après quelques recherches ils mettent la main sur l’objet qui contient des cartouches de cigarettes américaines. De la contrebande.

Luc Ferran se rend à Chioggia mais également suit ceux qui surveillaient l’appartement de Maria, non sans risques. Il est parfois obligé d’échapper à ses poursuivants en passant par les toits. Et certains d’entre eux vont se retrouver à terre, vraiment mal en point. Le correspond de Roberto à Chioggia, son responsable et en même temps grossiste en appareils électriques, une couverture qui rapporte, lui signale qu’un avion américain s’est abîmé en Albanie, ce qui explique en partie la provenance des fameuses cigarettes.

S’engage un bras de fer entre réfractaires et policiers albanais, plus quelques individus attirés par l’appât des cigarettes, tous aux trousses de Roberto, lequel aurait passé la frontière à la recherche du lieu du crash et repéré l’appareil dont aucun des membres n’auraient apparemment survécu. Luc Ferran s’introduit lui aussi en Albanie et retrouve Roberto qui était détenu en prison, grâce à l’action des réfractaires, c’est-à-dire des opposants au régime. Mais Luc Ferran et Roberto, qui avoue émarger également à la CIA, il n’y a pas de petits profits, vont se trouver dans des situations périlleuses dont ils auront bien du mal à se dépêtrer.

 

Le titre se justifie dans le fait que Luc Ferran est obligé de se déplacer à dos de mule dans une région montagneuse aride et dangereuse où le moindre faux pas peut précipiter les voyageurs dans des gouffres.

L’avion contenait outre des cigarettes destinées à l’armée américaine basée en Allemagne des documents, mais l’appareil s’était détourné de son vol pour des raisons atmosphériques. Mais ce sont bien les conditions de vie et les problèmes intérieurs de l’Albanie qui sont ici évoqués. Un régime totalitaire, replié sur lui-même, isolé du reste du monde jusqu’à la chute en 1991 du régime communiste stalinien qui gérait alors le pays sous un joug écrasant. Depuis, le régime politique a évolué, mais la scission de la Yougoslavie en plusieurs états, dont le Kosovo, n’ont en rien arrangé l’économie du pays.

Luc Ferran se montre un être implacable, n’hésitant pas à tirer dans le dos de ses adversaires, mais il est également courageux, pugnace, obstiné quelles que soient les situations. Il est aussi attiré par les femmes, celle de Roberto qui manque tomber dans ses bras. Un sursaut et l’honneur est sauf. Et il n’hésite pas non plus à faire du charme à une gamine de seize ans, la fille d’un des réfractaires qui l’aident dans son entreprise et ses recherches de l’avion perdu en Albanie. C’est un homme avec ses qualités et ses défauts.

Un roman d’espionnage sans aspect politique ne peut se concevoir. Et naturellement Georges-Jean Arnaud n’est pas tendre, via son héros, avec les Etats-Unis. Ainsi lorsque Roberto se justifie d’appartenir à la CIA :

Je n’ai pas pensé que je trahissais le N.I.D. puisque les USA font partie de l’O.T.A.N.

Luc Ferran répond :

Ce n’est plus une entente entre nations, c’est quelques nations au service d’une autre plus puissante. Les Etats-Unis sont libres d’avoir leur S.R., mais dans ce cas qu’ils n’empiètent pas sur les prérogatives de l’O.T.A.N.

 

Gil DARCY : Luc Ferran cravache. Collection Espionnage N°147. Editions de l’Arabesque. Parution 4e trimestre 1960. 192 pages.

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