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10 septembre 2018 1 10 /09 /septembre /2018 10:04

Un plaidoyer pour les artistes qui devrait être lu par les ministres successifs de la Culture, mais pas que !

Dominique PEKO : La planète des Norchats.

Afin de coloniser la planète Soloma, des enfants, garçons et filles de huit ans, sont mis en condition dans une réplique dite Soloma Minor.

Ils étaient éduqués dans des pensions, mais le nouveau traitement qui leur est infligé leur convient parfaitement. Ils mangent, non seulement à leur faim, mais découvrent des denrées nouvelles, comme du lait frais, du beurre en motte et du pain fabriqué sur place. Ils découvrent des animaux amusants, les vaches par exemple.

Après avoir été accueillis par le directeur, Victor Samp, à l’attitude plaisante, ils sont divisés en groupe de seize et seront encadrés par deux jeunes guides. Axel et sa sœur jumelle Chrysoline sont affectés dans le groupe cornaqué par Diane et Valleran. Ils savent que leur séjour ne sera pas de tout repos, qu’ils rencontreront des difficultés, voire des déboires, mais l’âge et la volonté alliés à l’enthousiasme ont raison des montagnes dressées sur leur route. Et de plus, ils se lient d’amitié avec Lonart dont ils apprécient la gentillesse, et Marge, une gamine réservée.

C’est ainsi que trois années se déroulent avec de petits incidents à la clé. Axel s’étant approché de trop près des Rouges-fleurs reçoit du pollen dans les yeux. Un peu de pommade, et tout s’arrange. Des missions leurs sont confiées. Par exemple grimper au flanc d’escarpements rocheux afin de récupérer des œufs de Volubs, de drôles d’oiseaux, qui n’apprécient pas l’intrusion. Mais il s’agit d’œuvrer pour leur survie car ces œufs ne pèsent pas moins de deux à trois kilos, ce qui constitue un excellent repas roboratif.

Et puis il existe les Norchats, des espèces de gros chats mâtinés de pumas qui n’hésitent pas à les attaquer. Axel en fait l’expérience mais il parvient à se débarrasser de l’animal, qui n’était qu’une réplique de ce qui peut exister sur Soloma, la vraie. L’entraînement sportif est assez poussé, et Axel se rend compte que peu à peu il ne parvient pas à progresser. S’il est attiré par l’aventure, il possède d’autres centres d’intérêt. Il aime jouer de la musique, dessiner, et écrire des histoires.

Ses défaillances sportives risqueraient de lui coûter sa place sur le vol vers Soloma la vraie, au bout de cinq ans de stage. Et Victor Samp, le directeur, lui propose de démontrer ses capacités artistiques et il promet d’étudier le cas d’Axel auprès du comité de sélection.

 

Outre quelques références, dans le nom de certains des personnages relatifs à des auteurs de science-fiction célèbres, il s’agit bien d’un roman, sinon de science-fiction au moins d’anticipation. La colonisation d’une planète, entamée une douzaine d’années auparavant, est le but de cette aventure.

Mais au-delà des nombreuses péripéties rencontrées par les divers protagonistes choisis pour leurs capacités d’intégration, de bravoure, de débrouillardise, d’anticipation sur les événements, de résistance, c’est la résolution du directeur de donner sa chance à Axel, malgré son manque de performances sportives qui prime.

Il explique son choix d’intégrer Axel dans le groupe de départ, et le statut d’artiste qui est confié à l’adolescent est une revanche pour le directeur. Auparavant Victor Samp lisait beaucoup mais il a été brimé, car il fallait privilégier l’utile à l’agréable. Et il ne veut pas d’une nouvelle civilisation sans artiste malgré l’avis de l’ordinateur.

Nous allons fonder une nouvelle civilisation là-bas. Une civilisation sans artistes est-elle viable ? J’ai répondu non. L’ordinateur a dit oui, mais il est l’enfant d’une civilisation technologique où l’artiste est nié. Sa réponse n’est donc pas valable.

Et il enchérit :

Vois-tu, lorsque j’étais adolescent j’ai énormément lu, et des livres que presque personne ne lisait : des romans, des poèmes, écrits il y a un siècle ou deux ; car maintenant plus personne n’écrit. On tape sur des claviers, on fait s’animer des lettres sur un écran, on emplit des fiches, mais on n’écrit plus. Plus personne n’a l’imaginaire ouvert sur l’inutile, qui est simplement beau, mais c’est énorme, c’est l’essentiel. De nos jours l’imagination doit être rentable sinon on l’étouffe.

Il s’agit bien d’un plaidoyer, publié en 1982, pour la culture, pour le statut d’artiste, pour la musique, la peinture, l’écriture. Nul doute que nos politiciens devraient s’inspirer de ce roman pour mener une politique qui ne soit pas préjudiciable à la Culture, même si beaucoup pensent que le pragmatisme prévaut sur la rêverie.

 

Dominique PEKO : La planète des Norchats. Collection Bibliothèque Verte. Editions Hachette. Parution 15 avril 1982. 156 pages.

ISBN : 9782010087899

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