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15 septembre 2016 4 15 /09 /septembre /2016 12:50

Entre David Goodis et James Ellroy, vous choisissez qui ?

Nicolas DUPLESSIER : Eté pourri à Melun plage.

Heureux les auteurs dont je ne lis jamais la quatrième de couverture avant de me plonger dans un roman et de l'avoir terminé. Car nulle doute que la référence à Ellroy m'aurait fait fuir dès le départ.

Car ce romancier américain, quasi inconnu dans son pays mais choyé en France par les Bobos désireux de s'encanailler à peu de frais et les minettes en mal de sensations, n'entre pas dans mon Panthéon littéraire pour de multiples raisons qui seraient longues à développer ici. Disons que je l'ai rencontré à plusieurs reprises, la dernière fois à Bruxelles en 1991. Passons.

Donc, lorsque j'ai débuté la lecture de cet Eté pourri à Melun plage, j'ai retrouvé avec plaisir l'univers goodisien, avec un perdant (certains chroniqueurs qui aiment étaler leur culture lexicale écrivent loser) dans la plus pure tradition du roman noir américain. Hélas, par la suite j'ai déchanté, les propos et réparties des protagonistes se situant largement au-dessous de la ceinture, et les situations étant quelque peu fouillis comme le dépôt-vente dans lequel travaille le narrateur.

 

En effet, Florian, trente-cinq ans, travaille dans un magasin de déstockage et d'invendus. Entre l'étiquetage, l'inventaire, la caisse de temps à autre et autres bricoles, il bosse sans passion mais il sait qu'il ne va pas se retrouver au chômage pour cause de pénurie de chalands. Le gérant est assez sympa avec lui, mais ce n'est pas à proprement parler un ami.

Ce jour-là du mois de juillet 2014, Florian est en retard, pour une raison propre à son hygiène physique liée à une halte dans la forêt de Fontainebleau. Il pleut sur Melun comme il pleut dans son cœur. Et il est tout étonné de recevoir un appel téléphonique de Roxane. Il en est paralysé du cerveau et s'en remet difficilement. Roxane. L'amour de sa vie. L'ex-grand amour de sa vie.

Roxane lui propose de le rencontrer et bien évidemment il accepte. Les retrouvailles s'effectuent dans la voiture de la belle, oui car elle est restée très belle, plus peut-être que dans son souvenir. Elle a plaqué celui avec qui elle vivait et est revenue à Melun depuis six mois. Et c'est seulement maintenant qu'elle se manifeste. Mais il ne va quand même pas commencer à ronchonner. Elle travaille dans une agence immobilière, mais pas avec son père. Elle s'en voudrait.

Paulo, le gérant, vient d'embaucher Carole, en remplacement d'un collègue de Florian, une jeune femme dont les appas devraient attirer et fidéliser la clientèle. Il a aperçu Florian en train de discuter avec Roxane et il est tout surpris d'apprendre que l'ex de son employé n'est autre que Roxane, la fille de Christian Cotrel, le propriétaire du dépôt-vente et de bien d'autres magasin similaires et d'une agence immobilière. Un notable de Melun.

Florian retrouve donc Roxane chez elle, un petit appartement dans un quartier miteux de la ville briarde. Elle possède pour tout compagnon une chatte, Sardine, et un poisson rouge. Il y a mieux pour la conversation. Et en fait de conversation, après les récriminations d'usage de Florian et les explications de Roxane, après l'écoute de quelques vinyles qui rappellent le bon vieux temps, après quelques verres permettant la décontraction, ils se retrouvent au lit.

Le lendemain matin, Florian se réveille, légèrement pâteux, auprès de Marion. Marion, c'est sa compagne, celle avec qui il vit dans une caravane. Ce n'est pas le grand amour, mais il faut bien une compagnie pour traverser des jours sans joie. Il a encore fait son cauchemar nocturne, un passage de son passé qui le tarabuste, lorsqu'il avait tenté de se taillader les veines. Il couche avec Marion, lui fait l'amour sans conviction et prend plus de plaisir à boire.

Trois jours plus tard, il reçoit un appel de Roxane sur sa boite vocale. Mais ce n'est pas ce qu'il espérait. Elle est en pleurs, annonce qu'elle a des emmerdes, et qu'elle va passer le voir dans sa caravane. Dans sa caravane, c'est risqué, aussi il lui suggère un autre endroit. Un bar avec des musiciens. Il boit, mais cela ne fait pas venir Roxane. Un lapin pense-t-il. D'autant que voulant rentrer chez lui, Marion doit l'attendre et se faire du souci, il découvre sur un parking la voiture de Roxane.

Et lorsqu'un peu plus tard, il veut se rendre à l'appartement de son ex, un homme est à l'intérieur, fouillant les affaires de Roxane.

Roxane a disparu, et pas question d'appeler la police. Roxane, Police, pourtant c'est un concept déjà utilisé.

Si, il va se renseigner auprès de son frère, policier, qu'il ne voit pratiquement jamais ainsi que son père. Policier idem. Ils ne peuvent rien faire pour lui, Roxane étant majeur. Seulement lui donner l'adresse d'un détective privé qui leur est redevable. Même pas besoin de contacter l'enquêteur, puisque c'est celui-ci qui le contacte.

Commence alors une descente aux enfers, pleine de pluie, de boue, de fureur, d'alcool, de bagarres, d'imprévus, d'individus louches et de filles faciles, le tout dans un Melun miteux et d'une banlieue pourrie, avec comme point d'ancrage un entrepôt qui sert de club d'échangisme.

 

Avec cette chronique, je vais encore me faire des amis, du genre Les braves gens n'aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux... Mais comme disait Coluche, Les égouts et les odeurs, ça ne se discute pas...

Tant pis, j'assume. Si le début me semblait prometteur, la suite pour moi n'a été qu'un véritable fouillis, dans lequel je me suis perdu. Un quelque chose de pas net, de malsain, dans lequel je ne me reconnais pas. Du Ellroy, sans aucun doute. Seul point positif à mettre au crédit de Florian, il récupère Sardine, la chatte de Roxane, tout en sachant que Marion va se poser, et lui poser, des questions.

 

Si vous désirez un autre avis sur ce roman, un avis plus positif, plus encenseur, n'hésitez pas à découvrir le point de vue de Claude Le Nocher sur Action-Suspense.

Nicolas DUPLESSIER : Eté pourri à Melun plage. Collection Parabellum. Editions L'Atelier Mosesu. Parution le 15 septembre 2016. 260 pages. 13,00€.

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commentaires

C
Salut Paul,<br /> Je n'encense pas, mais j'ai retrouvé ici une tonalité "polar sombre" qui ne me laisse pas indifférent. Avec un brin de Goodis, ce n'est pas faux. Et, en effet, l'essentiel est que l'animal de compagnie ne devienne pas un "chat de goût d'hier" !<br /> Je t'embrasse.
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O
Bonjour Claude<br /> Disons que tu en parles d'une façon beaucoup plus positive que moi. Mais l'important pour l'auteur et l'éditeur c'est d'en parler. Après c'est le lecteur de nos articles qui fera son choix... Amitiés et bravo pour le jeu de mot...
B
Bonjour Paul, reçu 5/5. Merci. blvd
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O
Bonjour blvd<br /> J'écris comme je pense et tant pis si les avis divergent. On aime ou on n'aime pas, faut être honnête dans sa démarche. Bonne soirée et merci

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