Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 septembre 2018 6 01 /09 /septembre /2018 07:28

Madame Atomos vous fera trembler : c’est une bombe !

André CAROFF : Miss Atomos. La saga de Madame Atomos tome 2.

La saga de Madame Atomos, puis de Miss Atomos est considérée, à juste titre, comme l’une des sagas les plus intéressantes de la défunte collection Angoisse du Fleuve Noir.

Et il était juste et bon que ces romans soient réédités afin de ne pas, comme tant d’autres, tomber dans l’oubli. Sous l’impulsion de quelques exégètes du genre, les éditions Rivière Blanche ont entrepris de les publiés en fort volume comprenant trois titres chaque et un appareil critique.

Ce volume N°2 comprend :

Préface de Jean-Luc Rivera

- Miss Atomos

- Miss Atomos contre KKK

- Le retour de Mme. Atomos

- The Butterfly Files (ou La jeunesse de Mme Atomos), une nouvelle inédite de Joseph Altairac & Jean-Luc Rivera

Présenter les trois romans de ce volume dans un seul article serait certes souhaitable mais prendrait trop de place et rebuterait peut-être le lecteur qui est plus habitué à lire ce genre de prose sur papier, dans une revue spécialisée. Voici donc, en guise d’entrée, Miss Atomos :

 

Je me suis empoisonnée, mais rien n'est fini, monsieur Beffort. J'ai préparé l'avenir pour cet instant.

Même si Madame Atomos est morte et enterrée, ses derniers mots résonnent encore dans l'oreille de Smith Beffort, agent du FBI qui a assisté à son enterrement en compagnie de Yosho Akamatsu, agent d'un service de police japonais.

Aussi lorsque le Singe, le patron de Beffort, lui signifie de faire sa valise et de prendre le premier avion pour Palm Beach, en Floride, et d'y séjourner durant un moins, l'agent du FBI sent un coup fourré. D'ailleurs une chambre a déjà été retenue dans un hôtel où réside déjà le docteur Soblen. Et enfin, une gente dame, du moins il le suppose, qui se présente au téléphone sous le nom de Mie Azusa, désire le voir au plus vite.

Lorsqu'il arrive à l'aéroport, Beffort trouve un docteur Soblen fatigué, aux vêtements fripés. Pas le genre de vacancier hâlé par le soleil de la Floride. Il est déjà depuis quinze jours à Palm Beach, mais il mange peu et surtout il boit. Il est vrai, comme le constate Beffort, qu'il fait une chaleur anormale dans la cité.

Soblen lui narre que primitivement il devait se rendre aux Bermudes pour quinze jours, mais qu'un changement de programme est survenu le lendemain de son inscription dans une agence de voyages. Au lieu des Bermudes il lui a été proposé Palm Beach pour une durée d'un mois. D'ailleurs il possède encore la carte de la jeune femme de l'agence qui lui a signifié que le séjour originel était annulé. Il s'agit d'une certaine Mie Azusa.

Beffort se rend rapidement compte que Soblen n'est pas le seul à subir les effets du climat. Quasiment tous les hommes de la région, sauf les nouveaux arrivants, sont sous l'emprise de l'alcool. Beffort se contente lui de jus de fruits. A l'hôtel, le réceptionniste éméché lui indique que sa chambre n'est plus celle qui lui avait été réservée mais qu'une autre est à sa disposition. C'est le chef de la police qui a hérité de la sienne, sa maison s'étant écroulée la veille. Seulement il n'a pas eu le loisir d'en profiter. Soblen le découvre étranglé.

Beffort en informe immédiatement le Singe, lequel lui confirme qu'il est en mission, le cas de Soblen l'inquiétant. Ne pouvant interroger les hommes, tous pris de boisson, Beffort décide de se renseigner auprès des femmes. Dans une boutique de l'hôtel, la vendeuse lui propose d'acheter un serpent articulé, qui se met autour du bras ou du cou. Il s'agit d'une sorte de bijou devenu à la mode et fort prisé par les représentantes du sexe féminin. Il s'agit d'un bébé crotale fossilisé par les indiens séminoles.

Mie Azusa contacte Beffort alors qu'il est encore dans son lit. Elle l'implore, lui disant qu'elle est dans l'hôtel, et surtout qu'elle n'a pas beaucoup de temps. Il n'a pas le temps de lui donner le numéro de sa chambre qu'elle est déjà là.

Elle lui indique que pour l'instant, il a devant lui Mie Azusa, mais que dans une heure elle redeviendra Miss Atomos. Elle le prouve en lui dévoilant ses seins, non dans un esprit de le charmer, mais pour lui montrer deux tatouages : Hiroshima et Nagasaki. Elle lui confie qu'un cerveau-moteur lui a été implanté dans la tête et que cet objet est relié informatiquement à un cerveau situé sur l'île Atomos, sorte de plate-forme qui peut à volonté se déplacer et se cacher sous les eaux marines. Et que lorsque son cerveau est à nouveau sous l'emprise du serveur, elle devient une tueuse. D'ailleurs, effectivement, quelques minutes plus tard, elle change subitement de caractère et sort une arme. Heureusement pour Beffort les balles ne l'atteignent pas.

D'autres agents du FBI le rejoignent tout comme le Singe et Yosho Akamatsu qui prennent cette affaire véritablement au sérieux. Des meurtres vont être perpétrés, les hommes étant incapables de se défendre à cause de leur éthylisme et les femmes deviennent la proie des colliers serpents qui les étranglent. Un vent de panique commence à envahir l'état de Floride. L'armée sera mise à contribution et les hélicoptères survoleront le ciel de Floride afin de mettre fin aux agissements mortifères de Mie Azusa, alias Miss Atomos.

 

Miss Atomos est l'égal au féminin, mais en plus scientifique, de Fu-Manchu, le célèbre tueur créé par Sax Rohmer et dont les aventures sont perpétuées par William Maynard.

Un roman d'aventures effrénées servit par une approche scientifique, à la façon de Jules Verne et de Paul d'Ivoi, mais moins encombré d'explications rigoureuses. Le côté angoisse, de même que le fantastique, est gommé au profit de la science-fiction récente.

En effet, si le premier panneau solaire ou cellule solaire n'a produit de l'électricité qu'en 1916, par Robert Millikan, suite à la découverte en 1839 de l'effet voltaïque par Alexandre Becquerel, c'est dans les années 1960 que l'énergie solaire a véritablement été utilisée par les satellites lors de la course à l'espace. Et que les panneaux solaires ont connu leur essor dans les années 1970 suite à la crise pétrolière.

André Caroff se sert donc de cette invention encore balbutiante pour en équiper des sortes de bunkers situés dans les marais des Everglades, afin d'assurer le fonctionnement de certains appareils, dont des radars, les bastions ne pouvant être reliés électriquement. Mais également influer sur les conditions climatiques.

De même l'implantation de puces électroniques dans le cerveau pouvant recevoir à distance des informations et surtout télécommander la personne qui en est munie. Ces implants n'ont été développés qu'au début des années 1960, et plus particulièrement par José Delgado, en 1963, qui parvint à stopper à l'aide d'un transmetteur-radio l'élan d'un taureau muni d'un stimoceiveur.

Donc André Caroff n'imagine pas de nouvelles inventions, de nouvelles technologies, mais développe celles qui étaient au stade embryonnaire pour en doter le cerveau maléfique de Madame Atomos ou plutôt du cerveau électronique qui régit une organisation de malfaiteurs et de tueurs transformés en robots humains.

Un roman, ou plutôt une série qui aurait pu être éditée dans la collection Anticipation sans y avoir véritablement sa place, le thème des voyages interstellaires et tout ce qui entoure ce qui est communément appelé l'opéra de l'espace (ou space-opera) prédominant à l'époque dans l’esprit de la collection.

Collection Angoisse n°124. Editions Fleuve Noir. Parution 4e trimestre 1965. 224 pages.

Collection Angoisse n°124. Editions Fleuve Noir. Parution 4e trimestre 1965. 224 pages.

Pour commander cet ouvrage, vous pouvez vous rendre à la boutique de Rivière Blanche ci-dessous

André CAROFF : Miss Atomos. La saga de Madame Atomos tome 2. Collection Noire N°2. Editions Rivière Blanche. Parution juillet 2006. 476 pages. 28,00€.

ISBN : 978-1-932983-76-0

Partager cet article
Repost0
28 août 2018 2 28 /08 /août /2018 08:27

On la trouvait plutôt jolie, Ayaan

Elle arrivait des Somalis Ayaan

Dans un bateau plein d’émigrés

Qui venaient tous de leur plein gré…

Patrice MONTAGU-WILLIAMS : African Queens.

Mais Ayaan est plus que jolie, elle est sublime. Elle aussi a quitté sa Somalie natale, en compagnie de sa sœur Zohra, car elle n’acceptait pas l’asservissement de la femme à cause de la religion et des traditions.

Sa sœur aînée Zayane a subi une excision deux ans auparavant, et cela s’est mal terminé. Son père l’a mise à la porte, comme si c’était de sa faute. Et comme Ayaan était promise à un vieux, un mariage arrangé par son père qui ne voyait que ses intérêts, elle a décidé de fuir Mogadiscio et la guerre, et de se rendre en France, un pays d’accueil paraît-il. C’est ce qui est marqué sur les prospectus de voyages des passeurs, qui prennent cher, non seulement en argent mais également en dignité.

Leur barcasse fait naufrage comme souvent cela arrive. Heureusement Ayaan avait mis son gilet de sauvetage et après un séjour en Italie, elle débarque en France, et tout naturellement trouve asile parmi des réfugiés à Paris, quartier de la Goute d’or. Mais Zohra, sa jeune sœur, qu’est-elle devenue ?

C’est là qu’Ayaan est repérée par la Hyène, mère maquerelle, tandis que son comparse, le Scorpion, un nain surnommé ainsi à cause d’une difformité de la colonne vertébrale mais aussi parce qu’il est venimeux et cruel découvre, cachés par une Noire maigrichonne sous une couverture, deux gamins âgés de trois à quatre ans. Des jumeaux albinos dont il s’empare immédiatement. Autre personnage qui lui n’est pas présent car vivant continuellement ou presque dans sa cave Mchawi, le sorcier. Tous trois cornaqués par Papa Mungu, le patriarche dit aussi le Cheikh, qui règne en maître sur le quartier.

 

Boris Samarcande, commissaire du XVIIIe arrondissement parisien, est un quinquagénaire débonnaire, qui aime son quartier, d’ailleurs il y vit, s’en imprègne, et pour qui la notion de Mal et de Bien est assez élastique. Il habite seul avec son chat, et cela lui convient bien ainsi. Il connait les bistrotiers d’un triangle approximatif Pigalle-Montmartre-Barbès, et ne court pas auprès des petits délinquants pour faire du chiffre comme les arrivistes.

Un problème avec des réfugiés square Saint-Bernard, au nord de la Goute d’or, lui est signalé par son adjoint et ami Montoya. La responsable d’une association caritative lui apprend que quelques salopards, ayant écouté la bonne parole de Saint Sarko, désiraient nettoyer le quartier à l’aide d’un engin haute-pression. Il y a toujours des abrutis, mais il faut se méfier de ceux qui cachent leur mauvaiseté sous un air bonasse.

C’est alors que s’interpose Papa Mungu proposant de mettre à disposition des réfugiés malades, atteints de la gale, un local. Il précise qu’il est président d’une association dite Zanzibar, là où il est né, et qu’il s’occupe en priorité des migrants venant de la Corne de l’Afrique. Boris Samarcande accepte mais en se promettant d’enquêter, car il n’est pas convaincu par celui qui se déclare un saint, voire un dieu, la signification de son nom.

La vie m’a appris à me méfier des saints et des martyrs. Et plus encore, des dieux. Je suis plus à l’aise avec les voyous : eux, au moins, ils n’entendent pas de voix tombées du ciel.

Et c’est ainsi que Boris Samarcande va se trouver entraîné dans une vilaine affaire de disparitions, dans un cloaque de misère humaine. Il va faire la connaissance, par l’intermédiaire d’un ami peintre et sculpteur qui vit en face de chez lui, de Manuela, une jeune femme qui se présente comme journaliste et désirant enquêter sur le quartier. Elle est belle et ne le laisse pas indifférent, au grand dam de son chat Alphonse.

 

Plus qu’un roman, noir, African Queens est un docu-fiction terrible sur la vie des réfugiés, Somaliens ou autres, car ils sont tous logés à la même enseigne, qu’ils soient originaires de la Corne de l’Afrique ou des autres pays guettés par la famine, meurtris par les guerres et les corruptions.

Un roman brûlant d’actualité sur les conditions de départ de leur pays de migrants obligés de s’expatrier, d’échapper aux naufrages, des passeurs malhonnêtes, des trafiquants et marchands de viande fraîche, que les corps soient entiers ou découpés, à chaque individu sa destination précise, du travail difficile des bénévoles d’associations humanitaires, de tous ceux qui refusent l’arrivée de ces migrants pour des raisons idéologiques nauséeuses, d’hommes politiques qui trouvent toujours de bonnes mauvaises raisons pour refouler hors des frontières une population qui ne demande rien ou presque, juste un peu d’humanisme.

La découverte également pour ceux qui ne connaissent que par des informations de seconde main ce quartier cosmopolite attachant pour peu que l’on essaie de comprendre les habitants, de ne pas avoir peur, de n’avoir aucune appréhension, de ne pas se montrer arrogant, d’essayer de lier sinon des amitiés au moins des relations de bonne entente. Comme partout il existe des brebis galeuses, mais aussi des âmes simples, charitables, prêtes à se dévouer pour vous faire plaisir.

 

Les gestes de l’amour sont universels. C’est le seul langage que comprennent tous les hommes de la terre, où qu’ils se trouvent. S’ils l’utilisaient plus souvent pour communiquer, il y aurait certainement moins de guerres, d’attentats, de massacres. Mais allez expliquer ça aux politiciens, aux prêtres et aux généraux !

Patrice MONTAGU-WILLIAMS : African Queens. Editions Les Chemins du Hasard. Parution le 15 mars 2018. 156 pages. 15,50€.

ISBN : 979-1097547059

Partager cet article
Repost0
27 août 2018 1 27 /08 /août /2018 09:23

Quand Christian Jacq signait J.B. Livingstone !

Christian JACQ : Le démon de Kensington.

Pauvre ex-inspecteur-chef Higgins. Pourra-t-il un jour jouir en paix d’une retraite bien méritée ?

En réalité, si Higgins se permet de tenter de résoudre le mystère de Kensington, c’est bien pour aider son ami le superintendant Scott Marlow. L’aider de ses lumières et le réconforter moralement.

Faut dire que cette histoire sent mauvais. Au propre comme au figuré.

Par une terrible nuit où le vent et la pluie font rage, un corps brûle, attaché au plus haut pignon de l’église copte de Kensington. L’examen du cadavre révèle qu’il s’agit de l’évêque Apa Shénouda. Un drame qui survient à un fort mauvais moment.

L’évêque copte était à la tête d’une délégation chargée de négocier avec les représentants de l’église anglicane de l’implantation sur le sol britannique de l’église copte. Négociations difficiles, ardues, car les deux parties en présence se montrent assez peu tolérantes, et exigeantes.

Ce crime, si crime il y a, est-il une résultante de ces tractations compliquées ? La disparition d’une statuette sacrée, réputée pour ses propriétés fécondatrices, n’est vraiment pas faite pour apaiser les esprits.

 

Higgins, muni de son sempiternel carnet noir et de son crayon à papier, enquête d’une façon classique. Minutie et patience, alliées à un don d’observation, une faculté d’analyse et une érudition remarquable ne peuvent que conduire à la résolution de l’énigme.

Ce roman, fortement influencé par la production britannique classique du roman de suspense et de détection, permet au lecteur de se plonger dans une atmosphère justement britannique, tout en découvrant une religion basée sur le christianisme et dont la magie est l’un des aspects principaux.

La magie et la superstition, le tout saupoudré d’un humour discret, une bonne recette pour écrire un roman distrayant.

Première édition : Le mystère de Kensington signé J.B. Livingstone. Collection Les dossiers de Scotland Yard. Editions du Rocher. Parution 1er septembre 1988.

Première édition : Le mystère de Kensington signé J.B. Livingstone. Collection Les dossiers de Scotland Yard. Editions du Rocher. Parution 1er septembre 1988.

Réédition : Editions Gérard de Villiers. Parution 10 janvier 1991. 252 pages.

Réédition : Editions Gérard de Villiers. Parution 10 janvier 1991. 252 pages.

Christian JACQ : Le démon de Kensington. Les enquêtes de l’inspecteur Higgins N°24. Editions XO Éditions - J. Éditions. Parution 20 avril 2017. 224 pages. 13,90€.

ISBN : 978-2-84563-979-9

 

Partager cet article
Repost0
26 août 2018 7 26 /08 /août /2018 10:07

Quelques nouvelles de bon aloi !

Mark TWAIN : Plus fort que Sherlock Holmes.

Ce recueil, méconnu, de nouvelles de Mark Twain est paru en 1907, soit trois ans avant le décès du créateur de Tom Sawyer et de Huckleberry Finn.

On y retrouve cet humour particulier qui est néanmoins empreint de réalisme envers la société américaine, mais également de pessimisme concernant les excès de civilisation, voire de l’immoralité érigée en morale. Et c’est tout naturellement que ses récits ont souvent pour décor le Sud des Etats-Unis, puisque l’auteur est né dans le Missouri.

La première de ces nouvelles, Plus fort que Sherlock Holmes, qui donne son titre au recueil, narre la navrante aventure d’une jeune fille riche éprise d’un jeune homme pauvre. Ceci se déroule en Virginie en 1880. Le père de la jeune fille s’oppose au mariage, qui toutefois sera célébré. Mais le lendemain, le jeune marié prend sa femme à part et lui annonce que désormais sa vie sera un enfer. Oh, il ne la battra pas, mais il la torturera moralement, psychiquement. La jeune femme ne dit rien, ne se rebelle pas, elle reste stoïque devant les affronts.

Ce qui exaspère l’homme qui un soir l’entraîne dans les bois, la bat et la laisse nue avant de s’enfuir vers un autre destin. Six ans plus tard, on retrouve cette jeune femme, mère d’un petit garçon de cinq ans prénommé Archy et qui possède des dons particuliers. Outre sa nyctalopie, Archie est munie d’un odorat lui permettant de retrouver sans coup férir des objets dissimulés par sa mère ou de pouvoir indiquer les pages d’un livre qu’elle a caressé.

Quelques années plus tard, Archy sur la demande de sa mère part à la recherche de son père afin de lui faire subir les mêmes tourments psychiques qu’elle a vécu en sa compagnie. Il le piste, parcourt le monde à sa poursuite et enfin il s’installe dans un camp de mineur de Hope Canyon. Un gamin est martyrisé par un des mineurs et lui aussi mûrit sa vengeance. Il se prétend le neveu de Sherlock Holmes qui justement arrive sur le site au moment où un meurtre, à moins que cela soit un accident, est perpétré.

L’histoire serait banale si la description du fameux détective n’entamait pas le panache du Britannique. Pourtant il démontre et analyse les faits et les mineurs ne peuvent que se louer de sa présence, mes arguments sont dénués de fondement.

 

La nouvelle suivante, Cannibalisme en voyage, comme son titre l’indique, est une histoire imprégnée d’un humour noir morbide. Deux voyageurs conversent dans un compartiment ferroviaire et l’un d’eux narre comment lui et d’autres voyageurs ont été amenés à se sustenter de leurs compagnons, leur train étant bloqué sur les voies à cause d’une tempête de neige.

 

L’homme au message pour le directeur général se déroule début février 1900, à Londres, ville dans laquelle le narrateur réside alors. Il discute avec l’une de ses connaissances, lequel vitupère envers le Département de la guerre. En effet un de ses amis vient de mettre au point une chaussure qui, il en est persuadé, serait utile aux soldats qui se trouvent dans le Sud Africain. Alors le narrateur lui demande de quelle façon l’homme s’y est pris pour vanter sa marchandise. Et il relève de nombreux points qui ont desservi le créateur. Alors il raconte l’histoire de deux gamins, l’un, Tommy, seize ans, vide les puisards sous les ordres de son père ; l’autre, Jimmy, quatorze ans, est ramoneur de son état. L’Empereur du pays dans lequel ils vivent est très malade, tout comme la plupart des soldats de son armée. Ils sont atteints de dysenterie et les médecins ne parviennent pas à enrayer cette affection contagieuse. Jimmy possède une solution mais il se demande comment faire parvenir aux oreilles de l’empereur la panacée. Alors Tommy lui offre cette solution, qui effectivement résout le problème de la communication. Une solution simple qui joue sur le bouche-à-oreille, mais sans se tromper d’intermédiaire.

 

Les Geais bleus est une aimable digression sur le comportement de cet oiseau sensé être plus intelligent que l’homme.

 

Comment j’ai tué un ours est l’histoire d’un homme, pas chasseur pour deux sous, mais qui allant ramasser des mûres dans la forêt proche de son village, se trouve nez à nez avec un plantigrade qui est tout aussi surpris que lui. Et comment, lorsqu’en rentrant au village il informe sa femme, fort marrie de constater que son mari revient bredouille, et ses amis de son exploit peu banal.

 

Un chien à l’église, cela peut sembler bizarre mais pourquoi pas, il y bien d’autres animaux dans ce genre d’édifice. Des corbeaux me souffle-t-on, mais je ne ferais pas de mauvais esprit. Tom, onze ans environ, assiste à la messe, mais il s’ennuie. Le curé est si long dans son sermon. Tom est intéressé par le manège d’une mouche mais celle-ci possède un vif désir de s’échapper alors il reporte son attention sur une boîte qu’il détient dans sa poche. Dans cette boîte, pas d’allumettes, mais un scarabée. Et naturellement, le chien qui passait par là est intrigué par le coléoptère.

 

Une victime de l’hospitalité et Les droits de la femme par Arthémus Ward complètent ce recueil. A noter que les droits de la femme met en scène des suffragettes qui revendiquent légitimement l’égalité homme-femme, mais il existe des façons de revendiquer qui ne sont pas toujours de bon goût.

 

Tout le talent de Mark Twain éclate dans ces nouvelles dans ces nouvelles différentes dans leur inspiration et leur traitement. Toutefois il existe une constante, c’est l’insertion d’une ou plusieurs histoires dans l’histoire, comme par un effet boule-de-neige. L’humour est toujours présent, même si parfois il est plus dilué, les circonstances ne se prêtant guère à rire. Mais l’ironie quelque fois mordante est efficace, et il s’agit presque de mini-reportages sur une époque révolue mais dont certains ingrédients pourraient être, et ils le sont, utilisés de nos jours.

 

Pour ceux qui possèdent une liseuse, ils peuvent toujours se rendre sur le site Ebooks libres et gratuits et télécharger gratuitement cet ouvrage.

 

Mark TWAIN : Plus fort que Sherlock Holmes. Traduction de François de Gail. Parution le 2 juin 2016. 192 pages. 12,00€.

ISBN : 9782815914840.

Partager cet article
Repost0
25 août 2018 6 25 /08 /août /2018 13:01

Oh la belle bleue ! Oh la belle verte !

Oh Label rouge ! Oh Label noir !

Didier FOSSEY : Artifices.

Une fois n’est pas coutume, je vais débuter ma chronique par une scène. Pas une scène de crime, ni une scène de ménage, mais une mise en scène explicite.

Un personnage empruntant au petit matin l’escalier qui le mène de sa chambre à l’étage jusqu’au salon au rez-de-chaussée, peut contempler un désordre vestimentaire prélude à une union charnelle et copulatoire, véritable inventaire à la Prévert.

Il croisait sur les marches, un soutien-gorge, sa chemise, un pull à col roulé, son jeans, un autre pantalon, un string… Arrivé au rez-de-chaussée, il chercha son slip et le retrouva négligemment jeté sur le dossier du canapé.

Cherchez l’erreur ! Si vous ne trouvez pas, la solution est en fin d’article. Il n’y a pas d’artifice.

 

Donc procédons dans l’ordre et commençons par le début :

2013. En l’hôpital psychiatrique de Cadillac, roulez jeunesse pense Mathias qui se morfond. Il est interné pour troubles psychologiques, échappant à une prison mortifère. C’est un tueur en série mais il espère bien un jour être relaxé. Tout du moins il fait tout pour se concilier les bonnes grâces du docteur Lascard et des infirmiers. Il se montre calme, obéissant, mais évite autant faire que peut d’ingurgiter les cachets qui lui sont enfoncés dans la gorge. Au début car peu à peu devant sa bonne volonté, l’attention se relâche.

2015. Promenons-nous dans les bois, refrain connu. Ce qui moins agréable, c’est de découvrir un homme, du moins ce qu’il en reste, attaché à un arbre. Un meurtre peu banal en la forêt de Rambouillet et l’affaire est confiée à la Criminelle et plus particulièrement au commandant Boris Le Guenn et à ses hommes. Une petite équipe qui compte également dans ses rangs une femme, Nathalie, qui n’a pas froid aux yeux, mais qui n’est pas encore habituée à découvrir des cadavres dans de telles circonstances.

D’après la police scientifique, l’homme aurait subi les assauts contrôlés d’une chandelle, pour le commun des mortels tel que moi une fusée, un gros pétard qui lui serait entré dans le tronc via les gonades. Du travail de professionnel apparemment, car on ne manie pas ce genre d’engin sans un minimum de connaissance. Sans oublier qu’il faut connaître des revendeurs de cet artifice détonant. L’enquête s’avère délicate, mais au moins l’identité de cet explosé révèle qu’il habitait à Méré, petit village non loin de La Queue-lez-Yvelines. Un nom prédestiné ?

D’autant qu’un second cadavre est retrouvé ayant subi le même mode opératoire ou presque. La concordance de ce meurtre avec le précédent incite les autorités à refiler le bébé à Le Guenn, malgré le désaccord de la gendarmerie. Une spécialiste des feux d’artifices, des chandelles, une lumière dans son domaine, est embauchée comme consultante.

 

Difficile affaire qui laissera des traces chez Le Guenn, d’autant que celui-ci est affligé d’un problème familial. Mais son passé le rattrape.

En parallèle, le lecteur peut suivre les démêlés d’une gamine, qui, son pot de lait à la main, se rend à la ferme. Telle Perrette, mais elle ne rêve pas en cours de route. Elle cauchemarde, et lorsqu’elle rentre chez sa famille d’accueil, elle pleure en chemin.

 

Tout en sobriété, Didier Fossey narre cette histoire navrante d’une fillette issue de la DASS, aujourd’hui ASE c’est-à-dire Aide Sociale à l’Enfance. Mais ces gamins ne sont pas vraiment aidés par cet organisme, qui fait tout pour qu’ils ne soient pas pris en charge affectueusement par les familles d’accueil à qui ils sont confiés. Et les autres élèves, ainsi que les habitants du village, ne voient pas d’un bon œil ces orphelins issus dont on ne sait quel ventre, des étrangers à la commune, de futurs délinquants qui sait.

C’est bien ce problème sociétal que Didier Fossey met en avant, tout en restant mesuré dans ses descriptions. Il décrit avec pudeur l’enfance perturbée de cette enfant qui ne peut se plaindre.

D’autres éléments entrent également dans cette histoire, dont l’histoire de Mathias, qui grâce à des subterfuges, obtient l’autorisation de se promener dans le parc de la clinique psychiatrique.

Et c’est la conjonction de tous ces problèmes qui font de ce livre une intrigue poignante, dans lequel le passé des différents protagonistes joue un rôle primordial.

Je regrette toutefois que page 218, le prénom d’une jeune femme placé dans le cours de la narration induise le lecteur en erreur.

Mais revenons à notre énigme du début. L’avez-vous résolue ? Non ?

Reprenez la disposition des vêtements telle qu’elle est décrite dans le sens du haut vers le bas, mais en reprenant du bas vers le haut. On se déshabille comme l’on veut, selon les désirs du partenaire, et dans la précipitation des aspirations des intervenants. Mais enlever son slip avant son pantalon, cela relève de la magie, de l’illusionnisme, ou d’un tour de force digne des plus grands équilibristes. Donc, l’homme qui descend l’escalier aurait dû découvrir son slip sur une marche et son pantalon sur le canapé. Bref il s’agit d’un déshabillage à l’envers, mise en scène qui n’abuserait pas un bon détective, ou un bon policier.

A moins que Didier Fossey ait voulu embrouiller le lecteur afin de détendre l’atmosphère, petit point rose dans une grande histoire noire.

Didier FOSSEY : Artifices. Editions Flamant Noir. Parution le 18 juin 2018. 390 pages. 19,50€.

ISBN : 979-1093363455.

Partager cet article
Repost0
21 août 2018 2 21 /08 /août /2018 07:35

Au moins cela fait plaisir de voir quelqu’un sourire !

Gyles BRANDRETH : Oscar Wilde et le cadavre souriant

Parti aux Etats-Unis où il a été invité pour des conférences, auréolé de la parution récente de son recueil de poèmes publié en 1881, Oscar Wilde est aussi connu pour son excentricité vestimentaire. Il débarque le 2 janvier 1882 à New-York puis il va parcourir le pays, le succès le boudant au début de sa tournée mais allant grandissant.

A Leadville, dans le Colorado, il fait la connaissance dans une situation critique pour son portefeuille d’un professionnel des jeux de cartes. Un certain Eddie Garstrang qu’il retrouvera, à la fin de son périple, dans les bagages d’un homme de théâtre français, Edmond La Grange, dont la tournée a été triomphale. Garstrang, ayant perdu aux cartes contre La Grange, est devenu son secrétaire. Et comme le vieil habilleur de l’homme de théâtre vient de décéder, ce sera Traquair, le serviteur noir américain d’Oscar, qui le remplacera.

Mais ce qui unit Oscar à La Grange, c’est la proposition que ce dernier a faite au poète. Traduire Hamlet afin que la pièce de Shakespeare soit jouée à Paris, au Théâtre La Grange. Oscar embarque fin décembre en compagnie de la troupe La Grange afin de regagner l’Angleterre puis la France. Autour de la table, Edmond La Grange, Liselotte La Grange, sa mère qui pour tout le monde est Maman et est affublée d’un détestable caniche nommé Marie-Antoinette. Richard Marais est l’homme d’affaires de la compagnie. Il est chauve, terne, sans personnalité ni point particulier sauf celui d’être atteint de surdité. Carlo Branco, descendant d’une longue lignée d’acteurs portugais, est le plus vieil ami d’Edmond et l’acteur principal. Enfin, Gabrielle de La Tourbillon, actrice trentenaire et maîtresse officielle d’Edmond qui possède le double de son âge. Juste une petite remarque comme cela en passant et qui ne prête pas à conséquence, quoi que Gabrielle soit attirée par les hommes jeunes.

Les deux enfants d’Edmond, issus d’un précédent mariage avec Alys Lenoir, décédée, les jumeaux Bernard et Agnès, vingt ans, ne sont pas présents sur le navire, mais leur rôle dans la pièce qui sera montée à Paris est déjà défini.

Si le voyage se passe bien, l’arrivée à Liverpool est mouvementée, à cause de l’humour d’Oscar Wilde, humour pas apprécié par les douaniers. Et en ouvrant la malle du poète, ils découvrent non pas des livres comme Oscar le prétend, mais de la terre et Marie-Antoinette morte étouffée. Le premier cadavre de la liste qui sera suivi par bien d’autres, et des humains cette fois, lorsque tout ce beau monde sera arrivé dans la capitale française.

C’est au commencement du mois de février 1883 (à Paris, au début du printemps ?!) que Robert Sherard, le narrateur, rencontre par hasard dans le foyer du théâtre La Grange celui qui deviendra son ami et dont il écrira les mémoires. Mémoire peut-être défaillante ou approximative comme on peut le lire, puisque février est considéré comme le début du printemps. Ne nous formalisons pas pour si peu et continuons notre lecture.

Traquair, l’habilleur de La Grange est retrouvé décédé dans une petite pièce attenante à la loge du comédien. Il se serait asphyxié au gaz. Suicide, meurtre, accident ? La Grange et ses proches décident de ne pas prévenir la maréchaussée, et le soin de procéder aux premières constations et aux formalités administratives est confié aux bons soins au docteur Ferrand ami et médecin de la troupe. Et par voie de conséquence, Robert Sherard devient l’habilleur d’Edmond La Grange, ce qui lui permet de côtoyer l’univers théâtral de l’intérieur.

 

Et cet univers, Sherard ne le dédaigne pas, au contraire. Outre son amitié avec Oscar Wilde, et ses relations privilégiées avec Gabrielle de La Tourbillon, un véritable tourbillon, il sera amené à faire la connaissance d’autres personnages, parfois hauts en couleurs, telle Sarah Bernhardt et sa ménagerie, ses fêtes, ses exigences, sa beauté, son talent.

L’auteur, via son personnage de Robert Sherard qui a réellement existé, nous entraîne dans une histoire dont Oscar Wilde est le héros. Tandis que Wilde fête ses vingt-huit ans, Sherard lui n’en a que vingt et un et il est subjugué par le poète. Et ils vont ensemble découvrir Paris, ses quartiers louches, mais également les beaux quartiers, dont Neuilly où est située la clinique psychiatrique du docteur Blanche. L’opium et autres produits illicites sont consommés avec abondance. Et surtout l’univers du théâtre, avec ses acteurs qui subissent l’ostracisme de la plupart des gens bien pensants, même si cela reste l’occupation favorite du peuple.

L’intrigue est presque mise de côté, et ne trouve une véritable résolution que dans l’épilogue, quelques années plus tard, et qui donne véritablement son sens au titre. Le récit est enchâssé en effet dans une scène se déroulant lors de la visite chez Madame Tussaud, un musée de cire antérieur à celui du Musée Grévin, avec comme protagonistes, nos deux amis et Conan Doyle. Lequel est mystifié par le sens de l’observation et de la déduction d’Oscar Wilde.

Wilde possède bien d’autres qualités dont l’humour qui parfois lui joue de bien mauvais tours. Mais il ne peut s’empêcher de manier l’ironie. Il pratique aussi les aphorismes ce qui se trouve être le sel d’une intrigue où le côté policier est quelque peu dilué mais habilement amené.

 

Pour un poète, le plagiat est véniel et le mensonge presque capital. Mentir, c’est-à-dire formuler de belles contrevérités, est le véritable but de l’art.

 

Quelle que soit sa nationalité, la presse se contente aujourd’hui de narrer avec une avidité obscène les inconduites de gens médiocres et nous rapporte avec la minutie des ignorants le détail précis et prosaïque de l’existence de personnes absolument sans intérêt.

 

L’œil est le carnet de notes du poète, et celui du détective.

 

Il y a un sujet sur lequel les hommes et les femmes sont d’accord. Ni les uns ni les autres ne font confiance aux femmes.

 

Réimpression le 19 septembre 2013, dans une nouvelle traduction de Carine Chichereau.

Réimpression le 19 septembre 2013, dans une nouvelle traduction de Carine Chichereau.

Gyles BRANDRETH : Oscar Wilde et le cadavre souriant (Oscar Wilde and the Dead Man’s Smile – 2009. Traduction de Jean-Baptiste Dupin). Collection Grands Détectives N°4412. Editions 10/18. Parution le 4 février 2010. 416 pages. 8,10€.

Réimpression le 19 septembre 2013, dans une nouvelle traduction de Carine Chichereau.

ISBN : 978-2264046512

Partager cet article
Repost0
19 août 2018 7 19 /08 /août /2018 11:13

Les écorchés, aurait aussi bien pu convenir comme titre.

Aline BAUDU : Les égarés.

Deux nouvelles noires au sommaire de ce mini recueil. Le sable de Djerrah et Déraillement. Deux tranches de vie, deux destins, deux histoires dans lesquels on pourrait, presque, se reconnaître, tout au moins dans la seconde.

Dans Le sable de Djerrah, le lecteur fait la connaissance de Jean, un garçon mutique qui passe son temps à fabriquer des balais à l’aide de branchages de peuplier et de genêt dans la ferme familiale. Ou alors il balaie la cour, les dépendances. Il ne parle pas de la journée.

Francette, sa jeune sœur, s’amuse à trier dans une passoire les gravillons du sable, imaginant découvrir un jour des pépites d’or. Une occupation qui dérange Jean, lequel éparpille son mamelon d’or présumé, à l’aide de son sempiternel balai qui traîne en permanence avec lui. Pendant ce temps la mère dépiaute un lapin pour le repas du midi. Jean ne peut pas voir cette opération délicate, il ne peut pas, surtout il ne veut pas.

C’était au temps où dans les salles de cinéma était projeté un film dans lequel une jeune débutante se voyait projetée sous les feux des projecteurs et des yeux concupiscents des hommes. Et Dieu… créa la femme, paraît-il. Il a aussi créé les guerres, comme celle d’Algérie, à laquelle Jean a participé comme appelé. Il y eut beaucoup d’appelés, et peu d’élus. Depuis Jean traîne ses souvenirs comme un écorché vif.

 

Déraillement, le genre d’accident au quotidien, quand un célibataire quiètement engoncé dans sa vie d’homme solitaire rencontre une jeune femme. C’est beau l’amour, quand c’est partagé. C’est envahissant aussi, quand la femme se met en tête de chambouler le train-train quotidien. D’obliger son amoureux à coucher sous la tente, ce qu’il refuse catégoriquement, à se promener à vélo, à manger des légumes plutôt que de la viande…

C’est excitant, une nouvelle vie, gérée par la femme qu’on aime, c’est énervant aussi, et des idées folles traversent la tête.

 

Plus le temps passe, plus je vieillis, plus la lecture de nouvelles me procure du plaisir. Le plaisir de découvrir des univers différents à chaque fois, des petites scènes du quotidien que l’on aurait pu vivre ou des situations que l’on a plus ou moins connues, des sensations, des sentiments, que l’on ressent par procuration.

Les pavés ne m’intéressent plus guère, les ayant connus en 1968, puis après durant des décennies, les pavés littéraires je précise. Maintenant, il me faut passer d’une histoire à une autre, le plus rapidement possible, car outre lire des intrigues différentes, de se transposer dans des ambiances et des atmosphères diverses, cela permet de découvrir de jeunes auteurs, jeunes dans l’écriture, peu importe l’âge, qui s’affirment de texte en texte et offrent des possibilités de renouvellement.

Aline Baudu est l’une de ces auteurs qui sous la houlette de Mademoiselle Ska s’exprime avec justesse, sans s’épancher dans des considérations oiseuses, mais prenant aux tripes.

Pour vous procurer cet ouvrage, une seule adresse :

Aline BAUDU : Les égarés. Deux nouvelles noires numériques. Collection Noire Sœur. Editions Ska. Parution 1er septembre 2016. 21 pages. 1,99€.

ISBN : 9791023405330

Partager cet article
Repost0
18 août 2018 6 18 /08 /août /2018 09:48

Je serai pendu demain matin

Ma vie n'était pas faite

Pour les châteaux…

Christian JACQ : L’énigme du pendu.

Depuis qu’il est en retraite, l’ex inspecteur-chef Higgins apprécie la vie au grand air, la culture de ses roses, les balades à pied dans la campagne et la forêt environnantes.

Mais découvrir à la nuit naissante un pendu accroché à un vénérable chêne surnommé Le Juge éternel, n’est guère réjouissant. D’autant que les indices abondent et lorsqu’on sait qu’abondance de biens nuit…

Dans la poche droite du mort, une bible reliée cuir sur laquelle sont gravées des initiales, une lame du jeu de tarot représentant le Pendu, les bottes du mort astiquées et reluisant de façon presqu’indécente, un bouquet de bruyère séchée dépassant de sa pochette. Enfin, au pied du chêne, une chaise aux trois pieds torsadés et dont le dossier est constitué de deux énormes cornes pointues le long desquelles grimpent des diables à la queue fourchue.

Sacrée mise en scène pour un suicide, à moins qu’il s’agisse d’un meurtre rituel, le plus difficile à élucider.

Scott Marlow, superintendant à Scotland Yard, qui venait tout bonnement et ingénument d’inviter Higgins à Londres pour une remise de décorations se verra ipso facto embauché. Donnant-donnant.

Scott Marlow aide Higgins dans son enquête et le couvre auprès des autorités locales, et Higgins, malgré sa répugnance, accepte de se déplacer à Londres et faire acte de présence à la cérémonie des médailles.

 

Dans cette enquête qui fleure bon le terroir, l’humidité et le pudding à la graisse de bœuf, le fantastique frôle le quotidien. Higgins et Marlow sont amenés à interroger des personnages inquiétants, obtus, bornés, ou en complète opposition avec la vie quelque peu rétrograde du village.

Thomas Lingham, le forgeron irritable, Agatha Herald, l’institutrice-infirmière, Roger Wood, le pasteur de la commune, Mitchell Grant, le sonneur de cloches, Geffrey Le Mauvais, c’est son nom, ouvrier agricole, sans oublier les châtelains du village, désargentés mais infatués, et la belle Bettina Laxter, veuve du pendu. Une belle brochette de coupables présumés.

D’après une étrange légende, les maîtres du domaine d’Evillodge, un domaine voué à l’humidité, succombent tous avant l’heure comme frappés par une malédiction tenace. Alors, cette malédiction aurait-elle agi une fois de plus envers le nouveau propriétaire, Jason Laxter, un réformateur et un étranger mal vu, mal accepté par les villageois ?

L’énigme du pendu marie avec bonheur humour, enquête criminelle et soupçon de fantastique. Sans oublier l’ambiance et l’atmosphère qui confèrent une aura trouble dans une intrigue tout aussi troublante.

 

Première édition : Higgins mène l’enquête. Signé J.B. Livingstone. Collection Dossiers de Scotland Yard. Editions du Rocher. Parution mars 1990. 254 pages.

Première édition : Higgins mène l’enquête. Signé J.B. Livingstone. Collection Dossiers de Scotland Yard. Editions du Rocher. Parution mars 1990. 254 pages.

Réédition Les Dossiers de Scotland Yard. Editions Gérard de Villiers. Parution mars 2001. 254 pages.

Réédition Les Dossiers de Scotland Yard. Editions Gérard de Villiers. Parution mars 2001. 254 pages.

Christian JACQ : L’énigme du pendu. Collection Les enquêtes de l’inspecteur Higgins. Coédition XO et J. Editions. Parution 16 août 2016. 234 pages. 13,90€.

ISBN : 978-2845638983

 

Partager cet article
Repost0
17 août 2018 5 17 /08 /août /2018 08:23

C’est un jardin extraordinaire…

Michel AMELIN : Dans les jardins du casino.

Goldhead est une charmante petite station balnéaire sise près de Brighton. Jusque là, tout va bien. Sauf que cette charmante petite station balnéaire se morfond et aimerait bien retrouver un peu d’entrain, un peu de vie, se rappeler au souvenir des touristes.

La découverte des cadavres de deux jeunes filles, deux sœurs, qui participaient au Bal des Débutantes va certes allumer les projecteurs sur cette aimable cité mais d’une façon plutôt incongrue.

En guise de touristes, ce sont deux policiers qui sont dépêchés par Scotland Yard. L’inspecteur Croft et le sergent Connington. E.W.J.H. Simpson-Flax, journaliste de son état, a eu le triste privilège d’effectuer cette macabre découverte, et ce n’est pas tout car les cadavres s’accumulent à plaisir pour compliquer l’enquête.

 

Michel Amelin qui s’est fait connaître des lecteurs de magazines tels que L’Evénement du Jeudi, Ça m’intéresse, ou encore Femme d’aujourd’hui et d’autres, grâce aux courtes énigmes qu’il leur propose, s’est décidé à chausser la pointure au dessus, et nous offre un roman qui ne manque pas d’humour tout en étant un hommage à la littérature policière britannique, genre qu’il préfère au roman noir.

Ayant pour maître F.W. Croft et Henrry Wade, ainsi qu’Agatha Christie, c’est tout naturellement qu’il nous propose une enquête d’énigme classique, fort bien construite et bien écrite.

Nul doute que cet instituteur de classes enfantines, aux talents éclectiques, car outre les énigmes déjà citées il a fournit de nombreux articles à des revues spécialisées et possède un bon coup de crayon comme caricaturiste, nul doute donc que Michel Amelin récidive pour la plus grande joie des lecteurs nostalgiques de ce genre littéraire méprisé de nos jours par les tenants, de plus en plus nombreux, du roman noir. Mais il a préféré par la suite s’adonner à l’écriture de romans juvéniles intéressants dans la tradition gothique.

 

Ce roman, la réédition d’un ouvrage paru au Masque en 1989, est réédité uniquement en version Kindle. Dommage que les possesseurs d’Ebook ne puissent pas le trouver dans d’autres boutiques. Ceux qui le désirent peuvent se rendre à l’adresse ci-dessous :

 

Michel AMELIN : Dans les jardins du casino.

Michel AMELIN : Dans les jardins du casino. Version numérique. Michelamelinbestsellers. Parution 12 avril 2016. 2,99€.

Première édition : Collection Le Masque Jaune N°1952. Librairie des Champs Elysées. Parution 6 avril 1989. 156 pages.

ISBN : 978-2702418796

Partager cet article
Repost0
15 août 2018 3 15 /08 /août /2018 13:08

Attention aux éclaboussures !

Roland SADAUNE : Fatal plongeon.

Canal Saint-Martin, Quai de Valmy, Rue de la Grange-aux-Belles… Un quartier qui rappelle certaines scènes aux cinéphiles. Mais également un quartier qui accueillit, il y a guère, les tentes des SDF sous la houlette des Enfants de Don Quichotte, une association caritative.

Des SDF qui sont devenus des êtres solitaires, parfois solidaires à cause du chômage. Car il existe un engrenage infernal dans la descente aux Enfers de la vie communautaire.

Un SDF sur trois est divorcé ou veuf, disent les statistiques, mais combien se sont fait larguer en accédant au chômedu

Le narrateur, Philippe Fargus, quinquagénaire qui dans une autre vie fut un commercial dans une boîte située dans une tour de la Défense, a été prié de quitter son emploi, compression de personnel afin de réduire les dépenses et augmenter les dividendes des actionnaires. Il est logé temporairement par sa sœur, qui élève seule ses enfants. Et il passe sa journée à traîner, à boire des caouas arrosés, à rencontrer des collègues de la mouise.

C’est ainsi qu’il apprend par l’un des poteaux de la rue que celui-ci possède un colocataire au square des Récollets. Quand l’un est absent, l’autre surveille son soupirail. Des bouches de chaleur jalousement gardées. Il n’y a pas de loyer à payer, aussi les places sont prisées. Et ce colocataire se prénomme Benoît. Benoît comme… Les souvenirs remontent à la surface, comme autant de bulles d’aigreur, dans l’esprit de Phil.

 

Une histoire simple, banale, pourrait-on croire, mais Roland Sadaune sait faire monter et passer l’émotion des exclus de la vie. Ceux que l’on regarde parfois avec mépris, ne sachant pas ce qui se cache derrière leur déshérence, pourquoi et comment ils en sont arrivés à vivre, survivre dans la rue. La faute à l’alcool, un jugement décliné avec assurance mais souvent sans fondement.

La violence est intérieure, elle s’exprime avec retenue, avec pudeur, avec honte aussi.

Roland Sadaune n’est jamais aussi bon que dans ses textes courts, des peintures exécutées sur le vif, en bleu-nuit et traînées de rouge.

 

Et pour commander cette nouvelle, une seule adresse :

 

Roland SADAUNE : Fatal plongeon. Nouvelle numérique. Collection Noire sœur. Editions SKA. Parution le 30 octobre 2015. 12 pages. 1,49€.

ISBN : 9791023402568

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
  • Contact

Recherche

Sites et bons coins remarquables