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13 août 2020 4 13 /08 /août /2020 04:29

Même en plein été !

Paul MALONE : Neige à Miami

Keegan, ex-coéquipier et ami de Jack Fowler, agent du DEA, était sur la piste de Rodriguez, un gros bonnet de la drogue en Floride. Son décès, pense Fowler, est dû à la trahison d'un flic marron, ce qui ne manque pas dans les services de la police de Floride.

Après avoir noué contact avec Kastor, un indic, Fowler échappe de peu à une agression en automobile. Il brutalise un dealer, réfugié Cubain, qui lui apprend que l'un des flics pourris est le lieutenant Steele.

Convoqué par Rodriguez, Steele est tancé pour son initiative avortée à l'encontre de Fowler. Des menaces pèsent sur Molly, la veuve de Keegan. Fowler parvient à démontrer que Steele et Rodriguez possèdent des comptes bancaires à Nassau, aux Bahamas.

Kastor est enlevé par Steele et ses hommes et parle sous la torture. Fowler échappe de justesse à un guet-apens monté par les flics pourris et se rend à Nassau. Glass, un agent de l'IDS, le met en relation avec un intermédiaire dépendant d'Ornelas, le cousin de Rodriguez, auprès de qui il se fait passer comme le représentant d'un trafiquant, et d'une employée d'une banque locale qui lui fournit des preuves comptables.

Steele faxe la photo de Fowler à Ornelas. Le dealer monte un attentat à l'encontre de l'agent fédéral mais celui-ci s'en sort pour tomber... entre les mains de policiers véreux.

Glass le délivre et les deux hommes se heurtent à Ornelas. Le cousin de Rodriguez succombe et Fowler regagne Miami. Une expédition comprenant divers services de police est organisée chez Rodriguez. Steele qui, convoqué par le Colombien, avait abattu celui-ci, décède ainsi que ses hommes sous les balles des représentants des forces de l'ordre.

 

Ce roman nous entraine hors des scénarios habituels de la série Supercops et propose une classique histoire de lutte entre membres de l'antidrogue et de dealers.

Le style de Paul Malone, sa manière d'enchainer son récit font penser à Marvin H. Albert et à certains de ses ouvrages sur la pègre. La violence et les scènes de sexe sont plus diffuses, pour ne pas dire inexistantes, que dans les autres romans de cette collection. Mais il ne faut pas s’y fier, car sous le nom de Frédéric Braun (Fredric Brown ?) se cache Stéphane Bourgoin, un spécialiste de la supercherie.

Traduit dans une autre collection, Neige à Miami aurait peut-être plus attiré l'attention des critiques et chroniqueurs et par voie de conséquence, les lecteurs.

 

Paul MALONE : Neige à Miami (Trigger pull-agent - 1991. Traduction de l'américain : Frédéric Braun). Collection Supercops N° 19, Série DEA N°1. Editions Fleuve Noir. Parution 1er mai 1995. 218 pages.

ISBN : 978-2265055711

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11 août 2020 2 11 /08 /août /2020 03:42

Par l’auteur de L’Inspecteur de la mer, devenu Flic ou voyou au cinéma.

Michel GRISOLIA : L’été rouge.

Lorsqu’on a une mère qui ne roule pas sur l’or, loin de là, et qui aurait grand besoin de repos, le meilleur moyen est de la suppléer dans l’une des tâches qu’elle effectue pour subvenir à la subsistance de ses enfants. Et c’est ainsi que Frédéric, quatorze ans, et sa sœur Adriana, de deux ans plus jeune, sont embauchés pour distribuer des échantillons dans des boîtes aux lettres.

En compagnie d’autres jeunes distributeurs de leur âge, ils sont emmenés par la patronne de leur mère à quelques dizaines de kilomètres de chez eux, en Haute-Provence. Un petit village tout en montées, et en descentes dans le sens contraire.

Munis d’une sacoche dans laquelle sont glissés les échantillons de crème solaire, Frédéric et Adriana entame leur périple, selon l’itinéraire choisi par madame Longhi. Ils doivent respecter la consigne, c’est à dire mettre un échantillon dans chaque boîte aux lettres, sans en oublier une seule, et marquer leur passage au sol par une croix inscrite dans un rond avec des craies de couleur. Comme ça, pas d’oubli ni de doublon.

Alors qu’ils grimpent une rude montée, ils aperçoivent une maison semblant abandonnée. Puis ils entendent des cris. Ils s’introduisent dans le jardin, puis dans la bâtisse. A ce moment, en plus des cris, la détonation d’une arme à feu attise leur curiosité. A l’étage ils découvrent un couple, un homme tenant un revolver et une femme ensanglantée. C’est elle qui a poussé les cris. Elle est blessée, mais l’homme ne désirait pas la meurtrir. Du moins c’est ce qu’il prétend.

Le coup de feu et les cris ont alertés les voisins qui sont sortis de leurs maisons et se sont rassemblés. Afin de pouvoir s’échapper, l’homme entraîne la femme et les deux enfants, qui sont consentants mais ne le font pas voir. Bientôt ce sera la chasse à l’homme.

 

Cet épisode se passe en 1963, à Nice et dans ses environs. Un peu plus de trente ans plus tard, Frédéric, le narrateur, revient sur cette histoire qui l’a profondément marqué.

Les relations entre le frère et la sœur sont conflictuelles à cause du caractère d’Adriana. Elle est susceptible, soupe au lait comme l’on dit dans le langage populaire. Pourtant à certains moments leurs idées se rejoignent.

Pour Frédéric, Rochester, leur ravisseur, est un homme amoureux de Marianne, son amie blessée, jaloux aussi. Mais il est emporté et c’est probablement accidentellement qu’il a tiré sur son amie.

Rochester parlait comme certains héros, ou plutôt comme certains hommes qui, dans les films, ne sont pas supposés paraître sympathiques. C’est eux que je préfère.

Frédéric est plus mâture que son âge et peut-être est-ce pour cela qu’il analyse la situation avec une certaine indifférence. Ou qu’il ressent une vive sympathie à l’égard de Rochester.

Je n’avais que quatorze ans mais je ne me fiais déjà plus beaucoup aux apparences, je n’accordais déjà plus ma confiance aux réponses toutes faites, aux réactions qui nous viennent par facilité et par paresse, aux déclarations des adultes pour nous endormir. Il ne faut pas trop prendre les enfants pour des enfants.

Ce premier roman pour enfants de Michel Grisolia ne manque pas d’humour dans certaines situations et dialogues. Et il ne se gêne pas pour égratigner au passage sa ville natale et sa région.

Un jour, Marianne et moi, on a surpris du trafic d’animaux. De la contrebande, des trucs pas nets, entre le contremaître d’une réserve et des hommes d’affaires véreux. Vous savez ce que ça veut dire, véreux, les enfants ?

Bien sûr qu’on sait, m’sieur, a dit Adriana. On habite la Côte d’Azur.

 

 

Michel GRISOLIA : L’été rouge. Collection Vertige N°809. Editions Hachette. Parution 21 mars 1997. 192 pages.

ISBN : 9782012097117

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5 août 2020 3 05 /08 /août /2020 03:05

Désormais, je ne réponds plus aux invitations, on ne sait jamais…

Christian JACQ : Meurtre sur invitation.

Pour se faire pardonner de quelques indélicatesses perpétrées à leur encontre, le comte Brian de Lechtworth envoie des cartons d’invitations à ses meilleurs ennemis, tous collectionneurs comme lui d’objets hétéroclites mais précieux.

Pourtant l’intitulé et surtout les deux PS ne manquent ni d’originalité, ni d’interrogations. Il promet à ces collectionneurs un cadeau qui devrait les satisfaire et contenter leur soif de recherches, en leur offrant à chacun une pièce rarissime. Seulement, selon le premier PS, ils doivent se présenter avec quelques-unes de leurs pièces de collection, les plus remarquables. Ensuite, dans le petit deux, il précise que cette rencontre sera sans précédent et sera accompagnée d’un meurtre.

Sont donc invités à cette réunion extraordinaire : Lady Jane Berwick, une veuve à laquelle on ne donnerait pas ses soixante printemps, qui collectionne entre autres les canes-épées ; la belle Kathlyn Amwell, qui à vingt-cinq ans s’est forgée une solide réputation de portraitiste et dont la passion se fixe pour les lunettes anciennes et d’ailleurs elle en arbore une paire aux verres teintés en permanence ; Lord Tennyson Buzzard, grand amateur de Bugatti anciennes ; le jeune érudit Emmett Barkway, chercheur scientifique à Oxford, qui s’est entiché de tanagras ; enfin le couple John Kintbury, lui banquier à la collection impressionnante de chaussons de danse, et sa femme Margaret, conseillère conjugale et adepte des bouteilles de vin historiques.

Tous entretiennent une profonde animosité, pour ne pas dire une haine, envers leur hôte qui à un moment donné de leur existence leur a mis des bâtons dans les roues dans leurs quêtes de l’objet convoité. Pourtant l’accueil qui leur est réservé est plutôt chaleureux, surtout de la part de Despina, la jeune et unique domestique du comte. Invité surprise de dernière heure, l’ex-inspecteur chef Higgins, qu’un de ses amis a contacté, lui demandant de veiller sur Emmett Barkway.

Au cours de la séance de remise des cadeaux prévus par Brian de Lechtworth, dans une mise en scène théâtrale, le comte s’excuse des méfaits qu’il a ou aurait pu provoquer à l’encontre de ses invités. Réfutant toutefois d’avoir agi délibérément dans l’intention de leur nuire. Ainsi Lord Tennyson Buzzard a été victime d’un accident de la circulation occasionné malencontreusement par le comte, le privant de compétitions sportives automobiles alors qu’il était un conducteur accompli. Depuis il boîte et porte en permanence un foulard jaune autour du cou afin de cacher une cicatrice. Mais les autres éléments du groupe sont sujets eux aussi à leurs petites manies, à leurs tocs, à leurs défauts et autres problèmes.

Deux tentatives de meurtre à l’encontre du comte Brian de Lechtworth attisent la curiosité de Higgins qui ne peut malgré tout en empêcher une troisième qui elle sera fatidique. Plus de comte à rendre.

Des indices sont disposés à des endroits stratégiques mais il semblerait que ce ne soient que des leurres. Et les motifs pour se venger du comte ne manquent pas chez les uns et les autres. Alors Higgins se résout à demander à son ami le superintendant Scott Marlow de venir le rejoindre au château avec quelques hommes qui procéderont à des perquisitions tandis que le légiste devra examiner le cadavre.

 

Ce roman résolument ancré dans le genre fort prisé durant un certain temps et de nos jours négligé, le roman de détection, fait penser un peu à ce qu’auraient pu écrire Agatha Christie et John Dickson Carr pour l’ambiance et la mise en scène, et à P.G. Wodehouse pour l’humour subtil et toujours présent dans certaines situations, descriptions et dialogues.

Comme souvent la vérité se niche dans le passé et heureux qui comme Higgins a fait de longs voyages, en Inde notamment. Ce qui lui permet de découvrir une partie de la solution et l’identité du ou de la coupable parmi les sept personnes qui gravitaient autour du comte. Car il ne faut pas oublier la jeune domestique Despina parmi les prétendants au meurtre.

Les nombreux couloirs secrets qui mènent d’une pièce à une autre et la disposition des différents bâtiments du château autour d’une cour, le caractère des intervenants, tout est bon pour mener le lecteur dans un labyrinthe énigmatique.

L’on découvre une facette cachée de l’ex-inspecteur-chef Higgins, qui outre ses nombreux voyages à l’étranger, est atteint d’arthrose, ce qui arrive à tout un chacun arrivé à un certain âge mais de plus il n’est pas fier de lui. Il est perturbé et se reproche constamment de ne pas avoir pu éviter le drame. Mais dans ce cas, l’histoire aurait tourné net et n’aurait pu donner lieu à un roman.

L’art des grands criminels, souligna Higgins d’une voix douce, consiste parfois à commettre leur forfait en pleine lumière pour mieux aveugler les témoins.

Première édition : J.B. Livingstone. Meurtre sur invitation. Les dossiers de Scotland Yard. Editions du Rocher. Parution 15 mai 1991. 238 pages.

Première édition : J.B. Livingstone. Meurtre sur invitation. Les dossiers de Scotland Yard. Editions du Rocher. Parution 15 mai 1991. 238 pages.

Christian JACQ : Meurtre sur invitation. Les enquêtes de l’inspecteur Higgins N°5. Editions XO. Editions Limitée. Parution 2 juillet 2020. 218 pages. 6,90€.

ISBN : 978-2374482507

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29 juillet 2020 3 29 /07 /juillet /2020 03:47

Ça c'est d'la musique !
De la vraie musique !
Alors là pardon
Moi j'dis chapeau !
Ça c'est champion !...

Sandra SCOPPETTONE : Petite musique de mort

La découverte du cadavre d’une jeune femme dans la piscine du maire de Seaville, Long Island, lors de sa réception annuelle, jette un froid dans l’assistance.

Waldo Hallock, le chef de la police locale n’est pas habitué à enquêter sur des affaires de meurtres et cela le démoralise un tant soit peu. Mais il ne rechigne pas pour autant sur cette enquête, ne sachant toutefois par quel bout commencer. D’autant que d’autres cadavres vont bientôt être semés par un Petit Poucet assassin qui scarifie la poitrine et le ventre de ses victimes d’une sorte de A.

L’antagonisme qui règne entre lui et le maire se solde par la décision arbitraire de la démission de ses fonctions et de son remplacement par un agent spécial aux méthodes très spéciales. Colin Maguire, journaliste dont la carrière continentale a été stoppée par un drame familial et qui doit une fière chandelle à son ami Mark, directeur du journal local, lequel l’a embauché pour le sortir de l’ornière étant conscient de sa valeur professionnelle, Colin tente d’exorciser ses propres démons. Alors lui aussi se lance dans l’enquête tout en trouvant un certain charme à Annie Winters, la “ révérende ” de l’église unitarienne universelle.

 

Un roman épais (un peu plus de 500 pages mais imprimé en gros caractères) à l’intrigue serrée, aux multiples rebondissements, au suspense allant crescendo, et dont les personnages se trouvent confrontés à des problèmes personnels qui les rendent humains, et non pas de simples mécaniques à enquêter, telles sont les clés utilisées par Sandra Scoppettone pour appâter un lecteur qui ne retrouvera pas l’héroïne fétiche (Lauren Laurano) de cet auteur dont personnellement je trouve que c’est le meilleur livre traduit.

Mais cela tient peut-être aussi du fait de la traduction soignée et signée Nathalie Mège. Il faudra que je me penche un peu plus sur les traducteurs et les faire connaître du grand public, car ils participent souvent grandement au succès d’un roman étranger.

Ce roman de Sandra Scoppettone publié en France, Petite musique de mort, a été signé Jack Early en 1985 aux Etats-Unis, pseudonyme qui n’a pas été repris pour la traduction proposée au Fleuve Noir.

 

Sandra SCOPPETTONE : Petite musique de mort (Razzamatazz - 1985. Traduction de Nathalie Mège). Fleuve Noir grand Format. Parution octobre 2001. 518 pages.

ISBN : 9782265070080

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26 juillet 2020 7 26 /07 /juillet /2020 03:45

Jolie petite Sheila
Jolie petite Sheila
Dans tes yeux d'enfant moqueur…

Gary DEVON : Désirs inavouables

Maire de Rio del Palmos, une petite ville californienne, Henry Slater est amoureux. Amoureux fou d’une jeune fille de plus de vingt ans sa cadette.

Il est marié mais sa flamme, son désir auprès de sa femme sont éteints depuis longtemps.

Sheila, la jeune fille qu’il connait depuis l’âge de dix ans et qui en sept ans s’est transformée en adorable adolescente, Sheila lui accapare le cœur et l’esprit. Mais Sheila, si elle est orpheline, vit chez sa grand-mère, Rachel, une vieille dame qui ne s’en laisse guère conter.

Et Henry Slater, l’homme important de la ville, le protecteur de la veuve et l’orphelin, le responsable de la sécurité urbaine, le garant des bonnes mœurs, celui qui doit montrer l’exemple de la justice, de la probité, de la moralité, et qui secrètement brigue de plus hautes fonctions politiques, Henry Slater non seulement s’entiche d’une jeunette mais de plus va louer les services d’un tueur afin d’effacer de son chemin la barrière représentée par la vieille dame inquiète de l’avenir de sa petite fille.

Et le tueur ne réussissant pas à honorer son contrat, c’est lui Henry Slater qui fera le travail, même si pour cela il doit se salir les mains.

Tout est organisé, tout est agencé, pensé, conçu, sauf les soupçons qui effleurent Reeves, le chef de la police, un peu trop présent aux yeux de monsieur le maire.

Quant à Faith, l’épouse délaissée, que va-t-elle penser de tout ça ?

Henry Slater se trouve entraîné dans l’engrenage à cause d’un tout petit grain de sable, d’une silice, d’un diamant.

 

L’histoire de Désirs inavouables va crescendo malgré une narration en dents de scie.

L’on croit assister à un roman criminel et l’on tombe dans un roman d’amour. L’on pense subir un roman à l’eau de rose et tout s’effrite, tout éclate sous la violence.

La violence de l’amour et du désir, la violence des passions et de la jalousie, la violence des sentiments et des actes. Le tout décrit avec subtilité.

Il est impossible au lecteur de s’arracher à ce roman. Et s’il pressent parfois la suite logique, le déroulement de cette intrigue, il est happé, aspiré dans cette tourmente, cette dégradation et en même temps cette exaltation des sentiments décrite avec beaucoup plus d’angoisse et de pudeur que ne le laisserait supposer le court résumé de la jaquette.

Quant à l’illustration de la couverture, pour une fois elle est d’une simplicité émouvante et suggestive sans agressivité.

Gary DEVON : Désirs inavouables (Bad Desire – 1990. Traduction de France-Marie Watkins). Collection Spécial Suspense. Editions Albin Michel. Parution 8 septembre 1991. 410 pages.

ISBN : 9782226054210

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25 juillet 2020 6 25 /07 /juillet /2020 03:59

C’est l’amour en héritage ?

Léo GESTELYS : Le fantôme de la fiancée.

Romancier multicartes ou multi-genres, Léo Gestelys a écrit de nombreux romans policiers et d’aventures, mais cela ne l’empêchait pas d’écrire également des romans d’amour, et inversement, comme bon nombre de ses confrères.

Le fantôme de la fiancée joue sur plusieurs genres, et il aurait pu être publié aussi bien dans des collections dites policières que réservées à celles de l’angoisse et le suspense. Mais penchons-nous sur cette intrigue charmante dénuée de violence qui frise presque le paranormal. Sans vouloir bien entendu en dévoiler tous les aspects, même si de nos jours cette publication serait mal vue comme on le verra par la suite.

Obscur employé d’une compagnie d’assurances, René Trévannes se dépêche car il a peur d’arriver en retard à son bureau. Seulement sa concierge l’intercepte lui remettant une enveloppe blanche. Pas le temps de l’ouvrir car l’heure tourne. C’est au bureau qu’il s’acquitte de cette tâche peu compliquée et quelle n’est pas sa surprise de constater que ce pli émane d’un notaire le convoquant le plus tôt possible. Cela ne fait pas un pli, il demande sa demi-journée et une nouvelle surprise l’attend à l’office notarial.

Non seulement il apprend qu’il n’est (n’était) pas seul dans la vie, qu’il possédait un oncle dont il n’avait jamais entendu parler, mais de plus qu’il en hérite. Toutefois, cet héritage se fera en deux temps. D’abord il doit déménager et s’installer dans la propriété du Comte de Novelles dont il découvre l’existence. Il va recevoir une importante somme d’argent qui va le mettre à l’abri des contingences matérielles pour un bon bout de temps, et devient comme le propriétaire par substitution de cette demeure sise près de La Rochelle. Il sera en quelque sorte le gardien du temple du château des Eaux-Vives.

Ce premier testament indique les conditions dans lesquelles René Trévannes devra s’acquitter de ses fonctions. Durant un délai de dix ans, rien ne devra être modifié ou vendu, le train de la maison ni augmenté ni diminué, les domestiques gardés jusqu’au jour où ceux-ci prendront d’eux-mêmes leur retraite afin de jouir des dons qui leur sont faits en prévision de leurs vieux jours. Il devra habiter en permanence le château au minimum huit mois par an et ne pas entreprendre de voyage qui le retienne plus de deux mois éloigné du château. Le second testament qui est glissé dans une autre enveloppe ne devra être découvert que si Trévannes contracte mariage au cours des dix ans impartis. Sinon, si au bout de cette épreuve il se trouve encore célibataire, ses droits à l’héritage seraient définitivement tranchés par la lecture du document pour l’heure scellé.

Malgré ces dispositions et ces injonctions, Trévannes accepte de se rendre immédiatement, c’est-à-dire le plus rapidement possible au château des Eaux-Vives. L’esprit quelque peu perturbé, il quitte l’étude notariale et comme il est l’heure, il déjeune dans un restaurant huppé du quartier de l’Opéra tout proche. Il donne sa démission d’employé d’assurance, et rentrant chez lui il recueille un chien affamé et frigorifié. Un geste qui semble anodin mais dont il se félicitera plus tard. Il nomme ce bâtard Capi, comme le caniche dans Sans Famille d’Hector Malot. Puis il rend visite à un de ses collègues, l’archiviste Gérard Dorfeuil, pour l’heure hospitalisé et qui pense mourir sous peu, atteint d’hémoptysie. Il propose à Dorfeuil de venir s’installer chez lui, tandis qu’il sera dans sa nouvelle demeure, puis de le rejoindre au château, le bon air maritime devant lui permettre de se refaire une santé.

Installé au château des Eaux-Vives, Trévannes est impressionné. Le chauffeur est allé le chercher à la gare en Cadillac, quant au majordome et sa femme, ils ne tarissent pas d’éloges envers leur ancien maître. Trévannes qui est resté simple est accueilli avec une déférence qui bientôt se transformera en estime réciproque. Trévannes visite les lieux et il est intrigué par trois peintures, trois portraits peints à des époques différentes, sur des supports différents mais qui semblent représenter la même femme. Puis il découvre dans le tiroir d’un meuble qui semble l’attirer, une photo assez récente d’une jeune femme qui est la réplique des trois portraits.

Son oncle Didier de Novelles a fait fortune au Brésil, découvrant dans une fazenda un filon d’émeraudes. Puis il est rentré en France, effectuant auparavant un long séjour en Angleterre à cause de la guerre. Il avait perdu la trace de sa sœur, la mère de Trévannes, et ce n’est que peu avant sa mort qu’il a appris l’existence de René.

L’arrivée d’un couple d’Anglais, Lord et Lady Weenendale, accompagnés de leur nièce Muriel, une jeune fille au visage ingrat mais médium est fêtée par le majordome qui les connait fort bien. Grâce à eux, Trévannes va découvrir une partie du mystère qui entoure cet oncle richissime et surtout des avatars qui ont jalonné une grande partie de son existence. Didier de Novelles était tombé amoureux de la belle Sylvia, qui croyait être veuve de Tullio di Mari, une sorte de mafioso, et ils s’étaient mariés. Une fillette du nom de Stella avait scellé leur union. Seulement, Tullio di Mari n’était pas mort dans une algarade et il s’était manifesté auprès du couple. Sylvia était donc bigame et avait dû rejoindre l’infâme Tullio, emmenant leur petite Stella.

Et c’est ainsi que Trévannes, accompagné des trois Anglais et de son ami Dorfeuil, qui tombe amoureux de Muriel, va se mettre à rechercher Stella, la découvrant, grâce à Capi, retenue prisonnière dans une île près de la Côte d’Azur.

 

Le fantôme de la fiancée est tout autant un roman d’aventures qu’un roman d’amour, avec suspense et énigme garantis. Le lecteur pourrait y voir une légère analogie avec le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas, mais bien d’autres ouvrages de cette époque peuvent revendiquer cet héritage littéraire.

Ce n’est pas tant l’intrigue qui est à retenir que le contexte de cet amour qui va se développer entre René Trévannes et la jeune Stella. Aujourd’hui, ce qui semblait normal, naturel, dans les années 1950, serait considéré comme une atteinte aux bonnes mœurs, même si cet amour reste platonique. En effet la belle et jeune Stella n’a que seize ans, et encore, et de nos jours bien des lecteurs pourraient crier au scandale, oubliant quelques romans qui eurent en leur temps un énorme succès, témoin Le blé en herbe de Colette, mettant en scène les amours adolescentes. Mais je le répète, les amours entre René et Stella sont platoniques, et donc ne peuvent choquer que les hypocrites, de nos jours de plus en plus nombreux.

 

Ce roman est la réédition d’un ouvrage paru en 1958 chez le même éditeur dans la collection Mirabelle 2e série, numéro 66. Mais il est dommage que ceci ne soit pas signalé, le lecteur étant induit en erreur. Encore heureux que le titre reste identique. Mais d’autres romans de Gestelys ont connu le même sort, et j’aurais peut-être l’occasion d’y revenir.

Léo GESTELYS : Le fantôme de la fiancée.

Léo GESTELYS : Le fantôme de la fiancée. Collection Jasmine N°40. Editions des Remparts. Parution 2e semestre 1980. 192 pages.

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24 juillet 2020 5 24 /07 /juillet /2020 03:06

Dit Tonton, pourquoi tu tousses ?

Luis ALFREDO : Vous avez dit farine.

Sorti en 1999 chez une maison d’éditions spécialisée dans le régionalisme et la gastronomie biologique, Vous avez dit farine de Luis Alfredo, était son premier roman policier édité dans une collection qui accueillait déjà quatre recueils de nouvelles.

Le narrateur, détective privé dont les rares enquêtes sont vouées à l’adultère, masculin ou féminin la parité existe parfois, abonné au whisky et dont le livre de chevet est Le Capital de Karl Marx, est chargé de surveiller les allées et venues d’une certaine Thérèse.

Pour une fois il ne s’agit pas d’une vague histoire de coucherie extra maritale, puisque le client n’est autre que le frère de la susdite. Le pire est à venir pour le pauvre privé qui se réveille dans un état comateux chez celle qu’il devait surveiller, les idées pas très claires, mais surtout la tête sur les cuisses de la morte. Parce que Thérèse a bel et bien été trucidée. Et notre privé a juste le temps de passer par les toits avant l’arrivée en fanfare des flics et des journalistes. Et ce n’est pas parce qu’il est ami avec le commissaire René Charles de Villemur et le journaliste Fonvieux. Heureusement il n’est pas sans biscuits, ayant découvert auparavant une lettre remontant à quelques années, rédigée par une amie de la défunte et dans laquelle elle écrivait qu’elle était tombée sur une affaire louche. Tellement louche que la lettre expédiée, elle avait un abonnement pour le cimetière. Un autre ami de Thérèse a dévissé en grimpant une falaise, pourtant c’était un amateur averti. Trop de morts, trop de coïncidences pour notre héros qui se plonge tête baissée, au risque de ramasser des bosses.

 

Roman policier plaisant, Vous avez dit farine fait penser aux années 50/60, et aux livres écrits par des romanciers comme Peter Randa, André Lay, Roger Villard et quelques autres qui œuvraient dans la collection Spécial Police du Fleuve Noir.

La numérotation des chapitres permet de différencier le narrateur du prosateur, et même si dès le départ on sait qui sont les coupables, et d’ailleurs à la moitié du roman le lecteur se dit, ça y est, c’est fini, le détective a trouvé les coupables, le reste ne va plus être que délayage, comme dans les bons vieux romans noirs, les imprévus, les retournements de situation, les prétextes et les motivations des personnages centraux sont plus tordus et rentables que prévus, et l’épilogue ne manque pas de sel.

Bref un bon roman qui n’a pas fait parler de lui alors que d’autres sont édités, on se demande pourquoi, et dans de grandes maisons d’édition. Pas de délation de ma part, je ne dirai rien. Mais il faut avouer que l’éditeur n’a guère défendu ce roman qui sortait un peu de la catégorie qu’il publie.

Et si j’osais, je susurrerais à Miss Ska de se pencher sur cet ouvrage, puisque cette maison d’édition a publié récemment, disons quelques mois, les aventures de René-Charles de Villemur, et dont vous pourrez lire ma chronique ici :

Et comme deux avis valent mieux qu’un, pourquoi ne pas visiter Black Novel1, le blog de Pierre Faverolle et dont l’adresse se trouve ici :

Luis ALFREDO : Vous avez dit farine. Collection Encre Noire. Edition Utovie. Novembre 1999. 222 pages.

ISBN : 978-2868197214

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22 juillet 2020 3 22 /07 /juillet /2020 04:04

Urbanisme contre vestiges !

Jerry WEST : Les Jolivet et l’or des pionniers.

L’arrivée d’engins de chantier à Shoreham signifie le début d’une nouvelle aventure et d’une épopée dangereuse pour les cinq enfants Jolivet.

Bob, 12 ans, et Ricky, 7 ans, et leurs sœurs, Patty, 10 ans, Jenny, 6 ans, et Susie, la petite dernière de 4 ans mais qui ne donnerait pour rien au monde sa place dans les tribulations de cette fratrie, composent cette famille dont le père est un homme aimable, toujours souriant, pour ne pas dire rieur, et d’une mère jolie, mince et toujours prête à confectionner des gâteaux. Bref une famille américaine comme l’on aimerait en voir plus souvent.

Ce jour-là, alors que débutent les vacances de Pâques, les enfants sont abordés par l’un des conducteurs qui leur demande son chemin, pensant s’être perdu. Il conduit un énorme tracteur remorquant un plateau sur lequel est placé un énorme engin de terrassement, une pelle mécanique. Il se nomme Buster et est accompagné de Stan, et invite les enfants à monter dans la cabine ou sur la remorque afin qu’ils leur montrent le chemin jusqu’à l’entrée du chantier de la nouvelle route.

Ce chantier avait été retardé à cause de l’emplacement d’un vieux fort historique, le fort de la Liberté, mais la décision vient d’être prise. Et si durant les travaux les ruines de ce vieux fort sont mises au jour, le tracé de la nouvelle route sera dévié afin de les contourner. En cours de route, l’engin manque écraser un jeune cycliste. Il s’agit de Jo Brill, le mauvais garnement, la teigne, le tourmenteur des Jolivet. Plus de peur que de mal, heureusement.

Rentrés chez eux, les enfants Jolivet trouvent leur mère en train de lire Le phare de Shoreham, la gazette locale. Un article retient son attention : la municipalité offre 10 000$ au propriétaire du terrain sur lequel se trouvent les vestiges du Fort de la Liberté, et 500$ à la personne qui découvrira le fort.

Il n’en faut pas plus pour que les Jolivet construisent des châteaux en Espagne, même s’ils vivent aux Etats-Unis, probablement dans l’état du Vermont. Patty et Jenny décident de se rendre au musée municipal, la bibliothèque regorgeant de vieux papiers, vieux livres et journaux d’autrefois tandis que les garçons retournent sur le chantier.

Dans un ancien magazine, mis aimablement à leur disposition par le bibliothécaire, Patty et Jenny lisent un article dans lequel il est question d’un vieux monsieur de quatre-vingt-quinze ans. Il avait écrit au conseil municipal et dans sa missive il avait joint un parchemin indiquant l’emplacement du fort de la Liberté. Or cette lettre n’était jamais parvenue à destination. Un individu au long nez, appendice pratique pour fouiller dans les affaires des autres, s’intéresse à leur lecture. Elles ne le connaissent pas et s’en méfient.

Les travaux de démolition avancent et les ouvriers s’attaquent à l’ancienne gare, où justement était placée la boîte aux lettres. Les enfants Jolivet parviennent à découvrir le fameux pli avant la démolition complète. Il ne leur reste plus qu’à continuer leurs recherches, recherches qui sont entravées par le fouineur et la teigne toujours placée dans leurs jambes au mauvais moment.

Mais un autre fait se dresse sur leur chemin. La maison d’une famille est située non loin et doit être rasée. Ils vont tout faire pour empêcher un drame familial et social avec cette nouvelle démolition programmée. Mais ils n’ont guère de temps pour réaliser leur projet. Le relogement ou plutôt le transport de cette maison sur un nouveau terrain, lequel est à définir.

 

Une charmante histoire avec les bons éléments, les enfants Jolivet, leurs parents et la famille qui doit être expulsée, et les mauvais éléments, Jo Brill et l’homme au long nez. Avec pour conclusion la découverte de l’emplacement de cet ancien fort, et de ses ruines, ainsi que d’un trésor signalé dans le titre fort explicite.

Le point intéressant dans cette intrigue réside dans le fait du transport d’une maison à l’aide d’un plateau avec des madriers et des poutres de soutènement. Une technique hasardeuse qui demande un savoir-faire sans précédent, mais qui date de plus d’un siècle. A ce propos voir l’intéressant article paru dans Sciences et Voyages N°272 du 13 novembre 1924 ici.

Une raison de plus pour les adultes de se pencher sur les romans publiés à l’attention des juvéniles et qui se révèlent être source d’informations tout en restant un plaisir de lecture.

L’auteur, qui se cache sous le pseudonyme de Jerry West, se nomme en réalité Andrew E. Svenson, et a également écrit sous l’alias d’Alan Stone. Il est l’auteur de plus de soixante-dix romans pour enfants, sous divers pseudonymes dont certains sont partagés avec d’autres romanciers.

Sur les trente-trois romans consacrés à la série Les Joyeux Jolivet, seuls dix-huit titres ont été traduits en France. Quant aux personnages, l’auteur n’a pas eu besoin de chercher loin puisqu’il s’est inspiré de ses propres enfants, et de son entourage. Même celui de Jo Brill évoluait près de chez eux. Ainsi que le chien Zip et le chat Nez-blanc de la famille Jolivet ne sont que des projections des propres animaux de Jerry West.

Toutefois on peut se demander par quelle aberration le patronyme de cette famille américaine a été modifié dans la version française en Joyeux Jolivet. Mais ce n’était pas une première car d’autres séries traduites ont subies le même sort dont Alice de Caroline Quine, ou encore Le Club des Cinq d’Enid Blyton. Bizarre et inconvenant, pour ma part.

Jerry WEST : Les Jolivet et l’or des pionniers. Série Les Joyeux Jolivet (The Happy Hollisters and The Secret Fort – 1955. Texte français de Suzanne Pairault). Illustrations de Maurice Paulin. Nouvelle Bibliothèque Rose N°340. Editions Hachette. Parution 30 janvier 1970. 190 pages.

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20 juillet 2020 1 20 /07 /juillet /2020 04:23

Elle m'a dit d'aller siffler là-haut sur la colline
De l'attendre avec un petit bouquet d'églantines...

 

Maurice PERISSET : Les collines nues.

Stéphane est mort. Les policiers ont retrouvés son corps dans la rivière tandis que sa voiture était sagement stationnée près du pont, comme si elle attendait l’improbable retour de son propriétaire et maître.

Stéphane constituait l’unique famille de Marc Duperry, célèbre metteur en scène, depuis qu’il avait perdu sa femme dix ans auparavant, décédée de maladie.

Marc Duperry ne réalise pas. Stéphane, son fils, s’est suicidé, cela ne fait aucun doute. Mais pourquoi ? Manque de compréhension, d’affection, de chaleur humaine, de présence paternelle ? Un peu de tout cela peut-être.

Marc, déboussolé, se réfugie dans sa propriété de la Courentille dans le Haut-Var. Une grande maison négligée depuis la disparition de sa femme. Un bien triste retour dans ce qui aurait pu, dû, être un havre de paix.

Tout autour les collines, les bois, la garigue ont été dévastés par les flammes. L’incendie s’est arrêté aux portes de la bastide, comme repoussé par d’invisibles barrières.

En visitant quelques pièces, il sent comme une présence. D’ailleurs, les gendarmes le préviennent, ils recherchent un jeune homme.

Un matin, il découvre Cyrille endormi, mais il ne le dénonce pas. Pourtant le jeune homme est soupçonné d’être l’auteur des incendies. Mais ce n’est pas le seul reproche qui lui est imputé.

Marc va reporter sur Cyrille l’affection qu’il n’avait pas su offrir à son fils Stéphane tandis qu’autour d’eux se tisse comme une toile d’araignée venimeuse.

Quels rapports existent entre Cyrille et la cadavérique Sophie, une jeune fille élevée par un oncle autoritaire, quels liens quels secrets ? Et Cyrille est-il l’auteur des incendies qui ont ravagé la région ?

 

Avec sensibilité, avec émotion, avec simplicité, Maurice Périsset nous entraîne une fois de plus dans une histoire où le suspense est toujours présent.

Mais plus que le suspense, ce sont les relations entre les différents personnages qui importent, qui priment.

Une histoire inattendue peut-on lire en quatrième de couverture. Pas tout à fait lorsqu’on connait l’art de conter de Maurice Périsset, de ses qualités dans la mise en scène des personnages aux réactions parfois surprenantes.

Un roman tout de pudeur et de tact dans lequel on retrouve les thèmes chers, pour ne pas dire obsessionnels de Maurice Périsset : le cinéma, la désagrégation de la cellule familiale, l’incendie. Mais d’une manière furtive, fluide, tout en étant omniprésente.

Maurice PERISSET : Les collines nues. Editions de L’Orbe. Parution février 1991. 190 pages.

ISBN : 9782740900031

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18 juillet 2020 6 18 /07 /juillet /2020 04:00

Un engrenage infernal.

Jan THIRION : Ego Fatum.

Tout a commencé à cause d’un adorable arachnide velu. Enfin, pas tout à fait. Tout a commencé par un coup dans la tronche de l’inspecteur Cédric alors qu’il cuisinait, à l’huile ou au beurre, on ne sait pas, un dangereux récidiviste réputé pour être violent. Un nommé Grégorioux dit le Gaulois. L’individu suspecté d’avoir tué un vieil homme a profité d’un moment d’inattention de Cédric pour lui balancer un coup de pied magistral en pleine tête. Résultat un arrêt de travail suite à un coma provoqué dans l’exercice de ses fonctions.

Et c’est comme ça qu’il se retrouve dans l’appartement de sa maîtresse, la fine Delphine, à zapper les films ou séries policières. Car un flic, même lorsqu’il est en congé forcé, s’instruit afin de parfaire ses connaissances. Et ce n’est pas parce que c’est la période d’Halloween et que le Beaujolais nouveau se profile qu’il faut se laisser aller.

Il pense soudain que dans la pièce du dessus, se repose Milly, la fille de Delphine, treize ans. Une idée qui lui procure une réaction qui déforme son pantalon. Il monte et naturellement, elle est là, jambes nues, un long T-shirt noir cachant le haut du corps. Elle veut bien discuter un moment avec lui, mais il a trop bu de boisson gazeuse sucrée, et inévitablement le trop plein demande à être évacué dans les toilettes proches.

Alors qu’il satisfait une miction bienfaisante pour sa vessie, il entend hurler Milly. Il se précipite, se demande ce qui lui arrive, et aperçoit une énorme araignée qui a profité que la fenêtre soit ouverte alors que le radiateur chauffe, pour s’immiscer dans la pièce. Milly qui est arachnophobe, encore fallait-il le savoir, enjambe la balustrade de la mezzanine et tombe malencontreusement. L’araignée, elle, se cache et Cédric est affolé. Milly gît en bas et elle ne criera plus lorsqu’elle apercevra une épeire en train de déambuler.

Cédric se demande bien comment se dépatouiller de cette situation lorsque Delphine entre. Horreur, malheur, ce qu’elle voit en premier, c’est Cédric, le vermisseau sortant de son pantalon, tenant dans ses bras Milly allongée à terre. Une situation qui prête à confusion. Elle n’accepte pas le début d’une explication, crie, le traite de tous les noms et s’engage une lutte entre les deux amants, lutte qui se termine par le retentissement du gong. Au revoir, ou plutôt adieu, Delphine.

Une tragédie dont il est l’acteur involontaire, mais ce n’est pas fini, comme les séries à épisodes qu’il aurait mieux fait de continuer à visionner au lieu de monter voir sa belle-fille. Car une petite vieille, une voisine, passe la tête par la porte restée entrouverte et naturellement voit le carnage. Elle repart vers son appartement, il la suit, elle entre chez elle et n’a pas le temps de fermer sa porte qu’elle est bousculée. Qu’elles sont bousculées. La porte et la petite vieille qui était derrière et qui ne pourra pas établir un compte-rendu de la situation à son mari arrimé à une bouteille d’oxygène.

La série continue…

Alors Cédric balance entre deux solutions : se suicider ou faire appel à quelques-unes de ses connaissances qui lui doivent un petit service, lui qui les a aidés lorsqu’ils étaient dans le besoin.

 

Araignée du matin, chagrin ; araignée du soir, espoir. Les dictons sont parfois, souvent, mensongers.

Comme un mantra, qui est l’une des phrases favorites de son chef, tourne dans sa tête cette évidence, cette lapalissade : Tant qu’on n’est pas mort, on est vivant.

Mais Cédric pourrait tout autant chanter Ô Toulouse comme Nougaro. To lose surtout serait plus approprié. Mais il n’a pas le cœur à fredonner ce texte, ode à la ville où il travaille et vit. Il pense surtout à se dépatouiller de cet engrenage infernal dans lequel il est entraîné à son corps et son esprit défendant.

Un engrenage infernal qui se produit à cause d’une confusion, qui pourrait prêter à sourire, comme l’escalade de mauvaises nouvelles dans la chanson Tout va très bien madame la marquise de Ray Ventura. Sauf que Cédric n’a vraiment pas le cœur à fredonner, plutôt à s’extirper de cette spirale infernale qui continue, encore et encore.

Jan Thirion manipule ses personnages et le lecteur par une histoire baroque, insolite, biscornue, se jouant des situations avec une écriture fouillée, travaillée, parfois ciselée au scalpel. Il œuvre dans la dérision tout en construisant une intrigue dont l’épilogue ne peut être qu’un pied de nez au destin.

 

 

Les chaussures de luxe n’empêchent pas de marcher de temps à autre dans la merde.

Première parution : Editions Krakoen. Parution 7 décembre 2006. 188 pages.

Première parution : Editions Krakoen. Parution 7 décembre 2006. 188 pages.

Jan THIRION : Ego Fatum. Collection Noire Sœur. Editions SKA. Parution 3 juillet 2020. 135 pages. 3,99€.

ISBN : 9791023408201

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Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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