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12 octobre 2018 5 12 /10 /octobre /2018 11:13

Hommage à Pierre Véry, décédé le 12 octobre 1960.

Pierre VERY : M. Marcel des pompes funèbres.

Nous sommes tous guettés un jour ou l’autre par ce que d’aucuns appellent la Grande faucheuse. Tous ! Eh oui, même les croque-morts.

D’ailleurs il le savait bien Octave Lamédée qui avait passé sa vie à travailler avec des morts. Ses derniers jours sont arrivés et après quelques heures de râles et d’agonie, il s’éteint en riant doucement.

Comme s’il venait de jouer un bon tour à sa famille, à ses amis venus l’assister pendant ses derniers moments. Ce que l’on pourrait qualifier d’humour noir.

Jusque là, rien que de très banal, sauf que Bernard Hilairet, son ami, un brocanteur, décède lui aussi dans la force de l’âge. Farce macabre qu’il joue lui aussi puisqu’il meurt assassiné.

Maître Prosper Lepicq, un avocat perpétuellement en quête d’affaires afin de regonfler un portefeuille désespérément vide, averti anonymement de ce crime, se réjouit.

Il a faim, et cette petite enquête qui se profile à l’horizon, avec à la clé un client, non seulement va pouvoir lui permettre peut-être de mettre du beurre dans les épinards, mais de plus s’acheter les épinards.

 

M. Marcel des pompes funèbres est l’une des sept aventures consacrées à Prosper Lepicq, écrites entre 1934 et 1937 par Pierre Véry.

Des six autres romans qui le mettent en scène on retiendra surtout Meurtre au Quai des orfèvres, L’assassinat du Père Noël et Les disparus de Saint-Agil, qui eurent l’honneur d’être adaptés au cinéma.

Le rêve de Pierre Véry était de rénover la littérature policière en la rendant poétique et humoristique, avec des personnages qui ne sont plus des pantins au service d’une énigme à résoudre mais des êtres humains en lutte avec leur vérité.

Et même si ces romans paraissent aujourd’hui gentiment désuets, vieillots, c’est avec plaisir qu’on les lit et les relit.

 

Autre édition : Editions de Flore. Parution 1949.

Autre édition : Editions de Flore. Parution 1949.

Pierre VERY : M. Marcel des pompes funèbres. Collection Le Masque jaune N°2009. Editions Librairie des Champs Elysées. Parution 21 mai 1990. 158 pages.

Première édition : Gallimard. Parution 1934

Autre édition : Editions de Flore. Parution 1949.

Réédition : Le Sycomore. Parution le 10 octobre 1996

ISBN : 978-2702420430

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11 octobre 2018 4 11 /10 /octobre /2018 05:53

C’est mieux pour ne pas avoir froid aux pieds !

René FREGNI : On ne s’endort jamais seul.

Antoine est veuf et élève seul sa fille Marie, sept ans, adorable petit ange qu’il va chercher à l’école tous les soirs, à cinq heures précises, quelque soit l’issue de la partie de pétanque à laquelle il participe quotidiennement.

Une boule un peu folâtre, qui décide d’aller se cacher dans un égout, et pour une fois le voilà en retard. Marie n’est pas là. Affolé il navigue entre l’école et l’appartement, et vice versa, en vain. Tout cela pour apprendre par des témoins qu’elle serait montée à bord d’une voiture sur l’invitation d’une femme habillée de noir.

Il lui faut se rendre à l’évidence, Marie a été kidnappée. Mais aucune demande de rançon ne lui parvient. Marie est-elle encore vivante ? Il passe ses jours et ses nuits à parcourir Marseille, il use sa santé, ayant plus confiance en lui qu’en la police. Grâce à Carole, l’institutrice, à Jacky Costello alias Cristal, un truand récemment sorti de prison et de Tania la Pute bleue, il entrevoit le petit morceau de ficelle dépassant de la pelote qu’il lui faudra dérouler pour arriver à l’antre du Minotaure.

 

La quête d’un père à la recherche de sa fille enlevée, assassinée peut-être, servant de cobaye à des dégénérés, des pervers, l’amitié qui unit deux hommes dont un voyou au grand cœur, l’aide apportée par une prostituée qui a gardé son âme de fleur bleue, avec Marseille pour toile de fond, tels sont les ingrédients de ce roman qui oscille entre le noir absolu, et le misérabilisme fin XIXème siècle.

Une errance que le lecteur ne voudrait en aucun cas partager.

Parfois dur, très dur, parfois un peu passéiste dans l’évocation du code d’honneur des truands, ce livre vaut surtout par la narration de la douleur du père face à la disparition d’une fille qu’il chérit plus que tout au monde. Avec une vision personnelle et différente de Marseille face à ses confrères qui mettent en scène le port phocéen, qu’il s’agisse de Jean-Claude Izzo, Philippe Carrèse ou Jean-Paul Delfino.

 

Réédition éditions Folio. Parution 14 mars 2002. 172 pages.

Réédition éditions Folio. Parution 14 mars 2002. 172 pages.

René FREGNI : On ne s’endort jamais seul. Editions Denoël. Parution 4 avril 2000. 174 pages.

ISBN : 978-2207250952

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9 octobre 2018 2 09 /10 /octobre /2018 06:10

Le crime du golf ?

Jean-Paul NOZIERE : La maison des pendus.

Jardinier au golf du Val des sources, Tonio aime aussi pratiquer, hors saison, le braconnage en compagnie de son chien Loupiot.

Ce jour de la fin mars, il découvre dans la cabane de chasse située non lion du golf son responsable Victor, surnommé Tété, mort assis sur un banc, tenant son arme, un Merkel de grande valeur. Une balle en plein cœur, et son chien Dakar a lui aussi reçu une balle mortelle. Un suicide apparemment, d’autant qu’une feuille déposée non loin précise que Tété s’est donné volontairement la mort. Quelque chose cloche toutefois, car ce n’est pas avec une carabine que l’on peut se tuer. Alors, n’écoutant que son courage, relatif, Tonio appelle les forces de l’ordre de Sponge, la ville proche, avec le portable de Tété.

Le décor est mis en place, il ne reste plus qu’à remonter le temps et découvrir les différents personnages qui gravitent dans cette histoire pleine de secrets et de rebondissements.

 

Tonio est donc jardinier au golf du Val des sources en compagnie de Maxime, Joseph et Marie, surnommée Marie-couche-toi là, justement pour sa propension à partager le lit de ses collègues, contre rétribution. Faut pas abuser non plus. Ils sont sous les ordres de Victor, dit Tété, et ils ressentent parfois une certaine acrimonie à son encontre. Etre dirigés par un Noir, un Sénégalais pensent-ils avec raison, sinon pourquoi aurait-il appelé son chien, un magnifique griffon Khortals, Dakar, ne leur convient guère. Ils ne disent pas Noir entre eux, mais nègre ou négro, ce qui démontre leur ressentiment. D’autant qu’il habite seul une demeure de prestige toutefois entachée par un sombre drame. Les anciens propriétaires ont été retrouvés pendus, suicidés probablement.

Tonio et ses collègues pensent que la richesse parfois ostentatoire de Victor provient d’un trésor qui fut caché dans la maison. Or cet argent ils aimeraient bien en voir la couleur.

Seulement, le directeur du golf embauche sur recommandation Marcus, un prêtre défroqué qui depuis quelques années était novice dans un couvent proche. Et comme si cela ne suffisait pas, s’ajoute au personnel la belle Lucie qui s’occupera de l’accueil et qui écoute à longueur de journée des chansons des années 1960 et 1970. Des rengaines sirupeuses dont elle fait profiter son entourage. Et Victor s’entiche de ces deux nouvelles recrues, leur proposant d’habiter dans des chambres, elles sont nombreuses, de sa demeure, au lieu de vivre dans des mobile-home comme les autres employés.

Tous ces personnages possèdent leurs secrets, leurs failles, qu’ils gardent jalousement par devers eux. Une coupure de presse provenant d’un journal sénégalais dévoile quelque peu le passé de Victor. Il n’était pas, selon le journaliste, jardinier dans un golf de ce pays africain, mais simple caddy. Et il serait mêlé à une sombre affaire, ce qui l’aurait obligé à se réfugier en France.

 

Deux parties composent ce roman, après la présentation et la découverte du cadavre. Deux parties qui sont l’avant et l’après de ce suicide, ou meurtre maquillé en suicide. Et le lecteur apprend peu à peu les origines, les secrets, les tensions, les rapprochements entre deux clans, tout ce qui va amener au drame. Ensuite ce sont les démarches effectuées par un policier de Sponge concernant la fin brutale de Victor. Et sa frustration lorsqu’il se voit destitué de l’enquête, alors qu’il est persuadé tenir un fil dans cet embrouillamini. Ce sont également les déambulations et le devenir des employés du golf qui sont narrés.

On pénètre peu à peu dans l’esprit des personnages, qui se dévoilent soit par leurs actions au cours du récit, soit par des retours dans le passé. Mais à petites doses, afin d’entretenir le suspense pour une intrigue dont l’épilogue est moral, ou presque.

La religion est évoquée, non seulement parce que Marcus est un moine ou plutôt un novice défroqué, mais parce qu’elle est un ingrédient du comportement de certains protagonistes. Une sorte d’envie et de besoin s’exprimant également sous une forme de rejet.

Un roman tendre et dur à la fois, qui permet à Jean-Paul Nozière d’affirmer tout son talent de conteur, sortant des sentiers battus, avec des personnages atypiques et pourtant si proches, le reflet de l’humain dans ce qu’il a de meilleur et de pire.

 

Jean-Paul NOZIERE : La maison des pendus. Collection Polar. Editions French Pulp. Parution le 13 septembre 2018. 416 pages. 18,00€.

ISBN : 979-1025103807

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5 octobre 2018 5 05 /10 /octobre /2018 06:31

Faut rigoler, faut rigoler, avant que le ciel nous tombe sur la tête…

Jonathan CARROLL : Le pays du fou rire

L’enfance de Thomas Abbey a été marquée par un livre. Pas bercée, marquée !

Un livre pour enfant qui encore aujourd’hui le fait rêver. Son titre : Le pays du fou rire. Son auteur : Marshall France.

Et lorsque Thomas découvre une œuvre de Marshall France qu’il ne possède pas, il se sent submergé par une irrépressible envie de l’acquérir, quel qu’en soit le prix.

Mais Thomas caresse aussi un projet grandiose. Pouvoir un jour écrire la biographie de Marshall France, ce qui jusqu’alors n’a pu être réalisé malgré les tentatives de nombreux autres fanatiques comme lui.

Il fait la connaissance de Saxony, une admiratrice fervente comme lui, dans une librairie qui recèle un exemplaire d’un livre que tous deux convoitent. Thomas et Saxony, en dépit de nombreux différents, décident d’enquêter dans e village où Marshall France a écrit la plupart de son œuvre.

Un petit village niché dans le Sud profond des Etats-Unis, et dont les habitants accueillent les deux jeunes gens avec sympathie et même les encouragent à mener à bien leur projet.

Ce qui ne manque pas de surprendre Thomas et sa compagne qui avaient été mis en garde contre la difficulté de pouvoir réaliser une telle entreprise.

Au bout de quelques jours, imperceptiblement l’atmosphère change. Des faits étranges se déroulent, comme si Thomas était de l’autre côté du miroir.

 

Ce n’est pas Alice au pays des merveilles. La loufoquerie n’est pas poussée comme dans le roman de Lewis Carroll, mais Jonathan Carroll en digne successeur de son presque homonyme entraîne le lecteur vers le merveilleux, l’étrange, en distillant le suspense à doses progressives.

Et le lecteur ne manquera pas de s’identifier, s’il est un lecteur compulsif désirant connaitre toute l’œuvre d’un auteur qu’il apprécie, le lecteur ne manquera pas de se reconnaître en Thomas. La recherche de livres rares est une chasse qui exige de la persévérance et parfois oblige à se surpasser dans la quête.

Jonathan CARROLL : Le pays du fou rire (The Land of Laughs – 1980. Traduction de Iawa Tate). Collection Science-fiction N°2450. Editions J’Ai Lu. Parution septembre 1988. 320 pages.

ISBN : 2-277-22450-2

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29 septembre 2018 6 29 /09 /septembre /2018 06:32

Essuyez vos pieds avant d’entrer sur le terrain !

Hervé MESTRON : Gazon paillasson.

Au centre de formation Thierry Carapini, les jeunes footballeurs en herbe se défoulent en tapant dans le ballon rond et en sortant le soir, au mépris de leur santé et de leur condition physique, en escaladant le mur d’enceinte pour se rendre dans une boîte de nuit.

Quelques copains du nom de Kévin, Louis-Philippe, Roberto, et surtout Youssef Hamidi, le narrateur. Car pour eux, même si le ballon rond, c’est leur vie, leur espoir de se sortir des barres d’achélèmes, le sexe les travaille, la montée d’adrénaline en dépendant peut-être.

Youssef Hamidi est une jeune pousse prometteuse, et il se fait remarquer par un agent, Costa, qui lui promet un avenir radieux. Et il n’a pas tort Costa, car si Youssef n’en a pas beaucoup dans la tête il possède surtout son potentiel dans ses jambes et ses pieds. Le ballon lui colle aux chevilles et comme c’est un attaquant, il défonce les lignes adverses telle une paire de ciseaux découpant un papier.

Bientôt c’est la consécration, Youssef est repéré par un club de Ligue 1, un club parisien, le Racing. Mais il lui faut travailler, avec acharnement, seulement le foot c’est inné en lui. Comme s’il s’était déjà entraîné dans le ventre de sa mère. Et comme il n’y a pas beaucoup d’espace là-dedans, les dribbles, les crochets, l’agilité, c’est tout naturellement qu’il en possède les trucs et astuces.

Le soir il continue à sortir et pour se requinquer, il n’hésite pas comme ses coéquipier et adversaires à requérir à la médecine, du genre celle qui pique. Et le voilà propulsé sur la pelouse lors de grands matchs nationaux et internationaux, la foule en délire scandant son nom. Il occupe le devant de la scène et les bonnes fortunes ne manquent pas. Gaëlle, par exemple dont il fait la connaissance et qui sera un tournant dans sa vie.

L’argent rentre sans difficulté, il n’a même pas besoin de traverser la rue, sauf pour sortir en boîte. Un loft est mis à sa disposition, c’est la grande vie, celle d’une vedette adulée.

Seulement rester au pinacle, cela se mérite, et au moindre faux pas, la dégringolade est plus douloureuse. Il y a toujours un moyen de rebondir, comme la balle dans l’aire de jeu, mais encore faut-il savoir louvoyer et redresser la barre.

 

Naturellement, en lisant ce roman on ne peut s’empêcher de plaquer des images, des noms de jeunes footballeurs précoces, talentueux, un peu naïfs parfois, qui crèvent l’écran mais pas le ballon, qui font la Une des médias, et sont souvent critiqués. Positivement ou négativement, selon leurs résultats sur le terrain et leur conduite dans ce que l’on pourrait considérer la vie privée, les journalistes étant toujours à l’affût du moindre dérapage, autant verbal que comportemental.

Au début, soyons franc, je me suis demandé si j’allais continuer, car le style ne me convenait pas. Je suis un peu Vieille France quant à l’écriture. Mais en faisant abstraction de mes réticences, je me suis aperçu que l’auteur avait raison dans sa démarche. C’est bien un gamin qui s’exprime, entouré d’autres adolescents, et il faut respecter le choix de l’auteur. Leurs propos, leurs façons de s’exprimer, leurs visions de la vie et de leurs rapports avec les femmes, c’est la réalité qui est ici décrite. Même si l’on souhaiterait qu’ils se conduisent en gentlemen car ils deviennent des références vis-à-vis des gamins des cités.

Et au fur et à mesure que l’on avance dans le récit, l’on se prend à ressentir une certaine sympathie envers Youssef, l’encourageant ou déplorant ses avatars.

Bref un roman actuel qui s’adresse tout autant à une jeune génération qu’aux supporters, surtout ceux qui ont tendance à brûler trop rapidement ceux qui deviennent des icônes dans ce qui n’est qu’un jeu, un sport dans lequel tout le monde n’a pas la chance de réussir et de sortir d’une condition sociale biseautée au départ.

Hervé MESTRON : Gazon paillasson. Editions LBS sélection. Parution le 17 mai 2018. 168 pages. 15,00€.

ISBN 978-2378370305

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22 septembre 2018 6 22 /09 /septembre /2018 06:24

Laisse un goût de miel ?

Jonathan CARROLL : Le baiser aux abeilles

Neuf romans et trois mariages. Ratés ! Les mariages, s’entend, car pour ce qui est des romans, ce sont des best-sellers. Mais l’inspiration de Sam Bayer est depuis quelques temps aux abonnés absents et sa plume ne veut plus courir sur le papier.

Son éditeur et son agent littéraire le pressent de leur fournir un nouveau livre rapidement, mais cela ne s’écrit pas à la demande. Cela n’empêche pas Sam Bayer d’entretenir sa popularité lors de nombreuses séances de dédicaces, les lecteurs étant toujours aussi nombreux et friands de petits mots et de signatures sur les bouquins qu’ils possèdent ou viennent d’acheter.

Lors d’une séance organisée dans une librairie new-yorkaise, une jeune femme se présente à lui, avec quelques romans. Elle est collectionneuse et possède des ouvrages traduits en plusieurs langues. Sam Bayer, qui ne baille pas, est subjugué par cette beauté qui se nomme Veronica Lake. Comme l’égérie du cinéma américain des années 1940.

Rentrant chez lui dans le Connecticut, Sam Bayer ressent brusquement le besoin de retourner à sa maison. Pas celle où il vit actuellement, une grande bâtisse dans laquelle il vit seul en compagnie de son peu agréable chien Louie, mais celle de son enfance à Crane’s View. Il a quitté la petite ville trente ans auparavant, et la dernière fois qu’il y est retourné remonte à dix ans. Une bouffée de nostalgie l’étreint.

Il s’arrêt au Scrappy’s Diner, le lieu de rendez-vous des adolescents à son époque, et les souvenirs affluent. Afin de le faire patienter, la serveuse lui propose de consulter l’annuaire du lycée local. Ainsi il pourra reconnaitre d’anciens professeurs qui exercent toujours. Interloqué il aperçoit un visage inconnu mais qui est associé à un nom qui lui ne s’est pas dissolu dans sa mémoire. Pauline Ostrova.

Sa Pauline Ostrova était la tante de celle dont le portrait figure sur cet annuaire. Etait, car la Pauline Ostrova qu’il a connu est morte. Il avait repêché son corps flottant dans l’Hudson, un soir qu’il s’amusait avec ses copains, une petite bande vauriens. Il n’avait que quinze ans, et cet épisode l’avait fortement marqué. Un coupable présumé avait été arrêté, le petit ami de Pauline. Or Edward Durant, c’était son nom, avait avoué, et incarcéré à Sing Sing. Le jeune homme s’était pendu dans sa cellule ne supportant plus de servir de fille aux caïds de la prison.

Sam Bayer est persuadé tenir le sujet de son prochain roman et il en informe son éditeur et son agent. Il en fait part également à sa fille Cassandra, seize ans ainsi qu’au petit ami de celle-ci, lequel va l’aider dans ses recherches. Car il se demande si Edward Durant, malgré ses aveux, était réellement coupable Pauline étant connue comme une jeune fille volage butinant les jeunes pousses et les vieilles tiges. Il retrouve également quelques anciens amis, dont Frannie McCabe, qui est devenu le responsable de la police de Crane’s View. L’ancien loubard devenu policier, Sam Bayer n’en revient pas. Veronica Lake elle aussi apporte son soutien et sa possibilité d’effectuer des recherches sur certains des habitants de Crane’s View, ceux qui étaient susceptibles d’être à l’origine du meurtre de Pauline Ostrova.

Mais ces recherches dans le passé semblent importuner quelqu’un et Sam Bayer reçoit des messages l’invitant à calmer ses ardeurs de détective, tandis que d’autres, au contraire, sont pressés de lire son futur manuscrit. Et quelques cadavres vont parsemer ses recherches.

 

Le seul reproche que l’on peut effectuer à propos de ce roman, et encore n’est-ce qu’un avis personnel, réside dans la longueur de cette enquête particulière. En effet plus d’une année va s’écouler entre le début de la résolution de Sam Bayer de remonter le passé, et l’épilogue final qui apportera la solution.

Malgré cette petite réserve, l’intrigue de ce roman est particulièrement intéressante pour plusieurs raison. L’enquête en elle-même bien évidemment, mais aussi les rapports parfois ambigus entre les différents protagonistes. Entre Veronica Lake et Sam Bayer surtout.

Cette relation est un peu du genre Je t’aime moi non plus, car la jeune femme apporte des éléments confidentiels sur des événements passés qu’elle puise auprès de personnages peu recommandables parfois. Et Sam Bayer apprend par des moyens détournés des épisodes peu glorieux sur la jeunesse de Veronica, ce qui lui chamboule l’esprit. L’ami de cœur de sa fille Cassandra lui non plus n’est pas inactif car malgré son jeune âge, il s’infiltre dans des réseaux informatiques et soulève de nombreux lièvres.

Il existe entre Sam Bayer et l’auteur une certaine corrélation. Et la difficulté de trouver l’inspiration de la part de l’écrivain de papier est peut-être celle que peut ressentir l’écrivain de chair. Une impression qui se dégage dans les premières pages, et la rencontre entre Veronica Lake et le romancier peut se traduire par un épisode réel, vécu. Car le lecteur ne se rend pas toujours compte du travail de l’écrivain pour la promotion d’un roman.

Les tournées de promotions peuvent être exaspérantes et épuisantes. Trop de villes en trop peu de jours, des interviews avec des gens qui n’ont pas lu votre livre mais ont besoin de vous pour remplir quelques minutes d’une émission télé ou radio sans queue ni tête, des repas solitaires dans des restaurants lugubres… A mes débuts, ces tournées me semblaient excitantes et romantiques ; à présent, je m’en acquittais comme je serais allé pointer à l’usine.

Une réflexion qui sent le vécu. Et le sexe dans les romans, qu’en pensent l’auteur et son double ?

Quoique mes romans comportent beaucoup trop de scènes de sexe de bas étage, je ne tenterai même pas de décrire ce qu’a été mon expérience avec Veronica Lake. Les mots sont impuissants à traduire le sexe. Bien sûr, on peut toujours faire monter les blancs en neige afin de créer des simulacres, d’accoupler verbalement des éléments de corps, mais le résultat est aussi éloigné de la réalité que peut l’être une carte postale d’un authentique paysage.

 

Le drame de la vieillesse, c’est de ne plus pouvoir mettre en pratique le savoir qu’on a mis si longtemps à acquérir.

Le problème n’est pas de s’aimer, mais de vivre ensemble. Quand l’amour vous bâtit une maison, c’est à vous de la meubler.

Jonathan CARROLL : Le baiser aux abeilles (Kissing the Beehive – 1998. Traduction Nathalie Serval). Collection Imagine. Editions Flammarion. Parution le 20 mai 2002. 308 pages. 16,30€.

ISBN : 978-2080682642

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9 septembre 2018 7 09 /09 /septembre /2018 13:20

Plus précieux que les chemises de l’Archiduchesse !

Jean FAILLER : Les diamants de l’Archiduc.

Ayant lu avec plaisir les dernières aventures de Mary Lester, la charmante policière du commissariat de Quimper n’hésitant pas à voyager pour résoudre les meurtres auxquels elle est confrontée par hasard ou par conviction dans toute la Bretagne, l’occasion me fut donnée de la découvrir dans l’une de ses premières enquêtes.

Dans Les diamants de l’Archiduc, on la découvre dans sa nouvelle affection comme stagiaire dans une intrigue qui frise le fantastique sans jamais y succomber. Elle est dévolue aux tâches subalternes, aux écritures, et ce n’est pas le genre de travail exaltant auquel elle s’attendait. Le commissaire Fabien est en vacances et c’est son adjoint, Bredan, qui le supplée. Il va aspire à une retraite bien méritée ( ?) et ne veut pas s’encombrer de dossiers litigieux. Elle fait équipe avec l’inspecteur Fortin dont l’occupation favorite est de lire le journal L’Equipe. Et pendant qu’il s’adonne à sa lecture, il ne fait pas de bruit.

Mary Lester redécouvre la capitale de la Cornouaille, préfecture du Finistère, et la vieille ville l’attire. Car jeunette, elle venait en vacance dans la cité préfectorale chez ses grands-parents, et elle en garde une certaine nostalgie. C’est ainsi qu’elle va faire la connaissance de L’Archiduc, qui se prénomme Bertrand, par hasard, alors qu’il quémande à la terrasse du café où elle déguste une boisson chaude, afin de recueillir quelques piécettes qu’il dépensera dans un litron de rouge. Il se fait alpaguer par les policiers, à défaut des punks qui avaient organisé un joyeux chambard, mais quelques jours plus tard elle retrouvera ce trouvère moderne.

Ils discutent et au cours de la conversation, il lui avoue connaître quelques éléments sur une affaire de vol de bijoux, vol qui s’est déroulé quelques temps auparavant, et surtout savoir que si deux des malandrins ont été arrêtés, que deux autres ont été tués et sont enterrés dans un endroit secret. Il ne veut en dire plus, l’incitant à se renseigner dans les archives du journal local.

Il lui confie également que trois ou quatre jours par mois, il est ainsi embastillé. Pourtant elle n’a pas trouvé trace de son nom, de ses interpellations, dans le registre des inculpations. C’est ainsi que Mary Lester est amenée à effectuer une enquête à rebours car si l’Archiduc est ainsi emmené en geôle, c’est pour une œuvre pie.

 

Court roman dans lequel Mary Lester est impliquée sur une affaire classée, mais qui sous son impulsion se retrouve au goût du jour, malgré le commissaire par substitution. Lors de ce vol de bijoux, une prise d’otages avait défrayée la chronique, et le fait qu’un gamin de quatre ans soit parmi les otages.

On retrouve avec plaisir Mary Lester à ses débuts et il manque quelques précisions dans cette histoire dont l’épilogue est assez abrupt. Le personnage de l’Archiduc reste dans le flou, on aurait aimé en savoir un peu plus sur son passé. Pourquoi il est devenu un clochard, et quelles sont ses motivations, même si un début de réponse est donné. En effet, dans la cellule où il est consigné trois ou quatre jours par mois, il cohabite avec un jeune homme atteint d’une forme de lycanthropie. Mais cela n’explique pas tout. On s’en contentera.

Mais le petit côté, disons humaniste, c’est le petit chien qui accompagne partout l’Archiduc. Banal, me direz-vous. Sauf que, lorsque l’éclopé de la vie est alpagué par les policiers, c’est Mary Lester qui prend soin du canidé, l’emmène au toilettage et le garde le temps de l’incarcération.

Ce roman, le deuxième de la série Mary Lester, écrit en octobre 1993 et publié en première édition aux éditions Alain Bargain, comporte quelques petites négligences de relecture, de ce que l’on pourrait qualifier d’erreurs de jeunesse de l’auteur, même s’il avait déjà atteint la cinquantaine.

Ainsi peut-on lire page 14 :

Elle s’assit et commanda un café.

Mais page suivante :

Sur le guéridon de marbre, un pot de thé fumait et il ne lui manquait qu’une pâtisserie pour se sentir vraiment heureuse.

Ah, ces garçons de café, ils sont vraiment étourdis, parfois !

 

Jean FAILLER : Les diamants de l’Archiduc. Une enquête de Mary Lester N°2. Editions du Palémon. Parution 4e trimestre 1998. 176 pages. 9,00€.

ISBN : 978-2-907572-13-2

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8 septembre 2018 6 08 /09 /septembre /2018 07:42

Le mystère du Carré potager ?

Anne PERRY : Le mystère de Callander Square.

Pour planter un arbre, il faut un arbre, un ou deux arboriculteurs, un emplacement adéquat, de la bonne terre avec si possible de l’humus et des engrais organiques.

Toutes les conditions sont réunies sauf que l’impondérable se produit lorsque l’un des arboriculteurs découvre un os. Et pas n’importe quel os ! Celui d’un être humain, d’un bébé, déposé là depuis quelques mois. C’est ce que confirme le légiste à l’inspecteur Thomas Pitt qui a été aussitôt prévenu de cette découverte macabre. Et comme un seul ne suffisait pas, un second cadavre est découvert sous le premier, mais enterré environ deux ans auparavant.

Selon les premières constatations, les nouveau-nés seraient morts naturellement même si le second présente une déformation crânienne.

En ce mois d’octobre 1883, le premier travail que se donne Pitt est de recenser les habitants de ces magnifiques demeures cossues de ce quartier huppé. Selon lui, la mère des gamins pourrait être l’une des servantes de ces familles qui, pour une raison ou une autre, aurait soit perdu ses gamins mort-nés, soit les avoir tués, afin de ne pas subir l’opprobre de ses employeurs.

Il rencontre successivement, Balantyne, un général en retraite, et sa famille composée de sa femme lady Augusta et de ses deux enfants Christina et Brandon dit Brandy, le docteur Freddy Bolsover, marié avec Sophie, Reggie Southeron, directeur de banque et sa femme Adelina, Sir Robert Carlton, qui est au gouvernement, et sa jeune épouse. Les autres sont soit absents, soit ne possèdent que des valets, donc théoriquement n’entrant pas dans le cercle de ses recherches.

Charlotte, la jeune épouse de Pitt, tout juste enceinte, décide d’aider son mari dans son enquête, et accompagnée de sa sœur Emily qui a épousé un représentant de la bonne société, va fouiner dans ce quartier. Elle se fait même embaucher par le général Balantyne, sous son nom de jeune fille, Ellyson, pour mettre à jour ses notes et ses archives dans le but de rédiger un mémoire sur les différentes guerres auxquels ont participé ses ancêtres. Comme ça elle a un pied dans la place et deux yeux sur le square.

Les investigations de Pitt sont tout juste tolérées, car un policier, même du grade d’inspecteur, est considéré comme un être inférieur, à classer parmi les valets et servantes. Pour autant ses rencontres avec les majordomes, valets, servantes, femmes de chambre ne se révèlent pas inutiles. Et si ce n’est pas lui qui découvre les dessous de certains secrets, c’est Charlotte qui en est témoin.

Ainsi Christina, la fille du général Balantyne se laisserait aller à quelques privautés avec Max, le majordome. A moins que ce soit le majordome qui obéirait aux désirs de sa jeune maîtresse. Il n’en est pas moins vrai que Christina serait enceinte, des nausées et autres petits problèmes indiquant un état dit intéressant. Il faudrait la marier avant que cela soit trop flagrant. Alan Ross serait le gendre idéal, même si deux ans auparavant il fleuretait avec Helena, laquelle depuis a disparu. Encore une énigme.

D’autres cadavres sont cachés dans des placards, et il ne s’agit pas toujours d’une image de rhétorique, tout au moins pour les cadavres.

 

De novembre 1883 à janvier 1884, le lecteur est invité à s’immiscer dans la bonne société et à découvrir les dessous pas toujours très nets de ceux qui se sentent supérieurs. Anne Perry, à l’aide de quelques cas, quelques familles, décrit la société victorienne sans concession. Et met l’accent sur la condition négative de la femme, surtout dans la société huppée constituée de nobles et bourgeois très aisés.

Ainsi Charlotte Pitt, qui a fait un mariage d’amour, alors que sa situation lui aurait permis de prétendre à mieux. Surtout pour ces parents. Et aujourd’hui, au moment où se déroule cette histoire, elle peut enfin lire les journaux.

Avant son mariage, son père lui interdisait ce genre de lecture. Comme la plupart des hommes de son rang, il jugeait cela vulgaire et totalement inconvenant pour une femme. Après tout, ce n’était qu’un salmigondis de crimes et de scandales, et de notions politiques impropres à la considération des personnes du sexe féminin, outre le fait, bien sûr, qu’elles étaient intellectuellement inaccessibles.

 

Les petites incartades des servantes sont considérées avec une certaine mansuétude de la part de certains. Ainsi Reggie Southeron pense, en dégustant son porto dont il abuse quelque peu :

Il y avait peu de distractions dans l’existence d’une servante, et tout le monde savait que les filles, surtout celles qui venaient de la campagne pour s’élever dans l’échelle sociale, ne répugnaient pas à se divertir. C’est bien connu, du moins de ceux qui menaient un certain train de vie. Mais il était fort possible que la police, qui ne valait guère mieux que les marchands ou les serviteurs eux-mêmes, voie les choses d’un tout autre œil.

 

Bien d’autres exemples sur la possible infériorité intellectuelle et sentimentale des femmes sont énoncés dans ce roman, des opinions émises par des hommes bien entendu, mais ceux-ci ne se rendent pas compte qu’ils sont les jouets de leurs fantasmes, engoncés dans leurs préjugés, et lorsqu’ils sont confrontés à la réalité, ils tombent de haut. Mais ce n’était pas encore l’époque où les femmes pouvaient revendiquer l’égalité et au moins le respect.

Anne PERRY : Le mystère de Callander Square. (Callander Square – 1980. Traduction de Roxane Azimi). Collection Grands Détectives N°2853. Première parution mai 1997. 384 pages. 7,50€. Cet ouvrage a été réimprimé à de nombreuses reprises sous différentes couvertures.

ISBN : 978-2264025845

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7 septembre 2018 5 07 /09 /septembre /2018 08:16

C’est ce que l’on appelle l’enfer ?

Jean MURELLI : Les noirs paradis.

L'esprit complètement ensuqué, Clément Bonnat se réveille dans une pièce qu'il ne connait pas. Normalement il aurait dû fêter le réveillon de Noël avec sa compagne Mariette et il est attablé parmi un véritable désordre d'assiettes, de plats, et de reliefs d'un repas copieusement arrosé.

Soudain la mémoire lui revient. La veille au soir, alors qu'il rentrait de la réception organisée pour Noël à Lorquigny par son patron - il est représentant-placier d'une marque de peinture - il aperçoit au bord de la route un homme dont la voiture a glissé dans le fossé. Il le prend à bord de son véhicule et l'accompagne chez lui à Sagemont-en-Seine. Dupré, dont la femme et les filles sont parties aux sports d'hiver, l'invite à réveillonner avec lui et Bonnat; par lâcheté, n'ose pas refuser. Dupré, entre deux verres lui a parlé d'une légende locale, un moine issu du XVe siècle qui aurait fait sa réapparition, avec cadavres à la clé.

A trois heures du matin, Dupré lui a proposé un café, et Bonnat s'est endormi sur la table. Maintenant il est six heures, et il lui faut penser à rentrer. Bonnat se rend dans la cuisine et il découvre Dupré affalé, mort, une vilaine griffure sur la nuque. Comme il n'est pas loin de Flavricourt et de Rambaud, deux patelins où il est né et a vécu, Bonnat décide de se rendre chez ses amis d'enfance, les Devolder, et de leur demander leur soutien.

En effet, lorsqu'il était gamin, il fréquentait Isoline et Joachim, son cousin qui est devenu son mari. La mère de Bonnat était bonne chez le père de Joachim, grand industriel à la tête d'une filature. Déjà Isoline était fantasque, mais il en était amoureux. Ils acceptent de dire que Bonnat avait passé la soirée avec eux, et il peut rejoindre son foyer parisien la conscience tranquille.

Mariette, sa compagne, et leurs voisins, Françoise et son mari J.B., se posaient de questions quant à sa défection au réveillon. Mentant avec aplomb, Bonnat pense s'en être tiré. D'autant qu'il traîne derrière lui dix-huit mois de cabane pour une histoire frauduleuse dont il fut la victime. Et son casier judiciaire entaché ne plaiderait pas en sa faveur s'il était soupçonné de meurtre. Seulement, il se rend compte que son calepin a disparu. Or sont consignés dessus ses nom et adresse, ceux de ses clients et une annotation de Dupré qui lui fournissait l'adresse d'un nouveau client.

Bonnat se rend à nouveau au Prieuré, le nom de la demeure de Dupré, mais aperçoit des policiers en train d'enquêter. Et parmi ceux-ci J.B. qui est inspecteur de police. Cela n'arrange pas ses affaires.

Un cycliste remet le précieux document, emballé, à sa concierge et Bonnat soupire. Pas longtemps, car l'expéditeur s'est amusé à dessiner sur une page une capuche de moine avec à l'intérieur une tête de mort.

Un nouveau meurtre similaire est perpétré dans les environs de Sagemont. Heureusement ce soir là ils étaient, lui et Mariette, invités chez leurs voisins, J.B. et Françoise, pour regarder la télévision.

 

Le début du roman commence comme une histoire à la William Irish. Un personnage qui sort d'un évanouissement, coup porté à la tête ou coma éthylique, et découvre près de lui le cadavre d'un homme qu'il ne connait pas ou depuis peu de temps. Bonnat ne cherche pas à savoir qui est le coupable, mais bien à défendre son intégrité, d'autant que son voisin policier mène l'enquête.

Donc il s'agit d'abord d'un roman d'angoisse et de suspense, ces deux ingrédients étant entretenus par la narration à la première personne.

Mais dans ce qui pourrait être une seconde partie, le thème de la sorcellerie diffuse s'installe, avec d'autres meurtres à la clé, et une ambiance relayée par les rumeurs des habitants du village. Celle d'un moine, ou de son fantôme, revenant accomplir une sorte de vengeance mais dont les motivations sont inconnues.

Le décor joue un grand rôle, celui du manoir de La Brettière, avec ses tours, ses couloirs, ses secrets, ses passages souterrains, la forêt environnante. Ainsi que ses habitants, Isoline et Joachim son mari et petit cousin. Elle est toujours pareille que dans son enfance, belle à couper le souffle, toujours aussi vive, un peu fofolle. Joachim lui n'a qu'une passion, ses serres avec ses plantes rares qu'il cultive avec amour. Sans oublier quelques personnages, peu nombreux, Juliette la servante du château, la mère de Bonnat, femme rigide qui a toujours servi le père Devolder et qui n'appréciait pas que son fils ait des relations avec les enfants du Maître.

C'était un temps où le paternalisme qui prévalait encore et Bonnat en a profité durant un certain temps. C'était le temps où la télévision se regardait entre voisins, Bonnat et Mariette par exemple étant invités à la regarder certains soirs.

 

En exergue un extrait du poème de Baudelaire, Moesta et errabunda : ... Mais les verts paradis des amours enfantines...

 

Jean MURELLI : Les noirs paradis. Collection Angoisse N°110. Editions Fleuve Noir. Parution 3e trimestre 1964. 224 pages.

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5 septembre 2018 3 05 /09 /septembre /2018 08:06

Sur les genoux ? A dada sur mon chameau, quand il trotte…

Une production Christian JACQ !

Célestin VALOIS : Faites sauter le Pharaon.

A trente ans, Basile Espérandieu, dit tout uniment Basile, est maître de recherche détaché du Centre National de la Recherche Scientifique et correspondant de l’Académie des Sciences. Ce qui en jette. Et il émarge à un service secret, un service de renseignements fondé sur les échanges des correspondants des Cinq Académies, et dont le but est de regrouper les informations recueillies auprès de chercheurs de tous horizons. Cette émanation scientifique est indépendante des pouvoirs politiques et peut ainsi voler de ses propres ailes. La finalité étant de tisser un réseau international pour sauver le monde de la dictature. Tout un programme, une utopie que l’on ne rencontre que dans les romans. Mais néanmoins on peut rêver à son existence.

Mais Basile est distrait. Il se trompe dans les dates par exemple, dans les cartes et les digicodes pour s’introduire en toute légalité et insouciance sous la Coupole de l’Institut de France. C’est ainsi que son intrusion perturbe son chef, l’un des trois plus grands physiciens français, mais comme Basile avait terminé il vient remettre son rapport sur la mission qui lui avait été confiée, avec quelques jours d’avance.

Cette mission, qu’il avait acceptée comme Monsieur Phelps, sans quoique ce soit se détruise dans les cinq secondes, consistait en la remise d’un rapport sur les relations politiques entre l’Egypte et Israël et leur potentiel scientifique. Et pour sceller cette alliance, le président égyptien doit se rendre à Jérusalem car il a un projet qui ne fait pas que des heureux. Bref, Basile se propose de retourner en Egypte afin de peaufiner sa mission.

En attendant, il se rend de nuit dans une pharmacie homéopathique où travaille Béatrice, la jeune directrice du laboratoire homéopathique de l’officine et accessoirement sa maîtresse. Il a caché dans une armoire un vase égyptien qu’il destine à son amoureuse. Il possède la clé de la porte d’entrée, mais il n’en a pas besoin, car celle-ci est déjà ouverte. Des voleurs se sont introduits dans la boutique. Ils espèrent pouvoir s’emparer du vase d’albâtre qui émet un trait violet et des rayons rougeâtres.

Les deux hommes sont éberlués, et l’un d’eux choit tandis que l’autre parvient à s’enfuir, non sans avoir violemment percuté Basile qui se retrouve les fesses par terre. Et menotté car la police vient de faire son apparition.

Conduit au commissariat, Basile est embastillé en compagnie d’un truand, Jo le Corse, qui a fondé la Société de Défense de l’Environnement du bois de Boulogne. Une société destinée à protéger ses intérêts dans ce qui dans le temps se nommait le pain de fesses. Basile à l’aide d’un petit outil, un vulgaire trombone de bureau, ouvre les menottes de son nouvel ami qui s’était fait coffrer exprès, recherché qu’il était pour une histoire de dettes avec le Grec. J’abrège.

Basile est dédouané par l’individu assommé, car naturellement il ne possédait pas ses papiers sur lui. Une distraction de plus qui aurait pu lui être fatale. Seulement l’inspecteur Lafuge n’est pas convaincu de l’innocence de notre scientifique agent secret, et il décide, sans en informer sa hiérarchie de suivre pas à pas Basile qui fidèle à son idée va embarquer pour l’Egypte.

Mais le vase égyptien n’est pas un objet unique, un autre existe et doit être remis lors d’une cérémonie entre Begin et Sadate afin de sceller l’amitié entre les deux peuples. Seulement il contient un produit nocif qui lors de l’ouverture du vase risque de provoquer la mort de très nombreuses personnes. Une petite manipulation à découvrir dans un grimoire permet cette opération d’enlèvement d’opercule sans danger. Mais encore faut-il trouver la clé.

 

Nous suivons avec amusement les tribulations de Basile le Distrait, ainsi que divers protagonistes, dans ses déplacements et ses recherches. Un roman humoristique d’aventures qui pourrait être une aimable bluette, à la façon d’agents secrets comme l’avait si bien interprété Don Adams dans la série télévisée Max la Menace de Mel Brooks et Buck Henry à la fin des années 1960.

Mais on ne peut s’empêcher de penser également à Pierre Richard dans Le Grand blond avec une chaussure noire, un film d’Yves Robert de 1972, d’autant que Basile lui aussi est blond, et que cette couleur de cheveux est anormale en pays arabe. Surtout lorsque Basile se trouve sans chapeau dans un édifice religieux.

Les gags s’enchaînent dans la joie et la bonne humeur, sauf pour quelques participants à cette aventure mouvementée. Car en sous-main d’autres protagonistes n’apprécient pas le rapprochement envisagé entre Sadate et Begin. Des marchés juteux sont en jeu. Et quarante ans ou presque après la parution de ce roman, on peut se dire que rien n’a changé ! Et même que cela a empiré.

 

Fausener faisait partie du cercle étroit de ces hommes, inconnus du grand public, qui dirigent la marche boiteuse du monde. Il laissait le devant de la scène aux présidents pantins, aux chefs corrompus des partis politiques, à la kyrielle de gugusses qu’il manipulait à sa guise.

 

Célestin VALOIS : Faites sauter le Pharaon. Série Basile le distrait N°1. Editions Plon. Parution mai 1980. 224 pages.

ISBN : 2259006175

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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