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15 juillet 2019 1 15 /07 /juillet /2019 04:34

Des grammes qui valent des kilos…

Patrick ERIS : Quelques grammes de brutes dans un monde de finesse.

Etre directeur d’une agence de mannequinat n’est guère banal, surtout lorsque l’on n’a que quatorze ans. Mais Emilio Esteban, s’il est jeune ne manque pas d’expérience et comme son QI est stratosphérique (comme dirait un commentateur sportif télé qui n’a pas peur d’employer des mots dont il ne connait pas le sens et que ses confrères moutonnants relaient dans un ensemble digne des ovins de Panurge), il se débrouille honorablement.

Sa grande sœur Rhonda Jane l’aide dans ses démarches et il peut compter également sur leur tuteur, Chico, garagiste installé juste en face de leur domicile. Et les parents, me demanderez-vous benoîtement ? Ils sont morts quelques années auparavant dans un accident.

Emilio était une petite vedette de la publicité, plongé très jeune dans le grand bain pour des réclames du savon Dékrass. Il avait amassé ainsi une petite fortune que géraient ses parents mais à leur mort celui qui avait été nommé leur tuteur officiel s’était carapaté avec le magot. Ce qui fait qu’il ne leur restait plus grand-chose à lui Emilio et à sa sœur et que Chico, l’ami de la famille, avait été investi tuteur remplaçant, mais un tuteur efficient.

Emilio est plongé dans ses comptes lorsque tout à coup la porte de la pièce vole en éclats et que deux hommes s’introduisent avec force fracas. Ils veulent parler au père d’Emilio, le responsable de l’agence selon eux, ce qui prouve qu’ils ne sont guère renseignés, réclamant les coordonnées de Señorita Alvez. Il s’agit d’une gamine qui émarge à l’agence comme mannequin et a déjà posé pour de nombreuses séances de photos.

Pourquoi les deux hommes, surnommés l’Armoire et King Kong au vu de leur corpulence, réclament-ils les coordonnées de la jeune fille, Emilio n’a guère le temps de leur poser la question devant l’air vindicatif des deux brutes. Et ils se seraient chargés de le maltraiter si Rhonda Jane ne s’était pas interposée. Avant de chercher des noises à des gamins, il vaut mieux se renseigner mais comme je l’ai déjà signifié plus haut, ils avaient omis de se documenter. Aussi ils ne savaient pas que Rhonda Jane est championne de karaté et ils sont rapidement éjectés de la pièce.

Les deux hommes parviennent à s’enfuir, malgré l’aide apportée par Chico et ses trois employés, à bord de leur véhicule. En réalité l’Armoire a bien été capturé par Chico, et sous la menace de représailles indique son nom, Blowit, et celui de leur employeur, un prétendu Coyotte. Mais il parvient à jouer la belle, et à rejoindre son compagnon qui n’attendait que lui pour démarrer. Ils sont pris en chasse par Rhonda Jane qui conduit une Triumph hors d’âge mais encore vaillante. Emilio s’installe derrière elle et la moto se lance à la poursuite des deux brutes qui se plantent. King Kong est définitivement hors circuit quant à Blowit, il a disparu dans la nature.

Heureusement Emilio a ramassé un papier dans le véhicule, un vulgaire bordereau de livraison au nom de la blanchisserie White Blanco, du nom de son créateur un demi-siècle auparavant. Ce n’est pas grand-chose, et pourtant il s’agit bien d’un début de piste que vont remonter sans barguigner Emilio et sa sœur et quelques autres.

 

Narré sur un mode humoristique, ce roman pour adolescents que l’on pourrait qualifier de tragicomique ne manque pas d’intérêt et Patrick Eris s’attelle à la grande lessive californienne. Car j’ai omis de vous signaler que l’action se déroule près de la frontière mexicaine.

Et ce qui n’était qu’une aimable histoire narrée par un enfant de quatorze ans, qui possède un QI stratos… un peu supérieur à la moyenne disons, prend de l’ampleur au fur et à mesure de son développement.

Et l’on pourrait même dire que ce roman est débridé et dans lequel on peut laver son linge sale, mais pas en famille. Avec un petit goût de fantastique car l’un des protagonistes de ce conte relève du prototype d’un exosquelette.

Et cette histoire prend encore plus d’acuité vers sa conclusion à cause des événements qui se déroulent actuellement sous l’impulsion d’un président américain arrogant et, n’ayons pas peur des mots, raciste.

Et comme je le dis souvent, les romans publiés dans des collections destinées aux adolescents ne sont pas réservés à une tranche d’âge prédéfinie et les adultes peuvent en tirer de nombreux enseignements, s’ils ne sont pas confis dans leurs réactions ségrégationnistes et s’ils veulent bien réfléchir à ce qu’il se passe autour d’eux.

Patrick ERIS : Quelques grammes de brutes dans un monde de finesse. Collection Séma’Cabre. Editions Séma. Parution le 15 juin 2019. 146 pages. 14,00€. Version numérique : 4,49€.

ISBN : 9782930880853

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3 juillet 2019 3 03 /07 /juillet /2019 04:03

Ce roman a reçu le Grand prix littéraire du salon de l’enfance 1955.

Paul BERNA : Le cheval sans tête.

Peut-être avez-vous déjà lu des romans de Paul Berna sans le savoir. En effet Jean Sabran, son véritable patronyme, écrivait des romans noirs pour les adultes sous le pseudonyme de Paul Gerrard.

A Louvigny-Triage, les gamins qui composent la bande à Gaby s’amusent à dévaler la rue des Petits-Pauvres jusqu’au chemin de la Vache-Noire à une allure frisant celle de Formules-1 en réduction en enfourchant le cheval-sans-tête de Fernand. C’est le père d’icelui qui a troqué ce tricycle à corps de cheval à un chiffonnier contre trois paquets de tabac gris. Vous dire que ce tricycle n’est pas de première jeunesse est une évidence mais même sans tête ce jouet occupe de longues après-midi pour des gamins qui n’ont pas douze ans.

Outre Gaby, le chef de bande, et Fernand l’heureux propriétaire, enfourchent à tour de rôle les trois filles, Marion dite la fille aux chiens, Mélie et Berthe, ainsi que Tatave, Zidore, le petit Bonbon, Juan-l’Espagnol et Criquet Lariqué le négro du faubourg-Bacchus, avec cet engin descendant la pente à fond les gamelles. Parfois il y a de petits incidents de parcours, car il faut freiner avec les pieds, mais cela n’empêche pas les gamins d’enfourcher sans peur et sans reproche le tricycle diabolique.

A quelques jours de Noël, soit un an après avoir été mis au pied du sapin chez Fernand, et alors que l’espérance de vie n’avait été calculée que pour trois mois environ, le cheval-sans-tête roule toujours. Et apparemment ce jouet intéresse des adultes qui ont largement dépassé l’âge de ce genre de divertissement.

D’abord, Roublot, le camelot qui vend sur le marché tous les jeudis des articles ménagers, qui semble inquiet lorsque l’inspecteur Sinet se met à courir après un individu. Ensuite deux personnages à l’aspect rébarbatif, Pépé et Pas-Beau, proposent aux enfants d’acheter leur cheval sur roues pour une somme astronomique. Ce cheval-sans-tête, c’est leur joie de vivre et l’argent ne le remplacera jamais. Et puis de toute façon, un accident est vite arrivé et lors d’une descente, le tricycle est démantibulé, la fourche cassée. Il n’y a plus qu’à le réparer, si cela est possible.

Et c’est possible, grâce à un collègue du père de Fernand qui effectue les soudures adéquates et comme le chiffonnier a retrouvé dans son bric-à-brac la tête équine, elle devrait pouvoir être réajustée sur le corps qui entre temps a été nettoyé, vidé des objets qui n’avaient rien à y faire dedans. Dont une clé qui va servir à Gaby, Fernand et leurs amis. Aussitôt retrouvé en bonne santé, aussitôt disparu. Quatre individus volent l’animal, l’emportant à bord d’une fourgonnette. Et les amis reconnaissent les deux gredins qui les avaient abordés.

Pendant ce temps, au commissariat de Louvigny-triage, l’inspecteur Sinet et son collègue Lamy se désolent. Ils n’ont jamais rien à se mettre sous les dents, alors que leurs collègues de la police judiciaire doivent s’occuper de multiples affaires, dont le vol d’argent dans le Paris-Vintimille. De l’argent convoyé dans le wagon réservé à la Poste pour le tri du courrier. C’est à ce moment qu’ils sont dérangés dans leurs réflexions par une bande de gamins désirant porter plainte contre un vol. Celui du cheval-sans-tête !

 

Le cheval-sans-tête ravivera les souvenirs des plus âgés, comme moi, je n’ai pas peur de l’avouer, le temps où les gamins s’amusaient avec pas grand-chose et qu’un jouet, même à moitié cassé satisfaisait à leur bonheur.

Louvigny-Triage, qui est situé non loin de Villeneuve-Saint-Georges, porte encore les stigmates de la dernière guerre. Les habitants sont pour la plupart des cheminots, travaillant aux ateliers et sur les voies. Ils ne sont pas riches, mais dignes. Des fabriques sont abandonnées, et ne restent plus que des carcasses d’usines.

Ainsi celle dans laquelle la bande à Gaby va trouver refuge. N’ayant plus leur cheval-sans-tête, ils s’infiltrent grâce à la clé découverte dans le corps de l’animal factice. Ils font cuire des pommes de terre dans la braise. Un mets délicieux. Et ils découvrent que cette ancienne usine était une fabrique de cotillons, de masques, de serpentins destinés aux fêtes de villages et familiales.

L’accent est porté, outre le décor d’un village de la banlieue parisienne quelque peu déshéritée, sur la solidarité sans faille entre les gamins qui pensent à s’amuser sans dégrader. Quant à Marion, la fille aux chiens, elle mérite son surnom car elle recueille les canidés malades, blessés, perdus. Elle les soigne, les nourrit, les cajôle et leur trouve un maître qui saura les aimer et les adopter. D’ailleurs, lorsque le récit débute, elle en a douze chez elle, et ses parents sont d’accord pour entretenir cette meute. Mais elle reçoit quelque pitance de la part des bonnes âmes. Et lorsqu’elle a besoin de renfort dans des moments critiques, comme cela va arriver dans la confrontation avec les individus malfaisants, elle siffle en mettant deux doigts dans la bouche et ses anciens protégés rappliquent aussitôt.

Ce roman qui date de 1955 reconstitue une époque révolue qui possédait son charme, est devenu un classique de la littérature enfantine et très souvent réédité.

 

Paul BERNA : Le cheval sans tête.

Paul BERNA : Le cheval sans tête. Illustrations de Pierre Dehay. Collection Bibliothèque Rouge et Or N°89. Editions G.P. Parution juin 1955. 192 pages.

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26 juin 2019 3 26 /06 /juin /2019 04:22

Plus dangereux que la chasse aux papillons !

Alfred ASSOLLANT : La chasse aux lions.

Avoir un bon copain, chanson connue, cela peut aider dans la vie, mais Pitou et Dumanet, le narrateur, l’apprendront rapidement durant leur séjour en Algérie. Ils ne sont pas en vacances mais en villégiature forcée aux frais de l’état. Ce sont des militaires qui sont en poste du côté d’Alger, dans les années 1840 ou 1850, et on pourrait les considérer comme des comiques troupiers avant l’heure.

Pitou est natif des environs d’Issoire et Dumanet de Dardenac près de Libourne, et ils s’entendent comme larrons en foire, même si parfois quelques divergences de point de vue s’élèvent entre eux. Mais jamais bien de rien méchant. Ils sont jeunes, la vingtaine environ, n’ayant quasiment jamais vécus loin de leur village natal, et se montrent quelque peu naïfs, même si Pitou reconnait que son ami Dumanet possède une longueur d’avance sur lui question jugeote. Et souvent ils se retrouvent chez la mère Mouilletrou afin de déguster un rafraîchissement bien mérité.

Alors que les deux amis discutent, notamment des lions sensés garder les portes du désert, ce qui amène Pitou à répéter un calembour du capitaine Chambard : ce ne sont pas des lions mais des cloportes… On s’esclaffe et on passe à autre chose, car soudain des cris épouvantables retentissent : Le lion, le lion… cris proférés par trois cents Arabes. Environ.

Malgré les réticences de Pitou, Dumanet décide d’aller voir comment c’est fait un lion. Ils s’avancent donc entre vallées et montagnes et au bout de quelques centaines de mètres, ou plusieurs kilomètres, ils entendent du bruit provenant d’un arbre. Un Arabe tombe du chêne et se plaint du lion qui a mangé sa femme et ses deux vaches. Mais il regrette surtout la perte de son âne.

Il suivait le lion qui tenait Fatma, sa femme, entre ses dents, et c’est une grande perte. Mais moins que celle de son bourricot. Car Fatma et le bourricot portaient dans des paniers du bois, lui se contentant de les suivre. Ali le bourricot a réussi à s’enfuir et Ibrahim en est fort marri.

 

Et voilà, la chasse au lion commence, ou plutôt aux lions, car bientôt la femelle et ses deux petits arrivent à la rescousse. Et une femelle en colère, cela peut se terminer en eau de boudin. Les deux amis ont toutefois des ressources, et on ne sait jamais, ils peuvent compter sur le capitaine Chambard et ses troupes pour les aider dans leur entreprise, même s’ils préféreraient démontrer qu’à eux deux ils peuvent se montrer les maîtres du désert et de ses habitants léonins.

 

Une courte et amusante histoire dans laquelle les deux amis échangent beaucoup. Des souvenirs, nombreux, narrés avec humour, et parfois naïveté surtout de la part de Pitou.

De nos jours, si un auteur rédigeait un tel épisode exotique, nul doute qu’il éviterait d’employer des mots comme moricaud, alors qu’à l’époque cela était langage courant et ne prêtait à aucune sorte de racisme. C’était l’époque de la colonisation française, mais cela est narré de façon bon enfant, joyeusement, sans arrière-pensée. Juste un moment de détente, et l’on n’aura de cesse de rapprocher cette histoire celle de Tartarin de Tarascon, même s’il n’y a aucun point commun, ou plutôt si les points communs se réduisant à une chasse au lion et au décor algérien.

 

Je rappelle que ce court roman est téléchargeable gratuitement, en toute légalité, sur le site de la Bibliothèque électronique du Québec dont le lien proposé ci-dessous :

D’Alfred Assollant on pourra lire également

Alfred ASSOLLANT : La chasse aux lions. Roman posthume édité chez le libraire-éditeur Charles Delagrave en 1892. 107 pages. Réédition La Bibliothèque électronique du Québec. Collection A tous les vents. Version numérique : 77 pages.

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21 juin 2019 5 21 /06 /juin /2019 04:32

Un roman pour enfants qui s’adresse aux adultes !

Alexandre DUMAS : Le capitaine Pamphile.

Se promenant sur les quais de la Mégisserie, le narrateur, qui n’est autre que Dumas, achète au nez et à la barbe d’un touriste britannique une tortue qui était promise à finir en soupe.

Il emmène son acquisition chez lui, mais au bout de quelques jours il se rend compte qu’il ne peut la garder. Il l’a surnommée Gazelle, à cause de sa vélocité, mais il faut la nourrir, de salades et d’escargots. Et surtout la surveiller, un accident est si vite arrivé. Alors il la confie à son ami Descamps, un peintre, qui a déjà recueilli des animaux que l’on ne peut classer dans la catégorie des animaux de salon. Tom, l’ours, Jacques 1er, le singe, et mademoiselle Camargo, la grenouille.

La promiscuité imposée entre ces adoptés n’est guère aisée à assurer mais Descamps ne manque pas de ressources intellectuelles et bon gré mal gré tout ce petit monde va être obligé de cohabiter. Ayant donc confié Gazelle à Descamps, le narrateur promet de revenir le lendemain, deux attractions étant programmées : mademoiselle Camargo doit se restaurer avec un cent de mouches et Jadin doit lire un manuscrit.

Le lendemain, après avoir appris les origines de mademoiselle Camargo, née dans la Plaine Saint-Denis, Tom, originaire du Canada, et Jacques 1er, ainsi nommé car en réalité il avait un frère jumeau dit Jacques 2, qui a vu le jour sur les côtes d’Angola, et accessoirement Gazelle, pêchée dans les marais de Hollande, nous prenons connaissance du manuscrit de Jadin.

Et c’est ainsi que nous faisons la connaissance du capitaine Pamphile, lequel commandant du brick de commerce la Roxelane, traficotait sur toutes les mers, dans tous les ports, parfois en marge de la légalité, et toujours à son bénéfice. Et dans quelles conditions il recueillit le singe Jacques 1er, puis Tom lors de ses différents voyages.

Mais si l’histoire des pérégrinations du capitaine Pamphile se déroule en plusieurs épisodes, lors de soirées organisées par Descamps, nous suivons également les heurs et malheurs de ces animaux qui connaissent des destins différents et souvent dramatiques. Tom, par exemple, qui se retrouve dans un bal masqué est pris pour l’un des invités qui aurait endossé une fourrure afin de mieux se dissimuler aux yeux des convives. Mais lorsque la supercherie est découverte, la panique s’empare des nombreux participants.

 

Ce roman destiné aux enfants est aussi un regard porté sur de nombreux points sociologiques de l’époque. L’histoire se déroule en septembre 1830 et Dumas était un romancier débutant, puisque sa production littéraire était surtout consacrée au théâtre.

Mais sont mis en valeur les différents maux de la société d’alors, qui se perpétuent de nos jours sous des formes différentes, parfois amplifiées, comme l’esclavage et surtout l’aspect financier, le profit à tout prix, que ce soit le trafic d’ivoire ou l’escroquerie financière internationale. Il s’agit donc d’une critique satirique magnifiée par un humour souvent irrésistible, féroce, montrant des monstres à apparence humaine. Ou des humains monstrueux dans leurs décisions et leurs actes.

 

Ainsi, en ce qui concerne la chasse raisonnée, le capitaine Pamphile reçoit une leçon de la part de son ami Serpent-Noir, le chef des Hurons :

Le Serpent-Noir a tué d’un seul coup tout ce qu’il lui fallait de pigeons pour son souper et celui de sa suite ; un Huron n’est point un homme blanc pour détruire inutilement les créatures du Grand-Esprit.

 

Alexandre Dumas interpelle parfois son lecteur, et rend hommage à sa sagacité. Toutefois il préfère préciser ce qu’il vient d’écrire.

Nos lecteurs sont trop intelligents pour n’avoir pas deviné la cause de la disparition du capitaine Pamphile. Cependant, comme quelques-uns pourraient n’être pas certains du fait, nous donnerons une explication courte et précise à l’usage des esprits paresseux ou ennemis des conjectures.

 

Dernière petite citation :

Tout homme vivant est maître de son bien. Il n’y a que les morts qui n’ont rien à eux.

 

Alexandre DUMAS : Le capitaine Pamphile. Edition de Claude Schopp. Collection Folio Classique N°3952. Parution le 11 décembre 2003. 384 pages. 8,40€.

ISBN : 9782070426522.

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5 juin 2019 3 05 /06 /juin /2019 04:51

Pratique pour faire un barbecue ?

Yves-Marie CLEMENT : Dans les laves du Mékatang.

Alors que leurs parents sont toujours égarés au cœur de la forêt amazonienne, Tom et Zoé, les jumeaux, ont été propulsés sur l’île de Zigandja au pied du volcan Mékatang grâce (ou à cause) de leur Talisman donné par le vieux sorcier Yaguara.

Ils vivent en compagnie d’Harmony et Gordon, deux volcanologues venus étudier les récentes coulées de boues. Les autochtones, qui sont au nombre de trois cents environ, vivent dans le petit village de Kuala Balu situé sur le bord de mer. Ils se sont fait un ami en la personne de Siwidjo, un jeune garçon de leur âge, débrouillard et dont l’oncle est le chaman de la communauté.

Depuis quelque temps les fumerolles qui s’échappent des fissures sur les pentes du volcan et d’autres signes précurseurs inquiètent les volcanologues alors que les insulaires ne veulent pas se rendre compte du danger imminent. Ils ont l’habitude des fumerolles et pour eux le volcan gronde mais il n’a pas donné signe de vie depuis des décennies, alors pourquoi s’affoler. Les convaincre de quitter leur île s’avère inutile, de toute façon, selon le chaman, ils possèdent des solutions de rechange, des cachettes secrètes où ils pourront se réfugier si le volcan venait à se montrer par trop dangereux, si l’éruption venait à tout ravager.

Ils vivent de leurs plantations de bananiers et ne veulent pas quitter leurs lopins de terre, préférant penser au présent qu’à un avenir qu’ils se refusent à envisager. Autre danger qui se profile pour Tom et Zoé, l’apparition en hélicoptère de l’exécrable et terrifiant Monsieur Murdery, lequel traque depuis de nombreuses aventures les deux enfants afin de leur dérober leur Talisman.

 

Ce petit roman destiné aux enfants de 10 ans et plus est un ouvrage sympathique écrit par un grand voyageur, fasciné entre autre par les volcans.

Né en 1959 à Fécamp, en Seine Maritime il a vécu en Guyane et actuellement il est basé avec sa famille à Mayotte. Son expérience des volcans, il l’a obtenue, alors qu’il rédigeait ce livre, en parcourant les flancs du Piton de la Fournaise, à la Réunion, lors d’une éruption.

Auteur de plus de soixante-dix romans pour adultes et pour enfants, contes et nouvelles, il pratique également les arts martiaux, discipline que l’on retrouve parfois dans ses écrits, et il affirme retrouver dans l’écriture la sérénité et la rigoureuse discipline qu’il a découvertes dans leur pratique.

Yves-Marie CLEMENT : Dans les laves du Mékatang. Le Talisman maudit tome 5. Collection Nathan poche n° 205. Editions Nathan. Parution 3 juin 2010. 154 pages.

ISBN : 978-2092527337

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29 mai 2019 3 29 /05 /mai /2019 04:36

Un parfum de Harry Potter, mais un parfum

volatile…

Emmanuelle et Benoît de SAINT CHAMAS : Le Collectionneur

Un archéologue est par nature destiné à découvrir des choses intéressantes, voire surprenantes, en plongeant dans le passé de l’humanité, mais ce que distingue dans une salle mortuaire égyptienne le professeur Clairet et ses deux assistants est à proprement parler impensable.

Sur la porte de pierre figurent des inscriptions plus anciennes que les hiéroglyphes, et pourtant sur la tombe est déposé en évidence un… disons un objet qui ne devrait pas y figurer sauf si la tombe a été violée récemment et qu’un étourdi ait oublié un matériel devenu courant aujourd’hui mais dont l’existence ne remonte qu’à quelques décennies. Pourtant rien ne permet de supposer que la tombe ait été visitée, au contraire.

Dans le même temps, à Paris, Raphaël et Raphaëlle, les jumeaux d’à peine douze ans, orphelins et élevés par leur parrain Tristan, découvrent qu’ils ne sont pas tout à fait comme leurs condisciples. Raphaël est très ami avec Aymeric, ils sont toujours ensemble, comme indissociable. D’ailleurs ils ont été surnommés Rapharic.

Mais comme dans toute communauté qui se respecte, façon de parler, les deux complices sont en butte aux moqueries, souvent accompagnées de coups, de la part de Riveran, le perturbateur de la classe qui n’hésite pas à les provoquer dans la rue. C’est ainsi qu’un jour Riveran se montrant plus particulièrement agressif, les deux amis sont sauvés par un personnage qui apparait et disparait comme par enchantement.

Raphaëlle et Suzanne sont copines malgré leur différence de caractère. Suzanne se la pète comme l’on dit familièrement. Et Raphaëlle pour l’impressionner s’amuse à effectuer de petits tours de magie. Mais Raphaël et Raphaëlle se découvrent le pouvoir de communiquer entre eux, comme s’ils étaient doués de télépathie ou de télékinésie.

Leur parrain, qui exerce officiellement le métier de journaliste, leur propose de l’accompagner en Egypte sur les lieux de la découverte inouïe et tenue secrète. Et c’est là qu’ils se rendent compte que Tristan est aussi membre d’une organisation secrète et qu’il possède des pouvoirs surnaturels. Lui-même est Chevalier de l’Impossible et il leur propose de suivre des cours afin de devenir apprentis pages, puis de monter en grade dans cette organisation car ils en possèdent les qualités, ainsi que le don.

Ils font leurs premières armes dans les caves du Louvre et se révèlent particulièrement doués, seulement des règles sont à respecter, telles les règles des trois S, Secret, Service, Sagesse. Un mouchard leur est imposé, des Komolks qui se transforment à volonté et sont élevés au rang d’anges gardiens et de rapporteurs comme leur nom l’indique.

Raphaël et Raphaëlle vont devoir non seulement apprendre à obéir mais aussi à respecter leur nouveau statut, à vivre avec leurs Komolks, et bientôt ils sont entraînés dans une aventure hors du commun, en compagnie de leur parrain, à la poursuite du Collectionneur, un être qui défie toutes les polices du monde pour assouvir sa soif de possession d’objets hétéroclites et précieux.

 

En lisant cet ouvrage qui regorge de petits tours de magie que les enfants peuvent s’amuser à réaliser chez eux sans difficultés et empreint d’un humour léger, avec quelques jeux de mots, le jeune lecteur ne pourra s’empêcher de penser à Harry Potter et à sa carrière de magicien à Poudlard.

 Même s’ils n’ont pas lu les romans de J. K. Rowling, les films qui en ont été adaptés sont assez présents à l’esprit pour ne pas établir le lien. Mais s’il existe des ressemblances, les enfants, l’école de « sorciers », les professeurs plus ou moins déjantés et mystérieux, le fond de l’histoire emprunte à des légendes déjà exploitées dans les romans fantastiques, et pourtant les auteurs, Emmanuelle et Benoît de Saint Chamas, parviennent à renouveler le genre avec brio, et moi-même étant d’un âge déjà avancé, j’ai été conquis et attend avec une certaine impatience le second épisode des aventures des jumeaux et de Strom, dont la signification réside dans le livre et que je vous conseille de lire à l’envers (pas le livre).

Emmanuelle et Benoît de SAINT CHAMAS : Le Collectionneur (Strom 1). Editions Nathan. Parution 30 juin 2011. 308 pages.

ISBN : 978-2092023105

Réédition Collection Pocket Jeunesse. Parution le 22 mai 2014. 336 pages.

ISBN : 978-2266245296

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15 mai 2019 3 15 /05 /mai /2019 04:28

Un roman… décapant !

Roald DAHL : la potion magique de Georges Bouillon

Ah vivre au milieu de la nature, au grand air, parmi les vaches, les brebis, les cochons, les poules et autres animaux domestiques ! La vie rêvée de bon nombre de citadins.

Seulement pour Georges Bouillon, huit ans, c’est synonyme d’ennui. Vivant dans une ferme, loin de la ville, il n’a pas d’amis avec qui s’amuser. Des parents qui travaillent aux champs et juste une grand-mère grincheuse, acariâtre, vindicative, qui ne peut plus se déplacer, figée dans son fauteuil, mais qui le morigène avant même qu’il ait eu le temps de penser à faire une sottise.

Un samedi matin, la mère de Georges Bouillon dit à son fils.

Je vais faire des courses au village. Soit sage et ne fais pas de bêtises.

Voilà exactement ce qu’il ne faut pas dire à un petit garçon, car cela lui donne aussitôt l’idée d’en faire !

Et elle ajoute qu’il ne doit pas oublier de donner sa potion à Grandma.

Une recommandation dont elle aurait pu s’épargner d’énoncer la teneur, car Grandma de son fauteuil placé près de la fenêtre lui réclame avec insistance et hargne son médicament.

Présentons, puisque nous l’avons évoquée, Grandma :

C’était une vieille femme grincheuse et égoïste qui avait des dents jaunâtres et une petite bouche toute ridée comme le derrière d’un chien.

Et elle a le malheur, mais c’est son habitude, de se moquer de lui, de sa taille après lui avoir demandé une tasse de thé. Pas trop de sucre surtout, remets-en encore, encore un peu plus. Bref ce qu’il avait calculé, selon ses désirs, n’est pas à son goût.

Alors Georges du haut de ses huit ans, considérant avec circonspection le flacon de sirop brunâtre dont il doit lui donner une cuillerée à onze heures décide de préparer une potion à sa façon.

Il emprunte dans la cuisine un grand chaudron, puis il se rend dans la salle de bain de ses parents et verse tout à tour tous les produits qui lui tombent sous la main. Et il vide le tube de dentifrice, un pot de crème vitalisée, une bombe de supermousse à raser, un flacon de vernis à ongles, de la crème dépilatoire, de la lotion miracle antipelliculaire, un flacon de parfum (Fleur de navet), des bâtonnets de rouge à lèvres, puis il se rend dans la buanderie, ajoutant en sus du superblanc pour machine à laver, le contenu d’une grande boîte d’encaustique, de la poudre insecticide pour chien, et comme ce n’est pas assez il va dans le garage… et hop un peu de ci dans le chaudron, beaucoup de ça dans le chaudron, encore et encore… Et c’est l’heure fatidique de présenter son mélange, non pas le chaudron mais une simple cuillérée, à Grandma qui absorbe cette infecte mixture sans regimber.

Mais les effets ne mettent pas longtemps à s’exprimer sous diverses formes variées, fumeuses et planantes. Au propre comme au figuré.

Grandma grandit, grandit, grandit… Tant et si bien que sa tête perce le plafond, puis le grenier, la toiture, et qu’elle dépasse des tuiles.

Lorsque les parents rentrent de leurs occupations, ils sont fort étonnés de ce qui vient de se produire, mais le père a alors une idée…

 

Tel un conte de fée La potion magique de Georges Bouillon emprunte au fantastique avec ce petit côté vengeur d’un gamin brimé par une vieille personne, toujours en train de regimber, se plaindre, réclamer, récriminer et dénigrer tout ce que Georges, et ses parents, s’évertuent à faire pour lui faciliter la vie.

Alors, oui, il s’agit d’un conte pour enfant, dont la morale d’ailleurs se décline comme une entourloupette, mais dont les grandes personnes devraient s’inspirer afin de se demander comment ils se comportent vis-à-vis de leurs enfants, petits-enfants ou toute personne proche de leur entourage.

Evidemment cela part dans tous les sens, mais les contes de fées, sans fée, transposent la réalité en lui donnant un sens avec une approche farceuse et déjantée.

Roald DAHL : la potion magique de Georges Bouillon (George’s Marvellous medecine – 1981. Traduction de Marie-Raymond Farré). Illustrations de Quentin Blake. Collection Folio Junior N°215. Parution 8 avril 1987. 128 pages.

ISBN : 2070332152

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8 mai 2019 3 08 /05 /mai /2019 04:47

Une façon comme une autre de s’envoyer en l’air ?

Caroline QUINE : Alice et la fusée spatiale

Lorsqu’Alice entre dans le salon de leur maison, elle est intriguée par l’attitude studieuse de son père, maître Roy avocat dont la réputation s’étend au-delà de leur ville, River City.

Il est plongé dans la pénombre, copiant des chiffres et des lettres sur une feuille de papier. Il est tout simplement en train d’essayer de décrypter des petites annonces parues dans un journal de Floride.

Il faut avouer que les petites annonces qu’il passe au crible sont pour le moins sibyllines. Pour Alice il s’agit ni plus ni moins de messages codés qu’elle se propose de déchiffrer. Elle étudie les combinaisons possible et se rend compte qu’en extrayant les mots chiffrés 1, 5, 9 et 13 ou en prenant la première lettre de ces mots elle obtient un autre message beaucoup plus lisible celui-ci.

Cela confirme les suppositions de monsieur Roy : ces messages concernent une affaire dont il s’occupe actuellement.

Des explosifs ont été introduits dans la base de la NASA, le Centre Spatial du Cap Kennedy, dans des sacs d’oranges. Or le client de monsieur Roy, un certain Billington, qui est propriétaire d’une plantation, est suspecté d’avoir introduit les fruits dans un but de réaliser un attentat ou un sabotage. Il a été libéré sous caution en attendant de passer en jugement. Mais l’espèce d’oranges qu’il cultive ne sont pas les mêmes que celles découvertes. Seul lien avec monsieur Billington, le chauffeur qui a effectué la livraison et à présenter un papier au nom du planteur et a signé le registre.

Comme il n’a pas le droit d’exercer en Floride, c’est un de ses collègues qui va s’occuper du dossier. Alice propose de l’accompagner en compagnie de ses amies Bess, Marion et Sarah, et d’enquêter sur place. Et voilà tout ce petit monde embarquant pour la Floride. Seulement, à l’arrivée, personne pour les accueillir. La confusion est rapidement éclaircie lorsqu’enfin ils peuvent arriver au domaine. Ils sont arrivés à l’aéroport de Melbourne (Floride dois-je me permettre de préciser) alors que l’intendant du domaine, Antin Resardos, était allé les chercher à Orlando en compagnie de sa femme Tina.

Pas d’excuses et un accueil mitigé de la part du couple ce qui met monsieur Roy, ainsi qu’Alice, sinon en colère du moins sur la réserve quant à leur comportement.

Débute alors un séjour ponctué d’incidents. Tina, prétextant un mal de tête se couche et Alice et ses amies sont obligées de préparer les repas. Lorsque Marion et Bess veulent téléphoner pour prévenir leurs parents de leur arrivée, elles entendent un homme déclarer qu’il faut surveiller les faits et gestes des visiteurs. Apparemment l’appareil téléphonique est relié en plusieurs endroits. Puis explorant le domaine, elles échappent à une dégringolade de paniers d’orange dans un entrepôt. Heureusement, Ned, Bob et Daniel, les camarades d’Alice et de ses copines, doivent effectuer eux-aussi un séjour non loin. Les parents de Ned louent pour l’été une maison sur l’île Merritt, au bord de l’eau.

Pour se rendre chez madame Nickerson, la solution le plus rapide est d’emprunter un canot à moteur. Alice en déniche un et hop, tout le monde à bord et visite à la charmante dame qui leur apprend que près de chez elle, une grande demeure est à vendre et que cela pourrait intéresser monsieur Roy. Mais dans le parc de la propriété voisine, des animaux peu accueillants se promènent en liberté. Des fauves non apprivoisés gardés par un dompteur.

La visite du centre spatial est également programmée et Sarah retrouve un membre de sa famille qui y travaille. Le jeune homme se propose de leurs fournir des renseignements sur le site. Et quand elles reviennent chez monsieur Billington, Alice s’aperçoit que des photographies la représentant en compagnie de son père ont été dérobées.

 

Tout est mis en place pour donner une intrigue dont les coïncidences sont nombreuses, et les incidents provoqués pour nuire à Alice et compagnie trop abondants pour être crédibles.

Mais peu importe, cette aventure en Floride au pays des oranges et des fusées ne manque pas d’actions d’éclat, de surprises en tout genre, et d’un final détonant.

Mais cela ne remet pas en cause la série en elle-même, car sous le nom de Caroline Quine, se cache un collectif d’auteures américaines. Certaines s’en sortent mieux que d’autres c’est tout. Et puis, il ne s’agit que d’un roman pour jeunes adolescents et ceux-ci sont parfois plus conciliants, plus complaisants que nous adultes, avec toutes ces années qui pèsent sur nos épaules.

Caroline QUINE : Alice et la fusée spatiale (Mystery of the Moss-covered Mansion – 1971. Texte français d’Anne Joba). Illustrations de Jean-Louis Mercier. Bibliothèque Verte. Editions Hachette. Parution le 26 juin 1980. 190 pages.

ISBN : 2010035127

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1 mai 2019 3 01 /05 /mai /2019 04:32

Un pseudonyme de Max-André Dazergues, ami et mentor de Frédéric Dard.

André MAD : L’homme du Grand-Nord.

Comme bon nombre de ses contemporains romanciers, Max-André Dazergues fut un écrivain protéiforme, abordant tous les domaines ou presque de la littérature populaire, sous divers pseudonymes dont ceux d’André Mad, André Star, Paul Madandre ou André Madandre.

Les romans sentimentaux et romans pour la jeunesse parsèment son œuvre riche et éclectique. Seulement il est oublié de nos jours, sauf de la part des anciens, les vétérans de la littérature populaire, et des collectionneurs.

Dans cette collection Globe-Trotter, sous-titrée Aventures et Voyages, dont il assuma quasiment seul la production, six titres en tout pour ce que je sais, il utilisa ses pseudonymes afin de laisser croire aux lecteurs qu’il n’était pas seul à rédiger ces fascicules d’aventures qui se déroulent un peu partout dans le monde. Voir notamment la quatrième de couverture.

 

Dans ce numéro, nous partons pour le Grand-Nord canadien, dans cette région appelée le Labrador. Et plus précisément dans la petite ville de Fort Hamilton.

L’estaminet La Maison du Caribou ne désemplit pas, ce qui n’est pas pour déplaire à Pascal Grandier, le propriétaire qui officie au bar. Sa jeune, et belle, nièce Micheline sert les clients en salle. Elle est orpheline, ayant perdu sa mère très tôt, et son père, parti pour le Grand-Nord n’a plus donné de ses nouvelles depuis au moins deux ans. On ne réchappe pas au Grand-Nord, du moins c’est ce que tout le monde affirme, lorsque l’on est parti depuis si longtemps. Et il est considéré comme mort. André Clarisse, vingt-deux ans, orphelin lui aussi mais ayant dû se débrouiller seul depuis ses seize ans, est amoureux de Micheline. C’est réciproque.

Aussi, ce soir-là, il a décidé de demander sa main à Pascal Grandier, l’oncle qui est également le tuteur. Seulement, un Indien Montagnais veut lui aussi parler à Pascal Grandier. Il se nomme Winipong et déclare sans ambages lui apporter la fortune. Il a une dette morale envers l’Homme du Grand-nord et ne peut en dire plus sur son identité. Sauf qu’un jour il lui a sauvé la vie et alors qu’aujourd’hui il est bien malade, peut-être sur le point de succomber, il veut remettre à Grandier la carte d’un trésor. Winipong n’est pas attiré par l’or et il veut juste rendre service.

André Clarisse et Micheline qui ont écouté les propos du Montagnais et ont pensé toute de suite au père disparu de la jeune fille ne sont pas les seuls dans la confidence. Deux hommes, dont un surnommé Vieil-Ours bien connu pour ses méfaits, ont entendu quelques phrases et leur conviction est faite. Ils quittent l’estaminet en catimini.

Mais dans la nuit, Winipong est agressé dans la pièce qui lui a été dévolue afin qu’il se repose tandis que Micheline est enlevée. Et Vieil-Ours et son complice ont disparu !

Rapidement André Clarisse se propose d’aller à la poursuite des ravisseurs en compagnie de son ami Walter Chipways qui a offert ses services. Et les voilà tous deux sur la piste du Grand-Nord avec Winipong pour guide. Mais le danger les guette à tout moment. Le froid est vif, intense, la course à bord des traîneaux tirés par des chiens périlleuse. Et que vont-ils trouver lorsqu’ils arriveront à place, s’ils y arrivent ? Winipong se confie quelque peu sur cet ami mourant, mais il ne peut leur donner son identité.

 

Un court roman destiné aux adolescents qui ne manque ni d’action ni d’émotion. Les péripéties en tout genre s’enchaînent dans une atmosphère d’angoisse et de suspense, même si lecteur sait qu’à la fin tout se terminera bien ou presque.

Ceci n’est pas sans rappeler les romans qui se déroulent dans le Grand Nord canadien, particulièrement dans le Labrador, des romans écrits par Jack London et James Oliver Curwood. Mais sans être aussi précis dans leurs descriptions des paysages, des animaux, des personnages, moins détaillés. Moins de psychologie aussi mais avec plus de rapidité, de vivacité dans la narration.

Un bon moment de lecture lorsqu’on a, par exemple, de dix à quinze ans, mais également le plaisir de se replonger dans une enfance sans souci, juste celui de se demander, qu’est-ce qu’on lira après avoir terminé ce roman.

 

André MAD : L’homme du Grand-Nord.

André MAD : L’homme du Grand-Nord. Collection Globe-trotter  N°2. Editions du Puits-Pelu/Jacquier. Parution 2e trimestre 1947. 72 pages.

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24 avril 2019 3 24 /04 /avril /2019 04:44

Dans les plaines du Far-West quand vient la nuit...

BUFFALO Bill : La course à la mort à travers les campements ennemis.

S’il est un héros américain dont la légende est encore vivace, c’est bien William Cody dit Buffalo Bill. Plus que Davy Crockett, personnage réel mort le 6 mars 1836 lors du siège de Fort Alamo, Daniel Boone ou Kit Carson.

Des exploits qui furent consignés par son ami et compatriote le colonel Prentiss Ingraham (1843 – 1904) qui fut son agent dans le cadre du cirque créé par le chasseur de bisons, le Wild West Show. Il fut l’auteur de plus de 400 romans ou nouvelles créant de nombreux personnages mais qui n’atteindront pas la renommée de Buffalo Bill.

Né le 26 février 1846 à North Plate dans l’Iowa, Cody perd son père à l’âge de 11 ans, sa mère déménage dans le Kansas où il devient convoyeur de bestiaux pour une compagnie de chariot, participe à la ruée vers l’or à 14 ans et travaille pour le Pony Express l’année suivante. Il fait partie des messagers, franchissant les Rocheuses, transportant le courrier entre le Missouri et la Californie. Puis durant la guerre civile il sert comme éclaireur de l’armée fédérale contre les Kiowas et les Comanches et entre en 1863 au 7e de cavalerie dans le Missouri et le Tennessee. Puis il deviendra homme de théâtre et de spectacles.

Lorsque nous faisons sa connaissance, il a seize ou dix-sept ans environ, au commencement de la guerre civile (ou guerre de Sécession) selon le fascicule, et appartient au 7e régiment du Kansas, basé à Fort Hayes.

Le général Custer attend des dépêches importantes du général Smith qui lui se tient à Fort Leavenworth. Cent-vint milles environ séparent les deux garnisons. Ses exigences, connaître le pays et être familier des indiens, opèrent une sélection rigoureuse, et seul Bill Cody se propose d’effectuer cette mission périlleuse. Custer ne peut s’y opposer malgré le jeune âge de Cody. Mais celui-ci a en tête l’idée de voir sa mère mourante et peut-être de s’affronter à Charles Dunn et son capitaine, le trop célèbre Jesse James. Une rancune tenace lui commande de vouloir affronter ces hommes, Charles Dunn étant à l’origine de la mort de son père.

Et c’est ainsi que le jeune Cody part pour Fort Leavenworth connaissant au cours de son périple de nombreuses mésaventures. D’abord il est poursuivi par des Sioux et il ne leur échappe qu’en se réfugiant dans une grotte en traversant le Missouri. Seulement cette grotte, qu’il pensait être seul à en connaître l’existence est déjà occupée par Charles Dunn et ses complices. Il est fait prisonnier et sauve la vie à une jeune fille, Louisa, qui a été enlevée le jour de son mariage. Son père, riche entrepreneur dans des mines a été tué sous ses yeux de même que son fiancé Charles. Selon ses souvenirs qui ne sont peut-être pas précis.

Cody parvient à s’enfuir avec Louisa qui lui narre les événements auxquels elle a participé malgré elle, mais ils sont bientôt rattrapés par d’autres indiens qui obéissent à un bandit ayant pignon sur rue, Don Ramiro qui a passé alliance avec Jesse James. Cody connaîtra le plaisir mitigé d’être attaché au poteau des supplices, les Indiens lançant dans le tronc des lances dont la pointe a été rougie, et autres joyeusetés. Mais ce n’est pas tout et l’équipée aura bien du mal à parvenir à Fort Leavenworth, but de sa mission. Là, je ne dévoile rien, car le lecteur sachant que d’autres aventures l’attendent, sinon à quoi serviraient les fascicules suivants, sait très bien qu’il ne faillira pas à sa mission, même s’il est sérieusement blessé.

 

Ce court roman, véritable hommage appuyé au courage de Bill Cody, pas encore surnommé Buffalo Bill, reprend certains épisodes réels de la vie du chasseur de bisons, y incorporant des scènes fictives, toutes plus grandiloquentes les unes que les autres, l’action prévalant.

On découvre un Bill Cody jeune, mais déjà imposant physiquement, courageux, tenace, revanchard, flegmatique devant le danger, n’ayant pas encore bu une goutte d’alcool, tireur émérite et cavalier non moins émérite et infatigable. Et n’ayant connu des bras féminins que ceux de sa mère. Comme le qualifieraient les magazines féminins, le gendre idéal.

Toutefois, certains passages sont un peu mièvres tandis que d’autres se révèlent pompeux et ampoulés. Certes, il parait que le style narratif d’Ingraham laissait à désirer, mais le traducteur, inconnu, n’y est peut-être pas pour rien non plus. Par exemple, lorsque les bandits ou les Indiens sont évoqués, un seul mot prédomine : coquins. Un mot un peu faible pour les qualifier, et d’autres termes plus forts auraient pu être employés. Mais après tout, il s’agit de raconter des histoires destinées principalement à des enfants plus ou moins grands, et le vocabulaire s’efface devant la rapidité d’action des mésaventures qui s’enchainent pratiquement sans relâche.

Mais ce pourrait être également une histoire écrite par Ned Buntline, cet écrivain ayant été le premier à narrer les exploits de Buffalo Bill, Ingraham prenant la suite. Seulement à qui attribuer réellement ce texte, sachant que la chronologie française n’est pas forcément celle d’origine ?

Une lecture amusante et le mieux est d’en découvrir la suite afin de se replonger dans une époque qui a fait et continue de faire rêver, celle des Westerns, avec ses bons et ses mauvais côtés. Par exemple la façon dont sont décrits les Indiens, Sioux et Kiowas par exemple. C’était la façon de présenter alors ces autochtones, les Américains blancs étant fiers de leur prépondérance fallacieuse. Il fallait conquérir des terres pour les colons et donc montrer les natifs comme des ennemis sanguinaires.

La guerre de Sécession qui voulait abolir l’esclavage, côté Nordiste évidement, n’empêchait pas ceux qui se prévalaient d’agir comme des défenseurs de la cause des Noirs de se montrer racistes envers d’autres peuplades, et principalement celles qui occupaient à l’origine les terres convoitées. Il suffit de se remémorer les grandes batailles, dont celle dite de Little Big Horn qui se soldat par la victoire des Amérindiens, une coalition entre Sioux et Cheyennes. Mais ceci est une autre histoire.

 

Pour découvrir gratuitement ce fascicule et les suivants, vous pouvez les télécharger gratuitement en vous rendant sur le site ci-dessous, en bas de page d’accueil :

BUFFALO Bill : La course à la mort à travers les campements ennemis. N°1. Editions Eichler. Parution 7 ou 10 janvier1907.

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