Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 décembre 2019 3 18 /12 /décembre /2019 05:50

La croisière s’amuse ?

Henri VERNES : La croisière du Mégophias.

Installé dans un hôtel de Seattle, étape avant de se rendre sur l’île de Vancouver afin de participer à un safari photo, Bob Morane épluche le journal pour passer le temps.

Il apprend ainsi qu’une activité fébrile se manifeste à bord du Mégophias, le navire du professeur Frost, un paléontologiste millionnaire bien connu pour ses recherches notamment en ce qui concerne le mythique Serpent de mer.

D’après l’article du journal, que lit attentivement Bob Morane, un certain Aloïus Lensky a apporté au professeur une dent longue de quarante centimètres ayant appartenu au squelette d’un dragon des mers. Il l’avait subtilisé à un certain Lemontov qu’il avait connu dans un bagne chinois en compagnie d’un nommé Li-Chui-Shan, des spécialistes de fructueux trafics dans les mers de Chine, indochinoises et malaises. Or Lemontov avait affirmé, sur la foi de Mongols, qu’un autre dragon, un Mosasaure, vivrait dans un lagon proche du cercle polaire.

Il n’en faut pas plus pour que le professeur Frost décide de mener une expédition dans cette région du globe. Ce qui explique l’activité déployée sur son navire, avec l’embauche de marins. Il n’en faut pas plus non plus pour Bob Morane reporte son voyage à Vancouver et décide d’embarquer à bord du Mégophias.

Il se présente donc à bord du navire où il est accueilli par des marins dont la tête de forbans ne lui dit rien qui vaille. Quant au professeur, il connait Bob Morane de réputation, lui montre la fameuse dent, mais refuse de le prendre à bord. Il a en phobie les journalistes et d’ailleurs il n’y a plus de place pour un passager supplémentaire. Les professeurs Van Dorp et Lewis, de l’université de Yale, seront présents, et il a réussir à les imposer à Aloïus Lensky malgré les réticences de celui-ci. D’ailleurs l’équipage a été recruté pour grande partie par ce personnage énigmatique et ancien bagnard.

Bob Morane ne se laisse pas démonter et comme l’appareillage ne se fera qu’un mois plus tard, il a le temps de changer d’apparence en se laissant pousser la barbe par exemple et se vêtir de vieux habits. Il parvient à ses fins en se présentant comme le nouveau cuisinier, lui qui ne connait rien à la restauration, mais ouvrir des boîtes de conserve, cela ne lui pose guère de problèmes.

Enfin le navire quitte le port de Seattle et lorsque le professeur Frost se rend compte de la présence à bord de Bob Morane, il est trop tard. Mais il ne pourra que se féliciter de l’initiative de l’aventurier car à bord ce sont bien des forbans qui dirigent le navire avec à leur tête Lensky qui n’est autre que Lemontov. Des empoisonnements, des rébellions, des meurtres, sont à mettre à l’actif de ces bandits des mers, et le professeur Frost ne doit la vie sauve que grâce à Morane.

Le navire continue sa route et est rattrapé par une jonque chinoise commandée par Li-Chui-Shan le pirate. Les deux malfrats s’étaient concertés et la vie de Bob Morane et du professeur ne tient plus qu’à un fil. Heureusement ils peuvent s’échapper et trouver refuge sur un îlot habité par des Mongols (Des Mongols ? C’est inouï ou plutôt Inuit !), mais les aventures continuent, toujours plus périlleuses, à la recherche du fameux Mosasaure antique dans les eaux polaires et sur la banquise.

 

Roman d’aventures classique, La croisière du Mégophias, est la treizième histoire de cette série mais n’atteint pas l’intensité qui imprégnera par la suite les tribulations de Bob Morane, surtout lorsque le personnage de Bill Ballantine est aux côtés du célèbre aventurier.

Même si la présence effective de monstres marins, car ils sont bien présents dans cette histoire, apporte une once de fantastique, tout relève du scénario d’aventures, débridées certes mais traditionnelles. Parfois Bob Morane se montre un peu comme un surhomme dans certaines situations, mais il possède aussi ses faiblesses. Ce qui le rend humain.

Cette histoire est complétée par un dossier de sept pages intitulé Que savons-nous du Serpent de mer, un aspect didactique et pédagogique qui n’est toujours pas à négliger.

Henri VERNES : La croisière du Mégophias. Treizième aventure de Bob Morane. Illustrations intérieures de G. Forton. Couverture de P. Joubert. Collection Marabout Junior N°66. Editions Gérard et C°. Parution en 1956. 160 pages.

Partager cet article
Repost0
11 décembre 2019 3 11 /12 /décembre /2019 05:28

Papa est en haut, qui fait des tableaux

Maman est en bas, qui fait des lalala…

Suzanne MALAVAL : La maison des Castans.

La famille Castans est une famille normale, presque.

Le père, Vincent, est un artiste peintre qui vend parfois ses toiles. Et il est tout content car il vient de recevoir une commande pour une église de Castellane. Et pour l’encourager, un chèque a été glissé dans l’enveloppe. Il lui faut représenter la Sainte Famille. Il va bien trouver des figurants parmi son entourage.

La mère, Hélène, est une artiste elle aussi. Une chanteuse qui se produit à l’Opéra. Elle n’est pas encore connue, car la plupart du temps elle est perdue dans les chœurs, mais au moins elle a du travail régulier. Coquelicot est un bébé de six mois qui sait déjà ce qu’elle veut. Surtout des quignons de pain et lorsqu’elle n’obtient pas satisfaction, elle devient toute rouge. D’où son surnom.

Enfin Marion, de son vrai nom Marie-Anne, la narratrice, onze ans, qui ne se laisse pas abattre par les événements. Pas trop car en général la vie est douce chez les Castans.

Dans l’entourage de Marion, son ami Pioupiou, un véritable ami avec laquelle elle rigole et se chamaille, comme dans la vie des adultes. La mère de Pioupiou, un surnom qui vient de loin, madame François. Elle est secrète, ne fait pas parler d’elle, est souvent triste. Certains la prennent pour une folle, une toquée, mais Marion sait qu’elle a eu un accident autrefois et que depuis elle est amnésique. Elle ne se souvient plus de son passé, alors forcément cela la ronge, même si parfois on voudrait pouvoir faire abstraction de ses souvenirs. Quant au père de Pioupiou, il n’en est jamais question.

L’oncle Robert est un artiste lui aussi, à sa façon. Il est surveillant dans un collège proche, mais sa passion c’est l’écriture. Son roman, signé Leslie B. Shannon, indispensable de prendre un pseudonyme américain qui est plus porteur auprès des lecteurs, son roman qui s’intitule La Belle d’Agadir va être publié en feuilletons dans un journal du soir. Le début de la consécration.

Et puis, monsieur Palatina, Piero de son prénom, est nouveau dans l’immeuble. Il loge au quatrième tandis que les Castans sont au deuxième. Heureusement car avec la tempétueuse et attachante Coquelicot, monter et descendre les escaliers, pour Marion cela deviendrait vite une corvée. Monsieur Palatina est pianiste, ce qui complète cette collection d’artistes.

 

Quelques autres personnages gravitent dans ce roman joyeux, enlevé, et triste à la fois, mais laissons-les de côté car ils ne sont que des rôles secondaires, intéressants de par leur présence qui apporte de l’animation mais dont le rôle n’est guère important, ou ne se dévoilera qu’au fur et à mesure que l’histoire avance dans le temps.

Monsieur Palatina possède des yeux tristes et lorsque Vincent le prend comme figurant pour sa toile, il ne ressemble pas à Joseph mais plutôt à Borgia.

Et les jours passent, comme dans toutes les familles, avec ces petits incidents, ces jours de fêtes, les vacances qui se profilent, et les aspirations ou désarrois des gamins. Pioupiou par exemple qui ne veut pas que sa mère, qu’il appelle Miminette, devienne la femme d’un homme trop entreprenant.

L’intrigue repose sur de multiples coïncidences, mais lorsqu’on a une dizaine d’années, nous attardons-nous sur ces effets spéciaux qui permettent de réduire le nombre de personnage ? L’intérêt réside dans la vivacité du récit et des à-côtés qui n’apportent rien à l’intrigue ou si peu, sauf à entretenir un peu la confusion, gommant l’effet des coïncidences.

Par exemple, une incursion dans un studio, sur le plateau de tournage d’un film à Boulogne-sur-Seine puis dans la vallée de Chevreuse, offre une piste intéressante à l’intrigue, mais ce sont les conditions de tournage qui sont mises en avant, avec humour. Ou encore une séance de photos pour une publicité d’une marque de yaourt pour laquelle Marion est figurante.

L’histoire ne manque pas d’humour et c’est bien là le principal attrait pour une histoire de famille qui pourrait être plongée dans le pathos ou le misérabilisme.

 

Il a une figure comme un pot à eau dont le nez serait le bec verseur.

Elle a tellement de rouge à lèvres qu’elle ne ferme jamais tout à fait la bouche : on dirait un poisson hors de l’eau.

Pour aimer les romans à quatre sous, il faut avoir beaucoup lu avant.

Suzanne MALAVAL : La maison des Castans. Collection Rouge et Or Souveraine N°325. Editions G.P. Parution mai 1974. 188 pages.

Partager cet article
Repost0
4 décembre 2019 3 04 /12 /décembre /2019 05:41

Auprès de mon arbre, je vivais heureux…

George SAND : Le chêne parlant suivi de La Fée aux gros yeux.

Orphelin, le jeune Emmi, dix ans, est un gardeur de cochons, rôle ingrat et pas si facile que ça à assumer. Mieux vaut être berger ou garçon vacher (On ne disait pas encore cow-boy).

Un jour, ne pouvant plus endurer les brimades, les maigres repas, le manque d’affection auprès de ceux qui le considèrent comme un esclave, vêtu de haillons et mal logé, il ramasse les tubercules de favasses, ou féveroles, au pied d’un chêne afin de calmer sa faim.

Un porcelet vorace le suit et veut s’approprier les tubercules. Emmi le chasse à coups de sarclette mais l’animal grogne, couine et ses congénères arrivent à la rescousse. Emmi est obligé de se réfugier dans les branches du chêne qui pourtant a mauvaise réputation auprès des villageois.

Ce que peuvent en penser et dire les campagnards, Emmi n’en a cure. Il sait que l’arbre est enchanteur, d’ailleurs ne lui enjoint-il pas de partir d’une voix douce. Ou que des personnes ont disparu alors qu’elles étaient dessous. Mais Emmi lui demande gentiment de le protéger et le chêne n’ose pas le renvoyer. Toutefois Emmi se dit qu’il devrait prévenir sa tante et il s’approche de la maison de celle-ci.

Il entend alors deux jeunes garçons du village dire pis que mal de lui, l’accusant de tous les maux, d’être paresseux et sans-cœur. L’un des deux doit remplacer Emmi comme porcher et cela ne lui sied guère, lui, un grand de douze ans qui devrait au moins être responsable d’un troupeau de veaux.

Alors Emmi retourne à son arbre et s’y installe pour l’hiver, glanant ici ou là des fruits pour contenter sa faim, braconnant de petits animaux, s’aménageant un nid entre les branches. Et c’est ainsi qu’il va passer l’hiver se prenant d’amitié pour la vieille Catiche, une pauvre femme considérée comme folle par ses concitoyens. Elle rit bêtement, marmonne sans cesse, pourtant Emmi s’en fait une alliée.

 

Ce court roman est suivi par La fée aux gros yeux, qui de fée n’en a que l’appellation par les autres, ceux qui cataloguent selon leurs principes sans se demander s’ils ont raison ou non.

Ces deux textes sont extraits de la seconde série de Contes d’une grand-mère, un recueil qui comporte huit textes publiés en 1876 aux éditions Michel Levy frères. Il s’agit du dernier livre publié du vivant de Georges Sand.

Ces textes étaient destinés à l’origine aux petites-filles de Georges Sand, Aurore et Gabrielle, et il est dommage que dans la mémoire populaire l’on ne retienne de Georges Sand que La Petite Fadette, François le Champi ou encore La Mare au diable, très souvent réédités dans des collections pour la jeunesse. Ces romans occultent, malheureusement, toute la production littéraire de cette romancière, dramaturge, épistolière et critique littéraire qui a marqué son époque par sa vie amoureuse mouvementée, mais pas que. Elle prend la défense des femmes, prône la passion, fustige le mariage et lutte contre les préjugés d'une société conservatrice.

 

Plus on étudie, mieux on voit qu’on ne sait rien encore.

 

George SAND : Le chêne parlant suivi de La Fée aux gros yeux. Collection Lire c’est partir. Editions Safrat. Parution novembre 1998. 128 pages.

ISBN : 2906357782

Partager cet article
Repost0
29 novembre 2019 5 29 /11 /novembre /2019 05:52

Bonne question !

Michel RENAUD : Qui a trahi ?

Destinée à la jeunesse, cette collection comporta environ une centaine de fascicules à parution bimensuelle dès 1946.

« Jeunesse héroïque » fera revivre pour ses lecteurs les plus belles figures, les actions les plus éclatantes des jeunes héros de la Résistance.

Et il était de bon ton, au sortir de la guerre de mettre en valeur les faits d’arme des Francs-Tireurs et Partisans Français (les FTPF ou FTP tout simplement comme ils étaient dénommés) en opposition aux collaborateurs, ou Kollaborateurs comme écrit dans ce court roman, de triste mémoire.

Et il fallait que ces éclats soient encensés auprès d’un jeune public qui n’avait connu que les horreurs de la guerre, les privations, le bruit des bottes allemandes, et la délivrance grâce au Débarquement.

Raconté avec simplicité, voire naïveté, cet épisode possède trop d’ellipses dans la narration, comme si ce récit avait été écrit sur commande sans que l’auteur y attachât une grande importance. Il est vrai qu’en si peu de pages il est difficile de tout expliquer, pourtant d’autres fascicules, comme chez Ferenczi par exemple, offraient des histoires complètes plus intéressantes, grâce à une police de caractère plus réduite.

De nos jours, cet épisode qui se déroule début mars 1944 possède peut-être moins d’impact qu’il ne l’a eu auprès des jeunes lecteurs lors de sa parution.

 

Quelques hommes sont réunis dans une pièce et étudient la possibilité de délivrer des amis Francs-Tireurs et Partisans détenus dans une prison à Pithiviers. Pierre et son groupe de Seine-et-Marne viennent de tomber entre les mains de l’ennemi et il faut les libérer. Parmi ceux qui élaborent un plan d’attaque afin de faciliter l’évasion de leurs amis, Jean, figure principale du récit, Marcel, Emile, Germain, Bernard qui arrive en retard. Pendant ce temps, leur hôtesse du jour fait le guet par la fenêtre de l’étage.

Pour chaque rendez-vous, un nouveau lieu est choisi et la prochaine réunion doit se tenir à Neuilly-sur-Marne.

Alors qu’il veut prendre le train pour assister à la nouvelle réunion, Jean assiste à l’arrestation de Robert menotté entre deux policiers. Il décide de regagner sa « planque » rue Desrenaudes, dans le XVIIe arrondissement parisien, à pied, afin de déceler d’éventuels suiveurs. Il change souvent d’endroit de repli mais cette fois-ci, il pense que la petite chambre, une mansarde située au septième étage d’un immeuble bourgeois, lui offre toutes les garanties.

Il a juste peur pour son amie Yvonne qui habite une pièce sur le même palier, la porte en face de la sienne. Il entend du bruit dans l’escalier, et d’après les échanges vocaux des individus, il est persuadé qu’il s’agit de policiers. Quatre hommes qui veulent entrer chez lui puis se rendent compte qu’ils se trompent de porte. C’est Yvonne qu’ils veulent arrêter !

Jean prend son mal en patience car le palier est surveillé. Et à la faveur de la nuit, il décide de s’échapper par les toits.

 

Jusque là tout va bien. Le lecteur suit même si le début est un peu confus. Et tout aussi confus est l’épilogue dont le nom du traître est dévoilé, certes, mais qui aurait mérité quelques pages de plus.

Mais l’auteur a pu supposer que le début et la fin n’offraient que peu d’intérêt à ses jeunes lecteurs qui seraient plus intéressés par le retranchement de Jean dans sa chambre, démuni de toutes provisions de bouche mais possédant de nombreuses armes, revolvers, mitraillettes et grenades afin de se défendre en cas d’intrusion des policiers, puis son évasion rocambolesque par les toits.

A noter que le nom de la rue Desrenaudes a été rectifié en Rue des Renaudes depuis 1897. Dans cette rue qui fit partie de Neuilly jusqu’en 1863 résida Alfred Dreyfus de 1928 jusqu’à sa mort en 1935, au numéro 7, et qu’au numéro 53 se tient le siège du Mouvement Rural de Jeunesse Chrétienne.

Michel RENAUD : Qui a trahi ? Collection Jeunesse héroïque n°8. Editions France d’abord. Parution 1946. 32 pages.

Partager cet article
Repost0
27 novembre 2019 3 27 /11 /novembre /2019 04:45

Pas besoin de passeport pour voyager

dans l’espace !

R. M. de Nizerolles : Les Robinsons de l’île errante.

Tintin, le petit titi parisien et ses amis, M. de Saint-Marc, Timmy-Ropp et le capitaine Rinhoff, dont nous suivons les pérégrinations sur la planète Jupiter, vont de surprise en surprise.

Ainsi, Tintin, une nuit, assiste à un nouveau prodige. Un personnage nommé 1014 RB 3 est à la tête d’un mouvement insurrectionnel et des parias qui couchent à la belle étoile donnent des signes d’agitation. Or ce 1014 RB 3 a troqué ses jambes de cheval, une particularité des Joviens, contre des jambes de nature humaine. Tintin et le Grand-Maître de l’Extraplanétaire préviennent le Roi qui possède une parade en la personne d’un Jovien, pour l’heure enfermé dans une pièce sombre et couché sur un grabat.

Le Jovien possède une tête surdimensionnée, mais ce n’est pas ce qui est le plus extraordinaire. Ce Jovien, arrivé sur une terrasse qui domine la place, fixe de son regard l’assemblée de parias en rébellion et bientôt tout ce petit monde se fige, comme s’il avait transformé en statue les rebelles. Mais ce n’est pas tout, car il faut penser au départ et au retour sur Terre, Tintin se réjouissant de retrouver sa chère sœur Yvonne.

Durant ce voyage, le professeur Saint-Marc s’aperçoit qu’il s’est trompé dans ses calculs. Leur engin planétaire se trouve entraîné dans la course d’une boule d’eau.

 

Pendant ce temps, Yvonne, qui a été enlevée et transportée à bord d’un cargo, le Gogh, avec à son bord le capitaine Egbersonn, se morfond sur le navire. Soudain elle aperçoit à la mer ses amis Jean de Requirec et Jacques Lambert naufragés sur la Mer du Nord, leur avion non loin de couler. Ceci était sciemment réalisé par les deux hommes qui étaient sur les traces, du moins dans le sillage du cargo.

Elle persuade le capitaine Egbersonn de se porter au secours des deux aviateurs naufragés. Parmi les membres de l’équipage, Scipion, un Noir qui est maltraité par le capitaine, va trouver auprès d’Yvonne une oreille et une âme charitable, et il va s’allier aux deux aviateurs et à l’adolescente afin de leur permettre de s’échapper. Mais ils se retrouvent sur une île dont ils ne connaissent pas la position géographique. Ils se rendent juste compte que cette île flotte, dérive vers une destination inconnue.

 

Dans ce fascicule, R. M. de Nizerolles alias Marcel Priollet, explique certains épisodes précédents qui étaient resté dans l’ombre et leur donne un prolongement. Avec naturellement des points obscurs qui ne seront dévoilés que dans l’épisode suivant titré La cible habitée.

Une façon de procéder pour inciter les enfants à continuer à acheter (surtout leurs parents) la suite des aventures de Tintin et ses amis.

A noter que le professeur Saint-Marc a mis au point un Chercheur d’images qui permet, de leur fusée, de détailler la Terre et d’apercevoir de très nombreux détails selon l’inclinaison et la focalisation de l’objet. C’est un peu le système de Google Maps avant l’heure.

L’on se rend compte que ces petits fascicules dont la première parution date de 1936 peuvent être considérés comme politiquement incorrects alors qu’à l’époque personne ne faisait attention à certaines dénominations.

Ainsi Scipion est systématiquement appelé le nègre, ce qui aujourd’hui ferait soulever une armée de boucliers, même de la part de racistes qui ne veulent pas que leurs sentiments soient connus. L’auteur va même jusqu’à se montrer humoristique, pour l’époque. Ainsi Jean de Requirec s’exprime ainsi en parlant de Scipion :

Yvonne sait maintenant qu’il existe un lien entre nous… un lien couleur de cirage, mais un lien tout de même !

Sur cette boutade, les deux amis continuèrent à arpenter le pont.

Nul doute que de nos jours, si ces fascicules étaient réédités, l’éditeur éviterait de laisser cette phrase en l’état et effectuerait quelques corrections.

 

Première édition : Les Aventuriers du ciel n° 50. FERENCZI (Joseph Ferenczi et fils éditeurs). Parution août 1936. 16 pages.

Première édition : Les Aventuriers du ciel n° 50. FERENCZI (Joseph Ferenczi et fils éditeurs). Parution août 1936. 16 pages.

R. M. de Nizerolles : Les Robinsons de l’île errante. Série les Aventuriers du ciel N°22. Cycle : Voyages extraordinaires d'un petit Parisien dans la Lune et les planètes. Editions Ferenczi. Parution janvier 1951. 32 pages.

Partager cet article
Repost0
20 novembre 2019 3 20 /11 /novembre /2019 04:31

Un piaf dans le vent ?

Robert FISKER : Pierrot l’ébouriffé

La curiosité est un vilain défaut, parait-il, et cela se confirme lorsque Pierrot, le jeune piaf, tombe du nid où il vit en compagnie de son frère Pip et sa sœur Tip, et de leurs parents.

Il ne leur ressemble guère avec sa grosse tête, ses plumes implantées dans un désordre qui attire les moqueries, et surtout il a toujours faim. Les parents les mettent en garde contre le chat, le chien, l’aigle, et tout naturellement, ils ont envie de voir ces prédateurs qui possèdent mauvaise réputation. Et un beau jour, alors que les parents sont partis à la recherche de la nourriture quotidienne, Pierrot se penche un peu trop au dehors du nid et tombe dans l’herbe. Il n’a pas encore appris à voler de ses propres ailes.

Il sautille, volète, et arrive dans la cour de la ferme où poules, coq et canards se partagent la nourriture distribuée par la fermière. Mais Pierrot l’ébouriffé est en proie à la vindicte des résidents du lieu, chipant les graines sous le bec des autres volatiles. Seule une vieille poule nommée Prudence le prend sous son aile et lui montre comment s’échapper de la cour en passant sous le grillage, le mettant en garde contre la martre et le renard.

Il lui faut trouver un lieu pour dormir et comme il a toujours faim, il va se nourrir de baies. Les corneilles ne sont guère plus aimables que les poules, le coq et les canards. Il arrive à échapper à la martre qui est fort dépitée. Son apprentissage du vol libre en plein air se perfectionne et il aperçoit un homme avec un tuyau. D’après ce qu’il a entendu, il s’agit d’un garde-chasse avec un fusil.

Un jour, l’homme avec son tuyau tue la martre. Pierrot est débarrassé provisoirement d’un ennemi. Et il sauve la vie à Mikkel, le renard, qui est pris pour cible par l’homme au tuyau. Des sansonnets le délogent du nid qu’il s’était accaparé, le trouvant vide lors de l’une de ses pérégrinations, puis des pies l’accusent, le traitant de voleur. Un comble.

Lors de ses envolées il se blesse, un accident de vol, et il est recueilli par une gamine qui aimerait le garder avec elle. Heureusement la mère sait qu’il a besoin d’indépendance.

Il revoit furtivement sa sœur, puis il continue son périple dans la forêt, affrontant moult dangers, le froid, la neige, le vent qui le fait vaciller, puis bientôt il arrive dans la ville. Lui le moineau des champs va côtoyer les moineaux des villes. Et des gamins qui s’amusent à traquer les oiseaux. Il va se retrouver en cage tandis qu’un chat noir est intéressé et aimerait lui montrer son affection en le croquant.

 

Ce roman se lit comme une parabole des relations sociales entre les êtres humains, de la naissance jusqu’à l’âge adulte. Et plus si affinité !

C’est simple, ce roman étant destiné à de jeunes lecteurs dont la tranche d’âge va de six à neuf ans, et pourtant plein d’enseignement.

Ce pauvre Pierrot est un peu le vilain petit canard de la couvée, mais il n’est pas rejeté par ses parents. Il est différent, certes, mais ils l’aiment comme les autres membres de la fratrie. Ce sont les différents animaux qu’il rencontre, la plupart du temps des volatiles, qui se moquent de lui, qui le mettent à l’écart, qui expriment à son encontre des reproches à cause de son plumage ébouriffé, de sa présence tout simplement, n’ayant rien à faire dans leur aire puisqu’il n’est pas du quartier.

Le symbole de la vie en société avec ces rares congénères qui l’acceptent, l’aident, le conseillent, lui offre une part d’amitié, de chaleur animale ou humaine selon les cas. Et tous les autres qui rejettent ceux qui ne sont pas de leur communauté.

 

Robert FISKER : Pierrot l’ébouriffé (Peter Pjusk et Peter Pjusk pa Eventyr. Traduction du danois par J. Stützer). Collection Rouge et Or Dauphine N° 198. Société Nouvelle des Editions G.P. Parution septembre 1964. 188 pages.

Partager cet article
Repost0
13 novembre 2019 3 13 /11 /novembre /2019 05:23

Et un Petit Prince de lu…

Chantal ROBILLARD : La rose, la gourmette et le jardin d’algues.

Qui n’a pas lu ou relu le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry, ou tout du moins des extraits ?

Car depuis 1943 et son édition aux Etats-Unis, puis en 1945 en France chez Gallimard, on ne compte plus les rééditions et les traductions, les diverses adaptations en films et phonographiques de ce livre. Ce Petit Prince est devenu une allégorie dénonçant le comportement absurde des grandes personnes, et sa représentation par l’auteur, en petit garçon à la chevelure dorée était considérée par le rédacteur en chef du journal américain The Atlantic comme « la plus grande réponse que les démocraties aient trouvée à Mein Kampf ».

Il est vrai que les différentes rencontres effectuées par le Petit Prince peuvent être considérées comme des paraboles. Par exemple celle des Trois Baobabs. un dessin terrifiant d'une planète envahie par trois baobabs (bien enracinés dans la terre) que l'on n'a pas su couper à temps, dessiné « avec le sentiment de l'urgence » écrit l'auteur, peut faire penser aux trois puissances de l'Axe.

Chantal Robillard, en poétesse sensible, nous invite à revisiter cette œuvre, devenue un symbole, par de petits textes qui sont tout autant des contraintes de forme que des exercices de style, dont le sens profond pourrait nous échapper si les explications n’invitaient pas à mieux les apprécier. Et on les relit avec un œil neuf et disséquant.

Cet ouvrage peut être lu, et apprécié à partir de onze ans, mais auparavant l’enfant doit s’être imprégné des symboliques existant dans Le Petit Prince. Et là c’est le rôle des parents à lui faire découvrir ce qui se cache derrière le texte. Ces symboles se retrouvent tout autant dans les textes de Chantal Robillard, sizains, lipogrammes, carrés de quintains, haïkus et autres exercices de styles, que dans les illustrations intérieures de Gaëlle Picard en noir et blanc ombré.

D’ailleurs l’enfant, s’il est soigneux, peut se permettre de mettre en couleurs ces illustrations afin d’en découvrir la simplicité et les faces cachées.

Un livre dépaysant qui offre de nombreuses possibilités de lecture et donne envie de se replonger dans le texte fondateur mais pas que. De s’intéresser également à l’auteur, à l’aviateur, et à cette fameuse gourmette retrouvée courant octobre 1998 et qui a permis d’enregistrer d’autres découvertes.

 

Chantal ROBILLARD : La rose, la gourmette et le jardin d’algues. Illustrations de Gaëlle Picard. Editions Voy[el]. Parution octobre 2019. 96 pages. 12,50€.

ISBN : 9782364754393

Partager cet article
Repost0
6 novembre 2019 3 06 /11 /novembre /2019 05:44

Mais tout à côté…

Michel AMELIN : Le garçon d’à côté.

Amies depuis la maternelle, Clarisse et Violaine se frictionnent de temps à autre. Souvent à cause des garçons et surtout de Valentin, le joli cœur qui affole toutes les adolescentes du collège.

Les parents de Clarisse sont agriculteurs à Montrelais (Ne riez pas, cette petite ville existe réellement et l’auteur y vécu de très longues années) non loin d’Ingrandes où le père de Violaine exerce le métier de notaire. Une différence de statut social qui ne gêne aucunement les deux gamines, leurs seuls points de désaccord résidant dans la jalousie éventuelle causée par l’attirance des garçons sur l’une ou l’autre des deux copines.

Ce jour-là, Clarisse est particulièrement contente. Ses parents envisagent d’acheter une petite maison qu’ils transformeront en gîte, située sur les bords de la Loire. Les anciens propriétaires, des personnes âgées, ont disparu au beau jour (quoique, l’on n’en sait rien s’il faisait beau), avec leur chien, en traversant le fleuve sur leur barque.

La vente aux enchères, dirigée par le père de Violaine, s’emballe car un surenchérisseur contrarie les plans des parents de Clarisse. Son père n’hésite pas à faire monter la mise, malgré la mise en garde de sa femme, mais c’est l’inconnu qui a le dernier mot. Il peut se le permettre lui qui travaille à Paris comme journaliste et écrivain (Réflexion de Clarisse : comment pouvait-on passer son temps à écrire ? L’auteur pourrait peut-être nous l’expliquer). Si Clarisse est passionnée par cette vente aux enchères, elle l’est encore plus par le fils de cet homme qui vient d’acheter cette maison dont elle rêvait. Et naturellement Violaine elle aussi est attirée par ce beau gosse nommé Stan, ce qui la change de ses copains de collège habituels. L’attrait du neuf.

Au début des vacances d’été, le père de Stan entreprend de démolir une grande partie de cette maisonnette afin de la transformer et la restaurer à sa convenance. De plus tous les meubles qui étaient à l’intérieur sont jetés en tas, considérés comme de vieux débris irrécupérables. Et sur ce monticule improvisé a été jeté comme un vulgaire objet mité et miteux, le panier rembourré de Kiki, ce fameux chien des anciens propriétaires dont le cadavre n’a jamais été retrouvé.

Un saccage aux yeux de Clarisse qui est démoralisée. Elle a fait la connaissance de Stan rapidement au cours de la vente à laquelle elle avait assistée de loin, mais elle apprendra à mieux le connaître dans des circonstances baroques au cours de laquelle elle aura la peur de sa vie. De sa jeune existence plus précisément. Mais le père de Clarisse ne veut pas qu’elle fréquente ces nouveaux voisins, toujours mortifié par son échec cuisant.

 

Le garçon d’à côté, dont on sait maintenant qu’il se prénomme Stan, est un roman charmant sur les amours adolescentes, mais pas que. Si ces amourettes ravivent certains souvenirs, avec la jalousie entre copines (ou copains, les garçons ressentant les mêmes sentiments), la découverte des premiers émois, et tout ce qui va avec, les garçons butinant et faisant leur miel auprès de jeunes filles parfois naïves ou au contraire aguicheuses, un autre problème sociétal est abordé en filigrane.

C’est bien l’antagonisme entre gens de la ville achetant hors de prix des masures afin de les retaper à leur guise, et les ruraux qui se sentent envahis par des étrangers qui ne connaissent pas la valeur de l’argent. Des ruraux blessés dans leur orgueil mais qui seraient obligés d’effectuer des travaux afin de mettre aux normes ces bâtisses destinées à la location touristique. C’est aussi ce pincement au cœur de voir mis au rebut des objets dont la seule valeur n’est que sentimentale.

Mais ce roman ne manque pas d’humour malgré l’émotion qui se dégage de cette histoire destinée aux jeunes mais qui ne manquera pas de raviver les souvenirs des plus anciens.

 

Toi, tu n’es pas une contemplative dans mon genre.
Si. J’aime bien contempler les vitrines.
Je te parle des beautés de la nature !

Le monde est vraiment petit à la campagne. Vous vous connaissez tous, bien sûr !
C’est ça. On est comme les tribus oubliées dans la jungle.

J’avais envie de lui arracher les yeux mais, à travers le téléphone, c’était difficile.

Réédition format Ebook. Collection Girly comedy. Tome 14. Editeur michelamelinbestsellers. Parution 29 décembre 2012. 1,84€.

Réédition format Ebook. Collection Girly comedy. Tome 14. Editeur michelamelinbestsellers. Parution 29 décembre 2012. 1,84€.

Michel AMELIN : Le garçon d’à côté. Série Toi + moi = Cœur N°7. Pocket Junior N°619. Editions Pocket Jeunesse. Parution octobre 2000. 120 pages.

ISBN : 978-2266098656

Réédition format Ebook. Collection Girly comedy. Tome 14. Editeur michelamelinbestsellers. Parution 29 décembre 2012. 1,84€.

Partager cet article
Repost0
15 octobre 2019 2 15 /10 /octobre /2019 08:02

Y’a-t-il un pilote dans l’avion ?

Paul-Jacques BONZON : Les six compagnons et l’avion clandestin.

Les six compagnons sautent de joie lorsque leur amie Mady leur apprend que non seulement elle part en vacances dans le massif du Pelvoux, non loin de Bourg d’Oisans, mais qu’ils sont également invités. En effet l’hôtelier qui héberge Mady et sa mère met à leur disposition un chalet d’alpage inoccupé à cette période de l’année et situé dans la montagne.

Tidou, le narrateur, Corget, le Tondu, Gnafron, la Guille et Bistèque, sans oublier Kafi le chien-loup de Tidou, partent pour la montagne en ce début du mois de juillet. Le nom de Pierroux, le village de destination, rappelle à Gnafron un article de journal lu peu avant.

En effet, en compulsant les vieux journaux, ils retrouvent la relation d’un avion qui s’est écrasé en survolant le Plan des Aiguilles le 23 juin. Il s’agit d’un quadriplace, un X 115, dont le train d’atterrissage a été endommagé dans l’accident. D’après une cordée d’alpinistes, l’appareil volait tous feux éteints. Alertées les équipes de secours se sont immédiatement rendues sur place, mais il n’y avait plus personne à bord de l’avion ou dans les environs.

Il n’en faut pas plus pour attiser la curiosité des six compagnons. Ils arrivent donc au petit village de Pierroux. L’installation au chalet est rapidement organisée, mais pour accéder à l’habitation rudimentaire il ne leur faut pas moins de près de deux heures de marche à pied. Ce n’est pas très loin, à vol d’oiseau, mais la grimpette est ardue. Mais rien ne rebute ces adolescents en bonne santé physique.

Des bruits la nuit, la découverte de l’avion qui apparemment est en bon était, d’un mouchoir taché d’huile puis d’une clé anglaise retrouvée dans la nature, autant de petits faits qui mettent les six compagnons, sans oublier Kafi, sur la piste d’un homme terré dans une grotte. Il s’agit du pilote de l’avion, un Italien qui a accepté de prendre un passager sans passer par la filière habituelle de la douane et autres complications administratives. Il est vrai que la somme proposée pour ce voyage aérien qui devait les conduire à Dijon était assez conséquente pour mettre du beurre dans les spaghettis. Sans oublier la sauce tomate et le parmesan.

Son passager, blessé à la tête, est parti traînant une grosse valise, le laissant sur place, seul, tentant de réparer son appareil afin de repartir chez lui. Surtout il ne faut pas prévenir la police.

Les six compagnons ne mangent pas de ce pain-là et bientôt le décollage est envisagé. Hélas, même s’ils ont préparé la piste d’envol, il reste quelques pierres et l’avion ne peut décoller. Il s’écrase une nouvelle fois, manquant de tomber dans un ravin et le pilote est blessé. Ils fabriquent un brancard de fortune et redescendent l’aviateur à l’hôtel. Ils sont bien obligés de prévenir la police et un médecin logé à l’hôtel pour les vacances s’emploie à soigner le malheureux.

Aidés de Mady, les six compagnons s’intéressent aux pensionnaires de l’hôtel. Notamment à un curieux personnage affublé d’un béret basque qu’il ne quitte jamais. Serait-il le passager clandestin ? Mais il n’est pas le seul pensionnaire et l’un d’eux pourrait être ce passager clandestin revenu sur place afin de récupérer quelque objet. Car des sachets de drogue ont été découverts dans la cabine de pilotage par les policiers venus pour effectuer les premières investigations.

 

Ce roman, narré à la première personne par Tidou, n’a pas pris une ride. Qu’il s’agisse de transporter des produits illicites, ou des passagers clandestins désireux de fuir leur pays pour des raisons qui leurs sont personnelles, souvent politiques, font encore la une des journaux de temps à autre. Et les bonnes âmes ne manquent pas, heureusement, pour aider ceux qui sont en péril.

Un sujet donc qui est toujours d’actualité, et l’on ne manquera pas de relever l’attitude des policiers envers Beppino, l’aviateur. Il est vrai que celui-ci est le seul à pouvoir fournir des explications, et qu’il est de fait présumé coupable puisque justement il ne peut rien dire. Non pas parce qu’il veut cacher quelque chose mais bien parce qu’il est innocent ! Mais il est tellement plus facile d’accuser sans preuves que de chercher celles-ci. Donc de victime il est catalogué comme présumé coupable.

Le rôle des médias, des journalistes, aussi est plus ou moins dénoncé. Ils emboîtent sans vergogne les déclarations des policiers, les faits étant relatés d’une façon partiale. Juste sur la base de renseignements non vérifiés. La présomption d’innocence est bafouée.

Or ce rôle des médias d’amplifier les informations est critiquable. L’on vient d’en avoir une nouvelle preuve avec les déclarations jetées en pâture aux lecteurs, auditeurs et téléspectateurs, avec surenchérissement dans les révélations, sur l’arrestation du présumé principal suspect de l’affaire Dupont de Ligonnès. Mais les audiences télévisées montent en flèche de même que les ventes des journaux.

Un message destiné aux jeunes leur suggérer de se méfier des informations délivrées à chaud par leurs journaux, papiers ou audiovisuels. Certains devraient tourner sept fois leur langue dans leur bouche et ne pas établir de conclusions hâtives.

 

Paul-Jacques BONZON : Les six compagnons et l’avion clandestin. Douzième roman de la série. Bibliothèque Verte. Editions Hachette. Première parution 1967.

Réimpression parution le 20 avril 1976. 190 pages.

ISBN : 2010014146

Partager cet article
Repost0
13 octobre 2019 7 13 /10 /octobre /2019 04:11

Dans le ghetto de Lisbonne…

Jean-Marie PALACH : La bataille de Mocambo.

En cette fin du mois de juin 1712, le Pombal, le navire au bord duquel s’est embarqué Loïc dit Sabre d’or, est en vue de Lisbonne. Le jeune marin espère rejoindre sa promise, Amalia, la fille de l’amiral Azevedo, qui fêtera ses seize ans le 31 juillet. Il espère surtout arriver avant le mariage, arrangé, de celle qu’il aime avec un noble Anglais, Thomas Howard, duc de Norfolk et neveu d’Anne, reine de Grande-Bretagne et d’Irlande, et faire capoter cette union.

Il a voyagé comme marin, prétendant se nommer Rodrigo et être natif de Faro, d’une mère portugaise dont le grand-père était Hollandais. Il lui faut bien justifier ce nom lusitanien avec ses cheveux blonds et ses yeux verts. Grâce à son ami Antonio, il pourrait trouver un logement chez le maître d’équipage auquel il a sauvé la vie, mais il préfère se rendre chez les frères Costa, les oncles de Carmelita. Il a connu Carmelita à Rio de Janeiro et elle lui a remis une lettre d’introduction pour les patrons de l’auberge du Nouveau Monde.

Après discussions, les deux aubergistes acceptent de loger Loïc dans une petite dépendance, au fond de la cour. En contrepartie ils exigent qu’il serve en salle, travail auquel le jeune garçon était habitué dans l’estaminet de sa mère surnommé La Belle Marquise. Les deux frères sont très proches de leurs reis, l’argent portugais, et Loïc, ne voulant pas se dévoiler, affirme être démuni. Ils possèdent une trentaine d’esclaves africains qu’ils louent principalement comme porteurs d’eau pour les notables des hauts quartiers.

Loïc fait la connaissance de Violette, l’une des esclaves, une jeune femme magnifique, mère d’un petit Luis, qui travaille plus que les autres esclaves car elle n’a jamais voulu céder à leurs avances. Elle lui narre ses aventures et surtout ses mésaventures et comment elle, qui est instruite, est arrivée entre les pattes des frères Costa.

Il devient également l’ami de Gustavo, un ancien capitaine qui ne peut plus naviguer et passe ses journées attablé dans l’auberge. Ainsi que de Michele Durafore, qui se dit Portugais, mais est Français comme lui. Les deux compatriotes en arrivent à échanger des confidences gardant toutefois vers eux quelques secrets.

Si Loïc se fait des amis, il se fait également des ennemis notamment avec Bernardo le brutal responsable des esclaves. Lors d’une journée où Loïc l’accompagne encadrant les porteurs d’eau, à la demande expresse des frères Costa, il vient à la rescousse d’un des esclaves. Et il prend aussi la défense de Violette qui manque trébucher.

Mais les jours passent et la journée fatidique approche. Il parvient à s’infiltrer dans le château d’Azevedo, espérant pouvoir communiquer avec Amalia. Caché derrière des tentures, il surprend Azevedo et deux autres hauts militaires complotant contre le Roi Jean V, dit le Magnanime. Il est découvert, parvient à échapper aux sbires lancés sur sa trace et rentre à l’auberge. Seulement les soldats ne sont pas longtemps sans découvrir sa cache et Violette l’emmène dans le Mocambo, le quartier réservé aux Noirs, esclaves affranchis ou en fuite, un territoire sur lequel règne la Princesse Yennenga, une vieille femme noire encore belle et dont l’aura sur ses sujets ne souffre d’aucune contestation.

Loïc est recherché mais sa popularité grandit parmi la population, malgré les mensonges éhontés qui sont propagés par Azevedo et sa clique. Le roi, qui est un peu falot et s’en remet volontiers à ses généraux, ordonne la destruction du quartier de Mocambo. La vie de Loïc, Violette, la Prince Yennega et tous les Noirs qui vivent dans cette enclave, ne tient qu’à un fil.

 

La bataille de Mocambo est un roman d’aventures à prédominance historique et didactique, destiné à l’édification des adolescents, mais pas que. Bien des adultes pourraient en tirer profit, à moins d’être obtus dans leurs convictions négatives.

Ce roman dénonce les conditions d’exploitation des esclaves noirs africains au XVIIIe siècle au Portugal, des conditions précaires mais ce pays n’était pas le seul à se montrer aussi dur. Bien d’autres pays, dont la France, se conduisaient ainsi, de manière indigne.

Il est bon parfois de rappeler ce qu’il se passait afin de comprendre les réticences, voire le ressentiment, de certains peuples vis-à-vis des Européens et de leur méfiance.

Un roman humaniste donc mais dont l’épilogue est apparenté à un conte merveilleux, sans les fées, dont on sait que la fin, en général, se termine bien. Presque toujours.

Ce roman clôt la saga de Loïc dit Sabre d’or et c’est dommage. J’aurais bien lu d’autres aventures de ce marin intrépide et attachant, même si parfois, par ses actions d’éclat, il se montre un peu à l’égal d’un super héros, un peu à la manière de Michel Zevaco dans ses feuilletons historiques, notamment la saga des Pardaillan.

 

Jean-Marie PALACH : La bataille de Mocambo. Les aventures de Loïc le corsaire tome 4. Editions du Volcan. Parution le 8 octobre 2019. 228 pages. 12,00€.

ISBN : 979-1097339173

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
  • Contact

Recherche

Sites et bons coins remarquables