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5 mars 2020 4 05 /03 /mars /2020 04:53

L’œil était au fond de la mer…

Serge BRUSSOLO : L'œil de la pieuvre.

Pour une fois, j’oserai dire que je n’ai pas été convaincu par Serge Brussolo dans ce roman pour adolescents.

L’idée était bonne, mais le résultat peu probant. Surtout vers la fin. On se croirait au départ dans un conte pour des 9/10 ans, à la fin pour des 12/14. D’ailleurs, mon petit-fils qui aime piocher dans mes livres n’a pas aimé, ce qui est tout de même une référence vous l’avouerez. Bon d’accord, il a un tout petit peu plus de 14 ans, mais je lui fais confiance dans son appréciation, puisque, après tout, ce roman s’adresse à une nouvelle génération de lecteurs.

Entrons dans le vif du sujet. Sigrid est une adolescente qui depuis une dizaine d’année vit dans un sous-marin en compagnie d’autres jeunes gens de son âge. Seulement le monde marin est empoisonné (et empoissonné aussi, si vous y tenez !), les flots d’Almoha possèdent l’étrange pouvoir de transformer en poissons ceux qui sont au contact du liquide qui recouvre cette planète.

Une expérience qui commence à peser lourd sur les occupants du sous-marin. Les légendes courent, transmises de bouche à oreille, entretenues par un équipage qui se réduit dans d’étranges conditions. Mais le monde de la pieuvre est-il vraiment tel qu’il est représenté ? Entre les on-dit, les rumeurs, les réalités et les chausse-trappes, Sigrid et ses compagnons auront fort à faire. Surtout lorsque ceux-ci la laisseront tomber pour gagner du galon.

 

Un peu puéril et allant dans tous les sens, comme s’il s’agissait parfois de nouvelles accolées ensemble, Sigrid et les mondes perdus est toutefois une parabole sur la différence et la xénophobie.

Une leçon que ne comprendront pas forcément les lecteurs auxquels ce roman s’adresse. Mais on peut toujours espérer. Quelques illustrations, signées Emmanuel Saint et Serge Brussolo égaient ( !) ce roman.

 

Serge BRUSSOLO : L'œil de la pieuvre. Sigrid et les mondes perdus. Collection Le Masque Grand Format. Parution le 25 mars 2002. 322 pages.

ISBN : 978-2702480571

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26 février 2020 3 26 /02 /février /2020 05:49

Lorsqu’elle a aperçu le petit Manu pour la première fois ?

Lucie RAUZIER-FONTAYNE : Le sourire de Brigitte.

Dans la cour de récréation de la pension Bénézet, un internat de jeunes filles, c’est l’effervescence. Surtout autour du trio de chipies de la classe de quatrième. Claudie, la brunette aux nattes raides, la blonde Jacqueline et surtout la redoutable Françoise

Elles attendent avec impatience la nouvelle surveillante qui cumulera l’emploi de professeur de français. Quelle n’est point leur surprise lorsqu’elles découvrent qu’au lieu d’une revêche femme sèche, grognon et laide, c’est une jeune fille qui devra les encadrer.

Brigitte en effet vient tout juste d’avoir dix-huit ans et c’est son premier poste, personne d’autre n’ayant répondu à la petite annonce. La directrice la met en garde contre les trublions en jupes, mais Colette, un des jeunes collègues de Brigitte lui promet son soutien.

Brigitte a préféré venir dans cette petite ville du sud de la France qu’accéder à l’offre d’une vieille tante, qu’elle appelle Mamé et qui vit en Camargue, clouée dans un fauteuil de paralytique, afin de pouvoir s’assumer et de ne dépendre que d’elle-même. Depuis, la vieille dame refuse de la voir. Pourtant Brigitte s’obstine, lui écrivant des lettres d’excuses et d’explications, missives auxquelles Mamé ne daigne pas répondre. Brigitte a perdu ses parents alors qu’elle était encore jeune, et c’est sa marraine qui l’a élevée. Mais celle-ci vient de décéder et Brigitte se retrouve seule.

Les premiers contacts de Brigitte avec ses jeunes élèves n’augurent rien de bon, pour autant elle ne se décourage pas. Au contraire, elle s’est donné une mission qu’elle veut mener à bien. Eduquer et apprivoiser les rebelles. Toutes ne sont pas si chahuteuses et indociles, voire agressives. Priscille, par exemple, la jeune Malgache. Et grâce à ses questions anodines, Brigitte parvient à cerner le caractère de ses élèves.

La plupart sont des orphelines, ou n’ayant que des parents vivant très loin, ou encore ne pouvant s’occuper d’elles à cause de leurs activités professionnelles. Des gamines de douze à quatorze ans qui se sentent délaissées, rejetées du cocon familial. Il leur manque l’amour parental, la présence de personnes aimantes et compréhensives.

Lorsqu’elle se renseigne auprès de certaines de ses élèves, c’est par une légitime curiosité mais non par indiscrétion. Et afin de leur donner des occupations autres que des devoirs, elle leur propose de fonder un club, les Amies de la Nature. Et elle parlemente auprès de la directrice la possibilité de sortir le dimanche, non point en cortège dans la ville, mais à la rencontre de la nature. De recueillir des plantes et de les collectionner dans un herbier par exemple.

Cette proposition enchante la plupart de ces jeunes adolescentes. D’autres sont rétives mais devant l’enthousiasme des premières, bientôt elles sont une vingtaine à fréquenter ce club. D’ailleurs, une salle désaffectée au dernier étage du pensionnat leur est gracieusement prêtée, pièce qu’elles vont nettoyer, peindre, arranger à leur manière. Une réhabilitation qui ne peut que convenir à la directrice et aux membres du comité d’administration. Puis ce sera l’organisation d’une kermesse en fin d’année. Et surtout cette idée folle d’emmener ses jeunes élèves non loin de chez Mamé pour les vacances d’été, dans des bungalows près d’une manade dont Brigitte connait les propriétaires.

Car subsiste ce point noir, les non réponses de Mamé aux nombreuses lettres que Brigitte lui envoie. Heureusement, son cousin Vincent, un cousin éloigné, lui donne des nouvelles de Sylvestral, le mas où vit Mamé. Seulement l’armée l’a appelé, comme la plupart des jeunes de l’époque, et il effectue son service militaire.

Enfin le grand jour est arrivé et départ pour la Camargue… Brigitte a toujours su préserver son passé, aussi l’étonnement des gamines est à son comble lorsqu’elles aperçoivent un jour Brigitte se promenant librement à cheval dans un environnement qu’elle connait fort bien.

 

La bonne humeur règne dans ce roman, avec toutefois quelques passages émouvants. Un peu mièvre jugeront certains. Mais il ne faut pas oublier qu’il s’adresse en priorité à des filles jusqu’à l’âge de quatorze ans, et que la première édition date de 1960.

Alors, le contexte est différent que celui qui nous entoure de nos jours, la société a évolué, pas forcément en bien, ni en mal, selon les appréciations de tout un chacun.

C’est également un roman social, et pour la jeune génération, un regard porté sur avant, comment c’était. De nos jours où le problème de la retraite et surtout de son financement, inquiète bon nombre de travailleurs, de politiques aussi mais pour des raisons pas toujours avouables, il est important de remarquer qu’une jeune fille d’à peine dix-huit ans pouvait être professeur de français dans un établissement privé, en n’ayant en poche que le baccalauréat et un certificat de licence. L’entrée dans le travail dit actif à un âge où les prétendants étaient jeunes. De nos jours il faut de longues études, en général Bac + 5, pour parvenir au même point, et les résultats enregistrés par les élèves ne sont pas toujours au rendez-vous.

 

Lucie RAUZIER-FONTAYNE : Le sourire de Brigitte. Illustrations de François Batet. Collection Idéal-Bibliothèque N°199. Editions Hachette. Parution 3e trimestre 1962. 192 pages.

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19 février 2020 3 19 /02 /février /2020 05:16

En route vers la Géorgie !

Mais pas celle des Etats-Unis !

Les MARTIN : Indiana Jones Jr et la princesse fugitive

Juillet 1913. Comme il le prévoyait, Indy s’ennuie dans le train. Il voyage en compagnie de son père, le professeur Henry Jones, qui l’oblige à lire un ouvrage sur l’histoire des Etats-Unis d’Amérique alors qu’il préférerait se plonger dans Règlements de compte à O.K. Corral, un roman qu’il a emmené en cachette.

Ils se rendent en Géorgie, à la demande d’un mystérieux correspondant qui leur paie leur voyage et leurs frais occasionnés par ce déplacement jusqu’au bout de l’Europe. Mais d’abord ils doivent se rendre à Saint-Pétersbourg et enfin Indy trouve un intérêt à ce voyage ferroviaire. Une diversion leur est proposée car ils doivent changer de train.

En effet l’écartement des rails en Russie est différent de celui du reste de la ligne qu’ils viennent d’emprunter. Et, au grand plaisir d’Indy, ils vont finir le reste du trajet séparément et jouir chacun d’un compartiment. Seul ! Indy en salive d’avance. Il va pouvoir se plonger dans son livre préféré sans recevoir de réflexions désagréables de la part de son père. Sur le quai, des policiers demandent à vérifier le contenu des malles des voyageurs, quitte à les démolir si personne n’est là pour obtempérer.

Seulement, lorsqu’il veut s’assoir sur son lit, il réveille un jeune garçon qui s’était déjà installé. Des explications s’imposent et naturellement le jeune Ivan, qui semble effrayé, va pour entamer son récit alors qu’un policier est chargé de vérifier les passagers et leurs passeports. Heureusement le contrôleur qui le précède sauve Indy et son compagnon des griffes policières en précisant qu’il est le fils du professeur Henry Jones. Le célèbre professeur Henry Jones. Cela vaut mieux qu’un passeport.

Alors Ivan narre son épopée. Il étudiait en Suisse, et parle couramment le Français, l’Anglais et d’autres langues. Son père fait partie d’un groupe d’opposants au Tsar Nicolas II, un tyran, mais il a été arrêté, dénoncé par une taupe infiltrée dans l’organisation. Indy explique que lui et son père se rendent en Géorgie, après une courte étape à Saint-Pétersbourg. Au nom de Géorgie, Ivan se trouble.

Indy propose alors à Ivan de l’aider jusqu’à leur destination russe, et son père, toujours plongé dans ses grimoires et autres lectures, accepte d’autant que la courte conversation qu’il a avec Ivan l’amène à penser que la présence de ce compagnon qui est fort éclairé sur la Russie ne pourra qu’être bénéfique à l’édification de son fils.

A Saint-Pétersbourg, Indy décide de visiter la ville en compagnie d’Ivan mais bientôt ils se rendent compte qu’ils sont suivis par deux barbus. Ils parviennent à leur échapper non sans mal et Ivan rejoint son lieu d’hébergement.

Le professeur Henry Jones a rendez-vous avec un nommé Kipiani, son généreux correspondant qui doit le conduire jusqu’à Tiflis voire plus loin, afin que le professeur Henry Jones puisse effectuer des recherches historiques et rédiger un livre. C’est là qu’Indy est confronté à la surprise de sa jeune existence. En effet Kipiani leur présente une jeune fille qui doit effectuer le voyage en leur compagnie. Elle s’appelle Tamara, en référence à Tamar, une ancienne reine de la Géorgie. Or, Tamara n’est autre qu’Ivan !

 

Naturellement Indy va vivre des aventures palpitantes, périlleuses, en Géorgie et jusqu’à Bakou, en compagnie de Tamara. Car Tamara est destinée à régner de par son ascendance.

Roman d’aventures dont le jeune Indiana Jones, dit Junior par son père, appellation qui ne lui convient guère et le hérisse parfois, est le héros, mais également roman historique

En effet, Les Martin, qui a écrit de nombreux romans dans la série Indiana Junior ainsi que pour la série juvéniles X-Files, ne se contente pas d’écrire les péripéties subies par son jeune héros, mais il revient souvent sur l’histoire de la Russie, de la Pologne, de la Géorgie et de l’Azerbaïdjan, notamment la révolte de 1905, et sur les différentes religions de ces pays, dont le Zoroastrisme.

Plaisant et didactique mais sans être pour autant d’une pédagogie barbante, Indiana Junior et la princesse fugitive est une plongée intéressante dans la jeunesse d’Indiana Jones dont la vocation est déjà d’être archéologue. Cette histoire a été publiée en 1991, soit quelques mois après la démolition du mur de Berlin et au moment de la dissolution de l’URSS, revenant sur quelques faits marquants. Ce qui constitue l’une des missions du professeur Henry Jones, sur les instances du Géorgien Kipiani :

 

Le gouvernement russe, qui nous a annexés voici un siècle, s’acharne à nous faire oublier notre passé. Il veut nous persuader que nous sommes des Russes et non des Géorgiens. Il nous ment sur ce que nous sommes, et il veut nous faire vivre dans le mensonge ! C’est pourquoi je tiens à ce que vous découvriez la vérité, et je compte sur vous pour l’écrire dans un livre. Que notre peuple retrouve la mémoire de son glorieux passé !

 

Une demande, un souhait qui animent encore aujourd’hui de nombreux pays de par le monde, ayant eu à subir invasions, annexions et colonisations.

 

Les MARTIN : Indiana Jones Jr et la princesse fugitive (Indiana Jones and The Princess of Peril – 1991. Traduction de Stanislas de Thou). Illustrations d’Erik Juszezak. Collection Bibliothèque Verte Série N°582. Editions Hachette. Parution février 1992. 160 pages.

ISBN 9782010188381.

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6 février 2020 4 06 /02 /février /2020 05:56

Le cheval, la plus belle conquête de l’Homme ? Parfois ce serait plutôt le contraire…

Henry V. LAROM : Un poney des Rocheuses

Pour la première fois de sa courte existence, le jeune Andy Marvin passe des vacances dans la ferme de son oncle dans le Wyoming, et plus précisément dans les Montagnes Rocheuses. Il profite du grand air et de la nature. Et surtout, si ses travaux l’accaparent, cela ne lui pose aucun problème car il s’occupe des chevaux, et plus particulièrement du poney qui lui a été attribué, la petite Snippy.

Un jour qu’il revient du village, il aperçoit un homme maltraitant un magnifique alezan. L’animal est jeune, pas encore dressé, et se rebiffe. Au lieu d’user de douceur et de fermeté, l’homme nommé Garland lui assène des coups de cravache, tire sur le mors, et l’animal apeuré a la bouche ensanglantée.

N’écoutant que son courage et son amour des chevaux, Andy s’interpose et propose d’acheter l’alezan. Les négociations sont âpres mais Andy parvient à ses fins, au prix de quarante dollars. Et l’oncle Wes n’est guère satisfait, ayant un vieux contentieux avec le nommé Garland.

Un bronco, c’est-à-dire un alezan qui n’a jamais été sellé, ne se monte pas si facilement, surtout lorsqu’il a subi des sévices. Alors Andy ne parviendra à se tenir dessus et à le diriger qu’au bout de nombreuses heures de dressage, et de patience, entouré et encouragé par son oncle et la fille adoptive de celui-ci, la pétulante Sally, véritable garçon manqué de dix-huit ans.

Des chevaux se sont échappés d’un corral voisin et une prime est offerte à qui les retrouvera. Naturellement Andy se propose de participer aux recherches bien juché sur Sunny, son alezan presque docile, et il s’enfonce dans les Rocheuses. S’il parvient à les retrouver et les ramener, ce sera tout bénéfice pour lui, ainsi que pour Sally qui l’accompagne et l’aide.

Mais d’autres amateurs sont sur les rangs dont Garland et une bande de Dudes, des petits voyous venus de la ville et qui ne lésinent pas sur les coups de feu le cas échéant. Et les dangers se dressent sur la route d’Andy qui ne s’arrête pas en si bon chemin. Car des vols de chevaux sont signalés et Andy accompagne son oncle Wes qui a confiance en lui. Heureusement car la pluie, la tempête, le froid, la neige plus les bandits qui s’invitent dans cette chasse, sans oublier les blessures occasionnées à cause des voleurs de chevaux et des éléments naturels perturbent leurs recherches.

Andy peut compter sur Sunny et il parvient à prévenir le shérif grâce à un téléphone de campagne installé dans une baraque réservée aux garde-chasses qui eux aussi viennent à la rescousse.

 

Un roman dont le Wyoming sert de décor naturel et dont les chevaux, dont la petite Snippy et l’ombrageux Sunny, sont parties prenantes parmi les hommes se pourchassant.

Un roman réaliste pour jeunes et moins jeunes lecteurs, et qui décrit la nature et la vie quotidienne des éleveurs de chevaux au milieu du XXe siècle en cet état rural. Un roman que l’on pourrait cataloguer comme un épisode du Far-West mais sans les Indiens.

Il n’y a pas de temps morts dans cette aventure d’un jeune citadin qui découvre la campagne et s’y trouve à son aise. Un roman d’aventures plaisant qui est également un reportage et un documentaire sur la vie des ruraux aux USA.

Henry V. LAROM : Un poney des Rocheuses

Henry V. LAROM : Un poney des Rocheuses (Mountain Pony – A story of the Wyoming Rockies. 1946. Traduction de Charlotte et Marie-Louise Pressoir). Illustrations de Jean Reschofsky. Collection Bibliothèque Verte. Editions Hachette. Parution 1952.

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29 janvier 2020 3 29 /01 /janvier /2020 05:49

C´est un fameux trois-mâts fin comme un oiseau, hissez haut…

Françoise d’EAUBONNE : Chevrette et Virginie.

En cet an de grâce 1777, le Duras, un fier trois-mâts, quitte l’île de France, l’ancien nom de l’île Maurice, emportant à son bord la charmante Jeanne Perthiviers, à peine vingt ans, et la douce Virginie Goupil des Sermeuses, seize ans. Toutes deux se rendent à Pondichéry, Jeanne pour rejoindre son mari épousé peu avant et en poste dans ce comptoir français, et Virginie sa mère qu’elle n’a pas vue depuis des années.

Jeanne a été surnommée Chevrette par son grand-père, un vieux marin ayant bourlingué sur toutes les mers du globe et se nommant Chevreau, et elle aime qu’on l’appelle ainsi, le réclamant même. Elle est un véritable garçon manqué, et a appris à monter à cheval, à pratiquer l’escrime et autres amusements mâles. Elle est accompagnée de Flicq-en-Flacq, un négrillon de dix ans qui est son majordome et son filleul. Tandis que la frêle Virginie, qui a été élevée dans un couvent, est sous la houlette de Marie-Marie, sa servante noire. Elles passent leur temps à papoter tandis que Flicq-en-Flacq s’amuse avec Toine, le mousse de son âge, à des jeux de pirates.

La vie est douce à bord et l’ennui n’est point de mise. Le capitaine Freton de Vaujas préfère jouer au violon ses airs favoris, dont Les Indes Galantes de Rameau, déléguant la conduite du navire à son second Louis de Barre. Il possède un magnifique herbier qu’il montre avec fierté à ses passagères. Ce qui ne l’empêche pas de s’éprendre de Virginie, ce qui n’échappe à personne sauf peut-être à la principale intéressée. Il offre même à Virginie une magnifique perle.

Le voyage est toutefois perturbé par une tempête due à la mousson d’équinoxe et bientôt le navire est en perdition. Grâce à l’esprit d’initiative de Louis de Barre et de Chevrette, un radeau est rapidement fabriqué, les barils de poudre et autres denrées entreposés dessus, sans oublier les passagers et les marins, et bientôt ils parviennent à une petite île des Maldives. Ils sont accueillis par le chef de la tribu locale, Tupahiac, d’autant plus facilement que Louis de Barre s’exprime parfaitement en leur idiome. Heureusement.

Mais des pirates qui abordent sur une autre île située non loin, repèrent le Duras échoué et se rendent sur l’île où sont réfugiés les Français et l’idée leur vient de s’emparer de Chevrette et Virginie. Mais c’est sans compter sur les trublions que sont Flicq-en-Flacq et Toine.

 

L’histoire est censée se dérouler en 1777, et la jeune Virginie fait souvent référence à son roman de prédilection, Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre. Louable intention et prémonition car ce roman n’a été publié qu’en 1788 !

Françoise d’Eaubonne, née le 22 mars 1920 et décédée le 3 août 2005, était une femme de lettres ayant touché un peu à tous les genres. Romans pour enfants, romans engagés (elle fut une féministe libertaire), essais et biographies, et son œuvre est plus riche que celle proposée par Wikimachin. En effet elle usa de nombreux pseudonymes dont celui de Nadine de Longueval au Fleuve Noir pour les collections Grands Romans et Présence des femmes. Elle était la sœur de Jehanne Jean-Charles, écrivaine elle aussi, mariée avec Jean-Charles, le célèbre auteur de La foire aux cancres et des Perles du facteur, entre autres.

Quant à Chevrette et Virginie, il s’agit d’un roman d’aventures maritimes qui n’en pas sans rappeler par certains côtés Paul et Virginie, mais pas que, car les rebondissements sont multiples et l’épilogue est nettement plus heureux.

Françoise d’EAUBONNE : Chevrette et Virginie. Collection Bibliothèque Verte N°46. Editions Hachette. Parution 3e trimestre 1958. 254 pages.

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23 janvier 2020 4 23 /01 /janvier /2020 05:50

Un cavalier, qui surgit hors de la nuit
Court vers l’aventure au galop…

Jacqueline MIRANDE : Le cavalier.

En cette fin de novembre 1765, ayant fini de ramasser des sarments de vigne, de les fagoter puis de les mettre sur le dos de sa mule, Jean-Baptiste quitte le petit village de Vaugirard et s’apprête à rejoindre le quartier de Saint-Germain-des-Prés dans Paris.

Tout en marchant dans le brouillard, Jean-Baptiste rêve de voyages, de Louisiane, de Mississipi ou encore des Indes. Ce n’est pas qu’il est mal traité chez Dame Anne-Françoise Floche comme commis marchand-drapier, mais l’aventure le tente, le tenaille.

Il longe le mur du clos Périchot, préférant prendre le petit chemin herbu à la grande route, trop encombrée. C’est alors que surgit un cavalier devant lui et il n’a que le temps de se jeter contre le mur. Un vif échange s’établit entre ce jeunot d’une quinzaine d’année et ce cavalier vêtu de gris et qui paraît la trentaine. Toutefois Jean-Baptiste raconte quelque peu sa vie d’orphelin, vivant chez la marchande-drapière devenue veuve et mère de Pernette, treize ans, et indiquant son adresse. Et ils se quittent, le cavalier promettant de se revoir car il doit se rendre justement dans le quartier de Saint Germain.

Jean-Baptiste aide de son mieux Dame Anne-Françoise mais les temps sont durs. Il n’y a plus guère de clients car la pénurie de tissus se fait sentir. Pourtant le vieil Eloi Picard reste attaché à cette boutique, vivant au dernier étage dans le grenier. De plus la boutiquière est criblée de dettes, à cause d’un voisin maître-rôtisseur qui pratique l’usure. Jean-Baptiste narre sa rencontre à Dame Anne-Françoise, laquelle est fort intéressée. Cela lui remémore sa jeunesse, ses quinze ans, avant qu’elle se marie avec Floche, la quarantaine sonnée, auprès de qui elle avait trouvé refuge.

Un soir, le jeune Gilles fait irruption dans la boutique. Il n’en peut plus d’être maltraité par son grand-père, perruquier de son état et qui n’est autre que le frère d’Eloi. Alors n’écoutant que leur bon cœur, Eloi et sa patronne recueillent le gamin de quatorze ans, un facétieux qui ne rêve lui que de devenir comédien et se produire sur les planches.

L’entente cordiale ne règne pas toujours entre Jean-Baptiste, Gilles et Pernette, qui est quelque peu capricieuse, mais bientôt ils se ligueront contre l’adversité. En effet Eloi, qui est considéré comme un oncle, possède des livres interdits et il a été dénoncé par le perruquier et son ami le rôtisseur. Mais quelqu’un se cache derrière cette délation. Heureusement, grâce à l’esprit de décision de Jean-Baptiste et aussi à sa bravoure, la situation peut s’arranger provisoirement. Et le cavalier inconnu, surnommé le Marquis Carême, va aider la veuve à se dépêtrer de ces malheurs.

 

Ce roman pour enfants, non interdit aux adultes, met en avant deux points cruciaux en cette fin de règne de Louis XV. L’interdiction d’ouvrages considérés comme des livres incitant à la révolte, écrits notamment par Voltaire et Jean-Jacques Rousseau, et qui sont bannis par la censure. Des ouvrages qu’on ne pouvait que se procurer sous le manteau et imprimés la plupart du temps à l’étranger.

Mais un autre point, pas assez développé à mon goût, est celui qui secoua le début des années 1750, lorsque des enfants, considérés la plupart du temps comme orphelins mais ne l’étaient pas forcément, étaient traqués et enlevés par la maréchaussée puis déportés vers la Louisiane et le Mississipi, avant que ces possessions françaises tombent sous la domination britannique en 1763.

Jacqueline MIRANDE : Le cavalier. Collection Pocket Jeunesse N°497. Editions Pocket. Parution janvier 2010. 128 pages.

ISBN : 9782266137393.

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15 janvier 2020 3 15 /01 /janvier /2020 05:19

Papy fait de la Résistance…

NOËL-NOËL : Le père tranquille.

Avec son feutre noir un peu cabossé, ses lunettes et sa serviette, Edouard Martin passe quasiment inaperçu dans les rues de Moissan (Charente) et ses environs. L’homme de la rue, que tout le monde connait, que tout le monde salue, mais qui est si effacé qu’il est oublié dès que les passants l’ont croisé.

Le brave homme type, qui ne fait pas de vagues. Il est marié avec Madeleine, qui l’appelle Edouard. Ses enfants, Monique, dix-huit ans, et Pierre, seize ans et demi, lui disent papa. Mais pour tous ses amis et ses concitoyens en général, c’est le Père Tranquille. Une référence pour ce représentant régional d’une compagnie d’assurances.

Sa passion consiste en la culture des orchidées, des plantes fragiles qu’il garde soigneusement dans sa serre, pratiquant des boutures, recherchant la perfection. Ses pots sont placés sur des étagères, il les manipule avec précaution, et parfois il se glisse derrière les rayonnages, à l’abri de la vue de tous, sa famille y compris.

En ce 23 mars 1944, alors que les Allemands sont présents partout, et construisent une usine non loin de chez Martin, celui-ci sort tranquillement du Café de la République. Il croise sans y faire attention un homme qui entre et ne lui jette pas un regard. Cet homme, qui prétend se nommer Jourdan, demande à parler au patron en toute intimité. Le bistrotier, un homme à la carrure de catcheur, se demande bien ce que lui veut cet homme mais celui-ci a les mots qu’il faut pour le mettre en confiance. Les mots et les papiers.

Il a été parachuté depuis l’Angleterre afin de recruter de jeunes gens pour servir dans la Résistance et deux adolescents sont convaincus. Ils partent alors pour Aubusson mais on ne les reverra jamais.

Les jours passent, Martin tient souvent des conciliabules avec deux jeunots dont l’un est amoureux de Monique. Et inversement proportionnel. Et Monique, qui n’a ni ses yeux, ni ses oreilles dans sa poche, se rend compte que son géniteur n’est pas le Père Tranquille comme tout le monde l’a surnommé. Il œuvre pour la Résistance, mais de façon si subtile que personne ne soupçonne son appartenance à cette armée secrète. Et Pierre, le fils, se désole de cette attitude nonchalante voire quasi sympathique avec l’ennemi. Alors il décide d’entrer lui aussi dans la Résistance, mais il est bien jeune et inexpérimenté.

 

Adapté du film au titre éponyme et dont Noël-Noël a écrit le scénario et les dialogues, Le Père Tranquille revient sur un épisode réel de la fin de la guerre 39/45. Episode qui s’est déroulé en Moselle, à Woippy exactement, et dont le héros était horticulteur.

Si ce roman est destiné aux jeunes lecteurs, il n’en est pas moins vrai que les adultes vont pouvoir s’en inspirer pour leurs lectures. Il s’agit d’un hommage aux héros anonymes de la Résistance, de ceux qui travaillaient dans l’ombre et à la fin de la guerre ont préféré rester anonymes, tandis que les Résistants de la dernière heure, ceux qui étaient collabos ont tourné leur veste en même temps que le vent. Ce sont bien de ceux là que l’histoire se souvient même si les opportunistes sont souvent décriés de nos jours.

Noël-Noël possède un humour subtil, retenu, qui lui est propre, et le récit n’en prend que plus de force. Point n’est besoin de scènes d’action violentes pour donner à cette intrigue un réalisme poignant et l’épilogue joue sur les contrastes de l’époque.

Mais ce roman, et ce film, étaient nettement plus dans l’atmosphère de l’époque lors de leur parution, les cicatrices étant encore vives. De nos jours, il ne s’agit que d’un épisode durant la guerre. Mais à la fin des années 1950, cela devait rappeler de nombreux souvenirs aux lecteurs adultes voire adolescents, des souvenirs peut-être parfois honteux.

NOËL-NOËL : Le père tranquille. Collection Bibliothèque Verte N°43. Editions Hachette. Parution juillet 1959. 190 pages.

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8 janvier 2020 3 08 /01 /janvier /2020 05:57

Ma cabane au… collège
Est blottie au fond des bois  

Anthony BUCKERIDGE : Bennett et sa cabane

Qui n’a rêvé, enfant, de construire une cabane dans un bois, afin de jouer aux cow-boys et aux voleurs ou tout simplement pour s’isoler et lire en toute tranquillité. Ou toute autre occupation qui vous paraissait intéressante même si ce n’était pas du goût des parents.

Grand événement au collège de Linbury, événement exceptionnel même, puisque le directeur de l’établissement a autorisé ses élèves à construire des cabanes, comme bon leur semblait, dans les bois près de l’étang.

A l’aide de bouts de bois, de roseaux et autres matériaux de récupération dont un vieux morceau de gouttière qui doit leur permettre à servir de périscope ainsi que de ventilation, Bennett et son copain Mortimer construisent leur ouvrage, dont ils sont fiers. Les autres élèves se débrouillent comme ils peuvent. Un peu la fable du Loup et des trois petits cochons.

Mais bientôt une épidémie d’oreillons oblige quelques-uns des jeunes collégiens à rester au lit, dont Bromwich l’aîné. C’est vraiment dommage, surtout pour César, le poisson rouge de Bromwich qui tourne dans son bocal… comme un poisson dans un bocal. L’animal aquatique est confié à Bennett et afin de lui faire prendre l’air, il décide de le promener dans l’étang dans un filet à papillons. Une initiative quelque peu malheureuse qui se transforme en un véritable dégât des eaux. Le costume de Bennett est enduit de boue.

Mais il faut quand même assister aux cours de géométrie de Monsieur Wilkinson, Wilkie pour les intimes, et cela manque d’amusement.

Heureusement d’autres divertissements sportifs sont prévus au programme dont un entraînement à ce jeu fort prisé des Britanniques mais aux règles incompréhensibles, le jeu de cricket. Mortimer n’est pas un expert dans le lancer de balle, pourtant Bennett tente de lui expliquer comment se débrouiller. Et inévitablement, alors qu’ils n’auraient pas dû se trouver près du potager du directeur de l’établissement, la balle passe par-dessus la petite haie et atterrit sur la vitre de la serre aux concombres. Une façon comme une autre de briser la glace.

La vitre est brisée et Bennett est obligé de s’arranger pour la remplacer. Ce qui n’est pas une mince affaire. De plus, un général qui a fréquenté le collège il y a déjà fort longtemps, décide d’y inscrire son petit-fils. Il est accompagné de Roger, le gamin en question, et de la mère de celui-ci. Or cette brave dame au cœur sensible a trop souffert dans son enfance d’une règle scolaire stricte et elle souhaite que son fils ne subisse pas les mêmes épreuves. Car le directeur s’est arrangé pour que ses collégiens se tiennent comme de petits singes savants, briqués de la tête au pied.

Roger est turbulent et il est placé sous la garde de Bennett et de Mortimer, ce qui n’était pas le meilleur choix.

 

Le ressort humoristique tient souvent dans les situations, désopilantes pour le lecteur mais malencontreuses pour les protagonistes, mais également dans les quiproquos et les malentendus. Malentendus amplifiés par l’inattention de l’interlocuteur ou par son impatience, l’empêchant d’écouter jusqu’au bout les explications fournies et donc se forgeant une opinion erronée.

Pas aussi délirant que certains Bennett, ce roman s’inscrit dans une veine très joyeuse, donnant même presqu’envie de retrouver sa jeunesse et ses années d’adolescence dans un internat. L’ambiance est soignée et l’on retrouve une description savoureuse des enseignants avec le Grognon et le Tolérant, l’Obtus et le Compréhensif, un directeur parfois un peu dépassé par les événements, et l’animosité ou la franche camaraderie entre condisciples.

 

Anthony BUCKERIDGE : Bennett et sa cabane (Jennings Little Hut – 1951. Traduction d’Olivier Séchan). Illustrations de Marie Mallard. Le Livre de Poche Jeunesse N°7. Editions Hachette. Réédition. Parution juillet 1987. 228 pages.

ISBN : 9782253023388

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27 décembre 2019 5 27 /12 /décembre /2019 05:09

Lorsqu’Evelyne Brisou-Pellen signait d’un sigle…

E.B.P. : La bague aux trois hermines.

La pétulante et intrépide Alix, dix ans, préfère être en compagnie de sa maîtresse, damoiselle Isabelle, que vaquer en cuisine ou auprès des lavandières. Elle trouve toujours une bonne excuse pour se défiler à ses tâches qui l’ennuient.

Placée près du sire Ordéric toute jeune, après avoir perdu des parents, elle se mêle de tout et l’annonce que damoiselle Isabelle va se marier ne lui sied guère. Elle pense qu’elle a son mot à dire et les six prétendants invités au château ne lui plaisent guère. Elle se renseigne, elle prétend que damoiselle Isabelle est moche, claudicante, et tout autre excuse à décourager les seigneurs qui convoitent sa main. S’autant que damoiselle Isabelle ne doit pas voir les prétendants avant que sire Ordéric ait fait son choix.

Alors elle les espionne, les interroge, mais pour elle aucun d’eux n’est le fiancé idéal. Trop gros, trop vieux, pas assez riche, pas assez beau, pas assez aimable. Bref tout le contraire de ce qu’elle ambitionne pour sa jeune maîtresse.

Mais lorsque l’un des prétendants est assassiné, car pour elle il n’y a aucune tergiversation, il ne s’agit pas d’un accident, donc lorsque l’un des prétendants est assassiné, elle se met enquête du fautif. A ses risques et périls, car c’est bien joli de fouiner ainsi, mais le retour de bâton peut provoquer d’autres dégâts, surtout sur sa personne.

Elle provoque des remous parmi toute la gente assemblée, se faufilant d’une pièce dans une autre, fouillant dans les affaires des uns et des autres, à la recherche d’une preuve afin de confondre le coupable. Du moins celui qui a commandité le tueur pour effectuer son forfait. Et l’assassin ne peut qu’être Ordin le jongleur, un malfaisant à la tête d’une bande de malandrins.

Et voici qu’un nouveau venu s’installe au château. Il lui plait bien ce jeune seigneur, qui théoriquement n’est que de passage, seulement bientôt les soupçons pèsent sur lui. Alors qu’Alix s’était mis en tête que ce jeune seigneur serait le fiancé idéal de damoiselle Isabelle.

Heureusement Alix peut compter sur l’aide de son frère, un peu plus vieux qu’elle et qui est chargé de l’entretien des écuries, dans ses recherches. Pauvre Alix qui pense avoir trouvé le coupable et qui est obligée de se rendre compte qu’elle se fourvoie. Elle soupçonne chacun des prétendants, mais s’il s’agissait de quelqu’un d’autre ?

Et c’est ainsi que le lecteur la suit dans ses démêlés, ses déductions, ses à-priori également, mais elle n’est pas à l’abri d’un mauvais coup car bientôt elle devient la fouineuse qui gêne.

 

Un roman médiéval enlevé qui fait la part belle à une gamine indépendante et entreprenante. Son seul défaut se mêler de ce qui ne la regarde pas, au grand dam de sire Orderic, de dame Eusebia, la gouvernante de damoiselle Isabelle, et qui trouve toujours une excuse pour se défiler lorsque les autres servantes ont besoin d’elle.

C’est gentillet mais pour autant ce n’est pas naïf, au contraire. A l’instar de la vive Alix, ce roman d’action et de détection, fourmille de coups d’éclats, de joie de vivre (malgré les morts), de pétillance, d’humour.

 

E.B.P. : La bague aux trois hermines. Collection Zanzibar N°71. Editions Milan. Parution janvier 1991. 200 pages.

ISBN : 2867266254

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20 décembre 2019 5 20 /12 /décembre /2019 05:59

Quand t'es dans le désert… depuis trop longtemps…

Captain E. W. JOHNS : Biggles dans les sables maudits.

Afin d’aider un vieil ami, le général Mander, l’Air Commodore Raymond, chef de la police spéciale de l’Air, convoque Biggles à son bureau.

Le fils du général, Adrien Mander, est parti deux mois plus tôt en avion mais n’est pas revenu. Il est porté manquant, et aucune trace de son appareil n’a pu être détectée. Il s’était envolé en compagnie d’Hassan Sekunder, de nationalité probablement égyptienne, prétendant avoir travaillé pour la Société égyptienne d’archéologie, afin de se rendre sur un site dans le sud du Sahara, une oasis, Siwa, qui ne figure pas sur les cartes.

Là-bas, selon les affirmations de Sekunder, des vestiges d’une civilisation inconnue sont nichés dans des montagnes. Notamment le tombeau d’un grand roi du peuple Targui, Raz Tanazza. Cette tombe est enfouie sous un éboulement de rochers ainsi que d’autres sépultures dont certaines portent des inscriptions gravées dans le roc.

Adrien Mander était donc parti avec ce copain dont il avait fait la connaissance lors d’un précédent voyage en Jordanie. Mais selon toutes probabilités, Mander fils s’était montré naïf. Or, le général Mander avait reçu une missive de son fils, lorsqu’il avait fait escale à Marsa Matru, lui indiquant que les deux hommes devaient se rendre pour Siwa puis suivre un vol en direction du sud en suivant une ligne d’oasis. Le général, depuis n’avait plus eu de nouvelles, mais il s’était renseigné et le nom de Sekunder était inconnu de la Société égyptienne d’archéologie.

Biggles s’envole donc avec pour compagnons Bertie et Ginger à recherche d’Adrien, ou du moins d’une épave d’avion sans vouloir être trop pessimiste. Ils posent leur bivouac dans une petite oasis avant de rejoindre la ligne de montagnes qui s’élèvent au loin.

Lors d’un premier passage, ils repèrent une petite caravane composée de six chameaux et de cinq hommes. Un mirage ? Et à leur retour, ils s’aperçoivent que leur bivouac a été visité et une partie de leur réserve d’essence volée. Heureusement ils avaient enfouis quelque nourriture.

Lors d’un nouveau passage, un homme tout en bas leur fait des signes. Il s’agit d’Adrien Mander qui leur narre ses démêlés avec Sekunder, lequel lui a volé son avion. Biggles veut ramener le jeune homme chez lui en Angleterre mais Adrien Mander refuse. Il souhaite découvrir le tombeau, trouver peut-être des objets précieux, voire des émeraudes. Et surtout se venger de Sekunder dont il est persuadé que celui-ci va revenir sur les lieux de son forfait.

 

Ce roman du Captain W.E. Johns consacré à son héros favori s’inscrit comme à son habitude dans le domaine de l’aviation mais il tranche sur l’atmosphère qui imprègne en général ses intrigues. Plus grave, plus sérieux, presqu’un roman pour adulte. Et comme il est écrit en épilogue, Telle fut la conclusion d’une aventure désagréable, très différentes des missions habituelles de Biggles.

Pour autant ce roman est d’une lecture agréable, avec le désert pour toile de fond comme dans les romans d’aventures dont se sont inspirés bon nombre de romanciers.

L’auteur aborde ici deux problèmes qui ne gênaient nullement les romanciers, leurs lecteurs, la société en général, mais prennent de nos jours une acuité plus prégnante.

D’abord cette réflexion de Biggles :

Ce que je sais de la vie du désert montre qu’en ce qui concerne la propriété d’autrui les Arabes observent en général une loi non écrite qui fixe leur comportement. Les Arabes sont des Musulmans et dans son testament Mahomet a fixé certaines règles. Même au cours d’une guerre tribale, par exemple, il était fait défense de couper les arbres fruitiers ou les dattiers de l’ennemi, car s’il suffit de quelques minutes pour couper un arbre, il faut des années pour qu’il repousse.

Un précepte qui n’est pas toujours de mise, on en voit les effets néfastes, et sans être en temps de guerre, dans les forêts amazoniennes ou indonésiennes.

Autre réflexion, émanant cette fois d’Adrien Mander, en réponse à la pensée de Ginger qui exprime sa pensée à haute voix, déclarant que ce qu’ils projetaient était peut-être un acte de vandalisme.

C’est une question d’âge, de temps, affirma-t-il. Aucune personne honnête ne profanerait une tombe récente, mais il en va tout autrement avec des vestiges préhistoriques. Sur toute la surface du globe, les monuments anciens et les tombes sont mis au jour pour permettre de mieux connaître les populations qui occupaient le monde avant que l’on n’écrive l’histoire. Cela n’implique pas un manque de respect.

Mais à partir de quel moment, au bout de combien de temps ce qui est considéré comme une profanation ne l’est plus au service de l’histoire et de la science ?

Nota : L’oasis de Siwa existe réellement et se trouve en Egypte, proche de la frontière libyenne et située à quelques 560 kilomètres du Caire.

 

Captain E. W. JOHNS : Biggles dans les sables maudits. Traduction de Maurice Gay. Illustrations de Michel Jouin. Collection Spirale N°160. Editions G.P. Parution septembre 1970. 188 pages.

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