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21 juillet 2015 2 21 /07 /juillet /2015 13:17

Bon anniversaire à Joseph Périgot né le 21 juillet 1941.

Joseph PERIGOT : Le bruit du fleuve.

C’est fou ce qu’il peut se passer comme choses la nuit dans un taxi !

Lucien n’est même plus étonné, lui qui sillonne la ville de Rouen toute la nuit à écouter des airs de Vivaldi ou des chansons de Brassens. A conduire avec, aux pieds, des charentaises et, à portée de main, une flasque de whisky.

Lucien est indépendant, et même s’il a chargé un client, il aime à s’arrêter au petit matin, près des berges du fleuve, à regarder le soleil se lever. Puis il rentre chez sa sœur, Thérèse, atteinte d’un cancer qui inexorablement lui ronge la gorge, ou bien chez lui, une petite maison coincée entre deux usines. De l’autre côté du fleuve, il peut apercevoir la maison de Flaubert transformée en musée. Voilà ! Sa vie se résume à ça ! Taxi de nuit, le jour chez sa sœur, parfois chez lui en compagnie d’un infarctus qui guette la moindre faiblesse. Le mardi, c’est le jour de Fernand, l’amant de sa sœur, un juge d’instruction, qui n’arrive jamais les mains vides.

Une nuit, Lucien charge à la gare un client que refuse Raymond, le taxi 92. Une course qui le mène jusqu’au Parc départemental des nomades. Il repart vers la ville, les lumières, le bruit, la vie et distingue dans le noir une forme humaine qui s’accroche aux grilles de ce parc zoologique pour humains. Une jeune fille se tient le ventre et fuit dans la nuit. Il la prend à bord de son véhicule, et là, sur la couverture, patchwork de soixante-quatre pièces amoureusement assemblées par Thérèse, sur cette couverture qui en a vu bien d’autres, naît un petit enfant. Pélina, la Gitane, quitte précipitamment le véhicule pour rejoindre les siens et Lucien hérite d’un joli bébé que Thérèse et lui gardent jalousement, malgré les conseils de Fernand, et qu’ils prénomment Rémi.

Rémi, c’est du baume dans leur vie, dans leur existence étriquée, du sang neuf qui vagit entre une cancéreuse pratiquement au bout du rouleau et un cardiaque qui guette sa propre défaillance. Ces deux célibataires qui n’ont jamais eu d’enfants à élever, à aimer, se réfugient dans la maison de Lucien près du fleuve. Les voici père et mère, poussant le jeu jusqu’à s’aimer d’amour, charnellement. Leur premier crime envers la morale. Mais ce n’est pas le seul, car Lucien est amené, par amour pour Rémi, pour le protéger, pour protéger Pélina, la mère venue vivre avec eux, par amour pour sa sœur Thérèse, Lucien est amené à tuer.

 

Le bruit du fleuve peut choquer les moralisateurs qui s’érigent en censeurs parce qu’ils ne savent pas ce que c’est que l’amour. L’amour de son prochain. Le plaisir, la joie de rendre service, sans en tirer gloire ou fierté. Uniquement par bonté d’âme et non par calcul.

Un roman qui, c’est certain, aurait dû paraître dans la défunte collection « SOS Racisme », victime non pas de son succès, mais de l’incompréhension, de la défiance de tous ceux qui pensent que les bons sentiments ne peuvent se traduire que par une récupération politique. D’un côté ou de l’autre. Un roman qui malgré son thème un peu provocateur n’en est pas moins d’une extrême pudeur.

En toile de fond, comme une obsession, Flaubert et son chef-d’œuvre Madame Bovary, imprègnent la vie, les pensées, les réflexions, les attitudes de Lucien qui déteignent sur Pélina et Rémi. Flaubert et sa maison, refuges de l’âme et du corps. Et lorsqu’il ne s’agit plus de l’écrivain normand, référence en est faite à Julian Barnes, alias Dan Kavanagh, et auteur du Perroquet de Flaubert. Autre référence indirecte, l’un des breuvages préférés de Lucien, hormis le whisky, est le vin, mais pas n’importe lequel : le Château Mesplède.

 

Joseph PERIGOT : Le bruit du fleuve. Editions Calmann-Lévy. 1991.

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19 juillet 2015 7 19 /07 /juillet /2015 15:55

Ne vous inquiétez pas, d'autres frappent à la porte du

cercueil...

Fredric BROWN : Mort d'un vampire.

Mort d'un vampire, titre éponyme du recueil, Rouge comme l'Enfer et Meurtres chez les monstres, trois nouvelles inédites de Fredric Brown composent ce volume proposé par les éditions Clancier-Guenaud.

Trois nouvelles dans lesquelles on retrouve les thèmes chers à Frédric Brown, mais aussi les hantises et les préoccupations des Américains durant la dernière guerre mondiale.

En effet, ces trois nouvelles datent de 1942, 1943, et Rouge comme l'Enfer, dont le cadre d'action est une fabrique d'explosifs et le héros un pyromane repenti, reflète bien certaines obsessions et ségrégations raciales de l'époque.

 

Je préfère ne pas en dire plus, de peur de par trop déflorer le sujet (certains qui se piquent d'anglicismes disent spoiler, ce qui me fait se poiler justement), et donc d'en ôter toute la saveur au futur lecteur.

 

Autre thème récurrent chez Fredric Brown, et que l'on retrouve avec plaisir, c'est celui du crime et de l'enquête qui en découle, dans l'enceinte d'une fête foraine.

Dans Meurtres chez les monstres, le personnage principal, Pete Gaynor, est aboyeur, c'est à dire que son rôle consiste à attirer les badauds, les appâter en présentant un court spectacle gratuit en plein air, puis de les inviter à entrer sous la tente pour une représentation, payante celle-ci. Pete Gaynor est soupçonné du meurtre de Al Hriner, avec lequel la veille il aurait joué aux dés, et perdu quelques dollars, sûrement à cause de dés pipés. Cette longue nouvelle, presque un petit roman, annonce deux réussites de Fredric Brown : Maboul de cristal mais surtout Crime à Chicago, première enquête du couple de détectives, Am et Ed Hunter, l'oncle et le neveu.

Quant à Mort d'un vampire, qui donne son titre au recueil, nous assistons au meurtre de Dracula, tout au moins l'acteur qui incarne ce rôle dans une ambiance quelque peu fantastique.

 

Fredric Brown, un auteur que l'on ne se lasse pas découvrir ou redécouvrir.

Fredric BROWN : Mort d'un vampire. Collection Série 33. Editions Clancier-Guenaud. Parution 22 novembre 1988. 182 pages.

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18 juillet 2015 6 18 /07 /juillet /2015 15:27

Pour amoureux de sensations fortes...

André HELENA : Week-end chez les tueurs.

Dubitatif devant le message reçu par pneumatique, Jean Jérôme se demande s'il est en face d'une farce ou si ce qui est écrit est bien réel.

Un homme lui donne rendez-vous dans un bar dans le XIVe arrondissement parisien, signifiant qu'il s'agit de vie ou de mort. Il doit demander un certain Raphaël.

Seulement un autre petit mot, écrit sur le même feuillet par un scripteur différent, affirme que le nommé Raphaël ne sera pas présent au rendez-vous fixé, pour cause de décès et que le destinataire de ce petit mot risque lui aussi quelques balles qui ne seraient pas perdues.

Dominique, le garde du corps du détective, pense lui aussi à une blague, mais le mieux est d'aller sur place vérifier les assertions du second rédacteur. Toutefois Jean Jérôme doute de la rencontre, car ce pli a été envoyé trois jours auparavant mais il n'a pu en prendre connaissance que ce jour, ayant été en délicatesse avec des policiers.

Il se rend donc au Buridan le bar du rendez-vous accompagné de Dominique et s'enquiert auprès du serveur, primo s'il connait monsieur Raphaël, secundo si quelqu'un aurait demandé Jean Jérôme. Cela provoque un certain remous parmi les clients et le patron assisté de gros bras se mêle à la conversation. S'installe un quiproquo, le cafetier pensant qu'il est en face du fameux Raphaël. Jean Jérôme et son acolyte sont conviés à se rendre chez le grand patron, un nommé Esposito, en traction avec une petite escorte. Mais en chemin, des individus, dont une femme blonde aux bottes rouges, se mettent en travers de la route, des coups de feu sont échangés.

C'est le début pour Jean Jérôme et Dominique d'un week-end d'enfer, placés au milieu d'une guerre des gangs, et mal placés car leur vie ne tient parfois qu'à un fil.

 

Autant l'avouer tout de suite ce roman d'André Héléna ne figure pas dans les grands crus de l'auteur.

Comme si André Héléna avait travaillé dans l'urgence, remettant son manuscrit sans le corriger. A croire qu'il avait écrit le scénario un peu brouillon d'une histoire qu'il se proposait de fignoler par la suite mais qu'il l'avait remis à l'éditeur précipitamment, poussé par des fins (faims ?) alimentaires.

Une banale et classique histoire de guerre des gangs, dans laquelle est impliqué un détective qui ne comprend pas trop bien ce qu'il vient faire là-dedans, d'autant qu'il ne connait pas ce monsieur Raphaël. Mais l'épilogue lui permettra, ainsi qu'aux lecteurs, de mieux interpréter le processus avec un bon petit retournement de situation.

La couverture est signée Jeff de Wulf et offre une vision habilement floutée de la femme dont on ne voit que le haut du corps et une jambe.

André HELENA : Week-end chez les tueurs. Collection Black Out. Editions La Flamme d'or. Parution 2è trimestre 1952. 192 pages.

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18 juillet 2015 6 18 /07 /juillet /2015 12:59
Dick BELSKY : Où va-t-elle chercher tout ça ?

Vous vous le demandez, eh bien moi aussi !

Dick BELSKY : Où va-t-elle chercher tout ça ?

Elle, c'est Lucie Shannon, journaliste au Scalpel, un quotidien new-yorkais. Si elle n'en est pas encore à se prendre pour une vedette, elle espère le devenir un jour. Aussi, le travail avant tout ! Le journalisme, c'est sa vie.

Elle est jolie, possède un sens de la répartie assez cinglant, ce qui lui crée parfois des inimitiés. Mais ce n'est pas parce qu'elle est une femme qu'elle doit se laisser marcher sur les pieds.

Envoyée en catastrophe pour réaliser un reportage sur le meurtre d'une jeune fille, un mannequin, ses investigations vont la mener dans un magasin de disques, le Paradis Stéréo. Bizarre : tout ceux qui ont un lien avec cette boutique décèdent d'une mort qui est loin d'être naturelle. Retroussant ses manches (c'est une image !) elle va fouiner en journaliste respectueuse de la déontologie de sa profession. Ce qui va la conduire à côtoyer quelques représentants de la Mafia et effectuer quelques rapprochements corporels réconfortants auprès de l'un des fonctionnaires de la police municipale.

 

Ce roman n'est peut-être pas une œuvre impérissable mais il se lit avec plaisir.

Si les journalistes sont souvent mis à contribution dans les romans policiers, on a souvent à faire avec des hommes et non des Rouletabille en jupon. Aussi, proposer aux lecteurs une héroïne journaliste est une initiative fort bien venue.

Il faut dire que Lucy Shannon ne s'en laisse pas conter, qu'elle n'a pas sa langue dans sa poche, qu'elle ingurgite allègrement les différents alcools qui lui sont offerts et qu'elle ne manque pas d'arguments frappants.

Qui a dit que c'est une femme macho ? Mais non, tout simplement une femme libérée.

 

Dick BELSKY : Où va-t-elle chercher tout ça ? (One for the money - 1985. Traduction de Laurette Brunius). Série Noire N°2147. Parution aout 1988. 224 pages. 6,65€.

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17 juillet 2015 5 17 /07 /juillet /2015 07:47
Gérard LECAS : Overdrive.

Un rapport de transmission ?

Gérard LECAS : Overdrive.

Après quinze ans passés à Singapour, Jean Guermeur est de retour à Paris, avec dans ses bagages vingt kilos d'héroïne pure, dix milliards de centimes de francs.

Quinze ans qu'il n'a pas revu la capitale, ayant tiré un trait sur son passé.

A Singapour, il s'est refait une nouvelle vie et s'il revient ce n'est pas par nostalgie, mais comme convoyeur de la China White, une poudre d'une pureté exceptionnelle.

Alex, son réceptionniste, puis Hong Wong Tseu, son contact dans le 13e arrondissement, le Chinatown parisien, sont éliminés. L'héroïne a pris la poudre d'escampette.

Ce serait une bonne tête de chapitre dans un roman d'aventures, mais cela représente trop d'argent pour rigoler.

Guermeur va donc tenter de remonter la filière et découvrir qui lui coupe l'herbe sous les pieds.

Pendant ce temps, Simon Delluc, le premier ministre d'une France cohabitationniste doit régler de nombreux problèmes, dont le moindre n'est pas les attentats terroristes qui secouent la capitale. Quel lien relie les deux hommes ? Quels souvenirs rattachent Guermeur à cette Volvo rouge sang, à la calandre carnassière ?

 

Situé entre le roman d'aventures exotiques à la Edgar Wallace avec ces Chinois qui se sont annexés un quartier parisien, et le roman de politique-fiction, Overdrive est un roman qui se lit d'une traite.

Gérard Lecas arrive à nous rendre sympathique et attachant un personnage qui de prime abord relèverait plutôt de l'homme à éviter qu'à côtoyer. Mais Gérard Lecas est un écrivain à la production parcimonieuse, et c'est dommage.

 

Gérard LECAS : Overdrive. Série Noire N°2144. Parution juin 1988. 224 pages. 6,65€.

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16 juillet 2015 4 16 /07 /juillet /2015 11:19
Max Allan COLLINS : Loterie en noir et blanc

Un jeu en négatif ?

Max Allan COLLINS : Loterie en noir et blanc

Après avoir purgé la police de Cleveland de ses éléments indésirables, corrompus, et procédé à d'autres actions d'éclat, Elliot Ness s'attaque à la bande de Mayfield Road.

Sal Lombardi et son cousin Angelo Scalise sont à la tête de cette organisation, héritée de leurs parents, et dont la principale activité est le racket de la loterie. Ce jeu, considéré illégal, était organisé par des Noirs et ne prêtait pas à conséquence. Depuis, la loterie est devenue une véritable entreprise sous monopole, meurtres à l'appui.

Pour contrecarrer Lombardi, Ness désire s'allier au Révérend Hollis, chef de file des Noirs contestataires et qui veut bien aider les policiers sous condition que ses condisciples puissent reprendre à leur profit la loterie d'une façon plus ou moins légale. Ness n'est guère enthousiasmé par ce marché. Il sait toutefois qu'une discrimination raciale existe et il ne tient pas à l'envenimer. C'est pourquoi il s'adjuge le concours de Toussaint Johnson, l'un des rares policiers noirs de la ville.

Quelques années auparavant Murphy, un pontife du jeu avant la mainmise de Lombardi, a été abattu par les sbires de celui-ci et Toussaint s'est juré de venger celui qu'il protégeait, dont il touchait des pots-de-vin et qui fut son ami. Des truands de Pittsburgh souhaitant investir à Cleveland sont abattus par Scalise.

Grâce notamment à Hollis et à Toussaint les langues se délient et plus d'une cinquantaine de personnes sont prêtes à témoigner contre la bande de Mayfield Road. Un flic blanc est retrouvé mort assassiné près du domicile de l'un des ex-rois de la loterie, un Noir. Ce meurtre attise la colère des policiers et Ness parvient à éviter une répression qui annihilerait toutes ses démarches. Une voiture sillonne le quartier noir et ses occupants proposent de l'argent afin d'acheter le silence ou des renseignements sur l'identité des témoins.

 

Ses précédents succès n'ont pas monté à la tête de Ness qui continue à vouloir épurer Cleveland de ses truands, quel que soit le domaine dans lequel ils opèrent. Ce qui lui pose toutefois un cas de conscience : la légalité du jeu de loterie dans un quartier à prédominance noire et miséreuse, sans entrer dans une entreprise politicienne en faveur de son ami le maire et en évitant de se montrer raciste envers une fraction de la population subissant déjà des brimades.

D'ailleurs Toussaint Johnson, l'un des rares policiers Noirs de la ville, par le biais de cette affaire, et malgré des antécédents un peu douteux, se verra proposer une promotion.

Un livre plaisant dans lequel Ness est, malgré sa position de directeur de la sécurité et ancien Incorruptible, dépeint comme un être humain possédant lui aussi ses propres faiblesses.

 

Max Allan COLLINS : Loterie en noir et blanc (Murder by the number - 1993). Trad. de l'américain : Noël Chassériau. Gallimard, Série Noire N°2428. Parution juin 1996. 304 pages. 7,80€.

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15 juillet 2015 3 15 /07 /juillet /2015 08:34
Hervé PRUDON : Vinyle Rondelle ne fait pas le printemps.

Cours moins vite, camarade, le printemps est derrière nous...

Hervé PRUDON : Vinyle Rondelle ne fait pas le printemps.

Schwarz, un ancien mercenaire reconverti dans le crime, est contacté par un homme désirant venger sa fille qui s'est tuée en voulant avorter.

L'homme impute à un prêtre Africain et aux organisateurs du fameux festival de Bourges la perte de son enfant. Schwarz envoie sur place deux tueurs, Johnny et Mario, qui abattent le religieux mais oublient une valise contenant des dossiers secrets et de l'argent. Lili, chanteuse de goualante dans le groupe Vinyle Rondelle, se rend au Printemps de Bourges malgré l'interdiction de son père Schwarz. Martagon, un critique musical alcoolique devenu sourd lui aussi descend à Bourges. Reine et Didier, deux adolescents en mal de vivre, volent une voiture pour rejoindre le rassemblement musical dont c'est le vingtième anniversaire. Ils percutent un véhicule à l'arrêt, tuant les occupants, et prennent à leur bord une gamine devenue orpheline.

Lili, témoin de l'exécution du prêtre est pourchassée par les tueurs. Repérée dans un café par les deux hommes, elle se réfugie à bord du véhicule de Reine et Didier et recueille la gamine. Elle s'installe dans le même hôtel que Schwarz accompagné de Virgine Vénus, l'ex-femme de Martagon, un star du porno, et Martagon. Johnny et Mario se séparent afin de récupérer chacun de leur côté la valise. Mario, à qui Virgine Vénus a confié la tâche de tuer Lili, ligote la chanteuse. Elle avoue avoir laissé la valise dans le café et Mario se rend dans le troquet. Johnny tue son coéquipier.

Watteau, le commanditaire de Schwarz, assomme mortellement Reine et Didier complètement déjantés. Alonzo Capon, qui connait Lili depuis sa jeunesse en est amoureux fou. Lui aussi est à Bourges. Il a trouvé la valise et se ballade avec. Lorsque Watteau rentre chez lui, il découvre MC Sandwich et son groupe les Gens Bombeurs attendant Odile, sa fille. MC est venu retrouver celle qu'il a engrossé l'année précédente. L'entrevue se passe mal, MC sort dans la rue et en représailles s'attaque au premier passant, Al Capon, lui chipant sa valise.

 

Ce roman qui a pour point de départ un pacte entre un bourgeois de Bourges partant en croisade morale et un truand qui vit une seconde jeunesse avec sa nouvelle femme, est une véritable toile d'araignée tissée avec maestria par Hervé Prudon qui joue en chef d'orchestre avec ses multiples personnages. Lesquels se retrouvent au milieu de la toile, Bourges et son festival. Un chassé-croisé puisque pratiquement tous ceux qui gravitent dans cette histoire ont un lien entre eux. Il y a de l'humour - Hervé Prudon joue avec les mots, il s'en délecte de même que le lecteur - mais dans le même temps une sorte de désabusement, chaque rôle dévolu à ces différents acteurs se révélant pathétique, tragique dans l'ironie du sort. Seule une cabaretière trouvera son compte puisqu'elle pourra rejoindre son amant, un être insignifiant. Il paraît après ça que la musique adoucit les mœurs.

 

Hervé PRUDON : Vinyle Rondelle ne fait pas le printemps. Série Noire N°2418. Parution avril 1996. 256 pages. 7,10€.

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14 juillet 2015 2 14 /07 /juillet /2015 08:14
David SERAFIN : L'assassinat des Canaries

Les Canaries ne sont pas des faucons, quoique...

David SERAFIN : L'assassinat des Canaries

Le Président du conseil des ministres espagnol a décidé d'effectuer un voyage, une visite officielle aux Canaries.

Afin de déblayer le terrain, de vérifier si tout va bien se passer, de coordonner les différentes forces de police, le commissaire Bernal est dépêché sur place.

Cela tombe on ne peut mieux et c'est content que le policier se rend sur place. Pensez-donc, sa maîtresse, Consuelo, est justement aux Canaries. Officiellement pour son travail, officieusement pour accoucher.

Oui, mais lorsque l'avion du commissaire se pose à l'aéroport de Gando, personne n'est là pour accueillir ce brave homme. Pas de Consuelo. Bernal s'inquiète, à juste titre puisque sa maîtresse a été enlevée.

Par qui et pourquoi ?

Autre fait troublant, deux personnes sont retrouvées mortes, ou presque, et tout concourt à penser qu'il s'agit là aussi d'assassinats.

Encore une fois, par qui et pourquoi ?

Et si tout cela avait un rapport avec la fameuse mission dont Bernal est chargé ? Et si le président du conseil était visé à travers ces louches affaires ? Les Canaries, le paradis ?

Le commissaire commence à se poser des questions et se dit qu'il côtoie de drôles d'oiseaux.

 

Ecrit par un Britannique, et plus exactement un Gallois, ce roman policier exotique et espagnol nous change de l'atmosphère américaine ou anglaise de la truanderie classique. Et nous découvrons qu'aux Canaries souffle aussi un vent, un esprit d'indépendance qui semble le lot commun à bien des minorités de par le monde. Et si ça continue ces minorités deviendront majorité...

David SERAFIN : L'assassinat des Canaries (Port of Light - 1987. Traduction de Daniel Lemoine). Série Noire N°2131. Parution avril 1988. 256 pages.

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13 juillet 2015 1 13 /07 /juillet /2015 09:51

Bon anniversaire à Alain Demouzon, né le 13 juillet 1945.

Alain DEMOUZON : Chagrin d’amour, autobus 83.

Jérémie, soixante ans, a un regret. Il n’a jamais connu de véritable chagrin d’amour.

Et comme il a été placé dans un placard au CNRS, sous un fallacieux prétexte (il doit se montrer moins intelligent qu’il est), il a du temps libre pour se remémorer ses premières conquêtes féminines. Au fait est-ce lui qui a conquis ou le fut-il ?

Bref, un soir qu’il attend le bus, il reconnaît près de lui, et avec stupeur, Viviane, un amour de jeunesse. Elle a bien changé depuis, mais elle est toujours aussi jeune. Elle disparaît brusquement dans une brume de chaleur au fond du bus, une apparition fugitive, une émanation d’un regret longtemps enfoui dans les limbes du souvenir. Elle est remplacée par Béatrice, dont il se rappelle l’absolue flamboyance des baisers, la timidité de surface qui se dégageait d’elle cachant mal la surprise de la fournaise qui brûlait en elle.

Et voilà Jérémie englué dans le voyage des souvenirs, à la recherche des amours éphémères, délétères, des femmes qu’il a connu, ou cru connaître, et qui s’invitent devant ses yeux en entités impalpables, improbables, et pourtant si proches, si douces, si irrésistibles, si présentes.

 

Court roman, ou longue nouvelle, c’est au choix, Chagrin d’amour, autobus 83 nous plonge dans un univers onirique et fantastique qui ne peut qu’inciter le lecteur à effectuer un petit retour en arrière, et débusquer dans les méandres de sa mémoire turbulente ses premiers émois, ses premières amours (c’est vrai aussi pour les dames !), des figures estompées et qui reviennent avec force au moment où on ne les attend plus.

Si tant est qu’on les ait attendu un jour, l’avenir prévalant sur le passé.

Alain DEMOUZON : Chagrin d’amour, autobus 83. Collection Eden Fiction, Eden Production. Parution juin 2003. 72 pages.

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13 juillet 2015 1 13 /07 /juillet /2015 07:51
Eliane K. ARAV : Le penseur de Vallorbe.

Un cousin du penseur de Rodin ?

Eliane K. ARAV : Le penseur de Vallorbe.

Imaginez. Vous êtes dans le TGV Lausanne-Paris et vous avez envie d'aller aux toilettes.

Seulement quelqu'un occupe déjà la place depuis un certain temps. Depuis si longtemps en fait que vous tambourinez à la porte. Et c'est alors que vous sentez une odeur qui vous rappelle celle de la boucherie dans laquelle vous avez baigné durant des années. Une odeur de sang. Que faites vous dans ce cas ? Vous tirez la sonnette d'alarme. Et vous découvrez en même temps que le contrôleur, une femme assise sur le trône, belle et bien morte, avec pour garde du corps un python.

Les policiers et les douaniers arrivent à la rescousse, avec chacun leurs problèmes. L'un d'eux est constamment en train de se tripoter la verrue, espèce de tumulus facial, comme s'il s'agissait d'un porte-bonheur. Un autre se gratte en permanence les gonades. Quant aux deux frères, ils ont à résoudre un problème de gémellité.

Pendant ce temps dans un autre wagon, une petite fille joue à une sorte de flipper, et ni son père, ni sa mère, ne sont là pour la surveiller. Une petite annonce illisible passe dans un journal local tandis que dans un cirque le nain et la directrice sont affolés.

 

L'écriture d'Eliane K. Arav , et l'histoire, est un véritable feu d'artifice, éclatant dans tous les sens, mais peu à peu les morceaux se rejoignent, s'imbriquent.

Au départ cela peut en perturber la lecture, d'autant qu'Eliane K. Arav joue avec les mots et y implique des expressions suisses, mais rapidement on devient envoûté par ce style pour le moins étrange.

D'autant qu'une narratrice s'infiltre dans ce récit, prenant les couvertures à elle, se trouvant toujours à point nommé là où l'action est intéressante : une mouche, ce qui vous l'avouerez n'est guère banal.

 

Eliane K. ARAV : Le penseur de Vallorbe. Série Noire N°2353. Parution juin 1994. 208 pages. 6,65€.

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Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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