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10 novembre 2019 7 10 /11 /novembre /2019 04:50

Et elle ne compte pas pour des prunes…

Pierre BOULON : La dame brune.

Il n’y a guère de monde à assister à l’enterrement de Nestor Campelou dans la petite église de Vallantée-sur-Auzelle. Seuls les proches voisins, ceux habitant sur la rive droite de l’Auzelle, sont présents. Ils sont endimanchés pour saluer le départ de celui qui s’est tué accidentellement d’un coup de fusil lors d’une partie de chasse, ou de braconnage.

Seuls ? Non, car Vivien Laubier, le policier, et son amie de cœur la belle Clémence, secrétaire médicale de profession, sont également sur place. Vivien Laubier doit enquêter sur ce que certains pensent être un meurtre, et c’est à l’instigation du maire, Pierre Roubignot, qui a les bras longs et les oreilles du procureur, que le policier s’est vu confier cette affaire.

Laubier va donc se renseigner, interroger les différents voisins de Nestor, creuser les antécédents, et apprendre des épisodes précédents dont il fait sa pelote, sans savoir par quel bout la prendre.

Ainsi Auguste de Vallantée, le propriétaire du manoir, est décédé quelques mois auparavant dans des circonstances restées nébuleuses. Ce manoir est habité par sa veuve, Hélène de Vallantée, dite la Baronne, et par Charlotte de Vallentée, la fille d’Auguste mais belle-fille d’Hélène. Elles vivent séparément, chacune dans son aile, ne s’appréciant guère.

Le personnel du manoir se compose de Capucine et de Casimir Fay, et les autres voisins, qui ne sont guère nombreux, se nomment Gisèle, dite Gigie, la bistrotière, Adrien Lemuet, le négociant en bois se déplaçant dans une voiture de luxe, Gertrude, la couturière, Charles Molin, le menuisier qui fabrique également les cercueils, le cas échéant, sans oublier Jean Prieur, le curé au nom prédestiné, et Marguerite Grandpied, la femme du curé, pardon, la gouvernante du curé.

Laubier déambule parmi la nature, découvrant au hasard de ses pérégrinations, à travers une fenêtre, un vanneau pendu par les pieds au-dessus d’un chaudron noir, ou encore une poupée de chiffons poignardée. Et d’autres éléments qui semblent relever de la sorcellerie. D’ailleurs tout le monde s’accorde pour évoquer une mystérieuse Dame Brune qui traînerait dans les environs et dont la présence signifie la mort à ceux qui l’aperçoivent.

Sans oublier Fantôme, un groupe de résistants, des maquisards de la Seconde Guerre Mondiale, qui fait toujours parler de lui plus de vingt ans après.

Laubier et son amie Clémence acceptent l’invitation de loger au manoir, dans le corps de logis qui sépare les deux tourelles, et dont les chambres portent des noms évocateurs tels que Chambre de l’écureuil, Dame de la fougère, Cavalier de l’ombre, Princesse du val…

Une aura de surnaturel imprègne la demeure, et les deux enquêteurs, officiels ou non, ne passent pas des nuitées tranquilles. Et, en creusant bien, Laubier n’est pas loin de penser que chacun des protagonistes qu’il interroge aurait eu une bonne (ou mauvaise) raison de se débarrasser de Nestor.

 

Dans cette histoire, d’inspiration bucolique, Georges Brassens est souvent évoqué par ses chansons. Un style trop travaillé, presque trop littéraire (c’est quand même malheureux de le dire mais c’est vrai) et l’intrigue se trouvé noyée dans des phrases bien construites mais ennuyeuses et en pâtit. Alors qu’elle devrait être vive, que l’histoire devrait accrocher le lecteur, celui-ci se trouve englué dans des phrases redondantes.

C’est beau, certes, souvent poétique, mais normalement dans ce genre de récit, c’est la vivacité qui devrait primer. Du moins c’est mon ressenti, et l’esprit vagabonde et n’est plus accroché. Il baguenaude et ne s’intéresse plus à ce qui est décrit et s’intéresse à de petits détails sans véritable signification.

Par exemple, alors que Nestor est décédé depuis plusieurs jours, ses vaches sont toujours aux pâturages, le chien est resté à baguenauder près de l’habitation. Et le lecteur, conscient qu’il se pose des questions qui n’ont rien à voir avec le récit, se demande comment il se fait que les vaches ne meuglent pas, n’étant plus sujettes à la traite biquotidienne, comment le chien ne réclame pas sa pitance…

 

Citations :

Les fantômes sont de naïves inventions pour agrémenter les veillées ou faire peur aux enfants. Ils ont déguerpi sans tambour ni trompette, anéantis par un monde qui s’est mis à les ignorer.

 

Une génération chasse l’autre en l’accusant d’être passée de mode. Puis vient son tour de lâcher ses illusions et de mettre en doute son soi-disant progrès. Alors elle court vers ses aïeuls à qui la sagesse du temps avait appris qu’il faut un peu ralentir. Elle vole vers le monde des morts, quitte à devoir s’entourer de ces esprits chagrins qui ont l’habitude de jouer les médiateurs.

 

C’est la faiblesse qui crée la terreur.

 

C’est bien souvent après les drames que nous faisons coïncider les faits.

Pierre BOULON : La dame brune. Editions Jeanne d’Arc. Parution 9 avril 2010. 336 pages. 19,00€.

ISBN : 978-2911794865

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6 novembre 2019 3 06 /11 /novembre /2019 05:44

Mais tout à côté…

Michel AMELIN : Le garçon d’à côté.

Amies depuis la maternelle, Clarisse et Violaine se frictionnent de temps à autre. Souvent à cause des garçons et surtout de Valentin, le joli cœur qui affole toutes les adolescentes du collège.

Les parents de Clarisse sont agriculteurs à Montrelais (Ne riez pas, cette petite ville existe réellement et l’auteur y vécu de très longues années) non loin d’Ingrandes où le père de Violaine exerce le métier de notaire. Une différence de statut social qui ne gêne aucunement les deux gamines, leurs seuls points de désaccord résidant dans la jalousie éventuelle causée par l’attirance des garçons sur l’une ou l’autre des deux copines.

Ce jour-là, Clarisse est particulièrement contente. Ses parents envisagent d’acheter une petite maison qu’ils transformeront en gîte, située sur les bords de la Loire. Les anciens propriétaires, des personnes âgées, ont disparu au beau jour (quoique, l’on n’en sait rien s’il faisait beau), avec leur chien, en traversant le fleuve sur leur barque.

La vente aux enchères, dirigée par le père de Violaine, s’emballe car un surenchérisseur contrarie les plans des parents de Clarisse. Son père n’hésite pas à faire monter la mise, malgré la mise en garde de sa femme, mais c’est l’inconnu qui a le dernier mot. Il peut se le permettre lui qui travaille à Paris comme journaliste et écrivain (Réflexion de Clarisse : comment pouvait-on passer son temps à écrire ? L’auteur pourrait peut-être nous l’expliquer). Si Clarisse est passionnée par cette vente aux enchères, elle l’est encore plus par le fils de cet homme qui vient d’acheter cette maison dont elle rêvait. Et naturellement Violaine elle aussi est attirée par ce beau gosse nommé Stan, ce qui la change de ses copains de collège habituels. L’attrait du neuf.

Au début des vacances d’été, le père de Stan entreprend de démolir une grande partie de cette maisonnette afin de la transformer et la restaurer à sa convenance. De plus tous les meubles qui étaient à l’intérieur sont jetés en tas, considérés comme de vieux débris irrécupérables. Et sur ce monticule improvisé a été jeté comme un vulgaire objet mité et miteux, le panier rembourré de Kiki, ce fameux chien des anciens propriétaires dont le cadavre n’a jamais été retrouvé.

Un saccage aux yeux de Clarisse qui est démoralisée. Elle a fait la connaissance de Stan rapidement au cours de la vente à laquelle elle avait assistée de loin, mais elle apprendra à mieux le connaître dans des circonstances baroques au cours de laquelle elle aura la peur de sa vie. De sa jeune existence plus précisément. Mais le père de Clarisse ne veut pas qu’elle fréquente ces nouveaux voisins, toujours mortifié par son échec cuisant.

 

Le garçon d’à côté, dont on sait maintenant qu’il se prénomme Stan, est un roman charmant sur les amours adolescentes, mais pas que. Si ces amourettes ravivent certains souvenirs, avec la jalousie entre copines (ou copains, les garçons ressentant les mêmes sentiments), la découverte des premiers émois, et tout ce qui va avec, les garçons butinant et faisant leur miel auprès de jeunes filles parfois naïves ou au contraire aguicheuses, un autre problème sociétal est abordé en filigrane.

C’est bien l’antagonisme entre gens de la ville achetant hors de prix des masures afin de les retaper à leur guise, et les ruraux qui se sentent envahis par des étrangers qui ne connaissent pas la valeur de l’argent. Des ruraux blessés dans leur orgueil mais qui seraient obligés d’effectuer des travaux afin de mettre aux normes ces bâtisses destinées à la location touristique. C’est aussi ce pincement au cœur de voir mis au rebut des objets dont la seule valeur n’est que sentimentale.

Mais ce roman ne manque pas d’humour malgré l’émotion qui se dégage de cette histoire destinée aux jeunes mais qui ne manquera pas de raviver les souvenirs des plus anciens.

 

Toi, tu n’es pas une contemplative dans mon genre.
Si. J’aime bien contempler les vitrines.
Je te parle des beautés de la nature !

Le monde est vraiment petit à la campagne. Vous vous connaissez tous, bien sûr !
C’est ça. On est comme les tribus oubliées dans la jungle.

J’avais envie de lui arracher les yeux mais, à travers le téléphone, c’était difficile.

Réédition format Ebook. Collection Girly comedy. Tome 14. Editeur michelamelinbestsellers. Parution 29 décembre 2012. 1,84€.

Réédition format Ebook. Collection Girly comedy. Tome 14. Editeur michelamelinbestsellers. Parution 29 décembre 2012. 1,84€.

Michel AMELIN : Le garçon d’à côté. Série Toi + moi = Cœur N°7. Pocket Junior N°619. Editions Pocket Jeunesse. Parution octobre 2000. 120 pages.

ISBN : 978-2266098656

Réédition format Ebook. Collection Girly comedy. Tome 14. Editeur michelamelinbestsellers. Parution 29 décembre 2012. 1,84€.

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26 octobre 2019 6 26 /10 /octobre /2019 04:24

Mais ce n’est pas une épure…

Sonja DELZONGLE : Le hameau des Purs.

Heureux qui, comme l’Oncle Paul, a fait un beau voyage dans l’univers littéraire tortueux du Hameau des Purs sous la houlette du guide Sonia Delzongle.

En effet l’intrigue emprunte des chemins sinueux, jalonné de chausse-trappes, de bifurcations, de ronds-points, de panneaux indicateurs signalant des retours en arrière, et autres vicissitudes vicinales propres à égarer le lecteur. Mais celui-ci, un peu obstiné comme tout lecteur friand de découvertes, prend des repères et arrive au bout de l’ouvrage tout en se demandant toutefois s’il ne s’est pas un temps fourvoyé.

Si je devais employer une métaphore mobilière pour décrire ce roman, je dirais qu’il s’agit d’un meuble à multiples tiroirs. Mais attention, pas du meuble industriel suédois, à monter soi-même, recouvert d’une feuille de papier plastique qui retient les particules de sapin, et qui s’effondre à la première secousse. Non ! Mais d’un meuble conçu et fabriqué par un ébéniste qui utilise du bois noble, le peaufine en élaborant des circonvolutions à l’aide de gouges de tailles différentes et le recouvre de marqueterie.

Par exemple par un André-Charles Boulle, un Charles Spindler, ou un Pierre Golle. Du massif qui s’avère léger, avec des tiroirs apparents, des fonds secrets, des caches, qui recèlent toutes sortes de babioles et d’objets qui s’apparentent à des cadavres dans un placard.

 

Si je me suis servi de cette image sylvestre, c’est bien parce que la forêt en est l’un des décors plantés au fin fond d’une campagne dans laquelle se niche un hameau. Le Hameau des Purs, une congrégation qui ressemble à celle des Amish. Une communauté qui vit quasiment en autarcie, ne fréquentant pas les villageois établis à quelques kilomètres du hameau, et qui ne sont pas assujettit à de petits plaisir modernes, tels que phonographe, radio, et autres bricoles pouvant les rattacher à un monde moderne considéré comme pervers. Ils sont vêtus à l’ancienne, les femmes de robes longues, grises, ternes, les hommes de chemises à carreaux, le chef recouvert de chapeaux à larges rebords. Et ils se déplacent à bord de carrioles, toujours en groupe, comme pour se protéger d’éventuelles agressions.

La petite Audrey est amenée durant les vacances par ses parents. Le père, natif du hameau, s’est émancipé mais devenu avocat aide parfois les Purs dans leurs démêlés. Audrey vit entourée durant ces périodes avec Ma Grimaud et Abel, ses grands-parents. Elle fréquente, malgré que celui-ci ne fasse pas vraiment partie de la communauté, le Gars, Léman de son prénom. Il vit chez sa grand-mère, la Crochue, de rapines, braconne, et a pour compagnon un corbeau et est affublé d’un bec-de-lièvre. Il possède une technique rapide et impitoyable pour dépiauter les lapins et autres bêtes à fourrure qu’il attrape au collet. Cette inclination n’est pas du goût de tous, mais Audrey est une gamine indépendante. Elle fréquente aussi parfois Gauvain, un autiste, ou Isobel, une sourde et muette dont les parents bientôt interdiront toute visite de la part d’Audrey.

 

Quelques années plus tard, Audrey devenue journaliste, retourne sur ce lieu qui est le théâtre d’un double drame. L’Empailleur continue à perpétrer ses méfaits, à dates régulières. Le cadavre d’un individu est retrouvé vidé de ses entrailles, de ses os, et l’enveloppe humaine, bourrée de pierres et de mousses, est recousu, telle une peluche. Des habitations du hameau ont été incendiées et dans les décombres ont été retrouvés sept corps dont l’identification est difficile à établir. Elle enquête pour le compte de son journal, malgré sa réticence à revenir sur les lieux qui ont marqué son enfance, en compagnie de l’inspecteur Frank Tiberge et de son adjoint Lagarde.

Ce retour aux sources fait resurgir toute une époque avec son lot de frayeur, de peur, de frissons, de petites joies indicibles dont le chat Dickens qui se couchait avec elle le soir lui réchauffant les pieds. Des interrogations aussi avec l’accident qui s’est produit au lieu-dit de La Femme Morte, et surtout la découverte d’un album-photos, d’une lettre en provenance d’Israël, et les révélations parcimonieuses de Ma Grimaud. Et surtout du docteur Bonnaventure, un Noir intransigeant, désagréable, qui n’accepte aucune compromission.

Et la mort rôde, s’infiltrant insidieusement dans l’esprit de la gamine, la hantant au point que « Depuis que j’avais appris qu’on pouvait mourir de rire, je ne riais plus ».

Les tiroirs s’ouvrent et se referment, dévoilant peu à peu les secrets qui se nichent dans les recoins, mais le fouillis indescriptible réside bien dans les caissons du bas, où tout est mélangé, emmêlé. Un embrouillamini qui s’éclaircit peu à peu tout en gardant quelques zones d’ombre. Un épilogue qui explique tout, ou presque car l’auteur joue finement avec les miroirs qui se reflètent les uns dans les autres, découvrant des pans d’histoire, invisibles au départ et qui à nouveau rentrent dans l’ombre au profit d’autres, au fur et à mesure que le lecteur approche du mot fin (qui d’ailleurs n’est pas imprimé).

Un roman qui flirte avec le fantastique, comme lorsque l’on tente d’explorer la psychologie de personnages vivant en marge de la société. Un roman prenant, que l’on ne peut lâcher avant de tourner la dernière page, et bizarrement, moi qui suis pour les romans courts, j’aurais aimé que l’histoire continua.

 

Première édition : Editions Cogito. Parution Février 2011. 380 pages.

Première édition : Editions Cogito. Parution Février 2011. 380 pages.

Sonja DELZONGLE : Le hameau des Purs. Folio Policiers N°897. Editions Folio. Parution 17 octobre 2019. 368 pages. 7,90€.

ISBN : 9782072864018

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5 octobre 2019 6 05 /10 /octobre /2019 04:47

A vendre île tout confort…

Maurice LIMAT : Explosion A…

Les ventes aux enchères réservent parfois des surprises intéressantes, avec des objets précieux dont la valeur n’est découverte qu’au moment de l’expertise.

Mais ce que propose ce jour là le commissaire-priseur à la vente dans une salle de la mairie de Plougalec, en Bretagne, n’est pas un objet courant. Ce n’est pas même un objet puisqu’il s’agit d’une île. L’île du Goéland. Un domaine exceptionnel mis à prix pour la modique somme de cinq cent mille francs. Personne dans l’assistance semble intéressé pourtant une jeune femme enchérit à dix mille francs de plus. Un concurrent propose un peu plus pour ce rocher perdu d’une douzaine d’hectares non cultivables.

Enfin, la jeune femme, une belle et charmante blonde aux yeux bleus, d’origine probablement bretonne puisqu’elle prétend se nommer madame Cairelec, emporte les enchères pour trois millions de francs. Son concurrent l’invite à déjeuner, puis le repas terminé, tente de la kidnapper en voiture. Pas si bon joueur que ça l’homme qui se fait appeler Pérard. Mais la jeune femme résiste, deux coups de feu claquent, l’auto file et cette charme dame Cairelec brandit son arme à feu et tire. Le véhicule effectue une embardée et s’abîme dans la mer.

Quelques mois plus tard, sur l’île du Goéland, des travaux sont en bonne voie d’avancement. Les pelleteuses sont en action quasiment jour et nuit, du béton est coulé sur place afin d’édifier des sortes de bunkers et des murs de protection.

Le capitaine Caretti, le chef du Cinquième Bureau, les Services Secrets français, arrive sur place pour se renseigner sur l’avancement des travaux. Il est accompagné, en autre, de Domenica Still, surnommée l’Ange du Mystère, une ancienne cantatrice qui a trouvé sa voie dans le renseignement. Personne ne reconnait en cette femme brune aux yeux sombres l’acheteuse, madame Cairelec, qui avait été arrêtée par les policiers mais dont le procès n’avait jamais eu lieu.

Parmi les ouvriers du chantier, Pierre Grantin et Riton, qui émargent eux aussi au service de renseignements. Ils se retrouvent tous à l’auberge du village et les deux ouvriers racontent qu’ils ont aperçu l’un de leurs collègues envoyer des signaux à l’aide d’une lampe vers la mer. Il se tenait sur le bord de l’eau mais Riton affirme qu’aucun navire ne croisait au large. Personne n’était en vue, et l’idée d’un sous-marin de poche est avancée. Celui qui est considéré comme un espion par Caretti et compagnie s’appelle Mérard. Une ressemblance patronymique bizarre avec le sieur Pérard qui désirait acquérir l’île.

Toutefois les travaux avancent sans discontinuer. Mérard est surveillé et un soir alors qu’il envoie ses signaux, Grantin et Riton tentent de l’appréhender. Mais l’homme tombe et il est retrouvé mort, une sorte de flèche dans le cœur. Pourtant il n’y avait personne d’autre qu’eux sur cette plage abandonnée. Olivier Denis, l’amant de Domenica, l’Ange du Mystère, et agent du Cinquième Bureau lui aussi, a rejoint sa maîtresse et le capitaine Caretti. Et un aviso de la Marine de Guerre patrouille en permance.

Il semble que les travaux réalisés en secret intéressent fortement une nation, probablement ennemie. Car des essais d’explosion d’une bombe atomique sont prévus afin de vérifier si le béton employé ainsi que les constructions semi-enterrées résistent au choc.

 

Soixante-cinq ans après la parution de ce roman, l’angoisse et l’effet dramatique de l’intrigue ne sont pas ressentis aussi fortement qu’a pu éprouver le lecteur en découvrant cette histoire.

Les temps ont changé, les technologies ont évoluées, et l’appréhension de la bombe nucléaire est toujours aussi présente mais il existe une sorte de fatalisme dans les esprits plus préoccupés par les questions matérielles, écologiques, sociales, voire financières.

Mais pour Maurice Limat, ce n’est pas tant l’explosion nucléaire et son intensité qui importent, quoi que, mais la protection en construisant des abris antiatomiques à l’aide d’un nouveau béton capable d’empêcher le rayonnement lors d’une déflagration.

Toutefois, cette intrigue pêche par le manque de la résolution d’un élément capital, mais peut-être les explications seront révélées dans le roman suivant intitulé Sous la hache.

Maurice LIMAT : Explosion A… Collection 0-78 Service secret N°70. Editions S.E.G. Parution 3e trimestre 1954. 32 pages.

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12 septembre 2019 4 12 /09 /septembre /2019 04:42

Trois fois porte-bonheur ou trois fois porte-malheur ?

Rodolphe BRINGER : Les trois 13.

Dans le car qui effectue la navette entre Taulignan et la petite gare de Chamaret, un seul voyageur qui semble dormir. Crin-crin, le chauffeur décide de le réveiller mais peine perdue. L’homme ne sortira pas de son sommeil, puisqu’il est mort, atteint d’une balle d’arme à feu qui s’est glissée jusque dans sa carotide.

Aussitôt Crin-Crin interpelle les trois hommes présents. Le chef de gare, Régis, son homme d’équipe, et le docteur Bégloud-Font, qui n’exerce pas sa profession étant assez riche pour vivre de ses rentes dans un château non loin. Il était venu afin de récupérer un paquet. Ils procèdent aux premières vérifications en attendant l’arrivée des gendarmes de Grignan. Mais le train de Nyons arrive en gare et les employés de la ligne ferroviaire doivent vaquer à leurs occupations premières.

Si l’individu qui git sur la banquette possède bien quelques babioles dans ses poches, dont un couteau d’origine indienne servant à prélever les scalps, ses papiers d’identité sont manquants.

Le parquet est immédiatement prévenu et les résultats de leur confrontation abondent dans le sens des gendarmes. Quelqu’un aurait tiré de l’extérieur, probablement lorsque le car avait emprunté une longue ligne droite dans les bois, parmi les truffières. Une fenêtre ouverte derrière l’homme, et le bruit de ferraille du car, empêchant le chauffeur de distinguer quoi que ce soit.

Alors que le Parquet déblatère, le juge, le substitut du procureur et son greffier, en compagnie du brigadier, un gendarme fait irruption annonçant le décès de monsieur Jéphe. C’est sa femme de ménage qui l’a découvert, étalé dans le couloir, un couteau planté dans le cœur. Ce monsieur Jéphe, installé dans la commune depuis quelques années, n’était guère causant mais toujours aimable avec les habitants.

Or selon l’hôtelier, l’inconnu du car s’était installé la veille dans une chambre de l’hôtel de Sévigné, avait rencontré monsieur Jéphe, puis était reparti. Il se nommerait, d’après le registre, Tom Wiking, et serait Américain. Voici un point d’éclairci. Mais il reste encore bien des zones d’ombre. Alors il est fait appel au commissaire Rosic, de la Police Judiciaire de Lyon.

Un début de piste se précise lorsque le commissaire Rosic, arrivé sur les entrefaites, est informé par le postier que le soir du drame du car, juste après la levée du courrier, monsieur Jéphe avait posté une lettre à un certain Lagodille à Paris.

Monsieur Jéphe avait une nièce mariée à un romancier célèbre œuvrant dans la littérature policière, Jean Méjean. Le couple est prévenu et comme de toute façon, Jean Méjean et sa femme devaient passer leurs vacances sur place, ils ne sont pas longtemps à arriver à Grignan. Or Jean Méjean décide d’enquêter sur l’assassinat de son oncle et tant qu’à faire sur celui de l’Américain.

Mais bientôt, au bout de quelques jours quand même, ne précipitons pas les événements, un nouvel assassinat est perpétré. Une légitime défense selon monsieur Bégloud-Font, car un individu qui tentait de s’introduire chez lui a été abattu par son valet, Melchior. L’indélicat personnage aurait tiré deux coups de feu envers Melchior qui a riposté, faisant mouche du premier coup. Pauvre Melchior, mutilé de guerre qui ne peut parler, la langue coupée par une balle qui n’était pas perdue lors de la Grande Guerre.

 

Qui du policier ou de l’écrivain parviendra à résoudre cette énigme ? S’engage entre les deux hommes une partie d’échecs, l’un possédant son expérience de policier, l’autre celui de romancier de littérature policière.

Je suppose M. Méjean, que vous venez m’apporter le concours de vos lumières, car nous travaillons, en somme dans la même partie, et nous sommes des façons de confrères.

Pourtant le romancier se défend de s’immiscer dans l’enquête, au départ, car par la suite il établira des déductions qui ne sont pas conformes avec celles du policier.

Non, certes, dans mes nombreux romans, j’ai mis en scène une ( !) assez grand nombre de policiers, tous évidemment géniaux. Mais si mes lecteurs s’y trompent, empêchés de réfléchir par l’entraînement d’un récit plus ou moins passionnant, moi, je ne puis me faire d’illusions, et je sais combien, en somme, ma tâche est facile et combien il m’est aisé de faire croire aux rarissimes qualités de mes détectives. Car, lorsque j’écris un roman, le crime dont il s’agit de dégager l’inconnu m’est connu dans les moindres détails, puisque c’est moi qui l’ai inventé, et dès lors, mon policier a toutes les facilités d’en déduire les phases, et tout mon talent consiste à l’empêcher de résoudre trop rapidement l’énigme posée.

Une profession de foi lucide, de la part du romancier qui ne peut être que l’auteur. Pourtant, un peu plus tard, il déclare à sa femme :

J’ai tellement débrouillé, en ma vie, des énigmes embrouillées dont j’avais, d’ailleurs, moi-même mélangé les fils, que je serais curieux de savoir si je serais à même d’élucider un problème dont je n’aurais pas moi-même posé les données !

 

Au cours de l’intrigue, Rodolphe Bringer revient plus ou moins longuement sur les antécédents de Jean Méjean, afin de mieux installer son personnage de romancier, et, vers la fin, le lecteur est tout aussi bien dans un roman policier que dans un roman d’aventures, car il faut se plonger dans le passé des différents protagonistes afin de connaître leurs motivations et expliquer le pourquoi du titre, qui au premier abord est assez énigmatique mais trouve son explication en fin de récit, une explication un peu tirée par les cheveux mais qui n’entache en rien la qualité de l’intrigue.

L’écriture est agréable, plaisante, et les dialogues sont souvent écrits comme s’il s’agissait de répliques de cinéma.

 

Roman posthume, à moins qu’il s’agisse d’une réédition non signalée, Les trois 13 s’inscrit à une époque de l’entre-deux guerre. Et le docteur de Grignan, s’appelle soit Barbier, soit Bernier, soit Cervier. Ce qui suppose une non-relecture de la part de Rodolphe Bringer.

 

Rodolphe BRINGER : Les trois 13. Roman policier. Editions Laclau. Parution 4e trimestre 1946. 158 pages.

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11 septembre 2019 3 11 /09 /septembre /2019 04:26

A deux, c’est mieux !

Francis DIDELOT : Le Club des Bis.

Être au mauvais endroit au mauvais moment, cela peut entraîner des désagréments, voire plus.

C’est ce que peuvent constater Jean-Marc et Jean-Pierre, surnommés Marco et Pétrus, les jumeaux de quatorze ans, qui passent leurs vacances sur l’île d’Oléron dans la villa familiale La Flibuste. Leur mère malade est restée à Paris pour se soigner, et leur père, architecte, est en voyage en Belgique.

Ce jour là, alors qu’ils se promènent à Saint-Trojan, ils aperçoivent une camionnette boueuse, arrêtée, moteur au ralenti. Soudain deux hommes les bras chargés de sacs déboulent d’une banque et s’engouffrent dans le véhicule, au volant duquel un individu les attend. Les jumeaux sont les témoins d’un hold-up et Jean-Pierre tente de se saisir de l’un des cambrioleurs. Mais un quatrième survient, armé d’une arme à feu, et Jean-Pierre est bousculé, happé, enlevé, engouffré dans la camionnette. Jean-Marc ne peut rien faire sauf demander à Jack, leur chien boxer de les suivre. Peine perdue.

Les témoins sont naturellement divergents dans leurs déclarations effectuées au policier arrivé sur place. Jean-Marc est fort marri et confie à leurs amies suédoises, Helga et Brigitta les jumelles de dix-sept ans, passant elles aussi leurs vacances sur l’île, ce qu’il vient de leur arriver. De même il raconte ce fait-divers à leurs autres amis, qui constituent la bande des Bis. Les Martinot, Maurice et André, dix-sept ans, et les Chasseneuil, Philippe et Gérard, douze ans, sont de caractère différent ainsi que d’aspect physique. Ce dernier point nous importe peu mais ce sont leurs réactions qui nous intéressent.

Jean-Marc ne veut pas prévenir la police de l’enlèvement de son frère Jean-Pierre, afin que ceci ne soit pas diffusé dans les journaux, ce qui pourrait être nuisible à la santé de leur mère. Il préfère rechercher l’endroit où est séquestré son frère Pétrus et le délivrer. Les Chasseneuil, de fougueux gamins, sont prêts à se jeter à l’aventure, tandis que les Martinot, plus réservés, plus réservés, peut-être plus réfléchis à cause de leur âge, préfèreraient que les policiers soient informés et participent aux recherches.

Un compromis est trouvé et Jean-Marc est persuadé que Pétrus parviendra à leur envoyer un message indiquant son lieu de détention. Et Jack, le boxer, n’est-il pas là lui aussi pour participer à cette chasse aux indices, à délivrer l’un de ses deux maîtres ?

 

Pendant ce temps, Jean-Pierre est enfermé et ligoté. Si ses membres sont liés, ses oreilles et ses yeux ne sont pas bouchés et il enregistre les conversations entre les ravisseurs. Il les baptise le Chef, Gros-Bébé, Quenelle et Hareng-saur, en référence à leur statut ou apparence physique. Il va jusqu’à leur conseiller de demander une rançon, son père étant très riche argue-t-il, car il cogite sa petite idée.

La bande des Bis parvient à localiser l’endroit où est retenu Pétrus, un moulin désaffecté, mais à cause d’un contretemps, si Jean-Pierre parvient à s’échapper, c’est Jean-Marc qui devient à son tour prisonnier. Entre temps Pétrus a réussi à fournir quelques éléments à son frère et les bandits ne font pas la différence entre les deux garçons qui ont échangés, malgré eux, leur rôle.

 

Francis Didelot, un romancier aguerri et reconnu dans l’écriture d’énigme pour adultes, avec des ouvrages mettant en scène entre autres le commissaire Bignon, n’a écrit que peu de romans pour les juvéniles, et sur le tard.

Et l’on sent bien que cette intrigue est fouillée, travaillée, avec de nombreux rebondissements, et il en faudrait peu pour que ceci soit adressé à des adultes. Comme il s’agit d’un roman destiné à de jeunes adolescents, point de violence, de cadavres inutiles, mais une véritable intrigue toute en suspense. Que ce soit dans le moulin, puis plus tard à bord d’un voilier, les actions sont complexes et nombreuses. Naturellement l’auteur joue sur la gémellité afin de perturber les cambrioleurs mais pas que.

Sur la psychologie des personnages également, Jean-Pierre puis Jean-Marc s’ingéniant à monter les uns contre les autres les voleurs afin de les déstabiliser. Le rôle de la police est réduit à la portion congrue, et encore, sauf dans l’épilogue presque prépondérant. Presque car tout le travail de sape et l’ingéniosité des jumeaux, quels qu’ils soient, est déterminant malgré les réticences primaires des jumeaux Martinot qui au fur et à mesure que l’histoire avance prennent de l’ampleur.

Ce sont les réactions des différents protagonistes qui donnent du corps à cette histoire qui ne connaitra pas de suite, comme les séries habituelles de cette collection, le Club des Cinq, le Clan des Sept, les Six compagnons, Michel, Alice et tous les autres qui vivent des aventures mémorables et ne vieillissent pas, ou peu.

 

Francis DIDELOT : Le Club des Bis. Collection Bibliothèque Verte N°258. Editions Hachette. Parution Septembre 1964. 252 pages.

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27 août 2019 2 27 /08 /août /2019 04:45

En Normandie, une pouque, c’est une poche, un pochon, un sac de jute. Rien à voir…

Rodolphe BRINGER : Le crime de mademoiselle Pouque.

A trente-deux ans, Céline Pouque n’est toujours pas mariée. Elle n’est ni laide ni jolie, banale en quelque sorte. Mais elle n’a pas trouvé chaussure à son pied. Pourtant elle est généreuse et bonne. Pour preuve, elle ménage les insectes dont les araignées (ce n’est pas moi mais l’auteur qui affirme que les araignées sont des insectes) et cela lui ferait mal au cœur d’en écraser.

Elle avait un tel amour de la vie qu’elle la respectait même chez les bêtes les plus nuisibles. Elle n’eut jamais osé tuer une araignée, quelle que fut l’aversion qu’elle avait pour ces sales bêtes. Elle se disait que ces insectes, sans doute, avaient leurs joies comme les humains et qu’il était mal des les en priver. De plus, qui sait si l’araignée que vous écrasez n’a pas une famille qui attend après elle et qui sera désespérée de ne pas la voir revenir au logis.

Elle a été un temps enseignante en latin et grec dans un pensionnat religieux d’Avignon, étant devenue devenue orpheline de bonne heure, mais grâce à des héritages fort bien venus, elle a donné sa démission et depuis vit de ses rentes.

Pour autant elle ne néglige pas les sorties et rencontres. C’est ainsi qu’un soir elle fait la connaissance de Léonard Foulat, substitut du tribunal. Un quadragénaire portant beau. Elle est favorablement impressionnée par cet homme et réciproquement. Seulement, elle est aisée tandis que lui… Il l’est aussi, donc pas de frein à un éventuel mariage.

Hélas, lors d’un repas, Foulat narre aux participants comment il a envoyé à la guillotine un garçon de ferme convaincu d’assassinat. Et il insiste sur les détails dont les dernières minutes du condamné. Il n’en faut pas plus pour que Cécile Pouque rompe leurs fiançailles. Dépitée, elle se retire dans une villa, une partie de l’héritage, à Lapalud.

Son ancien locataire, un quinquagénaire célibataire, lui fait une petite visite de courtoisie, lui signalant qu’il est entomologiste et qu’il aimerait lui montrer sa collection. Lacune de mademoiselle Pouque, elle ne sait pas ce qu’est un entomologiste. Donc elle va satisfaire sa curiosité naturelle, et comme il ne lui a pas proposé de lorgner des estampes japonaises, l’honneur est sauf.

Mais pas sa dignité car lorsqu’elle découvre des vitrines emplies de planches sur lesquelles sont cloués des insectes de toutes espèces, elle rompt avec ce voisin meurtrier.

Pourtant, elle-même va commettre un crime. D’où le titre du roman. En effet, un soir elle aperçoit un chapeau, et sous ce chapeau, un homme qui tente de s’introduire chez elle en franchissant le muret qui entoure son jardin. Impulsive, elle se munit d’un revolver qu’elle a découvert dans un secrétaire, et elle tire. Elle vient de tuer un homme.

 

Le crime de mademoiselle Pouque est un conte charmant, écrit d’une plume élégante, dans lequel il réside un certain humour, surtout dans la chute.

On remarquera quand même, que, intentionnellement ou non, Céline Pouque est quelque peu naïve, malgré son statut d’ancienne, mais jeune, enseignante. D’ailleurs si elle est devenue professeur dans un pensionnat pour jeunes filles, c’est surtout par besoin, et que, lorsqu’elle hérite dans des conditions dramatiques pour elle, elle n’hésite pas à abandonner le professorat. Elle n’avait pas la vocation.

Le premier soin de Céline Pouque, quand elle se vit à la tête d’un si joli revenu, fut de donner sa démission de professeur. Décidément, ce métier ne lui plaisait point. Ennuyer de braves petites filles en leur enseignant tout un fatras qu’elle-même avait appris avec tant de peine, était au dessus de ses forces ! Elle acceptait très bien que ses élèves ne l’écoutassent point car elle estimait que ce qu’elle tâchait de leur apprendre était sans la moindre importance ou utilité. Bref, elle n’avait pas la foi et n’exerçait son métier que pour gagner son pain quotidien.

Il est dommage que l’illustrateur dévoile quelque peu un épisode crucial de l’intrigue.

 

Rodolphe Bringer, de son véritable patronyme Rodolphe Béranger, est né à Mondragon le 4 mars 1871 et décédé à Pierrelatte le 3 mai 1943. Il fut journaliste et écrivain, produisant un grand nombre de petits romans policiers ou pour la jeunesse. De nos jours il est oublié, ce qui est, à mon avis, fort dommage. Mais c’est le sort de nombreux romanciers dits populaires de cette époque.

Rodolphe BRINGER : Le crime de mademoiselle Pouque. Les romans du cœur N°123. Editions Rouff. Parution 1941. 32 pages.

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2 août 2019 5 02 /08 /août /2019 07:59
C’est au mois d’août qu’on met les bouts
Qu’on fait les fous…
Viviane JANOUIN-BENANTI : Le meurtrier du mois d’août.
Humble campagnard vivant dans une cabane avec sa femme et ses deux enfants, Marseil et Hélène, Charles Saboureau, qui cherche du travail loin de chez lui, est arrêté pour vagabondage en compagnie de son fils.
Accusé en plus de chapardage de poules et de fruits, il est condamné au bagne de Brest pour une période de cinq ans. Marseil, treize ans, est interné dans une maison de correction dans la forêt de Chizé, d’où il ne pourra sortir qu’à l’âge de vingt ans. Hélène, six ans, est placée dans un couvent des carmélites à Niort jusqu’à ses vingt-deux ans. La mère reste libre.
Commence pour Marseil une longue période de brimades, d’affronts, de persécutions, de malnutrition. Les gardiens, d’anciens détenus, ne se privent pas de leur infliger coups de poings et de pieds. Seul Morin, qui ne participe pas à ces corrections mais ne les désavoue pas non plus, prend Marseil sous sa coupe. Fini les corvées de bois. Le gamin soigne les chevaux et conduit l’attelage.
Peu à peu Morin montre des signes évidents d’affection jusqu’au jour où il viole Marseil dans l’écurie. L’adolescent ne dit rien, ne sachant faire la part du Bien et du Mal. Puis Morin tourne ses penchants vers un nouveau, Georges, et Marseil est relégué.
Un soir Marseil abat froidement leur bourreau et traîne le corps dans un fourré. Le juge pense que Marseil pourrait être le meurtrier mais sans preuve, l’affaire est close. Dès ses vingt ans, Marseil est libéré et rend visite à ses parents à Niort qui vivent péniblement dans une cave. Il part pour l’armée et au bout de deux ans revient au pays. Il trouve une place de commis dans une ferme tenue par une veuve autoritaire, despotique.
A part sa sœur Hélène à laquelle il rend visite dans son couvent, Marseil fuit le contact des femmes. Il ne s’intéresse qu’aux petites filles, préférant leurs airs plus sages. Il commence par devenir exhibitionniste, puis s’éprend de la petite Marie, douze ans. La gamine effarouchée se laisse apprivoiser mais lorsqu’il veut se montrer plus entreprenant elle se cabre. Alors il la tue et la cache dans un fourré.
Il participe avec les autres paysans du village aux recherches et découvre le cadavre. Des Roms vivant non loin sont d’abord accusés mais peu à peu les villageois trouvent étrange l’attitude de Marseil. Il est emprisonné à Niort et le juge devant lequel il comparaît tente en vain de le faire avouer.

 

Curieux destin que celui de Marseil Saboureau dont la vie se résume en quelques dates : été 1877, assassinat d’un gardien de la maison de correction où il est enfermé, puis août 1885, il devient l’infanticide d’une gamine de 12 ans, et en août 1894, fratricide.

Serait-il devenu ainsi s’il n’avait pas été enfermé dans ce pensionnat particulier, s’il n’avait pas été violé ? Nul ne peut l’affirmer, mais il est évident que les brimades et mauvais traitements dont il a fait l’objet n’ont guère arrangé son mental et peut-être développé ses pulsions.

Viviane Janouin-Benanti, puisant à partir de faits réels, propose non une simple relation des évènements mais apporte une touche romancée, s’attachant à donner vie à ce meurtrier, à tenter de le comprendre sans pour autant le juger.

Un roman agréable à lire tout autant pour l’histoire que pour la restitution d’une époque.

Première édition : Collection Crimes & Mystères. Editions Cheminements.

Première édition : Collection Crimes & Mystères. Editions Cheminements.

Viviane JANOUIN-BENANTI : Le meurtrier du mois d’août. Collection Romans criminels. 3E éditions. Parution 5 mai 2017. 302 pages. 10,00€.

ISBN : 979-1095826750

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22 juillet 2019 1 22 /07 /juillet /2019 04:12

Nous les amoureux
On voudrait nous séparer…

Alain GANDY : Un suicide sans préméditation.

Le docteur François Bousquet, après des études à Paris et s’être marié, revient à Villefranche-de-Rouergue, reprenant le cabinet paternel. Sa femme veut tout régenter, et le force à renvoyer la secrétaire qui officiait déjà du temps de Bousquet père. Seulement, entre Suzanne Esquenoux et François Bousquet se sont établies des relations plus qu’amicales.

La jeune fille prolongée élevée chez les sœurs a trouvé le complément charnel qui lui manquait, lui le supplément affectif que sa femme lui refusait. Un soir, rendant visite à sa maîtresse exilée dans un petit village, il la découvre pendue. Affolé il demande conseil à Joseph Combes, gendarme à la retraite qui, pour occuper son temps libre, a créé son officine de détective privé. Combes se rend sur place en compagnie du toubib pour constater que le corps a été décroché.

En fouinant, Combes trouve des lettres anonymes accusant le docteur d’entretenir des relations coupables avec la femme d’un agent immobilier. Or le suicide n’est guère probant, quelques indices laissent supposer une mise en scène. Combes subtilise les lettres et ensuite doit marcher sur des œufs car le chef Casterrat, un jeune gendarme guindé, est prêt à imputer le meurtre à Bousquet. Heureusement Combes se voit confier officiellement l’enquête par le juge Massac, un vieil ami.

Comme les enfants sont en congés chez leur grand-mère, Combes et sa femme Claire, toujours de bon conseil, mettent les pieds dans le plat. Combes, perquisitionnant une nouvelle fois chez Suzanne, est agressé par deux hommes et blessé. L’un de ses deux assaillants, qui n’est autre que le cousin despote de Suzanne, est retrouvé mort.

 

Alain Gandy, sobrement mais avec efficacité nous emmène à la découverte de Villefranche-de-Rouergue et de ses environs, analysant sans complaisance une bourgeoisie provinciale qui n’est pas exempte de fourberie.

Mais il n’épargne pas non plus ceux qui, sous couvert d’aider les enquêteurs, sont toujours à l’affût des commérages. Un roman sociologique qui se lit avec plaisir et l’on ne pourra s’empêcher de penser à Exbrayat et ses romans provinciaux et régionalistes.

 

Alain GANDY : Un suicide sans préméditation. Collection Terre de France, production Janine Balland. Editions Presses de la Cité. Parution le 20 janvier 2005. 288 pages.

ISBN : 978-2258064522

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14 juillet 2019 7 14 /07 /juillet /2019 04:33

Sentir plus loin que le bout de son nez…

Emile DESJARDINS : Odor di femina.

Lassé des odeurs dégagées par des corps qui se vendent sans de véritables réactions de satisfaction, le rédacteur (l’auteur ?) décide de quitter la capitale pour s’enivrer de parfums frais et musqués exhalés par des représentantes féminines susceptibles de lui offrir des amours naturalistes sans chichis.

Il se rend dans sa propriété du Midi où il sait trouver quelques jeunes filles ou jeunes femmes qui lui offriront sans barguigner, parfois contre une petite rétribution d’un Louis d’or, un reposoir sain, sans artifice. Et le visiteur pourra explorer le tunnel pastoral en laissant ses témoins à l’entrée.

En cette fin de mois de mai, il saura décider des femmes mariées à compléter leurs revenus ou des jeunes filles à composer leur dot grâce aux subsides généreusement distribués. Leurs senteurs, si elles sont plus fortes, plus prégnantes que celles des citadines, lui laissent dans le nez l’odeur du vrai, du non frelaté.

Avec les jeunes épouses, point n’est besoin de prendre des précautions, car le mari sera fier d’endosser une paternité dont il rendra responsable sa propre virilité. Quant aux pucelles, il sait qu’il doit se plier à quelques prudences afin que cela n’entache pas leur honneur, mettant au ban de la société les réceptrices de ses faveurs. Faveurs qu’il prodigue à moult reprises, sans débander, ou si peu lors des confrontations sexuelles.

Il va donc tour à tour se réjouir avec des faneuses, des lavandières, puis des moissonneuses, car les semaines passent et il est toujours infatigable, puis ce sera le temps des vendanges, grappillant à gauche et à droite, mais surtout au centre.

Ces jeunes femmes ne se montrent guère farouches… à recevoir des pièces d’or et l’enseignement qu’il leur prodigue ne pourra que leur être bénéfique dans leurs relations conjugales.

Ainsi il leur montre comme jouer de la langue en enfournant ce que l’on pourrait dénommer l’objet du délit, leur montrer comment une langue arrive à les faire vibrer, à s’extasier devant leurs perruques et s’amuser au contact de leur petite excroissance de chair, mais aussi leur prouver qu’utiliser la porte de service est parfois mieux indiquée que pénétrer par l’entrée principale afin de ne pas avoir de regrets quelques neuf mois plus tard.

 

Ces amours ancillaires pastorales ne laissent pas de bois le narrateur (quoi que le membre ne soit guère amolli et lorsque cela se produit, il indique des méthodes favorables à la montée de la sève et au durcissement du tronc) d’autant que la nature a favorisé ses amantes éphémères. Il apprécie les rondeurs mammaires dont sont abondamment pourvues ses partenaires et leurs croupes rebondies auxquelles il peut s’accrocher manuellement.

C’est un hédoniste qui sait profiter de ses bonnes fortunes et de ses fortunes de bonnes, même s’il encourage les pratiques en dédommageant ses partenaires. On n’a rien sans rien, et il est de bon goût de flatter les corps et les esprits avec une juste rétribution. Les malotrus sont ceux qui se contentent de mots doux pour le mal (ou mâle) au trou.

 

Cette historiette démarre doucement et peu à peu cela s’emballe (et pour cent balles c’est pas cher !) et je me contenterai de signaler que le narrateur favorise les relations entre sœurs de Lesbos, leur suggérant des pratiques dont elles jouissent en sa compagnie et après… Je vous laisse découvrir la suite.

Ce conte date du début des années 1900 et malgré le temps il n’a guère vieilli, tout ce qui a été écrit plus tard n’étant que des resucées…

 

Emile DESJARDINS : Odor di femina. Avant-propos d’Ursula Grüsli. Collection Culissime Perle rose. Editions SKA. Parution 29 juin 2019. 115 pages. 3,99€.

ISBN : 9791023407792

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Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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