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25 octobre 2018 4 25 /10 /octobre /2018 05:25

A ne pas confondre avec le roman éponyme de John Dickson Carr !

André STAR : La chambre ardente.

Afin de préserver l’avenir de son usine de tanneries située à Clermont-Ferrand, Alfred Nauliac a accepté la demande en mariage de sa fille par le baron Darcourt.

Il a préservé son entreprise de la faillite mais sa fille Micheline en a subi les conséquences de plein fouet de même que le jeune Alain Corbières. Corbières et Micheline se voyaient tous les jours car ils travaillaient quasiment ensemble, lui comme ingénieur aux Tanneries de Haute-Auvergne, elle comme dactylo près de son père.

Mais maintenant la donne a changé. Micheline est devenue la baronne Darcourt et vit dans un château non loin de Saint-Flour, entourée de quelques domestiques. Parfois Corbières vient lui rendre visite, lui déclarant sa flamme, mais en pure perte. Micheline veut rester fidèle à son mari, même si elle ne l’aime pas. D’ailleurs elle possède sa chambre particulière dans une aile du château. Quant au baron, il se rend régulièrement à Paris où il rencontre des femmes au lit accueillant, des théâtreuses principalement.

D’ailleurs ce jour-là Darcourt était parti se promener en voiture en compagnie de son chauffeur, ce pourquoi Corbières en avait profité. Mais il faut bien se faire une raison, Corbières doit quitter la belle Micheline, qui n’est pas en train, à la demande expresse de celle-ci. Tous deux ont le cœur gros, et si Corbières s’éloigne, ce n’est pas très loin.

Justement Darcourt arrive dans le parc à bord de sa torpédo, suivi par une limousine. Il a rencontré, par hasard, Chantal Romandes, talentueuse artiste selon lui, et Gaston Perlys, son partenaire- danseur. Chantal fut la maîtresse de Darcourt avant son mariage, et rien ne dit qu’elle ne le soit plus, malgré Perlys. Tout ce petit monde va manger et coucher au château. Et comme le père de Micheline, Alfred Nauliac, vient rendre visite, à l’improviste, à sa fille, cela fait un invité de plus. Plus on est de fous, plus on rit !

Quoique, dans la nuit, Darcourt est retrouvé grièvement blessé. Il parvient tout juste à marmonner quelques mots : on m’a poussé ! Puis il décède. Qui l’a poussé, qui l’a tué ? Darcourt décède de ses blessures.

 

Il ne s’agit pas vraiment d’une enquête policière car la police ne sera pas convoquée. Mais un coupable existe quand même. Mais qui ? Evidemment les soupçons pourraient se porter sur Corbières, mais d’autres présumés fautifs sont en lice.

Roman d’amour qui se clôt par un décès, telle est cette histoire qui malgré tout est charmante, tendre et émouvante. Vendre sa fille à un riche capitaliste n’est guère moral, pourtant c’est ce qui arrivait, et se produit encore, lorsque des enjeux financiers et commerciaux se dressent devant des entrepreneurs acculés par des problèmes d’argent.

Heureusement, tout ceci se finit bien, et la morale est sauve. Nous sommes loin des romans violents, vulgaires, amoraux qui sont le lot de notre littérature actuelle. Il ne faut pas se cacher, tout ceci relève de la réalité, mais c’est la façon de décrire cet état de fait qui est primordial. L’élégance dans les descriptions et les dialogues qui sont une marque de fabrique des auteurs du début XXe siècle et que l’on ne retrouve pas de nos jours.

Quant à cette Chambre ardente, elle est loin de ce que pourriez imaginer. Il s’agit d’un tribunal d’exception qui était en cours aux XVIe et XVIIe siècles, mais adapté dans ce récit sous une forme moins spécifique et royale.

A noter qu’en exergue de ce court roman, figurent deux citations extraites de la correspondance entre Alfred De Musset et George Sand, et réciproquement, datant de mai 1833.

Mais au fait qui était André Star ? Un des nombreux pseudonymes de Max-André Dazergues, le maître de bien des romanciers, à commencer par Frédéric Dard.

André STAR : La chambre ardente. Collection Le Roman du dimanche N°67. Librairie contemporaine. Editions J. Tallandier. Parution décembre 1932. 32 pages.

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22 octobre 2018 1 22 /10 /octobre /2018 13:18

Ne méprisez pas les collections sentimentales : elles recèlent souvent des perles policières !

Joséphine TEY : Retour au bercail

Surtout lorsque les informations déposées sur certains sites, genre Wikipédia, ou les notules rédigées dans des encyclopédies de référence s’avèrent erronées. Ainsi, concernant ce roman, sur Wiki, le rédacteur de la notule spécifie que ce roman, En trompe l’œil dans la collection Panique N°6, chez Gallimard en 1963, a été réédité dans une traduction tronquée sous le titre Retour au bercail, Paris, Éditions Mondiales, coll. « Intimité » no398, 1979.

Une vérification s’imposait et comme je possède les deux versions, celle de la collection Intimité et celle du Masque, qui est une reprise de la version de la collection Panique, il ne subsiste aucun doute. C’est bien la version Intimité qui n’est pas tronquée ! Quant au Dilipo, le résumé précise que Simon vient d’hériter du domaine de ses parents, ce qui est justement le contraire car s’il avait hérité, l’histoire n’aurait plus lieu d’être. En réalité il est en passe d’hériter !

Juste pour la bonne bouche, avant de présenter l’intrigue, deux extraits prélevé dans la première page du livre version Masque/Panique :

Non, mais sérieusement, lequel était le plus intelligent ? Insista-t-elle, car elle n’abandonnait jamais son idée. Noé ou Ulysse ?

Ulysse, affirma son frère sans lever les yeux de son journal.

Ruth demanda à son tour :

Dis donc, Simon, fêter ses vingt et un ans, ça doit faire un peu comme un mariage, non ?

Non, à tout prendre, c’est mieux que de se marier.

Ah, tu trouves ?

Le soir de sa majorité, on peut danser aussi tard qu’on veut. Pas le soir de son mariage.

 

Voyons maintenant la version Intimité :

Dis, Tantie ? Reprit Jane qui ne se décourageait jamais. Quelle histoire préfères-tu, celle de Noé ou celle d’Ulysse ?

Puis, comme sa tante ne répondait pas, elle se tourna vers Simon, son frère aîné.

Et toi, Simon ?

Celle d’Ulysse, répondit le jeune homme sans lever les yeux de son journal.

Il n’y a que Simon, pensa Tantie, pour pouvoir répondre à une question, tout en continuant à parcourir la liste des chevaux engagés dans le Grand Prix et à manger sa soupe.

Pourquoi préfères-tu Ulysse ? Questionna Jane.

Parce qu’il buvait moins que Noé, répondit tranquillement Simon, qui ajouta aussitôt : C’est curieux, je ne trouve pas le nom de Firelight dans cette liste ?

Dans le fond, murmura pensivement Ruth, devenir majeur, c’est presqu’aussi important que de se marier !

Beaucoup plus ! s’exclama son frère en riant. Une fois majeur, on peut faire ce que l’on veut, tandis qu’une fois marié, c’est est fini.

 

Edifiant, non ?! Comme quoi, il faut se méfier des à-priori et des informations qui se révèlent erronées.

 

Mais revenons à notre intrigue :

Depuis huit ans, Tantie Béatrice élève Simon, Nelly et les jumelles de dix ans, Jane et Ruth. Dans quelques semaines, Simon sera majeur et il héritera de ses parents décédés huit ans auparavant dans un accident d’avion. Il héritera seul du domaine des Ashby selon la loi anglaise. Et Tantie Béatrice se fait du souci. Que deviendront le domaine Lachett, Nelly et ses deux sœurs. Elle ne pense guère à elle, malgré le dévouement qu’elle a prodigué durant ces huit années.

Soudain, sans que rien le laissa présager, Patrick, le frère jumeau de Simon et considéré comme l’aîné refait son apparition. Il avait disparu bien des années auparavant, laissant juste un mot dans lequel il déclarait : Désolé, mais je ne peux plus continuer à vivre ainsi. Ne m’en veuillez pas. Patrick. Ce petit mot avait été retrouvé près de ses vêtements, et tout le monde avait conclu à un suicide, près d’une falaise.

Or Patrick refait surface et c’est lui qui va hériter du domaine. Mais il s’agit d’un faux, d’un sosie, du nom de Rick Farrar, enfant abandonné à sa naissance, élevé dans un orphelinat puis une pension, et enfin ayant parcouru la France et les Etats-Unis, travaillant également sur des navires effectuant la liaison entre l’Europe et l’Amérique.

Rick, de retour des USA, déambulait dans Londres lorsqu’il avait été abordé dans la rue par un jeune homme, un acteur natif des environs de Westover, la grande ville portuaire près de laquelle est sis le domaine de ses parents et celui des Ashby. C’est dire s’il connait bien la famille Ashby et grâce à la ressemblance frappante entre Patrick et Rick, il imagine aussitôt faire passer l’un pour l’autre. Malgré les réticences premières de Rick Farrar, durant quelques petites semaines il va « éduquer » son protégé, lui offrant de nombreux souvenirs, lui expliquant tout ce qu’il devra connaître afin de se comporter en tant que Patrick sans fausse note. Contre rémunération bien sûr, car son statut d’acteur de seconds rôles ne lui fournit guère de subsides.

Rick débarque donc au domaine au grand étonnement de Tantie Béatrice et de ses sœurs, et de son frère naturellement. Pour Simon, il s’agit d’un intrus venu le spolier. Si tout le monde se tient sur la réserve, Rick, qui se fait appeler ainsi prétextant un diminutif de Patrick, tient son rôle à la perfection d’autant qu’il possède de sérieux atouts dans sa manche. Outre qu’il connait parfaitement le domaine, les lieux et les habitants de la région, grâce aux conseils avisés d’Alec son mentor, il est un amoureux des chevaux.

En effet lors de son séjour aux USA, il a travaillé dans un élevage équin. Et donc il n’est pas dépaysé au domaine de Lachett qui est réputé comme centre équestre, accumulant les succès, selon les années dans les divers concours hippiques auxquels participent Nelly et Simon.

 

Dès le début du roman, le lecteur sait qu’il va lire une histoire d’imposture. Et il est le témoin privilégié, assistant aux coups bas concoctés par Simon à l’encontre de ce frère arrivé inopinément et qui va lui souffler son héritage. Il partage également les interrogations, les réserves de la famille Ashby et de leurs amis.

Mais cette intrigue prenant sa source dans une fausse gémellité se mue en enquête de la part de Rick. Patrick est-il vraiment décédé, d’un accident ou d’un suicide, s’est-il enfui, tout autant de questions qui le turlupinent tout en essayant de s’attirer les bonnes grâces de ses proches. Parfois il se demande s’il ne s’est pas embarqué dans une histoire qui pourrait causer sa perte, mais en même temps il désire rester, car outre cette enquête qu’il compte bien mener à bon terme, il se prend d’une amitié amoureuse envers sa prétendue sœur Nelly. Un drame cornélien et comment cela va-t-il se terminer ?

Un roman d’énigme et de suspense psychologique particulièrement prenant, surtout dans la version Intimité.

 

Quant à cette collection Intimité, ainsi que celles de Nous Deux et Modes de Paris qui paraissaient dans les années 1950à 1970, il serait bon de vérifier si les publications sont véritablement tronquées ou non par rapport à d’autres éditions antérieures ou postérieures

Première parution : sous le titre En trompe-l'œil. Collection Panique no6. Editions Gallimard. Parution 1963.

Première parution : sous le titre En trompe-l'œil. Collection Panique no6. Editions Gallimard. Parution 1963.

Réédition Le Masque no2137. Librairie des Champs-Élysées. Parution 16 juin 1993. Traduction de Denise Rousset. 224 pages.

Réédition Le Masque no2137. Librairie des Champs-Élysées. Parution 16 juin 1993. Traduction de Denise Rousset. 224 pages.

Joséphine TEY : Retour au bercail (Brat Farrar ou Come and Kill me – 1949. Traduction de A.M. Jarriges). Collection Intimité N°398. Les éditions Mondiales. Parution 12 octobre 1979.

ISBN : 270742398X

Première parution : sous le titre En trompe-l'œil. Collection Panique no6. Editions Gallimard. Parution 1963.

Réédition Le Masque no2137. Librairie des Champs-Élysées. Parution 16 juin 1993. Traduction de Denise Rousset. 224 pages.

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25 septembre 2018 2 25 /09 /septembre /2018 07:24

Une autre facette littéraire du créateur

d’Arsène Lupin !

Maurice LEBLANC : La frontière.

Quarante ans ont passé depuis la défaite de Sedan, mais Morestal, maire et conseiller de Saint-Elophe dans les Vosges, examine chaque jour de chez lui la frontière avec l’Allemagne.

Ancien entrepreneur et propriétaire d’une scierie florissante il a fait construire une grande demeure au hameau du Vieux-Moulin d’où il peut surveiller la région, et principalement la partie des Vosges devenue allemande. Il remarque ce matin-là à l’aide de son télescope sur pied qu’un poteau allemand marquant la frontière vient d’être mis à bas. Et ce n’est pas la première fois qu’un tel incident de ce genre se produit.

Un homme arrive en catimini le prévenant qu’un déserteur doit passer la frontière le soir même. Mais Morestal n’aime pas trop ce Dourlowski à la mine chafouine. D’autant que son fils, professeur quadragénaire et sa femme Marthe doivent arriver bientôt. Ils résident à Paris et ne se sont pas vus depuis un certain temps. Justement ils sont aux portes du jardin. Les retrouvailles vont toutefois se teinter d’acrimonie.

En effet, autant Morestal est un revanchard, n’acceptant pas la spoliation d’une partie du territoire français par l’Allemagne, autant Philippe est un pacifiste convaincu, ayant déjà deux ouvrages à son actif. Il vient d’en publier un troisième, La Paix quand même, sans nom d’auteur. Bientôt la conversation tourne autour de ce sujet qui divise les deux hommes, mais Morestal ignore que c’est son fils qui a publié cet ouvrage qu’il déclare tendancieux et antipatriotique.

L’arrivée de Jorancé, le commissaire spécial, et de sa fille Suzanne, clôt les débats. Philippe est content de retrouver la jeune fille qui vit seule avec son vieux père, sa mère étant partie en goguette à sa naissance. Suzanne a vécu quelques temps avec Marthe et Philippe à Paris, le professeur la promenant dans la capitale à la découverte des monuments et l’emmenant à des spectacles.

Mais entre Suzanne et Philippe se sont tissés des liens qui pourraient faire éclater le ménage. Philippe tente de résister aux assauts de la belle Suzanne, mais avec de plus en plus de difficultés.

Morestal a le malheur de dessiner un croquis sur lequel il dessine un passage dans la frontière, puis qu’il jette dans une corbeille. Alors qu’il a le dos tourné Dourlowski s’empare du document. Morestal et Jorancé se rendent de nuit dans le bois où doit passer le déserteur, et ils sont accompagnés pendant un certain temps de Philippe qui les quitte afin de rejoindre Suzanne. Mais erreur ou pas, ils sont faits prisonniers par des Allemands qui leur reprochent d’avoir franchi la frontière.

 

Toute l’intrigue de ce roman tourne autour de la personne de Philippe Morestal et propose deux histoires passionnantes. La confrontation entre le père qui prône la revanche en aidant les déserteurs dans un esprit belliqueux envers les Allemands et le fils pacifiste convaincu, et l’amour qui s’instaure entre Philippe et Suzanne sous les yeux de Marthe.

Ce fait divers marque d’une façon négative les relations franco-germaniques. Morestal est libéré mais est obligé d’être soigné par le docteur de famille à cause d’un cœur défaillant. Cela ne l’empêche pas de vilipender les Uhlans qui détiennent son ami Jorancé. Cet incident remonte jusqu’aux plus hautes instances gouvernementales, aussi bien du côté français que du côté allemand. Et le spectre de la guerre est ressenti différemment. Comment réagira Philippe dans ce conflit qui se prépare ? Un cas de conscience qui le divise.

 

La Frontière est un roman prémonitoire car publié en 1911, il anticipe certains événements qui vont précéder la guerre de 1914/1918. Evidemment la déclaration de guerre n’est pas sujette à cet épisode, mais c’est la confrontation entre les esprits belliqueux et les pacifistes qui est ici analysée. Et il faut bien reconnaître que la frontière entre les deux pays était une véritable passoire. Et les soldats Alsaciens intégrés de force dans l’armée allemande n’avaient qu’une envie, celle de franchir la ligne bleue des Vosges.

Roman de guerre, roman d’anticipation non scientifique, roman de paix et roman d’amour également, La Frontière n’a pas subi les outrages du temps, et se lit avec plaisir. Ce roman pourrait très bien avoir été écrit par un auteur actuel, seul le style littéraire différencie car aucune fausse note n’est à relever, aucune vulgarité, aucune grossièreté, aucune scène équivoque n’est à déplorer. C’est également un reportage, un témoignage sur l’état d’esprit d’une partie de la population française.

 

Ceux qui regardent en avant peuvent encore comprendre les croyances d’autrefois, puisqu’elles furent les leurs quand ils étaient jeunes. Mais ceux qui s’accrochent au passé ne peuvent pas admettre des idées qu’ils ne comprennent pas et qui heurtent leurs sentiments et leurs instincts.

Mais la chasse mon garçon, c’est l’apprentissage de la guerre.

Toutes les douleurs individuelles, toutes les théories, tout disparraissait devant la formidable catastrophe qui menaçait l’humanité, et devant la tâche qui incombait à des hommes comme lui, affranchis du passé, libres d’agir suivant une conception nouvelle du devoir.

Le monde aura entendu la protestation de quelques hommes libres, de professeurs comme moi, d’instituteurs, d’écrivains, d’hommes qui réfléchissent et qui n’agissent que d’après leurs convictions, et non comme des bêtes de somme qui vont à l’abattoir pour s’y faire égorger.

Si vous préférez la version pour liseuse, vous pouvez télécharger gratuitement le texte de La Frontière sur le site suivant :

A découvrir également :

Maurice LEBLANC : La frontière. Collection Mikros Classique. Editions de l’Aube. Parution 5 avril 2018. 296 pages. 14,00€.

Première publication dans L’Excelsior du 16 décembre 1910 au 23 janvier 1911. Publication en volume chez Lafitte en septembre 1911.

ISBN : 978-2815927949

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25 juillet 2018 3 25 /07 /juillet /2018 07:16

Coucher avec une autre personne que son conjoint, ce n'est pas la tromper, mais bénéficier d'une

formation permanente.

Philippe GEORGET : Méfaits d'hiver.

Il parait, selon les magazines féminins bien informés, que le nombre de cocus est en courbe ascendante, une inflation galopante, et si cette propension à aller voir chez les autres si c'est mieux que chez soi, était réservée de tout temps aux hommes, les femmes de nos jours n'hésitent à suivre ce précepte : changement d'herbage réjouit les veaux.

Pourtant l'équation Deux plus un = un gros paquet d'emmerdes, tarabuste Sebag qui d'un seul coup (sic !) est confronté à ce problème.

Ce qui le chagrinait depuis un certain temps, ce qu'il supputait vient d'être confirmé, à quelques jours de Noël. Un drôle de cadeau parvenu sous forme de SMS dans le téléphone de sa femme. Claire le trompe. Pourtant, elle l'affirme avec conviction, elle l'aime toujours. D'ailleurs c'est terminé, son amant ayant été muté de l'autre côté des Pyrénées. Un accident de parcours.

Est-ce le fait d'apprendre son cocufiage qui déclenche une réaction en chaine, nul ne saurait le dire. Pourtant c'est bien ce qui se produit.

 

Un homme tue sa femme alors qu'elle venait de terminer une partie de billard avec son amant dans une chambre d'hôtel. L'homme est parti le premier et le mari trompé s'est engouffré dans le nid d'amour abattant sa femme, qui fumait sa dernière cigarette, avec une carabine. Puis il repart dans la nature.

Appréhendé, il ne nie pas, toutefois ses déclarations jettent un trouble dans l'esprit de Molina, de Ménard et de Sebag. Si le meurtre ne fait aucun doute, ils se rendent compte que le mari bafoué avait été prévenu. Or, idée lumineuse, en vérifiant les vidéos des caméras de surveillance placées un peu partout dans Perpignan, il ne pouvait être sur place au moment où l'a déclaré.

Et comme une contagion qui se répand insidieusement, un autre couple va être séparé à cause d'un vol plané par une fenêtre. Mais cette fois, c'est le mari trompé qui se tue en passant par dessus la rambarde. Volontairement.

Un troisième larron ne trouve rien de mieux que de prendre sa femme en otage, précisant à tous ceux qui regardent le spectacle de la rue, qu'il va brûler sa maison, et eux avec par la même occasion. Il ne fait pas dans le détail. Sebag, habile négociateur, parvient à le raisonner, mais ce n'est pas une thérapie pour le policier rongé par la jalousie.

 

Tout autant roman policier que roman sentimental et étude de mœurs, Méfaits d'hiver comporte plusieurs étages de lecture.

Roman policier, bien évidemment puisque meurtre il y a et incitation au meurtre. Et donc enquête avec plusieurs policiers sur le terrain, tâtonnant, conjecturant, soupçonnant, et empruntant de mauvaises directions, persuadés détenir le coupable ou présumé coupable et avoir compris ses motivations.

Roman d'amour ou sentimental, car outre Sebag ce sont tous les protagonistes impliqués qui sont visés par cette fracture du cœur. Ce n'est pas parce que leurs femmes ne les aiment plus qu'elles vont goûter ailleurs si l'herbe est plus tendre. D'un côté l'amour existe toujours, plus ou moins fort il est vrai, les années passant, mais il est présent. De l'autre côté il y a la recherche d'une forme de tendresse, de complicité amicale qui n'est plus aussi prégnante. Le besoin d'une amitiés amoureuse.

Enfin étude de mœurs déclinée par Julie, nouvellement arrivée et qui participe activement à cette enquête. Elle va faire équipe avec Sebag plus particulièrement, selon les besoins et les approches professionnelles des uns et des autres, mais possédant un autre regard qui lui permet de prendre cette enquête sous un angle différent. De plus elle est amie avec Marina, une kiné qui a effectué des études de psychologie, section sexologie.

Sebag va apprendre ou découvrir un pan sociétal sur l'évolution de la sexualité féminine et de son émancipation par rapport à l'homme, le mâle, dominant. La femme devait rester confinée chez elle tandis que l'homme pouvait sans vergogne aller butiner ailleurs. D'ailleurs, l'expression Rangez vos poules je lâche mon coq, édictée par une mère fière de son fils nous montre combien l'homme pouvait tout se permettre tandis que la femme n'avait pas le droit de lever même les yeux sur un individu de sexe masculin. En général car des cas particuliers nous montrent que la femme pouvait également se montrer avide d'expériences nouvelles.

Autant que je m'en souvienne, le plaisir masculin [...] c'est un petit spasme et puis s'en va. Alors que chez nous (la femme), c'est une vague, une tempête, parfois un raz-de-marée. La jouissance féminine a longtemps fait peur, aux hommes et aux femmes également. C'est pour ça qu'on l'a tant réprimée.

Un peu plus loin :

Nous ne connaissons pas qu'un seul plaisir, ni même deux seulement comme on le pense trop souvent, mais des dizaines de variétés de plaisir. Certains comparent le corps d'une femme à un calendrier de l'Avent avec une multitude de fenêtres qui ne demandent qu'à s'ouvrir.

Mais ce n'est uniquement cela qui pousse un homme ou une femme à tromper son partenaire, seulement c'est la face visible de l'iceberg matrimonial.

 

Je ne voudrais pas m'immiscer dans la vie privée de l'auteur, mais il se dégage de ce roman comme une relation d'authenticité dans cette histoire.

 

Le personnage de Julie, lieutenant de police, le lecteur assidu l'a déjà rencontré dans Le paradoxe du cerf-volant. Philippe Georget tisse sa toile en imbriquant les différents personnages de ses romans pour en constituer une saga.

Philippe GEORGET : Méfaits d'hiver. Collection Thriller. Editions Pocket. Parution 12 juillet 2018. 512 pages. 8,10€.

Première édition : Collection Polar Jigal. Editions Jigal. Parution 15 septembre 2015. 352 pages. 19,50€.

ISBN : 978-2-2662-6969-8

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4 juin 2018 1 04 /06 /juin /2018 06:45

Aucune corrélation avec des turbulences aériennes ou ferroviaires…

Paul FEVAL : La fée des grèves.

Le 8 juin 1450, une délégation en provenance d’Avranches se rend en la basilique du Mont-Saint-Michel afin de célébrer une messe en l‘honneur du duc Gilles de Bretagne, décédé d’inanition depuis peu. Il est mort de faim sur l’ordre de son frère, François de Bretagne qui assiste à cette cérémonie en compagnie de quelques chevaliers, hommes d’arme et de jeunes femmes, ou filles, portant le deuil.

Un chevalier manque à l’appel, Hue de Maurever. Sa fille, la belle Reine de Maurever, qui fait partie de la délégation, s’entretient avec Aubry de Kergariou, lui annonçant que celui qui défendra son père sera son chevalier. Aubry n’a pas encore vingt-ans et est amoureux de la belle Reine, pas même dix-huit ans, mais se dresse entre eux son cousin Méloir, âgé d’une bonne trentaine d’années, et qui lui aussi lorgne sur Reine.

Soudain au beau milieu de la cérémonie, un moine encapuchonné jette la perturbation, citant le duc François à comparaître dans un délai de quarante jours devant le tribunal de Dieu. Chacun peut reconnaître Hue de Maurever, fidèle de Gilles, qui disparaît en jetant la confusion. Une récompense de cinquante écus nantais est promise à qui le fera prisonnier. Méloir est également fort intéressé par l’annonce que celui qui l’attrapera sera sacré chevalier, une opportunité pour barrer le chemin à Aubry dans le cœur de Reine de Maurever.

 

A Saint-Jean des grèves, dans une ferme tenue par Maître Simon Le Priol, les conversations tournent sur une probable apparition de la Fée des grèves, une légende qui semble prendre corps car la maîtresse de maison dépose le soir un bol de nourriture qui le lendemain est vide. L’annonce des cinquante écus nantais n’est pas tombée dans les oreilles d’un sourd. Le jeune valet Jeannin aimerait pouvoir les toucher afin de gagner la main de Simonnette, la fille de Simon Le Priol qui a promis sa fille à qui posséderait cette somme. Mais Jeannin, s’il rêve des cinquante écus, ne se résigne pas à dénoncer la cache de Maurever.

Méloir se fait chiper la bourse contenant la somme promise dans son sommeil par une jeune fille. Dans la nuit et la brume qui stagne sur la grève, Jeannin aperçoit une silhouette qu’il prend pour la Fée des grèves. Ce n’est autre que Reine de Maurever. Mais un autre personnage entre alors en scène, Maître Gueffès, un individu peu scrupuleux, mi-aventurier, mi-mendiant, qui lorgne sur la belle Simonette à cause de sa dot.

 

Commence alors tout autour de Dol, de Saint-Jean-des-Grèves, du Mont-Saint-Michel et du rocher de Tombelène une sorte de cache-cache dans le brouillard entre les soudards du duc François, de Méloir, d’un côté, de Jeannin, de Simonnette, d’Aubry de Kergariou et de Reine de Maurever, qui n’est autre que la Fée des grèves, de l’autre. Et au milieu Maître Gueffès qui joue les électrons libres pour son seul profit.

 

Cet épisode de la guerre des Bretons et des Normands alliés aux Français contre les Anglais qui tiennent une grande partie du Cotentin, permet à Paul Féval de déployer tout son talent de conteur et d’amoureux de sa Bretagne, ainsi que ses convictions monarchistes et catholiques, convictions qui évolueront au fil des ans.

Il s’inspire de légendes et de faits réels, de personnages ayant existés tout en enjolivant ou effaçant certains traits et actes dont ils sont les héros. Parmi les personnages secondaires, on retiendra celui du moine Bruno, un ancien soldat, qui est intarissable et aime conter moult anecdotes, mais est souvent interrompu dans ses narrations, ce qui fait que le lecteur parfois reste sur sa faim.

 

Mais c’est surtout pour Paul Féval le moyen idéal de magnifier le Mont-Saint-Michel, le rocher de Tombelène, aujourd’hui Tombelaine, et les environs. Il décrit les lieux avec précision, et s’attarde sur la grève qui s’étend à partir de l’embouchure du Couesnon entre Cancale et Genêts.

Mais à notre époque le Mont-Saint-Michel a beaucoup évolué, des travaux de restauration ayant été entrepris dès 1874, et si les bâtiments n’ont guère changé, quoique des recherches plus ou moins récentes aient mis à jours des salles qui avaient été murées, comme la salle Robert de Thorigny, redécouvertes dans les sous-sols de l’abbaye, ce sont surtout les marchands du temple qui se sont installés nombreux offrant aux touristes bon nombre d’objets ayant un rapport direct ou non avec la Merveille. Les hôtels-restaurants et les échoppes prolifèrent ainsi que des musées, dont la demeure de Bertrand Du Guesclin qui fut capitaine de Pontorson et du Mont-Saint-Michel. Cette demeure fut construite, lorsque les Anglais furent boutés du Mont, pour sa femme Tiphaine. Mais ceci est une autre histoire.

La Fée des Grèves est tout autant un roman historique qu’un roman d’aventures et d’amour dans lequel Paul Féval appose un humour particulier, caustique et ironique, celui que l’on retrouve dans La fabrique de crimes.

 

Ce roman est actuellement disponible aux éditions Astoure :

Et pour ceux qui préfèrent les liseuses, il est également disponible en version numérique téléchargeable gratuitement sur le site Ebooks libres et gratuits :

Paul FEVAL : La fée des grèves. Collection du Blason. Editions Club 35. Parution 1er semestre 1998. 310 pages.

ISBN : 2906775800

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3 mars 2018 6 03 /03 /mars /2018 09:14

Un titre sobre pour une épopée haute en horions…

Jean-Pierre CROSET : 1557. Roman historique.

Le grand Alexandre Dumas peut s’enorgueillir d’avoir engendré une nombreuse descendance d’écrivains populaires œuvrant dans le domaine du roman historique. Parmi les derniers en date, outre Jean-Christophe Portes avec les aventures du jeune chevalier Victor d’Hauterive, d’Eric Fouassier et de son couple composé de la charmante apothicaire Héloïse Sanglar et Pierre de Terrail, alias chevalier Bayard, ou encore de Frédéric Lenormand qui nous présente un Voltaire iconoclaste. Et il va falloir compter, peut-être s’il récidive, sur Jean-Pierre Croset qui nous entraîne dans une histoire concernant Saint-Quentin, sa ville natale, qui connut bien des déboires au fil des siècles et plus particulièrement en l’an 1557.

Car l’Histoire de France n’est constituée que de guerres, internes ou externes, c’est-à-dire de pays belligérants qui désirent envahir la France, ou les rois et empereurs français qui souhaitent s’annexer d’autres contrées, et souvent des faits d’armes sont occultés car trop nombreux et trop lointains.

Depuis des décennies, depuis Louis XII, puis François 1er jusqu’à Henri II, la France est en guerre contre l’Italie ou l’Espagne, et en cette année 1557, ce sont les Espagnols, sous la houlette de Philippe II, alliés avec les Flamands, qui s’apprêtent à mettre le siège devant la ville picarde, recevant le renfort des Anglais.

Car Saint-Quentin, petite ville de huit mille âmes, est un point stratégique sur la route qui mène à Paris. Une maxime dit même : qui acquiert les clés de Saint-Quentin, ouvre les portes de Paris.

 

Mais dans la Grande Histoire, se greffent toujours des épisodes mettant en valeur des personnages qui jamais n’auraient pu se révéler en dehors de l’adversité. Paysans, artisans, commerçants, manouvriers, gens de peu, petits bourgeois, ou encore religieux, tous sont unis dans la défense de la cité. Et ce ne sont pas les femmes qui rechignent à mettre la main à la pâte.

Seulement, le connétable de Montmorency, présomptueux, borné, n’acceptant pas les conseils judicieux de son entourage, va commettre des erreurs et le 10 août, perdra une bataille, et par voie de conséquences de nombreux hommes d’arme. Il sera même obligé de se livrer à l’ennemi, l’amiral de Coligny prenant sa succession à la tête des combattants français. Et fin août, sous les coups de butoirs de l’ennemi, Espagnols, Flamands, Anglais, Saint-Quentin est réduite à se livrer. Les pillages, vols, viols, meurtres sont le lot des perdants.

 

En marge de cette page d’histoire, se greffe les exploits et les amours d’Anne Dassonville, âgée d’à peine dix-huit ans, apprentie apothicaire et fille de Marie, propriétaire et tenancière de l’auberge Au pot d’étain.

Alors qu’elle n’avait que quatorze ans, Anne a perdu son père qui combattait dans les Flandres et depuis elle voue une haine tenace envers les Flamands et les Espagnols.

Montcalm, citoyen anglais et artiste peintre arrive en la bonne ville picarde et trouve logement dans l’auberge. En réalité il s’agit d’un espion, repérant les fortifications. Anne est abasourdie lorsqu’elle se rend compte que sa mère s’est laissée subjuguer par ce bel homme et elle se lance sur ses traces lorsque son oncle Charles, dont elle est l’élève, est retrouvé mort, noyé. En effet grâce à un papier retrouvé dans ses poches, elle est persuadé que le drame a été provoqué par Montcalm. Si elle réussit la mission dont elle s’est chargée, elle est prise en otage par des mercenaires et le jeune Guillaume de Rhuys, un chevalier surveillant les manœuvres de l’ennemi, parvient à la délivrer. En compagnie de deux reîtres elle revient aux abords de Saint-Quentin qui commence à être assiégée.

Guillaume est mandé auprès du roi Henri II qui veut qu’il se rende en Italie, prévenir François de Guise afin que des renforts soient dépêchés en France mais également récolter de l’argent, car les caisses royales sont quasiment vides. Les adieux sont émouvants entre Guillaume et Anne, mais la défense du pays est prioritaire. Et Anne trouve une saine occupation en organisant le ravitaillement de Saint-Quentin participant à la récolte du blé, et autres travaux agricoles. Puis elle participera à la défense de la ville, ne ménageant pas ses efforts, tout en pensant à son amoureux parti sous des cieux lointains.

 

Anne, tout comme ses consœurs de la littérature romanesque et historique, Caroline de Cecil Saint-Laurent, Angélique d’Anne et Serge Golon, Marion de Georges-Jean Arnaud, et quelques autres, va vivre, et subir, des aventures palpitantes, dangereuses, émouvantes, périlleuses, tant durant le siège de Saint-Quentin puis après la reddition de la cité, lorsqu’elle se trouvera à la cour du roi Henri II, à Paris.

Les dangers auxquels elle sera confrontée ne seront plus les mêmes, mais son intégrité physique sera souvent mise en péril. C’est le courage qui l’anime, une impulsion dictée par la vengeance, par l’amour, l’amitié ou l’affection, selon les personnes envers qui vont ses sentiments.

Les violents affrontements entre les belligérants, et tout ce qui concerne les combats, les manœuvres des armées, les combats sur les fortifications, sur les remparts, les assauts, les réactions des chefs d’armée ou de la soldatesque, artilleurs, fantassins, cavaliers, arbalétriers, sont rigoureusement décrits par l’auteur, et cela fait froid dans le dos. Les armées d’aujourd’hui n’ont rien inventé en matière de pillage, de meurtres sur des civils et de viols.

Heureusement, pour dédramatiser cette ambiance lourde, se greffent des passages plus charnels et intimes que les combats au corps à corps. C’est gentiment décrit, et cela ajoute de la saveur au récit qui aurait été sinon trop sérieux dans la gravité et le drame.

Un roman intéressant sur des épisodes souvent ignorés de l’histoire de France et qui met plus en valeur les petites gens que les chefs de guerre. Les intrigues de cour et les complots ourdis par des jalousies réelles ou imaginaires nous ramènent aux conflits de personnes de nos jours. Non, rien n’a changé, surtout pas la politique.

Un roman historique doublé d’un roman d’amour, quoi de mieux pour passer les longues soirées d’hiver, mais pas que !

 

Jean-Pierre CROSET : 1557. Roman historique. Préface de Xavier Bertrand. Editions ZINEDI. Parution mai 2016. 280 pages. 22,00€.

Existe en version numérique : 7,99€.

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24 octobre 2017 2 24 /10 /octobre /2017 10:55

Une couverture plus sage que celle de Michel Gourdon lors de la précédente édition dans la collection Spécial Police du Fleuve Noir.

André LAY : Les enlisés.

La première d’un film est toujours un événement et les soirées qui suivent, autour d’un pot alcoolisé, permettent aux participants d’échanger leurs impressions, souvent dithyrambiques, se traduisant par des compliments qui servent et resservent à satiété à chaque sortie. Les petites phrases assassines sont réservées pour le lendemain dans les journaux, écrites par de prétendus spécialistes qui n’ont pas la même optique que les spectateurs.

Le dernier film en date de Pierre Chauset ne déroge pas à l’habitude et Claude Combel, le scénariste-dialoguiste, Maud, sa femme, et les deux principales vedettes, Marina Grey et Alain Priss, sont présentes également. Mais la fin du film étonne quelques personnes, et Maud parait soucieuse. Il est vrai que le scénario avait été écrit en quelques jours, d’après un paquet de lettres traînant dans les tiroirs de Claude Combel, une vieille histoire d’amour d’avant sa liaison avec Maud.

En rentrant chez eux, Maud et Claude, chacun de leur côté, ruminent. Surtout Maud apparemment qui se met à pleurer. D’après Claude, Maud pense qu’il la trompe, mais il n’a aucun reproche à se faire. Une interprétation erronée du scénario dont elle se serait fait des idées malvenues. Mais non, ce n’est pas ça, et Claude devine que ce qu’elle pourrait lui reprocher, pourrait tout aussi bien s’appliquer à elle. La soirée se termine dans les draps qui s’en souviennent encore.

Et Claude commence à se poser des questions. Si c’était Maud qui le cocufiait ? Il est vrai que si elle a débuté dans les milieux du cinéma, comme technicienne, et c’est ainsi qu’ils se sont connus, depuis elle ne travaille plus. Et elle passe ses temps libres à pratiquer du sport et principalement du tennis. Notamment avec Richard, un de ses amis, du temps de l’adolescence, qui a quatre ans plus que Maud. Tandis que lui, Claude, en a dix de plus que ce riche propriétaire de magasins de sports. Bref, ce Richard a tout pour lui, et surtout tout pour plaire à Maud.

Que faire dans ce cas ? Vérifier si les soupçons de Claude se confirment. En effet, au lieu d’embaucher un détective privé, il épie sa femme et se rend compte qu’après la partie de tennis, Maud semble s’adonner à une partie de jambes en l’air dans l’appartement de Richard. Mais au lieu de se débarrasser de ce concurrent en employant la solution radicale, il préfère reconquérir Maud en la couvrant de ses petits soins, en la couvrant d’attentions, comme le font les amoureux transis. Car il est toujours amoureux de Maud.

La solution pour que Maud lui soit reconnaissante, il la doit à Marina Grey lors d’une nouvelle séance de présentation du film. Des aménagements ont été réalisés en effet, coupures de certaines scènes, dialogues plus incisifs, ce qui d’ailleurs n’est pas forcément au goût des acteurs.

Au cours de cette soirée, il s’aperçoit que Marina, la vedette féminine, a maigri et comme il lui en fait la remarque, elle lui avoue innocemment qu’elle est allée voir un toubib qui lui a conseillé quelques médicaments susceptibles de diminuer l’appétit et de fondre les graisses.

C’est ainsi que Claude Combel met en pratique sa petite vengeance en mélangeant dans les boissons et les repas de Maud des produits pharmaceutiques, en cachette évidemment de Maud et de Mathilde, la vieille servante qui est au service de Maud depuis des années. Mais cela ne va pas sans préjudices sur la santé de Maud.

Une inquiétude partagée par le médecin de famille qui aimerait comprendre d’où proviennent cet alanguissement de sa patiente, ses vomissements et son amaigrissement.

 

Sur un thème cher à Jean-Pierre Ferrière, le monde du cinéma, Les enlisés nous propose un drame intime qui se déroule dans un coin de banlieue que connait bien l’auteur, puisqu’il y a habité. La région de La Varenne-Saint-Hilaire, Chennevières-sur-Marne, Saint-Maur-des-Fossés, Champigny-sur-Marne. Localités où il exerçait son métier de boucher sur les marchés de ces différentes communes.

Roman intimiste, renforcé par la narration à la première personne, le Je obligeant à ne percevoir qu’une seule posture, Les enlisés oscille entre suspense et angoisse, avec une grosse dose de psychologie. Les Enlisés est plus un roman d’amour qu’un roman policier, malgré la présence justement des représentants des forces de l’ordre, car évidemment cette relation tourne mal.

C’est tout en finesse qu’André Lay nous narre cette histoire dont le final est logique et en même temps dénote une certaine rouerie de la part de l’auteur.

Première édition Collection Spécial Police N°1041. Editions Fleuve Noir. Parution 2e trimestre 1973

Première édition Collection Spécial Police N°1041. Editions Fleuve Noir. Parution 2e trimestre 1973

Et comme trois avis valent mieux qu’un, je vous propose de lire ceux de Pierre dans Black Novel1 et de Claude sur Action-Suspense.

André LAY : Les enlisés. Editions French Pulp. Parution septembre 2017. 224 pages. 9,50€.

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29 août 2017 2 29 /08 /août /2017 08:08

Que je l’aimeuuuu, que je l’aimeeeem !

Henri GIRARD : Sous l’aile du concombre.

Quadragénaire célibataire, Hubert Corday, qui n’a aucune parenté avec Charlotte jusqu’à preuve du contraire, n’a pas pour habitude de prononcer cette phrase à tout venant ni même aux autres.

Ce qui ne veut pas dire qu’il n’a pas de relations, dans son travail il n’en manque pas, mais ce ne sont que des épisodes charnels, genre Je t’aime moi non plus, bonjour madame, au revoir madame et on passe à autre chose. C’est ce que l’on appelle un en-cas !

Donc Hubert, qui est le dernier de Corday, travaille dans, attention accrochez-vous, l’impalpable complexité protéiforme des ressources humaines. Concrètement il intervient en entreprise ou organise des cours, je résume, pour apprendre aux responsables comment gérer ceux qui sont sous leur coupe, annihiler leurs aspirations, les motiver, leur faire comprendre qu’ils ne sont que des pions. Je passe. Mais cela démontre qu’il a du bagout et qu’il sait parler à ses interlocuteurs. Et que souvent, dans ces réunions, il trouve chaussure à son pied, pour une nuit.

Pourtant, depuis quelques semaines il fréquente assidûment Milady, une jeune femme qu’il a rencontrée lors d’une exposition de peintures abstraites, étant en phase sur la prestation de l’artiste, puis prenant un pot ensembles afin de parfaire leur connaissance et échangeant leurs points de vue. De fil en aiguille, ils se sont revus, ce qui est un peu un exploit de la part d’Hubert qui préfère en général butiner.

Mais il rend visite également la famille, à sa sœur Clotilde, mariée, cinq enfants, dont Marine, l’aînée, est quelque peu déboussolée par son manque d’engouement à perpétrer la descendance des Corday. D’abord il n’aime pas qu’on l’appelle Tonton, ça l’horripile, et puis de quoi elle se mêle, même si lui-même ne se prive pas de lui poser des questions sur son ego.

Il va voir également ses parents, qui vivent depuis vingt-cinq ans séparés, habitant deux maisons qui se font face. La mère dans la demeure familiale, du temps d’avant, et son père dans celle héritée de son père, du Papou d’Hubert.

Et le Papou d’Hubert, ce fut quelqu’un dont le quadragénaire se souvient avec une forme de nostalgie liée à une enfance au cours de laquelle le vieil homme lui a beaucoup appris. L’Internationale par exemple.

 

Chaque lecteur pourra s’identifier plus ou moins au héros narrateur de cette histoire, soit dans ses rapports familiaux, dans ses conflits, sa gestion sentimentale, ou tout simplement dans son environnement professionnel, tout un chacun ayant eu un jour ou l’autre des réunions d’information, des séminaires, des remises à niveau.

De nombreux retours en arrière émaillent ce roman plaisant, parfois humoristique, souvent nostalgique, voyageant allègrement dans sa région natale, le terroir bas-normand, à Paris, puis en Floride, histoire de se dépayser et de se voir confirmer que le verbe Aimer existe, et qu’il est bon parfois de l’employer.

Des scènes amusantes côtoient les épisodes mélancoliques, la tendresse étant toujours au rendez-vous, le tout dilué dans une bolée de cidre et quelques coups de canon, du rouge de préférence, pour bien montrer l’appartenance politique de certains protagonistes.

Un roman qui engendre la bonne humeur, mais qui également fait réfléchir car tout un chacun se reconnaîtra dans certaines scènes, et si ce n’est toi c’est donc ton frère, qui ne tombent jamais dans le grotesque mais engendrent des réflexions auxquelles il est bon de réfléchir, afin de ne pas s’engluer dans un mode de vie en marge. Sans oublier une grosse dose de tendresse bourrue qui s’impose dans la pudeur des sentiments.

Et Henri Girard, via ses protagonistes, n’hésite pas à souligner combien il est important de s’aimer, pas uniquement avec le cœur et la tête, mais également physiquement, à tout âge, les relations sexuelles n’ayant pas de date de péremption, même si certains, jeunes et moins jeunes, pensent qu’arrivés à un certain âge, voire un âge certain, les galipettes ne devraient plus être autorisées.

Au fait, me direz-vous fort à propos, que vient faire ce Concombre du titre. Disons qu’il s’agit d’un des protagonistes du roman, qui est ainsi surnommé, et qui sous des dehors débonnaires de bon gros vivant, se montre malin en diable.

 

Et si vous désirez en savoir un peu plus sur l’auteur, qui n’hésite pas à se mettre en scène, partiellement, dans ce roman, cliquez sur le lien suivant :

 

Henri GIRARD : Sous l’aile du concombre. Editions Atelier Mosesu. Parution le 6 juillet 2017. 200 pages. 13,00€.

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17 août 2017 4 17 /08 /août /2017 13:05

C'est dur de partir, de laisser au pays une femme enceinte et de bonnes terres labourables.

Jean-Claude PONÇON : Le fantassin d'argile.

C'est d'autant plus dur qu'il faut rejoindre le front, du côté de Reims. Et Louis ne comprend pas, et il n'est pas le seul, pourquoi il est mobilisé. Sûr qu'il serait mieux à la ferme en ce mois de juin 1916, alors que Marie est sur le point d'accoucher et qu'il va falloir rentrer les foins puis les blés. Alors, dans les tranchées, Louis se morfond, malgré les orages d'obus allemands.

Il pense à Marie, à son futur bébé. Mais il a peur, peur que Marie le trompe. Avec le notaire ou encore le mitron dont elle l'entretient dans ses lettres. Alors l'idée de déserter s'incruste dans l'esprit de Louis et il prépare des vivres dans une musette qu'il cache dans une grange. Un accident cardiaque le conduit à l'hôpital. Il fait la connaissance d'une infirmière et tous deux sympathisent. Elle va jusqu'à lui procurer des vêtements civils.

Là-bas, dans la Beauce, Marie accouche d'un petit garçon. C'est une femme de la ville et si elle aime la campagne, la vie à la ferme ne l'enchante guère. Mais elle est charnelle et Louis le sait. Alors il s'inquiète. Comment réagit-elle, maintenant qu'elle est mère, délivrée et seule?

Un soir, il saute le pas et déserte. Lorsqu'il arrive à la ferme, après un long périple pédestre, il la surprend dans les bras d'un homme.

 

Chronique intime d'une vie ordinaire durant la Première guerre mondiale, Le fantassin d'argile nous compte les affres d'un homme attaché à sa terre, à sa femme, et qui se retrouve déboussolé‚ loin des ses attaches. Il n'a pas demandé à partir et la jalousie le tenaille. Il n'a pas confiance : sa femme n'est pas issue de son milieu et elle ne s'est pas véritablement intégrée à sa nouvelle famille, aux travaux de la terre qu'elle a toujours dédaignés.

D'ailleurs le ménage ne s'était pas installé dans la ferme familiale. Ils vivaient à la ville et Louis tous les jours partait à vélo pour soigner les bêtes et s'occuper des travaux des champs.

Mais ce roman consacré à un couple durant la Première Guerre Mondiale met en exergue l'antagonisme qui existe entre le monde rural et la Ville. Et l'on s'aperçoit que la guerre engendre des dommages collatéraux à l'encontre d'individus qui sont envoyés sur le front pour des causes belliqueuses auxquelles il ne comprennent ni les tenants ni les aboutissants.

Un roman sobre et qui transpire l'amour de la nature.

 

Réédition Pocket. Parution 15 juin 2006. 188 pages.

Réédition Pocket. Parution 15 juin 2006. 188 pages.

Jean-Claude PONÇON : Le fantassin d'argile. Collection Terra. Le Cherche Midi éditeur. Parution octobre 1994. 188 pages.

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13 août 2017 7 13 /08 /août /2017 15:11

L'argent contre l'amour !

Jules VERNE : Un billet de loterie.

Loin des romans d'aventures exotiques, mystérieuses, scientifiques, voire didactiques ou pédagogiques, Un billet de loterie, tout comme Le Pilote du Danube, Famille-Sans-Nom, ou encore César Cascabel, s'attache à s'intéresser au sort d'une famille sans pour cela que les protagonistes effectuent un long voyage ou alors, s'ils le font, l'auteur ne s'appesantit pas dessus et surtout sur des découvertes extraordinaires.

Un billet de loterie s'apparente plus à un roman d'amour qu'à une exploration aventureuse et périlleuse, même si certains épisodes dont le caractère de dangerosité est évident mais nécessaire pour présenter quelques personnages y sont intégrés.

Dans le comté de Telemark, situé au sud de la Norvège, vit une famille composée de la mère, Dame Hansen, et de ses deux enfants, Hulda et Joël, ainsi que d'un cousin, Ole Kamp, adopté à la mort de ses parents. Elle est veuve et tient une auberge fréquentée surtout l'été par les touristes venus visiter la région.

Si Hulda, qui n'a que dix-huit ans, aide sa mère, Joël sert de guide aux touristes et Ole est marin. Il s'est embarqué sur un chalutier un an auparavant et il donne régulièrement de ses nouvelles depuis Terre-Neuve. Sa dernière lettre remonte à un mois, annonçant son retour entre le 15 et 20 mai, de l'année 1862, et déjà toute la famille s'apprête à fêter les noces. Seulement le temps passe, Ole ne rentre pas. Le navire aurait-il fait naufrage ?

Un individu arrive à l'auberge, et sans se présenter, demande gîte et couvert. Rien ne lui agrée, tout lui déplait, il dénigre, mais pour autant, tel un maquignon, il examine, il observe, il vérifie, il calcule, comme si l'auberge allait tomber dans son escarcelle. Dame Hansen ne voit pas d'un bon œil ce client désagréable, mais lorsqu'enfin il part en inscrivant son nom sur le registre, elle pâlit et devient renfermée, déchirant la note qu'elle avait préparée.

Ole ne donne toujours pas de ses nouvelles et cela devient de plus en plus inquiétant. Pour autant la vie continue, et Joël doit rejoindre un touriste afin de lui faire visiter le pays. Il incite Hulda à l'accompagner afin de lui changer les idées, et il fait bien car lorsqu'ils arrivent au point de rendez-vous, c'est pour découvrir le touriste dans une situation inconfortable, en équilibre instable sur les chutes du Rjukanfos. Ils parviennent à sortir Sylvius Hog du mauvais pas dans lequel il s'était fourvoyé, lui épargnant une dégringolade mortelle.

Sylvius Hog n'est pas un touriste banal. Il est professeur de législation à Christiania et député au Storthing, et est connu, apprécié et honoré dans le pays norvégien qui à l'époque était sous la domination du roi de Suède. Hog possède de nombreuses relations, et est ami avec les armateurs du Viken, le bateau de pêche sur lequel Ole est devenu maître, grâce à ses qualités. Aussi, en remerciement de son sauvetage inespéré, il envoie des courriers un peu partout afin de savoir ce qu'est devenu le navire, et par voie de conséquences les marins-pêcheurs qui étaient à bord. Et c'est ainsi qu'un jour, alors que la date fatidique du retour est largement dépassée qu'il reçoit un pli de la Marine, pli qui contient entre autre un billet de loterie qui avait été enfermé dans une bouteille jetée à la mer. Au dos de ce billet, un mot de Ole expliquant que le navire est en perdition, qu'il sombre dans les eaux glaciales et témoigne de son amour à Hulda.

 

Mais ce billet de loterie attise l'envie et nombreux sont ceux qui sont prêts à l'acheter. Les enchères montent rapidement, car si par hasard, ce billet était gagnant, on peu toujours rêver, il rapporterait à son heureux possesseur la coquette somme de cent mille marks. Cela ne rendra pas Ole à Hulda, mais il lui reste au moins un souvenir de son fiancé. Or Dame Hansen doit une forte somme à Sandgoïst, qui rime avec égoïste, ayant effectué des placements malheureux et son auberge étant hypothéquée.

Série Jules Verne inattendu. 10/18 N°1274. Parution 4ème trimestre 1978.

Série Jules Verne inattendu. 10/18 N°1274. Parution 4ème trimestre 1978.

Loin des longues, et parfois fastidieuses, descriptions dont Jules Verne aimait émailler ses récits d'aventures, Un billet de loterie met en situation une famille banale, si l'on peut s'exprimer ainsi, confrontée à un double problème, la perte d'un être cher et le manque d'argent par impécuniosité ou maladresse dans des placements d'argent.

Face à cette famille, surtout le frère et la sœur, qui essaient de ne pas perdre courage devant l'adversité et les nouvelles guère rassurantes, voire négatives, se dressent deux hommes au comportement totalement contraire. Si le député est proche des petites gens, l'usurier est surtout proche de son portefeuille et le malheur l'indiffère. Car seul l'argent qui devrait rentrer dans son escarcelle l'importe, malgré le tollé général provoqué par sa conduite.

Moraliste et empreint de bons sentiments comme on pouvait en trouver sous la plume d'Hector Malot par exemple, dans Sans famille ou En famille, Un billet de loterie est un roman plaisant, touchant, agréable à lire, frais et n'ayant pas subi les outrages du temps. On se rend compte combien étaient tributaires des moyens de communication les habitants vivant dans des villes ou villages plus ou moins isolés, mais que pour autant ils prenaient leur mal en patience, sans accuser qui que ce soit.

Il est évident que ce roman a été écrit pour l'édification de la jeunesse, mais les adultes ne doivent pas bouder leur plaisir à la lecture de ce roman de Jules Verne, moins connu que Vingt mille lieues sous les mers, Michel Strogoff, Le tour du monde en quatre-vingts jours ou Cinq semaines en ballon, mais plus proche de nous par bien des côtés.

Certains, que je n'ose qualifier de rabat-joie, pourraient penser que ce roman possède une trame simpliste pétrie de bons sentiments, ce que je concède volontiers, mais il faut savoir garder son âme d'enfant, et même si l'épilogue est par trop heureux, il s'agit d'une preuve d'optimisme non négligeable à une époque où tout nous amène à douter et à nous plaindre dès le premier accroc.

 

Jules VERNE : Un billet de loterie. Collection Aube Poche Littérature. Editions de l'Aube. Parution 16 mars 2017. 224 pages. 11,00€.

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