Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 octobre 2017 2 24 /10 /octobre /2017 10:55

Une couverture plus sage que celle de Michel Gourdon lors de la précédente édition dans la collection Spécial Police du Fleuve Noir.

André LAY : Les enlisés.

La première d’un film est toujours un événement et les soirées qui suivent, autour d’un pot alcoolisé, permettent aux participants d’échanger leurs impressions, souvent dithyrambiques, se traduisant par des compliments qui servent et resservent à satiété à chaque sortie. Les petites phrases assassines sont réservées pour le lendemain dans les journaux, écrites par de prétendus spécialistes qui n’ont pas la même optique que les spectateurs.

Le dernier film en date de Pierre Chauset ne déroge pas à l’habitude et Claude Combel, le scénariste-dialoguiste, Maud, sa femme, et les deux principales vedettes, Marina Grey et Alain Priss, sont présentes également. Mais la fin du film étonne quelques personnes, et Maud parait soucieuse. Il est vrai que le scénario avait été écrit en quelques jours, d’après un paquet de lettres traînant dans les tiroirs de Claude Combel, une vieille histoire d’amour d’avant sa liaison avec Maud.

En rentrant chez eux, Maud et Claude, chacun de leur côté, ruminent. Surtout Maud apparemment qui se met à pleurer. D’après Claude, Maud pense qu’il la trompe, mais il n’a aucun reproche à se faire. Une interprétation erronée du scénario dont elle se serait fait des idées malvenues. Mais non, ce n’est pas ça, et Claude devine que ce qu’elle pourrait lui reprocher, pourrait tout aussi bien s’appliquer à elle. La soirée se termine dans les draps qui s’en souviennent encore.

Et Claude commence à se poser des questions. Si c’était Maud qui le cocufiait ? Il est vrai que si elle a débuté dans les milieux du cinéma, comme technicienne, et c’est ainsi qu’ils se sont connus, depuis elle ne travaille plus. Et elle passe ses temps libres à pratiquer du sport et principalement du tennis. Notamment avec Richard, un de ses amis, du temps de l’adolescence, qui a quatre ans plus que Maud. Tandis que lui, Claude, en a dix de plus que ce riche propriétaire de magasins de sports. Bref, ce Richard a tout pour lui, et surtout tout pour plaire à Maud.

Que faire dans ce cas ? Vérifier si les soupçons de Claude se confirment. En effet, au lieu d’embaucher un détective privé, il épie sa femme et se rend compte qu’après la partie de tennis, Maud semble s’adonner à une partie de jambes en l’air dans l’appartement de Richard. Mais au lieu de se débarrasser de ce concurrent en employant la solution radicale, il préfère reconquérir Maud en la couvrant de ses petits soins, en la couvrant d’attentions, comme le font les amoureux transis. Car il est toujours amoureux de Maud.

La solution pour que Maud lui soit reconnaissante, il la doit à Marina Grey lors d’une nouvelle séance de présentation du film. Des aménagements ont été réalisés en effet, coupures de certaines scènes, dialogues plus incisifs, ce qui d’ailleurs n’est pas forcément au goût des acteurs.

Au cours de cette soirée, il s’aperçoit que Marina, la vedette féminine, a maigri et comme il lui en fait la remarque, elle lui avoue innocemment qu’elle est allée voir un toubib qui lui a conseillé quelques médicaments susceptibles de diminuer l’appétit et de fondre les graisses.

C’est ainsi que Claude Combel met en pratique sa petite vengeance en mélangeant dans les boissons et les repas de Maud des produits pharmaceutiques, en cachette évidemment de Maud et de Mathilde, la vieille servante qui est au service de Maud depuis des années. Mais cela ne va pas sans préjudices sur la santé de Maud.

Une inquiétude partagée par le médecin de famille qui aimerait comprendre d’où proviennent cet alanguissement de sa patiente, ses vomissements et son amaigrissement.

 

Sur un thème cher à Jean-Pierre Ferrière, le monde du cinéma, Les enlisés nous propose un drame intime qui se déroule dans un coin de banlieue que connait bien l’auteur, puisqu’il y a habité. La région de La Varenne-Saint-Hilaire, Chennevières-sur-Marne, Saint-Maur-des-Fossés, Champigny-sur-Marne. Localités où il exerçait son métier de boucher sur les marchés de ces différentes communes.

Roman intimiste, renforcé par la narration à la première personne, le Je obligeant à ne percevoir qu’une seule posture, Les enlisés oscille entre suspense et angoisse, avec une grosse dose de psychologie. Les Enlisés est plus un roman d’amour qu’un roman policier, malgré la présence justement des représentants des forces de l’ordre, car évidemment cette relation tourne mal.

C’est tout en finesse qu’André Lay nous narre cette histoire dont le final est logique et en même temps dénote une certaine rouerie de la part de l’auteur.

Première édition Collection Spécial Police N°1041. Editions Fleuve Noir. Parution 2e trimestre 1973

Première édition Collection Spécial Police N°1041. Editions Fleuve Noir. Parution 2e trimestre 1973

Et comme trois avis valent mieux qu’un, je vous propose de lire ceux de Pierre dans Black Novel1 et de Claude sur Action-Suspense.

André LAY : Les enlisés. Editions French Pulp. Parution septembre 2017. 224 pages. 9,50€.

Partager cet article
Repost0

commentaires

P
Bonjour Paul ; je viens d'en terminer la lecture et c'est une histoire passionnante qu se dévore de bout en bout...on en redemande !!!bonne journée , amitiés...
Répondre
O
Bonjour Patrick<br /> Oui, les éditions French Pulp devraient rééditer plus d'André Lay. Un auteur qui comme bien d'autres est passé à la trappe alors qu'il était souvent intéressant à lire<br /> Amitiés
G
Re-bonsoir,<br /> <br /> C'est bien pour l'intérêt que vous portez aux auteurs que vous citez que je lis votre blog. Tant d'autres se contentent de parler des dernières nouveautés en oubliant que la littérature "policière" à une histoire et des classiques.Je m'en veux d'avoir oublier St Moore dans ma liste. Pour Pelman, mon avis est plus réservé mais je n'ai sans doute pas lu ses meilleurs. Laforest, je ne connais qu'en "Espionnage" (inégal) et les "Terry Stewart" de la Série noire.
Répondre
O
Bonjour<br /> Oui, il y aurait tant à dire, et à écrire sur les auteurs du Fleuve Noir et leur production. Et je m'en veux d'avoir omis quelques autres auteurs, dont Pierre Nemours, Richard Caron, Roger Faller, Claude Joste... et comment d'autres dont Mario Ropp. Il est vrai que la production était inégale, mais la pression était sur eux, disons pour certains, comme pour Mario Ropp. Mais Serge Lafôrest, c'était un tout bon, mais à l'époque, c'étaient les Espionnage qui primaient, surtout en terme de vente...<br /> Bonne journée
G
Bonsoir,<br /> <br /> En postant mon message ce matin, je ne pensais pas du tout à Gérard de Villiers mais à Page, Carof, Cousin, Arnaud, Rank, Mazarin entre autres, tous contemporains de Lay au Fleuve Noir et qui me semblent de nettement meilleurs auteurs.
Répondre
O
Bonsoir<br /> En ce qui concerne Alain Page, André Caroff, G. J. Arnaud, Jean Mazarin, oui, d'ailleurs à part Arnaud, j'ai mis en ligne des portraits ou des entretiens avec ces auteurs. Cousin d'accord aussi, mais Claude Rank, non, il m'ennuyait, ou plutôt je m'ennuyais. Mais il y en a bien d'autres, Brice Pelman par exemple, Serge Laforest, Adam Saint-Moore... Liste non exhaustive.
A
Il est vrai que c'est une couverture qui ne passerai plus maintenant.
Répondre
N
Comme souvent à l'époque, la couverture et le titre n'avaient rien à voir avec le contenu...!
O
En comparaison à certains nouveaux auteurs qui se vautrent dans l'érotisme, la violence, et la vulgarité, dignes descendants de Gérard de Villiers, je préfère nettement les romans d'André Lay. Mais chacun ses goûts...
O
L'érotisme qui se dégageait de ces couvertures se trouve maintenant dans les romans écrits par des auteurs féminins et masculins.
G
Elle est pourtant réussie cette couverture !. En ce qui me concerne, elle serait d'ailleurs la seule raison qui m’amènerait à acheter encore (et d'occasion vu les prix pratiqués par French Pulp) un roman d'André Lay auteur que je trouve d'une platitude assommante quant il n'est pas carrément navrant comme dans la série des Vallespi.. Le fleuve Noir ne manque pas d'auteurs autrement recommandables quoique tout aussi oubliés.

Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
  • Contact

Recherche

Sites et bons coins remarquables