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22 octobre 2016 6 22 /10 /octobre /2016 13:10

Bon anniversaire à Thomas Bauduret, alias Samuel Dharma, alias Patrick Eris, né le 22 octobre 1963.

Samuel DHARMA : Nécromancies.

Par la folie d'un souverain, à cause de sa soif de domination et de pouvoir, Khemen, une cité pourtant pacifique, succombe sous les coups des Hommes Jaunes, et ce malgré la vaillance de ses guerriers, hommes et femmes.

Parmi eux Jehna et sa compagne Kehro. Mais Kehro fait partie des nombreuses victimes de la guerre et Jehna accablé par le chagrin, miné, erre à l'aventure.

Comment il parvient à Fadyen, il ne saurait le dire.

Lorsqu'un soudard l'agresse dans une auberge où il espérait le gîte et le couvert, il tente de se dérober mais le combat devient inévitable. Ses réflexes guerriers sont intacts et Jehna sort vainqueur de la rixe.

Fait prisonnier, il sera chargé par le roi Hunn d'éduquer son armée de soudards. Jehna retrouvera confort auprès de la belle Erikap une servante mise à son service mais cela ne l'empêche pas de penser à celle qu'il aime et aimera toujours : Kehro.

S'il est chargé de mission par le roi Hunn c'est bien parce que la cité de Fadyen est menacée. Mais quel est ce danger qui risque d'anéantir une cité quelque peu moribonde?

 

 

Samuel Dharma avec Nécromancies nous propose un roman plus achevé, plus dense et mieux construit que son précédent roman paru dans la même collection et qui avait pour titre Le Traqueur.Les effets sanguinolents sont quelque peu gommés, ce qui n'est pas un mal au contraire.

Il semble avoir trouvé un juste équilibre, ne forçant pas sur les clichés sur les sentiments ou les scènes d'horreur et de violence. Un auteur à suivre donc et si Dharma continue dans cette voie, je pense qu'il a devant lui- un bel avenir d'écrivain populaire; populaire étant à prendre comme un compliment évidemment.

Chroniqué sur Radio Manche. Août 88.

 

Thomas Bauduret s'est révélé en 1987 avec Mickey Meurtre publié dans la collection Espionnage N°1889. Il était alors le plus jeune romancier du Fleuve Noir. Depuis Thomas Bauduret a enchainé les traductions et l'écriture de romans dans différents genres populaires, dont je vous propose de découvrir ci-dessous quelques productions récentes :

 

 

 

 

Samuel DHARMA : Nécromancies. Collection Anticipation N°1637. Editions Fleuve Noir. Parution juillet 1988. 192 pages.

Réédité en format numérique : 4,49€.

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8 octobre 2016 6 08 /10 /octobre /2016 06:30

Les grands espaces,

comme un Far-West stratosphérique*...

Louis THIRION : Dans les espaces déjantés.

Durant de longues années il fut de bon goût pour les chroniqueurs spécialistes ou spécialisés, de critiquer négativement la production populaire du Fleuve Noir.

Trop populaire, justement. Pas assez élitiste. Production trop abondante et présence trop importante dans les points de distributions, trop envahissante même. Et naturellement cette production ne pouvait qu'être décriée, jugée comme mauvaise, écrite par des tâcherons n'ayant aucun talent. La jalousie certainement qui animait ces chroniqueurs qui pour certains ne se firent un nom que par leurs articles virulents, ayant du mal à percer eux-mêmes en littérature. Vaste débat récurrent...

Heureusement, depuis quelques années, le vent a tourné, et les avis, s'ils ne sont pas encore dithyrambiques, ne sont pas toujours négatifs, reconnaissant à certains romanciers (pas tous quand même) un véritable talent et une imagination débordante et sans faille. Il faut avouer que souvent les pensées politiques influaient (influent encore) les critiques selon les opinions des uns et des autres.

Heureusement, écrivais-je, le venta tourné et des maisons d'éditions, des petites structures indépendantes ont osé bravé les sentences, et ont tiré de l'oubli volontaire dans lequel les avait plongé la désaffection du Fleuve noir vis à vis de ses collections phares, virant ses auteurs comme de vulgaires serpillères. Rivière Blanche, la première, bientôt suivie par les éditions Critic, se sont attachées à redonner des couleurs aux anciens pourvoyeurs de textes du Fleuve, publiant inédits et rééditions, découvrant également de nouveaux talents dignes de leurs prédécesseurs.

 

C'est ainsi que Louis Thirion figure au catalogue de Rivière Blanche et depuis peu à celui de Critic, malheureusement quelques années après sa disparition. Une forme de reconnaissance tardive mais bienvenue, car si la valeur n'attend pas le nombre des années (déjà lu quelque part !) le talent lui est éternel.

Dans ce volume trois romans qui ont marqué la production torrentielle du Fleuve Noir, et comme le premier de cette trilogie a été publié en juin 1968, on peut supposer une relation de cause à effet.

Les Stols (Anticipation N°354), Ysée-A (Anticipation N°427) et Sterga la Noire (Anticipation N°456) sont suivis d'une postface signée Roland C. Wagner, un article paru en 1995 dans Le feu aux étoiles aux éditions Destination Crépuscule.

Admirateur fervent de Louis Thirion, Roland C. Wagner (décédé le 5 août 2012) connaissait l'œuvre de celui qu'il considérait comme son maître et il en parlait avec passion.

Après une analyse rapide de la collection Anticipation jusqu'en 1968, année qui vit la parution du premier roman de Louis Thirion, avec la présence de nombreux auteurs français qui ont marqué de leur empreinte cette vénérable institution littéraire et qui ont pour noms Gilles d'Argyre (Gérard Klein), Kurt Steiner (André Ruellan), Pierre Barbet, Stéphan Wul... Roland C. Wagner s'attarde sur le cycle de Jord Maogan, six romans dont seuls trois ici sont réédités.

Les Stols :

Après la deuxième guerre atomique qui opposa les Etats-Unis à la Chine, et comme jamais deux sans trois, une troisième guerre est déclarée entre les Etats-Unis, toujours eux, et l'Union Soviétique. Mais celle-ci se déroule dans l'espace et les Terriens ne sont guère affectés par cet affrontement. Toutefois, le 12 juin 2009, d'étranges événements se déroulent dans le laboratoire de Savhanah Flood, dans l'Arizona.

Le vaisseau intersidéral du commodore Jord Maogan a été capturé et il se retrouve sur Stol IV, la dernière planète habitable de la Galaxie. Les Stols, qui sont en phase de dégénérescence, ont décidé d'envahir la Terre et de se fondre dans les Terriens, qui deviendraient une sorte de coffre-fort susceptibles de garder leurs souvenirs et leur personnalité. Les Stols auraient alors cannibalisé les humains dont ils auraient accaparé l'enveloppe préalablement vidée à l'aide d'une mousse verte de leur composition.

Jorg Maogan échappe à cette vampirisation grâce à une Stol, Sane Mac Kinley. Mais une grande partie de la population terrienne est déjà atteinte par cette intrusion corporelle et mentale.

 

Dans Ysée-A, on retrouve Jord Maogan en l'an 2370. Sa mission, explorer Cirva à des fins d'adapter ce monde et le terraformer. Mais il tombe sous le contrôle psychique d'un Tulg nommé Oen-Vur, dont l'apparence est celle d'un œuf lumineux. Oen-Vur et sa compagne Ysée-A ont dormi quelques milliards d'années sur Gmour, devenue Cirva. Une bagatelle en comparaison du temps écoulé depuis le Big-bang. Ysée-A, elle, s'est fondue dans le corps de Solène, une biologiste Stol. C'est le début d'une histoire incroyable ponctuée de scènes délirantes. D'ailleurs Roland C. Wagner, dans son article, met en parallèle Ysée-A et l'univers littéraire de Van Vogt de par sa dimension et son souffle.

Enfin avec Sterga la Noire, Jord Maogan n'est plus le héros omniprésent, puisqu'il n'apparait qu'au premier et dernier chapitre. Le héros négatif est le puissant consortium Mac Dewitt.

 

L'univers de Louis Thirion, bousculant les codes établis, est à fois empreint d'humour et d'une forme nouvelle d'inspiration : l'écologie et le gaspillage des ressources naturelles. Louis Thirion reste le précurseur de ces thèmes, qui depuis ont connu différentes variations de traitement, mais aborde bien d'autres sujets comme l'exploitation de l'homme par l'homme. Des romans qui étaient novateurs pour l'époque, même si le space-opera n'est pas loin, et qui aujourd'hui prennent toute leur signification, l'exploration, l'exploitation et l'asservissement des planètes en moins, mais cela ne saurait tarder.

Les côtés déjantés, ou décalés, de certaines scènes font penser à des feuilletonistes et écrivains du début du XXe siècle dans leurs romans d'anticipation comme Arnould Galopin, Jean de La Hire ou René-Marcel de Nizerolle alias Marcel Priollet. Mais la rigueur en plus et les approches sous-jacentes signalées plus haut car Louis Thirion était scientifique de formation, notamment dans la recherche biologique moderne.

 

Stratosphérique est un mot devenu à la mode depuis qu'un journaliste sportif l'a employé en natation, qualifiant le temps réalisé de stratosphérique. Encore une imbécilité de plus à mettre à son actif, mais on en entend tellement à la télévision de nos jours !

 

Louis THIRION : Dans les espaces déjantés. Réédition de trois titres parus précédemment au Fleuve Noir. Editions Critic. Parution le 19 novembre 2015. 472 pages. 25,00€.

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1 octobre 2016 6 01 /10 /octobre /2016 06:53

Fallait oser y penser !

J.-M. LOFFICIER et J.-M. ARCHAIMBAULT : Le quatorzième signe du Zodiaque. Inédit. Précédé de Le treizième signe du Zodiaque de Maurice LIMAT.

Maurice Limat, grand auteur prolifique de romans populaires, fut et reste le symbole même du romancier banni des chroniqueurs et critiques inspirés de la littérature dite de deuxième zone et plus. Trop de déchets dans son écriture bâclée, selon certains, trop d’invraisemblances, pour d’autres. Bref pas de quoi fouetter un chat, car le propre même du littérateur est de justement d’innover, d’inventer, au risque de déplaire les exégètes d’une prose lisse et maniérée.

Maurice Limat avançait sans contrôler son inspiration, dérogeant aux principes primaires scientifiques, dans un style parfois ampoulé, truffé de clichés. Du moins c’étaient les grands reproches qui lui étaient adressés, souvent par des critiques, eux-mêmes romanciers incapables de créativité et attachés à des figures de styles qui ont dérouté des lecteurs qui préféraient le grand souffle de l’aventure au soufflet de la rhétorique absconse.

Mais foin de tous ces prolégomènes, et plongeons-nous dans les deux romans qui composent ce volume.

 

Le treizième signe du Zodiaque de Maurice Limat.

Trois drames se sont déroulés en quelques semaines sur la ligne interstellaire Sol-Persée. Trois drames auxquels Robin Muscat doit apporter une solution. Il pleut sur Paris et il s'attelle distraitement à l'étude des dossiers qui lui ont été confiés par son patron, le directeur de l'Interpol-Interplan, la police multiplanétaire dont il est l'un des lieutenants.

Un crime sur la personne d'un natif de Persée, mort d'une façon peu compréhensible, comme foudroyé. Yum Akatinor était un curieux personnage versé dans la cosmomancie, science ancêtre de l'astrologie. Un autre passager du Spica, l'astronef, était devenu fou subitement. Cladek Halstar, d'origine martienne, était jusqu'alors un financier très prisé dans le Martervénux, et était amené à voyager très souvent, brassant des milliards de devises.

Quant à Giovanna Hi-Ling, Terrienne sino-italienne, elle a tout simplement disparu. Peu de choses sont décrites dans le rapport la concernant, sauf qu'elle venait rarement sur la planète-patrie et qu'elle était férue d'occultisme.

Robin Muscat déplore le manque de photo la représentant nue, non pas par lubricité et voyeurisme, mais parce qu'il a remarqué sur le torse des deux autres individus, une sorte de tatouage à la hauteur du cœur. Robin Muscat s'applique à déchiffrer cette marque qui représente une boucle, deux lancées évoquant des accents circonflexes, six petits traits en dessous. Cela lui rappelle vaguement un oiseau. Peut-être un signe du Zodiaque. C'est à ce moment qu'il est dérangé dans ses réflexions.

Un jeune homme désire le voir se présentant comme le fiancé de Giovanna Hi-Ling. Lorsqu'il demande à Spontini, son visiteur, au cours de la conversation de lui montrer son torse, et tandis que celui-ci accepte à contre-cœur, il aperçoit le signe qui devient tout d'un coup flamboyant. Spontini parait enrobé d'une aura de feu. Il est mort mais Muscat prévient le labo afin que son ami le docteur Stewe, et un jeune toubib d'avenir, Dusaule, puissent procéder à la récupération de l'esprit, ou l'âme de Spontini mort cliniquement. Mais un court laps de temps existe entre les deux phases et il faut se dépêcher.

Ils récupèrent ainsi des images captées dans l'esprit de Spontini, dont celles de Giovanna et d'une surface circulaire divisée en cases, comme pour la représentation des signes du Zodiaque, sauf qu'il n'y a pas douze segments mais treize.

Pendant ce temps, sur le Cygne noir sur lequel voyage Bruno Coqdor, le Chevalier joue avec des enfants en compagnie de Râx, le pstôr, un chiroptère ressemblant à un mélange de bouledogue et de chauve-souris. Il retrouve avec plaisir les scientifiques Monique et Jean Farnel, le frère et la sœur, qui voyagent eux aussi à bord du vaisseau spatial.

Coqdor, qui a reçu les images transmises par Robin, les soumet à l'appréciation de Jean Farnel, lequel examine attentivement les documents à l'aide d'un mini-projecteur. La conclusion est qu'un treizième signe du Zodiaque vient d'être découvert mais personne ne sait à quoi il correspond, ni à quelle constellation il faut le rattacher. Et bientôt Coqdor va se trouver aux prises d'ennemis inconnus, ces gens du Zodiaque, ceux qui jouaient selon un procédé un peu démodé, sentant le vieux roman populaire du XXe siècle, d'un signe ésotérique pour signer leurs abominations, d'un signe mystérieux qu'ils tatouaient sur le cœur de leurs victimes, ces gens - vivant on ne savait sur quelle planète, voire dans quelle dimension - semblaient en permanence épier les faits et gestes de Coqdor

Et ces êtres, Coqdor va rapidement s'en rendre compte, sont doués de métamorphisme, ce qui va entraîner des combats homériques et il ne sera pas au bout de ses surprises. Le lecteur non plus.

 

Maurice Limat, en bon auteur de science-fiction, imagine des méthodes nouvelles, des appareils révolutionnaires, dont il était à l'époque où il rédigeait ce roman - 1969 - impossible de penser qu'un jour proche ils existeraient. En effet, Coqdor et Muscat peuvent converser et communiquer à l'aide d'un objet appelé sidéroradiotélé avec écran miniature, de n'importe quel endroit où ils se trouvent. Ainsi, alors que Coqdor et ses amis se trouvent sur la planète Accora, premier relais du Capricorne, il peut non seulement s'entretenir et mais voir Robin Muscat qui se trouve dans une espèce de caverne dans le Hoggar, site montagneux au sud de l'Algérie.

Première édition Collection Anticipation N°379. Editions Fleuve Noir. Parution 1969.

Première édition Collection Anticipation N°379. Editions Fleuve Noir. Parution 1969.

Réédition collection Super Luxe N°147. Editions Fleuve Noir. Parution janvier 1984.

Réédition collection Super Luxe N°147. Editions Fleuve Noir. Parution janvier 1984.

Le quatorzième signe du Zodiaque, de Jean-Marc Lofficier et Jean-Michel Archaimbault.

Construit comme une suite logique du Treizième signe du Zodiaque, par Jean Michel Archaimbault d'après un scénario très précis de Jean-Marc Lofficier, ce roman permet de retrouver la plupart des protagonistes du précédent, mais également de se remémorer ou de plonger dans l'univers littéraire de Maurice Limat.

Car Maurice Limat laissait une porte entrebâillée à la fin du Treizième signe du Zodiaque, porte que nos deux compères se sont empressés de franchir afin d'apporter des éléments supplémentaires et complémentaires au précédent roman.

Cladek Halstar, l'une des victimes de la mystérieuse secte du Zodiaque, délire dans sa chambre au nouvel hôpital psychiatrique Sainte-Anne à Paris-sur-Terre. Les médecins peuvent s'en rendre compte en l'entendant déclamer une sorte de poème dédié à l'oiseau-foudre. La nuit même, une silhouette entièrement habillée de noir pénètre dans la pièce, sort Cladek Halstar de sa démence et ils s'enfuient tous deux par les toits.

Devenu commissaire, Robin Muscat se voit attribuer un jeune inspecteur débutant, Marc Vérano, lointain descendant du célèbre détective des fantômes Teddy Vérano. Pour l'heure, c'est une organisation criminelle qui occupent leurs pensées, le Cercle Noir. Et Vérano a réussi a localiser l'une des cellules, à Melun-3.

L'offensive est menée contre des individus en combinaison couleur nuit par les hommes de l'Interplan. Quelques policiers restent sur le bitume et la plupart des membres du Cercle Noir sont annihilés. Toutefois la surprise provient de la découverte sur le corps de l'un d'eux d'un tatouage semblable à celui découvert dans le précédent épisode.

Robin Muscat en informe immédiatement son ami Bruno Coqdor, le Chevalier de la Terre, mais leurs analyses de la situation divergent. S'agirait-il d'une recrudescence des méfaits du maître du Zodiaque, malgré sa parole donnée, ou alors se pourrait-il qu'une autre secte issue de la première soit née de ses cendres et qu'une nouvelle guerre soit déclenchée ? Les deux amis se quittent légèrement fâchés, chacun s'accrochant à sa position et ils vont devoir enquêter, d'abord séparément, confortés dans leurs sentiments par des événements divers.

Le premier acte se produit lorsque la sonnette d'entrée de l'appartement de Coqdor retentit. Lorsqu'il ouvre la porte, c'est pour recueillir dans ses bras la belle et ténébreuse Giovanna Hi-Ling, la sino-italienne autre personnage présent dans l'épisode du Treizième signe du Zodiaque.

A nouveau les deux amis vont affronter de terribles dangers et s'apercevoir qu'il vaut mieux s'unir que se faire la tête à cause d'une appréhension différente de la résurgence du Zodiaque.

 

Dans un style un peu plus verbeux et un peu moins nerveux que celui de Maurice Limat, cet épisode offre l'avantage de prolonger le plaisir de lecture et de plus évoquer certains épisodes des aventures de Robin Muscat et surtout Bruno Coqdor.

Ainsi le lecteur est invité à visiter une partie de l'appartement du Chevalier de la Terre, dans les pièces où sont entreposés tous les trophées, objets, babioles et souvenirs récoltés au cours de ses missions. Et les références sont nombreuses, ce qui prouve que les auteurs connaissent l'œuvre de Maurice Limat dans la collection Anticipation et ont pris des notes lors de leurs lectures.

 

Chroniques de lectures Maurice Limat :

Chronique d'un essai de Jean-Michel Archaimbault :

Chronique d'un roman de Jean-Marc Lofficier :

J.-M. LOFFICIER et J.-M. ARCHAIMBAULT : Le quatorzième signe du Zodiaque. Inédit. Précédé de Le treizième signe du Zodiaque de Maurice LIMAT. Postface et étude de Jean-Michel Archaimbault. Collection Blanche N°2028. Editions Rivière Blanche. Parution décembre 2006. 364 pages. 20,00€.

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30 septembre 2016 5 30 /09 /septembre /2016 11:05

Le bon temps du Fleuve Noir Populaire ! Mais ça, c'était avant...

Daniel RICHE présente : Futurs Antérieurs, 15 récits de littérature steampunk.

Au sommaire de cet ouvrage, une préface signée Daniel Riche, quinze textes soigneusement sélectionnés par le même Daniel Riche (lequel dirigea notamment les collections Gore et Aventures sans Frontière, fut le rédac’ chef de Fiction, d’Orbites et signa des scénarii de cinéma et de télévision), un dictionnaire des auteurs, des illustrations de Fred Blanchard et Fabrice Le Minier.

Parmi les signataires, Daniel Walther, Roland C. Wagner, Michel Pagel, Laurent Genefort, René Réouven, Jean-Marc Ligny, Jean-Claude Dunyach, Christian Vilà, Francis Valéry et de petits nouveaux prometteurs (pour l'époque) tels que Sylvie Denis, Thomas Day, David Calvo, David Prasson, Yves Letort et enfin quelqu’un qui se fait trop rare Michel Demuth. Mais penchons nous un peu plus sur ce beau bébé.

D’abord, que veut dire Steampunk ?

C’est pour l’auteur un exercice dans lequel il doit imaginer jusqu’à quel point le passé aurait pu être différent si le futur était arrivé plus tôt. Il ne s’agit donc pas d’uchronie, qui réécrit le passé dans un monde différent, mais d’allier le futur au passé avec les armes littéraires et scientifiques dont nous disposons à l’heure actuelle.

Tous les auteurs rassemblés dans ce recueil n’ont pas toujours réussi à interpréter cette définition, mais ne boudons pas notre plaisir.

Avec Celui qui bave et qui glougloute, Roland C. Wagner nous entraîne dans un western parodique et farfelu dans lequel évoluent Kit Carson, les Frères Dalton, et quelques autres personnages bien connus, confrontés au mythe de Chtulhu de Lovecraft. Un pur joyau tout comme Âme qui vive de René Réouven qui redonne vie une fois de plus à quelques romanciers du XIXème siècle avec l’érudition et le talent que nous lui connaissons.

Muchamor de Christian Vilà nous emmène dans la Russie alors que le régime tsariste est sur son déclin et que Raspoutine mène la danse. Michel Pagel renoue dans L’étranger, avec une forme littéraire peu souvent usitée, la narration épistolaire dont le contexte spirite permet à l’auteur de confronter dreyfusards et anti dreyfusards.

Le véritable voyage de Barbicane de Laurent Genefort s’inscrit dans les voyages extraordinaires de Jules Verne, le fabuleux De la Terre à la Lune, et Les premiers hommes dans la Lune de Wells. Jean-Claude Dunyach propose une aventure inédite du professeur Challenger, héros créé par Conan Doyle et le fait évoluer à Toulouse alors que Clément Ader s’obstine à démontrer que le plus lourd que l’air peut voler.

Les textes de Sylvie Denis, David Calvo, Thomas Day ou encore David Prasson sont un ton en dessous mais laissons leur le temps de s’affirmer, quand à celui de Daniel Walther, qui reprend le mythe de Mayerling, il m’a quelque peu déçu. Peut-être parce que j’attendais plus d’un auteur confirmé.

Yves Letort nous invite à découvrir Théophile Grandin, un texte servi par les illustrations de Francis Le Minier.

Quant à la préface de Daniel Riche, elle est justement très riche, érudite, et évite l’écueil du pontifiant. En vérité je vous le dis, ce recueil est une véritable bible que doivent se procurer tous les amateurs d’aventures et de lecture populaire.

 

Daniel RICHE présente : Futurs Antérieurs, 15 récits de littérature steampunk. Collection Grands Formats. Editions Fleuve Noir. Parution 21 avril 1999. 624 pages.

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18 septembre 2016 7 18 /09 /septembre /2016 10:33

Comme un ouragan...

François RAHIER : L'ouragan des Enfants-Dieux.

Dans le froid, la neige, deux hommes surveillent deux enfants et un chien qui s'ébrouent, s'ébattent en riant.

Ce sont des chasseurs d'une espèce nouvelle. Des chasseurs d'enfants.

Il les traquent et les conduisent à une destination inconnue. Des rumeurs circulent. Il paraitrait que les gosses serviraient à alimenter en chair fraîche des laboratoires. Des rumeurs.

Depuis l'explosion, conséquence funeste d'adultes jouant à la guerre, tout est désorganisé, retour à un monde aride et inhumain. Les pillards quadrillent les vallées, les montagnes.

Entre Hilberto, le chef du convoi, et Jori, le gamin arraché à se tranquillité, la méfiance règne. La méfiance et la haine. Hilberto et ses six compagnons qui se disputent un pouvoir illusoire encadrent une quarantaine d'enfants perdus dans la tourmente d'éléments déchaînés.

C'est l'hiver, saison de la froidure et aube de la création.

Jori veille sur Mogol, le petit débile, et sur Husband le chien. Chez les enfants comme chez les adultes, des clans se forment. Des complots se fomentent, des idées de révolte gagnent les esprits. La caravane avance péniblement, bravant tous les dangers.

La nature et l'homme conjuguent leurs efforts, accumulant les embûches sur leur route. Au bout du voyage, le printemps ou l'enfer.

 

L'ouragan des Enfants-Dieux est construit comme si deux histoires prenaient le relais, s'imbriquant peu à peu l'une dans l'autre.

La première partie, à la narration plus fluide, relate l'intégration de Jori et de ses deux compagnons dans le convoi et le long cheminement dans la nature hostile et déchaînée.

La seconde partie, plus hermétique, se veut un peu la parabole sur les progrès de la science et leurs applications à des fins malveillantes.

Mais c'est surtout l'antagonisme dans les relations entre enfants et adultes qui prévaut, et l'incompréhension entre deux mondes, deux époques de la vie, le tout régit par la méfiance et les mensonges.

 

François RAHIER : L'ouragan des Enfants-Dieux. Collection Anticipation N°1853. Editions Fleuve Noir. Couverture de Florence Magnin. Parution décembre 1991. 192 pages.

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16 septembre 2016 5 16 /09 /septembre /2016 16:28

L'inusable Perry Rhodan...

Jean-Michel ARCHAIMBAULT : Perry Rhodan, lecture des textes.

Jean Michel Archaimbault, grand spécialiste de Perry Rhodan devant l’Eternel et les autres, a consacré un ouvrage de référence à cette saga unique dans les annales spatiales, si l’on excepte celle de Georges-Jean Arnaud avec la mémorable Compagnie des Glaces.

La saga Perry Rhodan a débuté le 8 septembre 1961 en Allemagne et dès le départ le succès a été foudroyant. Alors que les auteurs n’escomptaient écrire qu’une cinquantaine d’épisodes, il leur fallut remettre chaque semaine la plume dans l’encrier. Heureux Clark Darlton et K.H. Scheer qui avaient véritablement trouvé le filon d’une série populaire dépassant en audience le fameux Jerry Cotton. Et de s'adjoindre des collaborateurs qui écrivirent les épisodes suivants, tout en gardant l'esprit et la lettre à l'aide d'une bible.

Un fabuleux travail de Jean-Michel Archaimbault, et la réhabilitation d’une série trop souvent décriée par les critiques. Faut avouer que cette saga d’origine allemande, donc ne possédant pas la même aura que la production américaine en général, est connue et méconnue à la fois en France. Cent trente et quelques volumes, soit un peu plus de deux cents épisodes traduits seulement en France depuis 1966 jusqu'en 1999, alors qu’en Allemagne on arrive allègrement à plus de deux mille titres, voilà de quoi faire rêver.

Jean Michel Archaimbault fournit la chronologie, critique et commente, décortique la série cycle par cycle, présente les différents auteurs, et propose mille petits détails capables de réjouir tout un chacun, les fans comme les autres.

Le propos de Jean Michel Archaimbault est de démontrer l’intérêt de ces aventures, d’expliquer leur succès, aussi bien en Germanie que durant un certain temps aux Etats-Unis. Mais il va plus loin car rien qu’à la lecture de son ouvrage on a envie de lire, de s’imprégner de cette saga pas comme les autres. Bravo.

Quant à la collection Référence qui abrite cet ouvrage, elle s’affirme au fil des ouvrages proposés comme une collection indispensable aux amateurs de littérature populaire, quel que soit leur genre de prédilection.

Depuis quelques années, les éditions Pocket ont repris le flambeau des éditions Fleuve Noir qui avaient d'abord publié les premiers romans dans la collection Anticipation, à raison de deux titres par volume, puis avaient créé une collection particulière à ce navigateur de l'espace.

 

Jean-Michel ARCHAIMBAULT : Perry Rhodan, lecture des textes.

Jean-Michel ARCHAIMBAULT : Perry Rhodan, lecture des textes. Collection Références N°10. Editions Encrage. Parution février 1999. 184 pages. 10,20€.

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12 août 2016 5 12 /08 /août /2016 08:33

A défaut d'une épaule féminine compatissante...

Alain PARIS : Sur l'épaule du Grand Dragon.

Après Svastika et Le Seigneur des Runes, voici la suite des aventures d'Arno von Hagen.

Résumé des épisodes précédents :

Parce qu'il a refusé ses faveurs à Asbod, la maîtresse de son père, Arno von Hagen, de jeune seigneur riche et puissant va devenir esclave et toute sa famille est décimée, périssant sous la hache du bourreau à la suite d'un horrible complot.

C'est l'an 800 du Reich et l'Allemagne étend sa puissance, sa domination sur pratiquement toute l'Europe. Mais une Europe qui est redevenue médiévale, superstitieuse, livrée aux mains de sectes secrètes et jalouses les unes des autres.

Parmi ces sectes avides de pouvoir, la Sainte-Vehme, qui ressemble à s'y méprendre à l'Inquisition espagnole.

Existe également le Vril, société composée de savants et d'astrologues, et la Fraternité Runique, confrérie guerrière.

Arno von Hagen est engagé par la Fraternité Runique et grâce à sa valeur guerrière, sa bravoure, son courge, son esprit d'initiative, il monte aussi bien dans l'estime de ses nouveaux maîtres que dans l'échelle sociale.

Mais le désir de venger sa famille le taraude.

Le Vril et les Runes mettent leurs forces en commun pour lutter contre la Sainte-Vehme.

Envoyé en mission, Arno fera la rencontre en cours de route d'une jeune femme, Adallinde, qui appartient au groupe Stern. Est-elle amie ou ennemie ? Quel est ce mystérieux groupe Stern ?

 

Ce roman plein de fureur, de combats, d'actions, d'épisodes mouvementés fait penser aux bons vieux romans de cape et d'épées, avec justement ses combats, ses traquenards, ses sociétés secrètes, ses héroïnes mystérieuses.

Un roman fort, bien enlevé, rapide, et qui ne laisse qu'un regret : attendre quelques semaines ou mois pour connaître la suite des aventures du jeune Arno et de ses compagnons. Un roman, ou plutôt une série au souffle épique, digne des grands feuilletonistes des siècles derniers.

 

Première édition collection Anticipation N°1640. Editions Fleuve Noir. Parution septembre 1988. 192 pages.

Première édition collection Anticipation N°1640. Editions Fleuve Noir. Parution septembre 1988. 192 pages.

Alain PARIS : Sur l'épaule du Grand Dragon. Le Monde de la Terre Creuse 3. Collection Imaginarium. Editions Livre-Book. Version numérique. Parution 6 août 2016. 2,99€.

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9 août 2016 2 09 /08 /août /2016 13:58

Et l'amas est mon tout... comme dirait Serge.

P.-J. HERAULT : La fédération de l’amas.

Au bout de onze ans de guerre, Procyon et Altaïr ont signé un traité de paix. Les soldats n’ont plus la cote.

Ils sont poursuivis, asservis, tabassés dans la plupart des cas.

Ael Madec, ex capitaine des Brigades d’Assaut d’Altaïr et son compagnon et ami le Sarmaj Michelli en font la douloureuse expérience dans une cafet’ d’une obscure petite planète peuplée de pionniers. Les consommateurs s’en prennent à une jeune militaire de Procyon, Katel qui comme eux porte les costumes défraîchis de l’armée. Malgré la virulence de leurs agresseurs, ils parviennent à prendre la fuite à bord de leur barge, un surplus qu’ils ont acquis grâce à leur pécule, semant leurs poursuivants dans un amas de météorites. Ils atterrissent sur une planète inconnue, composée principalement de sable et de mers.

Lors de leur exploration, Ael trouve des sortes de roses des sables, rouges et vertes, translucides, puis d’autres, plus rares de couleur blanche. Bientôt les trois compagnons s’aperçoivent que ces pierres en forme d’étoile leur confèrent d’étranges pouvoirs.

D’abord c’est la télépathie qui se manifeste, puis la télékinésie, enfin le téléportage. Mais ce n’est pas tout. Ils se mettent en relation avec les auras, les âmes des morts. Ils quittent la planète et se posent sur une autre qui elle est plus habitable et qu’ils nomment Amas II.

Ael pense pouvoir trouver un débouché financier en se servant de leurs trouvailles et les trois compagnons repartent vers des satellites d’Altaïr. Là ils se rendent compte que la traque des anciens soldats est de plus en plus virulente.

Ael décide alors de déclarer sa découverte auprès de l’Organisation des Fédérations Galactiques et d’en demander la protection. Ainsi ils possèderont un statut particulier qui devrait les mettre à l’abri de toutes représailles et de réunir leurs anciens compagnons d’arme, de Procyon ou d’Altaïr afin de constituer une communauté paisible sur Amas II.

 

La Fédération de l’Amas est le genre de livre, qui malgré ses 400 pages, se dévore d’une traite et l’on aimerait qu’il ne se termine jamais.

Beaucoup d’action, de suspense, mais aussi d’humanisme. Ael est parfois, à son grand regret, contraint de déroger à ses engagements moraux. Lui qui se veut pacifiste est obligé d’utiliser la manière forte. Comme quoi tout ne se règle pas toujours par des grandes paroles et des envies.

Il faut se montrer convaincant et belliqueux, malgré soi, d’une façon expéditive quitte à gérer seul ses états d’âme. Et lorsque l’un des protagonistes déclare que l’Etat, afin de se concilier les bonnes grâces de son électorat, de mettre à l’index les combattants qui furent un temps les héros, malgré eux, les sauveurs recrutés, on ne peut s’empêcher de penser à ce que sont devenus les ressortissants Africains et les Harkis lorsque la paix a été signée entre les nations belligérantes.

Mais ceci n’est qu’un aspect du roman qui comporte un message d’espoir.

P.-J. HERAULT : La fédération de l’amas. Collection Blanche. Rivière Blanche N°2005. 392 pages. 20,00€.

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1 août 2016 1 01 /08 /août /2016 08:45

Mais l'aurore d'un nouvel ami ?

François RAHIER : Le crépuscule du compagnon.

Au fin fond de la Galaxie, existe un monde étrange nommé Elettreterre.

Une cité quelque peu médiévale dont le rythme est régi par un soleil au nom d'Aloysius et son satellite Compagnon.

Pendant une certaine durée dans l'année s'installe le crépuscule, sorte d'éclipse qui dure des semaines et pendant lesquelles la liesse populaire s'exprime de façon anarchique.

Un peu comme dans les kermesses de la bière ou le Carnaval de Venise. Tout est permis, même les complots qui agitent la classe dirigeante.

Un jour s'échoue sur la plage d'Elettreterre un étrange naufragé. Il ressemble étonnamment à l'un des meneurs d'une insurrection déroulée quelques vingt-cinq ans auparavant et nommé Sandro Wasani. Il s'appelle Roj Sanders.

Fait prisonnier l'homme est emmené dans les fermes marines d'Anta'ar dirigées par un despote : Damasio.

Il participe à une rébellion et est sauvé par de curieux personnages. Complots, magouilles, dissidences, trahisons se succèdent et personne ne fait plus confiance à quiconque.

Certains redoutent la prise de pouvoir par des morts animés d'une seconde vie. Des morts venus d'ailleurs.

 

Le crépuscule du compagnon est un roman un peu touffu, confus, aux personnages complexes, ambigus, et dont la trame est elle-même complexe et ambigüe. Comme si l'auteur avait été brimé et bridé par la pagination imposée et donc qu'il n'ait pu développer entièrement son propos. Pourtant son style est travaillé et agréable, laissant augurer un avenir prometteur.

François Rahier faisait partie de la nouvelle génération d'auteurs qui firent leur entrée à cette époque dans la collection Anticipation, apportant un souffle de jeunesse et de renouvellement parallèlement aux romanciers déjà bien installés. Cette nouvelle génération avait pour noms : Max Anthony, Laurent Généfort, Bertrand Passegué, Samuel Dharma, Michel Pagel, Roland C. Wagner. Certains ont su tirer leur épingle du jeu, trouvant de nouveaux éditeurs, lorsque le Fleuve Noir abandonna lâchement cette collection mythique, remplacée par une nouvelle collection qui n'obtint pas l'adhésion des lecteurs.

 

François Rahier a également écrit :

L'ouragan des enfants-dieux. Collection Anticipation N°1853. Edtions Fleuve Noir.

Le canevas des dieux. Collection Blanche N°2036. Edition Rivière Blanche.

François RAHIER : Le crépuscule du compagnon. Illustration de couverture Florence Magnin. Collection Anticipation n°1660. Editions Fleuve Noir. Parution décembre 1998. 192 pages.

Disponible en version numérique. 4,49€.

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18 juillet 2016 1 18 /07 /juillet /2016 13:53

Un recueil en forme de testament...

Boris DARNAUDET : Chroniques cruelles d'hier et de demain.

Il est difficile pour un chroniqueur de présenter un recueil de textes écrits par un romancier et nouvelliste en devenir parti voir si ce qu'il avait imaginé correspondait à la réalité.

Le 30 août 2015, Boris a décidé de rejoindre le paradis des romanciers. C'est son choix que l'on doit respecter. Pourquoi, comment, faut-il vraiment épiloguer sur ce départ ? Il reste ses écrits, et le mieux pour lui rendre hommage, est de les lire.

Personnellement, je ne connaissais pas Boris. J'ai fait sa connaissance en 1997 avec le roman Daguerra cosigné François et Boris Darnaudet. Après quelques autres collaborations plus appuyées, Boris a décidé de voler de ses propres ailes et son premier texte en solo lu est Le projet Obis réédité dans ce recueil. Puis ce fut La colère des Dieux Aztèques chez Amazon. Plus quelques nouvelles dispersées ici ou là dans des revues mais le plus souvent en collaboration avec François son père, figure tutélaire. Sans oublier la saga de Xavi, De Barcelona à Montsegur (volume 2) et Détruire Roma (volume 3 à paraître), une œuvre collective à laquelle ont participé François Darnaudet, Gildas Giraudeau et Philippe Ward et éditée chez Rivière Blanche.

Ce recueil comprend donc trois romans, Chroniques de Don Emilio, Projet Obis et Le cycle du Cube, une novella Nindô qui devait faire l'objet d'un roman mais reste inachevé et sept nouvelles. Trois d'elles relève du domaine de la SF, les quatre autres du domaine fantastique.

Il est à noter que souvent pour ses romans, Boris les construisait à partir de nouvelles qu'il cannibalisait, le tout formant un texte pourtant très compact.

Par exemple la nouvelle Celui qui sème parue précédemment en solo dans le volume Projet Obis a été intégrée dans Chroniques de Don Emilio. Pour mémoire : Celui qui sème nous invite à effectuer un petit voyage en arrière de quelques siècles au moment où les Espagnols tuaient sans état d’âme et avec la bénédiction de la religion les autochtones des nouveaux territoires découverts par les explorateurs intrépides. Mais imposer sa religion par la force, assassiner, exterminer sans vergogne la population locale est sans compter sur les dieux des contrées ainsi conquises. La nouvelle L'argent du voleur, parue dans Lanfeust Mag N° 152 en 2012, constitue le premier chapitre des Chroniques de Don Emilio. Ces chroniques ont été inspirées par la lecture de La conquête du Mexique par Bernal Diaz Del Castillo, et l'univers de cette invasion espagnole au pays des Aztèques lui avait également fourni la trame La colère des dieux aztèques.

Parmi les nouvelles de SF : Le sas qui est une allégorie concernant la surpopulation. Heng est un employé un peu particulier. Il est chargé de procéder à l’élimination par injection des personnes qui désirent se faire euthanasier. La population a été classifiée et ce matin-là se présente un vieil homme, un quinquagénaire, un SDF classé Epsilon. Justement ce sont ceux-là qui doivent mourir en priorité. Mais les candidats à la mort sont nombreux et volontaires. On retrouve peut-être l’influence de Aldous Huxley et de Le meilleur des mondes avec cette classification alphabétique grecque des individus.

Mille Milliards de New-Yorks est à la nouvelle fantaisiste ce que la chanson à texte est à la chanson de variété. Un peu comme La mémoire et la mer de Léo Ferré par rapport à La danse des canards. C'est beau, de la prose poétique qui se veut joyeuse mais m'a semblé légèrement opaque.

 

Le dernier métier est tout aussi dérangeant que Le Sas, et pourtant bien réel car déjà les prémices se font sentir insidieusement. L'univers des jeux vidéos ou plutôt des joueurs qui consacrent leur vie à cette passion qui devient une drogue. X@ndor777 pratique les jeux vidéos, surfe sur la Gameframe comme 99,99% des citoyens. Et il est tout étonné d'apprendre que d'autres individus se réunissent afin de discuter sans être assujettis à cette nouvelle drogue mentale. Il est ami avec Morpheus, un écrivain-scénariste, la dernière profession existante. Tout le reste est effectué par des machines qui fonctionnent de manière autonome. Et l'amour dans tout cela ?

Parmi les nouvelles dites fantastiques, j'ai particulièrement apprécié La nuit du bayou, qui nous plonge quelque peu dans l'atmosphère d'un vieux feuilleton télévisé, et se range dans ce genre quelque peu délaissé, le western fantastique. Tim l'Irlandais et ses amis, le vieux chamane Chactun et le moine guerrier Li, se présentent chez Richmond, le maire de La Nouvelle-Orléans, dont la fille a disparu. Ils se font fort de la retrouver mais d'autres prétendants détectives sont déjà sur place. Notamment Jim South et son acolyte Artemus Goudron. Mais à cette disparition se greffe une autre histoire, celle de documents dont la valeur est jugée inestimable.

Le cinglé est l'un des premiers textes de Boris et tient en trois pages denses. Fred est paranoïaque et schizophrène, qui pense qu'on lui en veut. Il se méfie de tout et de tous, masquant par un bout de scotch la caméra de son ordinateur et suivant des cours de krav maga. Mais qu'en est-il vraiment et sa défiance est-elle justifiée ?

Dans Réflexions sur la vie et la mort, un extrait du journal de Boris est extrêmement significatif des doutes de l'auteur. Et cette phrase ne peut laisser indifférent :

Si notre vie n'est pas due au hasard, la mort permet de connaître la vérité ou tout au moins est le pas suivant vers la découverte de notre vraie nature.

L'on appelle cela de la folie, mais moi, j'appelle cela de la curiosité.

 

Salut Boris ! Je ne te connaissais pas mais j'ai passé d'agréables heures en ta compagnie !

TABLE DES MATIERES:

Préface de Philippe Ward.

 

Chroniques de don Emilio.

 

Nouvelles de sf

-- Le sas

-- Mille milliards de New-Yorks

-- Le dernier métier

 

Projet obis.

 

Le cycle du cube :

-- Gro-mak-gra-che

-- Le dieu venu d'un autre monde

-- Jérusalem

-- La traque sans fin.

 

Nouvelles fantastiques

-- La nuit du bayou

-- Le cinglé

-- Le père Léon

-- Fin de vie

 

Nindô


Réflexions sur la vie et la mort. Extrait de Journal
Biobibliographie
Bibliographie
Postface de Sergueï Dounovetz.

 

Boris DARNAUDET : Chroniques cruelles d'hier et de demain. Hors collection. Editions Rivière Blanche. Parution 1er juin 2016. 312 pages. 18,00€.

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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