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22 septembre 2014 1 22 /09 /septembre /2014 16:40

Bon anniversaire à P.-J. Hérault Né le 22 septembre 1934 à Paris dans le quatorzième arrondissement.

P. - J. HERAULT : Un portrait.

Michel Rigaud qui n’avait pas encore adopté le pseudonyme de P.J. Hérault, écume successivement les lycées Fontane à Niort, des Feuillantines, Montaigne et Michelet à Paris et Vanves, se retrouve élève de la Faculté de Droit puis de l’Ecole Supérieure de Journalisme de Paris et enfin l’Ecole des Hautes Etudes Sociales et Internationales. Il devient Officier de Renseignements en Zone opérationnelle durant la guerre d’Algérie et en ramène une technique du Renseignement qu’il exploitera plus tard avec des romans d’espionnage.

De retour à la vie civile, il réalise un vieux rêve : voler. Il devient pilote de planeur puis d’avion et en même temps il entre comme reporter à Paris-Presse et collabore à Candide. Ensuite il travaillera à l’Aurore, Paris-Jour et sera chroniqueur à RTL. Enfin à TéléStar en tant que rewriter puis chef des informations. En 1972 il participe à la création d’un mensuel aéronautique, Aviation 2000. Regrettant de ne pouvoir exploiter la mine d’informations que représentent les reportages, il trouve bientôt la solution en écrivant des romans d’espionnage. Lecteur du Fleuve Noir depuis un certain après-midi de septembre 1953, à Madrid, il se met au travail et porte son premier manuscrit au Fleuve Noir. Ce sera Réseaux sommeil en 1971 suivi par deux autres romans, Stratégie Détonateur et Le barrage maudit.

Mais il découvre la science-fiction et s’y plonge avec délectation et écrit pour la collection Anticipation vingt quatre titres, de 1975 à 1996. Il en garde une petite anecdote : « L’une des dernières, et très jeune directrice littéraire, m’a dit que j’étais un dinosaure du Fleuve. Je ne suis toujours pas convaincu que c’était gentil ».

A ma question, Comment vous est venu le besoin, l’envie, le plaisir d’écrire et pourquoi de la littérature populaire, il m’a répondu : « Au début pour l’argent. J’étais journaliste. Je ne savais qu’écrire ou faire la guerre. Ensuite parce que je ne trouvais pas les histoires qui me plaisaient. Alors je me les suis racontées. La S.F. parce que c’est un genre où l’on peut tout écrire, dans n’importe quel domaine. La littérature populaire parce que c’est la seule qui soit un reflet de son époque ». Peut-être est-ce pour cela qu’il apprécie surtout les ouvrages sur l’aviation, l’une de ses passions, et ses auteurs préférés sont Pierre Clostermann et Nicolas Montserrat. Il ne lit guère la littérature générale, sauf exception, parce qu’elle l’ennuie. « Ça ne bouge pas assez, beaucoup d’auteurs se regardent le nombril ». Il a pratiqué, régulièrement, des sports aussi différents que la voile, la plongée en scaphandre autonome, le ski, l’escrime et l’aviation sous toutes ses formes, à l’exclusion du parachutisme et du vol libre qui le terrorisent. Enfin il passe ses vacances d’été dans les îles grecques du Dodécanèse.

Il s’explique sur son « métier » d’auteur mais aussi pourquoi il écrit des romans de science-fiction ainsi : « Nous avons besoin de critiques. D’encouragements, à un moindre degré. Alors nous avons tous nos trucs. Le mien est terriblement égocentrique. Si des personnages sont vivants dans mon crâne, si je vois une scène, si je me sens bien, si j’ai envie d’être dans un engin spatial, au milieu des commandes des voyants de contrôle, alors je pense que cela plaira à d’autres. Mais si une histoire m’ennuie, alors je recommence, ou je laisse tomber. Je ne suis pas capable d’écrire pour aligner des lignes. Il faut que j’y prenne plaisir, que je m’y amuse, que je rêve. C’est pourquoi j’ai laissé tomber l’espionnage, il y a bien longtemps. Je travaillais, à l’époque, pour Paris-Presse et mes confrères du service de politique étrangère me racontaient des anecdotes qui n’avaient pas leur place dans le journal. J’en tirai un roman. Mais j’ai été vite lassé. Je connaissais les techniques de renseignement pour les avoir apprises dans l’armée. Mais tous ces romans se ressemblaient à mon avis. Je me sentais prisonnier. L’Anticipation, au contraire, représentait la liberté totale pour un auteur. Et le Space-opéra était le genre où je me sentais le plus à l’aise. Peut-être parce que j’ai piloté pendant vingt-neuf ans et que j’aime voler, en planeur ou en avion. Un poste de pilotage m’est familier. Ceci explique cela ».

P. - J. HERAULT : Un portrait.P. - J. HERAULT : Un portrait.P. - J. HERAULT : Un portrait.

Dans ces romans il existe une forme d’antimilitarisme, mais il modère toutefois cette prise de position dans ses propos : « Une armée n’est que le reflet, parfait, de la nation qui la génère. Rien de plus. Elle peut avoir une grande conscience ou être un ramassis de brutes infâmes, à l’image du pays. Donc l’antimilitarisme systématique me parait primaire. Il faut savoir de quoi l’on parle, ne pas avoir passé ses vingt ans dans un fauteuil… Ni être une féministe qui discourt de ce qu’elle ignore. C’est l’esprit militariste, le goût du combat pour le combat et la férocité, la perte de son âme, que je ne supporte pas. De même que la violence, que je déteste. Mais il arrive toujours un moment où l’on ne peut pas faire autrement que l’employer. On peut reculer, accepter, jusqu’à un certain point où la liberté, la dignité, peut-être, impose de se battre, défendre des grands principes, plutôt. En revanche je hais, peut être parce que je les ai approchés, professionnellement, les politiciens. Menteurs par fonction et ne faisant pas honneur à la race humaine ». P.J. Hérault ne manie pas la langue de bois, c’est tout à son honneur.

Aujourd’hui il continue d’écrire et Rivière Blanche accueille ses romans inédits (six pour l’instant), mais c’est la marque de fabrique de Rivière Blanche : publier d’anciens auteurs du Fleuve Noir, des romans oubliés de la fin du XIXème siècle, et découvrir de nouvelles pousses, dans tous les domaines de l’Anticipation et du Fantastique. J’y reviendrai. Cependant il est un roman traitant d’uchronie qui jusqu’à peu tenait à cœur à P.J. Hérault et qui est resté longtemps dans ses tiroirs mais, n’étant pas publié pour diverses raisons. « Un gros livre de 1600 pages non publié en raison de sa taille, essentiellement, et du fait de ma nationalité non américaine ! » déplorait-il. « C’est une uchronie sur l’Europe où j’ai mis beaucoup de moi-même, des personnages qui ont une conscience, ce qui importe beaucoup à mes yeux ». Depuis ce gros roman a été édité chez Interkeltia, sous le titre Millecrabe, en trois volumes. Enfin oserai-je dire, et P.J. Hérault peut être fier de s’être obstiné et d’avoir eu foi en lui et en son œuvre. Et je ne serais pas complet (cet article a été écrit en juin 2011) si j'oubliais de signaler que des romans inédits et des rééditions sont publiés aux éditions Critic.

P. - J. HERAULT : Un portrait.P. - J. HERAULT : Un portrait.
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commentaires

O
Je transmettrai votre message à J.P. Herault, si je parviens à le joindre.<br /> Je ne sais s'il s'agit de votre nom mais cela me rappelle un excellent auteur du Fleuve Noir qui avait pris pour pseudonyme Gilles Thomas mais était en réalité Julia Verlanger<br /> Bien à vous
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T
Joyeux Anniversaire Monsieur Hérault ( car vous êtes pour moi un grand Monsieur de la SF)
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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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