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12 juillet 2017 3 12 /07 /juillet /2017 14:05

Sans peur et sans reproche ?

Pierre PEVEL : Le Chevalier. Haut-Royaume volume 1.

Si la filiation avec Alexandre Dumas, dans Le Comte de Monte-Cristo par exemple mais pas uniquement puisque le roman La tulipe noire pourrait être évoqué, est indéniable, le souffle épique qui se dégage de cette histoire peut également être un clin d'œil à Michel Zévaco avec la fougue, voire la démesure de la saga épique des Pardaillan ou du Capitan. Si ce n'est dans le fond et la forme, du moins dans l'esprit.

Mais l'origine de ce roman prend également pour thème l'univers de la geste médiévale et des romans de chevalerie, incluant des incursions historiques réelles devenues légendaires.

 

Eté 1544, dans la capitale des duchés de Sarme et Vallence, Lorn Askarian est venu délivré son ami Aldéran, dit plus familièrement Alan, d'un ennemi terrible : le Kesh. Mais kesh, pardon, qu'est-ce que c'est ? Une drogue similaire à l'opium et Alan, fils de roi, y a succombé. Lorn le sort des griffes de cet abrutissement dans lequel le jeune homme est plongé, au fond d'une fumerie, grâce à son ami Enzio, le fils du seigneur de la province, et à la belle Alissia auprès de laquelle il ne peut rester, son devoir l'appelant au Haut-Royaume.

 

Printemps 1547. Cela fait maintenant trois ans que Lorn végète dans les cachots de Dalroth, une forteresse transformée en prison, située sur une île au large de Samarande. Convaincu de trahison, Lorn vient d'être gracié par le Haut-Roi sur les conseils des membres de l'Assemblée d'Ir'kans et à la suite d'un second procès qui a conclu à son innocence et sa libération.

Mais on ne vit pas pendant trois ans enfermé dans un cachot au fond d'une forteresse, à l'écart de tout sauf de l'Obscure qui malmène les organismes, sans compter la malnutrition et les brimades, sans être affecté dans son intégrité. Un des yeux de Lorn a changé de couleur tout en lui apportant une acuité visuelle plus conséquente et sur sa main gauche une sorte d'écusson, un sceau de pierre s'est incrusté. Quant à sa santé physique et mentale, elle est en déclinaison.

Des soldats viennent le chercher à bord d'un galion et le voyage retour vers Samarande s'effectue dans la tempête. Lorn essaie de se suicider, mais Alan, qui est venu le chercher, parvient à juguler sa tentative. Le fils du Haut-Roi explique à son ami qu'il n'a pu le contacter et témoigner de son innocence, étant en cure de désintoxication dans une sorte de couvent.

Dans Samarande, Lorn assiste à une réception au cours de laquelle il est approché par une jeune femme. Seulement, il est victime d'étourdissements, sa main puis son bras étant la proie de l'Obscure. Et des individus mal intentionnés tentent de l'occire.

Puis ses pérégrinations l'emmènent à la Citadelle où demeure le Haut-Roi, vieillard décharné mais ayant encore toute sa lucidité, ou presque. Une bague lui est donnée, avec sur le chaton les emblèmes du royaume, une tête de loup, deux épées croisées surmontées d'une couronne. Un drac blanc, un humain à la peau écailleuse, émissaire de l'Assemblée, lui confie qu'il doit réaliser son Destin. Lorn est envoyé une mission auprès du comte Téogen et ensemble ils vont combattre les Ghelts, qui ont attaqué des villages et emmené des captives. Ce passage, qui s'inscrit justement dans un passage montagneux, dans une faille, que Lorn et ses compagnons doivent emprunter sans émettre de bruit afin de ne pas déranger les vyvornes, espèces de dragons volants, puis combattre les Ghelts, m'a fait penser à Roncevaux.

Puis Lorn doit reconstituer la Garde d'Onyx, petite armée dépendant directement du Haut-Roi, et il va embaucher divers compagnons, dont certains qu'il retrouve avec plaisir, remettre en état une tour dans un quartier pauvre d'Oriale, la capitale du Royaume, et sera en butte contre de nouveaux ennemis. Il devra également se méfier de Célyane, la reine qui gère le royaume, son vieil époux étant défaillant, avec l'aide d'Estévéris, son ministre cauteleux.

En parallèle à ses problèmes personnels, il est conscient que d'autres complications peuvent mettre le Haut-Royaume en difficulté. La cession de l'île d'Angborn, une des Cités franches à Yrgaärd, un état avec lequel les relations sont tendues, se révélant un épineux problème.

 

 

Plein de bruits et de fureurs, les actions se succédant en cascades, laissant peu de place aux descriptions oiseuses et aux introspections psychanalytiques et psychologiques rébarbatives, ce premier volume du Haut-Royaume, consacré à Lorn, le Chevalier, se dévore d'une traite, sans crainte d'indigestion.

Les scènes d'action se succèdent avec toujours en ligne de fond la pensée de Lorn vers son passé et son avenir. Car il se demande qui a pu l'accuser de trahison, et seul le désir de vengeance l'obsède. L'emprise de l'Obscure se manifeste de moins en moins, mais il a acquis une force mentale et physique qui lui permet d'endiguer bon nombre de situations périlleuses. Il pratique l'amour courtois, envers Allissia, qu'il retrouve de temps à autre, et d'une amie de jeunesse. Sa profonde affection envers Alan et Enzio ne se dément pas même lorsque les circonstances ne sont guère favorables et pourraient provoquer des dissensions, voire des ruptures.

Et comme il faut des moments de calme entre deux tempêtes, Lorn retrouve la sérénité en compagnie d'Yssaris, un jeune chat roux qui l'accompagne partout dans ses déplacements.

Un roman épique dans lequel la magie, souvent l'ingrédient principal des œuvres de Fantasy, n'y est guère présente, et seuls, la volonté, le courage, la hardiesse, le pragmatisme, portent Lorn vers son destin. Mais celui-ci sera-t-il contrarié ? Suite au prochain numéro.

 

Pierre PEVEL : Le Chevalier. Haut-Royaume volume 1. Collection Fantasy. Editions Milady. Parution 5 avril 2017. 624 Pages. 3,99€.

Réédition de Bragelonne. Parution le 22 janvier 2014. 528 pages. 22,00€.

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13 juin 2017 2 13 /06 /juin /2017 08:32

Chassera les nuées de l'hiver et de l'obscurantisme ?

Gabriel JAN : Le Printemps des Magiciens.

Conteur et poète, Nosiel entreprend la rédaction des tribulations qu'il a effectuées en compagnie de son ami Darion, durant leur jeunesse. Ces Chroniques du Grand Pays sont destinées à entretenir la mémoire du passé pour la plus grande édification de Thébor, le fils de Darion âgé de presque dix ans.

Darion, fils d'Ysorne qui fut en son temps preux chevalier puis cabaretier, parcourt le pays depuis cinq ans en compagnie de Nosiel et de Golsaf, le Méditeur, son maitre et père spirituel. Aujourd'hui, Darion est âgé de vingt-deux ans tandis que Nosiel en a trois de plus. Golsaf, qui semblait éternel, sent sa fin venir. Il lègue à Darion, lequel est promit à un bel avenir, une bague sertie d'une pierre parfaitement sphérique, pure comme le diamant, l'Œil d'Astrée. Et cette bague peut devenir une arme redoutable, à condition de s'en servir avec prudence, car son utilisation demande une grande dépense d'énergie, et cela pourrait être préjudiciable à Darion voire même le priver durant un laps de temps plus ou moins long du Don qu'il porte.

Golsaf est un Magicien, et Darion, même s'il n'est pas encore en possession de tout son art, doit continuer et réussir dans l'entreprise qui animait le mourant. D'abord Darion doit retrouver un autre magicien, Sholon, qui lui expliquera comment repousser les assauts des Ailes Sombres, les Mange-Lumière, les lambeaux de nuit qui effraient les gens simples, et qui pour l'heure ne représentent pas une grande menace. Mais si ces lambeaux de nuit parviennent à s'organiser, ce serait la ruine sur le Grand Pays.

Mais une autre mission attend Darion. Il doit venger son père qui a été la victime des soldats de Mohav cinq ans auparavant. Depuis Mohav règne en dictateur sur son royaume, méfiant envers les étrangers, dénonçant les magiciens, imposant le culte des trois dieux, Luctabal, Nictabal et Gothoor, fanatisant son armée et ses sujets.

En chemin Darion et Nosiel rencontrent un homme qui erre, à la recherche de la méditation, et espère qu'un jour le Printemps des Magiciens secouera le joug infligé par Mohav. Un Printemps des Magiciens pour lequel œuvre aussi Darion. Mais Lothar, tel est le nom de ce magicien en errance, avoue qu'il est dominé par Phem, un Magicien qui utilise son Don à des fins maléfiques.

C'est donc, qu'investit de trois missions, juguler les méfaits de Mohav d'un côté, de Phem de l'autre, et annihiler le regroupement des lambeaux de nuit, des Ailes sombres, que Darion va pérégriner, en compagnie de Nosiel ou seul, d'un bout à l'autre du Grand Pays. Il va connaitre de nombreuses aventures, souvent périlleuses, obligé de se servir de son Don, faire alliance avec des rebelles, connaître l'amour et les trahisons, la gloire et les revers, commettant des erreurs. Mais il sera également confronté à la dualité, son esprit étant envahi par le Mal.

C'est ce parcours que Nosiel narre, soit à la première personne lorsqu'il est directement impliqué en compagnie de Darion, ou à la troisième personne lorsqu'il rédige sa chronique d'après des témoignages de Darion ou d'autres interlocuteurs.

 

Le Printemps des Magiciens est un conte philosophique qui pourrait être une parabole sur certains événements passés, plus ou moins proches, et ce roman publié en 2014 nous renvoie à une élection récente avec ce peuple des Insoumis. Mais les Insoumis décrits dans ce roman ne sont que ceux qui ne veulent pas se soumettre à une religion imposée, celle des trois dieux.

D'un côté un dictateur, imposant sa politique religieuse et sectaire, de l'autre un Magicien dont les dons ne servent qu'à asservir la population, tous deux rêvant de gloire et d'hégémonie. Et les Ailes Sombres appelés aussi lambeaux de nuit figurent la nuit qui s'étend sur un pays à cause du refus de la connaissance. Un peu Nuit et Brouillard.

Les Magiciens représentent la science qui peut se transformer en bienfait ou méfait selon l'utilisation qui en est faite, Mohav étant l'incarnation de la régression.

Depuis 1972, il n'avait alors que vingt-six ans, Gabriel Jan a écrit de très nombreux romans de science-fiction, d'angoisse, historiques, policiers, mais c'est bien dans le domaine de la Fantasy qu'il donne sa pleine mesure. Avec Le Printemps des Magiciens, dont le décor est un pays imaginaire ancré dans une époque médiévale, il a écrit un roman épique éblouissant, que l'on peut lire avec de la magie dans les yeux, ou en essayant de décrypter les messages que l'auteur désire délivrer. C'est un peu l'apologie de l'union entre les hommes à condition que cela serve l'humanité, à tendre vers un monde meilleur, entreprise louable mais pas toujours comprise. D'ailleurs je vous invite à découvrir le portrait de Gabriel Jan en suivant le lien ci-dessous, situé sous quelques chroniques de ses précédents ouvrages.

 

Et pour commander ce roman, vous pouvez vous adresser directement sur le lien des éditions Rivière Blanche.

Gabriel JAN : Le Printemps des Magiciens. Collection Blanche N°2115. Editions Rivière Blanche. Parution mars 2014. 364 pages. 22,00€.

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12 juin 2017 1 12 /06 /juin /2017 08:37

Hommage à Max-André Dazergues, infatigable et prolifique polygraphe, né le 12 juin 1903.

Max-André DAZERGUES : L'aérolithe sous-marin.

Une boule de feu, échappée des eaux tourmentées du lac Tanganyika, puis retombe, tel est le phénomène auquel assiste Makoleko, un guerrier Massaï.

Pour le Massaï, et pour toute autre personne sensée, l'eau aurait dû éteindre le feu. Et en retombant, aucune fumée, aucune trace de vapeur ne se dégage, aucun bruit ne se produit, et cette manifestation, ou manque de manifestation thermique, intrigue les habitants de la région et notamment les membres d'une expédition en voyage d'études à la recherche de gisements de pétrole et d'or. Une explication est avancée, celle d'une éruption volcanique sous-lacustre.

Cette supposition entérinée, Sir Henri Lanster, savant d'origine britannique, et son assistant et collaborateur d'origine belge Grégoire Van Fulten, ne font guère de cas de ce qu'a pu colporter comme élucubrations le guerrier Massaï. Ces autochtones sont plus connus pour leurs intentions belliqueuses et leur mauvais voisinage que pour leurs commentaires ou leurs superstitions.

La petite troupe composée des deux savants et de leurs quatre porteurs, des Bantous venus de Congo belge comme Van Fulten, continue son périple, logeant le lac Tanganyika. Il commence à se faire tard, et la nuit est quasiment tombée, lorsque Katoli, l'un des Bantous, entend un bruit suspect. Quelqu'un rôde selon lui. Le Bantou a l'ouïe fine, et il explore le voisinage.

Il ne voit personne, mais découvre dans un fourré une boulette d'argile recouverte de peinture rouge. Pour lui, cela ne fait aucun doute les Massaïs sont proches. Il ne pensait pas si bien dire. Alors qu'ils traversant un marécage, ils sont agressés par des sauriens vauriens.

En réalité, ces hommes-caïmans méchants sont des Massaïs commandés par Makoleko, entretenant la légende des hommes-crocodiles. Ils tuent les Bantous, à l'exception de Katoli et des deux hommes blancs. Entre Katoli et Makoleko existe un vieux contentieux tribal. Les survivants sont emmenés dans une île au milieu du lac, île qui possède la particularité d'être rouge.

 

La collection Mon Roman d'Aventures, qui a démarré en 1942 pour s'éteindre en 1957, offrait des plages, et des pages, de lectures agréables pour lecteurs pressés, orientée vers la Science-fiction principalement mais pas que. Elle était destinée à un large public, autant pour des adolescents que pour des adultes qui désiraient se détendre dans le métro, par exemple, après une journée de travail, et plus généralement dans les moyens de transport.

L'aérolithe sous-marin puise son intrigue dans un événement qui frise le fantastique et se clôt avec une explication scientifique simple. Mais le propos n'est pas tellement dans cette explication, car c'est surtout le côté exotique, en plein cœur de l'Afrique Noire, qui importe. Le point central réside sur l'antagonisme entre tribus rivales, entre ethnies rivales, une rivalité qui peut être séculaire ou remonter tout simplement à quelques années en arrière.

 

Max-André DAZERGUES : L'aérolithe sous-marin. Collection Mon Roman d'Aventures N°303. Editions Ferenczi. Parution 3e trimestre 1954. 32 pages.

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4 juin 2017 7 04 /06 /juin /2017 09:45

Lettre ou ne pas lettre, telle est la question !

Laurent WHALE: Le réseau Mermoz.

Tout excité, Andrew Kerouac, l'archiviste des Rats de poussière, s'introduit dans le bureau de Dick Benton, le responsable du service et demande à ce que le sénateur O'Reilly le contacte immédiatement. Il tient dans les mains une capture d'écran représentant une lettre mise aux enchères sur une plate-forme de vente en ligne.

L'objet est une lettre adressée à Aristide Briand, alors ministre des Affaires étrangères de la IIIe république, aux bons soins du chef de cabinet chilien. Une lettre datant des années 1930 et qui n'a jamais été décachetée, n'est jamais parvenue à son destinataire. Et il ne s'agit pas d'une bafouille égarée par Guillaumet lors de sa traversée des Andes. Mais ce qui interpelle le directeur de la Bibliothèque du Congrès à Washington, et responsable des Rats de poussière, c'est le cachet postal apposé sur la missive. L'emblème national-socialiste du gouvernement allemand d'avant-guerre, emblème devenu tristement célèbre sous le nom de croix gammée.

Seulement Antonia, la spécialiste informaticienne qui parvient toujours à faire parler La Pompe, son puissant ordinateur, et s'infiltre dans tous les systèmes, annonce que l'enchère vient d'être interrompue. Elle a toutefois réussi à percer l'identité de la personne qui avait mis en vente la lettre, une certaine Amandine habitant à Marseille. Lettre qui est fort convoitée, comme vont s'en rendre compte Dick Benton et ses amis. Les premiers à se manifester sont deux membres de la CIA qui lui enjoignent d'enquêter sur ce pli.

Après en avoir été informé, le sénateur républicain O'Reilly, surnommé le Grizzly, convient qu'il faut que Dick Benton se rende sur place, accompagné de Maureen, la punkette aux mèches de cheveux vertes et rouges, imparable pour passer inaperçue, et de Jack, un agent géant qui travaille pour diverses agences et est l'amoureux officiel de Maureen. Direction Marseille à la recherche de la vendeuse.

A Marseille, un jeune rasta, Emmanuel Trouillot dit Mantrou pour les amis, commence à s'affoler. Il est l'auteur de l'enchère, ayant trouvé la fameuse enveloppe dans les affaires de son grand-père, collectionneur de vieux papiers en tous genres qui vient de décéder. Il a décidé de la mettre aux enchères utilisant pour ce faire l'ordinateur de son amie Amandine. Or il n'a plus de nouvelles de Mandie, et il se demande si elle n'aurait pas été enlevée. Car des hommes sont à ses trousses, des Russes.

La virée marseillaise de Benton and Co s'avère être un véritable pastis, car outre les Russes, des personnages guère sympathiques et d'humeur violente, des agents du Mossad, les services secrets israéliens, s'invitent dans la danse, représentés par Sacha, une jeune femme qui vient de perdre son mari dans un attentat. Elle sera secondée par deux hommes qui sont déjà dans la cité phocéenne, des Français au service de son pays, ainsi que par un Arabe. Et comme si cela ne suffisait pas, les énervés de l'Etat Islamique, alias Daech, viennent mettre la pagaille dans ce ballet qui n'est pas trop bien réglé.

 

Le 13 mai 1940 Churchill déclarait : Je n'ai rien d'autre à offrir que du sang, de la peine, des larmes et de la sueur...

Une phrase qu'aurait pu reprendre Dick Benton en s'adressant à ses deux acolytes partis à la recherche de la lettre de l'Aéropostale. Car les épisodes qu'ils vont subir vont s'avérer particulièrement tumultueux. Mais ils ne sont pas les seuls car Mantrou, assisté par une petite frappe, revendeur de drogue, vont eux aussi se trouver sous la vindicte des Russes, mais ils ne s'en laisseront pas conter et la vengeance sera terrible et particulièrement violente. Le roman se clôt dans une véritable débauche apocalyptique qui va laisser un bon nombre de combattants, et d'innocents, sur le flanc. Sur fond d'attentats parisiens car le début de l'année 2015 fut particulièrement propice à cette forme de manifestations explosives.

 

Certains passages violents sont trop explicites, et si comme moi vous n'appréciez guère les scènes de torture, vous pouvez les passer, cela n'entachera en rien votre plaisir de lecture, au contraire.

 

Laurent Whale, comme à son habitude dans cette série des Rats de poussière, nous entraîne dans différentes époques, survolant particulièrement les années 1930 et 1936, puis un épisode de 1944. Et l'on retrouve avec plaisir Antoine de Saint-Exupéry, en pleine gloire littéraire grâce notamment à Courrier Sud, son premier grand succès, alors chef d'escale de l'Aéropostale à Cap Juby au Maroc, dans le protectorat espagnol.

Mais également Jean Mermoz, dit l'Archange, lors de sa traversée de l'Atlantique, en 1930 puis en 1936 lors de son dernier voyage. Ces épisodes s'inscrivent dans l'histoire de l'aéropostale de Didier Daurat, offre des éléments intéressants sur certains points mal définis, et surtout sur le côté litigieux de Mermoz dans son engagement dans les Croix-de-Feu puis lors de la dissolution de cette ligue devenant le Parti social français, parti politique français de la droite conservatrice à tendance nationaliste mais hostile au nazisme et à l'antisémitisme. Je regrette toutefois que ces évocations soient trop resserrées par rapport à l'histoire proprement dite de la missive retrouvée et mise aux enchères qui nous ramène à l'actualité. Cela aurait presque pu être une uchronie.

Pour découvrir les épisodes précédents des Rats de poussière, suivez les liens ci-dessous :

Découvrez le catalogue des éditions Critic :

Laurent WHALE: Le réseau Mermoz. Les rats de poussière 3. Collection Thriller. Editions Critic. Parution le 1er juin 2017. 458 pages. 20,00€.

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31 mai 2017 3 31 /05 /mai /2017 10:57

Bon anniversaire à Serge Brussolo né le 31 mai 1951.

Serge BRUSSOLO : La captive de l’hiver.

Marion, l’ymagière dont les fidèles lecteurs de Serge Brussolo ont pu faire la connaissance dans Pèlerins des ténèbres (Le Masque grand Format) nous revient dans une nouvelle aventure réfrigérante : La captive de l’hiver.

Alors qu’elle sculpte tranquillement ses statues dans une abbaye de la côte normande, les Vikings débarquent à nouveau, semant comme à leur habitude la panique. Mais ce n’est pas après les gens du village qu’ils en ont cette fois même si tueries, pillages et enlèvements sont de rigueur. C’est bien Marion qu’ils sont venus chercher et qu’ils ramènent chez eux à bord de leur drakkar.

Marion est flanquée d’une duègne Svénia, d’origine normande, mais cela fait tellement longtemps qu’elle est à la botte des ravisseurs qu’elle se considère un peu comme des leurs. Elle prodigue Marion de ses conseils et surtout elle l’aide en toutes choses quotidiennes car Marion porte des gants de fer afin de ne pas abîmer ses précieuses mains. Abîmer est un prétexte car les Vikings sont persuadés posséder en elle une sorcière et si elle était amené à les toucher, le feu les dévorerait.

Une périlleuse mission l’attend : remodeler, entretenir des statues de glace représentant les Dieux nordiques. Mais sous cette charge elle pressent une autre fonction qu’elle doit être amenée à résoudre au péril de sa vie.

 

La magie Brussolo fonctionne toujours, même si ce roman n’est ni polar, ni fantastique, ni historique, tout en flirtant avec ces genres.

Livre d’aventure sans grand suspense, on est toutefois happé par la force d’évocation du maître quoi qu’il ait écrit des romans plus prenants, mais bon, on lui pardonnera volontiers d’avoir pour une fois tombé dans la facilité.

Le seul suspense réside en la suite des aventures de Marion, puisque l’épilogue est une fin ouverte.

 

Serge BRUSSOLO : La captive de l’hiver. Collection Moyen Format aux éditions du Masque. Parution 16 mai 2001. 306 pages. 20,00€.

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28 mai 2017 7 28 /05 /mai /2017 10:02

Un des nombreux pseudonymes de

Max-André Dazergues, le mentor de Frédéric Dard.

André MADANDRE : Robinson des neiges.

Dans un estaminet de Sainte-Isoline, petit village de deux cents âmes situé dans le Grand-Nord, aux frontières du Canada français, trois hommes assis autour d'une table discutent de la légende du Caribou-fantôme ou Renne aux cornes d'or.

Abrosiak, un Indien Athabasca, affirme avoir aperçu ce fameux caribou du côté du Lac Gris. L'animal se tenait immobile dans un bouquet. Ses deux interlocuteurs sont soit sceptique comme Pascal Balle-Sûre, un vieux trappeur qui n'a pas usurpé son surnom, soit subjugué comme Christian Ledriquet alias Kiki-Castor, un adolescent de seize ans qui s'est fait un renom comme chasseur de castors.

Dans leur fougue, les trois compères élèvent la voix, et cette histoire de renne aux cornes d'or intéresse l'un des consommateurs accoudé au bar. Il s'agit de Jerville-le-Borgne, un trappeur à la réputation douteuse qui tire son sobriquet d'un œil de verre. Il ne compte que peu d'amis, et bon nombre des villageois se méfient de lui. Certains redoutent même ce fieffé aventurier.

Kiki-Castor est tenté de se rendre sur les abords du Lac Gris et si Pascal Balle-Sûre se défile, Abrosiak accepte de l'accompagner. Et les voilà partis tous les deux le lendemain en traîneau. Alors qu'ils arrivent près d'un cairn, une baraque construite en pleine forêt à l'intention des trappeurs et chasseurs, ils distinguent des chiens errant, un traîneau renversé et un homme attaché. Il ne s'agit ni plus ni moins que Jerville-le-Borgne qui affirme avoir été agressé par des Inuits.

Ils se réfugient dans le cairn, et pensent y passer la nuit mais Abrosiak, qui avait pris la garde, distingue la silhouette du caribou aux cornes d'or. Branle-bas de combat, Abrosiak s'éloigne tandis que des Inuits, jusqu'alors tapis dans la neige, se dressent et s'emparent de Kiki-Castor.

Il s'agit d'un piège fomenté par Jerville-le-Borgne et la petite troupe s'enfonce dans les bois jusqu'au Lac Gris à bord des traîneaux.

S'ensuit une histoire au cours de laquelle Kiki-Castor va sauver la vie à l'un des Inuits, Koldak, des boues dansantes, c'est-à-dire des sables mouvants qui stagnent près d'une construction en bois, en plein milieu du lac. Une construction qui serait due aux castors mais qui en réalité a été édifiée par des mains humaines. Kiki-Castor est prisonnier de ce fourbe de Jerville-le-Borgne mais un bienfait n'est jamais perdu et il pourra, alors que sa vie est en danger, compter sur des renforts inattendus.

 

Ce court roman, qui s'adresse aux lecteurs de tous les âges, nous offre un nouveau voyage grâce au guide qu'était Max-André Dazergues, après un roman signé du pseudonyme d'André Star en Polynésie (voir lien ci-dessous). Exotisme en tous genres, actions et découvertes, manipulations, magouilles, jalousies et traitrises, tous les ingrédients du roman d'aventures se retrouvent sous forme condensée dans ce texte.

Les descriptions de paysages et la psychologie des personnages sont tout juste évoquées, seule l'histoire mystérieuse de ce caribou aux cornes d'or étant le seul ressort de cette intrigue dont le lecteur pressent dès le début que cela se terminera bien. La morale est sauve, les personnages se montrent magnanimes, mais le principal réside dans un bon moment de lecture, une évasion à bon compte comme nous le proposaient Max-André Dazergues et ses confrères dans ces petits fascicules dont le seul but était d'intéresser leurs lecteurs et à les inviter à découvrir d'autres aventures palpitantes tout au long des semaines. De petits romans qui se lisaient d'une traite, dans le métro ou les trains de banlieue qui emmenaient les ouvriers sur leur de travail, et retour.

 

André MADANDRE : Robinson des neiges. Collection le Risque tout. Editions S.A.E.T.L.. Parution décembre 1945. 20 pages.

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8 mai 2017 1 08 /05 /mai /2017 05:44

Hommage à Robert Heinlein décédé le 8 mai 1988.

Robert HEINLEIN : Le chat passe-muraille

Question : A quel moment un Zygote, c'est à dire l'œuf fécondé produit de l'union des gamètes, peut-il penser, sachant qu'un spermatozoïde et un ovocyte ne pas sont conscients de leur existence ?

Partant de ce principe, n'est-il pas envisageable d'imaginer qu'à force de connexions et d'interconnexions, un ordinateur puisse un jour se mettre à penser ?

Ces deux questions pourraient donner le ton et l'ambiance qui se dégagent de la troisième partie du livre de Robert Heinlein, ce Chat passe-muraille, un chaton plutôt du nom de Pixel qui passe au travers des murs parce qu'il est trop jeune pour savoir que c'est impossible.

Après deux parties farfelues et complètement délirantes débutant comme un roman policier, cette histoire diverge vers les multi-dimensions, les mondes parallèles (l'on retrouve la théorie du chat de Schrödinger) comme si l'auteur avait voulu changer de sujet en cours de route.

Pour rappel :

Un individu qui lui est inconnu demande au colonel Campbell d'assassiner quelqu'un. Mais lui-même meurt assassiné. Du coup Campbell s'enfuit avec sa nouvelle épouse afin d'échapper à un complot. Un trajet qui les oblige à quitter la station spatiale Règle d'or à bord d'une navette trop vétuste et ils s'écrasent sur la Lune. Un incident qui les emmène à fréquenter des personnages de tous bords dans différentes villes lunaires jusque dans un hôtel miteux. La femme de Campbell, avec laquelle il n'est marié que depuis trois jours, tente de le persuader qu'elle est un agent spatio-temporel dans un univers totalement déjanté, où il est difficile de savoir, par exemple, si les gens sont âgés de trente ou trois cents ans, où les navettes ne comportent que quatre places munies de toilettes victoriennes, ce qui est évidemment plus agréable et confortable que la cabane au fond du jardin, et autres élucubrations jouissives.

La troisième partie, qui est légèrement soporifique en comparaison des deux précédentes, ne doit pas justement faire oublier les deux premières. Un roman jubilatoire dû à une imagination débordante et débridée d'un auteur de science-fiction engagé.

Cette citation extraite d'un dialogue souligne la différence pouvant exister entre écrivain et romancier.

- Vous êtes écrivain, vous faites de la littérature peut-être ? Sans intrigue ?
- Moi ? Je ne sais pas écrire de littérature, j'écris des histoires.

Réimpression mars 1993.

Réimpression mars 1993.

Robert HEINLEIN : Le chat passe-muraille (The Cat who walks through Walls - 1985. Traduction de Jean-Paul Martin). Inédit. Collection J'ai Lu Science-fiction N°2248. Parution 1987. 508 pages.

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29 avril 2017 6 29 /04 /avril /2017 05:32

Pas une seule fausse note

Arnaud CUIDET : Les chœurs de la mer rouge.

Est-ce un lac, ou véritablement une mer rouge ? Henry Bradford, archéologue, est sceptique et regardant l'eau écarlate qui s'étend devant lui. Il veut en avoir le cœur net, et la petite expédition se remet en route.

Bradford est à la recherche du continent de Mû, et d'après un vieux grimoire récupéré dans la pyramide d'Arand-Ka, il est persuadé toucher au but. Mais pour cela il lui faut déterminer si cette immensité rouge est bien la Mer rouge ou simplement un lac. Et des difficultés matérielles commencent à se dresser devant la petite expédition. Il leur faut absolument trouver à boire ainsi que du pétrule (orthographe certifiée d'origine contrôlée !) pour les véhicules.

Alors que l'expédition roule dans les dunes de sable tout en suivant les contours du rivage, ils sont tout à coup face à des ossements qui datent de milliers d'années, les reliquats d'un Drakonis Major. Mais la tension monte entre les membres de cet équipage conduit par un jeune explorateur archéologue. D'autant qu'un Drakonis vivant fait irruption et malgré les armes automatiques en action, il propulse et détruit quelques véhicules, semant la perturbation dans le convoi. Une roquette récupérée parmi les rangs de l'Axe Noir, et qui a déjà causé des dégâts parmi les rangs de l'Alliance, permet d'annihiler le monstre. Deux indigènes à la peau bleue assistent à cette démonstration de force.

Harry Bradford continue son périple, bravant mille dangers, et pour mieux s'en rendre compte, le lecteur peut se référer au dessin de couverture, qui montre notre héros campé sur un radeau de fortune bravant les éléments marins et météorologiques déchaînés.

 

Il est évident que l'auteur emprunte à quelques éléments de la mythologie grecque et à des périodes modernes pour construire son intrigue. Naturellement le continent de Mû fait référence à l'Atlantide, un mythe qui perdure et souvent utilisé par les fantastiqueurs, mais également on peut penser au voyage d'Ulysse raconté dans l'Odyssée.

Quant aux références de l'Axe Noir et de l'Alliance, elles nous renvoient à des épisodes militaires de la Seconde Guerre Mondiale en Afrique du Nord, et le côté archéologique peut être lié aux découvertes dues à de nombreux explorateurs et archéologues, dont Max Mallowan qui épousa Agatha Christie, dont il fut le second époux, en 1930, le couple voyageant en Irak, Syrie par exemple. Et l'archéologie égyptienne et le mystère des pyramides et autres lieux, ont influencé et inspiré bon nombre de romanciers.

Né en 1975, Arnaud Cuidet est notamment l'auteur d'un roman paru chez Rivière Blanche, Le crépuscule des Rois (collection Blanche N° 2135) mais surtout est surtout connu comme auteur de Jeux de rôles.

 

Arnaud CUIDET : Les chœurs de la mer rouge. Collection Aventures N°3. Editions du Carnoplaste. Parution Avril 2017. 28 pages. 3,00€.

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26 avril 2017 3 26 /04 /avril /2017 05:22

Dans la jungle, terrible jungle...

Jean-Hugues VILLACAMPA : Loyola de la jungle.

Dans ce deuxième fascicule de la nouvelle collection Aventures aux éditions du Carnoplaste (voir ci-dessous ma présentation), Jean-Hugues Villacampa joue avec les genres et les codes du roman populaire, roman populaire qui a diverti des millions de lecteurs dans les années fastes de la littérature dite, improprement de gare.

Et l'on retrouvera, parsemés dans le texte des clins d'œil à Xavier de Montépin, à Ridder Haggard, à Jules Verne, Edgar Rice Burroughs, voire à Arthur Rimbaud, sans que leurs noms soient indiqués. Juste un amusement entre l'auteur et le lecteur qui retrouvera les références, ou pas.

Ce n 'est pas un rêve ou un cauchemar qui sort de son endormissement Mathilde, qui n'était pas partie, la bonne du curé d'une paroisse de Valenciennes en cette nuit du 16 décembre 1854. Des vagissements provenant, elle n'en doute point, de la gorge d'une créature monstrueuse, des coups frappés à la porte et Mathilde s'évanouit. Lorsqu'elle reprend conscience, c'est pour constater, en compagnie du père Deboul (!) qu'un couffin a été déposé sur le seuil.

A l'intérieur, un bambin souriant, aux cheveux d'un blond-blanc (ou inversement) et des yeux aux iris blancs striés de bleu quasi iridescent. A son cou est accrochée une fine chaînette d'argent à laquelle pendouille une médaille mariale. En inscription un prénom Ignace, et une date, 4 octobre 1854. Le père Deboul ne veut pas garder ce garçonnet de deux mois et quelques jours, malgré les implorations de Mathilde, mais bientôt il doit s'y résoudre. La tempête du siècle oblige les gens à se calfeutrer chez eux, et Ignace trouve donc un foyer où il peut s'épanouir en toute quiétude, avec, outre les deux personnes déjà citées, Charles-Louis, le chat de la maisonnée. Eh, oui, le père Deboul a un chat...

Les années passent, Ignace grandit, se passionne pour les livres scolaires et religieux mais surtout pour les romans ayant un rapport avec les exploits militaires et pour décor l'Afrique. Seuls ses yeux perturbent le père Deboul qui décide de l'envoyer à Munich, effectuer son noviciat. Ses camarades, taquins comme tous les gamins, ne tardent à le surnommer Loyola. Et c'est ainsi qu'à seize ans Ignace est une belle plante d'un mètre quatre-vingt-dix, vivant à l'école de jésuites de Munich mais il refuse d'intégrer les rangs des officiers militaires. il devient toutefois ami avec un major des uhlans, rapides, de la garde noire de Bavière.

Ignace va pouvoir démontrer sa force et ses réflexes, lors d'un incident provoqué par un agresseur envers un évêque et les paroissiens sont subjugués par la chevelure nimbée de soleil du géant, blond et non vert. Bientôt Ignace et son ami nommé Kavallerieangriff vont partir en Afrique sur les traces de Pline l'Ancien, dont ils partagent la passion pour ce continent.

Une dernière petite chose, une dernière petite précision : Ignace, malgré son physique avantageux, n'a jamais été attiré par les femmes, nonobstant les nombreux regards énamourés dont il jouit. Il a trop été entouré d'amour par la vieille Mathilde, une forte femme poilue, dont il garde un souvenir ému.

 

Je vous laisse poursuivre les aventures africaines d'Ignace, ai-je précisé que c'était un petit, petit, petit nom charmant, dans ce court roman exotique et militaire, à la conquête de territoires inconnus, parsemés de dangers, en compagnie d'hommes valeureux et d'une science aéronautique naissante.

 

Dans la même collection, à lire :

Présentation de la collection Aventures :

Jean-Hugues VILLACAMPA : Loyola de la jungle. Collection Aventures N°2. Editions du Carnoplaste. Parution avril 2017. 28 pages. 3,00€.

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24 avril 2017 1 24 /04 /avril /2017 14:32

Et la chair n'est pas forcément faible...

Jacques BAUDOU : Le naufragé de l'île de chair.

Tout étonné de se retrouver en pleine mer dans un dinghy, Hugues essaie de se souvenir ce qui lui est arrivé.

Il se rappelle juste qu'il était à bord d'un hydravion, qu'il venait de boire un cocktail rafraîchissant puis qu'il s'était endormi.

Heureusement son sac de voyage a été déposé près de lui et il trouve une pagaie à ses pieds, ce qui va lui permettre de rejoindre la bande de terre qui se profile à l'horizon.

Après des heures d'effort, il parvient à mettre le pied sur l'estran. Epuisé mais content, il cache son canot de sauvetage et part découvrir les lieux en s'immisçant dans la forêt qui borde la plage. Un sentier s'enfonce sous la canopée et il le suit, découvrant des débris bétonnés couverts de lichens et des structures métalliques rongées par la rouille.

Puis Hugues arrive dans une clairière dans laquelle s'égaillent quelques gallinacées et au milieu de cet espace libre se dresse une tente marabout. Le local abrite une diversité d'objets qui auraient plus leur place dans un laboratoire urbain, ainsi que des bibliothèques, des étagères emplies de dossiers et même une machine à écrire.

L'île n'est pas déserte, et Hugues n'est pas un nouveau Robinson. Une jeune femme descend d'une échelle de corde à la lisère de la clairière. Il se présente, c'est la moindre des choses, Hugues Laudace, globe-trotter, et l'habitante des lieux se nomme Rachel Winter, biologiste. Elle est armée d'une arbalète d'une arbalète et Hugues est effrayé à l'idée de penser qu'elle va s'en servir contre lui.

Elle a aperçu l'hydravion amerrir et Hugues être balancé comme un sac de linge sale dans le canot. Puis elle lui narre son parcours de biologiste et pourquoi elle réside depuis quelques années sur cette île qui dans les années 50 et début 60 fut le théâtre d'essais atomiques par l'armée britannique.

C'est ainsi que Hugues est amené à partager le quotidien de Rachel, et à vivre une aventure qui ne manque pas de piquant.

 

Inscrit résolument dans l'esprit des récits d'aventures qui étaient publiés en fascicule, Le naufragé de l'île de chair n'est pas qu'une aimable bluette destinée à des adolescents. En effet les îles du Pacifique furent le théâtre de nombreux essais atomiques, souvenons-nous de Mururoa, et Jacques Baudou nous propose une vision, pas forcément joyeuse et optimiste de ce qui pourrait arriver dans quelques années, si ce n'est déjà fait, sur ces morceaux de terre que l'on décline comme paradisiaques. Et le titre trouve se justification dans la dernière partie du récit.

Un texte simple, sans prétention, aimablement construit et amené, avec à l'intérieur une histoire qui se greffe autour de Hugues et du pourquoi de son débarquement de l'hydravion. Une double histoire donc et Jacques Baudou inaugure cette nouvelle collection avec une saveur à l'ancienne pour un monde moderne.

Jacques BAUDOU : Le naufragé de l'île de chair. Collection Aventures N°1. Editions du Carnoplaste. Parution avril 2017. 32 pages. 3,00€.

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