Ma sorcière bien aimée !
En ce début de printemps 1800, Oswin marquis d’Alridge s’ennuie. Il est riche, jeune, trente ans, ne comptabilise plus ses conquêtes, mais il s’ennuie.
Il est ami avec le Prince de Galles, un noceur, mais sa soirée chez madame Fitzherbert ou à la Fête de Vénus au Cloître, n’y font rien, il s’ennuie. Il décide alors de quitter Londres et de se rendre dans le domaine des Alridge, dans l’Essex, un comté réputé pour sa phobie des sorcières mais où il a été élevé étant jeune et adolescent, n’informant personne de son départ ni de son lieu de résidence.
Il jouait avec John Trydell, mais celui-ci est mort depuis une dizaine d’années. De même que le père, et il ne reste plus de cette famille que le cadet, Caspar, un gamin infect et qui n’a pas changé depuis. Il dilapide la fortune familiale, se rendant souvent à Londres afin de satisfaire sa passion du jeu. Son domaine en pâtit et ses serviteurs ne sont pas payés.
Alors qu’il approche de son domaine, Alridge aperçoit une cohorte de paysans traîner une jeune fille blessée et évanouie. Ils lui indiquent qu’il s’agit d’une sorcière et qu’ils vont la plonger dans la mare, comme c’est la coutume, attachée à une corde. Si elle coule, c’est qu’elle est innocente, et si au contraire, elle nage, c’est qu’elle est coupable.
Cette façon de procéder barbare d’une autre époque révolte le marquis qui l’emmène chez lui, au grand dam des paysans, puis de la plupart de ses serviteurs. Et il confie la jeune fille à Nanny, la vieille dame maintenant qui fut sa nourrice. Et il lui narre comment cette blessée a été découverte. Elle gisait sur une pierre, les Pierres des Druides, ensanglantée, blessée à la tête, et déposé sur son corps un coq mort au cou tordu.
Un coup tordu par le Marquis qui en détaillant les mains de celle qu’il a recueillie, est persuadé qu’elle n’aurait pas eu la force d’infliger un tel supplice au gallinacée. D’autant que ses mains ne possèdent aucune trace de sang. Grâce aux bons soins prodigués par Nanny, la jeune fille, supposée sorcière, se remet doucement. Seulement elle est devenue amnésique. Toutefois, en nettoyant ses habits, Nanny découvre un mouchoir de fine batiste, avec Idylla brodé dans un coin. Le prénom de celle qui n’est plus une inconnue.
Le marquis Oswin d’Alridge se promet d’enquêter sur les antécédents d’Idylla et pourquoi elle a ainsi été frappée. Nul doute qu’elle avait été déposée sur la Pierre des Druides, son agresseur pensant qu’elle était décédée de son coup à la tête puis simulant une mise en scène propice à ne pas la reconnaître.
Naturellement, il s’éprend de la belle brune aux yeux bleus, et les sentiments sont réciproques de la part d’Idylla. Il prend le temps de lire dans sa bibliothèque fournie, les ouvrages consacrés à la sorcellerie. Et il apprend de la part de son fidèle régisseur que la région est quelque peu agitée suite aux frasques de Caspar Trydell. Le marquis embauche certains des serviteurs de son voisin peu recommandable, les connaissant de longue date, et la description qu’ils font de Caspar n’est pas flatteuse. Le père était strict, sévère mais honnête, et John l’aîné était un bon camarade. Alors il suit de loin les événements.
Il fait venir de Londres des robes magnifiques afin de vêtir décemment Idylla, ils prennent leurs repas ensemble, la jeune fille s’apprivoisant à son contact, et la mémoire lui revient lorsque des individus tentent de l’enlever en grimpant à une échelle posée contre le balcon de sa chambre.
La romance amoureuse n’est qu’un lien qui pourrait sembler futile dans cette intrigue quelque peu policière mais qui est surtout l’occasion pour Barbara Cartland de décliner un roman historique dans une atmosphère propice à développer les superstitions.
En effet elle revient souvent dans des affaires de sorcellerie, empruntées à des légendes et des faits réels, qui se sont déroulées dans cette région de l’Essex surnommée la terre des sorcières. Les exemples ne manquent pas et le marquis vitupère contre les paysans obnubilés par des croyances mi-païennes, mi-religieuses. Il n’y a que des ignorants dans cette région et ils l’ont toujours été ! déclare sans ambages Nanny, alors qu’il s’insurge contre le paganisme, une manifestation qui pour lui est hors d’âge.
Et en lisant cette histoire d’amour, on ne peut s’empêchant de penser au film Titanic, et à ce lien qui unit un émigré Irlandais et une jeune bourgeoise. Histoire qui occulte quelque peu l’élément principal, le naufrage de ce navire lors de sa première traversée, sombrant dans les eaux avec cette rencontre avec un iceberg.
Une fois de plus, on se rend compte que les romans de Barbara Cartland étaient beaucoup plus profonds, plus psychologiques, que pouvaient penser quelques critiques, et s’inscrivaient dans la grande Histoire avec un aspect sociétal indéniable.
Les gens ne changent pas. Ils se contentent de vieillir.
Barbara CARTLAND : Le corsaire de la reine - Les Lectures de l'Oncle Paul
Oui, c'est nous les fameux (femmes ?) corsaires Les rois redoutés de la mer Affirmer que Barbara Cartland n'a écrit que de fades romances superficielles à l'eau de rose, serait méconnaitre une ...
http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/2019/12/barbara-cartland-le-corsaire-de-la-reine.html
Barbara CARTLAND : La sorcière aux yeux bleus (The blue-eyed Witch – 1976. Traduction de Monique Ties). Collection J’ai Lu N°1042. 192 pages. Parution 18 mars 1980.
ISBN : 2277214020
Première édition : Editions de Trévise. 1977
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