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13 janvier 2020 1 13 /01 /janvier /2020 05:55

Ma sorcière bien aimée !

Barbara CARTLAND : La sorcière aux yeux bleus

En ce début de printemps 1800, Oswin marquis d’Alridge s’ennuie. Il est riche, jeune, trente ans, ne comptabilise plus ses conquêtes, mais il s’ennuie.

Il est ami avec le Prince de Galles, un noceur, mais sa soirée chez madame Fitzherbert ou à la Fête de Vénus au Cloître, n’y font rien, il s’ennuie. Il décide alors de quitter Londres et de se rendre dans le domaine des Alridge, dans l’Essex, un comté réputé pour sa phobie des sorcières mais où il a été élevé étant jeune et adolescent, n’informant personne de son départ ni de son lieu de résidence.

Il jouait avec John Trydell, mais celui-ci est mort depuis une dizaine d’années. De même que le père, et il ne reste plus de cette famille que le cadet, Caspar, un gamin infect et qui n’a pas changé depuis. Il dilapide la fortune familiale, se rendant souvent à Londres afin de satisfaire sa passion du jeu. Son domaine en pâtit et ses serviteurs ne sont pas payés.

Alors qu’il approche de son domaine, Alridge aperçoit une cohorte de paysans traîner une jeune fille blessée et évanouie. Ils lui indiquent qu’il s’agit d’une sorcière et qu’ils vont la plonger dans la mare, comme c’est la coutume, attachée à une corde. Si elle coule, c’est qu’elle est innocente, et si au contraire, elle nage, c’est qu’elle est coupable.

Cette façon de procéder barbare d’une autre époque révolte le marquis qui l’emmène chez lui, au grand dam des paysans, puis de la plupart de ses serviteurs. Et il confie la jeune fille à Nanny, la vieille dame maintenant qui fut sa nourrice. Et il lui narre comment cette blessée a été découverte. Elle gisait sur une pierre, les Pierres des Druides, ensanglantée, blessée à la tête, et déposé sur son corps un coq mort au cou tordu.

Un coup tordu par le Marquis qui en détaillant les mains de celle qu’il a recueillie, est persuadé qu’elle n’aurait pas eu la force d’infliger un tel supplice au gallinacée. D’autant que ses mains ne possèdent aucune trace de sang. Grâce aux bons soins prodigués par Nanny, la jeune fille, supposée sorcière, se remet doucement. Seulement elle est devenue amnésique. Toutefois, en nettoyant ses habits, Nanny découvre un mouchoir de fine batiste, avec Idylla brodé dans un coin. Le prénom de celle qui n’est plus une inconnue.

 

Le marquis Oswin d’Alridge se promet d’enquêter sur les antécédents d’Idylla et pourquoi elle a ainsi été frappée. Nul doute qu’elle avait été déposée sur la Pierre des Druides, son agresseur pensant qu’elle était décédée de son coup à la tête puis simulant une mise en scène propice à ne pas la reconnaître.

Naturellement, il s’éprend de la belle brune aux yeux bleus, et les sentiments sont réciproques de la part d’Idylla. Il prend le temps de lire dans sa bibliothèque fournie, les ouvrages consacrés à la sorcellerie. Et il apprend de la part de son fidèle régisseur que la région est quelque peu agitée suite aux frasques de Caspar Trydell. Le marquis embauche certains des serviteurs de son voisin peu recommandable, les connaissant de longue date, et la description qu’ils font de Caspar n’est pas flatteuse. Le père était strict, sévère mais honnête, et John l’aîné était un bon camarade. Alors il suit de loin les événements.

Il fait venir de Londres des robes magnifiques afin de vêtir décemment Idylla, ils prennent leurs repas ensemble, la jeune fille s’apprivoisant à son contact, et la mémoire lui revient lorsque des individus tentent de l’enlever en grimpant à une échelle posée contre le balcon de sa chambre.

 

La romance amoureuse n’est qu’un lien qui pourrait sembler futile dans cette intrigue quelque peu policière mais qui est surtout l’occasion pour Barbara Cartland de décliner un roman historique dans une atmosphère propice à développer les superstitions.

En effet elle revient souvent dans des affaires de sorcellerie, empruntées à des légendes et des faits réels, qui se sont déroulées dans cette région de l’Essex surnommée la terre des sorcières. Les exemples ne manquent pas et le marquis vitupère contre les paysans obnubilés par des croyances mi-païennes, mi-religieuses. Il n’y a que des ignorants dans cette région et ils l’ont toujours été ! déclare sans ambages Nanny, alors qu’il s’insurge contre le paganisme, une manifestation qui pour lui est hors d’âge.

Et en lisant cette histoire d’amour, on ne peut s’empêchant de penser au film Titanic, et à ce lien qui unit un émigré Irlandais et une jeune bourgeoise. Histoire qui occulte quelque peu l’élément principal, le naufrage de ce navire lors de sa première traversée, sombrant dans les eaux avec cette rencontre avec un iceberg.

Une fois de plus, on se rend compte que les romans de Barbara Cartland étaient beaucoup plus profonds, plus psychologiques, que pouvaient penser quelques critiques, et s’inscrivaient dans la grande Histoire avec un aspect sociétal indéniable.

 

Les gens ne changent pas. Ils se contentent de vieillir.

 

Barbara CARTLAND : La sorcière aux yeux bleus (The blue-eyed Witch – 1976. Traduction de Monique Ties). Collection J’ai Lu N°1042. 192 pages. Parution 18 mars 1980.

ISBN : 2277214020

Première édition : Editions de Trévise. 1977

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12 janvier 2020 7 12 /01 /janvier /2020 05:11

Attention au naufrage !

Max-André DAZERGUES : La barque d’amour.

Béatement allongés sur le sable, Yves KHerdan, marin pêcheur, et Anne-Marie, fille de pêcheur, devisent tranquillement de l’avenir. Ils sont amoureux et théoriquement, si tout va bien, ils vont se marier. Le soir, ils vont en mer à bord de l’Amphitrite, la frêle embarcation d’Yves, et ils passent le temps en déclarant leur amour et en s’embrassant.

Ils ont vingt ans, tout l’avenir est devant eux, ainsi qu’un peintre qui va changer leur destinée. En effet, Fernand Leduc, en apercevant les tourtereaux, a décidé de les coucher sur une toile. Plusieurs séances seront nécessaires, aussi leur donne-t-il rendez-vous le lendemain matin pour une nouvelle séance de pose.

Leduc raconte le soir même à Pierre Séruze, un ancien condisciple et jeune créateur de mode dont la réputation a franchi les frontières, cette rencontre. Mais comme il ne sait pas encore quel titre attribuer à sa toile, le tailleur parisien lui propose de l’accompagner. Tout de suite Séruze est ébloui par la joliesse et la fraîcheur d’Anne-Marie mais c’est lors d’une fête d’un Grand Pardon, alors qu’elle est habillée en costume local rustique, qu’il décide qu’elle doit devenir sa proie.

Il est descendu au Palacium, un établissement de luxe, et organise dans les salons du Chalet Blanc, un défilé de mode. Anne-Marie est conquise et accepte la proposition de Séruze de l’accompagner à Paris. Elle n’apprécie pas vraiment la mer et la capitale l’attire comme les phalènes le sont par la lumière.

Alors, malgré les objurgations de ses parents, et d’Yves qui est malheureux, elle accompagne Séruze à Paris et installée dans un hôtel particulier, deviendra rapidement sa maîtresse. Les semaines passent, et Séruze décide de se rendre sur la Côte d’Azur, où il possède un yacht, en compagnie d’Anne-Marie et de ses amis Maxime Fédéry, l’auteur de pièces de théâtre, et Frieda Berck, la comédienne. Et point n’est besoin d’avoir un texte pour que Frieda joue la comédie, surtout dans la vie.

Pendant ce temps, Yves, désabusé et meurtri dans son cœur, décide de s’engager dans la Marine de Guerre. Il embarque à bord du Patricia et peu après il se retrouve en rade de Toulon.

Or, alors que Séruze et compagnie visitent la Patricia, Anne-Marie retrouve par hasard Yves. Les deux jeunes gens se donnent rendez-vous le soir même mais ils ne savent pas que Frieda a entendu leur conversation.

 

Le style de Max-André Dazergues rappelle à cette époque celui d’Albert Bonneau : des points de suspension pour terminer les phrases, et de nombreuses répétitions.

Ce suprême accord du jazz en délire marquait au reste l’interruption du bal, et l’instant suprême était arrivé…

Ainsi le mot rustique est décliné au moins une dizaine de fois dans les vingt premières pages.

Une histoire d’amour certes, mais pas que, car l’auteur met l’accent sur l’attrait néfaste de la capitale auprès de petites provinciales naïves, encouragées par de riches Parisiens qui ne pensent qu’à les mettre dans leur lit.

La morale est sauve mais il faudra qu’Anne-Marie passe par de nombreuses épreuves tout autant psychiques que physiques, et Yves lui-même ne se relèvera pas sans être blessé moralement et corporellement.

Si le début de ce roman, que l’on pourrait qualifier de jeunesse, est quelque peu mièvre, ce sont la suite et l’épilogue qui valent le détour.

 

Max-André DAZERGUES : La barque d’amour. Collection Le Petit Livre N°884. Editions Ferenczi. Parution le 15 octobre 1929. 96 pages.

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7 janvier 2020 2 07 /01 /janvier /2020 06:33

Le papa pingouin, le papa pingouin…
S’ennuie sur sa banquise…

Maurice de MOULINS : La baie des pingouins.

Alors que Mogokuk s’apprête à harponner un phoque, il est tiré de ses réflexions par un appel au secours.

Immédiatement il pense à l’homme roux, le brigand qui terrorise la tribu des Esquimaux. Mais il s’agit tout simplement d’un voyageur solitaire qui épuisé gît dans la neige.

Après lui avoir prodigué quelques premiers soins, il ramène l’inanimé au camp et bientôt à l’aide de massages appropriés dans une atmosphère surchauffée dans l’un des igloos, l’homme sort de l’engourdissement dans lequel il était plongé.

Il se nomme Charles Vicaire et désirait se rendre à une station météorologique située encore plus au nord. Les jours passent, le temps qu’il se remette de ses émotions. Et comme il parle à peu près leur langage, ayant débarqué depuis des mois au Groenland, et s’étant familiarisé avec les us et coutumes des autochtones, Charles s’entend fort bien avec les Inuits.

Un couple d’ours est aperçu sur les bords du rivage et il accompagne les chasseurs dans leur quête. Malgré les chiens les deux ursidés se rebiffent et il sauve la vie à Mogokuk et à Kalibok grâce à son fusil dont il use avec précision. Les chasseurs reviennent contents jusqu’au village, leur provision de viande fraîche leur assurant la nourriture pour plusieurs jours. Seulement en vue du village, ils aperçoivent des fumées.

L’homme roux qui entretient la terreur dans la région vient encore de faire des siennes, en abattant de nombreux villageois et en enlevant la fille de Mogokuk.

Aussitôt quelques hommes se lancent sur les traces de la kidnappée et de son ravisseur, Charles Vicaire en tête.

 

Sous le pseudonyme de Maurice de Moulins se cache Albert Bonneau, créateur de la série de western Catamount, et grand fournisseur de petits fascicules dans tous les domaines mais surtout dans les romans d’aventures.

Des histoires simples, mais enlevées, propices à exciter l’imaginaire des lecteurs et que les jeunes peuvent lire sans aucune appréhension ou censure.

Cela fait du bien parfois de se retrouver dans l’univers des romanciers qui écrivaient pour le plaisir de leurs lecteurs, sans leur prendre la tête par des considérations philosophiques hors de propos, sans violence gratuite, même si certaines scènes décrivent notamment le combat contre les ours et que des gouttes de sang s’éparpillent dans la nature, et surtout sans vulgarité dans les dialogues.

 

Maurice de MOULINS : La baie des pingouins. Le Petit Roman d’Aventures N°84. Editions Ferenczi. Parution 7 septembre 1937. 32 pages.

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4 janvier 2020 6 04 /01 /janvier /2020 05:26

Pour gouverner il faut avoir
Manteaux et rubans en sautoir.
Nous en tissons
Pour vous grands de la terre,
Et nous pauvres canuts
Sans drap on nous enterre

Aristide Bruant

Charles EXBRAYAT : Le chemin perdu.

En cette année 1816, le petit village de Tarentaize, situé à environ une quinzaine de kilomètres de Saint-Etienne, est, comme bien d’autres communes de France, coupé en deux. D’un côté les Bonapartistes qui n’acceptent pas l’exil de leur Empereur, de l’autre les Royalistes qui fêtent le retour sur le trône d’un Bourbon affilié à Louis XVI, Louis XVIII. Ce roi qui s’est allié aux étrangers est considéré comme un usurpateur par de nombreux villageois ayant servi dans l’armée impériale, malgré les stigmates qu’ils ont récoltés sur les champs de bataille.

Armandine, six ans, vit avec son grand-père Ambroise Mantel, ex-lieutenant aux voltigeurs, amputé d’une main depuis 1806 alors qu’il participait à l’une des nombreuses guerres engagées par Napoléon, ce qui ne l’empêche pas d’être toujours fidèle à l’empereur; sa grand-mère Elodie; Louise, sa mère, dont la tête, si elle est toujours sur ses épaules n’a plus tout à fait conscience de ce qu’il se passe autour d’elle depuis l’assassinat de son mari Honoré.

Armandine joue avec ses petits camarades d’école, entretenant une dévotion envers celui qui est mort car il avait refusé de crier Vive le roi ! Trois jeunes issus de la bonne société l’avaient fait passer de vie à trépas à cause de leurs convictions royalistes attisées depuis le retour de Louis XVIII sur le trône.

Alors le village est partagé entre les tenants de la royauté représentée par Louis XVIII et ceux qui professent une quasi adoration envers Napoléon malgré les centaines de milliers de soldats tombés aux champs d’honneur.

Pour autant, entre Ambroise Mantel et Landeyrat le Vieux, le nouveau maire qui a ceint l’écharpe lorsqu’Ambroise a dû lui céder, il existe une amitié sincère, et un profond respect. Leurs opinions diverges mais elles ne sont pas un obstacle entre eux. Ce sont des sages. Et entre eux le curé Mauvezin qui tente d’apaiser les tensions qui animent de temps à autre les villageois.

 

Armandine vit dans cette atmosphère qui déteint sur son caractère. Elle est amie avec Eugénie ainsi qu’avec Mathieu, le petit-fils de Landeyrat le Vieux. Mais les anicroches ne manquent pas de prétextes pour se batailler contre d’autres garnements, principalement contre Sophie, jolie gamine mais pimbêche.

Les années passent, Mathieu est amoureux d’Armandine, alors que Sophie le guigne et voudrait pouvoir le voler à son ennemie. Mais Armandine n’en a cure. Il n’est juste qu’un compagnon de promenades dans les bois, même si tout le village les voit mariés. Ambroise décède, Elodie est obligée de recruter du personnel, le jeune couple Christine et Gustave ainsi que la déjà âgée Agathe. Bientôt ils seront considérés comme appartenant à la famille.

Une tante d’Eugénie, la tante Marthe, vit à Saint-Etienne et tient une boutique de confection. Eugénie s’y rend tous les ans et en revient éblouie. Elle ne tarit pas d’éloges devant Armandine et lui vante les charmes de la ville. Et elle va quitter Tarentaize pour devenir modiste chez sa tante et bientôt se marier avec Charles.

Sophie peut bien tourner autour de Mathieu, Armandine n’en a cure. Elle aussi devient petite main chez la tante Marthe, et conquiert les clientes par son charme et sa diplomatie, trouvant toujours les mots justes pour les flatter et vendre des chapeaux encombrés de feuillages et d’oiseaux.

Armandine vit chez Eugénie et Charles et fait la connaissance de Nicolas, un ami qui prend ses repas chez le couple. Il est passementier dans la même usine que Charles mais il ne fait pas attention à la jeune fille qui tombe amoureuse de lui. Il ne pense qu’à se révolter contre les patrons, prônant la révolution des canuts lyonnais. C’est un Républicain convaincu et il n’hésite pas à se rendre dans la capitale de la soie pour combattre les royalistes, les patrons, l’armée et les forces de l’ordre.

 

Roman de terroir comme aimait Charles Exbrayat à mettre en scène des personnages vivant dans la Loire et la Haute-Loire quelques dizaines d’années auparavant, Le chemin perdu est aussi un roman historique et un roman social, le tout englobé dans une histoire d’amour.

De 1816 à 1846, l’auteur décrit une période de l’histoire qui traverse les règnes de Louis XVIII jusqu’à celui de Louis-Philippe, en mettant en évidence les nombreuses révoltes ouvrières. Une période beaucoup plus mouvementée que celle qui est narrée succinctement dans nos manuels scolaires, lorsqu’il y en avait, avec les nombreuses revendications ouvrières secouant cette région. Certes la révolte des canuts y est évoquée, mais aussi celle des mineurs de Rive-de-Gier.

Ils devinaient que ces hommes-là savaient de quoi ils parlaient quand ils maudissaient les patrons sans âmes, une police à la solde des riches, une magistrature qui se déshonorait par sa servilité envers le pouvoir.

 

Publié au début des années 1980, mais inscrit dans une période de la première moitié du XIXe siècle, ce roman pourrait très bien décrire notre début de siècle avec tous les mouvements sociaux qui se développent un peu partout. Un contexte historique immuable.

Il s’agit également de mettre en avant l’attrait de la ville avec son modernisme et la relative paix des champs, deux aspects qui se croisent et se révèlent en complète opposition de style de vie.

Tu préfères ton atelier sans air où un chef surveille l’esclave que tu es devenu plutôt que de vivre dans la liberté des champs.

 

Du jour où Nicolas découvre Tarentaize et une certaine forme de vie, il devient amoureux de ce coin de campagne. Un sujet de discorde entre Armandine et lui, la jeune femme préférant vivre à Saint-Etienne, rejetant tout un pan de son enfance.

Roman politique où l’idée du socialisme se forgeait dans les esprits :

En gros, les socialistes voudraient que les riches soient moins riches et les pauvres moins pauvres.

Une utopie car l’on sent bien qu’au contraire c’est l’inverse qui se produit.

 

Mais il s’agit également d’un roman d’amour, qui met longtemps à se déclarer, de par les ambitions et les revendications d’Armandine et de Nicolas. Et l’obstination d’Armandine à vouloir rester à Saint-Etienne, malgré tout, fait dire au curé de Tarantaize qu’elle a perdu le chemin, d’où le titre de ce roman fort, en préférant les artifices urbains au chemin de la vraie vie.

 

Première édition : Editions Albin Michel. Parution 7 avril 1982. 384 pages. Réédition décembre 1992.

Première édition : Editions Albin Michel. Parution 7 avril 1982. 384 pages. Réédition décembre 1992.

Charles EXBRAYAT : Le chemin perdu. Les bonheurs courts 2. Réédition Editions de la Seine. Parution mars 1990. 384 pages.

ISBN : 9782738202918

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3 janvier 2020 5 03 /01 /janvier /2020 05:15

Cet épisode est toujours d’actualité !

ANDRE-MICHEL : La danse du sang.

Jeune rédacteur au journal La Grande Presse, Jean Nervier est mandé par son patron afin de se rendre en Afrique, ayant été remarqué par la qualité et la précision de ses articles concernant ce continent.

Une tentative révolutionnaire vient d’éclater en Afrique française, fomentée par un Noir fanatique qui a réussi à soulever les populations du Haut-Sénégal. Et Jean Nervier, de par ses connaissances, est l’envoyé spécial idéal. Un tremplin pour se faire un nom et une place dans la profession, se dit-il.

Jean Nervier s’envole donc pour Dakar. A l’escale de Casablanca, presque tous les passagers descendent. Seuls restent dans l’avion Jean Nervier et un autre jeune homme, un Américain, qui se présente comme Lionel O. Patrick, envoyé spécial de l’American-Morning de Baltimore. Seulement les nouvelles en provenance de Dakar ne sont guère rassurantes, l’état de siège est déclaré et les passagers sont informés qu’ils ne sont pas les bienvenus. A Port-Etienne, étape programmée sur la ligne africaine, les deux confrères parviennent à échapper au contrôle des autorités et s’enfuient dans la nature.

Après un voyage en auto-stop à bord d’une voiture conduite par un Noir, ils parviennent enfin à Dakar, malgré l’interdiction. Ils échappent aux rondes. Nervier connait un compatriote qui accepte de les héberger et le lendemain ils se rendent à la poste afin d’envoyer des câbles narrant leurs premières péripéties. Seulement, ils sont arrêtés par deux tirailleurs prévenus par les employés qui avaient reçus des ordres, puis menés devant le gouverneur général.

Le diplomate leur expose la situation : Un indigène, originaire du Sahara, un fanatique, El Hadj Mayor, a prêché la guerre sainte ; il a envoyé des agitateurs un peu partout ; mais le centre de son action se trouve dans les parages de Kayes, à la limite du Sénégal et du Soudan. Nous avons formé des colonies militaires, des émissaires civils également. Nous espérons en terminer rapidement.

Nervier et Patrick défiant l’interdiction qui leur est signifiée de se déplacer, se rendent dans un poste avancé. Les nouvelles vont vite en Afrique et lorsqu’ils arrivent dans un petit village, ils apprennent qu’ils étaient attendus. Ce que leur révèle le chef de poste les surprend fort. L’armée d’El Hadj Mayor se tient sur une hauteur proche, dans des constructions en pisé. Mais défense est faite à l’officier d’utiliser l’artillerie. Les deux armées se campent face à face, comme si une trêve avait été signée. Des émissaires avaient été envoyés, proposant à EL Hadj Mayor de capituler, mais ils ne sont pas revenus.

 

Ce court roman nous plonge dans l’époque coloniale montrant l’Afrique déjà en ébullition contre l’occupant, dans une guerre sainte. Le déploiement de force est destiné à impressionner l’adversaire, qui s’en moque royalement. L’officier pourrait tenter une offensive mais c’est un soldat qui obéit aux ordres sans toutefois les comprendre ou les approuver.

Comme le déclare Nervier, Un bon journaliste ne connait pas les obstacles. Et ils se rendront sur le terrain au cœur du village ennemi.

L’on ne peut s’empêcher de rapprocher la situation décrite dans cet ouvrage à celle qui se déroule au Mali, et d’autres pays africains, avec la guérilla fomentée par Al-Qaïda au Maghreb.

L’époque a changé mais la mentalité reste la même et la France joue toujours, est-ce un bien ou mal, l’arbitre dans ses anciennes possessions africaines. Un arbitrage que certains déplorent alors que d’autres le souhaitent, mais qui équivaut pour beaucoup à une nouvelle forme de colonisation, le père surveillant ses fils majeurs.

ANDRE-MICHEL : La danse du sang. Collection Le Petit Roman d’Aventures N°85. Editions Ferenczi. Parution le 14 septembre 1937. 32 pages.

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20 décembre 2019 5 20 /12 /décembre /2019 05:59

Quand t'es dans le désert… depuis trop longtemps…

Captain E. W. JOHNS : Biggles dans les sables maudits.

Afin d’aider un vieil ami, le général Mander, l’Air Commodore Raymond, chef de la police spéciale de l’Air, convoque Biggles à son bureau.

Le fils du général, Adrien Mander, est parti deux mois plus tôt en avion mais n’est pas revenu. Il est porté manquant, et aucune trace de son appareil n’a pu être détectée. Il s’était envolé en compagnie d’Hassan Sekunder, de nationalité probablement égyptienne, prétendant avoir travaillé pour la Société égyptienne d’archéologie, afin de se rendre sur un site dans le sud du Sahara, une oasis, Siwa, qui ne figure pas sur les cartes.

Là-bas, selon les affirmations de Sekunder, des vestiges d’une civilisation inconnue sont nichés dans des montagnes. Notamment le tombeau d’un grand roi du peuple Targui, Raz Tanazza. Cette tombe est enfouie sous un éboulement de rochers ainsi que d’autres sépultures dont certaines portent des inscriptions gravées dans le roc.

Adrien Mander était donc parti avec ce copain dont il avait fait la connaissance lors d’un précédent voyage en Jordanie. Mais selon toutes probabilités, Mander fils s’était montré naïf. Or, le général Mander avait reçu une missive de son fils, lorsqu’il avait fait escale à Marsa Matru, lui indiquant que les deux hommes devaient se rendre pour Siwa puis suivre un vol en direction du sud en suivant une ligne d’oasis. Le général, depuis n’avait plus eu de nouvelles, mais il s’était renseigné et le nom de Sekunder était inconnu de la Société égyptienne d’archéologie.

Biggles s’envole donc avec pour compagnons Bertie et Ginger à recherche d’Adrien, ou du moins d’une épave d’avion sans vouloir être trop pessimiste. Ils posent leur bivouac dans une petite oasis avant de rejoindre la ligne de montagnes qui s’élèvent au loin.

Lors d’un premier passage, ils repèrent une petite caravane composée de six chameaux et de cinq hommes. Un mirage ? Et à leur retour, ils s’aperçoivent que leur bivouac a été visité et une partie de leur réserve d’essence volée. Heureusement ils avaient enfouis quelque nourriture.

Lors d’un nouveau passage, un homme tout en bas leur fait des signes. Il s’agit d’Adrien Mander qui leur narre ses démêlés avec Sekunder, lequel lui a volé son avion. Biggles veut ramener le jeune homme chez lui en Angleterre mais Adrien Mander refuse. Il souhaite découvrir le tombeau, trouver peut-être des objets précieux, voire des émeraudes. Et surtout se venger de Sekunder dont il est persuadé que celui-ci va revenir sur les lieux de son forfait.

 

Ce roman du Captain W.E. Johns consacré à son héros favori s’inscrit comme à son habitude dans le domaine de l’aviation mais il tranche sur l’atmosphère qui imprègne en général ses intrigues. Plus grave, plus sérieux, presqu’un roman pour adulte. Et comme il est écrit en épilogue, Telle fut la conclusion d’une aventure désagréable, très différentes des missions habituelles de Biggles.

Pour autant ce roman est d’une lecture agréable, avec le désert pour toile de fond comme dans les romans d’aventures dont se sont inspirés bon nombre de romanciers.

L’auteur aborde ici deux problèmes qui ne gênaient nullement les romanciers, leurs lecteurs, la société en général, mais prennent de nos jours une acuité plus prégnante.

D’abord cette réflexion de Biggles :

Ce que je sais de la vie du désert montre qu’en ce qui concerne la propriété d’autrui les Arabes observent en général une loi non écrite qui fixe leur comportement. Les Arabes sont des Musulmans et dans son testament Mahomet a fixé certaines règles. Même au cours d’une guerre tribale, par exemple, il était fait défense de couper les arbres fruitiers ou les dattiers de l’ennemi, car s’il suffit de quelques minutes pour couper un arbre, il faut des années pour qu’il repousse.

Un précepte qui n’est pas toujours de mise, on en voit les effets néfastes, et sans être en temps de guerre, dans les forêts amazoniennes ou indonésiennes.

Autre réflexion, émanant cette fois d’Adrien Mander, en réponse à la pensée de Ginger qui exprime sa pensée à haute voix, déclarant que ce qu’ils projetaient était peut-être un acte de vandalisme.

C’est une question d’âge, de temps, affirma-t-il. Aucune personne honnête ne profanerait une tombe récente, mais il en va tout autrement avec des vestiges préhistoriques. Sur toute la surface du globe, les monuments anciens et les tombes sont mis au jour pour permettre de mieux connaître les populations qui occupaient le monde avant que l’on n’écrive l’histoire. Cela n’implique pas un manque de respect.

Mais à partir de quel moment, au bout de combien de temps ce qui est considéré comme une profanation ne l’est plus au service de l’histoire et de la science ?

Nota : L’oasis de Siwa existe réellement et se trouve en Egypte, proche de la frontière libyenne et située à quelques 560 kilomètres du Caire.

 

Captain E. W. JOHNS : Biggles dans les sables maudits. Traduction de Maurice Gay. Illustrations de Michel Jouin. Collection Spirale N°160. Editions G.P. Parution septembre 1970. 188 pages.

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18 décembre 2019 3 18 /12 /décembre /2019 05:50

La croisière s’amuse ?

Henri VERNES : La croisière du Mégophias.

Installé dans un hôtel de Seattle, étape avant de se rendre sur l’île de Vancouver afin de participer à un safari photo, Bob Morane épluche le journal pour passer le temps.

Il apprend ainsi qu’une activité fébrile se manifeste à bord du Mégophias, le navire du professeur Frost, un paléontologiste millionnaire bien connu pour ses recherches notamment en ce qui concerne le mythique Serpent de mer.

D’après l’article du journal, que lit attentivement Bob Morane, un certain Aloïus Lensky a apporté au professeur une dent longue de quarante centimètres ayant appartenu au squelette d’un dragon des mers. Il l’avait subtilisé à un certain Lemontov qu’il avait connu dans un bagne chinois en compagnie d’un nommé Li-Chui-Shan, des spécialistes de fructueux trafics dans les mers de Chine, indochinoises et malaises. Or Lemontov avait affirmé, sur la foi de Mongols, qu’un autre dragon, un Mosasaure, vivrait dans un lagon proche du cercle polaire.

Il n’en faut pas plus pour que le professeur Frost décide de mener une expédition dans cette région du globe. Ce qui explique l’activité déployée sur son navire, avec l’embauche de marins. Il n’en faut pas plus non plus pour Bob Morane reporte son voyage à Vancouver et décide d’embarquer à bord du Mégophias.

Il se présente donc à bord du navire où il est accueilli par des marins dont la tête de forbans ne lui dit rien qui vaille. Quant au professeur, il connait Bob Morane de réputation, lui montre la fameuse dent, mais refuse de le prendre à bord. Il a en phobie les journalistes et d’ailleurs il n’y a plus de place pour un passager supplémentaire. Les professeurs Van Dorp et Lewis, de l’université de Yale, seront présents, et il a réussir à les imposer à Aloïus Lensky malgré les réticences de celui-ci. D’ailleurs l’équipage a été recruté pour grande partie par ce personnage énigmatique et ancien bagnard.

Bob Morane ne se laisse pas démonter et comme l’appareillage ne se fera qu’un mois plus tard, il a le temps de changer d’apparence en se laissant pousser la barbe par exemple et se vêtir de vieux habits. Il parvient à ses fins en se présentant comme le nouveau cuisinier, lui qui ne connait rien à la restauration, mais ouvrir des boîtes de conserve, cela ne lui pose guère de problèmes.

Enfin le navire quitte le port de Seattle et lorsque le professeur Frost se rend compte de la présence à bord de Bob Morane, il est trop tard. Mais il ne pourra que se féliciter de l’initiative de l’aventurier car à bord ce sont bien des forbans qui dirigent le navire avec à leur tête Lensky qui n’est autre que Lemontov. Des empoisonnements, des rébellions, des meurtres, sont à mettre à l’actif de ces bandits des mers, et le professeur Frost ne doit la vie sauve que grâce à Morane.

Le navire continue sa route et est rattrapé par une jonque chinoise commandée par Li-Chui-Shan le pirate. Les deux malfrats s’étaient concertés et la vie de Bob Morane et du professeur ne tient plus qu’à un fil. Heureusement ils peuvent s’échapper et trouver refuge sur un îlot habité par des Mongols (Des Mongols ? C’est inouï ou plutôt Inuit !), mais les aventures continuent, toujours plus périlleuses, à la recherche du fameux Mosasaure antique dans les eaux polaires et sur la banquise.

 

Roman d’aventures classique, La croisière du Mégophias, est la treizième histoire de cette série mais n’atteint pas l’intensité qui imprégnera par la suite les tribulations de Bob Morane, surtout lorsque le personnage de Bill Ballantine est aux côtés du célèbre aventurier.

Même si la présence effective de monstres marins, car ils sont bien présents dans cette histoire, apporte une once de fantastique, tout relève du scénario d’aventures, débridées certes mais traditionnelles. Parfois Bob Morane se montre un peu comme un surhomme dans certaines situations, mais il possède aussi ses faiblesses. Ce qui le rend humain.

Cette histoire est complétée par un dossier de sept pages intitulé Que savons-nous du Serpent de mer, un aspect didactique et pédagogique qui n’est toujours pas à négliger.

Henri VERNES : La croisière du Mégophias. Treizième aventure de Bob Morane. Illustrations intérieures de G. Forton. Couverture de P. Joubert. Collection Marabout Junior N°66. Editions Gérard et C°. Parution en 1956. 160 pages.

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13 décembre 2019 5 13 /12 /décembre /2019 05:44

Oui, c'est nous les fameux (femmes ?) corsaires
Les rois redoutés de la mer

Barbara CARTLAND : Le corsaire de la reine

Affirmer que Barbara Cartland n’a écrit que de fades romances superficielles à l’eau de rose, serait méconnaitre une grande partie de son œuvre.

Souvent, dans ses romans historiques, elle explorait le côté sociologique de la période dans laquelle elle plaçait son intrigue.

Ainsi, dans Le corsaire de la reine, Barbara Cartland ne se contente pas d’une histoire d’amour qui d’ailleurs tarde à se révéler aux deux principaux protagonistes, mais elle jette un regard parfois acide sur la période élisabéthaine.

 

Malgré son jeune âge, Rodney Hawkins est un marin accompli ayant fait ses débuts avec le célèbre sir Francis Drake, le corsaire de la Reine Elizabeth 1ere. Mais, ambitieux, il désire commander son propre bâtiment afin de poursuivre sur les mers et les océans les galions espagnols et ramener un butin conséquent à sa souveraine. Pour cela il lui faut lever une mise de fond importante lui permettant de réaliser son rêve. Acheter un navire, l’Epervier.

Une partie de la somme est déjà trouvée, et son parrain, le secrétaire d’état de la reine lui fournit une piste : se présenter auprès de sir Harry Gilligham qui non seulement lui donnera le complément nécessaire mais lui proposera en compensation un mariage avec sa fille Anne.

Alors qu’il arrive, cheminant benoîtement sur son cheval, Rodney est agressé. Pas méchamment, juste une flèche tirée dans son chapeau. Il aperçoit une jeune fille qui s’enfuit et il la retrouvera au château. Il s’agit de Lisbeth, une gamine délurée et pétulante d’à peine dix-huit ans, qui s’amuse comme elle peut. Parmi les autres enfants de sir Harry Gillimgham, son fils Francis, un an de plus que Lisbeth, et de la même mère. Tandis qu’Anne est issue d’un premier mariage.

Sir Henry Gilligham est fier de la comparaison effectuée avec le roi Henri VIII, qui a usé d’une façon ou d’une autre de moult femmes. Et s’il possède la stature imposante de ce roi Barbe-Bleue, Sir Henry lui n’en est qu’à la troisième. Une trentenaire fort belle mais qui n’éclipse pas aux yeux de Rodney la jeune et rousse Lisbeth et surtout Anne qui rayonne. Le mariage ne sera concrétisé que lorsque Rodney reviendra de son expédition, couvert d’or bien entendu, afin de rembourser la mise de fonds.

Attardons-nous quelque peu sur ces trois enfants afin de percer leurs petits secrets. Anne se confie à sa jeune sœur. Elle ne veut pas se marier car elle s’est convertie en cachette à la religion catholique, et elle désire entrer dans un couvent, devenir nonne. Francis lui est un pleutre, un timide, qui préfère versifier, mal, et regarder les nuages s’enfuir dans le ciel. Quant à Lisbeth, c’est une intrépide qui ne se laisse pas marcher sur les pieds.

 

Rodney, possédant les fonds nécessaires à son embarquement, prépare activement son voyage avec à son bord un équipage aguerri. L’Epervier est un fin voilier doté de pièces d’artilleries suffisantes en nombre pour défier des frégates espagnoles. Francis doit également faire partie de l’équipage, sur les ordres de sir Henry, qui veut aguerrir son fils, lui apprendre la vie. Le voir devenir mâture.

Francis se fait attendre, Rodney s’impatiente. Enfin le voici. Mais arrivé en pleine mer, Rodney s’aperçoit qu’il ne s’agit pas de Francis mais de Lisbeth qui a pris les vêtements et la place de son frère. Rodney est fort mécontent mais il ne peut revenir à son point de départ, aussi accepte-t-il bon gré mal gré cette présence inopportune. Les marins abusés ne se doutent pas de la mystification, d’autant que Lisbeth va bientôt se montrer indispensable. Lors de manœuvres puis du combat naval dans la mer des Antilles et l’arraisonnement d’un galion espagnol, elle se dévoue, soignant les blessés malgré la présence à bord d’un chirurgien. Mais celui-ci est dépassé par les événements.

Une surprise attend Rodney car dans ce galion dormait un jeune gentilhomme espagnol qui se réveille quelques heures plus tard, ayant cuvé ses libations. Entre Lisbeth et le nouveau venu s’établit une sorte de complicité qui attise la jalousie de Rodney. Mais il est stupéfait car ce gentilhomme dévoile une cachette dans sa cabine, mettant au jour dans un coffret de nombreux trésors, bijoux et pierres précieuses.

 

Le voyage continue avec ses aléas épiques, combats navals contre de nouvelles frégates espagnoles, et cette attirance que Lisbeth et Rodney éprouvent l’un pour l’autre, malgré l’attrait de la jeune fille envers l’importun.

Lisbeth est déterminée, une femme forte malgré son jeune âge, et en multiples occasions elle sait démontrer une force de caractère qui manque à bien des marins constituant l’équipage.

Si cette histoire d’amour prend une place importante dans le récit, c’est bien la personnalité de Lisbeth qui l’emporte. Et tout ce qui entoure l’intrigue, dans laquelle quelques ramifications interffèrent : le social et les relations entre femmes et hommes, entre Anglais et étrangers, la place de la femme dans la société et la prépondérance de la religion. Mais pour beaucoup rien n’a beaucoup changé ou évolué.

Ainsi, il est inconcevable qu’une femme puisse soigner un malade, qui plus est un blessé. Le puritanisme n’étant pas un vain mot. Et si la gent féminine a accès à la culture, à l’enseignement, ceci se ne concentre que sur les arts dits mineurs. Pourtant, c’est femme qui est à la tête du royaume en cette année 1588.

Les quelques citations qui suivent ne peuvent que mettre en exergue les propos tenus et la portée plus profonde que les romans de Barbara Cartland contiennent alors qu’ils ne sont considérés que comme d’aimables bluettes.

 

Quelle honte d’attaquer la réputation d’honnêtes gens, bons patriotes, sans autre preuve que la couleur de leurs cheveux !

Les sentiments religieux s’affrontaient alors avec passion. Les controverses, âprement menées, ne paraissaient à Lisbeth qu’autant de bruits stériles. La religion, pour elle, consistait à s’ennuyer le dimanche à d’interminables cérémonies dans l’église du village.

Ce n’est pas là une besogne pour, ni pour aucune femme, d’ailleurs…

Qu’importe ! Je continuerai à soigner les blessés. Nul au monde n’a le droit de me l’interdire, rétorqua-t-elle.

Elle comprenait toutefois combien chaque femme, à quelque degré que ce soit, doit représenter un idéal pour l’homme tout comme elle doit être une inspiratrice, un stimulant, une raison d’être à toute entreprise, à tout but à atteindre.

Inventer un mensonge, cela n’est rien, si dit Lisbeth, mais après, comme il est difficile de ne point se trahir.

Autre édition : Géant Marabout N°174. 1963. 314 pages.

Autre édition : Géant Marabout N°174. 1963. 314 pages.

Barbara CARTLAND : Le corsaire de la reine (Elizabethan Lover). Traduction de Françoise Colas. Editions J’Ai Lu N°1077. Parution 16 juin 1980. 256 pages.

ISBN : 9782277210771

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6 décembre 2019 5 06 /12 /décembre /2019 05:22

Un peu fanée, mais encore si belle !

Alain BILLY : L’orchidée rouge de madame Shan.

Léa, une belle jeune femme, est appelée en urgence chez madame Shan, une voyante à l’article de la mort.

La moribonde confie à sa jeune voisine une orchidée rouge, tout en lui précisant que cette fleur lui procurera un trésor.

Un trésor que recherche activement Francis, le compagnon de Léa, en dépotant la plante. Rien. Ce n’est que quelques mois plus tard que les deux jeunes gens, en manipulant la fleur desséchée, s’apercevront que l’ombre de celle-ci réfléchit sur le mur qui représente une carte géographique.

Leur voisin et propriétaire, monsieur Spingle, vieillard libidineux, paralysé, qui ne se déplace qu’en chaise roulante, les épie à travers un astucieux système auditif et optique disposé dans la cloison de séparation des deux logements.

Léa et Francis partent à la recherche du supposé trésor, en Afrique du Nord. Le voyage est ponctué d’indices, de personnages troubles porteurs d’éléments du puzzle, et comme tout bon roman d’aventures, nos héros sont suivis comme leur ombre par un individu louche qui n’hésite pas à éliminer ceux qui l’encombrent sur son passage.

 

Excellent roman d’Alain Billy qui renoue avec le roman d’aventures exotiques et dont l’apport de la science-fiction dite traditionnelle n’est qu’un prétexte.

C’est un retour à la fascination du désert arabe, des villes perdues, des oasis, de la course au trésor, thèmes que Gérard Delteil avait également abordé dans La septième griffe de Togor, paru dans la même collection sous le numéro 1583.

Mais on pourra également penser aux Mille et une nuits, évidemment.

Alain BILLY : L’orchidée rouge de madame Shan. Collection Anticipation N°1613. Editions Fleuve Noir. Parution mars 1988. 192 pages.

ISBN : 2-265-03762-1

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4 décembre 2019 3 04 /12 /décembre /2019 05:41

Auprès de mon arbre, je vivais heureux…

George SAND : Le chêne parlant suivi de La Fée aux gros yeux.

Orphelin, le jeune Emmi, dix ans, est un gardeur de cochons, rôle ingrat et pas si facile que ça à assumer. Mieux vaut être berger ou garçon vacher (On ne disait pas encore cow-boy).

Un jour, ne pouvant plus endurer les brimades, les maigres repas, le manque d’affection auprès de ceux qui le considèrent comme un esclave, vêtu de haillons et mal logé, il ramasse les tubercules de favasses, ou féveroles, au pied d’un chêne afin de calmer sa faim.

Un porcelet vorace le suit et veut s’approprier les tubercules. Emmi le chasse à coups de sarclette mais l’animal grogne, couine et ses congénères arrivent à la rescousse. Emmi est obligé de se réfugier dans les branches du chêne qui pourtant a mauvaise réputation auprès des villageois.

Ce que peuvent en penser et dire les campagnards, Emmi n’en a cure. Il sait que l’arbre est enchanteur, d’ailleurs ne lui enjoint-il pas de partir d’une voix douce. Ou que des personnes ont disparu alors qu’elles étaient dessous. Mais Emmi lui demande gentiment de le protéger et le chêne n’ose pas le renvoyer. Toutefois Emmi se dit qu’il devrait prévenir sa tante et il s’approche de la maison de celle-ci.

Il entend alors deux jeunes garçons du village dire pis que mal de lui, l’accusant de tous les maux, d’être paresseux et sans-cœur. L’un des deux doit remplacer Emmi comme porcher et cela ne lui sied guère, lui, un grand de douze ans qui devrait au moins être responsable d’un troupeau de veaux.

Alors Emmi retourne à son arbre et s’y installe pour l’hiver, glanant ici ou là des fruits pour contenter sa faim, braconnant de petits animaux, s’aménageant un nid entre les branches. Et c’est ainsi qu’il va passer l’hiver se prenant d’amitié pour la vieille Catiche, une pauvre femme considérée comme folle par ses concitoyens. Elle rit bêtement, marmonne sans cesse, pourtant Emmi s’en fait une alliée.

 

Ce court roman est suivi par La fée aux gros yeux, qui de fée n’en a que l’appellation par les autres, ceux qui cataloguent selon leurs principes sans se demander s’ils ont raison ou non.

Ces deux textes sont extraits de la seconde série de Contes d’une grand-mère, un recueil qui comporte huit textes publiés en 1876 aux éditions Michel Levy frères. Il s’agit du dernier livre publié du vivant de Georges Sand.

Ces textes étaient destinés à l’origine aux petites-filles de Georges Sand, Aurore et Gabrielle, et il est dommage que dans la mémoire populaire l’on ne retienne de Georges Sand que La Petite Fadette, François le Champi ou encore La Mare au diable, très souvent réédités dans des collections pour la jeunesse. Ces romans occultent, malheureusement, toute la production littéraire de cette romancière, dramaturge, épistolière et critique littéraire qui a marqué son époque par sa vie amoureuse mouvementée, mais pas que. Elle prend la défense des femmes, prône la passion, fustige le mariage et lutte contre les préjugés d'une société conservatrice.

 

Plus on étudie, mieux on voit qu’on ne sait rien encore.

 

George SAND : Le chêne parlant suivi de La Fée aux gros yeux. Collection Lire c’est partir. Editions Safrat. Parution novembre 1998. 128 pages.

ISBN : 2906357782

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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